Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, la France rurale et la France citadine face à face après le drame de Crépol et les réactions de la presse après le décès du diplomate Henry Kissinger.
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00:00 La revue de presse d'Europe 1, Olivier Delagarde, on dit parfois que les journaux n'ont pas de mémoire,
00:06 qu'une information chasse l'autre, et bien ce matin justement elle retourne à Crépole.
00:10 - À Crépole puis à la cité de la Monnaie d'où sont originaires les agresseurs de Thomas,
00:14 c'est le Figaro qui nous emmène dans ces deux Frances que tout sépare. L'une rurale de la classe
00:20 moyenne tournée vers la nature et le rugby, l'autre citadine vivant dans une cité plus défavorisée.
00:27 Crépole est historiquement plutôt à gauche, écrit Rosen Morga, mais depuis le meurtre de Thomas,
00:32 les opinions politiques de certains vacillent. Sur le parvis de l'église, elle rencontre Lisa,
00:37 qui lâche avec colère. "Politiquement j'ai toujours été modérée mais moi ce racisme anti-blanc,
00:42 il me donne envie d'être raciste en retour." 17 kilomètres au sud, maintenant, Romand-sur-Isère.
00:49 Dans le centre-ville, le musée de la chaussure raconte un passé industriel dynamique. À l'est,
00:54 les bâtiments défraîchis du quartier de la Monnaie ont été construits dans les années 60 pour
00:59 accueillir la main-d'oeuvre des ateliers. Louane, 58 ans, vient passer son enfance avec ses parents
01:05 venus d'Algérie. "On vivait en harmonie avec les autres", raconte-t-elle, "italien, espagnol,
01:10 arabe, il n'y avait pas de trafic de drogue. À la maison, on était musulmans pratiquants mais
01:15 aucune d'entre nous se voilait. Ma mère était fan des femmes françaises chics, on voulait ressembler
01:20 à Catherine Deneuve. Le délitement date des années 90, le trafic de drogue a fait plonger la cité.
01:26 Aujourd'hui, il y a aussi ces petites bouteilles de cuivre qui jonchent le sol, l'azote, ça les
01:32 shoot complètement. Certains matins, je les vois tôt défoncés, ils reviennent juste de leur soirée",
01:37 raconte un habitant. Voilà, lisez ce reportage du Figaro et puis ensuite ce dossier dans Marianne,
01:43 en forme de cri d'alarme. "Ralbole d'avoir peur", s'exclame l'hebdomadaire en une, qui titre "Comment
01:50 l'ultra-violence détruit la France". Dans ces colonnes, ce qui frappe Natacha Polony, c'est
01:56 l'usage de plus en plus courant du couteau face à des individus désarmés, ce que confirme d'ailleurs
02:01 Jérôme Fourquet dans le point. Ce recours au couteau, explique ce fin observateur de la société
02:06 française, porte la marque d'une violence désinhibée, de la disparition de tabous moraux chez des
02:13 individus n'hésitant pas à donner la mort pour des motifs souvent dérisoires. Enfin, si vous
02:19 estimez que ces propos ne sont que les fruits corrompus d'une presse d'ultra-droite, jetez un coup
02:24 d'œil à l'OPS, le grand hebdomadaire de gauche consacre sa une à ces jeunes de 16 ans qui deviennent
02:29 tueurs à gage pour les trafiquants de drogue. "Un phénomène qui sidère les autorités françaises",
02:34 écrit Violette Lazar. Elle a ainsi interviewé le nouveau procureur de Marseille. "Le monde a changé",
02:40 affirme ce spécialiste de la criminalité organisée, "le milieu du grand banditisme corso-marseillais
02:46 contre lequel les magistrats de ma génération luttaient a totalement disparu, il a été submergé
02:53 par la vague des narcotrafiquants. La réalité de la criminalité organisée en France est digne
02:59 des pires fictions." - L'actualité aujourd'hui, Olivier Delagarde, c'est aussi la présence d'Emmanuel
03:04 Macron à la COP 28. - Oui, l'occasion pour vos gazettes de dresser un bilan de l'action écologique
03:09 du chef de l'État et les avis sont bien évidemment partagés. Libération en Emmanuel Macron,
03:15 un vert sans fond, perçu comme écolo dans de nombreux pays, il déçoit au moment d'agir.
