De sa source à plus de 1000 mètre d’altitude, jusqu’à la station de traitement Furania, en passant quelques kilomètres en dessous de Saint- Etienne, suivez les méandres du Furan. Naturalistes locaux, historiens, égoutiers, conseillers municipaux, pêcheurs incarnent la volonté de redonner à la rivière « le Furan » toutes ses lettres de noblesses.
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02:02 C'est ici, à un peu plus de 1000 m d'altitude,
02:06 au plus profond des montagnes du Pila,
02:08 que prend naissance le Furon.
02:10 [musique]
02:17 Il y a quelque chose de magique
02:20 à voir apparaître ainsi cette eau du sol de la forêt.
02:24 [musique]
02:27 En quelques centaines de mètres,
02:29 le Furon va devenir un petit ruisseau,
02:32 puis une rivière.
02:34 Il va dévaler rapidement les quelques kilomètres
02:38 qui séparent sa source de la ville de Saint-Etienne.
02:42 Là, il va tout d'abord se frayer un timide chemin
02:47 parmi les usines et les habitations,
02:49 avant de disparaître sous terre.
02:52 Car c'est ainsi, caché aux yeux de tous,
02:57 que le Furon traverse la ville.
02:59 Il réapparaît discrètement, un peu en aval de Saint-Etienne.
03:05 [musique]
03:10 Là, il va couler librement, à ciel ouvert,
03:14 entre les champs, les routes, les villages,
03:18 pour finalement atteindre la ville d'Andrézieux-Bouthéon.
03:22 À cet endroit, le minuscule filet d'eau
03:27 jaillit d'une forêt du Pila
03:29 et désormais devenu une puissante rivière.
03:33 C'est ici, après avoir parcouru 39 kilomètres,
03:39 que les eaux du Furon se jettent dans la Loire.
03:43 [musique]
04:02 Si aujourd'hui, le Furon traverse secrètement la ville de Saint-Etienne,
04:07 il fut un temps où toute la ville était tournée vers lui.
04:11 Déjà, les Romains avaient remarqué la qualité et l'abondance de ces eaux.
04:17 Mais ce n'est que bien plus tard qu'on allait installer sur ces rives
04:23 les premières constructions qui allaient donner naissance à la ville,
04:27 à cette époque baptisée Saint-Etienne du Furon.
04:31 Si dans un premier temps, les hommes virent en lui une source d'eau pure et constante,
04:37 bien vite ces eaux suscitèrent l'intérêt des industries naissantes.
04:42 Des centaines d'échoppes et d'ateliers jalonnaient ces rives,
04:47 tirant de ces eaux une ressource providentielle.
04:51 Puis, les ateliers devinrent des usines
04:55 dans lesquelles la force hydraulique du Furon
04:58 était l'objet de toutes les convoitises.
05:02 Ainsi, la ville était née grâce au Furon,
05:05 et elle allait se développer grâce à lui.
05:09 Au cours des siècles, la fabrication des armes
05:12 allait puiser sa renommée dans les eaux du Furon,
05:15 considérée comme exceptionnelle pour la trempe des métaux.
05:20 Mais si le Furon fut à l'origine du développement de Saint-Etienne,
05:24 ses colères redoutables marquèrent elles aussi les mémoires.
05:28 Des crues répétées causèrent de terribles dégâts,
05:31 et de nombreuses victimes au fil du temps.
05:36 Pour lutter contre les crues dévastatrices du Furon,
05:40 un projet unique au monde à cette époque allait voir le jour.
05:44 Alors les épisodes de crues, c'est entre 1834 et 1849,
05:48 où successivement la ville de Saint-Etienne va être touchée par des crues importantes,
05:53 causant plusieurs victimes en place entre villes,
05:56 en détruisant des habitations, en détruisant même l'outil de production.
06:00 Et donc c'est cet événement-là qui va amener à la construction du barrage du Gouffre d'Enfer,
06:05 avec deux fonctions premières.
06:07 La première, la protection de la ville contre les inondations du Furon,
06:10 et ensuite la production d'eau potable pour les habitants de la ville.
06:14 La construction d'un immense barrage en amont de Saint-Etienne
06:22 est lancée en 1862, sous le règne de Napoléon III.
06:27 À l'époque, donc au moment de sa mise en service,
06:37 la retenue faisait à peu près 1,5 million m3,
06:41 et donc il y en avait 1 million qui était dédiée à l'alimentation en eau potable
06:45 pour les habitants de Saint-Etienne.
06:47 Et 500 000 m3 étaient consacrés et réservés à l'écrêtement des crues du Furon.
06:51 Et donc aujourd'hui, il faut savoir que pour protéger la ville et ses habitants des inondations,
06:57 il faut que le barrage soit totalement vide,
06:59 c'est-à-dire d'avoir 1,3 million m3 de disponibles en permanence
07:03 pour protéger la ville de Saint-Etienne,
07:05 sachant que ça permettra de limiter les débordements différents,
07:09 mais ça ne permettra pas de les éviter totalement.
07:12 Alors c'est une vraie révolution dans le monde des ouvrages hydrauliques.
07:17 Donc il faut savoir que devant nous, on a un prototype,
07:20 c'est-à-dire un ouvrage qui est plus large, qui est plus haut
07:25 que les ouvrages qu'on trouvait à cette époque.
07:28 Le barrage fait 102 mètres au niveau de la crête,
07:31 il fait 50 mètres de haut, 49 mètres au niveau de sa base,
07:36 et donc c'est un petit peu une révolution technologique pour l'époque.
