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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 *Musique*
00:05 La Guillaume Gallienne de la comédie française, comme on dit.
00:08 *Musique*
00:10 Oh racontez-moi, je veux les détails !
00:12 *Musique*
00:13 Sur mon bateau, il n'y a qu'amour et compassion.
00:15 *Musique*
00:18 C'est important le costume.
00:19 *Musique*
00:21 C'est hyper difficile d'être viril, hein.
00:23 *Musique*
00:28 Si je lui dis tout ça, je vais pleurer.
00:30 *Musique*
00:31 Les garçons, ça ne pleure pas.
00:33 *Musique*
00:36 S'il y en a un qui a le droit et même le devoir de remercier sa mère, là pour le coup c'est moi.
00:41 *Musique*
00:43 Si je mérite un César, pardon.
00:45 *Musique*
00:48 Guillaume, qui fatalement du coup est l'autre moitié de ce César.
00:51 *Musique*
00:52 Mais comme t'en as déjà eu cinq, je vais le garder celui-là par contre.
00:55 *Musique*
01:00 Oh !
01:01 *Musique*
01:03 Je carbure au désir, aux rencontres, à la liberté.
01:08 *Musique*
01:12 Bienvenue Guillaume.
01:14 Merci Mollaud.
01:15 Bonsoir, bienvenue dans Clif.
01:16 Bonsoir, merci.
01:17 Je suis très content de te recevoir Guillaume, tu fais partie pour moi.
01:19 Moi aussi.
01:20 Des personnes les plus brillantes que j'ai pu croiser dans ma vie et des plus libres.
01:24 On va parler de liberté aujourd'hui, tous les deux.
01:27 La liberté c'est quelque chose que tu es allé chercher, pour laquelle tu t'es battu.
01:32 C'est quoi ta définition de la liberté ? En quoi tu te sens libre dans la vie ?
01:35 Euh...
01:38 Ne pas avoir peur d'avoir peur.
01:43 Je trouve ça bien d'être...
01:45 On est souvent confronté à la peur.
01:48 Et c'est...
01:50 Ça n'est que lorsqu'on a peur qu'on peut être courageux.
01:52 Les gens qui font acte de bravoure alors qu'ils n'ont pas peur, ce n'est pas de la bravoure, c'est de l'inconscience.
01:58 Donc déjà ça, moi j'ai accepté mes peurs et je vis avec.
02:06 Sinon la liberté, mais c'est...
02:11 De plus en plus avec l'âge, on se rend compte que c'est quand même...
02:16 Plus on est attentif aux autres et plus on trouve sa liberté.
02:21 Si c'est une liberté qui va contre les autres, en fait, ce n'est pas très intéressant.
02:26 On va parler également d'honneur.
02:28 Tu as l'affiche d'un film qui s'appelle "Une affaire d'honneur" de Vincent Perret.
02:30 Ça sort le 27 décembre au cinéma, aux côtés de Roche XM et de la talentueuse Doréa Thillier.
02:35 Le film parfait à aller voir entre deux réveillons.
02:38 Tu joues le rôle de Jeanne Tavernier, c'est un escrimeur intellectuel, propriétaire d'un cercle d'escrime.
02:43 On regarde la bande-annonce, on en parle juste après.
02:47 Allez !
02:48 Tu as appris ce matin que c'était votre neveu ?
02:56 Je mets cette offense sur le compte de votre hystérie.
02:58 J'aurais dû arrêter le duel.
03:02 En tant que maître d'armes, tu n'as pas le droit de demander réparation.
03:05 Il ne s'agit plus d'honneur, mais de vengeance. Je ne te suivrai pas.
03:07 Elle vient de créer la première ligue féminine d'escrime.
03:12 Vous écrivez que je suis un homme de l'ordre.
03:14 Je suis une femme d'escrime.
03:16 Vous écrivez que je suis une femme à la sensibilité déréglée.
03:18 J'exige réparation.
03:19 Un homme ne se bat pas contre une femme.
03:21 Les affaires de duel ne sont pas un jeu.
03:23 Êtes-vous certaine de vouloir vous battre ?
03:26 J'ai vu de quoi les hommes étaient capables.
03:32 On dit que le sang lave l'honneur.
03:34 Et l'amour ?
03:37 Sachez que lors d'un duel, tous les coups seront permis.