03:21 Dans le Figaro, Guillaume Tabard voit lui le vert à moitié plein. Dans de nombreux domaines,
03:25 Macron se voit reprocher de ne briller qu'en communication, en matière d'écologie,
03:30 c'est l'inverse, écrit-il. Les décisions sont là mais l'exécutif ne réussit pas à en convaincre
03:35 l'opinion. Et puis à propos de vert, lisez la longue interview de François Gemmene dans Les Echos.
03:41 Ce membre du GIEC, il décrypte très bien les enjeux de cette COP et puis au passage, il explique
03:46 pourquoi il a quitté le parti écologiste. "Les verts souffrent d'un grand manque d'empathie et
03:51 d'une incapacité à se mettre à la place des gens", déclarent-ils. "Pour eux, l'écologie n'est que
03:57 sacrifice et renoncement, ils sont déconnectés de la population". - Sinon la presse rend hommage
04:03 aussi ce matin à Henry Kissinger. - Enfin hommage, Dimitri, c'est vite dit. À peine décédé,
04:09 l'humanité assassine une deuxième fois l'ancien chef de la diplomatie américaine et dénonce ce
04:14 prix Nobel du cynisme. Kissinger, c'était la "mauvaise conscience de l'Amérique", écrit joliment
04:21 Libération. Mais s'il n'y a qu'un seul portrait que vous devez lire, choisissez celui du monde,
04:25 écrit par Henry Pierre. Henry Pierre fut correspondant à Washington dans les années 50 et
04:31 il est décédé en 1994. C'est donc un article d'outre-tombe. Kissinger citait souvent Goethe
04:38 "Pour qui mieux vaut une injustice qu'un désordre", résume feu notre confrère, qui souligne aussi
04:44 l'esprit facétieux et assez content de lui, de ce prince de la diplomatie. Un journaliste qui
04:50 lui demande comment il veut être appelé, il répond en souriant "simplement excellence, ça suffira".
04:56 Mais après ce centenaire, on va terminer avec Schnock. Oui, Schnock, c'est un trimestriel très
05:02 drôle qui s'adresse, comme il dit, aux vieux de 27 à 87 ans. C'est très arbitraire,
05:07 évidemment. Et qui s'intéresse, vous comprenez que je suis un peu dans la cible, et qui s'intéresse
05:13 avec légèreté à tout ce qui est emblématique donc pour les boomers, à la une du dernier numéro,
05:19 Bourvil. Et pour en parler, le magazine a lui aussi exhumé un article de l'au-delà, celui que
05:26 Barjavel écrivit dans le JDD le 27 septembre 1970. On ne résistait pas à sa gentillesse sur l'écran,
05:34 on a beaucoup parlé de sa bonté, mais la gentillesse est plus difficile et plus précieuse que la bonté.
05:40 Bourvil, dans toute sa carrière, n'a jamais fait rire aux dépens des autres, mais seulement de lui-même.
05:47 - On peut vivre sans richesse, presque sans le sou, des seigneurs et des princesses,
05:58 y'en a plus beaucoup. Mais vivre sans tendresse, on ne le pourrait pas. Non, non, non, non, on ne le pourrait pas.
06:11 - Je vais vous l'offrir, Pascal Praud, ça va vous passionner. - C'est quel est le dernier film de Bourvil ?
06:20 - Le dernier, c'est quoi ? - Non, alors là je donne ma langue au chat en cinéma, vous savez.
06:26 - Tout le monde pense que c'est Le Cercle Rouge, mais en fait c'est Le Mur de l'Atlantique.
06:31 - Je l'ignorais dans la chronologie cinématographique. - Le Cercle Rouge a dû sortir après Le Mur de l'Atlantique,
06:38 mais Le Mur de l'Atlantique a été tourné... Enfin bref. - Vous êtes cinéphile, on le sait.
06:43 - Il avait 53 ans, simplement, quand il est nommé maire, et c'est le père de Dominique Rimbourg qui était député,
06:52 et qui était à la mairie de Nantes.