07:39 Pourquoi ? Parce que de part sa géométrie, puisqu'en fait il a une double courbure,
07:43 on a une première courbure entre chaque rive,
07:46 et puis ensuite une autre courbure, je dirais, au niveau de son profil d'ouvrage,
07:51 et ce profil qui est très évasé, qui en fait va faire que
07:55 tous les autres barrages ensuite vont être conçus sur la même géométrie.
08:00 Le barrage du Couffre d'Enfer est une véritable prouesse technique.
08:09 Un pur joyau de l'ingénierie et de l'architecture du 19e siècle.
08:14 Sa construction, qui a relevé des défis incroyables, s'achève en 1866,
08:20 quatre années seulement après le début des travaux.
08:24 Quatre ans pour construire un barrage de 100 mètres de large,
08:28 50 mètres de haut, 49 mètres à sa base,
08:32 et surtout, ce qui est pour nous ingénieurs intéressant et important,
08:39 c'est qu'on est vraiment sur un ouvrage d'art,
08:42 puisque pourquoi ce site est intéressant,
08:45 pourquoi les promeneurs, les habitants de Saint-Étienne,
08:48 viennent régulièrement sur ce site,
08:51 c'est que c'est un ouvrage qui s'insère parfaitement dans son environnement.
08:54 On va créer cet ouvrage entre deux éperons rocheux.
08:58 On va tout faire pour que l'ouvrage s'insère au mieux dans son environnement.
09:03 Et ça, le terme d'ouvrage d'art prouve bien son sens avec le barrage du Couffre d'Enfer.
09:09 [Musique]
09:29 Si la prouesse technique est exceptionnelle,
09:32 la recherche esthétique est omniprésente.
09:36 Les architectes mettent littéralement en scène le site,
09:40 aménageant une promenade avec ses allées d'arbres,
09:43 conduisant au pied du barrage.
09:45 A l'utile, les concepteurs du site y ajoutent l'agréable, le beau.
09:54 Effectivement, à l'époque, on a des ingénieurs qui sont aussi,
10:00 on pourrait dire, des architectes,
10:02 et le beau fait partie de leur métier,
10:04 fait partie de, je dirais, de leur formation de base.
10:08 On va les former au paysage,
10:10 on va les former à l'architecture,
10:12 on va les former au dessin, à l'esthétique.
10:15 Et sur ce site, tout est pensé.
10:17 Du captage de l'eau à 2 km,
10:22 plus à l'amont avec un ouvrage qu'on appelle la ventellerie,
10:25 qui va permettre de dériver les eaux,
10:27 soit dans la retenue,
10:28 soit dans un chenal de dérivation qu'on appelle Fosse-Rivière.
10:33 La construction même de l'ouvrage,
10:36 la prise d'eau,
10:38 tous les cheminements vont être pensés et imaginés
10:41 pour mettre en scène cet ouvrage.
10:43 Selon les documents d'époque,
10:47 on nous dit qu'il y a entre 35 000 et 40 000 personnes
10:50 qui vont venir le jour de l'inauguration assister à cet événement.
11:00 À sa construction, le barrage du Gouffre d'Enfer
11:03 est le plus haut barrage du monde.
11:05 Depuis 1866, il assume pleinement et solidement son rôle
11:11 en protégeant Saint-Etienne des creux du Furon,
11:14 tout en garantissant un stock d'eau nécessaire à la consommation.
11:18 Mais un tel géant,
11:20 après plus d'un siècle et demi de bons et loyaux services,
11:24 nécessite tout de même des soins
11:26 et une attention toute particulière.
11:30 Ces grands ouvrages,
11:32 puisque le barrage du Gouffre d'Enfer fait partie des grands ouvrages,
11:36 font l'objet, tous les dix ans, d'une inspection complète.
11:40 Suite à cette inspection,
11:42 il y a eu un programme de travaux qui devait être réalisé.
11:45 Parmi les choses qu'on nous a demandé de réaliser,
11:48 c'est tout d'abord vérifier la capacité d'évacuation des creux,
11:51 de l'évacuateur de creux.
11:53 Le déversoir, ça sert de trompe-l'ain.
11:55 Quand le barrage se remplit,
11:57 on atteint ce niveau de l'ouvrage qu'on rencontre bas.
12:01 Ensuite, ça va se déverser dans la galerie
12:04 pour retrouver le lit naturel du furon.
12:07 Tous les ouvrages, tous les grands barrages,
12:10 sont dotés de ce type de déversoir.
12:12 Il a fallu redimensionner l'évacuateur de creux
12:15 pour abaisser le niveau d'eau dans la retenue
12:18 et limiter la charge.
12:20 On a des coéfficients de sécurité qui sont complètement respectés
12:23 et qui permettent de garantir la sûreté du barrage.
12:26 Le pire, c'est qu'il y ait une crue
12:29 et que le barrage vienne à casser.
12:31 C'est ce qu'on essaie d'éviter avec ces travaux.
12:34 C'est la première série de travaux.
12:36 Ensuite, sur le mur du barrage,
12:38 on a réalisé ce qu'on appelle du drainage.
12:41 Le but d'un barrage, c'est d'avoir la partie amont
12:44 la plus étanche possible.
12:46 On ne veut pas que l'eau pénètre dans la maçonnerie.
12:49 Sauf qu'on est sur de la pierre,
12:51 sur des joints à base de mortier.
12:53 Il y a de l'eau qui arrive quand même
12:56 à s'infiltrer dans le mur du barrage.
12:59 Le drainage sert à évacuer le plus rapidement possible
13:03 l'eau qui viendrait s'infiltrer dans la maçonnerie
13:07 vers l'extérieur.
13:09 Musique douce
13:12 ...
