"Je ne crois pas que cette majorité nationaliste soit en mesure de défendre l'identité corse, M. Simeoni tient le discours de la gauche parisienne et défend l'immigration extra européenne" Marion Maréchal, invitée de la rédaction ce jeudi.
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00:00 - Marion Maréchal, bonjour. - Bonjour.
00:03 - Mardi soir, après l'adoption à l'Assemblée nationale de la loi immigration issue de la CMP, Marine Le Pen a salué une victoire idéologique du Rassemblement national.
00:13 Vous, députée, au passage, vous l'avez été de 2012 à 2017, dans les rangs justement du Rassemblement national, qui s'appelait alors le Front national.
00:22 Est-ce que vous auriez fait le même constat ? Est-ce que vous seriez réjouie de la même façon ?
00:27 - Alors, pour être tout à fait honnête avec vous, je ne pense pas que j'aurais voté un texte qui sanctuarise le principe et la possibilité de régulariser des clandestins.
00:34 Gérald Darmanin, d'ailleurs, à la suite de l'adoption de ce texte, a expliqué et claironné que cette loi permettrait de régulariser 10 000 clandestins supplémentaires.
00:41 Et donc, moi, je considère que c'est un terrible appel d'air envoyé aux candidats à l'immigration.
00:45 - En attendant, selon un sondage Elab pour BFM, paru hier, 70% des Français sont pour. Et parmi ces 70%, 76% de reconquêtent.
00:56 Alors, vous avez raison, parce que je pense que les Français imaginent que ce texte va révolutionner la politique migratoire.
01:01 Et une très large majorité des Français, on le sait, veulent réduire dratissement l'immigration.
01:05 Mais j'ai peur qu'ils soient déçus. Parce que si, évidemment, il y a quelques petites mesures, d'ailleurs, qu'on peut regarder avec intérêt,
01:12 sur la facilitation, dans des cas très réduits, d'expulsion de clandestins, ce texte ne va pas jouer sur la diminution des entrées légales ou des entrées illégales.
01:20 Par exemple, Emmanuel Macron a donné à la nationalité française à près de 660 000 personnes sous son mandat. C'est deux fois plus que la population de Lille.
01:28 Et ce texte ne va rien changer typiquement à cela. Et donc, j'ai peur que les Français mettent des espoirs dans ce texte qui n'aboutira pas à une véritable réduction.
01:38 Et d'autant plus, je le dis, que le président de la République a annoncé qu'il saisirait le Conseil constitutionnel et que, vraisemblablement, malheureusement,
01:43 le Conseil constitutionnel allait censurer la plupart des positions intéressantes dans cette loi.
01:47 Ce projet pourrait être raboté. Marion Maréchal, c'est votre mantra, vous dénoncez une submersion migratoire.
01:55 Et pourtant, y compris en Corse, les travailleurs immigrés extra-européens sont à en croire les patrons indispensables dans des secteurs clés de l'économie corse,
02:05 comme le BTP, l'agriculture ou encore le tourisme. Que leur répondez-vous ?
02:10 Je leur réponds que, malheureusement, depuis 40 ans, on nous explique que la seule solution aux métiers en tension est l'immigration
02:16 et que, depuis 40 ans, ces métiers continuent à être en tension. Donc, manifestement, la solution ne vient pas de là.
02:22 Je rappelle qu'on est quand même dans un pays où il y a près de 5 millions de chômeurs, près de 3 millions de jeunes qui sont sans emploi, sans activité et sans formation.
02:30 Donc la priorité, me semble-t-il, du pouvoir politique devait d'abord être de ramener à l'emploi ces personnes.
02:36 Et je leur dis également qu'aujourd'hui, indépendamment...
02:39 Ce n'est pas facile. Il y a les idées et puis il y a la réalité.
02:42 J'entends bien le problème.
02:43 Le principe de réalité, quand on arrive au pouvoir, Georgia Melloni autorise, alors qu'elle a été élue sur son opposition aux migrants,
02:50 l'entrée de 500 000 travailleurs étrangers sur son territoire, en Italie.
02:54 Le problème, si vous voulez, aujourd'hui, et je pense que les Français le crient haut et fort,
02:58 c'est qu'il y a des conséquences, aujourd'hui, de l'immigration qui sont extrêmement lourdes sur le plan identitaire, culturel, sécuritaire
03:06 et même économique sur la société française et que cette immigration, bien souvent d'ailleurs clandestine, du travail,
03:13 elle pèse en plus de toute l'immigration supplémentaire.
03:16 Et donc moi, je ne crois pas du tout qu'il faille encourager l'immigration clandestine en faisant espérer une régularisation,
03:21 parce que ça revient quand même à récompenser une violation de loi française.
03:24 Ce sont des personnes qui sont entrées ou se sont maintenues illégalement sur le territoire.
03:27 Et donc moi, je ne cautionne pas du tout les chefs d'entreprise qui passent par cette immigration clandestine,
03:31 qui, je le rappelle, est aussi utilisée pour tirer les salaires à la baisse.
03:34 Donc non, moi, je ne crois pas que ce soit la bonne solution,
03:36 parce que malheureusement, on voit bien qu'aujourd'hui, notre pays n'arrive plus à assimiler et intégrer ces populations étrangères.
