• l’année dernière
La directrice des documentaires de France Télévisions, Catherine Alvaresse, annonce sur franceinfo les résultats de son appel à projets

Les documentaires sont devenus en quelques années une source de belles audiences pour les chaînes de télé. Surtout pour France Télévisions, qui investit de plus en plus dans ce genre de contenus. Dernier succès en date : « L’affaire d’Outreau », excellente docu-fiction qui retrace ce fait divers qui avait bouleversé la France il y a 20 ans. Avec 3,4 millions de téléspectateurs en moyenne sur les 2 soirées proposées par France 2, c’est un record pour une série-doc. 500 000 personnes ont aussi regardé les 2 derniers volets en préview (avant leur diffusion sur la chaîne) sur France.tv. Face à cette performance, « Il y aura d’autres séries-documentaires de ce type-là » annonce sur franceinfo la directrice des docs à FTV.
Catherine Alvaresse révèle également les deux productions qu’elle a retenues pour devenir les séries estivales de France 5. Sur les 232 propositions reçues, elle a choisi « Les voyages de Nicky », avec la drag-queen Nicky Doll qui parcourt le monde pour interroger sur la question de genre (1er numéro en Inde), et « Ambre coiffure », avec Ambre Dupont qui elle aussi voyage, mais avec sa mallette de coiffeuse car les cheveux racontent plus qu’on ne le pense. Catherine Alvaresse est l’invitée médias de Célyne Baÿt-Darcourt

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Transcription
00:00 Bonjour, Céline Bidarco, votre invitée média est la directrice des documentaires de France Télévisions.
00:05 Bonjour Catherine Alvarez.
00:06 Bonjour.
00:07 Le dernier documentaire qui a fait beaucoup de bruit sur le service public, c'est l'affaire
00:10 Doutreau, 20 ans après ce fait divers pédo-criminel qui a viré au fiasco judiciaire.
00:14 Une série en 4 épisodes, encensée par la critique à juste titre.
00:18 Est-ce que le public a suivi maintenant que vous avez les audiences qu'on appelle consolidées,
00:22 c'est-à-dire en ajoutant le replay une semaine après la diffusion ?
00:25 Le public a plus que suivi, le public était là, c'est le record de la Casse du Mardi
00:33 et puis c'est le record aussi pour une série documentaire, c'est-à-dire qu'en moyenne
00:36 on a eu 3,4 millions de téléspectateurs entre les deux soirées.
00:40 Surtout à retenir, ce qui est très fort pour nous, c'était la première fois qu'on avait
00:43 une série qu'on mettait en binge, comme on dit, c'est-à-dire que dès la première soirée
00:47 vous pouviez regarder les 4 épisodes.
00:49 Et on a eu 500…
00:50 Sur la plateforme France.tv ?
00:51 Sur la plateforme bien sûr, merci, France.tv, et 500 000 téléspectateurs par exemple ont
00:55 regardé d'emblée les 4 épisodes à la suite de la première soirée.
00:59 Donc c'est un grand, grand succès, une grande récompense pour nous que le public ait été
01:03 là pour une série pareille.
01:04 Jonathan Delay, l'un des enfants victimes de viols, notamment par ses parents Myriam
01:08 Badaoui et Thierry Delay, est furieux contre la production, contre France Télévisions.
01:12 Il témoigne dans la série mais il se sent trahi par le montage car, dit-il, on le fait
01:16 passer pour un menteur qui a fait mettre 13 innocents en prison.
01:19 Il a cité « Quand on regarde la série, on a l'impression que je regrette d'avoir
01:23 menti.
01:24 Aujourd'hui, je suis massacré sur les réseaux sociaux.
01:25 Or, je n'ai pas menti, les enfants n'ont pas menti.
01:28 C'est ça que j'aurais aimé qu'on me laisse dire ». Que lui répondez-vous ?
01:31 On lui répond d'abord que c'est la parole de l'enfant en effet.