13:25 -Le Furan, petit cours d'eau descendu de la montagne,
13:28 est donc à l'origine de la construction
13:31 d'un des bâtiments les plus remarquables
13:34 de l'histoire de France.
13:36 Aujourd'hui, il a fallu faire preuve d'audace,
13:39 d'ingéniosité et de courage
13:41 pour tenter de canaliser les colères de la rivière.
13:44 Avec l'accélération du développement démographique
13:47 de Saint-Etienne au cours du 19e siècle,
13:50 il a fallu construire un second barrage,
13:53 juste en amont du premier.
13:55 Le barrage du Pas-du-Rio est achevé en 1878.
14:00 Son volume, de plus d'un million de mètres cubes,
14:04 assure encore de nos jours
14:06 l'approvisionnement en eau douce
14:09 de toute l'agglomération stéphanoise.
14:12 ...
14:16 La Haute-Vallée du Furan est donc riche
14:19 d'une histoire industrielle et architecturale hors normes.
14:23 ...
14:26 ...
14:31 Si la ville de Saint-Etienne doit sa création
14:34 et son développement au Furan,
14:36 aujourd'hui, peu de Stéphanois connaissent son existence.
14:40 Mais comment expliquer
14:42 cette incroyable amnésie collective ?
14:45 ...
14:47 Pendant des siècles,
14:49 la ville se développe sur les rives du Furan,
14:52 qui fournit eau et énergie.
14:54 La vie économique de la cité,
14:56 mais aussi la vie quotidienne des habitants,
14:59 repose sur la rivière.
15:01 La population puise dans le Furan,
15:04 mais elle y rejette également tous ses déchets.
15:08 Au fil du temps, et avec le développement urbain,
15:12 le Furan devient un véritable égout à ciel ouvert.
15:16 Les odeurs qu'il dégage,
15:18 les rats qu'il attire en grand nombre,
15:21 représentent un problème de salubrité majeure.
15:24 Ainsi, de 1636 à 1987,
15:27 on va peu à peu couvrir le Furan
15:30 et le faire disparaître sous la ville.
15:33 Ce n'est alors plus une rivière,
15:36 mais un véritable égout
15:38 où tous les écoulements d'eau usée de la ville se rejoignent.
15:42 Ainsi soustrait au regard des Stéphanois,
15:45 il va peu à peu sombrer dans l'oubli et l'indifférence.
15:49 Seuls les égoutiers de la ville connaissent son existence
15:53 et parcourent ce monde souterrain
15:56 qui était autrefois un ruisseau libre et pur.
15:59 Mais une telle situation n'était plus possible.
16:03 Et petit à petit,
16:05 les écoulements d'eau usée de la ville
16:08 furent détournés du Furan et collectés
16:11 afin d'être traités.
16:13 Ainsi, pour redonner au Furan ses lettres de noblesse,
16:17 il a fallu concevoir et construire un outil
16:20 à la mesure du problème.
16:23 ...
16:50 Nous sommes juste en dessous de Saint-Etienne,
16:53 sur le site de Furania,
16:55 la station d'épuration
16:57 qui traite les eaux usées de l'agglomération.
17:00 ...
17:03 C'est ici que sont guidés
17:05 tous les rejets d'égout de la ville pour y être traités.
17:08 Pour comprendre comment fonctionne ce mastodonte,
17:11 il faut en faire la visite guidée.
17:14 ...
17:16 Tout commence ici,
17:18 dans ce bâtiment d'allure modeste.
17:21 ...
17:28 -On est sur la 1re étape du traitement de l'eau,
17:31 le relevage des eaux usées.
17:33 C'est ici qu'on va collecter toutes les eaux
17:36 qui arrivent de partie domestique, industrielle ou pluviale
17:40 et qui vont être renvoyées vers le pré-traitement.
17:43 On a une 1re action
17:45 qui va dégriller tous les éléments solides qui peuvent flotter,
17:49 les plastiques, les bouts de bois,
17:51 les éléments solides, comme les cailloux et les pierres,
17:54 qui vont être collectés et mis dans une benne.
17:57 ...
18:02 Au-delà d'un certain débit, donc 7500 m3,
18:05 on va passer par la file secondaire,
18:08 qui est la file pluviale,
18:10 l'ancienne station d'épuration.
18:12 Là, vous avez l'effluent qui va être repris par des vis d'archimède
18:16 pour être envoyé vers la file de traitement des eaux excédentaires.
18:20 Ce site a été construit et mis en service en 1975.
18:23 Il prônait l'intégralité de la rivière.
18:26 Toutes les eaux remontaient dans ces vis pour être traitées.
18:30 Ensuite, il y a eu plusieurs étapes d'évolution de la station.
18:34 Pour voir l'ouvrage que vous pouvez voir aujourd'hui,
18:37 en 2009, ça a été réalisé.
18:39 ...
18:44 Ici, on est dans un ouvrage qui est dédié au pré-traitement.
18:48 Les eaux usées qui ont été pompées vont arriver derrière ces 3 débris orphins.
18:53 On va passer d'une maille qui était à 5 cm plus qu'à 1 cm.
18:58 Ensuite, on va arriver sur ces 2 bassins,
19:02 où là, on va faire un dessablage.
19:05 On va avoir une dépose des sables au fond et un déshulage.
19:09 On va envoyer des bulles d'air pour que les graisses se mettent en surface
19:13 et qu'elles puissent être épurées.
19:16 Tout ce qui va être en surface, c'est toutes les graisses.
19:20 Tout dans les usages domestiques, ce que vous allez utiliser lors des cuissons,
19:24 lors que vous faites votre lessive, votre vaisselle,
19:27 tous ces éléments gras vont être mis en suspension
19:31 avec une injection d'air par-dessous.
