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BFMTV proposait ce jeudi une émission spéciale “Crépol: une France qui bascule?” consacrée à la mort de Thomas, 16 ans, dans un bal de village, et à ses suites. Un évènement récupéré par certains partis politiques, qui a également motivé des rassemblements de l’ultradroite dans plusieurs villes de France, avec plusieurs condamnations à la clef. Alors que pour 91% des Français, le recul de l’autorité est “un problème majeur dans notre société”, selon un sondage Elabe pour BFMTV, les invités de Maxime Switek et Julie Hammett tentent de répondre aux questions que posent ce drame.

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Transcription
00:00:00 Et c'est l'autre fils. C'est le fils d'un autre arrière.
00:00:03 -Pour toi, notre cher Thomas, merci.
00:00:07 -C'était pas une bagarre, c'était un attentat.
00:00:11 -Ça pleure ! Ça pleure !
00:00:14 -On est rentrés dans la salle des fêtes,
00:00:15 il y avait du sang de partout, c'était vraiment horrible.
00:00:17 -Un sang impur,
00:00:20 aboie...
00:00:22 -C'est pour rendre hommage à Thomas,
00:00:25 qui a été assassiné par la racaille à Crépole récemment.
00:00:28 -Un sang impur, aboie...
00:00:29 -La France, le français, le blanc rouge !
00:00:32 La France, le français, le blanc rouge !
00:00:35 -On est rentrés dans la salle des fêtes,
00:00:37 il y avait du sang de partout, c'était vraiment horrible.
00:00:39 ...
00:00:44 -Bonsoir à toutes et à tous. Bonsoir, Maxime Switt-Eyck.
00:00:47 -Bonsoir, Julie. Bonsoir à toutes et à tous.
00:00:48 -Bienvenue. Soyez les bienvenus pour cette soirée spéciale
00:00:51 sur BFM TV. Crépole, une France qui bascule.
00:00:54 -Le risque de voir la France basculer,
00:00:56 c'est l'expression qu'a employée le porte-parole du gouvernement,
00:00:58 Olivier Véran, à Crépole, après la mort de Thomas.
00:01:01 Mais vers quoi la France serait-elle en train de basculer ?
00:01:03 Vers plus de violence, vers un ensauvagement,
00:01:05 vers une confrontation entre des groupes, des habitants,
00:01:08 qui se retrouveraient désormais face à face ?
00:01:10 Et comment empêcher cette bascule ?
00:01:12 Ce sont toutes les questions que nous allons nous poser ce soir,
00:01:14 tous ensemble.
00:01:16 -Et pour y répondre, justement, nos invités,
00:01:17 le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran,
00:01:19 ce sera dans une quinzaine de minutes,
00:01:21 Jordan Bardella, président du Rassemblement national,
00:01:24 avec nous aussi, des familles endeuillées
00:01:26 par la violence des maires.
00:01:28 La mère de Romain Surizer, ville d'où sont originaires
00:01:30 plusieurs des suspects, avec nous aussi,
00:01:32 des policiers, des éducateurs, tous en première ligne.
00:01:35 -Avec nous également, bien sûr, en plateau, nos éditorialistes.
00:01:38 Bonsoir, Anna Cabana. -Bonsoir, Maxime.
00:01:40 -Bonsoir, Laurent Geoffrin, directeur du quotidien "Le Journal".
00:01:45 Bonsoir à vous, Dominique Rizet. -Bonsoir, Dominique.
00:01:47 -D'être là, consultant pour les justices de BFM TV.
00:01:50 Bonsoir, Jean-Sébastien Ferjou,
00:01:51 directeur de la rédaction du site Atlantico.
00:01:54 Et bonsoir, Bruno Jeudy, éditorialiste politique ici à BFM TV.
00:01:57 -Le patron de la tribune du dimanche.
00:01:59 -Bonsoir, Maxime, bonsoir, Jeudy. -Bonsoir à tous.
00:02:01 Pour commencer, d'abord, on voulait vous montrer,
00:02:03 ce sondage est là pour BFM TV.
00:02:06 91 % des personnes interrogées sont inquiètes
00:02:09 à l'idée qu'il y ait plus de violence et d'affrontements
00:02:11 entre groupes sociaux, entre groupes de Français.
00:02:13 La crainte que l'on vive face à face, elle est là.
00:02:16 Jean-Sébastien Ferjou, est-ce que ça traduit vraiment
00:02:19 un face à face, ce drame de Crépole ?
00:02:22 -Ca traduit la perception que les Français en ont à minima.
00:02:26 Tout le monde a bien sûr en tête la phrase qu'avait eue Gérard Collomb
00:02:29 avant de quitter le ministère de l'Intérieur.
00:02:31 Ce qui pouvait paraître, il y a quelques années,
00:02:33 relevé de discours d'oiseaux de mauvaise augure
00:02:36 se révèle finalement relativement vrai.
00:02:39 Mais je dis bien relativement vrai,
00:02:41 parce que je comprends parfaitement la crainte.
00:02:43 La réalité, malgré tout, est moins sombre que souvent le miroir
00:02:47 que nous tendent les réseaux sociaux, notamment,
00:02:49 ou parfois même les débats qu'on peut avoir dans la sphère publique.
00:02:53 Je pense qu'il y a quand même une écrasante majorité de Français
00:02:56 qui sont très inquiets, mais qui pour autant n'ont pas envie
00:02:58 de se jeter sur leurs voisins, au motif qu'ils ne partageraient
00:03:00 ni les mêmes idées, ni la même origine, ni la même religion qu'eux.
00:03:03 -Mais cette inquiétude à Nakamana, c'est ça qui nous a tous explosés
00:03:05 au visage, d'une certaine manière, depuis la mort de Thomas,
00:03:08 depuis Crépole ?
00:03:09 -Oui, en fait, ça a été un catalyseur.
00:03:11 C'est-à-dire qu'au fond, cette inquiétude, elle couvait.
00:03:14 On en avait des stigmates avant.
00:03:17 Et là, s'il vous voulait, il y a eu dans cette affaire
00:03:21 une forme de cristallisation symbolique et politique,
00:03:25 mais qui a été accentuée par, au fond, la négation.
00:03:29 Le fait que les mots, les premiers mots employés
00:03:31 par le procureur de la République de Valence,
00:03:34 ça a été le mot "rix", le fait qu'il n'ait pas donné les prénoms.
00:03:37 Alors, il avait tout donné, c'est-à-dire qu'on savait
00:03:39 les lieux de naissance, les lieux de résidence, la nationalité, l'âge,
00:03:44 mais la seule chose qu'on n'avait pas, c'était les prénoms.
00:03:47 Et là, s'il vous voulait, ça a été une forme d'accélérateur
00:03:50 de particules, dans la mesure où vous aviez donc un drame,
00:03:54 un assassinat, un enfant donc tragiquement assassiné,
00:04:00 et dans le même temps, un silence avec l'idée
00:04:03 qu'il pouvait alimenter ensuite tous les fantasmes,
00:04:05 tous les complotismes, qu'en fait, on cachait des choses.
00:04:08 Et s'il vous voulait, c'est l'agrégation de ces deux éléments
00:04:11 qui fait de ce drame de Crépole quelque chose
00:04:15 qui prend une proportion absolument incroyable,
00:04:18 parce que s'il y avait, c'est comme quand vous avez
00:04:21 toutes les cristallisations antérieures
00:04:22 et que soudainement, ça explose au visage des Français.
00:04:26 - Est-ce que pour autant, Laurent Joffrin,
00:04:28 il y a un face-à-face ?
00:04:29 Je reprends ce sondage, parce qu'il est quand même parlant.
00:04:31 83 % disent partager les mots de Gérard Collomb.
00:04:34 Aujourd'hui, on vit côte à côte, moi, je crains que demain,
00:04:36 on vive face à face.
00:04:38 - Ça dépend, ça rappelle face à face et entre qui ?
00:04:41 Parce qu'il y a un face à face, effectivement,
00:04:43 entre un milieu qui existe dans certains quartiers populaires,
00:04:46 dans beaucoup de quartiers populaires,
00:04:47 qui est un milieu délinquant, criminel,
00:04:49 et souvent d'origine migrée.
00:04:52 C'est vrai, ça, c'est pas la peine de tourner autour du pot,
00:04:54 de se cacher les rations petit doigt, ça, c'est vrai.
00:04:57 Ce qui est faux, c'est de dire, comme le dit l'extrême droite,
00:05:00 c'est l'immigration.
00:05:01 Le grand deal, c'est l'immigration, donc c'est tous les immigrés.
00:05:04 Donc tous les immigrés sont suspects.
00:05:06 Et donc, on va vers la guerre de civilisation,
00:05:10 ou vers la guerre civile, entre deux groupes qui se définissent,
00:05:13 non pas par leur comportement,
00:05:15 un comportement délinquant qui existe et qui est très grave,
00:05:18 mais par leur nature même, par leur essence.
00:05:20 C'est une manière culturaliste et presque raciste de voir les choses.
00:05:25 S'il y a un basculement, c'est que cette idée-là,
00:05:28 c'est diffusé dans l'opinion plus qu'avant.
00:05:31 Parce que sur la réalité des choses, il n'y a pas de basculement,
00:05:34 il y a une montée, effectivement, qui est très inquiétante,
00:05:37 qui est grave, des actes de violence contre les personnes.
00:05:40 En l'occurrence, c'est un assassinat ou un meurtre.
00:05:43 Et ça, c'est vrai, donc il faut le traiter.
00:05:45 Mais sauter d'un coup, ça, c'est plaquer une vision du monde
00:05:51 qui fait qu'on divise les gens par ethnie ou par religion.
00:05:55 Les musulmans sont intrinsèquement violents.
00:05:58 Et donc, il y a un face-à-face entre les intrinsèquement violents
00:06:01 et les autres qui sont supposés être gentils et pacifiques.
00:06:03 - On peut certainement vous suivre là-dessus,
00:06:04 mais malgré tout, je pense qu'il y a une réalité
00:06:06 qui n'est pas que des groupes sociologiques,
00:06:09 il y a une réalité qui est autre, à savoir celle des communautés.
00:06:11 Et ça nous échappe souvent quand on est purement de culture,
00:06:15 occidentale, parce que nous sommes des individus,
00:06:17 entre nous et l'État, il n'y a rien.
00:06:19 Mais il se trouve... - Vous serez d'accord.
00:06:20 - Pardon, je vais au bout, je suis sûr que vous pourrez me répondre ensuite.
00:06:22 Il y a d'autres gens qui raisonnent en communauté.
00:06:25 Et les experts psychiatriques, souvent, qui travaillent sur,
00:06:28 vous savez, le genre de jeunes délinquants,
00:06:30 c'est pour ça que je vous rejoins.
00:06:31 Ce n'est pas les musulmans ou je ne sais quelle origine,
00:06:33 en tant que tel, qui sont en cause.
00:06:34 C'est le fait qu'il y a des gens qui se sentent appartenir
00:06:37 à une communauté qui n'est pas la France
00:06:39 et qui voient en face d'eux la France.
00:06:41 Et ce n'est pas sur des critères ethniques ou culturels ou religieux,
00:06:45 c'est plus complexe que ça.
00:06:46 Mais ces gens-là, quand un les attaque,
00:06:48 ils ont l'impression que c'est toute la communauté d'en face
00:06:51 qui les a attaqués.
00:06:52 Et moyennant quoi, ils répondent à n'importe qui de la communauté d'en face.
00:06:55 Et c'est exactement ce qui est arrivé à Thomas.
00:06:57 Thomas, ce n'est pas lui qui s'était moqué de l'autre,
00:06:58 non pas d'ailleurs que celui qui se serait moqué
00:07:01 méritait d'être poignardé,
00:07:02 mais il a été ciblé parce qu'il était perçu
00:07:04 comme faisant partie de la communauté d'en face.
00:07:06 Et je pense que les Français ressentent cette inquiétude-là.
00:07:09 On leur impose en quelque sorte une vision tribale
00:07:12 qu'ils ne partagent pas
00:07:13 parce que ça n'est pas la culture politique occidentale.
00:07:16 - Même si, encore une fois, et pour tout ce qui va toucher
00:07:18 autour de la mort de Thomas et à l'enquête,
00:07:20 on va rester très prudents sur ce qui a pu être dit,
00:07:22 je parle sous contrôle de Dominique Rizet,
00:07:24 et sur ce qui sera à la fin jugé, Dominique.
00:07:27 - Oui, bien sûr.
00:07:28 Et puis il y a un sentiment d'injustice, vous voyez.
00:07:30 Il y a des personnes qui sont dans un bal,
00:07:32 qui s'amusent, qui disent "on a été agressé
00:07:34 par des gens qui sont venus nous attaquer".
00:07:37 Ça n'est pas une rixe.
00:07:38 La parole du procureur est parfois malheureuse.
00:07:41 On l'a vu dans d'autres affaires.
00:07:42 C'est l'article 11 qui permet au procureur de prendre la parole,
00:07:45 mais c'est pas toujours ou c'est parfois un peu tôt.
00:07:47 Ce mot "rixe" a jeté de l'huile sur le feu.
00:07:50 Les gens qui sont dans ce bal disent "on a été agressé".
00:07:53 Et ils sont 9 sur 104 qui ont été entendus par les enquêteurs.
00:07:57 - Mises en examen ?
00:07:58 - Mises en examen ? Non, non.
00:08:00 - Pardonnez-moi.
00:08:01 - Pardonnez-moi.
00:08:02 - J'aurais dû préciser.
00:08:04 Sur les 104 témoins participant à cette soirée
00:08:07 qui sont entendus, 9 disent "on a entendu des mots racistes
00:08:11 contre les Blancs".
00:08:12 Donc quand aujourd'hui les mises en examen,
00:08:15 les 9 mises en examen, dont 3 mineurs,
00:08:17 ne sont pas "la cause raciste n'est pas retenue",
00:08:20 "le motif raciste n'est pas retenu",
00:08:21 eh bien évidemment, là encore, il y a un sentiment d'injustice
00:08:24 juste au moment où on enterre Thomas, la marche blanche, vous voyez.
00:08:28 Et derrière, il y a une récupération des groupes d'ultra-droite, évidemment.
00:08:31 - Alors justement, une personne qui est directement concernée par tout ça,
00:08:35 c'est Marie-Hélène Thoraval, maire d'Hiverdroite de Romand-sur-Isère.
00:08:37 Merci d'être avec nous.
00:08:39 C'est la ville, on le rappelle, dont sont originaires les suspects
00:08:42 du meurtre de Thomas, le quartier de la Monnaie, pour certains.
00:08:44 La ville aussi qui a connu un coup de force de l'ultra-droite
00:08:47 le week-end dernier.
00:08:48 Est-ce que vous avez le sentiment, vous,
00:08:49 que le meurtre de Thomas est à un point de bascule ?
00:08:53 - Dès que j'ai fait une prise de parole la semaine dernière,
00:08:58 j'ai dit qu'il y aurait un avant Thomas et un après Thomas.
00:09:03 Et je pense que l'erreur peut-être qui a été, peut-être celle du gouvernement,
00:09:06 c'est de considérer que cet événement était un fait d'hiver.
00:09:10 Et ça n'est pas un fait d'hiver.
00:09:12 Et dans ce qui s'est passé à Crépole,
00:09:15 il y a vraiment cette notion d'attaque qui ressort.
00:09:18 Et je crois que le ministre Véran en a pris aussi la pleine mesure
00:09:22 lorsqu'il est venu à notre rencontre,
00:09:24 qu'il a pu discuter avec les familles, les victimes aussi,
00:09:29 qui étaient là pour certaines.
00:09:31 Et puis lorsqu'il a discuté avec, qu'il a pu échanger avec les lycéens.
00:09:35 Donc ce point précis, un avant, un après Thomas, il est bien réel.
00:09:41 Après, le point de bascule,
00:09:43 je ne sais pas si on est déjà sur la tangente et que ça bascule,
00:09:46 mais il y a quelque chose qui se passe dans la société
00:09:49 par rapport à cet événement.
00:09:50 - Mais vous nous direz dans un instant justement
00:09:52 ce qui a pu changer, vous, de votre poste d'observation de maire.
00:09:56 Mais simplement, vous avez pris la parole effectivement
00:09:59 depuis ce qui s'est passé à Crépole.
00:10:00 Avec des mots fermes, des mots forts.
00:10:04 Qu'est-ce qui s'est passé pour vous ensuite,
00:10:06 quand on parle de blocs, quand on parle de France qui s'affronte ?
00:10:08 Est-ce que vous l'avez ressenti, vous, une fois que vous avez pris la parole ?
00:10:11 - Je ne l'ai pas plus...
00:10:14 Enfin, il y avait des prémices déjà.
00:10:17 Enfin, je veux dire, ce n'est pas arrivé il y a 10 jours.
00:10:19 Ça fait depuis, je dirais même quelques années,
00:10:22 où on a cette forme d'anti-occidental qui se prononce de plus en plus.
00:10:27 Et aujourd'hui, cette sorte d'affrontement entre 2 communautés,
00:10:31 il est bien réel.
00:10:33 Aujourd'hui, sur le quartier de la Monnaie,
00:10:35 si vous voulez qu'on en parle un tout petit peu,
00:10:37 on est dans une situation où on a une majeure partie de la population
00:10:41 qui veut vivre paisiblement, qui veut pouvoir aller travailler le matin
00:10:44 et s'assurer de trouver sa voiture quand elle va redescendre.
00:10:46 Et finalement, vous avez une centaine de jeunes
00:10:49 qui sont à un niveau de délinquance particulièrement fort,
00:10:53 avec une petite cinquantaine qui sont vraiment des très durs.
00:10:57 Donc moi, je veux aussi qu'on intervienne sur ces situations-là,
00:11:01 qui sont celles des quartiers,
00:11:02 parce qu'on ne saurait donner les forces de la loi à 50 jeunes
00:11:08 qui vont faire d'un espace, un quartier, une zone de non-droit.
00:11:12 Ça n'est pas acceptable.
00:11:14 Je ne peux pas le considérer. C'est impossible.
00:11:17 Et qui vont imposer leur loi aux autres dans le quartier,
00:11:20 mais aussi à l'extérieur.
00:11:21 -Mais Mme Le Maire, comment ça se fait qu'on n'arrive pas,
00:11:23 puisque vous les connaissez, vous arrivez à les compter,
00:11:26 si je puis dire, vous les connaissez,
00:11:27 pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas, ceux-là précisément,
00:11:30 à les mettre hors d'état de nuire ?
00:11:32 -Alors, hors d'état de nuire, que faire ?
00:11:36 Moi, je pose la première question.
00:11:37 C'est vrai qu'ils ont des faits de délinquance
00:11:40 qui ont déjà été condamnés pour certains,
00:11:42 mais bon, je pense que la réponse pénale
00:11:44 ne correspond pas à la situation.
