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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 Emmanuel Ducrox, c'est à vous. - Il n'y a pas de filtre.
00:02 Emmanuel Ducrox, la coopérative agricole de la Sarthe qui élève les célèbres poulets de louet.
00:09 La Cafel a annoncé son intention de fermer 200 poulaillers en France sur les 2600.
00:14 Quelconque, c'est une mauvaise nouvelle et vous allez nous dire pourquoi.
00:17 - Les poulets de louet, des poulets la Belle Rouge, c'est-à-dire le haut de gamme de la volaille de grande consommation,
00:22 font face à une forte baisse de leur vente, un recul de 5 à 7 % pour l'année 2023 qui n'est pas terminée,
00:27 après 8 % l'an passé. Pour les éleveurs, c'est devenu compliqué.
00:31 La nourriture des animaux a beaucoup augmenté, comme tout le reste d'ailleurs, l'énergie, le transport.
00:35 Les volailles plus chères sont difficiles à vendre et en deux ans, la consommation de poulets la Belle Rouge
00:40 dans toute la France est passée de 126 millions d'animaux à 95 millions en France.
00:44 C'est une sacrée chute, c'est un des échecs de cette montée en gamme souvent présentée comme la solution pour notre agriculture.
00:51 - Pourtant, vous allez me dire si je me trompe, mais j'ai l'impression qu'on mange de plus en plus de poulets.
00:55 - Oui, la consommation n'a pas du tout baissé, au contraire, elle continue d'augmenter, +5 % en 2022.
01:00 La France est devenue le premier pays consommateur de poulets en Europe, on en mange 15 par an et par personne.
01:06 Je ne sais pas si c'est votre cas.
01:06 - Ah oui, dit comme ça, c'est marquant. Bon, qu'est-ce qui se passe ?
01:09 Est-ce que c'est parce que c'est poulet la Belle Rouge ? Pourquoi ne se vend-il plus en fait ?
01:13 - Il ne faut pas chercher midi à 14h, l'inflation a imposé aux consommateurs de faire des choix.
01:18 Les ménages ont d'abord renoncé au bœuf pour le porc, pour la volaille, mais très vite,
01:23 les poulets haut de gamme, la Belle Rouge, ont été remplacés pour beaucoup de ménages par des découpes d'entrée de gamme françaises, puis importées.
01:29 L'inflation a provoqué un glissement de la consommation vers le bas en termes de qualité.
01:34 - Et les importations dans tout ça ?
01:36 - Le poulet, ça reste un des symboles de l'érosion de la souveraineté alimentaire.
01:40 En France, un poulet consommé sur deux est importé de Belgique, de Pologne, des Pays-Bas, de Brésil, pire, de Thaïlande, d'Ukraine.
01:47 Ces poulets servent essentiellement les cantines, les sandwicheries, les restaurants.
01:50 Un poulet sur trois qu'on y mange vient d'ailleurs.
01:53 Mais jusqu'à une époque récente, les poulets que les consommateurs achetaient eux-mêmes, c'est-à-dire au supermarché, étaient des poulets français, à 85%.
02:00 En matière de volaille, les consommateurs mettaient en conformité leurs paroles et leurs actes.
02:04 On veut du poulet élevé correctement, on achète du poulet français.
02:06 Et bien l'inflation a abîmé toutes ces bonnes intentions.
02:09 - Bon, pour résumer, que révèle cette affaire des poulets de louer ?
02:12 - Eh bien, nos contradictions.
02:14 Les Français veulent du poulet français, mais surtout pas vivre à côté des élevages devenus quasiment impossibles à construire.
02:20 Le prix de nos poulets s'explique aussi par la complexité administrative folle, les normes délirantes qui entourent l'élevage.
02:27 Et c'est aussi ça que nous payons aujourd'hui avec la fermeture des élevages de poulets Labelle Rouge.
02:32 Des coûts de production 20-30% plus élevés que chez nos voisins, pour une volaille équivalente.
02:37 Et plus ils sont chers, et bien plus ils sont durs à vendre.
02:39 Et nous revoilà au début de cette chronique.
02:41 C'est une histoire d'œufs et de poules qui ne trouve pas de solution.
02:44 - Signature Europe 1, Emmanuel Ducrox. Merci beaucoup Emmanuel.
02:47 8h52.

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