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Depuis quatre générations, cette famille marseillaise s'occupe de la dernière usine d'envergure qui fabrique du pastis de Marseille à Marseille. Aujourd'hui, c'est Maristella qui en est à la tête. Pour neo, elle raconte l'histoire de la société et parle de la transmission familiale. ‍‍

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00:00 Le pastis de Marseille, à condition de s'y mettre qu'un an, c'est 45 degrés au départ.
00:03 Un Marseillais, s'il est au bout du monde,
00:05 s'il est à Ushuaïa ou chez les Inuits,
00:08 et que quelqu'un lui met devant la nez une bouteille vide de pastis,
00:12 il va dire "c'est chez moi".
00:14 Ça fait quand même un gros bagage sur les épaules
00:17 pour faire perdurer une société qui est dans la famille depuis quatre générations.
00:24 Il ne faut pas tout saboter.
00:27 Le pastis de Marseille
00:31 Dans le pastis, vous avez l'alcool,
00:40 vous allez avoir la nettole qui va vous donner un goût d'anis,
00:43 et puis on rajoute du réglis et du caramel pour faire une belle couleur au niveau du pastis.
00:50 Au niveau de l'usine, on est quatre personnes actuellement.
00:52 Ça a été difficile à une époque parce que,
00:54 quand je suis venu rentrer ici, c'était tout à la main.
00:56 Beaucoup de maintenance, de portée de carton, tout ça.
01:00 Et puis là, c'est vrai que depuis qu'on a mécanisé beaucoup d'actions,
01:04 c'est beaucoup mieux, c'est beaucoup plus simple.
01:06 Là, c'est le réglis et le caramel.
01:21 Le crystal anis
01:23 On fait vraiment 70% de notre production avec les trois produits phares,
01:34 donc le cristal anis, le cristal sang et le pastis à Marseillais.
01:38 En fait, le cristal anis, donc l'anisette, c'est que de l'anis.
01:46 C'est l'histoire assez typique d'un Méditerranéen.
01:52 À la fin du XIXe siècle, il y avait une grosse crise économique
01:56 et beaucoup d'Espagnols émigraient à travers le monde.
02:00 Et mon arrière-grand-père, lui, il était parti à Alger
02:03 rejoindre un cousin déjà installé là-bas qui avait ouvert un bar.
02:06 Et donc, mon arrière-grand-père leur a fabriqué ce qu'on appelle aujourd'hui l'anisette,
02:10 cristal anis, ils l'appelaient comme ça.
02:12 Et la société est donc née officiellement en 1884 à Alger.
02:16 Ensuite, quand mon arrière-grand-père est mort, c'est mon grand-père qui a repris la suite.
02:20 Et en 1962, à l'indépendance de l'Algérie, mon grand-père, comme beaucoup, a débarqué à Marseille.
02:26 Et là, il a racheté la distillerie dans laquelle on est toujours.
02:31 C'est un petit peu comme la madeleine de Proust des Pieds Noirs.
02:39 C'est leur façon de parler de leur pays, du pays de leur jeunesse.
02:48 C'est la seule chose concrète qu'il leur reste de l'Algérie.
02:53 Je suis né en 1942, donc en 1962, quand je suis parti d'Algérie, j'avais 20 ans.
03:03 Donc, à la maison, c'était l'anisette.
03:06 C'était comme ça. Quand il y avait des réunions de famille,
03:09 mon père avec ses frères, ses beaux-frères, ses belles-sœurs.
03:14 Quand on se réunissait, il y avait toujours l'anisette au milieu.
03:17 Pour nous, la maison Christelle-Mignana, c'est comme si elle avait toujours été là.
03:21 Je l'ai vue tout à l'heure, cette petite plaque. Elle est toute petite, cette plaque.
03:25 C'est à Alger, c'est la rue Cosmille.
03:27 Et dans cette rue, il y avait la fabrication des allumettes Cosmille,
03:31 et il y avait aussi Christelle-Mignana.
03:34 Voilà, ça c'est des souvenirs. On ne peut pas oublier tout ça.
03:38 Déjà le parfum de l'anisette.
03:41 Un Marseillais, s'il est au bout du monde,
03:45 s'il est à Ushuaïa ou chez les Inuits,
03:48 et que quelqu'un lui met devant le nez une bouteille vide de pastilles,
03:52 s'il va dire "c'est chez moi", nous, l'anisette, c'est chez moi.
03:57 C'est chez moi, je suis chez moi, ça y est. Hop, ça y est.
04:00 On s'en va, on se retrouve là-bas.
04:05 C'est en nous, ça. Ça coule dans le sang.
04:09 On ne peut pas aller autrement.
04:12 Donc, voilà.
04:15 [Musique]

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