19:33 Et tout ça, c'est raclé.
19:35 Toutes les eaux qui ont déjà subi une partie de pré-traitement
19:54 arrivent dans ce bassin d'aération.
19:56 Ce bassin, il y a un courant d'eau qui est créé.
20:00 Et derrière, on va mettre de l'air et enlever de l'air
20:04 pour que les bactéries, qui elles vont abattre la pollution,
20:07 puissent faire un travail.
20:09 C'est quelque chose de totalement naturel
20:12 et qui reprend juste ce qui est pris dans l'environnement.
20:15 Les bactéries qui sont dans le bassin d'aération,
20:18 elles ont des propriétés pour agir sur certaines charges de pollution.
20:23 Et derrière, nous, ce qu'on va maîtriser, ça va être l'apport en air
20:27 pour justement leur permettre de vivre
20:30 et de faire un bon travail de dépollution.
20:32 Donc là, vous êtes sur le rejet de la station
20:56 qui est traité et épuré et peut retourner dans son milieu naturel.
20:59 Donc l'eau qui a été collectée au départ,
21:12 elle a subi toutes les différentes étapes de traitement
21:15 pour être rejetée le plus propre possible dans la rivière Le Furan.
21:18 Musique de suspense
21:21 Grâce à Furania et aux efforts faits par la collectivité,
21:30 la qualité des eaux du Furan s'est complètement transformée.
21:34 Autrefois, à la sortie de la ville,
21:37 le Furan n'était plus qu'un égout pestilentiel.
21:40 C'est aujourd'hui redevenu une rivière claire et naturelle.
21:47 Des dizaines de milliers de mètres cubes d'eau usée
21:50 sont traitées quotidiennement à Furania,
21:53 qui rend au Furan une eau limpide,
21:56 propice au retour de la vie aquatique qui avait ici disparu.
21:59 Pour prendre la mesure de ce que le Furan peut abriter comme biodiversité,
22:05 il faut retourner sur son cours supérieur,
22:08 en amont des grands barrages,
22:11 à l'endroit où ces eaux sont demeurées pures au fil du temps.
22:15 Musique de suspense
22:43 Un peu plus grosse.
22:46 Hop, ça y est.
23:08 Ici, on a une rivière qui est très, très sauvage
23:11 dans un lieu nature à 2000, qui n'est pas pollué du tout.
23:14 Et on a une très belle population de truites fariaux,
23:17 essentiellement de la truite fariaux.
23:20 Avec, on a des densités d'environ 3 000, 3 500 truites à l'hectare.
23:23 Alors, la caractéristique de ces poissons,
23:27 le fait d'être dans le massif du Pila, on a une eau qui est très acide,
23:30 et les truites, on en a une forte densité,
23:33 mais qui ne sont pas très, très grosses, mais très sauvages.
23:38 La pêche au toc, c'est une pêche qui consiste à avoir
23:41 une canne de préférence téléréglable,
23:44 au bout de laquelle on aura un petit indicateur
23:47 de ligne, pour voir sa ligne,
23:50 deux, trois plombs en fonction du courant,
23:53 et soit un appât naturel, soit on peut mettre une nymphe,
23:56 et on va promener ça entre les cailloux
23:59 sur le bord de la rivière pour essayer de toucher un poisson.
24:02 Les gens essayent de militer pour qu'on remette les poissons à l'eau.
24:05 Et nous-mêmes donnons des cours de pêche,
24:08 et quand on donne nos cours de pêche,
24:11 on apprend aux enfants à justement remettre le poisson à l'eau.
24:14 Allez, allez, voilà, super !
24:23 Alors, un ruisseau comme ça, on gère un peu
24:34 tout ça, on gère surtout en n'y faisant rien du tout,
24:37 en essayant de maintenir l'aspect sauvage,
24:40 et d'éviter qu'on organise des sites touristiques
24:43 proches du ruisseau.
24:46 Alors notre avantage, c'est que comme on est
24:49 en zone natura 2000, le site est complètement protégé.
25:01 Le Furan, on constate aujourd'hui un très gros contraste
25:04 entre la partie haute, où nous sommes ici,
25:07 et la partie avale, où il se jette dans la Loire.
25:10 A cause de l'industrialisation, mais toute la partie pollution
25:13 qui arrive de la zone civilisée et qui va se jeter dans le Furan.
25:16 A l'origine, le Furan, c'était les égouts de Saint-Etienne.
25:19 Alors les associations de pêche, nous, en tant que pêcheurs,
25:25 on milite énormément pour l'écologie.
25:28 On est les premiers centinelles garantes de l'environnement,
25:31 puisque nous sommes les premiers à avoir les pollutions.
25:34 Sur certains secteurs, on arrive à faire évoluer le biotope
25:37 et la qualité de l'eau.
25:40 Le Haut-Furan est un véritable trésor naturel
25:47 qui abrite une flore et une faune riches et variées.
25:50 Le Furan y roule ses eaux claires et pures,
25:56 étant un maillon essentiel au cycle de la vie
25:59 et des espèces qui colonisent ses abords.
26:02 Certaines de ces espèces sont d'ailleurs d'une grande rareté
26:05 et ont participé à elles seules au classement en zone protégée
26:08 de certains secteurs.
26:11 Mais c'est aussi ici que l'on capte de nombreuses sources
26:19 pour les diriger vers l'agglomération stéphanoise
26:22 et offrir aux habitants une eau pure et de qualité.
26:25 L'enjeu de la préservation et de la renaturation
26:41 de la partie basse du Furan, celle où il est en contact
26:44 avec la ville, est donc aujourd'hui devenu une priorité
26:47 pour Saint-Etienne-Métropole.