03:42 "Une affaire d'honneur" sort le 27 décembre.
03:44 C'est un film historique.
03:45 Ça se passe en 1887.
03:47 Ça dénonce l'absurdité des duels.
03:49 Les duels ont risqué sa vie pour sauver son honneur.
03:51 Vous le placez où, l'honneur ?
03:53 Le film aurait pu s'appeler "On ne badine pas avec l'honneur".
03:58 Où est-ce que je le place ?
04:02 Bonne question, votre honneur.
04:06 Je ne sais pas.
04:07 Où est-ce que je le place ?
04:11 Évidemment, par rapport à l'insulte,
04:13 j'ai été quand même beaucoup insulté jeune.
04:16 Et au bout d'un moment, je transformais, j'en riais.
04:20 Un jour, je me suis dit, "Pourquoi j'en ris ?
04:23 "Il faut que j'arrête d'en rire."
04:25 Je ne sais pas où je le place.
04:30 Mais en tout cas, l'humiliation est une des choses
04:32 que je trouve le plus horrible au monde.
04:36 Les gens qui humilient sont épouvantables.
04:38 C'est quand la dernière fois que tu t'es dit,
04:40 "Je mets un point d'honneur à faire cette chose
04:42 "ou à ne pas faire cette chose ?"
04:44 Non, ce n'est pas comme ça que ça s'est fait.
04:48 Je peux, en revanche, te dire, la dernière fois
04:52 où, il n'y a pas si longtemps,
04:54 un réalisateur m'a mal parlé,
04:56 et comme un idiot,
04:58 je me suis dit, "Je pacifie le truc."
05:02 Et je m'en suis énormément voulu
05:06 de ne pas lui avoir dit d'entrer,
05:08 "Alors, en fait, tu ne me parles pas comme ça."
05:10 Point final.
05:12 Et je m'en suis énormément voulu.
05:15 Donc, peut-être que je devrais le mettre un peu plus là, l'honneur.
05:19 -Est-ce que, finalement, savoir dire la vérité,
05:21 c'est mieux que de savoir se battre ?
05:23 -Oui.
05:28 Mais là...
05:29 Alors, ce qui est touchant aussi dans le film de Vincent Perez,
05:32 c'est ce personnage féminin qui a existé
05:35 et qui est assez incroyable, parce que révolutionnaire.
05:38 Mais aussi, c'est de voir ces hommes
05:41 qui ont été tellement traumatisés par la guerre
05:43 qu'ils reproduisent le schéma sans cesse,
05:46 parce qu'ils n'en reviennent pas, en fait, du front.
05:50 -Guillaume, on va parler des schémas que tu as réussi à briser,
05:52 à ne pas reproduire,
05:53 mais là, j'aimerais qu'on parle de bagarre.
05:55 Pourquoi est-ce que la bagarre, ça nous fascine tous,
05:57 à ce point-là ? On en parle juste après le sujet.
05:59 -Ah oui.
06:00 -Depuis la nuit des temps, les humains sont fascinés par ça.
06:02 -Ah oui, la bagarre.
06:04 -La bagarre.
06:05 -Et quand on vous dit "depuis la nuit des temps",
06:07 c'est vraiment le cas.
06:08 -Spartiate ! Quel est votre métier ?
06:11 -Guerre ! Guerre ! Guerre !
06:14 -Car dans quasiment toutes les sociétés
06:16 et à toutes les époques,
06:17 l'homme a pratiqué la guerre et le combat.
06:19 -N'êtes-vous pas rassassés ?
06:22 Ne vous êtes-vous pas assez libertés ?
06:24 -Alors, on ne sait pas vraiment
06:25 si c'est dans la nature de l'homme d'être violent.
06:27 C'est un débat vieux comme le monde.
06:28 Pour certains, il aurait hérité ce trait
06:30 de ses ancêtres primates.
06:31 -We're a miserably violent species.
06:33 We don't hate violence,
06:34 we hate the wrong kind.
06:35 And when it's the right kind,
06:37 we cheer it on, we hand out medals,
06:39 we love it.
06:40 -En tout cas, cet amour pour la bagarre
06:42 a été la source d'inspiration
06:43 d'une quantité innombrable d'œuvres,
06:45 que ce soit sur le grand écran,
06:46 en film, en série,
06:47 -Guerre !
