Philippe Marchand a été condamné par la cour d’assises de Versailles pour meurtre sur conjoint. En août 2017, il avait tué, démembré et incinéré sa compagne à la suite d’une dispute.
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00:00 Bienvenue dans les enquêtes du nouveau détective.
00:05 Le nouveau détective, premier magazine d'enquête sur les grands faits d'hiver et Engel présente
00:11 25 ans pour le démembreur de sa compagne, une enquête de Sébastien Deveau.
00:22 Le 31 août 2017, profitant de la douceur de la soirée, une femme se promène avec sa fille et son chien dans le petit bois du chemin des Poiriers à la sortie de Vernouillet dans les Yvelines.
00:33 L'endroit a l'avantage d'être proche de son domicile, mais il n'a rien de glamour.
00:39 Il sert depuis longtemps de décharge sauvage et s'étend prime le rendez-vous des prostituées du coin et de leurs clients.
00:47 Mais ce que notre promeneuse va y découvrir ce soir-là vers 20h est carrément digne d'un film d'horreur.
00:53 Un crâne et une cage thoracique abandonnée là, au milieu des pneus calcinés.
00:59 Une fois appelée, la police est rapidement sur place. Il s'agit bien des restes humains et plus précisément ceux d'une femme.
01:09 On trouve d'ailleurs d'autres morceaux du corps à proximité, des vertèbres et deux fémurs tranchées nettes.
01:16 La victime a été démembrée comme une carcasse de lapin sur l'étal d'un boucher.
01:21 L'œuvre d'un psychopathe, d'un serial killer, on est très loin du compte.
01:27 Six ans plus tard, le 6 mars 2023, alors que s'ouvre le procès de l'affaire devant les assises de Versailles, c'est un accusé totalement insignifiant qui prend place dans le box.
01:41 Avec ses 1,63m pour 63kg, ses cheveux blancs et parce, Philippe Marchand, 70 ans, a l'air d'un employé de banque à la retraite.
01:50 Pourtant, le dépeuseur de Vernouillet, c'est bel et bien lui. La femme démembrée, c'est Anne-Marie Richy. C'était sa compagne.
02:00 La présidente du tribunal résume leur histoire.
02:08 Marchand, ancien chauffeur de taxi, est un cavaleur quelque peu obsédé sexuel.
02:13 Quand il rencontre Anne-Marie en 2016, il habite à Boulogne-Biancourt et vient de se faire larguer par son ex.
02:20 L'as de ses infidélités après 32 ans de concubinage.
02:24 Anne-Marie, sa nouvelle conquête, est une retraitée de la RATP.
02:29 Elle a 66 ans, instable et bipolaire, sa vie sentimentale n'a été qu'une suite de drames.
02:37 Son premier mari s'est suicidé en apprenant qu'elle le trompait.
02:40 Le suivant était un alcoolique violent et le dernier a été emporté par une maladie.
02:47 C'est le sexe qui les a réunis avec Philippe Marchand.
02:51 Sous ses airs de BCBG, Anne-Marie dissimule un tempérament de feu.
02:56 Deux ans après le crime et ignorant qu'il était placé sur écoute téléphonique,
03:02 Philippe Marchand confiera à une de ses amies d'une voix gourmande que la défunte était une chaudasse qui aimait la bite.
03:08 A l'audience, il se montre néanmoins plus pudique.
03:13 "Monsieur Marchand, pouvez-vous expliquer à la cour les circonstances de votre rencontre avec la victime ?"
03:18 "J'ai rencontré Anne-Marie lors d'une soirée intime. J'ai été séduit par sa gentillesse, son élégance et son intelligence aussi."
03:28 Il oublie de préciser que la "soirée en question" était une partouze à quatre.
03:33 Très vite, le couple connaît des hauts et des bas. Les disputes sont fréquentes.
03:38 Philippe est volage, Anne-Marie exclusive et jalouse. Difficile de concilier les deux.
03:44 Un jour, alors qu'il menace de la quitter, elle se mutile et termine à l'hôpital.
03:50 Malgré cet appel au secours, il continue de fréquenter les sites de rencontres et de la tromper.
03:57 Moulé dans son pull noir qui lui donne l'air de porter le deuil, une main crispée sur le micro, il tente de justifier son comportement.
04:05 "Je ne voulais pas la revoir. C'est elle qui m'a appelé. Il faut dire qu'elle était charmeuse et j'ai succombé à nouveau."
