• il y a 11 mois
Bernard Guetta, député européen Renew et membre de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen est l'invité du Grand Entretien de Simon Le Baron. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-01-janvier-2024-2358917

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00:00 La guerre, on en parlait il y a un instant, au Proche-Orient, en Ukraine, la montée des populismes en cette année d'élections européennes,
00:06 le potentiel retour de Donald Trump aux Etats-Unis, à quoi devons-nous nous préparer alors que cette année 2024 n'a que quelques heures ?
00:15 A défaut de lire dans la boule de cristal, ce matin tentons de tracer des perspectives avec l'invité du Grand Entretien,
00:21 une voix que vous connaissez bien, je le disais, vous fidèles auditeurs d'Inter. Bonjour Bernard Guetta.
00:25 Bonjour.
00:26 Député européen, Renew, Renaissance, c'est le groupe du président Macron au Parlement européen, où vous êtes membre de la commission des affaires étrangères.
00:35 Vos questions, amis auditeurs, 0145 24 7000 et applications mobiles de France Inter.
00:41 Un mot général Bernard Guetta pour commencer, nous entrerons ensuite dans le détail.
00:46 Quelles sont vos raisons et avez-vous des raisons, cette année 2024, qui débutent d'être optimistes ?
00:52 Non.
00:53 Aucune ?
00:54 Ecoutez, aucune.
00:55 Si, il y a toujours des raisons d'espérer.
00:59 Il y a surtout une volonté d'espérer.
01:01 Mais véritablement, la situation...
01:06 Ecoutez, disons-le, la situation est très mauvaise.
01:08 La situation est très inquiétante.
01:10 J'entends depuis l'allocution du président de la République hier, des analystes dire "oui, mais le président a dramatisé".
01:19 Mais non, il n'a pas dramatisé parce que la situation est dramatique.
01:24 Prenez la chose la plus menaçante en vérité.
01:28 C'est la possibilité d'une réélection, d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
01:35 Alors, imaginons que cela se fasse, parce que ça n'est pas impossible.
01:38 Ça n'est pas du tout une certitude, évidemment pas.
01:41 Mais ça n'est pas du tout, du tout impossible aujourd'hui.
01:45 Eh bien, si cet homme arrive à la Maison Blanche,
01:48 premièrement, il va ébranler un peu plus la démocratie américaine.
01:53 Rappelons-nous qu'à la fin de son premier mandat,
01:57 il a quand même lancé un assaut des meutiers contre le Congrès américain.
02:02 Il ne faut pas oublier ça.
02:05 C'est quand même énorme.
02:07 Mais au-delà même du drame de politique intérieure américaine,
02:12 cet homme veut casser l'Alliance Atlantique.
02:15 Cet homme veut casser l'Union européenne.
02:19 Cet homme veut conclure un accord sur le dos des Ukrainiens
02:23 et sur notre dos, à nous, 27 pays de l'Union européenne,
02:27 avec Vladimir Poutine.
02:29 Ce n'est pas véritablement une perspective très réjouissante.
02:32 Et on va parler des élections américaines, puisqu'en effet,
02:34 elles auront des conséquences majeures sur les conflits en cours,
02:38 sur la marge de l'Union européenne, entre autres.
02:41 Essayons donc de passer en revue les grands conflits,
02:44 les grands enjeux des mois à venir.
02:46 Commençons par Gaza, où la situation est catastrophique.
02:49 Et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou,
02:51 affirme que la guerre va se poursuivre pendant de longs mois.
02:55 De nombreux analystes jugent que l'éradication totale et définitive
02:59 du Hamas est irréaliste.
03:01 Je fais partie de ces analystes.
03:02 Une poursuite, voire une extension de la guerre,
03:05 vous paraît-elle donc inéluctable ?
03:07 Écoutez, inéluctable peut-être pas, parce que Joe Biden
03:12 exerce une pression assez considérable,
03:14 sans grand succès jusqu'à présent,
03:16 mais quand même, sur Benyamin Netanyahou,
03:19 pour qu'il arrête, ou en tout cas limite,
03:21 les bombardements à Gaza,
03:23 et surtout, surtout pour qu'il tente d'éviter
03:27 une régionalisation du conflit,
03:29 qui aujourd'hui devient de plus en plus menaçante.
