Sandrine Bonnaire va porter plainte contre un Ehpad après la mort de sa mère. Elle était l'invitée de BFMTV ce vendredi 1er décembre.
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00:00 Je n'ai jamais été sur les réseaux sociaux, mais j'ai décidé de le faire aujourd'hui.
00:03 Pour à la fois dénoncer un dysfonctionnement,
00:06 dénoncer des maltraitances, des négligences,
00:10 au sein de l'EHPAD où résidait ma mère.
00:13 Ma mère est décédée le 23 août.
00:16 Ma mère n'avait aucune maladie.
00:19 C'est ce qui nous a amenés à enquêter sur la cause de son décès.
00:24 Ma famille et moi avons rassemblé suffisamment d'éléments
00:27 pour qu'on puisse porter plainte.
00:30 Il est impensable qu'il y ait de la négligence,
00:33 qu'il y ait de la maltraitance dans certains établissements.
00:36 Il y a déjà eu des scandales, on les connaît.
00:39 Je sais que ça va être un long combat,
00:41 mais c'est un combat que je menerai jusqu'au bout
00:47 pour redonner de la dignité à ma maman.
00:49 De perdre une maman, c'est déjà triste,
00:52 mais de perdre une maman dans des conditions déplorables,
00:56 c'est extrêmement douloureux.
00:59 Donc je pense qu'il est important d'alerter
01:02 et de faire avancer les choses.
01:06 Bonsoir Sandrine Bonner.
01:08 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
01:11 Actrice et réalisatrice qu'on connaît bien, évidemment.
01:13 On est très heureux de vous avoir ici ce soir.
01:16 Et Romain Ghisolme, directeur de l'association
01:18 des directeurs au service des personnes âgées.
01:20 Merci également d'avoir accepté notre invitation.
01:22 Je le disais, vous parlez rarement dans les médias,
01:25 vous parlez rarement sur les réseaux sociaux.
01:27 Qu'est-ce qui vous a poussé à vous exprimer ?
01:32 Les raisons de son décès.
01:36 En fait, les conséquences de son décès
01:41 sont liées à une négligence.
01:48 Alors je ne peux pas détailler les raisons du décès
01:53 puisque nous allons entamer une procédure.
01:57 Donc il y a des choses que je ne peux pas vous dire.
02:00 Mais ce que je peux dire en revanche,
02:02 c'est même au-delà du décès,
02:04 ma maman a été dans cet établissement depuis trois ans
02:07 et elle a commencé à se plaindre,
02:10 tout d'abord par la nourriture.
02:14 Ensuite, ça a été le papier toilette
02:19 qui n'était pas dans les chambres,
02:20 des draps qui n'étaient pas faits.
02:24 Il y a plein de petites erreurs comme ça qui se sont accumulées.
02:29 Et puis ensuite, c'était de pire en pire,
02:34 la toilette et mes deux sœurs qui habitent dans cette région.
02:40 Deux de mes sœurs s'occupaient beaucoup d'elle.
02:42 Elle faisait d'ailleurs quasi le travail de...
02:46 - D'aide soignante. - Tout à fait.
02:48 - C'est un Ehpad public de Charente-Maritime. - Tout à fait.
02:53 Voilà, vous dites qu'il n'y avait pas de papier toilette,
02:56 que votre mère ne marchait quasiment plus ou plusieurs fois.
02:59 La carafe d'eau était posée à l'autre bout de la pièce,
03:02 impossible pour elle de se servir.
03:05 Ces exemples-là, vous en avez plein.
03:06 Vous dites aussi que vous avez pu rassembler ces éléments au fil des mois.
03:12 Vous avez mené votre enquête d'une certaine manière ?
03:16 Oui, je peux dire ça.
03:18 C'est très épuisant, je vous avoue, et très douloureux.
03:23 Oui, j'ai rassemblé plein d'éléments.
03:25 Et puis, je pense que je ne suis pas au bout d'obtenir encore des choses.
03:33 Et puis, j'ai mes deux sœurs qui sont témoins.
03:36 Et nous avons un groupe WhatsApp maman.
03:40 On avait appelé maman et on communiquait tous
03:45 en fonction de ce qui se passait dans cette EHPAD.
03:48 Et voilà, il s'est encore passé telle chose, telle chose.
03:54 Et elles ont alerté la directrice.
03:59 Moi aussi, j'ai eu une conversation avec la directrice.
04:01 Et qu'est-ce qu'elles vous ont répondu ?
04:03 Qu'est-ce qu'elles vous ont répondu ?