26:51 Sur le site de Valfuré, c'est une véritable métamorphose
26:54 qui s'est opérée.
26:57 Autrefois, ce site était une véritable friche industrielle.
27:00 Aujourd'hui, après d'importants travaux,
27:05 les anciennes usines ont laissé la place à un site naturel,
27:08 dont le cœur est la rivière.
27:11 On est devant une passe à poisson qui a été réalisée
27:18 par l'équipe d'entretien du Furan et le technicien de rivière
27:21 en réutilisant des aménagements des éléments de maçonnerie
27:24 qui existaient déjà.
27:27 Il a été reconstruit une passe à poisson.
27:30 Cette passe à poisson permet aux tuites
27:33 qui remontent autour d'eau pour frayer
27:36 de remonter facilement la chute
27:39 qui est sur la gauche, qui est non-franchissable.
27:45 Parce qu'une tuite peut facilement sauter
27:48 un seuil d'une vingtaine de centimètres,
27:51 mais au-delà, ça devient infranchissable.
27:54 Là, on est sur un seuil qui fait plus d'un mètre cinquante.
27:57 Les poissons ne peuvent pas remonter.
28:00 En faisant cette passe à poisson,
28:03 on permet aux poissons de coloniser la partie
28:06 qu'on a restaurée avec la partie qui est restée
28:09 en état historiquement.
28:13 - Nickel.
28:16 - On ne croirait pas.
28:27 - Ça reprend très vite ses droits,
28:33 ça refaçonne son lit, ça rééquilibre.
28:36 - M. Delorme, là, on est où exactement ?
28:39 - On est au parc du Val-Furet
28:42 qui est situé sur le site de l'ancienne papeterie
28:45 du Val-Furet, qui est un bâtiment très ancien
28:48 à compléter un bâtiment plus récent des années 70.
28:51 Cette friche est restée fermée pendant des années.
28:54 Il y a eu plusieurs phases de démolition,
28:57 dont la dernière en 2010.
29:00 C'est comme ça qu'on a pu refaire une reconquête écologique
29:03 et une restauration de rivière sur le site.
29:06 On est en train de faire une reconquête
29:09 de l'ensemble du bassin versant en termes de restauration
29:12 de la qualité, des berges, de la restauration écologique
29:15 et de gestion des inondations.
29:18 On a tous ces objectifs qui sont associés
29:21 dans notre démarche de gestion de la rivière
29:24 qui nous permettent sur des sites comme celui-ci
29:27 très marqué par l'empreinte de l'homme
29:30 avec le passé industriel de pouvoir inverser la tendance
29:33 de la rivière.
29:36 Valfuré est l'exemple même des efforts faits
29:46 pour améliorer la qualité de la rivière
29:49 et mieux prendre en considération les effets positifs
29:52 qu'elle peut avoir sur la vie des habitants.
29:55 D'autres chantiers de ce type ont récemment vu le jour.
29:59 L'un des plus importants se situe juste en dessous de Saint-Etienne.
30:02 Coincé entre l'autoroute et une zone commerciale,
30:05 ce qui est aujourd'hui un véritable poumon vert
30:08 au coeur duquel s'écoule le Furan,
30:11 n'était autrefois qu'une zone industrielle bétonnée
30:14 dont certains vestiges sont encore bien visibles.
30:17 Là aussi, il aura fallu toute la détermination
30:20 de la rivière pour pouvoir l'améliorer.
30:23 Le plus important, c'est de faire en sorte
30:26 que les habitants puissent vivre en sécurité.
30:29 Il aura fallu toute la détermination de Saint-Etienne-Métropole
30:32 pour transformer ce site et lui redonner vie petit à petit.
30:35 - C'était un centre commercial, un magasin de bricolage
30:38 qui avait construit, alors à l'époque le PPR ne devait pas exister
30:41 quand il a été construit, le plan de prévention
30:44 des risques inondations.
30:47 On est en zone rouge du plan de prévention des risques inondations.
30:50 C'est une zone où les inondations sont très fortes,
30:53 où il y a de forts risques.
30:56 En 2009, la métropole a choisi d'acheter ce site
30:59 grâce au fonds Barney.
31:02 C'est un fonds qui est géré par l'Etat
31:05 et qui permet d'acquérir des bâtiments ou des maisons
31:08 qui sont en forte vulnérabilité en zone inondable.
31:11 La métropole a pu, grâce aux aides de l'Etat,
31:14 acquérir ce site et le démolir.
31:17 Il y a eu une 1re phase d'acquisition,
31:20 où on a fait des zones pour faire des petites marres,
31:23 des zones humides, pour améliorer la biodiversité.
31:26 Le béton a donc cédé la place à une zone humide préservée,
31:34 peuplée d'une végétation riche et variée.
31:37 Le furan sert de frontière entre la zone renaturée
31:40 et la zone commerciale.
31:49 Depuis les aires, le contraste entre ces 2 univers est frappant.
31:52 En rive gauche, là où on a déconstruit,
31:57 on a l'impression qu'on est nulle part.
32:00 Après, on voit que les bâtiments de la zone artisanale
32:03 ne sont pas très loin, mais au moins,
32:06 sur la rive gauche, on a redonné un peu de place à la rivière.
32:09 ...
32:12 ...
32:15 ...
32:18 ...
32:21 ...
32:24 ...
32:27 -On a eu pas mal de pluie hier.
32:30 On voit que l'herbe est couchée.
32:33 Le furan est monté à la hauteur de l'herbe.
32:36 -On a vu que la qualité de la rivière s'est bien améliorée.
32:39 On a encore quelques déchets, malheureusement, dans la rivière.
