Antoine de Meaux signe un film à grand spectacle, en 3D, avec la voix de Laurent Stocker, de la Comédie Française
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00:00 *Musique*
00:04 Votre invité média Céline Baydarkour est l'auteur d'un film spectaculaire qu'on verra demain sur France 2.
00:09 Un docu-fiction sur Jeanne d'Arc mais sans comédien, uniquement des images en 3D.
00:14 Bonjour Antoine Demau.
00:15 Bonjour Céline.
00:16 On va d'abord expliquer le principe d'un docu-fiction.
00:19 Tout est vrai mais on y ajoute quelques éléments fictionnés sans trahir le sujet, c'est ça ?
00:24 Oui tout est vrai, surtout que c'est vraiment un documentaire à part entière.
00:28 Donc le but est de raconter l'histoire de Jeanne d'Arc en puisant directement aux sources,
00:34 en faisant entendre la voix de Jeanne d'Arc qu'on connaît grâce aux minutes de son procès de 1431 où elle a répondu à ses juges.
00:41 Et comment on connaît sa voix ?
00:42 On connaît en tout cas ses paroles si vous voulez.
00:44 Et ses paroles nous font deviner sa personnalité.
00:47 C'est un matériau extraordinaire qui a déjà été utilisé notamment au cinéma.
00:51 Et nous l'utilisons à plein pour faire un documentaire.
00:53 On se sert aussi de très nombreux témoignages qui ont été recueillis au moment du procès en réhabilitation,
00:59 25 ans après sa mort, par les enquêteurs que nous suivons et qui mènent une enquête sur ses traces.
01:04 Et tous ces personnages, ils sont très nombreux, ils sont plus d'une centaine, nous racontent Jeanne d'Arc.
01:08 Ce sont ses amis d'enfance à Donrémy, ses compagnons d'armes qui l'ont accompagnée à travers toute la France,
01:13 ce sont les conseillers du roi Charles VII, ou ce sont les juges survivants qui l'ont jugé à Rouen 25 ans plus tôt
01:20 et qui ne se sentent pas très bien suite à ce qui lui est arrivé finalement.
01:24 Et donc tout est réel, vous vous êtes entouré d'historiens ?
01:26 Alors oui bien sûr, j'ai lu l'extraordinaire bibliographie récente, renouvelée, qui existe sur Jeanne d'Arc.
01:33 Et puis j'ai demandé aussi le conseil d'une formidable historienne qui s'appelle Valérie Tourey,
01:37 qui est l'auteur d'un Jeanne d'Arc qui a été salué par tout le monde.
01:41 La Jeanne d'Arc de Valérie Tourey, si vous voulez, c'est une femme, d'abord elle est très jeune,
01:48 il ne faut pas l'oublier, elle a 17 ans quand elle fait irruption sur la scène de l'histoire et 19 ans quand elle meurt.
01:53 Sa Jeanne d'Arc c'est une résistante, c'est une figure de liberté.
01:58 Et ça m'a intéressé de pouvoir revenir à Jeanne d'Arc, de pouvoir revenir à la source,
02:02 de pouvoir faire redécouvrir cette Jeanne d'Arc qu'on a un peu tendance à oublier tellement elle est devenue une image épinale.
02:08 La fiction animée, ça c'est pour intéresser un public autre que des passionnés d'histoire et les jeunes notamment ?
02:13 Le but c'est de proposer sur le service public, sur France 2, un grand spectacle exceptionnel.
02:19 Une soirée comme on en a très peu dans l'année, qui fédère toute la famille, des plus jeunes jusqu'aux plus âgés,
02:27 qui est à la fois un documentaire et puis en même temps un film qui en porte comme une fiction.
02:31 L'animation 3D c'est une esthétique qui correspond à notre époque, c'est celle des dessins animés,
02:38 c'est celle de la bande dessinée, c'est celle du jeu vidéo. On est en fait imprégné de cette esthétique-là.
02:44 Elle n'a pas encore forcément ses lettres de noblesse, elle n'est pas encore à l'Académie française si j'ose dire,
02:49 mais c'est vraiment notre époque et ça nous a intéressé de puiser dans ce répertoire visuel qui est de la culture populaire de notre époque
02:55 pour faire un film ultra rigoureux, ultra bordé sur le plan historique, mais en même temps qui en porte,
03:01 qui passionne, qu'on ne lâche pas, qui est à temps et qui nous raconte la véritable histoire de Jeanne d'Arc.
03:05 Parce que l'histoire de Jeanne d'Arc est passionnante et c'est ça que nous nous sentons forts de démontrer à nouveau au public d'aujourd'hui.
03:11 Mais alors c'est spectaculaire, pourtant avec un budget télé, c'est pas un budget cinéma, c'est pas la même chose.
03:16 Comment vous avez fait avec cette équation ?
03:18 Alors là, nous on a eu la chance, enfin déjà j'ai eu la chance de travailler pour un producteur qui connaît un peu la musique,
03:23 puisqu'ils ont fait Le Dernier Gaulois, ils ont fait Notre-Dame de Paris, enfin c'est Programme 33,
03:28 Michel Spavone et Fabrice Coat, ils connaissent les docu-fictions en animation 3D.
03:32 Ils se sont associés avec un formidable studio français qui s'appelle Circus, on sait que les français sont très très forts en animation.
03:38 Et j'ai un co-réalisateur qui s'appelle Sari Long, qui est le directeur artistique de ce studio,
03:43 qui s'est chargé de mettre en musique, si j'ose dire, non seulement l'animation mais aussi la musique du film, parce qu'il est compositeur.
