• l’année dernière
C'était sa promesse de campagne avant d'ête élu maire de Montpellier, et même l'idée choc qui lui a sans doute permis de le devenir. En mettant en place la gratuité dans les transports pour tous les habitants Michaël Delafosse est aussi le président de la 1ère métropole de France à l'adopter.
Mais cette mesure est aussi décriée par certains, pour qui ce principe de gratuité n'existe pas. Les coûts qu'elle engendre seront necessairement supportés par les contribuables. Et beaucoup craignent aussi une dégradation de la qualité de service.
On en parle ce matin avec Michaël Delafosse, maire et président de la métropole de Montpellier, qui faisait partie des invités de cette matinale spéciale à bord d'une rame de la ligne 4.

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Transcription
00:00 - Il est 7h47, c'est sans aucun doute la mesure phare du mandat de Michael Delafosse,
00:04 maire de Montpellier et président de la métropole.
00:06 C'est aujourd'hui que les transports de la ville de Montpellier deviennent gratuits
00:09 pour les résidents de la métropole.
00:11 Michael Delafosse est en direct depuis la ligne 4 de tramway
00:14 où nos studios sont installés pour l'occasion.
00:16 - Absolument, studio, mobile, vous l'avez compris.
00:22 Et on a pris Michael Delafosse quasiment au pied de chez lui, à l'hôtel de ville, tout à l'heure.
00:26 - Au pied de la mairie, effectivement.
00:28 Et j'ai payé mon titre de transport, sans doute pour la dernière fois.
00:32 Merci à vous de cette initiative de France Bleu Héro dans le tramway.
00:38 - Vous êtes impressionné par le dispositif public, là.
00:41 - C'est très impressionnant, très sympa.
00:43 - C'est vrai que ce n'est pas simple de faire de la radio et de la télé à bord d'une rame en circulation.
00:47 Merci de venir nous rejoindre, Michael Delafosse, pour cette journée très importante, historique,
00:51 on peut le dire, pour votre mandat, mais aussi pour les Montpellierains et les Métropolitains.
00:55 Alors, on a malheureusement manqué Capitale Européenne la semaine dernière,
00:59 donc là, il faut réussir la gratuité, là, maintenant.
01:01 - Nous allons devenir la capitale du transport gratuit,
01:05 puisque aujourd'hui, à 19h, le réseau de transport en commun de la métropole de Montpellier
01:10 va devenir le plus grand réseau appliquant la gratuité des transports en Europe.
01:15 Ce titre a été détenu par Tallinn, en Estonie.
01:18 Monsieur le maire de Tallinn est là.
01:20 En France, par Dunkerque.
01:21 - Il ne vous en veut pas trop de lui prendre son titre ?
01:23 - Non, il est ravi, parce qu'il sent que c'est une idée qui fait son chemin,
01:27 et nous en avons parlé hier, nous en parlerons aujourd'hui,
01:31 à travers des débats que nous tenons dans la ville.
01:34 On sent que cette idée de la gratuité des transports,
01:37 conciliant le pouvoir d'achat et l'écologie,
01:40 est une idée qui est en train de s'emparer de toutes les villes,
01:43 et nous pensons que Montpellier a le titre,
01:47 mais il va nous être disputé, et tant mieux,
01:50 si Montpellier inspire les autres villes de France, c'est bien.
01:54 - Je me souviens quand vous avez lancé cette idée, Michael Delafosse,
01:57 c'était en 2019, donc à peu près 9 mois avant votre élection,
02:01 ça avait fait un gros buzz médiatique à l'époque,
02:04 parce que c'est vrai que vous n'étiez pas du tout dans les clous,
02:07 c'est votre mesure phare, beaucoup de gens disaient,
02:10 en plus vous n'étiez pas forcément donné favori pour prendre la ville à l'époque,
02:14 vous l'êtes vite devenu ensuite, et puis votre élection prouve que voilà,
02:17 mais beaucoup de gens disaient "mais il est fou Delafosse,
02:20 comment il va réussir un truc pareil ?"
02:21 - Non, on n'est pas fou, il faut regarder le monde,
02:24 l'inquiétude sur le changement climatique, les difficultés de pouvoir d'achat,
02:29 des gens qui, malgré le fait qu'ils travaillent, ne sont pas toujours aidés,
02:33 cette question des mobilités, donc moi j'ai fait une campagne électorale
02:37 sur les idées, sur les valeurs, et donc j'ai promis la gratuité des transports,
02:42 en disant "mais les autres réseaux qui l'ont fait,
02:45 comme Dunkerque, Etaline, ça marche, et bien ça marchera à Montpellier",
02:49 et quand on fait une promesse, on tient sa promesse,
02:52 et donc aussitôt élus, les équipes de TAM, de la métropole,
02:56 que je veux saluer, ont mis en œuvre la première étape
02:59 de la gratuité des transports, au mois de septembre,
03:03 pour tous le week-end, en septembre 2021, pour les moins de 18 ans,
03:07 les jeunes, et les jeunes retraités de plus de 65 ans,
03:12 et là, ce soir, à 19h, c'est la troisième étape,
03:15 et la promesse que j'ai faite avec l'équipe municipale
03:19 et avec le soutien des maires de la métropole est maintenant honorée.