00:11:46 C'est-à-dire que généralement, s'ils ont fait un peu de prison,
00:11:49 ils reviennent et ce sont de véritables caïds.
00:11:51 Quelquefois, ils rentrent et c'est même pire qu'au départ.
00:11:55 Donc vous voyez déjà cette situation-là.
00:11:58 Et puis il y a une autre situation aussi,
00:12:00 où je pense que les réponses qui sont celles que nous avons aujourd'hui,
00:12:04 nous avons des réponses aussi pour les plus jeunes,
00:12:08 c'est-à-dire pour les adolescents,
00:12:09 mais pour les jeunes adultes,
00:12:11 il n'y a pas une réponse qui corresponde
00:12:14 et qui puisse les remettre, leur redonner les marqueurs
00:12:19 et les codes pour s'insérer dans la société, pour s'intégrer.
00:12:22 Mais ils n'en ont pas envie.
00:12:24 C'est-à-dire que leur volonté est de s'imposer
00:12:28 par rapport au reste de la société.
00:12:30 Et ils ont cette capacité aussi à le faire savoir,
00:12:34 mais aussi à le traduire avec des actes de violence.
00:12:37 - Donc concrètement, vous demandez quoi ?
00:12:41 - Moi, je voudrais qu'on puisse se mettre autour de la table,
00:12:46 parce qu'on ne peut pas dire qu'il n'y a rien de fait.
00:12:49 L'État met de l'argent, l'éducation nationale met de l'argent,
00:12:52 les collectivités mettent de l'argent.
00:12:54 Et finalement, il ne faudrait pas croire
00:12:57 qu'on peut acheter une paix sociale avec de l'argent
00:12:59 ou avec des investissements ou avec des subventions.
00:13:01 Quelque part, les actions qui sont menées,
00:13:05 finalement, ne correspondent pas à la problématique qui est sur le terrain.
00:13:09 La paix sociale, elle ne peut s'atteindre
00:13:11 qu'à partir du moment où chacune des parties,
00:13:14 chacun des acteurs a envie d'en être contributeur.
00:13:17 - Quand on est aux premières loges,
00:13:21 quand on est au premier rang de tout ce qui se passe,
00:13:23 Mme le maire, comme vous l'êtes, de par votre poste,
00:13:25 qu'est-ce que l'on reçoit dans ces moments-là ?
00:13:29 Est-ce qu'il y a plus de soutien que de menaces ?
00:13:32 Est-ce qu'il y a beaucoup de menaces en ce moment
00:13:33 quand on prend la parole, quand on est une élue comme vous ?
00:13:36 - La première des choses, c'est que j'ai reçu énormément de soutien
00:13:43 de la part des Romanais, parce que je peux vous assurer
00:13:45 que pour eux, avoir le nom de leur ville,
00:13:50 le nom de notre territoire qui soit associé à des délinquants,
00:13:53 ce n'est pas franchement ce qu'ils souhaitent,
00:13:56 et je le comprends et je le partage,
00:13:58 mais j'ai reçu des témoignages qui viennent de la France entière
00:14:01 et qui sont extrêmement nombreux.
00:14:03 Par contre, s'agissant des menaces, ça ne s'est pas fait attendre.
00:14:06 Ça date d'hier, j'ai reçu hier matin,
00:14:11 tout d'abord, deux appels anonymes
00:14:12 qui ont été opérés auprès du standard de la mairie,
00:14:16 avec un message plutôt qui relevait de l'intimidation,
00:14:19 demandant si je disposais d'une kalachnikov chez moi
00:14:22 et si j'avais des gardes du corps.
00:14:24 Et puis, c'est monté d'un cran dans l'après-midi,
00:14:27 où à ce moment-là, j'ai reçu un message privé sur Instagram
00:14:33 précisant qu'on prévoyait une décapitation,
00:14:38 pour vous faire un résumé,
00:14:40 et que cette décapitation ferait qu'on jonglerait avec mon crâne
00:14:46 et que tout cela se serait fait d'ici un mois.
00:14:49 – Est-ce que vous avez porté plainte ?
00:14:51 – Donc c'est une véritable menace de mort.
00:14:53 – Vous avez porté plainte ?
00:14:54 – Bien évidemment, hier.
00:14:56 Oui, oui, j'ai porté plainte hier.
00:14:58 – Est-ce que vous avez une idée, pardon, de qui se cache derrière ces menaces ?
00:15:04 – Alors, juste un élément que je ne vous ai pas donné,
00:15:06 mais que je vais vous donner,
00:15:07 bien sûr, dans ces messages, je suis qualifiée de facho,
00:15:10 donc j'imagine d'où ça vient.
00:15:13 Et puis les termes du message que l'on retrouve dans la menace de mort
00:15:17 correspondent à des méthodes qu'on peut facilement identifier.
00:15:22 – Comment vous avez encaissé ça ?
00:15:26 – Avec sang-froid, avec sang-froid et détermination,
00:15:29 parce que je suis tellement encouragée à dire tout haut
00:15:33 ce que les gens pensent tout bas, que je vais continuer.
00:15:37 – Restez avec nous, Madame le maire, Olivier Véran vient d'arriver sur le plateau,
00:15:40 on découvre, bonsoir Monsieur le ministre,
00:15:42 porte-parole du gouvernement évidemment,
00:15:44 merci d'être là Olivier Véran d'avoir accepté de participer à cette émission spéciale.
00:15:49 On découvre avec vous en même temps ces menaces de mort,
00:15:53 comment vous réagissez, qu'est-ce que vous pouvez dire ce soir à une élue
00:15:56 comme Madame Thoraval, maire d'une ville comme Roman-sur-Isère,
00:15:59 qui est en première ligne, on le disait tout à l'heure,
00:16:01 et qui reçoit des menaces absolument abjectes.
00:16:03 – D'abord, mon plein soutien à Madame la maire qui n'a pas recevoir ce type de menace,
00:16:07 puis dire que nous travaillons avec, d'ailleurs la ministre en charge de la collectivité,
00:16:10 Dominique Faure, qui a annoncé un plan de soutien aux élus,
00:16:12 parce qu'ils sont de plus en plus nombreux, parce qu'ils sont exposés au quotidien,
00:16:16 on dit souvent qu'ils sont à portée de baffes pour rigoler,
00:16:18 mais hélas, parfois les baffes sont bien réelles, et les menaces aussi,
00:16:22 j'entends qu'elle a porté plainte, elle a bien fait,
00:16:24 et je ferai tout mon possible pour l'accompagner,
00:16:28 comme nous le faisons avec tous les élus lorsqu'ils reçoivent des menaces,
00:16:30 c'est proprement scandaleux, c'est grave, et je vous apporte mon soutien.
00:16:33 – Marie-Hélène Thoraval, est-ce que vous avez une question
00:16:35 ou vous souhaiteriez poser au ministre ?
00:16:37 – Je n'ai pas de question à poser, je voulais le remercier déjà
00:16:43 d'être venue sur Crépole, et puis d'être venue à Romand,
00:16:47 je pense que c'était extrêmement important qu'il puisse échanger avec les familles,
00:16:53 qu'il puisse échanger avec les lycéens, ça a été apprécié,
00:16:57 je regrettais un petit peu que ça se passe aussi tardivement,
00:17:01 mais ça a été fait, et ça c'était une bonne chose,
00:17:03 et je pense aussi que ça a été important pour monsieur le ministre,
00:17:06 parce que je pense aussi qu'il a pris la pleine mesure du ressenti,
00:17:12 de la douleur qui était celle des familles,
00:17:15 mais toute la douleur qui est celle de tout un territoire,
00:17:17 mais aussi tous les questionnements qui sont les nôtres,
00:17:21 c'est-à-dire quelle réponse la justice apportera à cette attaque,
00:17:25 et puis il y a cette dimension aussi qui a été formulée par les familles,
00:17:31 notamment sur la qualification du caractère raciste de cette attaque.
00:17:37 – Je réponds juste à madame le maire, que je remercie pour ce qu'elle vient de dire,
00:17:41 que je la rassure sur le fait que je suis venu aussitôt
00:17:45 qu'il m'a été autorisé de venir,
00:17:47 puisque la famille a souhaité que sur la première semaine,
00:17:50 qui est une semaine de deuil, une semaine consacrée aux obsèques,
00:17:54 à une marche blanche, auxquelles j'avais proposé de m'associer,
00:17:56 la famille n'a pas souhaité qu'il y ait une politisation,
00:17:59 ni même une présence politique, ni même si je venais en citoyen,
00:18:02 donc j'ai respecté cela, elle a souhaité me rencontrer le lundi matin,
00:18:04 et j'y suis allé dès le lundi matin.
00:18:06 – Merci à madame Toraval, merci d'avoir été avec nous ce soir en direct,
00:18:10 on va rebondir sur ce que vous venez de dire,
00:18:14 madame le maire disait à l'instant il y a besoin de justice,
00:18:17 et puis il y a autre chose, il y a un point qu'elle soulève là ce soir,
00:18:20 et qui était d'après madame le maire encore une fois soulevé par les familles,
00:18:24 qui était de dire, et on en parlait tout à l'heure,
00:18:26 comment se fait-il que dans une affaire comme celle-là,
00:18:29 où on a un certain nombre de témoins qui disent avoir entendu des propos hostiles aux blancs,
00:18:35 cette qualification-là ne soit même pas explorée par la justice ?
00:18:39 Il y a quelque chose d'incompréhensible visiblement,
00:18:41 et pour la famille d'après la maire de Romand-sur-Isère,
00:18:44 et pour pas mal d'habitants des environs.
00:18:47 – En me rendant à Crépole, en réunissant une centaine d'habitants,
00:18:49 et au premier chef la famille de Thomas,
00:18:52 j'ai reçu beaucoup de questions comme celles-ci,
00:18:55 et j'ai dit que je comprenais ces questions,
00:18:56 je croyais avoir apporté des réponses qui ont pu soulager et apaiser.
00:19:00 Vous savez, je veux bien qu'on soit dans une société d'infos en continu,
00:19:04 une société où parfois le populisme se fait entendre très fortement,
00:19:08 et là je ne parle pas de vous, je vous rassure en disant cela,
00:19:10 qu'il faudrait qu'au fond, il faudrait qu'on juge avant d'avoir les faits.
00:19:14 J'envis ce qui arrive à juger avant d'avoir les faits,
00:19:17 mais je n'enverrai pas un système de justice
00:19:19 qui déciderait de juger avant de connaître les faits.
00:19:22 Le procureur qui était avec moi a pu présenter les faits
00:19:25 dont il disposait, notamment sur la polémique
00:19:29 qui avait émaillé pendant quelques jours l'agenda public
00:19:32 et ce qu'on avait voulu sciemment cacher l'identité des auteurs présumés.
00:19:35 Le procureur a rappelé une chose très simple,
00:19:37 l'identité des auteurs est révélée à partir du moment
00:19:40 où une saisine du juge d'instruction est effectuée.
00:19:43 La grande différence entre une personne qui est interpellée
00:19:45 et une personne qui est traduite devant la justice,
00:19:47 c'est que dans un cas, il y a une présomption,
00:19:49 et dans l'autre cas, il y a une présomption suffisamment forte
00:19:52 pour l'emmener devant un tribunal.
00:19:53 On ne livre pas à l'indicte populaire des noms de personnes
00:19:56 qui sont soupçonnées sans avoir ne serait-ce qu'effectué une garde à vue.
00:19:59 Et donc, il n'y a jamais eu de véléité de cacher les identités,
00:20:02 et je le dis très tranquillement.
00:20:04 Ensuite, sur la notion de ce qu'il y a des facteurs aggravants,
00:20:07 est-ce qu'un facteur tel que le racisme
00:20:10 viendrait aggraver le dossier déjà très lourd des auteurs ?
00:20:14 Le procureur l'a rappelé, et j'étais là et je l'ai accueilli.
00:20:19 Évidemment, si l'enquête devait montrer
00:20:21 qu'il y avait des facteurs aggravants de cette nature,
00:20:23 il serait retenu à l'encontre des prévenus.
00:20:25 Il n'y a aucune raison, non seulement de masquer cela,
00:20:28 mais en plus de penser cela.
00:20:29 Parce que la justice de notre pays, c'est une justice qui est ferme.
00:20:32 Et on va en discuter tout à l'heure.
00:20:34 On a parlé de cette notion de basculement, etc.
00:20:36 Mais je le redis, et j'ai vu beaucoup...
00:20:38 Face à des gens qui sont en deuil, qui sont en colère, qui ont peur,
00:20:44 beaucoup de questions émergent, et c'est tout à fait normal.
00:20:46 Il y avait une question que m'avait posée aussi la famille,
00:20:48 c'était pourquoi vous n'avez pas retenu,
00:20:50 pourquoi le procureur n'a pas retenu l'assassinat,
00:20:52 et pourquoi est-ce qu'il a retenu meurtre en bande organisée ?
00:20:54 La présence du procureur a permis de répondre.
00:20:56 Le meurtre en bande organisée permettait d'avoir une garde à vue
00:20:59 qui s'étendait sur 96 heures et non 48 heures.
00:21:01 Et considérant qu'il y avait des fuyards sur la route espagnole,
00:21:05 il était important d'avoir une garde à vue suffisamment longue.
00:21:07 Et ensuite, la famille avait peur, parce qu'ils avaient entendu,
00:21:11 ce qui leur avait été dit, à mauvais escient,
00:21:14 que meurtre en bande organisée soit une peine moins lourde qu'assassinat.
00:21:18 Et le procureur a pu éclaircir en disant,
00:21:20 non, meurtre en bande organisée, c'est passible d'une peine de prison à perpétuité,
00:21:23 c'est la peine la plus lourde du code pénal.
00:21:25 – On va revenir Olivier Véran.
00:21:26 – Quand on a dit cela, pardonnez-moi,
00:21:27 on peut revenir sur 4 jours d'effervescence et de polémiques,
00:21:30 sur les identités, sur le critère raciste ou non,
00:21:34 et sur la nature de la peine.
00:21:35 – Mais vous précisez des choses, ça fait déjà réagir.
00:21:37 Je veux juste qu'on plante le décor d'une certaine manière aussi de cette émission,
00:21:41 qu'on a intitulée "Une France qui bascule, point d'interrogation",
00:21:44 parce que c'est vous qui aviez employé cette expression-là.
00:21:47 Quand vous êtes allé à Crépol, précisément,
00:21:49 en expliquant qu'il y avait un risque que la France ne bascule.
00:21:52 – Un risque de basculement de notre société.
00:21:54 – Un basculement de la société, absolument.
00:21:55 Mais il faut préciser les choses,
00:21:56 et je pense que c'est capital que vous précisez les choses.
00:21:59 Basculer vers quoi ?
00:22:01 – J'observe d'abord qu'il est rare qu'un mot prie parmi d'autres ait une telle résonance.
00:22:06 – Là c'est le cas.
00:22:07 – C'est le cas, à l'évidence.
00:22:09 Et donc j'ai discuté depuis lundi avec beaucoup de personnes,
00:22:11 de milieux différents,
00:22:13 en leur posant qu'ils sont venus me parler de ce basculement,
00:22:15 de ce risque de basculement de la société.
00:22:18 Et je me suis rendu compte que beaucoup de gens y mettaient
00:22:19 des définitions et des notions assez différentes.
00:22:21 Mais au fond, si je devais résumer ce que je comprends en une phrase,
00:22:25 ce serait le passage d'une société régie par le droit
00:22:28 à une société régie par la violence, par les violences.
00:22:32 En réalité, certaines personnes m'ont dit,
00:22:34 "moi j'ai peur que l'état de droit aujourd'hui ne soit pas suffisamment ferme
00:22:39 pour garantir notre sécurité, qu'on ait une justice qui soit laxiste.
00:22:42 Et donc l'état de droit pourrait ne plus suffire,
00:22:45 et on pourrait à la justice préférer la loi du talion
00:22:47 où chacun se ferait vengeance soi-même."
00:22:49 - Ce qu'on a vu au week-end dernier.
00:22:50 - D'autres m'ont dit, "moi j'ai peur qu'on finisse par considérer
00:22:54 que toute personne, parce qu'elle porte un patronyme
00:22:56 ou parce qu'elle habite dans un quartier,
00:22:58 soit associée à l'insécurité et aux auteurs de ses troubles."
00:23:01 Et d'autres personnes m'ont dit,
00:23:03 "pour moi, cette société régie par la violence,
00:23:05 c'est une société dans laquelle je ne laisserai plus ma fille sortir
00:23:08 après 18h, y compris en ruralité,
00:23:10 une société dans laquelle il faudrait presque s'armer."
00:23:12 - Et donc on en est là, quasiment, une société régie par la violence ?
00:23:15 - Ce que j'ai observé après avoir passé des heures
00:23:17 avec les habitants de Crépole, à travers les questions,
00:23:19 à travers les remarques qu'ils me faisaient,
00:23:21 c'est cette peur que l'État de droit, que nos institutions
00:23:25 ne puissent pas faire face à ce type de situation.
00:23:27 Et j'ai compris aussi que les Français étaient excédés
00:23:30 par les violences qu'ils subissent.
00:23:31 Les violences qui peuvent être physiques,
00:23:33 dans les pires des cas comme à Crépole,
00:23:34 mais aussi les violences numériques.
00:23:35 Et ce que j'ai dit à Crépole,
00:23:37 et ce que je voudrais pouvoir dire ce soir sur le plateau,
00:23:38 parce que c'est fondamental,
00:23:40 c'est que moi je crois à la force de nos institutions.
00:23:42 Et je crois à l'État de droit.
00:23:43 Je crois à la cohésion de la nation.
00:23:45 - Donc on n'a pas masculinité ?
00:23:47 - Je parle de risque de masculinité de la société.
00:23:49 Et ce que je veux pouvoir dire aussi ce soir sur ce plateau,
00:23:52 c'est ce que nous faisons pour éviter que la société ne bascule pas.
00:23:54 - On va en parler évidemment.
00:23:55 - Mais avant de parler de ce que vous faites,
00:23:57 une question quand même sur ce que vous avez dit,
00:23:59 parce qu'il y a eu une évolution dans votre discours.
00:24:01 À la sortie du Conseil des ministres le 22 novembre,
00:24:04 c'est-à-dire cinq jours avant votre déplacement à Crépole,
00:24:08 quand vous avez été interrogé par nos confrères,
00:24:10 vous avez, à propos de ce meurtre, posé la question
00:24:14 "Est-ce que ça reflète ce qu'est devenu la société française ?"
00:24:16 Vous avez dit "Je suis peut-être un optimiste,
00:24:19 mais je considère que notre société est plus solide que cela."
00:24:22 À l'inverse, donc cinq jours plus tard à Crépole,
00:24:25 là votre discours, il se durcit.
