Ce samedi 8 mars, à l’appel des collectifs antimafia Massimu Susini et A Maffia Nò A Vita Iè, plus de 1 000 personnes ont manifesté dans la rue. L’arrêt du cortège devant le Palais Lantivy a notamment été marqué par la prise de parole de Jérôme Filippini, le préfet de Corse, qui n’a pas hésité à s’exprimer muni d’un mégaphone, juché sur un camion.
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00:00Bonjour à tous. Vous savez, ça n'arrive pas souvent dans la vie d'un préfet de faire ça, de monter sur le camion.
00:07Si je le fais, c'est que je suis venu au nom de l'État, au nom du gouvernement, vous dire que le rassemblement populaire que vous formez aujourd'hui,
00:27il a mon soutien, il a notre soutien et il peut nous donner confiance.
00:40La mafia, il faut l'appeler comme tel, on a tous, moi y compris depuis 4 mois, tourné autour du pot, il faut arrêter de tourner autour du pot.
00:47La mafia, c'est pas simplement quelques personnes qui font leurs petites affaires.
00:54La mafia, c'est une ou plusieurs organisations qui veulent prendre le pouvoir.
01:00Et dans une démocratie, le pouvoir ne doit pas appartenir aux criminels, il doit appartenir aux institutions légitimement désignées par le peuple,
01:08c'est-à-dire aux élus désignés par la volonté populaire.
01:11Ce défi très difficile, j'ai échangé avec beaucoup d'entre vous, et notamment dans les collectifs, j'ai compris que depuis des années, vous disiez qu'il fallait le relever.
01:27J'ai compris aussi que certains pouvaient se dire qu'on n'y arrivera pas.
01:31Et donc je suis venu encourager ceux qui pensent que ce sera difficile, mais qu'on peut y arriver.
01:39Je pense en particulier que, quant à nous, des relations anciennes, mais parfois difficiles, entre, on va dire ça comme ça, la Corse et la République,
01:49entre la Corse et l'État que je représente, entre la Corse et la justice, on peut comprendre qu'il y ait beaucoup de raisons de se faire des reproches.
01:58Je dirais volontiers au nom de l'État tout le mal qu'on a pu faire dans le passé.
02:02Ceux qui sont en face de moi, et que parfois l'État a combattu, gagneront aussi à reconnaître, comme certains l'ont fait, qu'eux n'ont pas toujours bien agi dans le passé.
02:22Mais le passé, c'est le passé. Et comme a dit un grand révolutionnaire, le passé n'est pas notre code.
02:27Et on a maintenant le choix. Soit la Corse, c'est-à-dire sa société que vous êtes ici, ses élus qui sont nombreux et présents aussi, que je félicite et que je remercie.
02:38Donc la Corse et la République, c'est-à-dire l'État, la justice, se font confiance, apprennent à se faire confiance, se tiennent la main, et alors nous arriverons à lutter contre le crime et à triompher de lui.
02:52Si nous ne nous faisons pas confiance, alors le crime a déjà gagné. Et au fond, il s'est logé depuis des années dans les interstices de cette défiance qu'il pouvait y avoir entre nous.
03:01Donc je le dis devant la préfecture ici, et je le dis comme préfet, vous vous doutez bien que je ne dirai pas autre chose.
03:07Si nous travaillons ensemble, la Corse et l'État, nous pouvons triompher de la mafia.
03:12Vous avez entendu que ça a été dit par mes prédécesseurs, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, la semaine dernière, venir et annoncer des mesures très fortes en termes d'organisation de la justice, y compris d'organisation de la justice en Corse, de renforcement des moyens, y compris de renforcement en Corse.
03:34Ça n'est pas simplement un sujet pour la Corse, c'est un sujet pour la France toute entière, c'est un sujet en Europe que la gangrène des narcotrafiques, de tous ceux qui organisent tous les trafics, et qui au fond ne méritent pas quelque respect que ce soit parce qu'ils sont contre la société dans laquelle ils s'appuient.
03:50Vous avez entendu le garde des Sceaux, M. Darmanin, vous avez aussi entendu le ministre de l'Intérieur, M. Retailleau, dire à quel point c'était une priorité.
03:57Malheureusement, ça a été dit, la chronique judiciaire de votre quotidien préféré montre que l'action de l'État est déjà très résolue. Le nombre de bandes criminelles qu'on a mis hors d'état de nuire, le nombre de criminels qu'on est arrivé à arrêter, pourrait donner à penser qu'on fait déjà beaucoup.
04:12Mais bien sûr, nous ne faisons pas assez, et cette lutte va être intensifiée à l'avenir. Mais cette lutte ne sera efficace et surtout elle ne sera légitime que si vous, la société corse, la demandez, l'appelez, faites confiance dans ceux qui vont agir pour, payez confiance aussi dans la protection des droits de la défense.
04:32Les seuls qui n'accordent pas de protection des droits de la défense, ce sont les criminels. Voilà ce que je voulais simplement vous dire en m'exprimant devant vous, en vous disant avec beaucoup d'émotion que je ne pensais pas jamais faire ça de ma vie, mais s'il faut le refaire encore dans les prochaines semaines, je le referai.
04:46Bravo ! Bravo ! Bravo ! Bravo ! Merci ! Merci !