32:42 Je fais un rappel aux gens que les grilles d'égout,
32:45 les grilles des avaloirs qu'on voit sur le bord des routes,
32:48 c'est de l'eau qui va finir à la rivière à un moment ou à un autre.
32:51 Il faut bien jeter ces déchets dans les poubelles
32:54 et pas dans les avaloirs qu'on peut trouver sur le bord des routes
32:57 et pas dans les toilettes non plus.
33:00 ...
33:03 -Améliorer la qualité de l'eau est une étape essentielle
33:06 pour permettre un retour de la vie aquatique.
33:09 Étape essentielle, mais pas suffisante.
33:12 Bon nombre d'espèces de poissons ont disparu du furan.
33:15 Pour favoriser leur retour,
33:18 il faut tout simplement leur rendre la rivière accessible.
33:21 Depuis plusieurs années,
33:24 des aménagements d'un genre nouveau jalonnent le furan,
33:27 comme ici, à Andrézieux-Bouthéon.
33:30 ...
33:33 -On se trouve sur le site de la fabrique.
33:36 On n'est pas très loin de la confluence avec le fleuve Loire.
33:39 On peut voir qu'il y a un seuil qui avait été construit
33:42 dans la rivière à l'époque pour alimenter en eau une ancienne usine.
33:45 Ce seuil, comme il est assez haut,
33:48 ça constitue un obstacle pour les poissons,
33:51 c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas remonter dans la rivière.
33:54 Dans le cadre du contrat de rivière,
33:57 on a installé une passe à poissons que vous voyez sur la droite.
34:00 C'est des bassins, ça fait comme des escaliers
34:03 qui vont permettre aux poissons de remonter dans la rivière.
34:06 On essaye, à chaque seuil dans le furan et dans ses affluents,
34:09 de pouvoir installer ces passes à poissons
34:12 qui permettent aux poissons qui vivent dans la Loire
34:15 de remonter dans le furan et dans les affluents
34:18 pour suivre leur cycle de vie et se reproduire dans les zones de frayère.
34:21 Là, on est sur la passe de la fabrique.
34:24 Ensuite, on en a une au Peuplier.
34:27 Petit à petit, on en a fait également 2 sur le Malval,
34:30 qui est l'affluent, un des affluents du furan à la Fouillouse.
34:33 Il y en a 2 qui ont été construites en 2022.
34:36 On poursuit petit à petit l'amélioration de la continuité écologique.
34:39 Au début des années 2000,
34:47 les poissons avaient complètement disparu du furan.
34:50 Considérée comme une rivière sans vie,
34:53 une des pires de France.
34:56 Mais depuis les efforts faits pour l'amélioration
35:02 de la qualité de l'eau et la construction des passes à poissons,
35:05 on assiste peu à peu à un retour de la biodiversité.
35:08 Et on peut même observer une scène tout simplement impensable
35:13 il y a quelques années encore.
35:16 (musique)
35:19 (musique)
35:23 (musique)
35:26 (musique)
35:50 (musique)
35:53 Avant, c'était une rivière très polluée.
36:18 Donc, toutes les industries rejetaient leurs eaux usées dans cette rivière.
36:22 Maintenant, la ville de Saint-Etienne
36:25 et aussi la ville d'Andrés-Huberton
36:28 font en sorte qu'il y ait moins d'eau usée
36:31 qui soit rejetée dans cette rivière,
36:34 donc elle devient de moins en moins polluée pour les poissons.
36:37 Avant, on voyait beaucoup de poissons malades,
36:41 beaucoup de poissons avec des taches blanches,
36:44 des poissons morts sur les bords de rivières,
36:47 dû à cette pollution.
36:50 Et maintenant, on voit de plus en plus de poissons,
36:53 de plus en plus d'espèces. Par exemple, on voit du barbeau,
36:56 alors qu'avant, il y a 3-4 ans, il n'y en avait pas.
36:59 Il y a des lâchées de truite qui se font un peu plus haut sur un parcours nocile
37:02 qui ne se faisaient pas avant parce que la truite,
37:05 elle ne pouvait pas vivre car l'eau était trop polluée.
37:08 La rivière s'améliore d'année en année.
37:13 L'eau est beaucoup plus claire.
37:16 Avant, il y avait une forte odeur de javel, je dirais.
37:19 Et maintenant, cette odeur s'envoie petit à petit,
37:22 donc c'est vraiment bien pour cette rivière.
37:43 C'est une rivière qui reste quand même encore polluée maintenant,
37:46 donc c'est compliqué.
37:49 Ce qu'il faudrait faire pour améliorer, c'est qu'il n'y ait plus d'eau du tout
37:52 qui se rejette dans la rivière.
37:55 Ça, après, ce n'est pas nous qui le décidons.
37:58 C'est malheureux de voir ça, mais c'est comme ça.
38:01 Ça s'améliore. On verra dans quelques années.
38:04 Peut-être qu'il n'y aura plus du tout de rejet dans la rivière.
38:07 C'est ce qu'on espère, en tout cas.
38:10 (musique douce)
38:13 Malgré tous les efforts faits,
38:21 il reste encore du chemin à parcourir.
38:24 Il persiste encore de trop nombreux écoulements d'eau usée
38:27 et de polluants dans le furon.
38:30 Peut-être un jour, la qualité de ces eaux sera totalement préservée
38:33 et il coulera à nouveau
38:36 sans qu'aucun déversement ne vienne le souiller.
38:39 (musique douce)
38:42 Après des siècles d'indifférence,
38:51 le furon est aujourd'hui l'objet d'attention et de soin.
