• il y a 11 mois
- AVERTISSEMENT : C’est chaud.

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Écrit par Fabrice de Boni, Marc de Boni et Axel Lattuada
Co-produite par Mia Productions / Christophe Baudouin et Renée Prod.
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Réalisée par Fabrice de Boni
Présenté par Axel Lattuada
Avec l’aimable participation de Julie Deshayes

Crédits musique :
- « Promenade en Provence » par William Davies & Raphaël White
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Nouveau Spectacle : Le Syndrome de Michel
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À partir du 21 Septembre 2023 au Palais des Glaces
Les jeudis, vendredis et samedis à 20h30.

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Transcription
00:00 *bruit de bouche*
00:02 *bruit de bouche*
00:04 *bruit de bouche*
00:06 *bruit de bouche*
00:08 *bruit de bouche*
00:10 *bruit de bouche*
00:12 *bruit de bouche*
00:14 Axel ?
00:16 Axel, y'a ton invité qui est là pour l'interview ?
00:18 *musique*
00:28 Bonjour Julie. Bonjour Axel.
00:30 Merci d'être là. Merci de m'avoir invitée.
00:32 Donc tu vas nous parler de ton métier.
00:34 J'ai ton CV là.
00:36 Tu es chercheuse. On dit chercheuse ?
00:38 Bah moi j'aime bien dire chercheuse parce que
00:40 je trouve qu'il y a trop de chercheurs et y'a pas assez de femmes.
00:42 Bah on va dire chercheuse. Chercheuse de ouf avec un S.
00:44 Tu es chercheuse.
00:46 Tu as été chercheuse au CNRS.
00:48 Au laboratoire d'océanographie.
00:50 C'est chiant à lire déjà tu vois.
00:52 Au laboratoire d'océanographie
00:54 et du climat. Tu as été
00:56 honorary research associate
00:58 à l'université de Cape Town.
01:00 D'accord.
01:02 Et t'as fait tout ça ?
01:04 Oui j'ai fait tout ça. Mais il faut tout ça
01:06 pour pouvoir être expert dans les courants océaniques.
01:08 Oui. D'accord.
01:10 Mais ça prend du temps non ?
01:12 Ça prend beaucoup de temps oui.
01:14 Mais ça prend pas que les courants dans l'état d'inuit des océans.
01:16 T'apprends aussi à faire de la recherche.
01:18 Faire de la recherche c'est pas trouver.
01:20 Tout le monde me demande à chaque fois qu'est-ce que t'as trouvé. J'ai rien trouvé.
01:22 Faire de la recherche c'est savoir,
01:24 essayer d'avancer, d'augmenter les connaissances
01:26 mais tout en se remettant en permanence en question.
01:28 Et ton métier c'est d'étudier les océans
01:30 pour voir à quel point
01:32 c'est la merde.
01:34 Oui c'est ça.
01:36 Mais du coup c'est quoi le problème avec les océans en fait ?
01:38 Le problème avec les océans...
01:40 En gros.
01:42 Ils se réchauffent.
01:44 Très vite.
01:46 Mais pas partout.
01:48 Et donc il y a des endroits où ça se réchauffe très vite.
01:50 Il y a des endroits où ça se refroidit un peu.
01:52 Mais les courants vont partout dans le globe
01:54 et ils redistribuent toute la chaleur partout.
01:56 Mais aussi ils vont cacher
01:58 du dioxyde de carbone
02:00 et d'autres gaz à effet de serre dans le fond des océans.
02:02 Donc ça, ça nous arrange.
02:04 Parce que du coup, s'ils étaient pas là,
02:06 ça se réchaufferait encore plus vite dans l'atmosphère.
02:08 Et le problème c'est que c'est pas un
02:10 stockage qui est infini.
02:12 Il y a un moment, ça remonte et ça dégaze vers l'atmosphère.
02:14 C'est la merde.
02:16 C'est la catastrophe.
02:18 Et en fait il y a une partie de l'étude qui est facile
02:20 pour mesurer la façon dont les océans se réchauffent.