00:24:27 C'est comme s'il y avait eu une prise de conscience.
00:24:29 C'est-à-dire que vous changez et la sémantique,
00:24:31 et la violence au fond de votre radioscopie de la société française.
00:24:38 - Anna Cavana, je me souviens de ce que j'ai dit,
00:24:39 et le mercredi et le lundi qui suivent,
00:24:41 je n'enlèverai aucun mot.
00:24:43 Chaque mot était pesé et réagi.
00:24:44 - Vous avez compris de nouvelles choses dans ces cinq jours ?
00:24:46 - Pas du tout.
00:24:48 On peut totalement considérer et reconnaître
00:24:50 que l'insécurité et la violence est insupportable aux yeux des Français,
00:24:54 que plus la société se modernise, plus la violence n'est pas supportée,
00:24:57 et pour autant, nous avons des formes de violence
00:25:00 qui s'expriment dans notre société.
00:25:01 Est-ce que c'est la société toute entière qui est violente ? Non.
00:25:03 Est-ce qu'il y a deux Frances qui seraient vouées à s'opposer l'une à l'autre ? Non.
00:25:07 Est-ce que nous avons dans notre société suffisamment de ressources
00:25:10 pour faire face ensemble et à ne pas sombrer dans une spirale de la violence ?
00:25:13 Évidemment.
00:25:14 Sinon, je ne serais pas de ce côté-là de l'échiquier politique,
00:25:17 je serais du côté des populistes que vous recevrez tout à l'heure
00:25:19 et qui vous expliqueraient que la société est perdue,
00:25:21 qu'il faudrait se faire face, se faire la guerre,
00:25:23 et qu'il n'y aurait pas d'autre option que d'apprendre à se haïr.
00:25:26 - Ça, c'est pour Jean-Bernard Delacroix, notre invité tout à l'heure.
00:25:28 - Je crois tout l'inverse.
00:25:29 Mais j'entends l'inquiétude des Français qui me disent
00:25:33 qu'ils ont peur que nos institutions ne suffisent pas à régler les problèmes.
00:25:37 - Ça vous a fait changer vos discours, c'est l'inquiétude que vous avez perçue
00:25:40 auprès des interlocuteurs.
00:25:41 - Encore une fois, mon discours n'a pas changé.
00:25:42 Si vous écoutez la totalité de ce que j'ai dit à Crépole,
00:25:46 ça ne contredit pas.
00:25:47 Je suis très à l'aise avec ça, je vous le dis.
00:25:49 Je suis très à l'aise avec ça.
00:25:51 Maintenant, je voudrais qu'on puisse parler de ce que nous faisons.
00:25:53 - On va parler de tout ça.
00:25:55 - Laurent Jofra.
00:25:56 - Vous me promettez qu'on en parle ?
00:25:57 - Bien sûr.
00:25:58 - Question toute simple.
00:25:59 Il y a une partie du spectre politique qui voit dans l'affaire de Crépole
00:26:03 un affrontement communautaire.
00:26:05 Les blancs d'un côté et les non-blancs de l'autre.
00:26:07 Est-ce que vous partagez cette analyse ou est-ce que vous la réfutez ?
00:26:11 - Ce que la maire de Romand a dit tout à l'heure est intéressant
00:26:14 parce que je l'entends partout.
00:26:15 Vous demandez à un maire d'une commune qui a des quartiers sensibles,
00:26:19 il est capable de vous lister, il est à peu près capable de vous lister
00:26:23 ceux qui sont les fauteurs de troubles, ceux qui créent de l'insécurité.
00:26:26 Et ceux qui, le maire ne serait pas surpris s'il apprenait que parmi eux,
00:26:30 certains ont été capables de sortir un couteau
00:26:32 et de s'en servir dans une mine de violence.
00:26:34 Ce n'est pas quelque chose de nouveau.
00:26:37 Donc, ce qui est fondamental, c'est de ne pas évidemment généraliser
00:26:42 à tous les habitants d'un quartier le fait de quelques-uns.
00:26:45 Dans ma circonscription de Grenoble, pendant la campagne législative...
00:26:47 - La question ne rejoint pas, ce n'était pas sur le quartier.
00:26:50 - Je vais vous répondre parce que c'est important.
00:26:51 - Est-ce que c'était la traduction générale d'un affrontement communautaire ?
00:26:53 - Une réponse concrète.
00:26:54 Il y a à peu près un an et demi, pendant la campagne législative,
00:26:56 j'étais dans ma circonscription de Grenoble.
00:26:58 Une femme que je connais, qui est issue de l'immigration
00:27:00 et qui habite dans un quartier populaire de Grenoble,
00:27:02 me voit et me tombe dans les bras en pleurant.
00:27:04 Elle me dit "Olivier, il faut que tu m'aides.
00:27:05 Il faut que tu me sortes de là.
00:27:06 Il faut que tu me sortes de là avec mes deux enfants."
00:27:07 Je lui dis "Qu'est-ce qui se passe ?"
00:27:09 Elle me dit "J'ai fini par craquer. Ils m'ont eue.
00:27:10 Ils ont crevé les pneus de ma voiture, ils ont menacé mon fils.
00:27:12 J'ai fini par faire nourrice."
00:27:14 Nourrice, ça veut dire qu'elle a fini par accepter de stocker de la drogue chez elle.
00:27:17 Et j'ai eu une descente de police, j'étais moi en garde à vue.
00:27:20 "Il faut que tu me sors de là, il faut que je parte."
00:27:21 Ce que je veux vous dire, c'est que les premières victimes
00:27:23 de l'insécurité dans les banlieues sont les habitants des banlieues.
00:27:25 Mais on en parle moins quand ça concerne les banlieues,
00:27:27 parce que c'est loin, c'est à l'écart de la ville.
00:27:29 Quand l'insécurité, elle arrive au cœur des villes.
00:27:31 Le député de Grenoble, hélas, je ne peux que le déplorer,
00:27:33 on ne le connaît que trop.
00:27:34 Et qu'il y a des faits divers, ce qu'on appelle des faits divers,
00:27:36 qui n'en sont jamais pour ceux qui le ressentent comme tel,
00:27:38 qui sont à chaque fois des drames humains.
00:27:40 Que vous soyez blessé, que vous soyez tué, c'est un drame.
00:27:42 Et vous vivez l'insécurité dans votre chair et durablement.
00:27:44 Eh bien, on en parle un peu davantage.
00:27:47 Et quand ça va atteindre des communes rurales,
00:27:49 une habitante de Crépole disait de son propre village,
00:27:52 on était ici au pays des bisounours, ici on ne fermait pas les portes à clés
00:27:54 et on laissait sortir nos filles le soir sans avoir de crainte.
00:27:58 Évidemment que ça crée un émoi supplémentaire.
00:28:00 - Mais pour rebondir sur ce qu'a dit Laurent Gervain,
00:28:01 le racisme anti-blanc, ça n'existe pas pour vous ?
00:28:03 - Comme le dit Marion Maréchal.
00:28:05 - Pardon, on peut mettre ce qu'on veut derrière les mots.
00:28:09 Il faut vous inviter à un sociologue qui vous expliquera
00:28:10 que le racisme, c'est une communauté qui est forcément minoritaire,
00:28:14 qui subit des oppressions.
00:28:15 Donc les blancs ne sont pas minoritaires.
00:28:16 Je ne rentrerai pas dans une bataille sémantique.
00:28:18 Qu'il y ait de la haine, qu'il y ait de la détestation,
00:28:21 que cette haine soit sociale, qu'elle soit parfois religieuse,
00:28:24 qu'elle soit communautaire, oui, il n'y en a que trop dans notre pays.
00:28:26 Et je le déplore, je le déplore.
00:28:28 Et je vous redis que s'il y avait des critères de cette nature
00:28:31 qui étaient retenus par le procureur de la République,
00:28:33 dont acte, c'est un facteur aggravant.
00:28:35 Et ceux qui vont déjà payer très lourdement,
00:28:37 payeront encore plus lourdement.
00:28:39 - Alors, on est en direct avec Benjamin.
00:28:42 Vous êtes un habitant de la Drôme, pas très loin de Crépole.
00:28:47 Première question d'abord, on est quasiment deux semaines après le drame.
00:28:51 Quel est votre état d'esprit ?
00:28:53 - Alors déjà, pour recommencer, bonjour à tous.
00:28:57 Et si vous me permettez déjà, je vais vous profiter de l'antenne
00:29:01 pour déjà avoir une sincère et chaleureuse pensée pour la famille,
00:29:05 que je connais très bien, ainsi que pour tous les habitants de Drôme,
00:29:09 et tous les parents français qui ont été marqués par ce terrible acte.
00:29:14 Pour revenir à votre question, Julie,
00:29:16 aujourd'hui, l'état d'esprit, il y a une semaine d'émotion, de recueillement,
00:29:21 qui a été suivie par la marche, ainsi que l'enterrement.
00:29:25 Et aujourd'hui, l'émotion se transforme en une colère.
00:29:28 Les gens ressentent une certaine perception, une colère,
00:29:33 une rancœur par rapport à ce qui s'est passé.
00:29:35 Donc le sentiment d'émotion est un petit peu dans l'émotion
00:29:40 qui est passée à la colère.
00:29:41 Et je vous le redis, simplement, aujourd'hui,
00:29:43 il faudrait des actes concrets pour savoir un petit peu
00:29:45 qu'est-ce qui va se passer à l'avenir.
00:29:48 - Ça, c'est votre question, au ministre.
00:29:50 Quels actes concrets peut faire le gouvernement ?
00:29:52 - Je n'ai pas tenu le prénom.
00:29:54 - C'est Benjamin.
00:29:55 - Pour saluer déjà Olivier Véran.
00:29:57 Bonjour Olivier Véran, je vous salue tout d'abord.
00:30:00 - Bonjour Benjamin, bonsoir Benjamin.
00:30:02 - Allez-y, votre question Olivier Véran, si vous voulez.
00:30:04 - Vous avez posé une, je peux déjà répondre.
00:30:06 - Alors moi, Olivier Véran, la question concrète,
00:30:07 c'est que, excusez-moi, je vous pose ma question
00:30:09 et je vous laisse répondre par la suite.
00:30:11 Aujourd'hui, sincèrement, la population attend une vraie justice.
00:30:15 Je pense que vous avez pu suivre l'enterrement de Thomas
00:30:18 et je pense que le grand-père de Thomas a eu des mots très forts
00:30:21 par rapport à ça.
00:30:22 Et aujourd'hui, la population attend vraiment une réparation.
00:30:26 Alors ça, ça ne rappellera jamais malheureusement le petit Thomas.
00:30:30 Mais aujourd'hui, la population, j'ai la chance de faire un métier
00:30:34 où je vois énormément de gens et l'attente dans la Drôme
00:30:37 et de la population, c'est qu'il y a aussi une certaine peur
00:30:40 qui s'est installée.
00:30:41 Aujourd'hui, les gens n'osent plus laisser les enfants partir
00:30:45 dans les bals, dans les marchés de Noël qui vont commencer
00:30:47 dans la région.
00:30:49 Et donc, ma question concrète, c'est aujourd'hui,
00:30:51 il y en a un petit peu marre des discours, ils veulent des actes.
00:30:54 Et quelle réponse vous pouvez apporter à ces actes,
00:30:56 mais concrètement ?
00:30:57 Aujourd'hui, si vous voulez me répondre, c'est que les paroles...
00:31:01 - Benjamin, Olivier Véran va vous répondre.
00:31:02 - Très bien, merci Olivier.
00:31:03 - Merci beaucoup pour la question.
00:31:04 - Je vous réponds Benjamin.
00:31:05 - Olivier Véran, je vous en prie.
00:31:07 - Sur l'action que nous menons, elle est déterminée,
00:31:09 avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin,
00:31:10 avec le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti.
00:31:12 Je vous donne quelques exemples.
00:31:14 Il a été annoncé à l'issue des émeutes urbaines
00:31:16 par la Première ministre, Elisabeth Borne,
00:31:18 un plan d'action pour pouvoir réformer la justice des mineurs.
00:31:22 Pourquoi ? Parce qu'on constate, et c'est le cas notamment à Crépole,
00:31:25 que ces délinquants, ces violents, ils sont de plus en plus jeunes
00:31:27 et de plus en plus mineurs.
00:31:28 - Et vous voulez abaisser la majorité ?
00:31:30 - Non, ce que nous allons faire, d'abord la responsabilité des parents.
00:31:33 Ce qui a émergé clairement pendant les émeutes.
00:31:37 Ca veut dire que les parents qui sont déficients dans l'éducation
00:31:39 et qui laissent faire leurs enfants,
00:31:40 pourront même être passibles de travaux d'intérêt général.
00:31:42 Ils pourront être mis à contribution
00:31:44 pour pouvoir payer ce qui a été cassé.
00:31:46 Et ils devront même participer financièrement
00:31:47 pour financer des associations d'aide aux victimes.
00:31:50 Donc vraiment, la responsabilité par...
00:31:52 Pas un parent, pas celui qui héberge ou élève ses enfants,
00:31:55 les deux parents, y compris celui qui est parti parfois du foyer
00:31:58 et qui laisse le conjoint s'en occuper.
00:32:00 Ca c'est un élément qui me paraît être important.
00:32:02 Deux, vis-à-vis des jeunes délinquants,
00:32:04 que Mme la maire de Romand connaît très bien dans sa propre ville.
00:32:08 Ces jeunes délinquants, ils iront davantage en centre éducatif,
00:32:12 fermés s'il le faut, et nous allons expérimenter,
00:32:14 pour les cas les plus difficiles, un encadrement par des militaires.
00:32:17 Par des militaires.
00:32:19 - Ca vous le maintenez ?
00:32:20 Parce qu'on sait que c'est un vieux serpent de mer et que ça vient...
00:32:22 - Ca a été annoncé par la Première ministre à l'issue des émeutes.
00:32:25 - Troisième élément fondamental,
00:32:29 c'est la volonté du président de la République,
00:32:30 ce qu'on appelle les forces d'action républicaines.
00:32:33 Dans la Drôme, Benjamin, à Valence,
00:32:35 parce qu'il y a un quartier particulièrement difficile à Valence,
00:32:37 on va expérimenter ce qu'on appelle ces forces d'action républicaines.
00:32:40 On y envoie une équipe avec du bleu,
00:32:43 c'est-à-dire des policiers et des gendarmes,
00:32:44 on y envoie des médiateurs, on y envoie des acteurs sociaux,
00:32:48 et donc on se donne, c'est des actions flash,
00:32:50 qui vont durer quelques semaines, maximum six mois,
00:32:52 on arrive dans une cité où les gens ne vivent plus,
00:32:55 où la République a disparu, où les gens sont captifs de l'insécurité.
00:32:58 Ca commence, ça a été annoncé il y a quelques semaines par la Première ministre,
00:33:02 les villes ont été identifiées,
00:33:04 ce sera piloté localement par le procureur, le maire et le préfet.
00:33:09 Et donc on arrive dans un quartier qui est un territoire
00:33:12 qui n'est quasiment plus dans la République tellement il y a de l'insécurité,
00:33:15 on restaure l'ordre, on restaure le fonctionnement politique.
00:33:18 - J'entends ce que vous dites là, en face de vous,
00:33:20 et je remercie encore Benjamin pour sa question,
00:33:22 enfin en face de vous, dans votre gouvernement...
00:33:24 - J'ai pas terminé, maxime.
00:33:26 - Alors attendez, justement, vous avez Gérald Darmanin,
00:33:28 le ministre de l'Intérieur, qui lui parle de faillite générale,
00:33:31 dans ce qui s'est passé à Crépole,
00:33:32 et qui a pu lister tout ce qui n'allait pas dans ces affaires-là et dans d'autres,
00:33:37 autour de l'éducation, de l'immigration,
00:33:39 il a expliqué si c'est un problème, il y a aussi l'immigration,
00:33:41 et lui il dit "on a une faillite générale".
00:33:44 Est-ce que ce que vous venez de dire là, peut répondre à une faillite générale ?
00:33:47 - Je continue, je continue parce que c'est important,
00:33:49 parce qu'après vous me dites, vous n'avez pas dit ce que vous faisiez,
00:33:51 moi c'est ce qu'on me dit sans arrêt, je suis porte-parole du gouvernement,
00:33:53 quand je parle aux gens, on me dit "mais pourquoi vous ne le dites pas ?"
00:33:55 Ben je vais en profiter pour le dire.
00:33:56 - Alors dites-le.
00:33:57 - Quand on augmente de 8 500 le nombre de personnels dans la justice,
00:34:00 et ce qu'a proposé et ce qu'a obtenu du Parlement Éric Dupond-Moretti,
00:34:03 c'est énorme, ça veut dire qu'on va diminuer par deux, parfois par trois,
00:34:06 des délais de traitement, et qu'on va pouvoir mieux accompagner les victimes.
00:34:09 Ce que j'ai dit aux parents de Thomas, c'est que la procédure en justice,
00:34:13 c'est quelque chose qui est long, qui peut être douloureux,
00:34:15 ils ont le droit à la reconnaissance de leur statut de victime,
00:34:17 et il faut une justice efficace et qui aille vite.
00:34:19 Ensuite, on augmente considérablement le nombre de forces de police.
00:34:23 Je vous donne un exemple, encore une fois, dans la ville que je connais bien, Grenoble,
00:34:26 en 2017, en nuit profonde, il y avait deux voitures de police secours en circulation,
00:34:30 deux pour une agglomération de 400 000 habitants.
00:34:32 Désormais, il y en a cinq, et demain, il y en aura encore davantage,
00:34:35 parce que nous avons obtenu des moyens supplémentaires.
00:34:37 Ça fait une vraie différence.
00:34:40 - Cette question de la justice, justement.
00:34:42 Vous avez lu qu'une grande majorité des Français ne font pas confiance en la justice,
00:34:45 on a ce dernier sondage élab qui vient de sortir,
00:34:47 ils sont 87% à trouver que notre justice est laxiste.
00:34:51 - Mais on trouve, quand on est victime, ou quand on pense pouvoir être victime,
00:34:54 il est très humain, il est profondément humain,
00:34:57 de considérer qu'une peine ne sera jamais suffisante.
00:34:59 Quand vous discutez avec quelqu'un qui vient de vivre un drame absolu,
00:35:03 de perdre un enfant, je ne dis pas que c'est le cas des parents de Thomas,
00:35:06 qui ne m'ont pas forcément dit cela, mais quand vous êtes face à une victime,
00:35:10 quelqu'un qui souffre dans sa chair, la première appréhension, ça va être,
00:35:14 est-ce qu'il va prendre suffisamment cher en face ?
00:35:15 Est-ce qu'il va vraiment payer pour ce qui lui est arrivé ?
00:35:17 Et là aussi, parfois, il y a beaucoup d'idées reçues.