03:49 Et il nous a fait, avec l'ingéniosité qui est la sienne, parce que c'est un métier d'artisan, si vous voulez,
03:54 il faut trouver des solutions qui soient adaptées effectivement au budget qui sont les nôtres.
03:58 Un budget contraint.
03:59 On est pas à la hauteur des Pixar et des films de Disney, mais on essaie quand même d'aller dans cette direction-là
04:04 et de proposer un très grand spectacle pour le service public.
04:07 Alors Jeanne d'Arc, on voit tout ce qu'il sait, Salia, la pucelle d'Orléans, habillée en homme, brûlée vive sur le bûcher,
04:12 ça va rarement plus loin.
04:14 Vous, non seulement vous retracez sa vie, mais en plus vous évoquez, vous l'avez dit, un épisode assez peu connu,
04:18 qui est son procès en réhabilitation. On écoute.
04:22 "Afin que par vous, juges suce-nommés, la femme nommée vulgairement Jeanne la pucelle soit dénoncée et déclarée sorcière ou sortilège,
04:30 devinerais-ce, pseudo-prophétesse."
04:33 "Admettez que le roi l'a trahi, cela s'appelle de la politique, tout simplement."
04:38 "Non, mes voix ne m'ont pas déçue."
04:41 "C'est infâmes ce qu'ils lui ont fait. J'ai vu la pucelle plonger dans la guerre, je sais ce que le royaume doit faire."
04:49 "Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait par le commandement de Dieu."
04:52 "Homme d'église, vous m'avez pris ma fille, rendez-la moi."
04:57 "Nous allons faire toute la lumière sur ce qui est arrivé à votre fille."
05:00 "Jésus !"
05:02 C'est donc le point de départ, un jeune homme, un religieux, qui va enquêter sur Jeanne d'Arc.
05:07 C'est un personnage que vous avez inventé, ça ?
05:10 Alors, en fait, cette enquête sur Jeanne d'Arc, elle a vraiment eu lieu.
05:14 C'est le procès en réhabilitation, 25 ans après sa mort.
05:17 Celui qui mène ce procès, c'est Jean Bréal, l'inquisiteur de France, un personnage qui existait.
05:21 On sait quelle était sa personnalité.
05:24 C'était un normand, un homme qui était plutôt dans le camp du roi de France,
05:27 qui était passionné par Jeanne et qui voulait lui rendre justice.
05:30 Et effectivement, je lui ai donné le seul personnage imaginaire du film,
05:34 qui est un jeune homme, qui s'appelle Pierre Fournier, qui est un jeune moine.
05:37 Cet interlocuteur un peu candide, mais en même temps,
05:44 ayant suffisamment d'autorité pour répondre à ce puissant inquisiteur,
05:48 les deux vont mener l'enquête sur les traces de Jeanne.
05:51 Et cette idée d'enquête, c'est comme un "cold case".
05:54 Exactement, c'est un "cold case". On rouvre un dossier 25 ans après que l'affaire ait eu lieu,
05:58 et on essaie de comprendre ce qui a pu se passer à l'époque.
06:01 Et ce mécanisme de l'enquête, qui a vraiment eu lieu, puisque ce procès a vraiment eu lieu,
06:05 et on le suit en le respectant de façon extrêmement rigoureuse,
06:08 ça nous permet de déminer cette histoire de Jeanne d'Arc, qui reste très mystérieuse.
06:12 Jeanne d'Arc est un des personnages les mieux documentés de l'histoire du Moyen-Âge,
06:15 et en même temps, elle garde encore sa part de mystère.
06:17 Il y a les fameuses voix qui nous interrogent aujourd'hui, on se demande ce que ça peut être,
06:21 mais les gens du Moyen-Âge et l'inquisiteur, ils se posaient les mêmes questions que nous.
06:25 Donc en suivant cet enquêteur, on applique un petit peu ce qui est aujourd'hui la démarche de l'historien moderne.
06:31 On va de fait en fait, on essaie de savoir ce qui est vrai, ce qui est fiable,
06:34 par rapport à ce qui est apparemment plutôt de l'ordre de la légende,
06:38 et ça nous permet de raconter cette histoire tout en restant dans les bornes des travaux des historiens.
06:44 - Et alors très très rapidement, une dernière question,
06:46 pourquoi Laurence Stoker de la Comédie-Française pour la narration ?
06:49 Comment vous l'avez embarqué dans cette aventure ?
06:51 - Alors, il nous fallait une voix charismatique,
06:53 il nous fallait un personnage qui soit capable d'être à la hauteur de ce personnage assez complexe,
06:57 qui est Pierre Fournier, et bien sûr on a pensé à quelqu'un de la Comédie-Française,
07:01 et à l'un des plus admirables de tous, qui est Laurence Stoker.
07:04 C'est une voix extraordinaire, c'est un magicien, enregistrer avec lui les voix,
07:08 ça a été un moment de bonheur absolu, de voir sa science, sa façon de s'emparer du personnage,
07:13 d'apporter des petites nuances, de nous emmener, de nous prendre par la main,
07:17 et Laurence Stoker est là pour ça.
07:19 Et puis je crois que la télévision française a toujours aimé faire appel à la Comédie-Française
07:23 quand il s'agissait de défendre un programme de qualité.
07:26 Ça fait partie de nos grandes institutions, Jeanne d'Arc fait partie des monuments de l'histoire de France,
07:31 Laurence Stoker fait partie des monuments du théâtre français,
07:34 c'était normal qu'on le mobilise avec nous.
07:36 - Merci beaucoup Antoine Demau.
07:38 L'affaire Jeanne d'Arc, c'est à voir demain soir à 21h10 sur France 2.