03:32 On voit ce qui se passe en mer rouge,
03:36 on voit avec les bombardements des outils sur les navires,
03:40 c'est-à-dire un danger...
03:42 Les rebelles au Yémen ?
03:43 Oui, exactement.
03:44 C'est-à-dire un danger considérable
03:47 sur le commerce international,
03:48 et donc la situation économique internationale.
03:51 On voit aussi ce qui se passe tous les jours
03:53 à la frontière nord d'Israël,
03:55 la frontière sud du Liban avec le Hezbollah,
03:59 l'organisation, la filiale je dirais,
04:02 de l'Iran au Liban.
04:04 Oui, la régionalisation menace aujourd'hui.
04:07 Mais vous parliez de Joe Biden,
04:09 on voit l'Union Européenne diviser
04:11 sur la question du cessez-le-feu.
04:12 On a vu les Nations Unies diviser.
04:15 Sans doute que les États-Unis, effectivement,
04:17 sont les seuls à pouvoir parler suffisamment fermement
04:20 aujourd'hui au gouvernement israélien.
04:22 Vous avez vraiment le sentiment que Joe Biden le fait aujourd'hui ?
04:25 Pas assez, mais il le fait.
04:27 Oui, absolument, il le fait.
04:29 Le drame, c'est que Nathaniel Hewoon
04:32 résiste complètement à ces pressions
04:34 avec un objectif en tête,
04:36 attendre le retour de Trump à la Maison Blanche.
04:40 Il y a deux hommes au monde qui attendent frénétiquement,
04:43 mais frénétiquement,
04:44 le retour de Trump à la Maison Blanche.
04:46 C'est Benjamin Netanyahou en Israël
04:49 et Vladimir Poutine à Moscou.
04:51 Et on va parler de la guerre en Ukraine dans un instant,
04:52 mais d'abord toujours sur ce conflit Israël-Hamas.
04:55 Et puisqu'on parle des voix de la communauté internationale
05:00 qui peinent à se faire entendre,
05:02 celle d'Emmanuel Macron,
05:03 qui s'est vu reprocher un manque de cohérence
05:06 par ses déclarations,
05:08 proposant une coalition anti-Hamas,
05:10 puis appelant à la trêve humanitaire,
05:11 et désormais sans effet, au cessez-le-feu.
05:14 Est-ce que le président français peut avoir un poids réel
05:17 dans ce conflit aujourd'hui et dans sa résolution ?
05:20 Je crois que la France et l'Europe
05:22 peuvent avoir et devraient avoir un poids réel.
05:25 Je crois fermement,
05:28 et je le crois avec beaucoup de députés européens,
05:32 on s'apprête à signer un texte collectif là-dessus,
05:39 je crois que l'Union européenne
05:40 pourrait dire aux deux parties en conflit,
05:42 c'est-à-dire à Israël et à l'autorité palestinienne,
05:46 une chose très claire.
05:48 Premièrement, le commerce extérieur israélien
05:51 dépend considérablement des accords
05:54 entre Israël et l'Union européenne.
05:56 Deuxièmement, le financement de l'infrastructure administrative,
06:01 de l'autorité palestinienne, des fonctionnaires palestiniens,
06:04 dépend très largement du soutien de l'Europe.
06:08 Nous pouvons dire aux deux parties en conflit,
06:10 "Attention, si vous n'ouvrez pas,
06:13 et en bonne foi, des négociations visant à une solution à deux États,
06:19 les accords commerciaux avec Israël pourraient être suspendus."
06:21 Donc il faut passer aux menaces de sanctions,
06:23 comme on l'a fait avec la Russie.
06:24 Les accords avec Israël pourraient être,
06:26 je ne dis pas annulés, mais suspendus.
06:29 Et deuxièmement, le financement de l'autorité palestinienne
06:31 pourrait être suspendu par l'Union européenne
06:35 pour envisager des sanctions, y compris contre l'autorité palestinienne.