06:49 -dans la littérature ou même en jeu vidéo.
06:51 -On a décliné la bagarre à toutes les sauces.
06:55 Mais attention,
06:56 il ne faut pas tomber dans le vulgaire,
06:58 car c'est aussi un art,
06:59 une pratique sportive noble
07:00 pratiquée par des athlètes
07:01 depuis des décennies.
07:02 -C'est calme !
07:03 -Non, sérieusement,
07:04 au-delà des combats de gifles,
07:05 depuis quelques temps,
07:06 il y a un regain de popularité
07:07 des sports de combat,
07:08 notamment depuis l'autorisation
07:09 du MMA en France en 2020.
07:12 -Guerre !
07:15 -Alors, addiction à l'adrénaline,
07:16 instinct primaire ou construction sociale,
07:18 pourquoi on aime autant la bagarre ?
07:20 -Pourquoi on aime autant la bagarre ?
07:22 -Et alors, la réponse ?
07:24 -Non, je sais pas.
07:25 Est-ce que toi, tu aimes la bagarre ?
07:26 -Ah, pas du tout.
07:27 Après, j'aime les sujets,
07:30 les films ou les pièces de théâtre,
07:33 les oeuvres où il y a évidemment
07:35 un méchant, un gentil.
07:38 Enfin, ces archétypes-là, oui,
07:40 bien sûr qu'ils existent depuis toujours.
07:43 Et je préfère quand les gens sont plus...
07:47 les personnages sont plus ambigus
07:49 et que c'est pas tout blanc, tout noir,
07:51 mais qu'au contraire,
07:52 il y ait des zones bizarres, étranges
07:55 chez les uns et chez les autres.
07:56 J'aime bien, par exemple, chez Shakespeare,
07:58 on peut pas dire que c'est forcément très méchant.
08:04 Richard Troy, il est intéressant
08:05 quand il est aussi troublant et touchant.
08:09 S'il n'est qu'un monstre,
08:11 c'est moins intéressant.
08:13 J'aime bien quand...
08:14 Mais de toute façon, traiter le monstre,
08:16 enfin, travailler le monstre,
08:17 nous, au théâtre, c'est ce qu'on fait.
08:19 On est là aussi pour incarner des monstres.
08:21 Cette catharsis-là, elle est nécessaire.
08:23 Et j'aime bien le voir.
08:26 Mais en fait, si...
08:29 En voyant des bagarres,
08:31 ça nous permet, nous, de ne pas y aller,
08:33 allons-y.
08:34 -Et toi, tu t'es déjà battu ?
08:36 -Non.
08:39 Je me suis fait casser la gueule énormément,
08:43 énormément, jusqu'à l'âge de 12, 13 ans,
08:47 vraiment beaucoup.
08:49 Et il y a une fois où j'ai réussi
08:51 à choper la main du mec
08:53 et à lui broyer la main,
08:54 c'est la seule fois, je tremblais.
08:56 Non, non, je suis nul.
08:58 -Qu'est-ce que t'as ressenti ? De l'adrénaline ?
09:00 -Pas du tout.
09:01 -La peur ?
09:02 -Non, mais je suis la mauvaise,
09:06 tous ces noms-là.
09:08 Donc, je me bats pas.
09:12 -T'as beaucoup parlé de ton enfance.
09:14 -Ouais, pardon.
09:15 -Au théâtre, au cinéma.
09:16 -J'arrête, promis.
09:17 -T'as beaucoup parlé de ta maman,
09:18 qui est une personne pour qui t'as une énorme admiration.
09:20 -Oui.
09:21 -T'as très peu parlé de ton papa.
09:22 -Oui.
09:23 C'était qui ?
09:25 C'était qui, mon papa ?
09:27 C'était un homme particulier
09:29 qui avait beaucoup de charme,
09:31 beaucoup d'humour,
09:32 mais qui était un père très tyrannique
09:35 et en fait très paranoïaque.
09:39 Donc, c'était pas facile,
09:41 mais il était brillant
09:43 et il m'a inculqué beaucoup de choses,
09:46 notamment le goût de la lecture.
09:48 Il disait beaucoup,
09:49 il était très cultivé.
09:51 C'est lui qui m'a emmené
09:53 voir des ballets, la première fois, d'ailleurs.
