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Jean-François Ricard, procureur de la République antiterroriste, s'est exprimé ce dimanche soir en direct du tribunal judiciaire de Paris, lors d'une conférence de presse consacrée à l'attaque perpétrée samedi soir près de la tour Eiffel par un suspect fiché S.

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Transcription
00:00 Mesdames et Messieurs, hier soir, une attaque a eu lieu dans les 15e et 16e arrondissements de Paris.
00:08 En l'état des investigations, voici ce que je peux indiquer sur le déroulement des faits.
00:15 Vers 21h30, Armand Rajapour Myandwab, né en 1997 à Neuilly, agressait un groupe de trois personnes d'origine philippine,
00:27 quête Grenelle, à l'entrée du pont de Bir Hakeim. Il assénait deux coups de marteau et quatre coups de couteau à l'une d'entre elles.
00:37 Cette victime, un homme possédant la double nationalité, philippine et allemande, et âgé de 23 ans, décédait des suites de ses blessures.
00:49 Les deux personnes accompagnant n'étaient pas blessées physiquement.
00:55 Voyant la scène, un chauffeur de taxi criait à l'encontre de l'agresseur. Ce dernier répliquait Allah Ouagbar et levait les bras au ciel avant de prendre la fuite.
01:06 Il empruntait alors le pont de Bir Hakeim en direction du 16e arrondissement. Arrivé de l'autre côté du pont, il se trouvait confronté à une patrouille de police.
01:17 Alors que ses fonctionnaires s'avançaient vers lui, il criait à nouveau Allah Ouagbar et leur déclarait être muni d'une ceinture explosive.
01:26 Puis il s'enfuyait, poursuivi par les policiers, et remontait à l'avenue Kennedy en direction de la maison de la radio.
01:35 Durant ce trajet, il frappait au niveau de la tête, à l'aide du marteau dont il était toujours muni, deux passants qu'il croisait,
01:43 un ressortissant britannique et une personne de nationalité française. L'auteur, qui s'était réfugié dans un square à proximité,
01:54 était finalement maîtrisé par les fonctionnaires de police au moyen d'un pistolet à impulsion électrique dont il était fait usage à deux reprises.
02:05 Il était immédiatement placé en garde à vue. À ce stade, le bilan victimaire est le suivant. Une personne décédée, deux personnes blessées,
02:19 celles qui ont été touchées par les coups de marteau, elles ont été prises en charge par les services de secours et,
02:26 après avoir reçu les soins appropriés dans des centres hospitaliers, elles sont rentrées à leur domicile. Deux autres personnes,
02:35 celles qui accompagnaient la victime décédée, restent particulièrement choquées. Elles sont encore sous surveillance médicale et n'ont pu être entendues
02:45 pour le moment. Nos pensées se tournent bien évidemment vers elles et vers leurs proches. Toutes les dispositions ont été mises en œuvre
02:55 afin que chacune des victimes puisse bénéficier d'une prise en charge adaptée et la plus complète possible. Hier, dès la fin de soirée,
03:08 le parquet national antiterroriste s'est saisi des faits. Cette saisine était motivée d'abord par le déroulement et la nature même des faits.
03:19 Ensuite, par la personnalité de leur auteur, déjà condamné pour une infraction terroriste. Et enfin, par le suivi dont il faisait toujours l'objet
03:32 de la part des services spécialisés au regard de sa radicalisation persistante. L'enquête est immédiatement ouverte des chefs d'assassinats
03:45 en relation avec une entreprise terroriste, de tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et d'associations
03:52 d'infecteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d'atteinte aux personnes. Les investigations sont confiées à la direction régionale
04:02 de la police judiciaire de Paris en cause saisie avec la DGSI, la brigade criminelle étant le service désigné comme coordonnateur.
04:12 Les premières investigations ont permis de mettre en évidence que l'auteur des faits avait enregistré une vidéo avant de passer à l'acte.