38:54 Dans le quartier de Val-Benoît,
38:57 où le furon disparaît sous la ville,
39:00 des techniciens s'apprêtent à faire une mesure
39:03 de la pollution des eaux.
39:06 - On va installer des cages à bryophytes,
39:09 donc c'est des plantes qui vivent dans l'eau,
39:12 qui ont été prélevées dans un ruisseau en amont,
39:15 installées dans un genre de grillage pour pas qu'elles passent à travers.
39:18 Et on va aller les installer dans le furon pendant 3 semaines.
39:21 Elles vont être au contact du furon, de l'eau
39:24 et filtrer l'eau pendant ces 3 semaines-là.
39:27 On viendra les récupérer plus tard et après, du coup,
39:30 ça partira en analyse pour regarder les micropolluants
39:33 qui sont passés pendant ces 3 semaines,
39:36 où elles auront été dans l'eau du furon.
39:39 Si certains s'affairent à restaurer l'intégrité physique du furon,
39:45 d'autres travaillent à lui redonner une place
39:48 dans le coeur des Stéphanois.
39:51 Pour aller à la rencontre de ces personnes,
39:54 il faut se rendre aux archives municipales de Saint-Étienne.
39:58 - Donc ça, c'est une carte qui est datée de 1853.
40:01 - De 1853, oui.
40:04 Alors, c'est une carte qui a été commandée
40:07 par les usiniers et la ville de Saint-Étienne
40:10 dans le cadre d'une procédure juridique qui les opposait.
40:13 Puisqu'en 1834, la préfecture de la Loire
40:16 a autorisé la ville de Saint-Étienne
40:19 à prélever une partie des eaux du furon
40:22 pour alimenter les usiniers et les usiniers de Saint-Étienne.
40:25 Donc, une partie des eaux du furon pour alimenter
40:28 les fontaines publiques, donc avec les eaux du furon.
40:31 Sauf que la problématique pour les usiniers,
40:34 c'est qu'ils avaient installé beaucoup d'éléments industriels
40:37 le long du furon, notamment des moulins,
40:40 donc tout ce qui utilisait la force motrice du furon,
40:43 et que par l'utilisation de l'eau par la municipalité,
40:46 le rendement industriel de ces entreprises était impacté.
40:49 Fortement ou pas, après, c'est des choses
40:52 qui font l'objet justement de la procédure.
40:55 Mais à cause de cette dérivation de l'eau,
40:58 les usiniers demandent à ce que la ville de Saint-Étienne
41:01 les dédommage pour les préjudices qu'ils subissent
41:04 à cause du prélèvement des eaux.
41:07 - Oui, pour que ça puisse susciter
41:10 de tels questionnements juridiques
41:13 et de telles réalisations, en mesure
41:16 combien l'eau était une richesse
41:19 et constitue toujours aujourd'hui une richesse.
41:22 Donc il y a toute une histoire des mentalités
41:25 et du rapport à la nature qu'on peut aborder
41:28 via une prise en considération de l'histoire de la rivière
41:31 et du furon en particulier dans une ville comme Saint-Étienne
41:34 qui a été particulièrement industrialisée.
41:37 Il y a à peu près un an, j'ai eu envie
41:46 de lancer un projet sur le furon.
41:49 Donc j'habite Saint-Étienne et j'avais envie
41:52 de parler de ma ville et de parler de cette rivière
41:55 qui la traverse en étant complètement invisible
41:58 et souvent ignorée de ses habitants.
42:01 Et donc l'idée, c'était de lancer une enquête photographique
42:04 sur le furon depuis sa source,
42:07 au Bessin, à 1100 m d'altitude à peu près,
42:10 jusqu'à l'endroit où il rejoint la Loire
42:13 à Andrézieux-Boutéon, je crois,
42:16 à 300 m ou 400 m, enfin assez bas.
42:19 Le projet, initié par Daniel Méau sur le furon,
42:36 fait appel à de nombreux intervenants
42:39 aux disciplines variées.
42:42 Un des intervenants, le photographe Pierre Suchet,
42:45 un artiste dont la technique renvoie
42:48 aux origines de la photographie.
42:52 [Musique]
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43:49 Donc en fait, je prends des photos du furon.
43:52 En fait, mon sujet photo, c'est la rivière
43:55 depuis le Bessat à sa source,
43:58 jusqu'à l'endroit où le furon se jette
44:01 dans la Loire, à Andrézieux-Boutéon.
44:04 Donc j'arpente sur une longue durée,
44:07 ça fait quasiment deux ans que j'ai commencé,
44:10 la rivière à pied, avec une chambre photographie.
44:13 Alors la chambre, c'est un peu
44:16 les premiers appareils photos,
44:19 même si celle-là, elle est de construction récente.
44:22 Il y a plein de raisons de travailler à la chambre.
44:25 D'abord, le rendu des photos
44:28 qu'on obtient dans les niveaux de gris,
44:31 dans le respect des verticales quand on a des bâtiments,
44:34 dans le rendu, le piqué.
44:39 Donc il y a une matière incroyable,
44:42 parce que c'est des grands négatifs de 10 cm sur 12 cm,
44:45 donc il y a beaucoup de matière photographique.
44:48 La chambre aussi, c'est le plaisir
44:51 d'utiliser un engin
44:54 qui est quand même, je trouve, magnifique.
44:57 Et puis c'est aussi le plaisir, surtout dans des endroits comme ça,
45:00 c'est un déclencheur d'interaction sociale.
45:03 Quand les gens voient ça, ils s'arrêtent, on discute,
45:06 et moi ça me permet de leur poser des questions justement
45:09 sur leur rapport à la rivière.
45:12 Donc il y a aussi cet intérêt.