02:22 Il suffit d'aller mettre des thermomètres un peu partout.
02:24 Là où c'est un petit peu plus compliqué,
02:26 c'est de comprendre
02:28 ce qui se passe avec les courants.
02:30 Parce que mesurer les courants océaniques, c'est beaucoup plus compliqué
02:32 que mesurer la température dans les océans.
02:34 Il faut mettre en oeuvre des modèles qui sont comme des jeux
02:36 vidéo virtuels, sur lesquels on refait
02:38 une planète Terre avec des océans,
02:40 avec un atmosphère, avec
02:42 tout ce qui se passe et tout ce qui peut influencer le climat.
02:44 Quand on fait tourner notre petit jeu
02:46 vidéo virtuel, notre modèle de climat virtuel,
02:48 avec tout ce que les hommes ont produit
02:50 de gaz à effet de serre,
02:52 on reconstitue la trajectoire des températures
02:54 jusqu'à maintenant. Et si jamais on
02:56 rejoue sans les humains sur Terre,
02:58 ou les humains près de 1850,
03:00 qui n'émettent pas de gaz à effet de serre,
03:02 là le climat reste le même.
03:04 Et donc on voit nettement, sans aucun
03:06 doute et sans aucune équivoque possible,
03:08 que c'est nous le problème.
03:10 - Super ! Mais du coup pour les vacances,
03:12 c'est bien qu'il fasse plus chaud, non ?
03:14 - C'est bien,
03:16 c'est bien pour ton confort sur la plage,
03:18 mais en fait, quand on parle de limiter
03:20 le réchauffement à 1°C,
03:22 on y est presque, et en fait, plus 1°C
03:24 de réchauffement, comme ça, là, tout de suite,
03:26 on dit "bon, voilà, 27-28°C".
03:28 Mais en fait, si on mesure notre température corporelle
03:30 qui est normalement à 37°C et que tout d'un coup tu mesures
03:32 à 38°C, et bien là, en fait, on considère que t'es malade.
03:34 Donc à l'échelle de la planète, c'est pareil.
03:36 1°C, c'est beaucoup. Et tous les
03:38 écosystèmes autres que nous,
03:40 ils prennent une claque et ils vont
03:42 pas tous savoir s'adapter.
03:44 - Donc là, on est en grosse fièvre planétaire.
03:46 - Exactement, et sauf que
03:48 la cible, t'es 1°C, qu'on devait d'abord...
03:50 ou qu'était la limite rouge
03:52 à ne pas atteindre, maintenant on sait qu'on va
03:54 la dépasser très vite.
03:56 Donc si on s'irrige vers du +2°C, +3°C,
03:58 +4°C d'ici la fin du siècle,
04:00 là, je t'imagine, on est tous très très très malade.
04:02 - Ah oui.
04:04 Et ça va, toi ?
04:06 - Ben ça va...
04:08 Il y a des moments où ça va mieux que d'autres.
04:10 Par exemple, la sortie du rapport du GIEC
04:12 qui fait une audience ridicule
04:14 dans des médias juste parce qu'il y a un joueur de foot
04:16 qui a décidé de changer de club.
04:18 Ça, ça m'a vraiment mis en colère.
04:20 - Il y a des vrais problèmes dans l'île.
04:22 - C'est ça.
04:24 - Et toi, tu t'es déjà retrouvée vraiment dans des moments de sidération ?
04:26 Presque de...
04:28 T'as eu envie de laisser tomber, quoi ?
04:30 - Ah non, mais ça m'arrive très régulièrement.
04:32 Ça m'est arrivé et ça continue de m'arriver très régulièrement.
04:34 Tout d'un coup, je reconnais que la partie
04:36 humaine, je me dis "mais c'est notre planète,
04:38 c'est notre climat".
04:40 Et en fait, on est en train d'emmener le climat
04:42 dans un endroit où il est jamais allé.
04:44 - Et chez les jeunes que tu côtoies, tu vois un engouement ?
04:46 Est-ce que tu vois aussi pareil
04:48 une espèce de déprime ?
04:50 C'est quoi l'état des jeunes ?