09:56 Maintenant que je travaille avec des chorégraphes,
09:59 c'est aussi grâce à lui.
10:01 La gastronomie aussi, c'est grâce à lui.
10:04 Donc, il était passionné de beaucoup de choses.
10:07 Moi, je pouvais pas suivre
10:08 parce qu'il était dans l'équipe olympique,
10:10 l'équipe de France de bobsleigh.
10:11 Il faisait le caporne tous les ans.
10:13 Moi, j'ai mal de mer.
10:14 Il faisait des trucs à cheval.
10:15 J'ai peur des chevaux.
10:16 Donc, voilà, tout le côté sportif, j'ai pas suivi.
10:18 Mais la bouffe et la danse.
10:20 C'est marrant parce que j'avais eu la chance
10:22 de voir la pièce de théâtre
10:24 "Guillaume et les garçons à table".
10:26 Et je me dis, mais comment va réagir son père ?
10:29 Et apparemment, la première fois
10:31 ou la seule fois où il est venu la voir,
10:33 son sonotone ne marchait pas, c'est ça ?
10:35 Il a oublié ses sonotones.
10:37 Et donc, il l'entendait à peine.
10:40 Il a passé toute la représentation
10:41 à se tourner vers ma mère en disant
10:42 "Qu'est-ce qu'il dit ? Qu'est-ce qu'il dit ?"
10:45 Mais c'est un acte manqué extraordinaire.
10:47 Il voulait pas entendre.
10:49 T'as dit une phrase terrible sur lui.
10:52 Dans "Psychologie magazine", t'as dit
10:53 "J'ai pris la mesure des dommages collatéraux
10:55 qu'il avait causés.
10:56 Pas tant à moi qu'à des personnes que j'aime,
10:58 mais bon, il est mort dans d'atroces souffrances.
11:00 Il l'a payé très cher."
11:02 Oui, c'est vrai.
11:04 Mais c'est vrai, c'est affreux.
11:06 Ah ouais, je trouve que...
11:07 Ah non, je pense que...
11:08 J'ai l'impression que dans la vie,
11:10 on paye content, mais c'était vraiment...
11:12 Ah ouais, il l'a payé très cher.
11:15 C'était très violent, ouais.
11:17 C'était affreux.
11:19 Sa mort a duré deux ans, c'était épouvantable.
11:21 T'as réussi à pardonner des choses ?
11:23 Ah oui.
11:24 Ah oui.
11:26 Mais parce que sans pardon...
11:30 D'abord, c'est tout bête,
11:32 mais c'est vrai que si on pardonne pas aux autres,
11:34 on se pardonne pas à soi-même.
11:36 Et puis d'abord...
11:38 Moi, je suis très reconnaissant.
11:43 J'ai eu une chance incroyable.
11:45 Et après, oui, il y a des séquelles,
11:48 il y a des blessures, mais ma foi, heureusement,
11:50 on n'est pas au pays des bisounours,
11:52 ça n'existe pas.
11:54 Mais j'ai tellement de chance par ailleurs que...
11:57 Tu viens d'un milieu très privilégié,
11:59 très bourgeois.
12:01 Plus aristocrate que bourgeois.
12:03 Plus aristocrate.
12:04 Tu parles souvent de tes privilèges.
12:05 C'était quoi tes privilèges ?
12:07 Un accès à la culture immédiat,
12:10 un accès au voyage, aux découvertes,
12:13 une aisance donnée dans la manière
12:17 d'être dans le monde,
12:19 de faire la conversation.
12:23 Une aisance que tout le monde n'a pas.
12:27 Et puis un sens du devoir très fort, très marqué.
12:33 C'est quoi ce sens du devoir ?
12:35 Que dans la vie, il y a des devoirs.
12:41 Déjà, comme disait Arletty,
12:45 de la tenue dans toutes circonstances.
12:48 Donc déjà ça.
12:52 Faire bonne figure parfois.
12:56 C'est bien pour soi, ça s'oblige.
12:59 Même s'il y a des jours où on est un peu fatigué.
13:01 Non, non, allez.
13:02 Moi, j'avais une nanny anglaise qui me disait "Chin up".
13:07 C'est une façon d'être à la hauteur
13:12 de ce que la vie vous donne.
13:14 Tu avais des domestiques ?
13:16 Mes parents, pas moi.