04:23 Dans ce film, s'exprimant en langue arabe, il se présentait comme étant « Abu Talha al-Khorasani », ce qui constitue une référence
04:34 à l'organisation terroriste Etat islamique agissant actuellement à partir de l'Afghanistan. Lors de cette vidéo, il prêtait allégeance
04:44 à l'Etat islamique. Il apportait son soutien aux djihadistes agissant dans différentes zones, notamment en Afrique, en Irak, en Syrie,
04:56 au Sinaï, au Yémen, au Khorasan ou encore au Pakistan. Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X, X Twitter,
05:06 dont un premier examen faisait aussi apparaître de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza ou plus généralement la Palestine.
05:16 Ce compte avait été ouvert début octobre. Outre l'auteur des faits, trois autres personnes sont actuellement placées en garde à vue,
05:27 appartenant à la famille ou à l'entourage de l'auteur. C'est le son des antécédents de l'auteur Armand Rajapour Mian Doab,
05:38 qui avait été condamné par le tribunal correctionnel de Paris le 16 mars 2018 pour les faits d'association de malfaiteurs en vue de préparer
05:47 un acte de terrorisme, fait qui avait été commis courant 2015-2016. L'information judiciaire qui avait été alors ouverte à son encombre
06:00 avait permis de démontrer qu'il était issu d'une famille sans aucun engagement religieux et qu'il s'était converti à l'islam à l'âge de 18 ans en 2015
06:10 et qu'il avait très rapidement versé dans l'idéologie djihadiste. À cette occasion, il avait massivement consulté des vidéos et des documents
06:21 de propagande diffusés par l'État islamique. Il avait aussi noué des liens avec des individus ancrés dans l'idéologie djihadiste,
06:32 dont certains étaient déjà actifs en zone irako-syrienne. S'il était ami sur Facebook avec le futur auteur de l'attentat de Magnanville,
06:43 aucun échange n'avait eu lieu entre eux. De même, s'il avait aussi eu quelques échanges avec un des futurs auteurs de l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray,
06:53 sans lien, c'était sans lien néanmoins avec la préparation de cet acte violent. Enfin, au printemps 2016, il avait projeté de rejoindre l'État islamique
07:02 en zone irako-syrienne. C'est au regard de l'ensemble de ces éléments qu'il avait été condamné à la peine de 5 ans d'emprisonnement,
07:14 dont un an assorti d'un sursis avec mise à l'épreuve pendant une durée de 3 ans. Il avait été détenu depuis le 2 août 2016.
07:22 Il avait été libéré le 25 mars 2020. Il avait ensuite été suivi dans le cadre d'un suivi avec mise à l'épreuve. Compte tenu de certains incidents,
07:35 en particulier d'une prise de contact via les réseaux sociaux avec un individu radicalisé, en l'espèce le futur auteur de l'assassinat de Samuel Paty,
07:47 Le PNAT avait obtenu un renforcement des obligations auxquelles l'intéressé était soumis. L'évolution de certains troubles psychiatriques déjà relevés
07:57 lors de sa détention conduisait en outre Le PNAT à requérir la réalisation d'une nouvelle expertise psychiatrique. À la suite de cette dernière,
08:08 l'auteur était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordonnateur. Ce suivi était effectif
08:20 jusqu'à la fin de la mise à l'épreuve, le 26 avril 2023. À compter de cette date, il était pris en charge par les services de renseignement.
08:34 Fin octobre 2023, la mère de l'agresseur avait signalé son inquiétude quant au comportement de son fils qui se repliait sur lui-même. Toutefois, aucun élément
08:44 n'avait permis de susciter de nouvelles poursuites pénales dans ces circonstances. Les investigations se poursuivent donc dans le cadre de l'enquête de flagrance.
08:56 Et à l'issue de celle-ci, une information judiciaire sera ouverte. Je vous remercie.

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