06:39 Contre les deux.
06:40 Contre les deux, bien sûr.
06:42 Contre Israël et contre l'autorité palestinienne.
06:45 Contre le Hamas, c'est déjà fait.
06:46 Mais en revanche, contre l'autorité palestinienne et contre Israël,
06:50 oui, il faut exercer, je ne dirais même pas des sanctions,
06:53 mais une pression.
06:54 Parce que, écoutez, si cette guerre se...
06:59 Comment dire ? Dure.
07:00 Ce qui est possible, pas certain, encore une fois,
07:02 c'est comme l'élection de Trump.
07:04 Mais ce qui est très possible,
07:05 eh bien, ça signifie la régionalisation,
07:08 ça signifie des vagues d'émigration,
07:10 ça signifie un retour au terrorisme, je dirais, de masse,
07:14 enfin une menace terroriste massive.
07:17 Ça signifie tout simplement que l'autre rive de la Méditerranée,
07:21 c'est-à-dire la rive européenne de la Méditerranée,
07:24 risque d'être entraînée dans ce conflit.
07:26 Eh bien, nous devons dire non.
07:28 Et pour dire non, il faut exercer une pression,
07:32 et notamment une pression économique sur les deux partis.
07:34 Vous évoquiez parallèlement Netanyahou et Poutine
07:37 disant qu'ils souhaitaient, qu'ils avaient des raisons
07:39 de souhaiter la réélection de Donald Trump
07:43 ou le retour de Donald Trump aux Etats-Unis.
07:44 Est-ce que, avant cela, ils ont des raisons de souhaiter
07:48 la poursuite de la guerre ?
07:50 Est-ce qu'elle est pour eux, d'une certaine manière,
07:53 l'assurance de se maintenir au pouvoir ?
07:55 Écoutez, l'assurance, je ne sais pas,
07:57 mais évidemment que Netanyahou joue la poursuite
08:00 et peut-être même l'extension, l'élargissement du conflit,
08:03 parce que pour lui, c'est une assurance-vie,
08:06 je veux dire politiquement parlant.
08:08 Et évidemment que pour M. Poutine,
08:12 la situation au Proche-Orient est une aubaine,
08:15 parce que, bien entendu, les Etats-Unis sont au four et au moulin,
08:20 parce que, bien entendu, l'attention des opinions internationales,
08:24 des opinions étrangères, sont diverties vers le Proche-Orient.
08:28 Bien sûr que oui, pour M. Poutine, c'est une aubaine.
08:31 Justement, évoquons la guerre en Ukraine.
08:33 On atteindra en février les deux ans de guerre.
08:35 Est-ce que vous voyez une issue en 2024 à ce conflit ?
08:39 En 2024, probablement pas, mais qui sait ?
08:42 On ne sait pas.
08:43 Le sort de la guerre, le sort des armes est toujours très incertain
08:47 et surprend toujours.
08:48 Et surprend toujours, ne l'oublions pas.
08:50 Mais il y a une chose qui me surprend énormément en ce moment,
08:54 c'est le nombre d'analyses, de déclarations d'hommes politiques
08:59 disant que l'Ukraine est en train de perdre la guerre.
09:02 Écoutez, je ne vois pas que l'Ukraine soit en train de perdre la guerre,
09:06 parce que la Russie en est toujours à 17,5% du territoire ukrainien conquis.
09:15 Elle n'avance pas d'un centimètre carré.
09:18 Et l'Ukraine l'a quand même fait reculer considérablement.
09:22 Puisque, souvenons-nous qu'au printemps 2022,
09:26 c'est-à-dire quand les troupes russes entrent en Ukraine,
09:29 elles prennent le contrôle, à l'époque, d'un quart du territoire ukrainien.
09:33 Et aujourd'hui, elles ne contrôlent plus que 17,5% de ce territoire.
09:37 Et n'oublions pas, dernier point,
09:39 que la mer Noire est devenue très incertaine pour la marine russe.
09:43 Très incertaine.