03:22 – Est-ce qu'il y aura une quatrième étape, gratuité pour tout le monde ?
03:26 Parce que certains disent "ben attendez, il y a beaucoup de gens
03:27 qui travaillent dans cette métropole, qui n'y vivent pas,
03:31 qui eux sont écartés du dispositif".
03:33 – Alors la gratuité, nous l'appliquons sur le modèle de Taline,
03:35 c'est l'ensemble des habitants de la métropole
03:38 qui ont droit à un demi-million d'habitants.
03:41 C'est vrai que, et dans la réglementation actuelle,
03:45 l'autorité organisatrice des transports, c'est l'intercommunalité,
03:48 c'est la métropole.
03:49 Et avec Mme Frèche, ce que nous avons prévu,
03:52 c'est que si des intercommunalités souhaitent prendre en charge
03:55 la gratuité pour leurs habitants, ils le peuvent.
03:59 Donc aujourd'hui…
04:00 – Vous avez déjà des retours, des candidats ?
04:02 – La proposition est sur la table et il faut lisser…
04:04 – Du temps de l'or, par exemple ?
04:05 – Il faut lisser…
04:06 – L'or, pardon ?
04:07 – Il faut lisser…
04:08 [bruit de bruit de son]
04:11 – Alors on a quelques difficultés.
04:12 Pour l'image, on devrait retrouver le son avec donc
04:15 Miquel Delafosse, le président de la métropole de Montpellier.
04:18 – Oui, il y en aura d'autres, mais en tout cas,
04:20 aujourd'hui, c'est gratuité pour tous les habitants de la métropole,
04:24 500 000 habitants.
04:25 – Oui, alors, j'aimerais qu'on parle en de haut du financement,
04:28 on va pas essayer de donner pas trop de chiffres quand même,
04:30 mais au début, vous aviez annoncé le coût de cette gratuité,
04:33 qui pour certains n'en est pas une, ils disent la gratuité ça n'existe pas,
04:35 je vous laisserai répondre là-dessus, évidemment,
04:37 au début vous disiez 24 millions, ensuite la cour régionale des comptes
04:40 a dit c'est 42, au bout du compte ça sera quoi, 30 ?
04:43 – On sera autour de 30 millions, la gratuité ça n'existe pas.
04:46 Les routes sont gratuites, elles sont financées par le contribuable,
04:51 donc j'entends parfois cet argument,
04:54 oui, nous prenons en charge la part usagée du titre de transport,
04:59 alors comment le finance-t-on ?
05:00 D'abord, on l'a fait par étapes, pour tous le week-end,
05:05 moins de 18 ans, plus de 65 ans, et la métropole ne s'est pas effondrée,
05:09 donc nous l'avons fait par étapes, avec sérieux budgétaire,
05:13 moi j'ai été élu aux finances au département, donc je connais bien ces sujets,
05:17 et nous pouvons financer cette gratuité parce que notre territoire est dynamique,
05:20 il accueille des entreprises,
05:22 – Il y a le versement mobilité notamment, et la contribution.
05:25 – Ces entreprises contribuent à travers le versement mobilité,
05:27 c'est une recette qui est dynamique, elle était de 94 millions d'euros en 2020,
05:34 presque 124, et donc ça nous permet de prendre en charge la gratuité,
05:39 nous avons fait aussi des économies sur un certain nombre de choses,
05:42 évidemment sur la biétique, et donc tout ça nous permet de financer
05:47 la trajectoire de gratuité, et puis au fond,
05:50 c'est un choix politique avec un grand P, gouverner c'est choisir.
05:54 – Ça vous permet de financer mais sans aller puiser ailleurs,
05:56 parce que beaucoup de gens, parmi ceux qui sont opposés à cette gratuité,
05:59 disent forcément que ça va être des coupes sombres dans d'autres lignes budgétaires,
06:03 parce qu'il va bien falloir le financer.
06:04 – Non, c'est de dire que les transports en commun,
06:07 c'est-à-dire l'engagement pour le climat, l'engagement pour la mobilité,
06:11 c'est la priorité absolue du mandat que j'ai l'honneur de conduire.
06:15 Donc nous, c'est là-dessus que nous mettons les moyens,
06:19 en investissement, en crédit de fonctionnement.
06:22 Sur d'autres territoires, il y a d'autres choix,
06:25 ça leur appartient, c'est respectable, mais nous, nous pensons qu'aujourd'hui,
06:29 pour lutter contre la pollution, pour agir pour le climat,
06:32 et pour préserver le pouvoir de chacun,
06:35 il faut faire la priorité absolue sur les transports en commun.
06:38 – Alors certains disent que ce n'est pas une mesure aussi sociale que vous le dites,
06:42 parce qu'on va privilégier un environnement plutôt aisé
06:46 qu'est celui de la métropole, où les gens ont les moyens de vivre en métropole,
06:48 au détriment d'un environnement un petit peu moins aisé,
06:51 qui sont les gens qui sont obligés d'aller habiter à l'extérieur de la métropole,
06:54 parce que les loyers sont moins chers, c'est un argument qui peut s'entendre aussi.