00:35:20 J'entendais, vous avez compris, des populistes d'extrême droite
00:35:23 qui vous diront que la personne sortira au bout de trois ans.
00:35:26 Non, quand vous êtes passible d'une peine de prison à perpétuité,
00:35:29 si vous êtes condamné à cette peine à l'issue d'un procès,
00:35:32 vous ne sortez pas de prison au bout de trois ans, croyez-moi.
00:35:35 Donc on a une justice qui a plutôt tendance d'ailleurs à durcir ses jugements.
00:35:38 Le procureur a eu ses mots devant les habitants de Crépole,
00:35:41 il a dit "vous savez, la justice, elle écoute aussi le sens de la société".
00:35:44 Et quand la société veut que les peines soient plus lourdes,
00:35:47 eh bien les peines sont plus lourdes.
00:35:48 Donc c'est simplement un ressenti qui est totalement faux,
00:35:51 c'est ce que vous leur répondez.
00:35:52 Je ne me permettrai jamais de dire à des gens qui souffrent
00:35:56 que leur ressenti est faux, jamais.
00:35:58 Je vous dis juste qu'il faut parfois restaurer un peu de factuel
00:36:02 et aller au-delà de ses propres appréhensions.
00:36:05 Nous avons une justice qui est sans doute perfectible,
00:36:07 et c'est pour ça que nous bonifions encore une fois le code pénal
00:36:09 pour les mineurs par exemple, et on peut tous enrager
00:36:12 ou contester une décision de justice derrière notre poste.
00:36:14 Je le dis d'autant plus tranquillement qu'il y a une séparation des pouvoirs
00:36:17 et qu'il ne m'est jamais revenu et qu'il ne me reviendra jamais
00:36:19 de prononcer moi-même une peine pour qui que ce soit.
00:36:21 Et que si j'étais victime, je considérais probablement
00:36:24 que la peine des auteurs des violences qui me sont faites
00:36:26 est sans doute insuffisante au regard du mal qui m'a été fait.
00:36:29 - Jean-Sébastien Ferjou.
00:36:30 - Monsieur le ministre, vous nous dites qu'il faut que la justice
00:36:33 sache entendre la demande de la société.
00:36:35 Les Français justement ont l'impression que ce n'est pas le cas.
00:36:37 Le gouvernement ne prend pas les décisions de justice et c'est heureux.
00:36:41 En revanche, vous êtes responsable, pas vous personnellement,
00:36:43 mais d'un certain nombre de nominations.
00:36:45 Est-ce qu'il y a du sens d'afficher la plus grande fermeté,
00:36:47 encore plus peut-être monsieur Darmanin,
00:36:49 et ensuite nommer des gens par exemple au Conseil supérieur de la magistrature
00:36:52 qui sont porteurs d'une idéologie différente ?
00:36:54 Le président de la République par exemple a nommé madame Guigou,
00:36:57 la présidente de l'Assemblée nationale a nommé une magistrate
00:36:59 qui avait appelé à voter pour Jean-Luc Mélenchon,
00:37:01 le même Jean-Luc Mélenchon qui dit "la police tue".
00:37:03 Le président de la section intérieure du Conseil d'État
00:37:06 qui s'occupe de tous les sujets régaliens
00:37:08 est réputé pour son côté multiculturaliste.
00:37:11 Est-ce que vous pensez que ce "en même temps" dans les nominations a un sens ?
00:37:15 Est-ce que vous n'êtes pas responsable des décisions de justice elles-mêmes ?
00:37:19 En revanche, les nominations qui sont faites par la majorité,
00:37:22 elles, elles ont un impact sur les décisions de justice.
00:37:25 Ce que je vous dis, c'est que quand vous êtes un magistrat
00:37:27 et que vous êtes en charge de réparer le tort commis à une victime,
00:37:31 vous n'écoutez pas votre idéologie,
00:37:33 vous regardez les faits et vous jugez les faits
00:37:35 et vous suivez le droit.
00:37:37 Et le droit, il est clair.
00:37:38 Et le droit, il peut être amené à être modifié par le Parlement,
00:37:40 ce qui est fait régulièrement.
00:37:42 Et c'est ce que nous allons faire encore une fois pour le droit,
00:37:44 pour le... s'agissant du droit pénal des mineurs.
00:37:47 Mais il y a des philosophies du droit différents.
00:37:49 Vous voyez bien que par exemple, nommer Rachida Dati
00:37:51 pour prendre une ancienne garde des Sceaux
00:37:54 ou Michel Mercier qui aurait été garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy
00:37:56 ne sont pas porteurs de la même vision.
00:37:58 Je ne vous dis pas que Madame Guigou n'est pas responsable.
00:38:00 Objectivement, ils ne sont pas porteurs de la même vision pénale que d'autres.
00:38:04 De la même manière, M. Thuault, à l'aide de la section intérieure du Conseil d'État,
00:38:07 n'est pas porteur de la même vision que d'autres magistrats administratifs.
00:38:11 Ce qui relève de la politique pénale de notre pays
00:38:13 et de l'échelle des peines auxquelles sont passibles les auteurs de crimes ou de délits,
00:38:18 ça relève du Parlement et c'est voté par le Parlement.
00:38:21 Et cette échelle des peines, elle est réévaluée régulièrement
00:38:23 et des peines sont parfois de plus en plus sévères.
00:38:25 Dans le texte qui sera présenté par la Première ministre en début d'année,
00:38:28 par exemple, je crois qu'on multiplie par 5 le montant des amendes
00:38:31 pour non-respect des couvre-feux, y compris pour les mineurs,
00:38:33 parce qu'on se rend compte avec les émeutes urbaines
00:38:36 qu'il y avait des gamins de 12 ans qui étaient dans la rue à 2h du matin,
00:38:39 ce qui n'est absolument pas normal.
00:38:40 Donc, contribution des parents là aussi.
00:38:42 Olivier Véran, vous-même, vous vous attorgez sur le moment de bascule.
00:38:45 Est-on à un moment de bascule ?
00:38:46 Et ce risque d'une société française qui bascule ?
00:38:49 Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, parlait d'une petite guerre civile
00:38:54 qu'on aurait évité le week-end dernier à Romain Surizer précisément,
00:38:57 et on voit des images derrière vous,
00:38:59 parce qu'il y a eu ces défilés venus de l'ultra-droite.
00:39:02 Qu'on en soit là, que vous-même, vous posiez ces termes-là,
00:39:06 après 6 ans et demi au pouvoir,
00:39:08 est-ce que ce n'est pas un terrible aveu d'échec d'en être à ce moment-là
00:39:12 où on se dit "Tiens, on a peut-être évité une petite guerre civile le week-end dernier".
00:39:15 En 6 ans et demi, on est passé, je vous ai donné l'exemple de Grenoble,
00:39:19 de 2 voitures à 5 voitures de police la nuit.
00:39:21 C'est un exemple parmi de très nombreux autres.
00:39:23 Et 78% des personnes qui nous ont interrogés
00:39:25 pensent que la situation s'est dégradée en matière de sécurité.
00:39:27 Qui montre qu'entre la situation que nous avons trouvée
00:39:30 et les efforts qui ont déjà été réalisés,
00:39:32 nous avons aussi des lois pluriannuelles sur la justice et la police
00:39:34 qui vont augmenter conséquemment.
00:39:36 On va multiplier par deux, par exemple, la présence des forces policières
00:39:38 dans les lieux les plus à risque, aux heures de pointe.
00:39:40 Le président de la République n'a pas attendu le drame de Crépole
00:39:43 pour annoncer 200 brigades de gendarmerie supplémentaires.
00:39:46 Vous savez depuis combien de temps
00:39:47 on n'avait pas augmenté le nombre de brigades de gendarmerie sur notre territoire ?
00:39:50 Donc une à 20 km de Crépole.
00:39:52 Justement pour tenir compte de l'évolution de l'insécurité,
00:39:55 y compris en milieu rural.
00:39:58 M. Switek, les efforts que nous faisons aujourd'hui
00:40:00 en matière de police et de justice,
00:40:01 personne ne les avait faits avant nous.
00:40:03 Est-ce que ça suffit ? Est-ce que ça ne suffit pas ?
00:40:04 Ce n'est pas à moi d'en juger.
00:40:05 Je vous dis que nous mettons les moyens
00:40:07 et qu'il n'y a pas de prise de conscience aujourd'hui
00:40:09 du problème que rencontrent les Français.
00:40:10 Quant à ce à quoi vous faites allusion,
00:40:13 ce sont des charognards.
00:40:15 L'ultra-droite qui va faire des descentes
00:40:18 pour aller taper indistinctement
00:40:21 sur des gens qui n'ont rien demandé
00:40:23 et qui ont pour seul tort d'être déjà les otages,
00:40:26 les victimes des personnes qui créent de l'insécurité
00:40:29 en permanence dans ce quartier,
00:40:30 ce sont des charognards.
00:40:32 Et tous ceux qui profitent de cette période
00:40:34 pour vous faire croire que c'est l'ensemble d'une communauté
00:40:36 ou de noms ou d'origine qu'il faudrait pouvoir incriminer
00:40:39 pour cela, se trompent.
00:40:40 Moi, j'ai vu des jeunes filles au lycée de la Drôme
00:40:43 où je suis allé, ou ceux ou cohabitent
00:40:45 les adolescents de Crépole
00:40:47 et les adolescents du quartier de la Monnaie.
00:40:48 Et j'avais d'un côté les adolescents de Crépole
00:40:50 pour certains d'entre eux qui me disaient
00:40:52 "moi j'ai peur des représailles de la part des copains
00:40:55 et de la famille de ceux qui ont été incarcérés".
00:40:56 Et de l'autre côté, j'ai vu des jeunes femmes
00:40:58 qui habitent dans le quartier de la Monnaie
00:41:00 dont le patronyme correspond au patronyme
00:41:02 de certains des auteurs qui sont arrêtés et en prison.
00:41:05 Et qui me disaient "moi on a peur de prendre le transport scolaire
00:41:08 parce qu'on a peur qu'on s'en prenne à nous".
00:41:10 Je crois qu'aujourd'hui, il y a un jeune facteur
00:41:12 âgé d'une vingtaine d'années, d'origine maghrébine
00:41:15 qui était dans le quartier de la Monnaie
00:41:16 et qui a été pris à partie par quatre personnes
00:41:18 et menacé avec un couteau.
00:41:20 - Ce que vous décrivez, ce sont des Français face à face ?
00:41:24 - Mais non, ce ne sont pas des Français face à face.
00:41:26 Et les gens à Crépole, dans cette salle des fêtes,
00:41:28 avaient, malgré la colère, malgré la peine,
00:41:30 malgré la détresse légitime, qui sont les leurs,
00:41:33 à aucun moment n'ont considéré
00:41:35 que ceux qui faisaient ça agissaient en leur nom.
00:41:37 Ne nous trompons pas, il y a ceux qui veulent profiter
00:41:40 de ce climat et de cette tristesse et de ce chagrin
00:41:43 pour faire croire qu'il nous faudrait inévitablement
00:41:45 basculer dans la haine.
00:41:47 Lorsqu'on répond à la violence par la haine
00:41:49 et pas par la justice et pas par l'état de droit,
00:41:52 c'est là qu'on bascule dans quelque chose qui est dangereux.
00:41:53 Et ce n'est pas ce que la société française,
00:41:55 et je reste résolument anacabana sur les mots
00:41:58 que j'ai utilisés en sorti de conseil des ministres
00:42:00 en disant que nous sommes plus forts que cela.
00:42:02 - Il y a un des points sur lesquels vous avez changé,
00:42:04 la responsabilité parentale, dont vous faites le plaidoyer ce soir.
00:42:08 Quand vous étiez ministre des Affaires sociales,
00:42:10 vous étiez insurgé contre une délibération
00:42:13 qui avait été votée par la majorité municipale de Valence,
00:42:16 c'était en décembre 2020.
00:42:20 Et donc le conseil municipal validait la possibilité de supprimer
00:42:22 des allocations aux familles dont les enfants étaient des délinquants,
00:42:28 c'était pour lutter contre les violences urbaines.
00:42:30 Et à ce moment-là, vous aviez dit que vous étiez choqué.
00:42:33 - Je le suis toujours.
00:42:34 - Et alors la responsabilité parentale ?
00:42:36 - A quel moment ai-je changé d'avis ?
00:42:37 - La responsabilité parentale pour qu'aujourd'hui,
00:42:39 vous vous appelez de vos voeux.
00:42:41 - Il y a une vraie différence anacabana,
00:42:43 entre dire lorsque des parents manifestement
00:42:46 ne font pas montre d'éducation ou d'encadrement de leur vie
00:42:49 ou d'éducation, ou d'éducation, ou d'éducation,
00:42:51 et qu'ils vont devoir payer des réparations
00:42:53 pour ce que leurs enfants ont détruit,
00:42:55 ou ils vont suivre des travaux d'intérêt général
00:42:57 de manière à leur permettre de changer d'attitude vis-à-vis de leurs enfants,
00:43:00 et dire que lorsque dans une famille,
00:43:02 lorsque dans une fratrie, il y a un enfant qui fait n'importe quoi,
00:43:05 on va priver toute la famille de prestations sociales
00:43:07 et d'allocations sociales.
00:43:08 Les allocations familiales sont des allocations sociales
00:43:10 qui sont universelles et qui ne répondent qu'à une condition,
00:43:13 la condition de revenu.
00:43:14 - Donc ce n'est pas cette façon-là d'exercer la responsabilité parentale,
00:43:16 vous ne la toucherez pas de cette façon-là.
00:43:18 - La question des allocations est une question qui est injuste.
00:43:20 Vous pouvez être un gamin du quartier de la monnaie,
00:43:22 vous en sortir, bosser, faire partie de cette première ligne
00:43:25 qu'on célébrait pendant le Covid et qu'on a vite oublié.
00:43:27 Qu'on a vite oublié.
00:43:29 Et vous pouvez avoir un frère ou une sœur
00:43:31 qui fait absolument n'importe quoi dans la rue,
00:43:33 on ne va pas priver vos parents, et donc vous-même,
00:43:35 de ces ressources sociales auxquelles vous pouvez prétendre
00:43:37 parce que vos parents ont des tout petits revenus.
00:43:39 En revanche, que si vos parents n'éduquent pas correctement
00:43:42 et laissent sortir un de leurs enfants la nuit
00:43:45 et qu'ils font absolument n'importe quoi, et malgré...
00:43:48 - Donc là, on est dans le cas d'un mineur délinquant.
00:43:50 - Malgré l'aide qui a pu être apportée,
00:43:52 malgré l'alerte qui a pu être donnée, continue à le faire,
00:43:54 que les parents suivent des travaux d'intérêt général,
00:43:56 qu'ils aient des cours d'éducation civique,
00:43:58 voire qu'ils soient mis à contribution
00:44:00 pour réparer ce que leur enfant a détruit,
00:44:02 ce n'est pas la même philosophie, ce n'est pas la même chose.
00:44:04 - Donc des sanctions pécuniaires seulement.
00:44:06 - Pas que pécuniaires. Quand on parle de tiges,
00:44:08 de travaux d'intérêt général, c'est quelque chose de résolument nouveau.
00:44:11 - Mais vous parlez de réparation.
00:44:13 - Ça fera peut-être réfléchir quelques ados
00:44:15 de sortir dans la rue pour faire n'importe quoi,
00:44:17 que de se dire que s'ils ressortent le lendemain,
00:44:19 leurs parents seront condamnés à des travaux d'intérêt général.
00:44:21 - Laurent Jaufrin. - Et les deux parents.
00:44:23 - Il y a un aspect de cette délinquance endémique
00:44:25 dont on parle dans les quartiers, c'est le trafic de drogue,
00:44:28 qui est extrêmement prégnant et qui ne cesse de progresser en France
00:44:31 et qui maintenant se développe dans des quartiers
00:44:33 ou dans des villes où on n'avait pas l'habitude de le voir,
00:44:35 des petites villes.
00:44:37 Est-ce que les pouvoirs publics sont assez vigilants là-dessus ?
00:44:40 Parce qu'ils en parlent, évidemment,
00:44:42 ils disent qu'il y a un problème à Marseille par exemple,
00:44:44 mais est-ce qu'on a suffisamment mis de policiers spécialisés,
00:44:48 de gendarmes spécialisés, de juges spécialisés,
00:44:51 puisqu'on sait très bien que dans les pays
00:44:53 où les narcotrafiquants tiennent le haut du pavé,
00:44:56 on n'arrive pas à les combattre sans ces unités spécialisées.
00:45:00 Alors je crois qu'en France, elles existent très peu.
00:45:03 - Alors elles existent, on est en train de casser les points de deal
00:45:05 des grandes villes les uns après les autres.
00:45:07 À Marseille, c'est plusieurs dizaines de points de deal qui ont disparu,
00:45:09 à Grenoble, pardon de reprendre cet exemple,
00:45:11 mais j'y étais il y a quelques jours pour aller voir les grands villes.
00:45:14 - Oui, j'en ai pas parlé. - Le maire et le préfect, etc.
00:45:16 J'en reviens accessoirement, c'est la plus belle ville de France.
00:45:19 Eh bien là-bas, il y a tout un quartier qui était engrainé par la drogue
00:45:23 qui aujourd'hui ne l'est plus.
00:45:24 Donc on mène cette lutte pied à pied contre le trafic.
00:45:26 Mais vous avez raison de souligner que quand on a franchi la ligne rouge du deal
00:45:29 et quand des parents ont franchi la ligne rouge de laisser leur gamin dealer
00:45:33 au lieu d'aller à l'école, d'ailleurs j'aimerais bien qu'on m'explique
00:45:35 comment entre 16 ans et 25 ans on peut faire autre chose qu'étudier ou travailler.
00:45:39 Il faudrait peut-être se poser aussi cette question-là.
00:45:42 Moi je pense que quand on est entre 16 ans et 25 ans, on étudie ou on travaille.
00:45:47 Mais les gamins qui sont dans la rue, dans l'oisiveté et qui vivent du deal,
00:45:51 c'est pas normal. Et donc on lutte contre ça.
00:45:54 - Je sais bien que vous luttez, mais on a le sentiment que les moyens ne sont pas suffisants.
00:45:57 - Regardez les statistiques que montre le ministre de l'Intérieur régulièrement,
00:46:02 qui montrent que point de deal après point de deal, on gagne à nouveau du terrain.
00:46:05 D'ailleurs ça énerve les dealers qui du coup parfois partent en règlement de compte
00:46:08 ou s'en prennent aux forces de police au titre de représailles.
00:46:11 Donc on lutte contre ce trafic.
00:46:13 Mais au-delà même de la question du deal, la question de la consommation,
00:46:16 je ne sais pas encore si les suspects dans l'affaire de Crépole
00:46:19 étaient ou non sous l'emprise de stupéfiants.