04:13 "Pourtant, en mai 2017, je lis que votre couple traverse une nouvelle crise, qu'il s'est à nouveau terminé à l'hôpital."
04:22 "Ce soir-là, j'ai dû l'emmener aux urgences. Elle était complètement hystérique. Je ne savais plus quoi faire."
04:28 "Après sa sortie de l'hôpital, elle s'est installée à l'hôtel parce qu'elle n'avait plus d'argent pour payer son appartement à Kiching."
04:36 "Vous comprenez bien que je ne pouvais pas la laisser vivre dans ces conditions. Alors, je l'ai reprise chez moi."
04:41 Les deux amants semblent réconciliés et ils envisagent même d'aller se marier à Las Vegas.
04:47 Cependant, durant cette période, Marchand entretient toujours des relations assidues avec sa maîtresse du moment, une certaine Claudine.
04:54 Anne-Marie finit par l'apprendre et ne cesse de lui reprocher.
04:58 Le mardi 22 août, en début d'après-midi, les voilà à nouveau en train de se déchirer dans l'appartement de Boulogne, rue Le Corbusier.
05:06 "Le ton est vite monté. Elle faisait les 100 pas en me menaçant. Je l'ai entendu dire, je vais toutes les tuer."
05:15 "Et puis d'un coup, elle s'est jetée sur moi et elle m'a attrapé à la gorge, là, comme ça, là."
05:18 Dans son box, Marchand mime le geste et continue, comme s'il revivait la scène.
05:23 "Là, je me dégage et elle recommence. Alors, on tombe par terre, moi sur elle et mon genou droit percute sa tête."
05:31 "Elle hurlait des mots incompréhensibles. Je voulais qu'elle se taise. Je l'ai attrapée au cou pour la maîtriser, la calmer."
05:37 "Mais là, soudain, elle me lâche. Elle ferme les yeux."
05:42 "Alors, je lui parle, j'essaye de la bouger et elle réagit plus. J'approche ma main au bord de ses lèvres."
05:50 "Et là, je me rends compte qu'elle ne respire plus. J'étais sidéré. Mais ça n'avait pas duré plus d'une minute."
05:56 "Et pourquoi n'avez-vous pas appelé les secours ?"
05:58 "Je ne supportais pas l'idée de perdre l'estime de mes proches. Alors, je suis resté prostré pendant 30 ou 40 minutes."
06:05 "Et c'est là que j'ai décidé de faire disparaître le corps."
06:11 "C'était une mauvaise idée, je le reconnais. Et je m'en excuse auprès de la famille."
06:15 L'idée n'est pas mauvaise, elle est abominable.
06:20 Le petit logement de Boulogne-Biancourt va devenir le théâtre d'une boucherie indescriptible.
06:26 "Racontez-nous, de la manière la plus factuelle possible, ce qui s'est passé après que vous ayez constaté le décès de votre compagne."
06:33 "Alors, j'ai tiré le cadavre jusqu'à la salle de bain, je l'ai posé sur le bord de la baignoire et je lui ai ouvert la gorge d'un coup de couteau."
06:42 Quand l'homme fait le geste de saigner un animal, un frisson horrifié parcourt l'assistance. Mais il poursuit avec un calme stupéfiant.
06:51 "Puis, je lui ai mis la tête en bas et les pieds en hauteur pour faciliter l'écoulement du sang."
06:57 "Ensuite, je suis allé à Bricorama acheter ce dont j'avais besoin, c'est-à-dire des sacs poubelle, des stops et de l'acide chlorhydrique."
07:05 "En revanche, pour les outils, j'avais ce qu'il fallait chez moi donc..."
07:08 "Et au retour, j'ai fait le plein d'algérica de naissance que j'avais acheté à l'époque quand j'étais chauffeur de taxi."
07:16 "Vous êtes un homme pragmatique, monsieur Marchand. A ce propos, je me permets de faire remarquer à la cour que vous avez poussé le cynisme jusqu'à payer ses dépenses sordides avec la carte de crédit de la victime."
07:27 "Enfin, poursuivez."
07:28 "Madame la Présidente, ce n'était pas du cynisme, c'était de l'improvisation."
07:32 "Je n'arrivais pas à réfléchir, j'étais dans la confusion, dans la précipitation et il fallait que je me débarrasse du corps."