06:58 – Oui, mais c'est profondément injuste, dans la métropole de Montpellier,
07:02 il y a des gens pour qui la vie est dure,
07:04 il y a des gens qui sont aides-soignants, auxiliaires de vie,
07:09 qui font les caisses de supermarchés, nos "reapers", ces métiers essentiels,
07:14 qui travaillent et qui parfois peinent à vivre de leur travail,
07:18 et qui ne sont jamais aidés, les employés de bureaux, les employés de banques,
07:22 les professeurs des écoles, qui ne gagnent pas des milliers d'étudiants,
07:26 et donc avec la gratuité des transports, nous les aidons,
07:31 donc on le fait à l'échelle de 500 000 habitants.
07:34 Donc je veux bien que les gens qui sont à l'extérieur, je l'entends,
07:38 et il appartient aux élus, aux territoires, de voir quelle solution ils mettent,
07:43 mais dans la métropole de Montpellier, pour beaucoup de gens, la vie elle est difficile,
07:48 et l'inflation dévore les feuilles de paye, le prix de l'essence dévore le budget.
07:53 Avec la gratuité des transports, cette aide qui est universelle pour le pouvoir d'achat,
07:58 elle permet d'aider des gens qui ne sont jamais aidés, ceux qui travaillent.
08:02 – J'aimerais qu'on dise un mot, parce que le temps passe vite,
08:04 qu'on dise un mot du vélo en plus, usagers du vélo, Michel Delafosse,
08:08 beaucoup d'usagers du vélo découvrent aujourd'hui qu'avec cette gratuité,
08:11 on ne pourra plus monter dans les rames du tram avec le vélo.
08:14 Ça va un peu à l'encontre quand même de cette défense et promotion du vélo
08:19 que vous, vous faites quotidiennement quand même.
08:21 – Oui, parce qu'il y a dans le tramway des personnes
08:24 qui sont les usagers en situation de handicap, fauteuil roulant, non voyant,
08:28 je pense au président Thierry James, des personnes âgées
08:32 qui se sont retrouvées beaucoup contraintes parce que des gens,
08:36 pas tout le monde, mais se comportaient pas bien en arrivant avec leur vélo
08:40 avec un sentiment de toute puissance.
08:42 Donc nous interdisons le vélo, nous mettons une clause de revoyure dans 6 mois
08:47 pour voir comment les choses se passent.
08:49 Mais je le sais, et tous les habitants de la métropole le savent,
08:53 nos efforts pour le vélo sont considérables.
08:56 Il reste jusqu'au 31 décembre pour avoir l'aide à 500 euros
09:00 pour le vélo assistance électrique.
09:02 Jamais autant de pistes cyclables n'ont été déployées
09:05 sur le territoire de la métropole.
09:07 Et les cyclistes savent combien ça rend les choses difficiles
09:11 pour une partie des automobilistes, chose qu'il faut aussi comprendre.
09:15 Donc nous, notre objectif c'est de sécuriser la pratique du vélo.
09:19 Je rappelle quand même qu'en 2019, il y avait une manif de cyclistes
09:22 devant la mairie. Maintenant, il y a un déploiement extrêmement conséquent
09:27 de pistes cyclables. Il faut aussi comprendre les usagers
09:30 des transports en commun qui parfois vivent très mal
09:33 quand quelqu'un arrive avec sa trottinette et dit à une personne âgée,
09:36 à une personne en situation de handicap, même pas "excusez-moi".
09:40 Donc on a pris cette mesure parce que les transports en commun,
09:43 ils sont pour tous, ils sont pour toutes.
09:45 Et il y a des personnes très vulnérables qui eux ne peuvent pas faire de vélo
09:49 et qui eux ne peuvent pas prendre leur auto.
09:51 Et donc, il faut aussi leur garantir une sécurité dans le transport.
09:55 - Merci Michael Delafosse en tout cas d'avoir nous avoir consacré
09:59 votre premier rendez-vous de la journée, parce que c'est une journée
10:01 qui va être longue. - Intense.
10:02 - Vous serez ce soir, j'imagine, place de la comédie pour les horreurs boréales.
10:05 - Tout le monde est invité ce soir à vivre par la culture,
10:10 la célébration de la gratuité des transports.
10:12 Ce 21 décembre, fête de Montpellier, le plus grand réseau d'Europe
10:17 a appliqué la gratuité des transports.
10:20 "Rien n'arrête une idée dont le temps est venu", disait Victor Hugo.
10:24 C'est la gratuité des transports et demain, d'autres réseaux feront ce choix
10:29 pour le climat. - En citant Montpellier comme...
10:31 - Montpellier va devenir une référence pour une ville plus solidaire,
10:35 plus écologique et plus fraternelle.
10:37 - Merci Michael Delafosse. - Merci à France Bleu Héro.
10:40 - Une longue journée à vous. - Belle journée à vous.
10:42 - Et merci à Guillaume Rouland, direct de la ligne 4 de tramway.
10:46 nos studios y sont installés.

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