00:46:21 Mais j'ai vécu des drames absolus dans ma circonscription il y a quelques années.
00:46:24 Je pense au jeune Adrien qui avait été assassiné à Mélan, à Kevin et Sofiane,
00:46:28 qui avait été assassiné à Grenoble et tout le monde s'en souvient.
00:46:31 Où il y a parfois l'intervention aussi de stupéfiants avec des drogues.
00:46:36 - Le jeune Adrien, sa mère...
00:46:38 - Vous avez aussi... Ah.
00:46:40 - Absolument.
00:46:42 - Vous avez aussi des...
00:46:45 Pardon, ça me mêle parce que je repense à...
00:46:48 - J'explique simplement.
00:46:50 Adrien, c'est Adrien Perez, on est d'accord, sa mère s'est ravé de tout.
00:46:55 Tué en 2018 à la sortie d'une boîte de nuit,
00:46:58 laissé de séparer des groupes qui se bagarrent, coup de couteau.
00:47:01 Deux personnes condamnées à 15 ans de prison à l'époque.
00:47:04 Et je vous vois très ému.
00:47:06 - Non, pardon.
00:47:08 - Parce que ça résonne.
00:47:10 - Parce que c'est chez vous aussi.
00:47:12 - Oui, parce que ça avait été très dur pour la famille,
00:47:14 ça avait été très dur pour tout le monde là-bas.
00:47:16 Je reprends mes esprits.
00:47:18 Il y a aussi un problème de santé mentale qui peut aussi préexister.
00:47:21 J'avais demandé au procureur à l'époque
00:47:24 combien de jeunes étaient susceptibles de passer à l'acte.
00:47:27 Combien de jeunes qui peuvent avoir parfois un couteau sur eux
00:47:30 étaient capables, du jour au lendemain,
00:47:32 d'un accès de folie ou sous l'emprise de stupéfiants,
00:47:34 ou un accès de colère.
00:47:36 Ils ont eu une très intolérante frustration.
00:47:39 Et donc lorsqu'ils cessent de contrarier,
00:47:42 ils vont surréagir, et surréagir de la plus horrible des manières.
00:47:45 Parfois même confrontés au fait qu'ils aient tué quelqu'un,
00:47:48 ils vont vous dire "mais c'est lui qui a commencé".
00:47:50 Il y a aussi le travail de la psychiatrie qui est mené.
00:47:53 Je salue les pédopsyches parce qu'ils connaissent.
00:47:55 - Sur les violences liées au trafic de drogue,
00:47:57 vous avez entendu ce chiffre donné par le directeur général
00:48:00 de la police nationale, Frédéric Vaud,
00:48:02 au 13 novembre 2023,
00:48:04 on a constaté 315 homicides ou tentatives d'homicides
00:48:07 entre malfaiteurs, une hausse de 57% par rapport à 2022.
00:48:10 Une hausse de 57%.
00:48:12 On est loin d'avoir contrôlé la situation.
00:48:14 - Alors pardonnez-moi, s'il y a des règlements de compte
00:48:16 entre bandes de dealers, ça ne veut pas dire que le deal s'étend.
00:48:19 Ça veut dire parfois que les territoires se restreignent.
00:48:21 Les policiers vous le diront.
00:48:23 Plus vous allez agacer les points de deal,
00:48:25 plus vous restreignez les territoires,
00:48:27 plus vous récupérez du territoire,
00:48:29 plus dans la phase aiguë, au moment où ça arrive,
00:48:31 vous intervenez, il peut y avoir un rebond de violence.
00:48:34 Et là, je le déplore, parce que parfois, c'est pareil.
00:48:36 Vous savez, dans la presse, on lit un jeune de 18 ans
00:48:38 tué par balle dans telle ou telle ville.
00:48:40 Et on vous dit, dans le cadre d'un règlement de compte,
00:48:42 vous dites "Ah, ça reste un jeune de 18 ans qui est tué par balle,
00:48:45 qui deal, c'est pas bien, mais ça reste un jeune de 18 ans
00:48:48 et personne ne devrait avoir à mourir."
00:48:50 On voit bien que le deal dans les quartiers
00:48:53 est une calamité pour ceux qui l'exercent,
00:48:55 est une calamité aussi pour les populations qui vivent ça au quotidien.
00:48:58 Donc vraiment, on est absolument mobilisés là-dessus.
00:49:00 Croyez-moi, je connais bien...
00:49:02 J'ai l'impression qu'il y a tout un catalogue de mesures, Olivier Véran.
00:49:05 Vous énumérez toutes les mesures du gouvernement
00:49:08 en matière de sécurité, de police, de justice.
00:49:10 Vous constatez bien qu'il y a un gros décalage
00:49:12 par rapport à la perception des Français.
00:49:15 Je vous dis que les résultats...
00:49:17 Comment vous l'expliquez ?
00:49:18 Les résultats, on est en train de les enregistrer,
00:49:20 que les changements sont en train de s'opérer
00:49:22 et qu'on adopte aussi des nouvelles techniques
00:49:24 pour lutter contre l'insécurité.
00:49:26 L'insécurité zéro n'existera jamais nulle part dans le monde.
00:49:28 On est d'accord là-dessus.
00:49:30 Même dans les États les plus policiers,
00:49:32 l'insécurité, ce qu'on veut, c'est la restreindre le plus possible
00:49:34 et en arrêter, en terminer, en finir avec ces bandes
00:49:37 qui honnêtement sèment le désordre
00:49:39 et voire le chaos parfois dans les villes et dans les campagnes.
00:49:41 Une question encore, Olivier Véran.
00:49:43 Tout à l'heure, Jordan Bardella sera à votre place.
00:49:45 Ce sera à 22h30 sur BFM TV.
00:49:47 Ce qui se joue aussi derrière tout ça,
00:49:50 derrière ce que l'on voit, toutes les images
00:49:53 et toutes les questions que l'on vous pose ce soir,
00:49:55 ce sont les prochaines échéances électorales,
00:49:57 ce sont les européennes, la présidentielle plus loin.
00:50:01 Ce qui se joue derrière tout ça, c'est comment vous allez faire,
00:50:04 vous, au gouvernement et dans la majorité,
00:50:07 pour empêcher Jordan Bardella, Marine Le Pen, d'arriver au pouvoir.
00:50:09 C'est ça qui se joue aussi là aujourd'hui.
00:50:11 Mais le Rassemblement national est un parti d'extrême droite populiste.
00:50:15 Il fait ce que je contestais tout à l'heure.
00:50:17 Il décide avant les faits.
00:50:19 Il juge avant les faits.
00:50:22 Et il a des réponses toutes prêtes à tout.
00:50:24 Il vous dira toujours qu'il est d'accord avec vous.
00:50:26 Il vous dira toujours que l'État est défaillant, que l'Europe ne sert à rien.
00:50:28 Et visiblement, ça marche.
00:50:29 Il vit de ce chaos.
00:50:31 Pour me rendre dans beaucoup de villes tenues par le RN depuis quelques semaines,
00:50:35 je constate cela.
00:50:36 Il m'envoie parfois des habitants, me dire "Regardez, la dernière fois c'était à Aïange".
00:50:40 Le maire RN me dit "Regardez, il parlait à cet habitant, il est inquiet pour son hôpital".
00:50:44 Et l'habitant est très sympathique au demain.
00:50:46 Je ne vois pas un électeur RN, je vois un citoyen français.
00:50:48 Il me dit "Je suis très inquiet pour l'hôpital parce qu'il paraît qu'il va fermer".
00:50:51 Je lui dis "Écoutez, votre hôpital, il y a trois ans,
00:50:53 il était tenu par un groupe privé qui était en faillite.
00:50:55 On a décidé de le reprendre par l'hôpital public.
00:50:57 On est en train de rouvrir, de travailler pour rouvrir des services.
00:50:59 Au contraire, on est en train de le conforter".
00:51:01 Vous savez ce que m'a dit l'habitant ?
00:51:03 "Ah ben ça me rassure".
00:51:04 Mais si ça rassure l'habitant, ça ne fait pas plaisir aux RN.
00:51:07 Parce qu'ils vivent de cette peur-là.
00:51:09 Et donc, ils vont toujours stimuler l'instinct grégaire,
00:51:11 le cerveau reptilien, tout ce qu'il y a de plus sombre en nous.
00:51:14 Ils vont vous dire "En fait, il n'y a qu'une solution, c'est sombrer dans la haine".
00:51:17 Moi, je vous dis, il y a une solution, ça s'appelle l'état de droit,
00:51:19 la cohésion de la nation.
00:51:20 Mais vous avez vu les sondages comme nous, Olivier Dérange,
00:51:22 que ce soit pour les européennes ou la présidentielle,
00:51:25 si elle avait lieu demain, le Rassemblement national
00:51:27 et Marine Le Pen arriverait en tête.
00:51:28 Je ne suis pas sourd au sondage.
00:51:29 Je le vois bien et j'entends aussi ce que me disent les gens.
00:51:32 Et j'ai vu ce grand-père dans cette salle à Crépole
00:51:36 se lever en pleurant en me disant "En 2002, j'ai voté dégoûté pour Chirac
00:51:42 parce que je voulais faire barrage à Le Pen
00:51:43 et j'ai honte de ce que je vais vous dire
00:51:44 mais je risque de voter Le Pen la prochaine fois".
00:51:46 Donc, j'entends bien cela.
00:51:47 Je vous dis, est-ce que le RN apporte des solutions ?
00:51:49 Non, le RN vous maintient dans l'idée que tout n'est que problème.
00:51:52 - Une question pour sortir des sujets qui nous intéressent ce soir.
00:51:56 Il y a eu une grande joie tout à l'heure.
00:51:58 On l'a vu, on a vu les images sur BFM TV, c'est la libération de Mia, Mia Chem,
00:52:02 qui était otage du Hamas dans la bande de Gaza.
00:52:06 Il reste ce soir quatre Français portés disparus.
00:52:09 On voit encore une fois les images de Mia qui a été remise tout à l'heure
00:52:12 au personnel de la Croix-Rouge.
00:52:13 Il reste quatre Français portés disparus.
00:52:15 Que savez-vous ce soir de leur situation ?
00:52:17 - Je ne peux rien vous dire de plus que ce que dit le Quai d'Orsay là-dessus
00:52:20 et chacun doit comprendre pourquoi.
00:52:22 - Est-ce que vous êtes inquiet pour eux ?
00:52:24 - Parce que depuis le premier jour, la France met tout ce qui est en son pouvoir
00:52:27 pour libérer ses ressortissants.
00:52:29 Et donc, c'est un travail de longue haleine,
00:52:31 c'est un travail extrêmement intense, un travail très délicat
00:52:34 et c'est aussi le souhait des familles.
00:52:36 Je n'en dis pas davantage que le bonheur que j'ai de voir Mia,
00:52:41 qui était l'otage française dont on avait vu cette première vidéo
00:52:43 il y a quelques semaines, retrouver les bras de sa maman.
00:52:46 Ce sont des images chaleureuses.
00:52:48 - Est-ce qu'on sait au moins s'ils sont vivants ?
00:52:50 - Je ne peux pas vous donner ces informations.
00:52:52 - Merci Olivier Véran.
00:52:54 - Merci à vous.
00:52:55 - On continuera à faire tout ce qu'on peut jusqu'au dernier jour.
00:52:57 - Merci d'avoir été avec nous en direct dans cette soirée spéciale.
00:53:00 Soirée spéciale sur BFM TV, Crépole, une France qui bascule.
00:53:04 Pour l'interrogation, c'est la question que nous posons.
00:53:06 Le risque de voir la France basculer, c'est l'expression qu'a employée
00:53:08 le porte-parole du gouvernement Olivier Véran
00:53:10 qui était notre invité juste avant la pub.
00:53:12 Mais vers quoi la France serait-elle en train de basculer ?
00:53:14 Vers plus de violence, un ensauvagement, des blocs, des camps face à face ?
00:53:17 Et comment empêcher cette bascule ?
00:53:19 Ce sont toutes ces questions que nous allons nous poser
00:53:21 et que nous nous posons ce soir tous ensemble.
00:53:23 Dans un instant, je le disais, ce sera à 22h30,
00:53:25 Jordan Bardella, le président du Rassemblement National, sera avec nous.
00:53:28 - Pour en parler, on est avec Anna Cabana, éditorialiste BFM TV.
00:53:31 Bonsoir à vous.
00:53:32 Anna avec Bruno Jeudy, éditorialiste politique BFM TV.
00:53:35 Bonsoir à vous Bruno.
00:53:37 Avec Pablo Pio Vivien, rédacteur en chef de la revue Regards.
00:53:40 Bonsoir Pablo.
00:53:41 - Bonsoir.
00:53:42 - Avec Benjamin Duhamel.
00:53:43 - Bonjour Benjamin.
00:53:44 - Benjamin, journaliste politique BFM TV.
00:53:46 Et Dominique Rizet, consultant de l'Immigration et de la Justice BFM TV.
00:53:48 - Bonsoir Julie.
00:53:49 - Nous serons dans une seconde avec la mère d'Adrien Perez.
00:53:52 Là aussi, on en parlait juste avant.
00:53:54 Bonsoir madame et merci d'être avec nous.
00:53:56 Je sais que vous êtes déjà en ligne.
00:53:58 Votre fils, Adrien, a été tué en 2018 à la sortie d'une boîte de nuit de l'ISER.
00:54:02 Je viens à vous dans une seconde madame.
00:54:04 Je voudrais simplement, avec Dominique Rizet,
00:54:06 qu'on rappelle précisément ce qui s'est passé en 2018, Dominique,
00:54:10 pour ce jeune Adrien Perez.
00:54:12 - 29 juillet, Adrien sort d'une boîte de nuit à Mélans, près de Grenoble.
00:54:16 Il y a eu une petite embrouille à l'intérieur de la boîte de nuit.
00:54:19 Et quand il sort, des hommes l'attendent sur le parking.
00:54:23 Trois hommes.
00:54:24 La boîte de nuit s'appelle le Phénix.
00:54:26 C'est le jour de son 26e anniversaire.
00:54:29 Et Adrien est poignardé par ces hommes.
00:54:33 Et il va mourir.
00:54:34 Il reçoit un coup de couteau en plein cœur.
00:54:37 2 juillet 2021, trois ans plus tard, ces hommes sont jugés, deux frères,
00:54:41 par la cour d'assises de l'ISER, ce sont les frères El Habib,
00:54:45 ils vont être condamnés tous les deux à 15 ans de réclusion criminelle
00:54:48 pour coups mortels, violences aggravées.
00:54:50 C'est inférieur aux réquisitions du parquet,
00:54:52 coups mortels et violences aggravées,
00:54:54 parce que l'intention homicide n'a pas été retenue.
00:54:57 Ça veut dire que l'homme qui plante son couteau dans le cœur de quelqu'un,
00:55:01 on peut penser que la justice va dire qu'il n'y a pas d'intention homicide.
00:55:07 La Défense était satisfaite du verdict,
00:55:10 et elle a souligné que parmi les avocats des deux frères El Habib,
00:55:14 il y avait maître Guillaume Faure qui est l'avocat
00:55:17 de quatre des mises en cause dans l'affaire d'aujourd'hui de Thomas Perrauteau.
00:55:22 - On disait donc qu'on est avec la maman d'Adrien Perez.
00:55:25 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
00:55:28 La mort de Thomas à Crépole vous a, j'imagine,
00:55:32 tout de suite renvoyé à votre drame à ce mois de juillet 2018.
00:55:36 - Bonsoir à tous et merci de votre invitation.
00:55:40 Oui, la mort de Thomas nous a ramenés à Adrien,
00:55:44 parce que Thomas est mort dans les mêmes conditions qu'Adrien.
00:55:47 Je voulais juste faire un petit rappel à ce qu'a dit M. Rizet.
00:55:51 Les assassins de mon fils ne les attendaient pas à la sortie de la boîte de nuit.
00:55:56 Ils sont venus les agresser eux-mêmes.
00:55:59 C'est une petite nuance qui fait beaucoup.
00:56:02 Oui, la mort de Thomas nous ramène à un meurtre de notre Adrien.
00:56:07 Et avant toute chose, je voudrais, par la voix de votre chaîne,
00:56:11 apporter toutes nos condoléances aux parents, aux frères et à la famille,
00:56:17 et surtout notre pleur à nous et de notre cœur.
00:56:22 Et nous pleurons notre fils et nous osons pleurer aussi Thomas.
00:56:29 - On vous entend bouleverser, Madame, ce soir.
00:56:32 Et encore une fois, on vous remercie d'avoir accepté de nous répondre.
00:56:35 Je dis bouleverser, c'est parce qu'il y a aussi de la colère derrière tout ça ?
00:56:40 - Oh, il y a de la colère ! Bien sûr qu'il y a de la colère, monsieur.
00:56:44 Mais vous croyez qu'on ne peut pas avoir de colère ?
00:56:47 Comment vous expliquer ?
00:56:50 Notre pays a sombré dans la violence.
00:56:53 Notre pays, ça fait longtemps qu'il a été gouverné par des politiques de droite, de gauche,
00:57:00 qui ont laissé sciemment installer cette violence.
00:57:03 Et personne n'a jamais rien fait jusqu'à présent.
00:57:06 Alors on entend tout, des blablas par-ci, des blablas par-là,
00:57:10 mais en attendant, il y a eu des violences et des morts avant mon fils Adrien,
00:57:16 et il y en a eu après Adrien, et croyez-moi, ce n'est pas fini.
00:57:21 Je pense qu'après Thomas, il y aura encore des drames,
00:57:24 encore des enfants de France qu'ils vont couper sous ces coups de cette violence gratuite.
00:57:29 Vous aviez écrit une lettre à l'époque à Emmanuel Macron, restée sans réponse, je crois, c'était en 2018.
00:57:37 Cette lettre-là, si vous la réécriviez aujourd'hui,
00:57:41 qu'est-ce que vous lui diriez à Emmanuel Macron ?
00:57:43 Qu'est-ce que vous lui demanderiez concrètement ?
00:57:45 Je lui réécrirais la même lettre, parce que tout ce que je lui ai écrit sur cette lettre,
00:57:52 ça n'a jamais cessé.
00:57:54 C'est exactement ce que l'on fait encore maintenant.
00:57:57 Rien n'a changé. Depuis cinq ans et demi que mon fils a été assassiné, rien n'a changé.
00:58:05 Rien.
00:58:06 Alors on peut entendre qu'ils mettent des policiers en place, que ci, que là.
00:58:11 Excusez-moi, mais au vu de l'actualité, rien ne change.
00:58:17 Rien. Strictement rien. Rien.
00:58:21 Mais qu'est-ce que vous lui demandiez dans cette lettre ?
00:58:24 Je ne lui demandais pas quelque chose, je lui décrivais la situation de notre pays.