09:44 Alors l'élément déterminant dans l'issue de ce conflit,
09:48 ce sera sans doute le soutien, l'aide financière, militaire des occidentaux à l'Ukraine.
09:54 Et justement Didier Austandard a une question à ce sujet.
09:57 Bonjour Didier.
09:58 Oui, bonjour.
10:00 Je vous souhaite de meilleurs voeux M. Guetta et ainsi qu'à France Inter, n'est-ce pas ?
10:03 Très bonne année à vous aussi Didier.
10:05 Vous nous appelez de Mayenne et on vous écoute.
10:07 Oui, et une très mauvaise année pour M. Poutine, je l'espère.
10:10 Alors ma question...
10:11 Vous n'êtes pas le seul.
10:12 Merci.
10:13 M. Guetta, estimez-vous que l'aide militaire de la France est à la hauteur face à l'agressivité de la Russie
10:18 qui envoie des missiles par centaines sur les villes ukrainiennes ?
10:22 Ne pourrions-nous pas faire plus en matière de matériel puissant,
10:27 exemple avion, missiles que les anglais envoient quand même en nombre important ?
10:32 Pourquoi avoir peur de ce colosse au pied d'argile ?
10:35 Voilà ma question.
10:36 J'estime comme vous, monsieur, que l'aide militaire occidentale,
10:42 je dis bien occidentale, c'est-à-dire à la fois européenne et américaine,
10:46 est tout à fait insuffisante.
10:48 Quand les Ukrainiens ont fait reculer au printemps 2022 les Russes,
10:52 c'est à ce moment-là qu'il aurait fallu armer beaucoup plus massivement les Ukrainiens.
10:59 Non pas pour leur dire d'aller jusqu'à Moscou, évidemment pas, certainement pas, certainement pas.
11:04 Mais pour leur permettre de chasser l'envahisseur,
11:08 de le faire reculer jusqu'aux frontières internationalement reconnues de la Russie.
11:14 Là, il y a eu une erreur de la part des Américains et des Européens, français compris.
11:19 Mais sur la France précisément, vous savez, on a la comptabilité des armes livrées.
11:27 Mais il ne faut pas oublier la qualité des armes livrées.
11:31 Beaucoup de pays envoient des armes, je dirais, de seconde main.
11:35 Pardonnez-moi l'expression.
11:37 Les armes qui sont livrées par la France sont véritablement des armes de pointe et certainement pas de seconde main.
11:43 Reste qu'une enveloppe de 50 milliards d'euros est toujours bloquée à Bruxelles pour d'autres raisons politiques.
11:49 Pas pour longtemps.
11:50 Alors vous dites qu'elle va se débloquer en début d'année.
11:53 Oui, je pense.
11:54 Il y a une autre enveloppe de 60 milliards de dollars qui est bloquée à Washington.
11:57 Ça c'est beaucoup plus inquiétant.
11:58 Pour d'autres raisons politiques.
11:59 Qu'est-ce que ça vous inspire quand vous voyez que ce soutien est remis en cause aux Etats-Unis, en Europe ?
12:05 Si le soutien occidental à l'Ukraine s'arrête, c'est la fin.
12:08 Le soutien européen n'est pas du tout remis en question.
12:12 En Slovaquie, par exemple, le parti politique qui a gagné les élections remet en cause le soutien à l'Ukraine.
12:19 Oui, oui, vous avez raison.
12:20 Victor Orban en Hongrie.
12:21 Oui, ben ça s'arrête.
12:22 Il y a des voix.
12:23 Ben voilà, ça s'arrête là.
12:24 La Slovaquie est un pays de 5 millions d'habitants.
12:26 La Hongrie est un pays où aujourd'hui, il y a même plus de 10 millions d'habitants.
12:33 Cela étant, ce sont deux pays membres de l'Union Européenne.
12:36 Aucun des deux, finalement, ne s'est opposé à l'ouverture des négociations visant à une rentrée lointaine, évidemment, de l'Ukraine dans l'Union Européenne.
12:47 Quant à M. Orban, oui, effectivement, M. Orban tout seul, pas les Slovaques.