13:18 J'ai été élevé par les domestiques de mes parents, bien sûr.
13:22 Oui, bien sûr, j'étais très attaché à eux.
13:25 Comment ça se passe ?
13:27 Comment ça se passe ?
13:30 Ils vivaient à demeure.
13:32 Il y avait quatre domestiques qui vivaient à demeure.
13:36 Donc moi, j'ai été élevé par eux.
13:38 On prenait nos repas avec eux.
13:40 J'étais très attaché, notamment à la cuisinière de ma mère, Maria,
13:47 qui a été chez nous pendant 40 ans
13:51 et qui est morte deux ans après avoir pris sa retraite.
13:56 Et ça a été un énorme chagrin.
13:59 Enorme chagrin.
14:00 Est-ce que le fait d'avoir cette éducation, Aristo,
14:03 d'avoir des domestiques, de voir ses parents seulement
14:06 à des moments précis et voulus par eux,
14:09 et de ne pas avoir une relation normale
14:11 qu'un enfant peut avoir avec ses parents,
14:13 est-ce que ça fait partie des choses
14:15 qui ont fait qu'à 12 ans, tu te retrouves en dépression ?
14:18 Non, ma dépression, ce n'était pas du tout par rapport à ça,
14:21 parce que je ne jugeais pas,
14:22 puisque c'était comme ça que j'étais élevé,
14:24 donc je ne comparais pas.
14:26 Non, j'ai fait une dépression à 12 ans à cause de l'homophobie.
14:30 Mon nom, c'était la tapette, la pédale, la tantouse,
14:34 ça n'était qu'insulte.
14:36 Et surtout, j'étais étiqueté d'une sexualité
14:40 avant même de pouvoir la découvrir.
14:42 Ma dépression, elle vient d'un schéma macho, pourri.
14:55 Tu as fait un énorme travail sur toi.
14:57 Moi, j'ai un souvenir de la première fois...
15:00 Avec beaucoup de psy, ouais.
15:01 La première fois où je t'ai rencontré,
15:02 c'était à l'époque du Grand Journal,
15:04 où tu faisais une pastille dans le Grand Journal,
15:06 et on avait discuté, et je me dis,
15:07 mais ce garçon est tellement armé,
15:09 on avait l'impression que tout pouvait te passer sur la tête.
15:12 Ça, c'est de la façade.
15:14 Je ne suis pas du tout armé.
15:16 Pas du tout armé.
15:17 Quel travail ont fait ?
15:18 Qu'est-ce qui t'a amené à ce travail ?
15:20 Déjà, j'ai une cousine qui est morte,
15:22 Alicia Gallienne, la poétesse,
15:24 qui est morte quand j'avais 18 ans,
15:25 elle avait 20 ans, elle avait tout pour elle,
15:28 et elle est morte.
15:29 Et donc, je me suis dit,
15:31 mais la vie est tellement une chance,
15:35 quand on...
15:36 Je veux dire, elle avait tout pour elle,
15:37 et elle meurt, mais c'est d'une injustice épouvantable.
15:40 À 24 décembre.
15:41 La moindre des choses que je puisse faire
15:43 pour honorer ma cousine,
15:46 c'est de vivre ma vie, mais à fond !
15:49 Mais à fond, c'est la moindre des choses.
15:51 Quelle chance d'être en vie,
15:53 et en plus, avec toutes les chances que je peux avoir,
15:56 mais il est hors de question que je me plaigne
15:59 et que je rate, mais ça, de la vie.
16:02 Donc, après, il faut faire attention
16:04 que ça n'étouffe pas d'autres gens,
16:06 et que...
16:07 Donc, moi, il y a plein de choses de la vie, maintenant,
16:10 où je considère que c'est à mon fils de les vivre.
16:13 Donc, je le regarde, je l'encourage.
16:15 L'étymologie d'éduquer, c'est pousser dehors.
16:18 Donc, j'encourage, mais je veux pas...
16:21 Il y a des choses, ça y est, je les ai vécues,
16:22 maintenant, c'est à lui.
16:23 -Tu dis que ton fils, sa personnalité était là depuis sa naissance,
16:25 qu'il était déjà lui-même.
16:27 -Ah, incroyable, oui.
16:28 Ah oui, il est... Oui, oui, il est étonnant.