45:15 Et puis je trouve que c'est intéressant
45:18 parce que dans la rivière et l'eau,
45:21 la chambre c'est un exercice de sobriété.
45:24 C'est-à-dire qu'on mitraille pas les photos une journée.
45:27 Si je fais 15 photos,
45:30 peut-être 20, des grands jours,
45:33 si je commence très tôt et que je finis tard.
45:36 Mais c'est une école de lenteur, de ralentissement,
45:39 et puis on réfléchit avant de déclencher
45:42 parce que ça coûte un peu plus cher
45:45 que du numérique.
45:48 J'adore le son,
45:54 l'obturateur qui s'ouvre pendant une seconde.
45:57 Voilà, dans la boîte.
46:03 Dans la grosse boîte, maintenant, dans la petite boîte.
46:09 Il faut avoir le hors-champ.
46:12 - Donc là, ça te sert à quoi de faire ça,
46:17 de reprendre en photo en virée ?
46:20 - Ça me permet après coup de voir quel était le hors-champ.
46:23 C'est-à-dire que là, c'est un format 4/5,
46:26 donc 10 cm sur 12,
46:29 donc c'est une certaine proportion.
46:32 Sur un smartphone, c'est du panoramique,
46:35 donc en vertical, j'ai tout en haut, tout en bas,
46:38 à droite et à gauche.
46:41 J'aime bien, quand je reviens, que j'ai développé mes photos,
46:44 comparer les deux et me dire "Ah zut, tiens,
46:47 il y a un truc que t'as pas vu sur le moment
46:50 où ça aurait été intéressant de plus s'intégrer,
46:53 je sais pas, les boulis ici, par exemple,
46:56 ou les arbres qui sont là."
46:59 Il y a l'information de la couleur aussi,
47:02 que ça fotographie en noir et blanc,
47:05 et le smartphone, évidemment, c'est en couleur.
47:08 Donc ouais, c'est intéressant de comparer les deux.
47:11 (musique)
47:14 (musique)
47:17 (musique)
47:46 Donc là, on est rue de Dunkerque,
47:49 dans la zone d'activité La Rivière,
47:52 un peu en contrebas de la station EDF.
47:55 C'est un point où je suis venu il y a un an à peu près.
47:58 J'avais pas pris la photo et j'ai regretté,
48:01 donc voilà, c'est le jour pour le refaire.
48:04 Et j'aime beaucoup parce que d'un côté,
48:07 il y a la végétation, c'est la verdure,
48:10 et puis de l'autre, il y a une immense usine.
48:13 Donc la rivière est toujours en activité.
48:16 (musique)
48:19 (musique)
48:22 (musique)
48:25 (musique)
48:28 (musique)
48:31 La beauté et la subtilité des images de Pierre Suchet,
48:34 le soin apporté à leur composition,
48:37 sont autant d'hommages rendus au fur et à mesure.
48:40 La rivière du Furan, cette rivière cachée,
48:43 méconnue, longtemps considérée comme un simple égout.
48:46 À travers ces photos,
48:49 Pierre nous donne à voir toute la beauté
48:52 et la force qui se dégagent du Furan.
48:55 (musique)
48:58 (musique)
49:01 (musique)
49:04 (musique)
49:07 (musique)
49:10 (musique)
49:13 (musique)
49:16 C'est à Saint-Etienne, chez Daniel Méau,
49:19 que nous retrouvons Pierre.
49:22 Pour la première fois,
49:25 Pierre va présenter à l'instigatrice du projet
49:28 le fruit de plusieurs années de travail photographique sur le Furan.
49:31 (musique)
49:34 (musique)
49:37 Petit à petit,
49:40 Pierre compose une incroyable planche contact,
49:43 faite de dizaines de photos.
49:46 Sans conteste, le plus important travail photographique
49:49 jamais consacré au Furan.
49:52 (musique)
49:55 - Là, on est à la rivière.
49:58 - Oui, là, en fait, on est à la source,
50:01 et on voit...
50:04 C'est plus un affleurement d'eau que...
50:07 Le pont sous lequel passe l'acduque des sources.
50:10 - Oui, je vois bien, ça. - La ventellerie qui faisait la régulation
50:13 entre le barrage du Couffre d'Enfer et la fosse rivière.
50:16 Ici, le Furan en amont du campus,
50:19 très filerie, et il passe vraiment là-dessous.
50:22 - Qu'est-ce qui te fait dire que c'est le Furan ?
50:25 - Il y a des plaques d'égout,
50:28 des marquages à la bombe fluorescente marqués "Furan" avec une flèche.
50:31 - Qui avait fait ça ? - Je sais pas, c'est la direction de l'eau...
50:34 - La direction de l'eau. - Ou la voirie, ou...
50:37 Et puis, moi, sur ma carte, la carte que j'utilise pour mes repérages,
50:40 j'ai le tracé souterrain, donc je sais qu'il passe là.
50:43 - D'accord. - Voilà.
50:46 Donc après, le campus très filerie.
50:49 (musique)
50:52 (musique)
50:55 - Bientôt, un livre naîtra de ce travail collectif
50:58 et de ces photos.
51:01 C'est peut-être une ère nouvelle qui s'ouvre pour le Furan.
51:04 Une nouvelle page de son histoire,
51:07 écrite par des femmes et des hommes soucieux de sa mémoire,
51:10 de son état.
51:13 (musique)
51:16 Le Furan est peut-être une rivière cachée,
51:19 mais il n'en demeure pas moins une rivière
51:22 une rivière qui unit, qui inspire et qui a contribué à forger l'identité de Saint-Etienne.
51:30 [Musique]
51:58 Sous-titrage Société Radio-Canada