07:39 "Alors, j'ai pris un couteau électrique et une scie renforcée très rigide et j'ai commencé à démombrer le corps au niveau des articulations."
07:47 "Ca a pris du temps, j'ai commencé vers 19h et il était environ 22h30 quand j'ai terminé."
07:55 "C'était vraiment difficile et franchement c'était horrible."
07:58 Ce qui ne l'empêche pas de fignoler son travail.
08:01 Afin de retarder l'identification de la défeinte, il lui brise les dents à coups de burins et de marteaux.
08:08 Puis, il arrache la peau de ses doigts afin de supprimer les empreintes digitales.
08:13 Comment cet homme peut-il trouver suffisamment de sang-froid pour poursuivre son récit sans craquer ?
08:20 Cela reste un mystère. Il raconte avec la même précision comment il a descendu les sacs poubelles jusqu'au parking souterrain par l'ascenseur
08:27 avant de les entasser dans le coffre de sa Mégane Cabriolet.
08:31 "Et comment vous êtes-vous retrouvé dans cette décharge sauvage dans la nuit du 22 au 23 août ?"
08:35 "Eh bien, j'étais en quête d'un endroit discret. Alors, je traverse Louvesciennes, Saint-Germain-en-Laye, Villene, puis près de Vernouillers."
08:46 "Il y avait des humains qui montaient dans les bois. Il y avait là des gravats avec des pneus. C'était vraiment une décharge sauvage."
08:53 "Donc, j'ai donc empilé des pneus, mis les sacs au milieu et j'ai arrosé le tout d'essence. Et puis, j'ai mis le feu à écabriquer."
09:01 Le meurtrier commet alors sa première erreur. Il a mal calculé la violence de l'embrasement.
09:10 "Quand j'ai mis le feu, je ne savais pas que ça pouvait provoquer une telle déflagration."
09:15 "L'explosion m'a violemment projeté en arrière sur des rochers. Et là, j'ai ressenti une vive douleur à la hanche. Je ne pouvais plus marcher."
09:21 Marchand réussit pourtant à se traîner jusqu'à sa voiture et à rentrer à Boulogne.
09:25 Arrivé dans le parking, il se traîne jusqu'à l'ascenseur, puis appelle le SAMU.
09:31 "En fait, j'avais le col du fémur cassé. J'ai raconté que j'étais tombé et je suis resté deux mois à l'hôpital."
09:38 La sinistre comédie continue.
09:43 Philippe Marchand se plaint auprès de ses amis qu'Anne-Marie ne vienne pas le voir.
09:46 Il signale même sa disparition inquiétante à la police.
09:50 Une fois rétabli, il reprend une vie normale entre sa maîtresse Claudine et ses conquêtes d'un soir sur les sites de rencontres.
09:57 Et toujours aux frais d'Anne-Marie, dont il utilise sans vergogne la carte de crédit.
10:02 Il va dépenser ainsi près de 30 000 euros en restaurants et achats divers.
10:08 Dans le même temps, il appelle régulièrement le portable de sa victime et il laisse des messages inquiets.
10:13 Les policiers, qui le soupçonnent depuis le début, ne se laissent pourtant pas abuser.
10:19 La morte de Vernouillet finit par être identifiée grâce à son ADN.
10:23 Marchand est entendu le 15 octobre 2019 et placé en garde à vue.
10:29 Il passe aux aveux complets.
10:32 À l'issue de son procès et à la stupéfaction générale, l'accusé a conclu par ses mots effroyables.
10:38 "Madame la Présidente, j'ai toujours été respectueux envers tout le monde, surtout envers les femmes, et je ne m'explique pas ce geste barbare."
10:46 Le verdict a été à la hauteur du crime.
10:49 25 ans de réclusion criminelle.
10:52 Philippe Marchand a quitté le tribunal entre deux policiers, plus insignifiants que jamais.
10:59 En le voyant partir ainsi, il est difficile de l'imaginer en train de commettre les atrocités qu'il a décrites.
11:05 On a beau avoir l'habitude des cours d'assises, ces meurtres à double visage façon Dr Jekyll et Mr Hyde sont toujours aussi terrifiants.
11:14 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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11:30 Si l'affaire n'a pas encore été jugée ou venait à passer en appel, nous rappelons que les protagonistes bénéficient toujours de la présomption d'innocence.
11:37 Les noms et prénoms de certains personnages sont susceptibles d'avoir été modifiés.
11:41 d'avoir été modifié.