00:58:32 Je lui décrivais la violence de notre pays.
00:58:36 Les actes que les Français et les enfants de France doivent subir par cette violence gratuite.
00:58:41 Je ne suis pas, moi, plus que les autres, à devoir lui dire "faites ci, faites ça".
00:58:47 Pas du tout.
00:58:48 Je veux simplement, c'est une constatation, une constatation depuis 40 ans, que rien ne change.
00:58:54 Rien. Strictement rien.
00:58:56 Vous êtes comme moi, vous êtes journaliste, vous entendez tout, vous voyez tout.
00:59:00 Je ne sais pas si vous-même vous trouvez que dans notre pays, les situations changent.
00:59:04 Non. On sombre sur la violence. Pour rien.
00:59:08 Pour un regard, pour une cigarette, pour un nom.
00:59:11 Et qu'est-ce que vous aimeriez que le gouvernement mette en place pour que ça change ?
00:59:16 Des actes. Simplement des actes.
00:59:18 Des actes. Des actes répréhensibles. Des actes de punition que la justice, quand elle condamne,
00:59:24 parce qu'elle condamne effectivement les jugements quand on arrête les criminels ou autres,
00:59:28 on les juge, mais il faut des peines plus sévères.
00:59:32 Je peux vous dire une chose.
00:59:34 On s'est tellement investi dans le dossier des meurtriers de notre fils.
00:59:38 Nous avons lu toutes les conversations téléphoniques qu'ils avaient en prison.
00:59:46 Vous voulez que je vous dise ce qu'ils parlaient en prison entre eux ?
00:59:49 Parce qu'il faut savoir qu'en prison, ils se parlent.
00:59:51 Il y a des téléphones, ils te parlent.
00:59:53 Ils se parlent même avec maman au téléphone.
00:59:55 Pour eux, ils savaient déjà qu'ils ne seraient pas condamnés à plus de 8 ans.
01:00:00 Vous vous rendez compte ?
01:00:01 Même ceux qui tuent nos enfants,
01:00:03 ils savent qu'ils ne seront pas condamnés à plus de 8 ans, 10 ans de réclusion criminelle.
01:00:09 Vous vous rendez compte ?
01:00:11 Je demande à ce que notre paix, nos gouvernants, notre justice soient fermes définitives.
01:00:20 Que le quantum d'une peine soit exécuté de A jusqu'à Z.
01:00:24 Pas des lois que parce qu'ils se comportent bien en prison,
01:00:27 parce qu'ils travaillent, parce qu'ils étudient, qu'on les relâche.
01:00:31 Pas dans les 3 ans, mais les assassins de mon fils ne croyaient pas.
01:00:35 Ils ne vont pas faire leur 15 ans plein.
01:00:37 Non, non, les assassins de mon fils, je me dis qu'encore dans 5 ans, ils vont être dehors.
01:00:42 Voilà.
01:00:43 C'est ça que nous, parents d'enfants, partit sous ces coups de couteau.
01:00:47 Parce que souvent, par coup de couteau, Thomas, c'est un coup de couteau.
01:00:51 Ça vient les donner les coups de couteau.
01:00:53 Il les donne en plein coeur les coups de couteau.
01:00:54 Madame Pérez, c'est vrai que vous avez raison,
01:00:57 parce que les meurtriers de votre fils ont été condamnés en 2021,
01:01:00 interpellés en 2018 aussitôt les faits, donc 15 ans de prison.
01:01:04 Ça veut dire, même si le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti,
01:01:07 a supprimé à son arrivée les remises de peine systématiques,
01:01:10 c'est à peu près 2 mois par an, il a supprimé ça.
01:01:13 Mais malgré ça, ils sortiront en 2028.
01:01:16 Vous avez raison, c'est-à-dire qu'ils auront fait 10 ans sur les 15,
01:01:19 parce qu'ils vont se tenir correctement.
01:01:21 Voilà, vous trouvez que c'est normal ?
01:01:22 Ils feront 10 ans sur les 15.
01:01:23 Vous êtes papa, est-ce que vous trouvez que c'est normal, monsieur ?
01:01:25 Non, je ne trouve pas que c'est normal, mais je suis d'accord avec vous.
01:01:28 Il faut qu'il y a des lois en France.
01:01:29 Parce que vous avez perdu un fils.
01:01:30 Il y a des lois en France qu'il va falloir qu'elles changent.
01:01:33 C'est-à-dire que les victimes, les victimes premières, qui n'est plus là,
01:01:36 et puis les victimes collatérales, nous, ce qu'on appelle les parents, les familles,
01:01:40 il va falloir qu'on nous entende, qu'on nous considère un petit peu plus.
01:01:45 C'est-à-dire que lorsqu'il y a une condamnation, un jugement, un quantum,
01:01:48 il faut que cette loi, elle cesse.
01:01:50 Il faut qu'ils aillent jusqu'au bout de leur peine.
01:01:52 C'est trop facile.
01:01:54 Vous savez, monsieur, ce qu'allait notre vie à nous,
01:01:56 parents d'enfants partis sous des coups de violence gratuite,
01:02:00 c'est tous les jours, monsieur, tous les jours,
01:02:02 deux fois par jour, je vais embrasser du marbre, monsieur.
01:02:05 Moi, mon fils, il ne rentre plus chez moi.
01:02:07 Il ne me dit plus maman. Il ne nous appelle plus papa.
01:02:10 Je ne l'écoute plus au téléphone. Je ne l'embrasse plus.
01:02:13 Eux, en prison, ils voient leurs parents.
01:02:15 Et vous savez ce qu'elle a fait la justice pour nous, monsieur ?
01:02:17 Ces deux meurtriers, ils ne sont pas loin de Grenoble.
01:02:21 Il y en a un qui est à Saint-Quentin-Falavier et l'autre qui est à...
01:02:26 à Rouen. Voyez, monsieur ?
01:02:27 C'est-à-dire que monsieur et madame, les géniteurs de ces assassins,
01:02:31 parce qu'ils n'ont pas d'autres mots pour les définir,
01:02:34 ils ont à faire à peine deux heures de route pour aller voir leur fils.
01:02:37 Vous vous rendez compte ce que la justice nous impose ?
01:02:39 Au lieu de... Voyez, on parle de punir les parents
01:02:42 s'ils ne font pas leur rôle de parents.
01:02:44 Là, j'ai écouté vaguement monsieur le grand.
01:02:46 Mais aussi, ça fait partie d'une condamnation.
01:02:49 Ils ont eu des enfants qui sont meurtriers.
01:02:54 On leur laisse encore la possibilité de faire à peine deux heures de route
01:02:57 pour aller profiter pleinement de leurs enfants quand ils vont les voir.
01:03:00 Mais moi, je les aurais envoyés à l'autre côté de la France.
01:03:04 C'est plein de petites choses comme ça que les victimes doivent supporter.
01:03:09 Voilà. En plus de la mort de votre enfant.
01:03:12 On imagine à quel point ça doit être dur.
01:03:14 On vous remercie beaucoup d'avoir accepté de témoigner ce soir sur BFMTV.
01:03:19 Ce procès en laxisme, c'est quelque chose qui est dur de reprendre.
01:03:23 Le témoignage était particulièrement difficile à entendre.
01:03:28 Cette phrase, moi, monsieur, deux fois par jour, je vous l'embrasse.
01:03:32 - C'est du marbre. - Cette phrase est terrible.
01:03:35 Encore une fois, merci à madame Pérez d'avoir accepté de témoigner chez nous.
01:03:38 On entend ce qu'elle a pu nous dire ce soir.
01:03:40 Ce besoin de fermeté.
01:03:42 Ce besoin de fermeté, il est répandu quand on regarde...
01:03:47 - C'est le sondage ? - C'est le sondage.
01:03:50 C'est le sondage, 75 %.
01:03:52 Il y a une attente de fermeté, Dominique Rizet, dans le pays.
01:03:57 Il y a le prononcer de la peine, l'exécution de la peine.
01:04:00 Il y a des peines qui ne sont pas effectuées.
01:04:02 Dans les affaires criminelles, il y a des peines qui ne sont pas effectuées.
01:04:05 C'est le besoin de justice, la demande de toutes ces personnes
01:04:08 d'avoir une vraie justice qui va les entendre.
01:04:10 C'est important.
01:04:11 Quand j'entends parler, on en parlait en préparant cette émission.
01:04:14 Je raconte une petite histoire qui va durer une minute.
01:04:17 J'ai un fils de 30 ans qui a été poignardé il y a deux ans de ça
01:04:21 en haut de clamart, j'habite dans les Hauts-de-Seine,
01:04:23 qui voulait séparer deux jeunes.
01:04:25 Il y en a un qui courait après un autre avec un couteau.
01:04:28 Il y a plein de gamins dans la rue, 18h30, soir de match.
01:04:31 Mon fils a reçu deux coups de couteau,
01:04:33 un derrière la tête et un ici sur le côté.
01:04:36 Quand Mme Peres disait tout à l'heure
01:04:38 "C'est un seul coup de couteau dans le cœur",
01:04:40 c'est ce qui est arrivé à Lili Bell,
01:04:41 c'est ce qui est arrivé à cette jeune fille dans le Val-de-Marne,
01:04:43 un seul coup de couteau dans le cœur, le coup de couteau malheureux.
01:04:46 Mon fils, la lame s'est arrêtée à 2 cm du rein.
01:04:49 Il a eu de la chance.
01:04:50 J'ai de plus en plus de mal à entendre ce genre d'histoire
01:04:53 parce que je suis passé tout près.
01:04:55 J'entends tellement ce que dit cette femme,
01:04:58 j'entends tellement ça, je me sens encore plus concerné
01:05:01 qu'en étant simplement un journaliste de Police-Justice,
01:05:03 mais ça me met aux larmes de l'entendre
01:05:06 parce que ça aurait pu nous arriver à ma femme et moi.
01:05:08 - Et ce sentiment d'insécurité, il est très présent.
01:05:11 Lisa, on voulait faire un point sur ce que disaient les chiffres.
01:05:16 Au-delà du sentiment d'insécurité,
01:05:18 est-ce qu'il y a vraiment une hausse des violences en France ?
01:05:22 - Les chiffres dont je vais vous parler,
01:05:23 ce sont ceux du service statistique du ministère de l'Intérieur
01:05:26 qui collecte chaque année les données sur les violences
01:05:28 et en tire un bilan.
01:05:29 Il existe quelques chiffres pour 2023,
01:05:31 mais ils ne concernent que les homicides ou tentatives d'homicides
01:05:34 qui sont liées au trafic de stupéfiants.
01:05:36 C'est donc très spécifique.
01:05:38 315 faits ont été recensés depuis le début de l'année.
01:05:40 C'est plus 57 % par rapport à 2022
01:05:44 sur ce domaine spécifique du trafic de stupéfiants.
01:05:46 Pour l'année 2022, pour laquelle le bilan a été consolidé,
01:05:49 presque tous les indicateurs de la délinquance
01:05:51 sont en hausse par rapport à l'année d'avant.
01:05:53 Le nombre de victimes d'homicides est en hausse de 9 %.
01:05:56 Le nombre de victimes de coups et blessures volontaires a augmenté de 15 %.
01:06:00 Les victimes de violences sexuelles, vous le voyez, plus 11 %.
01:06:03 Les cambriolages et les vols de véhicules ont également augmenté.
01:06:06 Ça, c'est pour les tendances.
01:06:07 Et en chiffres concrètement, du côté des victimes,
01:06:10 en 2022, 959 personnes ont été victimes d'un homicide en France.
01:06:15 C'est 77 de plus qu'en 2021.
01:06:17 353 000 Français ont subi des coups et blessures volontaires.
01:06:21 C'est 46 300 de plus qu'en 2021.
01:06:24 - Lisa, est-ce qu'on a des informations sur les régions de France
01:06:26 qui sont les plus touchées ?
01:06:27 - Oui, on sait que sur toute la France, c'est en Guyane
01:06:29 que le taux d'homicide est le plus élevé
01:06:31 avec un ratio de 14 homicides pour 100 000 habitants.
01:06:34 Et en métropole, c'est un homicide pour 100 000 habitants
01:06:36 avec un taux supérieur, donc en Corse et en Provence-Alpes-Côte d'Azur
01:06:40 pour les coups et blessures volontaires.
01:06:42 En plus, les départements d'Outre-mer, 5 départements
01:06:44 sont particulièrement concernés par cette infraction
01:06:47 de coups et blessures volontaires.
01:06:49 La Seine-Saint-Denis, Paris, le Nord, le Pas-de-Calais
01:06:52 ou encore les Bouches-du-Rhône.
01:06:53 Il y a quand même une notion importante à avoir en tête
01:06:55 quand on parle de ces chiffres, c'est que tous ces chiffres
01:06:57 sont donc ceux de 2022, ceux du ministère de l'Intérieur.
01:07:00 Ils sont comparés avec ceux de 2021 qui ont baissé de fait
01:07:04 parce qu'il y avait le confinement à cause du Covid.
01:07:07 - Et c'est une précision importante parce que ces chiffres
01:07:10 sont quand même à nuancer.
01:07:12 Mais quand on voit sur ce sondage élable
01:07:14 que 16 sur 10 estiment que la situation en matière de sécurité
01:07:17 s'est dégradée ces dernières années,
01:07:19 plus 10 points en un an,
01:07:21 Pablo, finalement, ce n'est pas juste un ressenti,
01:07:24 les chiffres semblent le confirmer.
01:07:26 - Oui, alors j'aimerais juste un peu dézoomer la focale
01:07:29 parce que là, on compare sur deux ans,
01:07:32 2021, 2022 et 2023.
01:07:34 Si on dézoome la focale et qu'on prend sur les 50 dernières années,
01:07:38 la tendance est quand même très à la baisse.
01:07:40 On a divisé... - En matière d'homicide.
01:07:42 - En matière d'homicide, notamment.
01:07:44 Je veux dire, y compris en matière de coups et blessures aux personnes.
01:07:48 En matière d'homicide, c'est énorme, ça a été divisé par deux.
01:07:51 Donc il y a quand même...
01:07:53 Je comprends le sentiment d'insécurité,
01:07:56 je comprends le témoignage de Dominique tout à l'heure.
01:07:59 - Pas qu'un sentiment, Pablo.
01:08:01 - Le témoignage de Dominique et le témoignage de la mère,
01:08:04 je le comprends.
01:08:06 C'est normal d'avoir la rage lorsque on a tué ou lorsqu'on a blessé.
01:08:10 - J'ai pas la rage. - Où vous avez l'émotion ?
01:08:13 - Allez-y, Dominique. - J'ai pas la rage.
01:08:15 Ce jeune homme a eu une irresponsabilité pénale.
01:08:18 Il travaille dans un supermarché de la ville.
01:08:20 Il met les trucs en rayon.
01:08:22 Je l'ai croisé il y a trois jours.
01:08:24 J'ai pas du tout la rage.
01:08:26 Mon fils est vivant. - Tout le monde n'a pas cette force-là.
01:08:28 - J'ai pas de rage du tout. Je souhaite pas de mal à ce garçon.
01:08:31 S'il avait été condamné, il aurait été condamné.
01:08:33 Mais mon fils est vivant.
01:08:35 - Je m'arrête juste sur ce que vous nous avez dit tout à l'heure, Dominique,
01:08:38 sur ce témoignage-là.
01:08:40 Parce qu'il y a à la fois les chiffres qu'on donnait avec Lisa
01:08:43 et avec moi. - Oui, bien sûr.
01:08:45 - Là, ce que vous nous dites, c'est aussi que ça peut aussi
01:08:49 tous nous tomber dessus à un moment donné.
01:08:51 - Bien sûr, mais évidemment, vous savez, ça peut nous armer à n'importe quoi.
01:08:54 Les agressions, les agressions gratuites,
01:08:57 353 000, c'est ce que nous a dit Lisa tout à l'heure,
01:09:01 français ont subi des coups et blessures volontaires.
01:09:03 C'est dans la rue, c'est tout le temps.
01:09:05 Vous sortez du bar, on va dire à Pablo,
01:09:07 "T'es pas beau, t'es grand, je t'aime pas, je t'ai vu à BFM", boum.
01:09:09 Ou alors, ou n'importe quoi d'autre.
01:09:11 La violence, ça sale.
01:09:13 Moi, j'ai un autre indicateur qui est un indicateur personnel.
01:09:16 Vous savez, il y a 20 ans, 30 ans, ça ne devait pas se faire,
01:09:19 mais ça se faisait quand même.
01:09:20 On me demandait, j'ai toujours travaillé dans des services
01:09:22 police, justice, dans tous les journaux, les médias où j'ai travaillé,
01:09:24 de faire sauter des PV.
01:09:25 Les PV sautaient, c'était comme ça.
01:09:27 Les gens faisaient sauter leurs PV.
01:09:29 - Ça, Chirac avait arrêté ça. - Ça recoupe.
01:09:31 Mais les PV sautaient, Bruno, j'en envoyais des tonnes.
01:09:35 Vous savez ce qu'on me demande aujourd'hui ?
01:09:37 On me demande si je peux intervenir dans des enquêtes
01:09:39 où il ne se passe rien.
01:09:40 Police, zone police, zone gendarmerie.
01:09:42 Est-ce que tu connais quelqu'un ?
01:09:44 Est-ce que tu pourrais appeler ?
01:09:45 Donc j'appelle des commissaires de police,
01:09:46 j'appelle des patrons de gendarmerie en leur disant...
01:09:48 - Pour des enquêtes qui n'avancent pas.
01:09:49 - Je pourrais vous citer un exemple,
01:09:50 je ne vais pas le faire parce que ça se passe dans ma famille.
01:09:52 Mais voilà, est-ce que tu peux...
01:09:54 Voilà une agression où il ne se passe rien derrière.
01:09:56 Pourquoi ?
01:09:57 Parce que les gendarmes et les policiers,
01:09:58 ils sont archi débordés.
01:10:00 Ils n'y arrivent plus.
01:10:01 - Donc ce procès en laxisme, Benjamin Duhamel,
01:10:04 ce procès en laxisme, il est justifié.
01:10:07 Je rappelle ce chiffre.
01:10:08 87% des Français considèrent que la justice est trop laxiste,
01:10:11 qu'on n'en fait pas assez,
01:10:12 que les peines ne sont pas assez sévères.
01:10:14 - C'est très difficile parce que je...
01:10:16 Il n'y a pas seulement un sentiment d'insécurité.
01:10:18 Il y a des chiffres, on l'a vu,
01:10:20 ça a été démontré par Lisa,
01:10:22 une recrudescence.
01:10:24 Cette expression qui est arrivée dans le débat public
01:10:27 de "violence gratuite",
01:10:28 qui est parfois difficile à entendre
01:10:30 pour les familles à qui c'est arrivé
01:10:32 parce que quand on a perdu son fils, son mari,
01:10:34 on ne considère jamais que c'est une violence gratuite.