12:52 M. Orban tout seul a bloqué très, très provisoirement les 50 milliards que nous devions débourser pour l'Ukraine.
13:02 Donc vous dites que les 50 milliards européens vont se débloquer.
13:04 Ce qui vous inquiète, c'est la remise en cause de l'aide aux Etats-Unis.
13:07 Ce qui m'inquiète, c'est les Etats-Unis.
13:09 Parce qu'aux Etats-Unis, il y a une très grande partie, non seulement du parti républicain, mais de l'électorat républicain,
13:15 qui est à peu près hostile, clairement hostile, au maintien, à la poursuite de l'aide à l'Ukraine.
13:26 Et ces gens-là, M. Trump finalement les exprime en disant "moi j'arrive, je règle la question en un jour ou deux".
13:36 Je règle la question en un jour ou deux, ça veut dire je dis à Poutine "tu gardes le territoire que tu as conquis en Ukraine,
13:44 et j'arrête de soutenir les Ukrainiens".
13:46 Cela nous fait une transition, donc, toute trouvée pour ce sujet qui vous inquiète énormément,
13:51 et on l'a entendu, dont vous avez parlé déjà au début de cet entretien,
13:54 les élections américaines, 5 novembre 2024, peut-être le retour de Donald Trump,
14:01 rien n'est fait, vous l'avez dit, il n'est pas encore investi par le parti républicain,
14:05 mais c'est une possibilité, et justement au standard d'Inter,
14:08 Chantal, voulez-vous vous parler de cette échéance électorale ?
14:13 Bonjour Chantal.
14:14 Bonjour et meilleurs voeux.
14:16 Meilleurs voeux à vous aussi, on écoute votre question.
14:18 Simplement savoir si le parti démocrate ne pouvait pas choisir quelqu'un d'autre que M. Biden,
14:24 qui malgré ses qualités est un âgé, est souvent soumis aux moqueries de la part de M. Trump,
14:33 et j'ai l'impression moi qu'il ne fera pas le poids face à M. Trump.
14:38 S'il était réélu, je me permets de compléter votre question Chantal,
14:41 Joe Biden aurait 82 ans au début de son second mandat, est-ce que c'est le bon candidat pour contrer Donald Trump ?
14:46 Roosevelt a gagné la deuxième guerre mondiale en fauteuil rouvolant.
14:51 Donc véritablement l'âge de Joe Biden n'est pas la question, d'autant que c'est un excellent président.
14:59 Quand on voit la situation économique des États-Unis, elle est aujourd'hui brillante.
15:04 Cet homme aura présidé à un redressement spectaculaire et ultra-rapide de l'économie américaine.
15:10 Quant aux positions internationales des États-Unis, il les défend plus qu'honorablement.
15:18 Mais maintenant pour venir au fond de la question de notre auditrice,
15:22 la difficulté Madame, c'est que Joe Biden incarne le point médian exact du Parti démocrate,
15:29 qui est un parti, écoutez, si on transposait en France, c'est un parti qui va du centre-droit aux gauches utopistes,
15:38 du centre-droit aux gauches utopistes, en passant par le centre-gauche, les sociodémocrates, les écolos, tout ce que vous voulez.
15:45 Alors trouver le candidat qui fédère ce parti, ça n'est pas évident.
15:51 Et deuxièmement, présenter un autre candidat que le président sortant,
15:57 ça voudrait dire désavouer le président sortant alors qu'il n'y a aucune raison de le désavouer.
16:03 Donc la situation est compliquée.
16:06 « Dans le monde à l'infrachon », écrit cette élection américaine,
16:11 « sera le test de l'attachement des États-Unis à la démocratie ».
16:15 Vous partagez cette analyse.
16:17 Et la SWIFT, je la partage.
16:19 Ce n'est pas dramatiser que de dire que le retour de Donald Trump accélérerait le basculement du monde ?
16:25 Vous savez, on en revient à ce que je vous disais au début de cet entretien.
16:29 S'il ne s'agit pas de dramatiser, c'est la situation qui est dramatique.
