Vous savez le court métrage, c’est cette patate chaude que se refilent chaque année les remettants de la cérémonie des César forcés de lire un texte qui auparavant a fait suer sang et eau son rédacteur.
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00:00 9h47, Laurent, Laurent Delmas, vous avez promis de faire court ce matin !
00:05 Du moins de vous parler du court-métrage en général et d'un festival qui lui est
00:09 dédié en particulier.
00:10 Vous savez, le court-métrage, c'est cette patate chaude que se refilent chaque année
00:14 les remettants de la cérémonie des Césars, forcés de lire un texte qui auparavant a
00:18 fait suer sang et eau à son rédacteur.
00:20 Une voix inspirée, tendance, fagnardant, oana mouglalis, nous assure que le court-métrage
00:26 est la pouponnière de nos émotions à venir, l'alpha qui annonce l'oméga du futur Godard,
00:31 le rêve qui deviendra réalité ou bien encore, comme le disait Gwyneth Funès dans Carambolage,
00:36 le point sur le « i » du mot « adolescence ».
00:38 Celle-là, je vous laisse réfléchir.
00:39 Le pire, c'est que tout cela est vrai.
00:42 Le court-métrage donne la possibilité aux cinéastes de faire leur gamme.
00:45 Il est donc essentiel, parce qu'il permet à des artistes de s'exprimer et constitue
00:50 le premier maillon de l'industrie cinématographique.
00:52 Paradoxalement, sa diffusion reste trop souvent confidentielle.
00:56 D'où l'importance des festivals de cinéma qui toussent programmes des court-métrages.
00:59 Au premier rang d'entre eux est, depuis 45 ans, le navire amiral, celui de Clermont-Ferrand,
01:05 intégralement voué aux films courts venus du monde entier.
01:08 En février dernier, pour son édition 2023, il a comptabilisé, tenez-vous bien, 160 000
01:15 entrées, 70 programmes et 453 séances.
01:19 Quelques semaines plus tard, on apprenait, malgré cette audience, malgré des retombées
01:23 économiques locales indéniables, malgré un marché dynamique, on apprenait que le
01:28 conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes baissait sa subvention de plus de moitié.
01:33 Un coup très dur, alors que se font également sentir les effets de l'inflation.
01:38 Résultat, en février prochain, lors de l'édition 2024, on verra moins de films courts à Clermont
01:44 et le prix du ticket passera de 4 à 4,50 euros.
01:48 Une double peine en quelque sorte.
01:50 Un paradoxe aussi quand on sait que par ailleurs, la même région, et l'on s'en félicite,
01:54 investit régulièrement dans l'industrie du cinéma en aidant des films courts et longs.
01:59 Étrange d'aider la production en affaiblissant sa diffusion.
02:04 Et vous délaissez donc, Laurent, le moratoire ce matin, vous avez rédigé une lettre ouverte.
02:09 Oui, une lettre ouverte à M.
02:11 Laurent Wauquiez, président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, parce qu'il n'est
02:15 jamais trop tard pour changer d'avis.
02:17 Je ferai court, cela va de soi.
02:19 M. le président, ainsi que l'a rappelé la ministre de la Culture dans sa grande prudence,
02:24 vous avez parfaitement le droit de gérer vos subventions culturelles, comme vous l'entendez.
02:28 Mais je note que vous soutenez avec d'autres la candidature de Clermont-Ferrand comme capital
02:33 européen de la culture pour 2028.
02:35 Le coup porté au festival du court-métrage risque de faire mauvais genre dans le dossier.
02:39 Et puis surtout, surtout, il m'est revenu que Mediapart a révélé en février dernier
02:44 l'organisation, un an auparavant, sous l'égide de votre assemblée régionale, d'un dîner
02:49 dans un château pour 90 convives et pour un montant total de 100 000 euros.
02:55 Vous voyez comme ça tombe bien ? C'est le montant de la baisse de subvention régionale
03:00 à laquelle doit faire face le festival de Clermont.
03:02 Alors permettez-moi de conclure cette brève supplique en vous disant ceci.
03:06 M. le président, un peu moins de petits fours, un peu plus de petits cours.
03:10 Qu'en pensez-vous ? Veuillez agréer l'expression de Mme Philippe.
03:14 Nicolas Demorand : merci Laurent Delmas et à mardi prochain.