16:30 On est très différents, et on a un humour en commun,
16:34 mais... Ah oui, il a une personnalité incroyable.
16:37 -C'est quoi, sa personnalité ?
16:38 Qu'est-ce qu'il a que toi, tu n'as pas eu pendant ton enfance, par exemple ?
16:41 -Il est...
16:45 Il l'a dit très jeune, il est fier de son coeur.
16:50 -Waouh.
16:51 -Il nous l'a dit à 4 ans.
16:53 Voilà.
16:56 Je peux pas dire mieux, je lui ai dit...
16:57 D'ailleurs, quand il me l'a dit, je lui ai dit "continue,
16:59 parce qu'il n'y a rien de plus important au monde,
17:01 donc vas-y, continue."
17:03 -C'est beau de dire ça à ses parents.
17:05 -Ah, c'était incroyable.
17:07 On est restés comme des ronflons.
17:09 Ouais.
17:11 Non, mais il est drôle, en plus, il a beaucoup d'humour,
17:14 mais on rit beaucoup ensemble, c'est super.
17:16 -Tu penses qu'il se dirige vers une carrière artistique ?
17:18 -Ah oui, il nous l'a annoncé.
17:19 -Ah, déjà ?
17:20 -Ouais.
17:21 Mais comme je lui ai dit, je lui ai dit
17:22 "Eh, t'as le droit de changer d'avis, hein.
17:24 T'as le temps, d'abord, la vie, on peut tout arrêter, changer."
17:29 Donc je lui ai dit "ne te sens pas prisonnier
17:31 de ce que tu nous as annoncé.
17:33 Vas-y, mais te..."
17:36 Alors là, j'ai trouvé une interview de Christopher Nolan
17:38 qui disait "ce qui m'a sauvé,
17:39 c'est que je n'ai pas fait d'école de cinéma."
17:41 Donc je lui ai envoyé, il a liké, je lui ai dit "on en parle."
17:45 Et donc je lui ai dit "on n'est peut-être pas obligés
17:48 de commencer par une école de cinéma.
17:50 Tu peux peut-être faire d'autres choses,
17:52 apprendre la littérature, par exemple.
17:55 Comment est construite une histoire avant d'en raconter une ?"
17:58 -J'aimerais qu'on parle un peu d'actualité.
18:00 Je sais que Telle est un école en Angleterre
18:02 et là-bas, on portait l'uniforme.
18:03 -Oui.
18:04 -Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal,
18:06 va lancer une expérimentation sur le port de l'uniforme à l'école
18:09 qui devrait débuter dès le printemps 2024 dans certaines villes.
18:12 Selon France Info, les familles concernées par ce test
18:14 devraient recevoir 5 polos, 2 pulls et 2 pantalons par enfant.
18:17 Chaque enfant aura droit à un vêtement neuf de rechange par an.
18:20 Qu'est-ce que toi, t'en penses de l'uniforme ?
18:22 -En France ?
18:23 Mais en Angleterre, c'est très culturel.
18:25 D'abord, l'Angleterre est un pays de caste.
18:28 Un pays de caste extrêmement peu poreuse
18:32 et très établi.
18:34 Et presque depuis toujours,
18:36 et même dans la langue, dans votre accent,
18:38 on sait tout de suite d'où vous venez,
18:40 quel milieu, on le sait tout de suite.
18:42 Donc, quelque part, c'est inscrit, c'est culturel.
18:48 La France, moi, je trouve les Français quand même très jacobins.
18:53 Je ne suis pas sûr que ça passe.
18:57 Mais s'il faut tenter l'expérience
18:59 pour qu'il y ait plus d'harmonie dans les écoles de la République,
19:03 pourquoi pas ?
19:05 De toute façon, il faut tenter, il faut bien voir.
19:10 Si ça permet à des gamins de ne pas souffrir de discrimination
19:15 par rapport à leur look,
19:17 qu'ils ne souffrent pas de ça,
19:20 moi, c'est ce qui m'a vachement aidé,
19:23 d'être en Angleterre en uniforme,
19:25 parce que je souffrais beaucoup,
19:27 parce que justement, l'éducation que j'ai reçue,
19:29 j'avais que les fringues reprisées de mes frères,
19:33 il était hors de question
19:35 qu'on m'achète des trucs de marque à 12-13 ans,
19:38 il était hors de question.