16:35 Et elle est dramatique aux États-Unis parce que pas loin d'un électeur sur deux,
16:40 disons 40% des électeurs, parce que ce n'est pas tous les électeurs,
16:44 y compris de Donald Trump, qui sont dans cet esprit,
16:47 ont tendance à préférer une semi-dictature à une pleine démocratie.
16:53 Un mot de la Chine, quel rôle va jouer C15 cette année en 2024 ?
17:00 C'est, je dirais, le troisième ou le quatrième sujet d'inquiétude
17:03 parce que la situation économique chinoise n'est pas brillante.
17:07 La situation économique doit être véritablement étrange
17:12 puisqu'on voit que le président chinois élimine, purge son entourage et son entourage le plus proche.
17:20 Ce qui n'est pas évidemment un signe de stabilité.
17:23 Et dans une situation comme celle-là, cet homme peut être tenté par une aventure nationaliste et militaire.
17:30 À Taïwan, il peut être d'autant plus tenté qu'il peut se dire
17:34 "Les États-Unis sont en campagne électorale, il y a la guerre d'Ukraine, il y a Gaza, allons-y, je les manipole".
17:41 Dans ses voeux du Nouvel An, il a redit sa volonté d'annexer Taïwan.
17:45 Lui ne le dit pas comme ça, il dit "réunifier la Chine".
17:49 Voilà, il considère que c'est la Chine, qu'il n'y a qu'une seule Chine.
17:51 Vous pensez qu'un conflit ouvert est possible en 2024 ?
17:55 Écoutez, encore une fois, c'est comme la réélection de Trump, ce n'est certainement pas une certitude.
18:00 Mais une possibilité, oui, malheureusement, oui, c'est une possibilité.
18:04 Et j'ajouterais "apparemment grandissante".
18:07 Au milieu de tous ces conflits, au milieu des autocraties, l'Europe, sujet qui vous concerne tout particulièrement,
18:14 puisque vous et vos collègues députés européens remettrez votre siège en jeu, vos sièges en jeu, le 9 juin.
18:20 Le 9 juin, pour l'instant, le Rassemblement National est donné l'arche vainqueur devant votre camp, celui du Président de la République.
18:26 Plus 12 points d'après les derniers sondages. Est-ce que vous pensez pouvoir les faire mentir, ces enquêtes d'opinion ?
18:32 Oui, bien sûr, on est à six mois des élections.
18:35 En six mois, beaucoup de choses peuvent changer.
18:39 Et surtout, les électeurs français et des 26 autres pays constituant l'Union Européenne
18:47 vont prendre conscience de plus en plus de la gravité de la situation internationale.
18:54 Parce qu'on va le voir. On va le voir en Ukraine, on va le voir à Gaza, on va le voir en Chine.
18:58 Invasion de Taïwan ou pas, on va le voir en Chine.
19:02 On peut le voir dans une dégradation de la situation économique.
19:06 On parlait de la situation en mer rouge, mais aussi la possibilité d'un retour de l'inflation.
19:14 Donc on peut avoir une situation internationale si tendue, et je le crains pour ma part, je le crains énormément,
19:22 que la majorité des électeurs européens comprennent que nous avons besoin de serrer, de resserrer et d'élargir les rangs de l'Union Européenne.
19:35 Vous êtes dans la droite ligne du discours du président, et il y a une certaine logique à cela dans ses voeux du 31 décembre hier.
19:42 Emmanuel Macron dit en somme "l'enjeu de ces élections, ce sera continuer l'Europe ou la bloquer, laisser faire la Russie ou soutenir les Ukrainiens, la paix ou la guerre".
19:51 Est-ce que ce n'est pas une façon de poser les enjeux trop simplistes ?
19:55 Écoutez, je vous appelle à réécouter ce que vous disiez et ce que je disais.
20:03 Le fond de notre échange, est-ce que véritablement, ça sera la troisième fois que je le dirai, est-ce dramatiser la situation que de décrire le drame ? Non.
20:14 Alors quand vous voyez la montée des populismes dans le monde et en Europe, je pense notamment à la victoire récente de Gerd Wilders au Pays-Bas, victoire surprise.