01:36 Comme on a fait d'ailleurs dans le débat, et ça je voudrais insister, c'est que le
01:38 service public ce sont des séries documentaires mais suivies par des débats et c'est important.
01:42 Donc on a eu un débat qui est également sur la plateforme.
01:44 En effet, les enfants ne mentent pas.
01:46 Jonathan a été victime et victime.
01:49 Et d'ailleurs, dans cette série documentaire, on mettait toutes les victimes.
01:52 Et Jonathan est une victime, victime d'inceste de ses parents mais aussi pas seulement de
01:56 ses parents, de ses voisins.
01:57 Donc c'est un enfant, aujourd'hui, qui nous a fait confiance pour cette série documentaire.
02:02 Donc on est à l'écoute, et vous le savez, à France Télévisions, de la souffrance
02:06 de l'enfant et surtout de la parole de l'enfant qui est au cœur de ce qu'on offre en documentaire.
02:10 Vous n'avez pas le sentiment, comme il le dit, d'avoir fait preuve de partialité
02:14 en faveur des acquittés ?
02:15 Absolument non.
02:17 Pour nous, c'est aujourd'hui et c'est surtout qu'on ne révise pas la justice.
02:22 Il y a eu cette fameuse décision de la Cour d'appel de Paris.
02:27 Et aujourd'hui, les quatre acquittés que nous avons choisis, en tous les cas, pour
02:30 ce film, sont acquittés.
02:32 Il a porté plainte, je précise, Jonathan Delay, contre la production pour diffamation
02:36 et abus de confiance.
02:37 Est-ce qu'il y aura sur France Télévisions, Catherine Alvarez, d'autres séries doc
02:41 avec cette narration, ce mélange de fiction, de scènes jouées, de documentaires avec
02:45 des images d'archives et d'intervention des véritables protagonistes dans les reconstitutions
02:50 ?
02:51 C'était très original.
02:52 Absolument.
02:53 Formellement, c'était un geste formel assez audacieux.
02:57 Il y aura d'autres séries documentaires, de ce type-là.
03:01 Quant à la forme, ce qui est la joie du documentaire, c'est qu'on ne reproduit jamais complètement.
03:06 C'est toujours la forme au service du fond.
03:08 Donc je ne peux pas vous dire encore quelle forme on adoptera, mais je peux vous dire que
03:11 ce sera à nouveau très audacieux.
03:13 Vous avez fait appel à projets sur les séries doc de cet été.
03:16 Quelles propositions avez-vous retenues ?
03:17 On a retenu deux propositions absolument là aussi audacieuses et différentes.
03:23 Le fameux Niki Doll, qui est…
03:28 Qui a participé à Drag Race France.
03:32 Absolument.
03:33 Carl Sanchez va nous emmener à travers, ça va être un voyage, les voyages de Niki,
03:40 de la redécouverte de la planète et à travers le genre.
03:43 Qu'est-ce que c'est le genre dans d'autres pays ?
03:46 C'est vraiment un prisme très particulier.
03:49 Et également, Ambre Dupont, coiffeuse, qui part là aussi avec sa mallette de coiffeuse
03:57 à travers le monde parce que les cheveux racontent bien plus qu'on ne pense sur le monde.
04:01 Vous aviez reçu beaucoup de propositions ?
04:03 232 projets.
04:04 C'était très compliqué de faire des choix.
04:06 On a fait 4 pilotes et on a choisi ces deux pilotes pour en faire des séries que vous
04:11 verrez cet été sur France 5.
04:13 Vous revenez du festival international de le FIPADOK où France Télé a obtenu deux
04:17 prix dont le grand prix documentaire pour « Moissons sanglantes 1933, la famine en
04:21 Ukraine ». C'est un épisode de l'histoire qu'on connaît très peu et c'est l'histoire
04:25 d'un mensonge d'Etat ?
04:26 Absolument.
04:27 Plus qu'un mensonge d'Etat.