19:40 Dépenser 300 balles, ça ne va pas, non.
19:42 Donc, je souffrais beaucoup,
19:44 parce que j'étais dans une école vraiment de bourgeois,
19:47 pour le coup, pas du tout des aristos,
19:49 vraiment des bourgeois.
19:51 Et comme disait François Furé,
19:52 la seule classe qui ne s'aime pas.
19:54 Et alors, je souffrais beaucoup
19:56 de ne pas avoir les marques, les trucs.
19:59 Donc, si l'uniforme peut empêcher de la souffrance,
20:03 ben, tentons-le.
20:05 (Générique)
20:09 On a cliqué sur vous, Guillaume Gallienne.
20:11 Bienvenue parmi nous, mes enfants.
20:13 Et les réseaux, ça vous parle sacrément.
20:14 Dernière personne qui vous a pas follow back.
20:17 Et en français, non.
20:19 Alors, nous, on vous a suivis,
20:20 et on a vu l'acteur qui se glisse dans tous les costumes,
20:22 et aussi en directrice de casting.
20:24 Passionnant !
20:25 Une faculté à passer d'un rôle à un autre,
20:27 que vous expliquez grâce à une méthode secrète.
20:30 Comment vous répétez un rôle ?
20:32 Euh... Le travail, globalement.
20:34 Ah, ben c'est pour ça que j'ai jamais percé.
20:36 Et peut-être aussi car j'ai pas exactement les mêmes dimanches que vous.
20:38 Quand on clique sur vous, Guillaume,
20:39 on voit aussi le sociétaire de la comédie française.
20:42 Un statut qui ne vous fait pas vivre, a priori.
20:44 Le sociétaire de la comédie française,
20:45 on peut pas dire qu'il s'occupe vraiment pour l'argent.
20:47 Alors, pour joindre les deux bouts,
20:48 vous organisez des visites de la comédie française.
20:50 Et vous êtes happiness manager,
20:51 puisque vous accueillez chaque nouveau pensionnaire.
20:53 On vous voit répondre aux interviews les plus courtes.
20:55 Et en caleçon, aussi.
20:56 Eh bien, bonjour, Guillaume.
20:57 Bonjour.
20:58 Pourquoi vous avez commencé à vous déshabiller, là ?
21:00 Mais parce que je suis en scène dans 15 minutes,
21:02 donc foutez le camp, faites-moi tranquille.
21:04 Guillaume, vous avez tous les talents.
21:06 Acteur, scénariste et réalisateur,
21:08 même pendant vos interviews.
21:09 C'est vous le réalisateur ?
21:10 Il faudrait qu'au cadre, il se mette là
21:11 pour pas avoir trop le contre-jour.
21:12 Imitateur aussi.
21:13 Même si vos imitations,
21:14 elles sont un peu de niche, quand même.
21:16 Roland Bertin, qui est mon papa de théâtre,
21:18 lui, je sais l'imiter.
21:20 Non mais pourquoi ?
21:22 Et comble de la gloire,
21:24 il y a une personne qui vous imite.
21:25 Enfin, je crois.
21:26 C'est ce qu'il dit, en tout cas.
21:27 Oh là là !
21:28 Je vais vous lire un livre
21:29 d'une qualité littéraire exceptionnelle.
21:31 Comprenez bien que la situation devient gênante.
21:33 C'est quoi ton rapport au réseau ?
21:37 J'aimerais vraiment qu'il y ait une loi
21:42 qui interdise l'anonymat.
21:44 J'aimerais vraiment que la parole
21:47 ait une portée et soit vérifiable
21:52 et que la source aussi...
21:57 Je pense que c'est très important pour la démocratie.
21:59 Oui, c'est un enjeu démocratique.
22:00 Mais vraiment.
22:01 La vérité.
22:02 Versus le communauté.
22:03 La vérité, et puis surtout,
22:05 ça a des conséquences.
22:09 On fait attention à ce qu'on dit.
22:11 Ça, j'aimerais vraiment.
22:14 Une vérité immuable, Guillaume Gallienne,
22:16 c'est le triomphe au César pour le plaisir.
22:18 On se le regarde.
22:20 Il y a dix ans...
22:21 Le César du meilleur premier film est attribué à...
22:24 Quoi ?