03:41 Alors, venons-en à la Corse, plus spécifiquement dans une interview accordée hier à Corse matin,
03:46 vous plaidez pour une autonomie identitaire.
03:49 Pourquoi pas ? Je ne sais pas exactement ce que ça recoupe, ce que ça recouvre.
03:54 En revanche, ce n'est pas ce que demandent les élus corse qui, en juillet dernier, à l'Assemblée de Corse,
03:59 à plus de 70 %, ont demandé une autonomie juridique politique, c'est-à-dire avec dévolution du pouvoir législatif.
04:06 Vous y êtes favorable ?
04:07 Alors, je ne dis pas que j'ai plaidé pour une autonomie.
04:08 On m'a posé une question, on m'a dit "Est-ce que vous souhaitez qu'il puisse y avoir une autonomie ?"
04:13 J'ai dit si l'objectif de cette autonomie est de défendre mieux et de façon plus efficace l'identité corse,
04:19 évidemment, je n'y suis pas du tout opposée, étant moi-même très attachée à la défense de l'identité française.
04:24 Et l'identité corse fait partie de l'identité française.
04:27 Donc s'il s'agit de se donner de meilleurs moyens pour défendre la langue corse,
04:30 pour faciliter la transmission du patrimoine dans les familles corses,
04:33 pour lutter contre la spéculation de l'immédiat,
04:35 pour par exemple avoir une priorité régionale dans l'emploi,
04:40 c'est-à-dire avoir quand même des singularités législatives propres à l'insularité de la Corse
04:44 pour mieux défendre cette identité et cet enratissement des populations corses,
04:47 ça ne me dérange pas du tout.
04:49 Maintenant, s'il s'agit de transférer l'intégralité des compétences à l'exception du régalien,
04:55 ça ne me semble pour le coup pas la bonne réponse.
04:58 Mais moi, ce que j'ai envie de dire surtout,
04:59 c'est que je ne crois pas du tout que cette majorité nationaliste corse
05:03 soit en mesure de pouvoir défendre l'identité corse.
05:06 Quand on est, où on le tient aujourd'hui comme M. Simeoni,
05:08 le même discours que la gauche parisienne,
05:10 c'est-à-dire qu'on défend l'immigration extra-européenne
05:13 et qu'on se félicite de l'arrivée avec elle du multiculturalisme, de l'islamisation.
05:18 Je rappelle que M. Simeoni avait défendu l'accueil de l'Océan Viking,
05:21 ce bateau rempli de clandestins en Corse.
05:23 Je ne crois pas qu'on puisse être bien placé pour défendre l'identité corse.
05:25 En tout cas, il y a des nationalistes,
05:27 je pense à ceux de l'association Obaladine, qui sont proches de vous.
05:30 On sent qu'il y a une connexion d'idées.
05:32 Est-ce qu'il peut y avoir un rapprochement plus formel ?
05:36 Vous n'avez pas rencontré Nicolas Barthier et son président ?
05:38 Je l'ai rencontré récemment.
05:40 Je constate qu'il y a en effet des convergences de vues.
05:43 Je pense qu'ils ont conscience que le premier défi pour la Corse,
05:46 comme pour l'ensemble de la France et même pour l'ensemble du continent européen,
05:48 c'est d'abord, je vous le disais à l'instant,
05:50 la question de l'immigration incontrôlée et massive extra-européenne
05:54 et la question de l'islamisation.
05:55 Nous sommes tous les deux très attachés à la défense également de nos racines chrétiennes.
06:00 Et je pense qu'il a conscience, que c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure,
06:03 moi-même, je suis attachée à l'identité corse comme patrimoine français,
06:06 comme partie de l'identité française.
06:07 Et en cela, nous avons donc des convergences.
06:09 Une dernière question, Marion Maréchal.
06:12 Le Rassemblement national en Corse, comme dans beaucoup d'autres régions,
06:15 est très implanté.
06:17 Comment vous, parce que malgré quelques divergences,
06:19 vous avez le même corpus idéologique,
06:21 comment vous distinguez, notamment pour les européennes de juin prochain ?
06:24 Alors, nous avons quand même des singularités.
06:27 Preuve en est d'ailleurs, il y a à peu près 12% des Corses
06:29 qui ont voté pour Éric Zemmour et qui ont fait le choix d'Éric Zemmour
06:31 au premier tour de l'élection présidentielle.
06:32 C'est beaucoup plus que sur le continent.
06:35 Et nous avons des différences programmatiques,
06:37 notamment sur l'économie, notamment sur les sujets de société,
06:40 mais même sur les questions identitaires.
06:41 Il y a des nuances.
06:42 Madame Marine Le Pen, par exemple,
06:44 considère que l'islam est compatible avec la République.
06:46 Nous nous considérons qu'il y a des préceptes qui ne sont pas compatibles
06:49 ni avec la France, ni avec nos principes démocratiques.
06:51 Et donc, l'islam doit s'adapter à la France et non pas l'inverse.
06:53 Par exemple.
06:54 Marion Maréchal, merci d'avoir été notre invitée.
06:56 Je vous rappelle que vous conduisez la liste Reconquête
06:58 aux élections européennes du 9 juin 2024.
07:01 Merci pour votre invitation.