04:28 Un mensonge d'Etat dramatique.
04:31 C'est assez extraordinaire.
04:33 On a démarré ce film avant l'invasion de l'Ukraine par Poutine.
04:37 C'est un épisode de l'histoire très peu connu.
04:39 C'est un film magnifique.
04:40 C'est un film aujourd'hui qui prend toute une résonance avec ce qui se passe aujourd'hui
04:46 en Ukraine.
04:47 Ce sera diffusé le 19 février sur France 5.
04:50 Un prix aussi pour les fantômes du pétrole qui passent ce dimanche sur France 5.
04:54 Comment décidez-vous ce qui va sur France 2 et ce qui va sur France 5 ? Sur quels critères
04:58 ?
04:59 Le critère du public.
05:00 C'est-à-dire qu'un public France 5 n'est pas le même.
05:04 On essaie le service public de parler à tout le monde mais pas au même moment et pas au
05:08 même endroit.
05:09 Et voilà.
05:10 Et donc c'est vrai que France 5 est une offre documentaire très forte puisque c'est avant
05:14 tout douille documentaire et du magazine.
05:16 C'est un public ce qu'on appelle plus captif.
05:18 Plus âgé ?
05:19 Plus âgé aussi.
05:20 Et plus captif aussi.
05:22 C'est-à-dire que quand on va sur France 5, on aime le documentaire.
05:24 Quand on est sur France 2, c'est autre chose.
05:26 C'est un public d'ailleurs plus jeune.
05:27 Il y a aussi un public plus d'actifs.
05:30 Donc c'est là où on décide comment nos documentaires sont.
05:34 Mais c'est vraiment à la rencontre du public d'abord.
05:37 France 3 est moins bien servi en documentaire.
05:39 Pourquoi ?
05:40 France 3, on régionalise pas mal France 3.
05:43 Donc ce n'est pas vrai que c'est mal servi.
05:45 C'est très bien servi en région.
05:47 France 3 région, c'est très important.
05:51 Et on travaille justement, on est au cœur de ça en ce moment, de retravailler une offre
05:57 nationale mais qui vraiment est cette ADN France 3, c'est-à-dire régionale.
06:02 Quels sont les codes de France Télévisions en matière de documentaire ?
06:05 À quoi on reconnaît un contenu du service public ?
06:07 Un contenu du service public, c'est toujours un contenu engagé.
06:11 C'est un contenu utile.
06:13 C'est un contenu qui rassemble.
06:15 C'est pas un contenu qui fait du buzz.
06:19 C'est une place vraiment à part, le service public.
06:23 C'est-à-dire que les documentaires de service public sont là pour durer.
06:26 C'est pas une série qu'on remplace.
06:28 C'est pas de l'instantané, c'est pas du consommé.
06:31 Ça dure.
06:32 Vous montez clairement en gamme pour ne pas vous laisser dépasser par les plateformes.
06:35 C'est une concurrence stimulante finalement ?
06:37 C'est très intéressant pour les séries.
06:39 C'est-à-dire qu'on s'est dit comment on va nous aussi s'emparer des codes de la série.
06:43 Et ce qu'on a réalisé sur Outreau, c'est qu'on est allé plus loin.
06:48 Et surtout, c'est qu'on raconte quelque chose.
06:51 On se dit "tiens, on va pas raconter que des faits divers".
06:54 C'est qu'on raconte des faits d'histoire contemporaine, des faits de justice.
06:59 Donc c'est vrai que c'est toujours stimulant, la concurrence.
07:02 Mais il faut vraiment qu'on ait encore une énorme place qu'on occupe.
07:07 Et plein de belles choses à voir d'ici la fin de la saison et cet été, comme vous
07:10 venez de nous l'annoncer.
07:11 Merci beaucoup Catherine Alvarez.
07:13 Merci beaucoup.
07:14 Vous êtes la directrice des documentaires de France Télévisions.

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