01:10:36 Mais au fond, il y a cette idée que
01:10:37 c'est pas...
01:10:38 Il y a rarement une sorte d'explication rationnelle,
01:10:40 même si c'est jamais rationnel de s'en prendre à quelqu'un,
01:10:42 mais c'est pour un mauvais regard,
01:10:46 pour une demande de cigarette
01:10:47 qui n'a pas pu être accordée.
01:10:49 Sur la question du laxisme,
01:10:51 la difficulté qu'on a,
01:10:52 c'est que si on cherche à objectiver le débat,
01:10:55 il n'y a jamais eu autant de détenus en France.
01:10:58 Il y a effectivement, comme l'a rappelé Dominique,
01:11:00 un certain nombre de verrous
01:11:02 qui ont été remis pour éviter
01:11:04 qu'il y ait des remises de peines automatiques.
01:11:05 Donc considérer que la justice en tant que telle est laxiste,
01:11:09 c'est difficile.
01:11:10 Il y a des juges qui prennent des décisions.
01:11:13 Parfois, elles sont considérées comme étant trop lourdes.
01:11:15 Parfois, elles sont considérées comme ne l'étant pas assez.
01:11:18 Et sans renvoyer ça à l'irrationnel,
01:11:20 parce que ce n'est pas seulement un sentiment
01:11:22 quand vous avez la douleur d'une famille,
01:11:23 vous considérez de toute façon
01:11:25 que la justice n'est jamais suffisamment passée.
01:11:27 Vous considérez de toute façon
01:11:28 qu'il y a une insécurité
01:11:29 qui est absolument insupportable.
01:11:31 Et c'est ce qui fait, au fond,
01:11:33 et c'est ce qui, et j'en termine par là,
01:11:35 rend d'autant plus nécessaire
01:11:36 que les responsables politiques ne donnent pas l'impression
01:11:39 de passer à côté de ce phénomène-là.
01:11:41 Il y a la réalité des faits
01:11:42 et il y a parfois, il faut le dire,
01:11:44 et notamment ce qui s'est passé sur Prepol,
01:11:46 on y reviendra peut-être,
01:11:47 des expressions qui ont été malheureuses.
01:11:49 Sans doute quand le gouvernement,
01:11:50 dans les premiers temps des jours
01:11:52 qui ont suivi la mort de Thomas,
01:11:55 qu'on a parfois davantage entendu parler
01:11:57 de décence, de retenue,
01:11:58 d'instrumentalisation des oppositions,
01:12:00 plutôt que de ce qui s'était passé en soi
01:12:02 et du choc traumatique.
01:12:04 Que cela pouvait représenter,
01:12:05 sans doute cela alimente-t-il l'idée
01:12:07 qu'il a fallu une semaine
01:12:09 pour qu'on revende le mot de la suite ?
01:12:10 - Et encore une fois, Olivier Véran sur ce plateau-là
01:12:12 n'est pas exactement sur la même ligne
01:12:13 que dans les jours qui ont suivi Sonando.
01:12:15 - Et tout ça, on en parlera dans un instant,
01:12:17 je vous le rappelle, 22h30,
01:12:18 Jordan Bardella sera avec nous.
01:12:20 Mais juste avant, on sent et on voit
01:12:21 que le meurtre de Thomas
01:12:22 a fait ressortir aussi au grand jour
01:12:23 un certain nombre de groupuscules d'ultra-droites
01:12:26 dont on parlait moins peut-être,
01:12:27 il y a un rassemblement qui est d'ailleurs interdit,
01:12:29 demain à Paris.
01:12:30 Bonsoir Christophe Cécile Garnier.
01:12:31 - Bonsoir.
01:12:32 - Merci d'être avec nous,
01:12:33 vous êtes journaliste à Street Press.
01:12:34 Vous enquêtez notamment sur cette poussée
01:12:36 de l'ultra-droite, je le rappelle,
01:12:38 on parle d'un peu plus de 3000 personnes
01:12:40 d'après les chiffres officiels,
01:12:41 1300 personnes dangereuses.
01:12:44 Quel danger pour vous ?
01:12:45 Est-ce qu'elle représente ces personnes-là ?
01:12:47 - Ça dépend en fait pour qui aussi.
01:12:49 En fait, on le voit par exemple,
01:12:51 ça peut être, là on a eu à Romand-sur-Isère
01:12:54 ce samedi dernier,
01:12:56 80 personnes qui n'étaient de toute évidence
01:13:00 des manifestants puisqu'ils étaient venus
01:13:02 avec des barres de fer,
01:13:03 qu'on a retrouvées dans leur téléphone
01:13:05 des messages pour aller taper du bougnoul.
01:13:08 Si on est une personne dans le quartier de la Monet
01:13:11 ce samedi dernier face à ce groupe de militants d'extrême droite
01:13:15 - On est en danger.
01:13:16 - Et qui n'aurait pas eu la police,
01:13:17 on aurait été en danger directement.
01:13:19 On peut être en danger aussi,
01:13:21 il y a les menaces contre les journalistes,
01:13:22 je rappelle que, à Street Press,
01:13:24 on a des menaces,
01:13:25 mais je peux aller aussi plus loin.
01:13:26 Il y a eu le journal du Poher,
01:13:28 un journal en Bretagne qui a appris
01:13:30 des alertes à la bombe,
01:13:32 parce qu'en fait, eux,
01:13:33 ils parlaient de la situation en Bretagne
01:13:34 où le parti, notamment Reconquête,
01:13:36 manifestait beaucoup contre le déménagement
01:13:39 d'un centre d'accueil aux réfugiés
01:13:41 dans la commune de Saint-Brévin.
01:13:42 Il y a le maire de Saint-Brévin
01:13:43 qui a vu son domicile être incendié.
01:13:44 Donc ça dépend aussi
01:13:45 dans quelle situation on se trouve.
01:13:47 - Mais il y a, comment dire,
01:13:49 il y a au-delà des défilés que l'on peut voir,
01:13:51 ces coups de force que l'on peut voir
01:13:52 qui sont impressionnants, etc.
01:13:53 Il y a un danger,
01:13:54 il y a un danger avec ces groupuscules-là
01:13:56 de passage à l'acte.
01:13:57 Quand on parlait de Romain Surizère,
01:13:59 on sait que Radio France expliquait cette semaine,
01:14:02 les journalistes de Radio France expliquaient cette semaine
01:14:03 que dans un des téléphones, justement,
01:14:05 d'un de ceux qui était là à Romain Surizère
01:14:07 la semaine dernière, venu de l'ultra-droite,
01:14:09 ils ont retrouvé la liste des suspects
01:14:11 du meurtre de Thomas,
01:14:13 avec leur nom, leur adresse, etc.
01:14:15 - Oui, il y avait une volonté de vengeance
01:14:18 dans le quartier de la monnaie à Romain Surizère,
01:14:20 c'est évident.
01:14:21 Mais après, cette violence-là,
01:14:22 elle va se mettre ailleurs.
01:14:23 On a parlé de la division Martel qui était donc présente
01:14:25 et que le ministre de l'Intérieur
01:14:27 souhaite dissoudre.
01:14:28 Non pas que, selon nous,
01:14:30 ça serve forcément à quelque chose, mais bref.
01:14:32 - La dissolution ne sert à rien, selon vous ?
01:14:34 Il a annoncé la dissolution de trois groupes suspects.
01:14:36 - Ce n'est pas des groupes de faits.
01:14:38 Si vous voulez, ils vont se remettre
01:14:40 dans une autre bande avec quelques membres
01:14:42 de ce même groupe
01:14:43 et ils vont s'appeler le groupe Charlemagne, par exemple.
01:14:45 - Et puis, il y a les réseaux sociaux
01:14:46 qui font finalement la dissolution.
01:14:47 Est-ce que c'est un vrai poids ?
01:14:49 - Non, non, non.
01:14:50 Enfin, nous, pas du tout.
01:14:51 Parce qu'en fait, on le voit, les militants,
01:14:53 ça les rend, justement,
01:14:55 peut-être, ils vont partir un peu plus dans les murs
01:14:57 ou plus dans la nature, peut-être,
01:14:57 où la dissolution, par exemple, de génération identitaire
01:14:59 n'a absolument rien amené,
01:15:00 étant donné que ça a donné quelques autres groupes.
01:15:02 Mais on ne les poursuit pas, après, ces groupes-là,
01:15:04 pour reconstitution de l'Ile-d'Isoud.
01:15:05 Donc, au final, ils sont relativement tranquilles.
01:15:07 Un groupe comme Argos, à les mêmes militants.
01:15:09 - Oui, tout à fait d'accord avec ça.
01:15:10 C'est vrai que quand les groupes sont éclatés comme ça,
01:15:12 ça pose des problèmes aux policiers,
01:15:14 du renseignement territorial,
01:15:15 du groupe extrême droite de la DGSI,
01:15:17 qui ont du mal, ensuite, il faut suivre les gars.
01:15:20 Donc, ils vont rejoindre des groupes.
01:15:22 C'est un peu comme le mercure
01:15:25 qui va revenir dans la même goutte.
01:15:26 Mais en attendant, quand ils ont quitté le groupe,
01:15:29 c'est difficile de les suivre.
01:15:30 C'est plus facile de suivre un groupe,
01:15:32 de les écouter aux endroits où ils vont se retrouver,
01:15:34 avec leurs habitudes.
01:15:35 - Mais ce qui est intéressant...
01:15:36 - Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas les dissoudre.
01:15:37 - Oui.
01:15:38 - Mais c'est compliqué.
01:15:39 - Mais c'est un travail sans fin.
01:15:40 - Bien sûr, évidemment, oui.
01:15:41 - Il faut les suivre après,
01:15:42 et peut-être poursuivre pour reconstitution de l'Ile-d'Isoud,
01:15:44 je ne sais pas, je ne suis pas juriste,
01:15:46 mais j'imagine que ça pourrait être un des arguments
01:15:48 pour les suivre.
01:15:49 - Mais ça prend du temps.
01:15:51 Ils ont l'air peut-être mieux organisés, plus déterminés.
01:15:53 Est-ce que c'est quelque chose que vous avez remarqué ?
01:15:55 Le préfet de la Drôme disait quand même
01:15:56 qu'ils ont réussi à venir, dans le cas de Romain Surizer,
01:16:00 de Paris, Montpellier, Nantes, Rouen.
01:16:02 Il y a ce chercheur qui disait
01:16:03 "Je ne suis pas certain que les militants soient plus nombreux,
01:16:05 mais ils sont plus motivés,
01:16:06 avec une volonté de mettre la politique
01:16:07 au premier rang dans leur vie,
01:16:08 et de prendre des risques en termes de carrière judiciaire, etc."
01:16:11 - Oui, complètement.
01:16:12 - Ils sont déterminés.
01:16:13 - Donc déjà, en effet, de Romain Surizer,
01:16:15 c'était des militants venus de toute la France.
01:16:18 Je l'ai dit, il y a plusieurs villes, Lyon, Paris,
01:16:19 la région Nantes, Montpellier.
01:16:21 C'est des personnes qui communiquent sur des canaux
01:16:24 comme Telegram, et qui vont en effet s'organiser.
01:16:28 Alors parfois, c'est pour des actions violentes
01:16:30 dans une même ville.
01:16:31 Il y a un exemple, moi, qui me vient en tête,
01:16:33 c'est une attaque raciste devant le lycée Victor Hugo à Paris
01:16:37 le 20 avril dernier, dont on a peu entendu parler au final,
01:16:41 et qui n'a été révélée qu'un mois et demi plus tard,
01:16:45 quand la police a finalement interpellé certaines personnes.
01:16:50 Et voilà, on voyait à ce moment-là
01:16:52 que c'était parfois des militants très jeunes.
01:16:54 Ça allait de 14 à 17 ans pour certains.
01:16:57 Il y en avait, je crois, environ une dizaine
01:16:59 qui étaient en dessous de 17 ans.
01:17:01 Et en fait, ces jeunes-là, qu'est-ce qu'ils voient ?
01:17:04 Ils voient qu'il y a ces revendications,
01:17:06 ces actions sur les canaux Telegram,
01:17:08 des actions de communication, finalement, de la mouvance,
01:17:11 où une centaine va aller se balader dans un lieu
01:17:14 comme dans les rues de Lyon pour soit faire une attaque raciste,
01:17:17 soit aller chercher du gauchisme, comme ils disent.
01:17:20 Donc du coup, ces militants-là, ça émule, en fait, aussi.
01:17:23 On voit un peu ce phénomène de bande, finalement,
01:17:25 où on se dit "Ah ben, on va faire, nous, à, je sais pas,
01:17:28 je dis, par exemple, Poitiers, on va monter notre propre groupe."
01:17:31 Il y a un groupe en Vendée, ce qui, pour des tenants
01:17:33 de la mouvance néo-nazie qu'on peut connaître, des anciens,
01:17:36 a beaucoup étonné, par exemple, parce qu'ils se disaient,
01:17:38 en Vendée, ce n'était pas vraiment cette mouvance-là.
01:17:41 – On s'interroge, Bruno Jeudy, ce soir, sur ces "France face à face"
01:17:45 que certains ont décrit face à face.
01:17:47 On voit dans notre sondage édible qu'il y a une crainte très, très élevée
01:17:50 chez les Français de voir, précisément, des blocs s'affronter,
01:17:53 des groupes de Français s'affronter.
01:17:55 C'est un des groupes.
01:17:56 – Oui, c'est un des groupes.
01:17:57 Vous faites allusion aussi un peu à ce, du côte-à-côte au face-à-face.
01:18:03 Et samedi, à Romain Cerisère, c'était aussi le oeil pour oeil,
01:18:07 dent pour dent, c'est ce qui a été évité,
01:18:10 parce que la police, enfin, les dispositifs policiers
01:18:13 ont permis de contenir ça.
01:18:15 – Gérald Darmanin a quand même dit, on a évité une petite guerre civile.
01:18:18 – Si j'avais prévu, le renseignement territorial savait,
01:18:21 donc il y avait des effectifs de police qui avaient été prédisposés.
01:18:24 – Oui, ils ont évité ce qui s'est passé en Irlande,
01:18:29 quelques jours plus tôt, où là, ça a été beaucoup plus musclé,
01:18:32 mais la police aussi a intervenu de manière beaucoup plus virulente,
01:18:36 alors que c'est vrai qu'en France, le maintien de l'ordre est un peu différent,
01:18:39 ils ont quand même pu défiler,
01:18:41 il y a quand même eu ces images d'expédition punitive
01:18:44 que, bon, on ne veut pas voir.
01:18:47 Tout ça, évidemment, contribue à créer ce climat d'insécurité,
01:18:52 moi je pense qu'on n'est pas dans le sentiment hélas,
01:18:55 c'est que les Français regardent ça,
01:18:57 et ils ont le sentiment, eux, qu'autour de chez eux, ça se dégrade.
01:19:01 Et Crépole, au fond, c'est un peu le symbole de ces fractures,
01:19:05 on a tout, on a le village contre la cité,
01:19:09 on a l'Eric Biman contre la racaille du quartier,
01:19:12 en tous les cas, c'est présenté comme ça,
01:19:15 on a tout ça, et sans doute que le gouvernement a beaucoup tardé
01:19:19 à prendre la mesure de tout ça, y compris le président de la République,
01:19:23 parce que certains ministres disent qu'à l'Élysée,
01:19:25 il y a un peu de retard à l'allumage,
01:19:27 et ça, c'est évidemment du carburant pour l'extrême droite,
01:19:30 pour le Rassemblement National,
01:19:32 et forcément pour ces groupes d'ultra-droite,
01:19:34 vous disiez, ils ne sont pas très nombreux, ils sont ultra-violents,
01:19:36 ils veulent faire ce djihad blanc,
01:19:38 ça a été très documenté dans le rapport des deux parlementaires,
01:19:41 il explique bien les motivations qui ne sont pas nouvelles,
01:19:44 ces groupes sont anciens, enfin, monsieur travaille dessus,
01:19:47 ils sont anciens, mais là, évidemment,
01:19:49 ils trouvent l'occasion de laisser aller toute leur idéologie.
01:19:54 - Et puis on a vu que le premier réflexe, au fond,
01:19:57 du gouvernement, de tous les éminents représentants de la Macronie,
01:20:03 ça a été de s'inquiéter de l'instrumentalisation.
01:20:06 Est-ce que ça va être instrumentalisé ?
01:20:08 Qui va récupérer ?
01:20:10 Au fond, tout de suite, de rentrer dans l'explication
01:20:14 et la radioscopie des causes de ce drame, si vous voulez.
01:20:19 Là-dessus, politiquement, ça a jeté de l'huile sur le feu,
01:20:24 alors même que l'idée était de ne pas en jeter.
01:20:26 Vous savez, quand un politique vient sur un plateau
01:20:29 et devant un micro dire "il ne faut surtout pas jeter de l'huile sur le feu,
01:20:32 halte à la récupération",
01:20:34 eh bien là, il peut, à l'inverse, et très paradoxalement,
01:20:38 être en train, lui aussi, d'alimenter et de donner du carburant à l'extrême droite.
01:20:43 Ça a été un cadeau fait à l'extrême droite et à la droite extrême
01:20:46 de donner tout, sauf les prénoms de ces jeunes gens.
01:20:50 Parce que, ce faisant, qu'est-ce qui se passe ?
01:20:52 La presse d'extrême droite, évidemment, s'en empare.
01:20:54 Les politiques d'extrême droite considèrent qu'on a caché la vérité.
01:20:58 La boîte à fantasmes et au complotisme vient s'ouvrir.
01:21:03 Et là, le pire est possible.
01:21:05 Si on veut que ça s'embrase,
01:21:07 il faut avoir l'air d'être dans le déni et dans cette peur-là.
01:21:11 Mais c'est ça, le sujet.
01:21:12 - Et est-ce que, par ailleurs, Anna,
01:21:13 il ne joue pas un peu le rôle de l'extrême droite quand il parle de bascule ?
01:21:17 Est-ce que, dans ces moments-là,
01:21:18 on n'a pas besoin d'un gouvernement qui rassure ?
01:21:20 - On aurait surtout besoin d'un gouvernement qui ne change pas de discours.
01:21:22 Parce qu'Olivier Véran a eu beau se défiler quand on lui a posé la question
01:21:25 du changement de discours, en cinq jours, je peux vous dire,
01:21:27 le discours, il a changé du tout au tout.
01:21:29 C'est-à-dire que, le mercredi, à la sortie du Conseil des ministres,
01:21:31 il dit qu'il est optimiste.