20:25 Ces sondages qui donnent Marine Le Pen et le Rassemblement National, ou en tout cas la liste emmenée par Jordan Bardella largement en tête.
20:32 Quand vous voyez la montée des nationalismes et des populismes, est-ce que vous vous dites que c'est aussi votre échec celui d'Emmanuel Macron et celui de ceux qui se réclament du progressisme ?
20:41 Oh, je me dis d'autres choses. Je me dis qu'il y a une fatigue très très très profonde, une fatigue intellectuelle et donc politique, des deux grandes forces qui dominaient depuis la fin de la deuxième guerre mondiale,
20:55 la politique dans tous les pays européens, c'est-à-dire la social-démocratie et la démocratie chrétienne, la gauche, la droite, et que, évidemment, il y a une quête de nouveaux,
21:06 il y a une quête de nouveaux dans un climat de peur, de peur qui n'est pas infondée du tout, malheureusement. Alors, évidemment, il y a une progression des extrêmes-droites.
21:16 Mais Emmanuel Macron, le progressisme, la vision très européenne de sa politique, se voulait un antidote à cela.
21:24 Oui.
21:25 C'est le contraire qui se produit.
21:27 Écoutez, c'est le contraire, je ne sais pas. Parce que où en serions-nous s'il n'y avait pas aujourd'hui, s'il n'y avait pas eu ces politiques ? Je ne sais pas.
21:37 Ce que je sais, c'est qu'il est véritablement urgent de se battre et de se souvenir. Vous disiez à l'instant, Gerd Wilders, au Pays-Bas, a remporté les élections.
21:48 Non, il est arrivé premier. Il n'a pas remporté les élections.
21:53 Il n'arrive pas encore à former un gouvernement.
21:55 Premièrement, il n'arrive pas encore à former. Et deuxièmement, ce n'est même pas un tiers des voix. Ce n'est même pas un tiers des voix.
22:01 Donc cet homme, oui, est arrivé en tête des élections. Bien sûr que oui. Mais il ne les a pas remportées. Loin de là.
22:10 Gilles, nous appelle de Grenoble et a une question pour vous, justement, au sujet des élections européennes. Bernard Guetta, bonne année, Gilles, on vous écoute.
22:18 Je vous remercie. Je souhaite que le monde respecte le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
22:25 La question que je souhaite poser à Bernard Guetta, c'est que j'ai lu son excellent livre. J'ai lu l'excellent livre de Raphaël Glucksmann.
22:35 Je ne sais pas s'il sera présent sur la liste de Renew. Mais si ça n'était pas le cas, est-ce qu'il envisagerait d'être sur celle de Raphaël Glucksmann ?
22:46 Parce que je trouve que leurs positions sont très proches.
22:50 Demandez à Raphaël, à mon avis, à Raphaël, parce que nous votons 9 fois sur 10, si ce n'est 10 sur 10 la même chose au Parlement européen.
23:02 Est-ce qu'il serait tenté ? Mais plus sérieusement parlant...
23:07 Et vous, vous serez candidat ?
23:09 Moi, je suis candidat à la candidature, bien entendu. Mais ce n'est pas moi qui décide si je serai ou pas sur les listes de la majorité.
23:16 Justement parce que cette liste n'est pas encore constituée, la tête de liste n'est pas encore connue.
23:21 Je le déplore.
23:22 Cela devrait être votre président de groupe Stéphane Séjourné. Qu'attend Emmanuel Macron ?
23:26 Je ne sais pas. Je ne sais pas. Je déplore que nous n'ayons pas commencé la campagne plus tôt. Je pense que c'est une erreur.
23:35 Mais écoutez, c'est une erreur tout à fait réversible. Mais je crois que c'est une erreur.
23:40 Mais pour en revenir à la question de notre auditeur, dans la campagne qui s'ouvre, je crois que les écolos, les sociodémocrates, la démocratie chrétienne et les centristes
23:53 devraient tous affirmer trois ou quatre priorités fondamentales et communes.
23:59 Merci beaucoup Bernard Guetta, député européen, Rignoud d'avoir été ce matin dans le studio de la matinale d'Inter.

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