04:05 Alors, c'est compliqué parce qu'il y a à la fois un vrai souci,
04:12 qui est la manière dont les gens, enfin le peu de moyens qu'il y a
04:18 pour bien travailler, les sous-effectifs,
04:22 tous ces choses-là, voilà, manque de personnel, tout ça,
04:25 j'en suis très consciente.
04:27 Mais à l'intérieur de tout ça, il y a aussi des gens qui sont négligents.
04:34 Et je sais que ma mère a eu affaire à certains soignants
04:39 qui étaient négligents et une directrice qui ne…
04:45 qui ne… comment dire…
04:47 - Réagissait pas ? - Réagissait pas, voilà.
04:50 Est-ce que vous avez l'impression qu'ils étaient négligents parce que…
04:53 - Alors, ils n'étaient pas tous. - Pas tous, évidemment.
04:55 Mais ceux auxquels vous avez été confrontés,
04:58 parce que justement, il n'y avait pas assez de monde,
05:01 pas assez d'effectifs ?
05:05 Comment vous l'expliquez ?
05:06 Alors, je l'explique, et nous en parlions tout à l'heure,
05:10 je pense qu'effectivement, être en sous-effectif veut dire aller vite,
05:18 puisque vous avez trois aides-soignants pour 90 résidents
05:24 et il faut aller vite, donc on donne la douche à ces personnes
05:31 et on les agite dans tous les sens, ça leur fait mal,
05:33 ce sont des gens qui sont vulnérables.
05:35 Donc il y a ça, il y a le problème de la nourriture, par exemple,
05:39 ma mère ne voulait pas, même ça c'est scandaleux,
05:41 c'est la nourriture qui était fournie par…
05:47 c'est la même nourriture que l'hôpital de cette région.
05:51 Donc ma mère n'aimait pas manger cette…
05:53 et je les ai vus les plateaux, c'est vrai que ce n'était pas du tout alléchant.
05:57 Donc mes sœurs lui préparaient des repas,
06:00 on lui avait mis un petit frigo,
06:03 et puis la demande était qu'on lui fasse réchauffer ses plats.
06:08 Et ce n'était pas fait, ce n'était pas fait.
06:11 Il y a des gens qui ne le faisaient pas,
06:13 et d'autres qui voulaient bien le faire,
06:16 mais qui n'avaient pas le temps de le faire.
06:18 Et donc, parce que le micro-ondes est au fond du couloir,
06:23 alors on a réussi à faire en sorte qu'elle puisse avoir un micro-ondes dans sa chambre,
06:29 sauf que ça n'a rien changé,
06:30 c'est-à-dire qu'on ne la faisait pas manger.
06:34 - On ne lui réchauffait pas ses plats ? - Non.
06:37 On est deux ans après la publication du livre "Enquête les faussoyeurs"
06:41 du journaliste Victor Castanet,
06:45 livre qui a fait beaucoup parler sur des cas de maltraitance de pensionnaires
06:50 du groupe privé de maison de retraite Orpée,
06:52 en l'occurrence c'est un Ehpad public dont il est question pour vous.
06:57 - Votre mère était donc déjà en Ehpad lorsque ce livre est sorti ?
07:03 - Il est sorti il y a deux ans, oui.
07:08 - Est-ce que vous avez eu connaissance de cette enquête, de ce livre ?
07:12 Est-ce que ça vous a poussé à être plus vigilante, ou pas forcément ?
07:17 - J'avais entendu parler de ce livre, mais je l'ai lu il y a très peu de temps,
07:22 et d'ailleurs je salue vraiment son travail, c'est un chapeau.
07:26 C'est un livre extrêmement utile.
07:30 En tout cas, c'est pas ça qui m'a...
07:32 Oui, on était vigilants, parce que c'est toujours difficile
07:38 de mettre quelqu'un en Ehpad, et puis quel est le choix ?
07:44 Moi j'aurais évidemment adoré garder ma maman à la maison,
07:48 mais c'est impossible, et puis justement en cas de risque,
07:54 de quoi que ce soit au niveau de la santé,
07:57 on a peur, et puis c'est très lourd de s'occuper, et puis c'est très cher.
08:02 Et même si je suis actrice et que je gagne bien ma vie,
08:04 ça reste quand même très cher.
08:07 Donc voilà, on était vigilants dans le sens...
08:12 On faisait en sorte qu'elle soit au mieux,
08:15 donc on était très accompagnants, nous aussi.
08:21 Donc du coup, on pouvait constater au fur et à mesure ce qui se passait,
08:26 puisqu'elle avait quand même des visites très régulières,
08:30 de mes deux sœurs en tout cas.
08:31 Et aujourd'hui, vous avez porté plainte déjà ?
08:34 Nous sommes en train de le faire.
08:35 Vous êtes en train de le faire, donc.