04:52 - Beaucoup d'écho, d'anxiété, ça c'est sûr.
04:54 Beaucoup d'angoisse, beaucoup d'interrogations sur "qu'est-ce que je vais faire ?"
04:56 Et moi-même, pour mes filles,
04:58 quel métier elles vont faire demain, je sais pas.
05:00 - A quel âge tes filles ? - Elles ont 6 ans et 12 ans.
05:02 - C'est quoi les trucs que les gens
05:06 croient qui sont faux et qui t'énervent, toi ?
05:08 - Ah, c'est que
05:10 ce qu'on veut faire à l'échelle individuelle,
05:12 c'est pas suffisant, ça marche pas,
05:14 et c'est pouyam.
05:16 Par exemple, le fait de...
05:18 le fait de dire "mais je prends l'avion parce que
05:20 de toute façon, il va décoller l'avion".
05:22 Le fait de dire "mais c'est pas parce que je me prive
05:24 de viande ce midi que ça va changer le climat".
05:26 En fait, je pense qu'on peut tous,
05:28 au contraire, faire changer les choses.
05:30 Le fait qu'on s'épanouisse,
05:32 qu'on retrouve une cohérence,
05:34 qu'on réussisse à aligner notre connaissance,
05:36 notre conscience et nos plaisirs,
05:38 ça, je pense que ça peut avoir un effet boule de neige
05:40 beaucoup plus puissant que ce qu'on croit.
05:42 Et montrer que...
05:44 qu'il y a de l'exotique en France,
05:46 atteignable à route-vélo
05:48 ou en train,
05:50 et que c'est hyper épanouissant d'aller passer ses vacances
05:52 sur les côtes bretonnes,
05:54 ça, je pense que ça peut...
05:56 retrouver du rêve dans ça, en fait.
05:58 - En conclusion, je me responsabilise
06:00 et je vois que ça donne du sens
06:02 à ma vie et que ça me rend plus heureux, en fait.
06:04 - Exactement. Je me responsabilise,
06:06 j'agis en conscience
06:08 de ma responsabilité,
06:10 j'agis en conscience de l'état du monde
06:12 qui, malheureusement, ne dépend pas que de ce que j'ai fait.
06:14 C'est vrai.
06:16 Et pour les générations à venir,
06:18 c'est injuste.
06:20 Mais, alors, ils ont le droit de nous engueuler,
06:22 ils ont le droit de se fâcher,
06:24 mais surtout, pour moi, ils ont le droit d'agir
06:26 pour, justement, nous aider à inventer
06:28 un monde meilleur, qui fait sens,
06:30 avec du lien, avec moins d'injustice
06:32 et avec plus d'égalité entre tous,
06:34 à toutes les échelles que ce soit.
06:36 - Est-ce qu'on n'inviterait pas les gens
06:38 à se renseigner là-dessus, avec cet oeil
06:40 un peu curieux
06:42 et de ne pas juste s'aider à la peur ?
06:44 Moi, je pense que c'est ça qu'il faut faire.
06:46 - Ouais, et puis agir et essayer.
06:48 - C'est bien ça, on va faire ça.
06:50 Donc, on va vous inviter, avant de partir,
06:52 à agir et à essayer.
06:54 Pfff... ça va être compliqué.
06:56 Non, mais ça va le faire, ça va le faire, j'ai confiance.
06:58 Merci Julie. - Merci.
07:00 - OK !
07:02 - Bon, qu'est-ce que tu fais, toi, ce soir ?
07:04 - Oh la vache, qu'est-ce que je vais faire ce soir
07:06 pour agir et essayer ?
07:08 Je vais cuisiner des blettes.
07:10 - Ah, c'est bien !
07:12 - Tu vois ? - Excellent.
07:14 - Tu peux pas les planter dans mon petit pot, là, sur ma...
07:16 - Non, c'est un peu gros.
07:18 - Mais tu peux mettre des râtes.
07:20 - Ça marche bien, j'y suis.
07:22 Sous-titrage Société Radio-Canada
07:24 © Sous-titrage Société Radio-Canada
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