22:25 Les garçons et Guillaume à table,
22:29 réalisé par Guillaume Gallienne.
22:31 S'il y en a un qui a le droit et même le devoir
22:34 de remercier sa mère, là pour le coup, c'est moi.
22:36 Donc merci maman.
22:39 Les garçons et Guillaume à table.
22:41 Les garçons et Guillaume à table.
22:43 Bon là, c'est au-delà de l'émotion.
22:45 Mais quelle soirée, nom de bleu.
22:46 Mais merci infiniment, c'est dingue.
22:48 Guillaume Gallienne pour Les garçons et Guillaume à table.
22:51 Guillaume Gallienne.
22:52 Pardon, ils doivent se dire encore.
22:54 Il en a marre de voir sa gueule, à suivre.
22:56 Non mais merci, je suis extrêmement ému.
22:59 Nom de bleu.
23:01 Nom de bleu, oui.
23:02 Eh oui.
23:04 Non mais j'ai l'air jeune, c'est dingue.
23:06 Mais c'était il y a dix ans, il faut dire.
23:08 Eh oui, eh oui, oui, oui.
23:11 Là encore, c'était une chance dingue.
23:14 Ça tombait pile aussi.
23:16 Alignement de planète.
23:17 Oui, un alignement de planète, absolument.
23:19 Que j'ai payé quand même un petit peu cher,
23:22 parce que depuis dix ans, j'ai que deux réalisateurs
23:25 qui m'ont offert des rôles.
23:27 Comment ça ?
23:28 En France.
23:29 Et bah oui, sinon, c'est que des acteurs
23:32 qui me proposent des rôles.
23:33 Vincent Peres, c'est un acteur.
23:35 Nils Tavernier, c'est un acteur.
23:37 Alex Lutz, c'est un acteur.
23:38 Jalil Lespère, c'est un acteur.
23:40 Astier, c'est un acteur.
23:42 C'est que des acteurs.
23:43 Ça vient d'où, ce truc ?
23:44 Ça vient du fait que je crois qu'ils flippent.
23:46 Ils ont peur que je leur dise...
23:48 "Tu mets ta caméra là ?"
23:50 "Oui, non, j'aurais pas fait ça."
23:52 Je sais pas, ils doivent avoir peur.
23:53 Comme si je ferais ça, j'amène ma vie et je ferais ça.
23:56 Mais je pense qu'ils ont peur, j'imagine,
23:58 parce qu'il y a que les Américains ou les Anglais,
24:01 les réalisateurs qui me proposent des rôles là, maintenant.
24:04 Pas de Français.
24:06 Et il n'y a qu'en France
24:07 où quelqu'un qui a cinq Césars galère à avoir des rôles.
24:10 Galère, c'est un grand mot.
24:13 Heureusement, ma vie est faite de plein d'autres choses
24:16 que juste acteurs, donc tout va bien.
24:19 Mais c'est particulier à vivre.
24:22 C'est un peu comme la malédiction du premier album.
24:23 Il y a des artistes qui font un premier album incroyable.
24:25 Voilà.
24:26 Alors donc, maintenant, je suis obligée de les rassurer,
24:29 de leur dire "Non, mais tu sais, depuis, je me suis pris un bide.
24:32 "C'était il y a dix ans, il y a prescription.
24:35 "Je sais même plus comment on place une caméra.
24:37 "Je sais plus rien diriger, tout va bien."
24:39 Non, mais c'est étonnant.
24:41 C'est particulier.
24:45 Mais bon, ça va.
24:47 Rendez-vous le 27 décembre au cinéma
24:50 pour aller voir Guillaume Gallienne dans "Une affaire d'honneur".
24:53 Et c'était un bonheur.
24:54 Et je dis le malade imaginaire au cas des Champs-Elysées, quand même.
24:59 Évidemment.
25:00 Je joue à Argan.
25:01 Il faut me parler de cette histoire de club de gastronome,
25:02 mais ça, on en parle après l'émission.
25:04 Donc le malade imaginaire jeudi aussi.
25:05 Et après, "Une affaire d'honneur".
25:08 Merci beaucoup, Guillaume.
25:09 Merci, mon Ludo.
25:10 Ça m'a fait super plaisir.
25:11 Moi aussi, très content.
25:12 Très agréable.
25:13 [SILENCE]

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