01:21:32 Cinq jours après, à Crépole, quand il a parlé aux gens
01:21:35 et qu'il y a une prise de conscience et qu'accessoirement, précisément,
01:21:38 là, ils ont vu le cadeau qu'ils ont fait à l'extrême droite,
01:21:40 à ce moment-là, il y a les mots qui changent
01:21:42 et les mots deviennent des mots de droite.
01:21:44 Alors qu'en plus, Olivier Véran incarne ce qu'on appelle encore
01:21:47 l'aile gauche de la Macronie.
01:21:48 Donc, si vous voulez, on voit qu'il y a des tergiversations
01:21:51 et politiques et sémantiques au sein de la majorité
01:21:53 qui sont très préjudiciables parce que le danger de l'embrasement, il est réel.
01:21:57 Et là, on n'est pas dans un sentiment.
01:21:59 C'est-à-dire que le risque d'embrasement,
01:22:02 le risque d'une France contre une autre France,
01:22:03 à la fois sur le terrain politique, sur le terrain symbolique
01:22:06 et dans les rues, c'est un risque réel.
01:22:10 Et donc, là-dessus, il faut une responsabilité de la classe politique,
01:22:14 une responsabilité du gouvernement.
01:22:16 Et le déni est une forme d'irresponsabilité.
01:22:19 - Ce que vous dites, Anna, mais c'est partagé par beaucoup de monde
01:22:22 sur ce plateau, c'est exactement ce que disait Roly.
01:22:25 - Mais j'aime quand vous m'apostropez, Pablo.
01:22:26 - Non, mais c'est exactement ce qui était dit à la télévision française en 1976.
01:22:31 - La France a peur. - La France a peur.
01:22:31 - C'est-à-dire qu'on alimente ce récit.
01:22:34 - Vous voyez bien ce que je veux dire.
01:22:36 - Vous avez ajouté derrière "la France a peur",
01:22:37 mais il ne faut pas céder à cette peur.
01:22:39 - Exactement. - Et bien, on l'oublie trop souvent.
01:22:41 - Très bien, Dominique. Vous avez raison de rajouter cette phrase,
01:22:43 "la France a peur", mais il ne faut pas céder à cette peur.
01:22:45 - Anna ne ressemble pas tout à fait à Roly Giguel.
01:22:46 - Non, elle ne ressemble pas à Roly Giguel, effectivement.
01:22:48 - Et je n'ai pas encore réuni le mot peur.
01:22:51 - Le récit qui est construit maintenant depuis 20 ans de,
01:22:55 vous savez, les homicides, ça augmente,
01:22:58 c'était porté par cette maman tout à l'heure
01:23:00 qui a perdu son fils.
01:23:01 "Ça ne change pas. Ayez peur pour vos enfants.
01:23:03 D'autres enfants mourront demain."
01:23:05 Mais oui, d'autres enfants mourront demain, et c'est terrible.
01:23:07 Et j'en ai rien qu'à y penser, j'en ai le coeur serré.
01:23:10 Pour autant, c'est quoi la proposition politique ?
01:23:13 Il n'y a aucune...
01:23:15 On ne peut pas, partant de ce sentiment,
01:23:18 je suis désolé, d'insécurité,
01:23:20 qui est aussi basé sur une insécurité réelle,
01:23:23 - Mais merci de le rappeler, Pablo, quand même.
01:23:26 - Il y a des 950 homicides qui ont eu lieu cette année.
01:23:28 Nous sommes 67 millions de Français.
01:23:31 Donc quand c'est arrivé au fils de Dominique...
01:23:35 - Mais c'est des homicides, Pablo.
01:23:37 C'est aussi des coups de blessure,
01:23:38 c'est de la violence au quotidien.
01:23:40 - Mais ça ne l'arrive pas à tout le monde, Bruno.
01:23:42 Ça arrive à certaines personnes, mais pas à tout le monde.
01:23:44 - Non mais, Pablo, non.
01:23:45 - En fait, on a l'impression que la France est à feu et à sang.
01:23:48 On est dans une situation de guerre civile,
01:23:49 qu'il faut trouver des ennemis,
01:23:50 qu'il faut forcément choisir son camp.
01:23:51 C'est insupportable.
01:23:52 - Un instant, vous disiez,
01:23:55 quelle est la réponse politique et la solution politique,
01:23:56 si on prend ce type de discours ?
01:23:58 - Alors, je vais vous dire.
01:23:59 - Non, mais je vais vous répondre modestement.
01:24:01 Un, de ne pas avoir des discours qui sous-estiment
01:24:04 et qui, au fond, sont des discours qui,
01:24:06 si on devait schématiser,
01:24:08 sont des discours d'idiots utiles de l'extrême droite.
01:24:10 Je ne dis pas que c'est votre cas, Pablo.
01:24:12 - Pas du tout, quand même.
01:24:13 - Non, non, pas du tout, absolument pas.
01:24:14 Mais que quand on est dans un discours consistant à expliquer,
01:24:17 mais pas du tout, au fond, crépoles dans les petits villages,
01:24:20 il y a toujours eu ça.
01:24:22 Quand on entend qu'il y a un siècle,
01:24:24 c'était la même chose, qu'au fond,
01:24:25 c'est simplement une sorte de transfiguration du genre...
01:24:27 - Non, mais je termine.
01:24:28 - Mais j'ai reçu des médias qui disent exactement la même chose
01:24:30 sur chaque féminicide.
01:24:31 - Non, mais Pablo...
01:24:32 - Mais on n'en fait pas.
01:24:33 Franchement, personne n'en fait tout un plat
01:24:35 de tous ces féminicides qui arrivent.
01:24:37 Mais on les prend un par un.
01:24:39 Est-ce qu'on les prend un par un ?
01:24:40 Est-ce qu'on dit, c'est Mme Truc qui est décédée sous les coups de son mari ?
01:24:44 Mais quand ?
01:24:45 Alors, donnez-moi qui est le dernier.
01:24:46 Donnez-moi qui est la dernière femme qui est morte sous les coups de son mari.
01:24:50 Eh bien, vous ne le savez pas, Bruno.
01:24:50 Est-ce que vous êtes capable de le sucer ?
01:24:51 - Je ne sais pas.
01:24:52 - Eh bien, voilà, vous ne le savez pas.
01:24:54 Et personne ne le sait.
01:24:55 Parce que fait le choix de certains.
01:24:57 - Alors, attends, je termine.
01:24:59 D'abord, Benjamin, les féminicides, on en parle.
01:25:01 Par ailleurs, le meurtre du jeune Thomas, on en a parlé.
01:25:04 Parce qu'il y a eu un moment,
01:25:05 il y a eu une donnée, une sorte de médiatisation.
01:25:07 Il y a aussi des drames comme cela
01:25:08 qui passent totalement sous les radars.
01:25:09 Qui passent totalement sous les radars
01:25:11 et qui sont des drames pour les familles,
01:25:13 des drames, évidemment, pour ceux qui en sont les victimes.
01:25:15 Et ensuite, vous dites, quelle est la solution politique ?
01:25:18 On peut aussi imaginer,
01:25:19 et là, pour le coup, vous allez sans doute être d'accord,
01:25:21 que le fait que pendant près de 15 ans,
01:25:23 des postes de policiers aient été supprimés,
01:25:25 notamment dans un certain nombre de zones rurales,
01:25:27 quand il y a des compagnies de gendarmerie qui disparaissent
01:25:29 pour faire des économies budgétaires,
01:25:31 eh bien, on peut se poser la question de savoir
01:25:33 si tout cela ne contribue pas aussi à une forme de sentiment
01:25:35 non seulement de disparition des services publics,
01:25:37 mais aussi de sorte de grandes structures sociales
01:25:39 qui régissaient la vie en collectivité qui disparaissent.
01:25:42 Ça, c'est une réponse de gauche, si j'ose dire.
01:25:44 - Il y a une autre réponse qui a un rapport avec ça.
01:25:46 - Il n'y a absolument rien à faire.
01:25:48 - Tout petit, tout petit.
01:25:50 - Tout à l'heure, la mère du jeune assassiné, Patricia Pérez,
01:25:55 disait, vous vous rendez compte, il va ressortir au bout de 10 ans.
01:25:59 En fait, la vraie question qu'il faut se poser collectivement,
01:26:01 c'est qu'est-ce qu'on veut, en fait, lorsque quelqu'un...
01:26:03 Et c'est abject, ce qui s'est passé pour le fils de Patricia Pérez.
01:26:06 Qu'est-ce qu'on veut, en fait, comme peine
01:26:08 pour ce type qui a tué son enfant ?
01:26:11 - Elle l'a dit. - Elle a dit quoi ?
01:26:13 - Qu'il fasse sa peine en impérialité.
01:26:15 - Je vais vous dire un autre truc, ça ne sera jamais suffisant.
01:26:18 En fait, il n'y a rien qui...
01:26:20 - Le sentiment de la justice, c'est quand la peine n'est pas exécutée.
01:26:23 - Oui, mais dans ces cas-là, on va réduire les peines.
01:26:26 C'est ça, le problème. - Mais non, pas du tout.
01:26:28 - Bien sûr que si. D'abord, les aménagements de peines,
01:26:30 vous savez que c'est une victoire aussi
01:26:32 de ceux qui défendent la justice française.
01:26:34 - Bon, attendez, on va poursuivre, évidemment.
01:26:37 - Non, parce que la question, c'est comment on rentre en prison.
01:26:39 C'est important, notre justice, ce n'est pas l'Axis,
01:26:41 mais la question, c'est aussi comment on en sort.
01:26:43 - Effectivement, on est dans une soirée spéciale.
01:26:46 Dans un instant, Jordan Bardella va nous rejoindre.
01:26:48 Je voudrais simplement, avec vous, Bruno Jeudy, comprendre,
01:26:51 et je remercie également... - Christophe Cécile Garnier.
01:26:56 - Merci, Christophe Cécile Garnier, pardon d'avoir été avec nous
01:26:58 pour parler de l'ultra-droite.
01:27:00 Je voudrais simplement, avec vous, Bruno, comprendre
01:27:02 quel est l'enjeu aujourd'hui pour le Rassemblement national,
01:27:05 pour Marine Le Pen, pour Jordan Bardella, qui va nous rejoindre dans un instant.
01:27:08 - Pour l'instant, tout ce qui se passe depuis quelques mois
01:27:11 est du carburant pour le Rassemblement national,
01:27:14 puisqu'on sait bien que les partis populistes
01:27:17 prospèrent à la fois sur les questions d'insécurité,
01:27:20 et le sondage Elabe, de ce point de vue,
01:27:23 démontre à quel point les Français sont en colère,
01:27:25 prospèrent sur les questions d'immigration pas régulées
01:27:28 ou mal régulées, selon le point de vue qu'on a,
01:27:31 mais c'est le sentiment que les Français ont,
01:27:33 et on le voit dans les sondages.
01:27:35 Et puis, Crépol, de ce point de vue-là,
01:27:38 qui est un peu la synthèse de toutes les fractures françaises,
01:27:42 c'est le symbole de la salle défaite.
01:27:44 C'est tellement une salle défaite pour ceux qui se battent
01:27:47 depuis des années pour le vivre ensemble
01:27:49 que ça apparaît aujourd'hui comme un carburant
01:27:51 pour le Rassemblement national.
01:27:53 Et Jordan Bardella, qui est candidat aux européennes,
01:27:56 évidemment, ce que je voulais dire,
01:27:59 c'est que dans les sondages, on voit bien
01:28:01 qu'à quelques mois des européennes,
01:28:03 c'est préoccupant pour l'exécutif, qui est en difficulté.
01:28:06 - Bonsoir, Jordan Bardella, président du Rassemblement national.
01:28:09 - Bonsoir, merci de votre invitation.
01:28:11 - Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:28:13 Première question, est-ce que vous êtes d'accord
01:28:16 avec le diagnostic d'Olivier Véran sur le drame de Crépol
01:28:18 lorsqu'il dit "ce n'est pas une simple rixe
01:28:20 en marge d'un bal de village, mais un drame
01:28:22 qui nous fait courir le risque d'un basculement de notre société" ?
01:28:25 Vous faites le même constat ?
01:28:27 - C'est bien, tous ces gens-là se réveillent,
01:28:29 après 30 ans, puisque je crois que M. Véran
01:28:32 était au Parti socialiste avant,
01:28:34 de laxisme judiciaire, d'impunité pénale,
01:28:38 de politique migratoire complètement dérégulée,
01:28:41 de diabolisation de tous ceux qui,
01:28:44 comme mouvement politique, ont alerté le pays
01:28:46 et le peuple français, de cette perte d'autorité
01:28:49 dans la société, de cette archipélisation du pays.
01:28:52 C'est bien que tous ces gens se réveillent,
01:28:54 mais vous savez, MacArthur résumait
01:28:57 les batailles perdues en deux mots trop tard.
01:28:59 Et je crains que nous soyons aujourd'hui
01:29:01 sur une ligne de crête, alors que la France
01:29:04 vit un état d'urgence sécuritaire sans précédent,
01:29:07 et qu'il faille aujourd'hui avoir
01:29:09 à la fois un sursaut sécuritaire pénal,
01:29:11 et un tournant migratoire, sans quoi le pays
01:29:14 court à un risque de déstabilisation importante.
01:29:16 - On va reparler du laxisme, de l'impunité,
01:29:18 de laxisme que vous pointez pour la justice,
01:29:21 de l'impunité pénale, etc.
01:29:22 Mais simplement, on a intitulé cette émission "Crépole",
01:29:25 une France qui bascule, avec un point d'interrogation.
01:29:27 Pour vous, la bascule, elle a eu lieu ?
01:29:28 Vous dites "on est sur une ligne de crête".
01:29:30 La bascule, elle n'a pas eu lieu encore ?
01:29:32 - La bascule est à portée de main.
01:29:34 - La bascule vers quoi ?
01:29:36 - Ça fait maintenant plusieurs années
01:29:38 dans notre société que certaines personnes alertent.
01:29:42 Lorsqu'en 2002, ce bouquin est sorti,
01:29:46 "Les territoires perdus de la République",
01:29:48 il a été mis un petit peu sur le côté.
01:29:50 Lorsque le rapport Robin, en 2004,
01:29:52 qui s'inquiétait du recul de la laïcité,
01:29:55 de la fragmentation des valeurs de la République à l'école,
01:29:58 on a mis un petit peu ça sous le tapis.
01:30:00 En 2016, lorsque Patrick Calvard,
01:30:04 l'ancien patron des services de renseignement français,
01:30:06 était devant une commission d'enquête parlementaire,
01:30:08 il a dit "je vois, moi, patron des services secrets français,
01:30:11 un pays au bord de la guerre civile".
01:30:13 Monsieur Hollande, dans son bouquin "Adavet et l'homme",
01:30:15 juste avant de quitter le pouvoir, a dit
01:30:17 "les rapports qui me sont remontés pendant 5 ans
01:30:19 sur la situation des banlieues
01:30:20 m'ont fait penser à des situations de guerre".
01:30:22 Et puis on a eu, comme une ironie du destin,
01:30:25 Monsieur Collomb, qui nous a quittés il y a quelques jours,
01:30:29 lorsqu'il a quitté le ministère de l'Intérieur,
01:30:31 a eu ces mots "je crains que demain
01:30:33 nous ne vivions plus côte à côte, mais face à face".
01:30:36 Ça fait plusieurs années que nous alertons sur ce sujet.
01:30:39 Moi, je veux dire à nos concitoyens
01:30:41 qu'il est encore possible de rétablir l'autorité de l'État,
01:30:45 de rétablir la paix civile dans notre société,
01:30:48 mais que cette volonté politique, elle,
01:30:51 incombe un changement total de la politique à la fois sécuritaire,
01:30:56 judiciaire, judiciaire, migratoire, qui est conduite dans notre société.
01:31:00 Donc on peut encore changer les choses.
01:31:02 Maintenant, à votre question,
01:31:04 je pense qu'on ne changera pas les choses
01:31:06 avec les gens qui nous ont conduits aujourd'hui
01:31:08 dans la situation dans laquelle nous sommes.
01:31:10 Monsieur Véran, M. Dupond-Moretti, Mme Borne, M. Macron et Darmanin
01:31:13 portent une responsabilité très lourde.
01:31:15 - Et on entendra Olivier Véran vous interpeller,
01:31:17 on entendra Éric Dupond-Moretti aussi ce soir.
01:31:19 - Mais ils portent eux-mêmes une responsabilité
01:31:21 dans la situation de notre pays.
01:31:23 Nous vivons aujourd'hui dans une société
01:31:25 où on a une agression gratuite toutes les 44 secondes,
01:31:28 120 attaques au couteau par jour,
01:31:30 un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes.
01:31:33 Et tant qu'on ne mettra pas en place
01:31:35 ce sursaut sécuritaire, politique et migratoire,
01:31:38 alors nous courrons le risque d'une bascule de notre pays.
01:31:41 - Évidemment, on a compris que pour vous,
01:31:43 l'immigration, c'était un problème.
01:31:45 Vous faites le lien direct entre immigration et délinquance.
01:31:48 Sur le sujet de Crépol,
01:31:50 vous avez, j'imagine, vu que les 9 mises en examen sont français.
01:31:54 - Oui, c'est bien le problème, madame.
01:31:56 Français issus de l'immigration.
01:31:58 Voilà.
01:32:00 - Et donc, alors ?
01:32:02 Qu'est-ce qu'on fait ? Ils sont français ?
01:32:04 - Oui, alors s'ils sont français, ils se...
01:32:07 - Vous me posez beaucoup de questions
01:32:09 et je pense qu'on va avoir des débats intéressants ce soir.
01:32:12 Vous savez, il y a beaucoup de gens issus de l'immigration,
01:32:14 dont la génération à laquelle j'appartiens,
01:32:16 qui, quand ils sont arrivés en France, ont fait un effort exigeant
01:32:18 qui était d'oublier une partie de leur culture d'origine
01:32:20 pour se fondre dans la communauté nationale.
01:32:22 Ça s'appelle l'assimilation républicaine.
01:32:24 C'est pas "Venez comme vous êtes", c'est "Devenez ce que nous sommes".
01:32:27 Or, aujourd'hui, nous avons, je le dis et je l'assume
01:32:29 sur le sol de la République française,
01:32:31 des gens qui sont incontestablement de France,
01:32:34 mais, pour citer Max Gallo, dont l'âme est ailleurs.
01:32:36 - Elle est où, cette âme ?
01:32:38 - Elle est dans leur pays d'origine, ou elle n'est en tout cas pas en France.
01:32:41 - Mais leur pays d'origine, vous les renvoyez à 2, 3 générations en arrière.
01:32:45 - Attendez, on va y venir.
01:32:47 Ils se comportent en France comme les ressortissants d'un État étranger.
01:32:51 Lorsque j'écoute les témoignages, je lis les témoignages,
01:32:54 dramatiques, des amis de Thomas qui étaient sur place,
01:32:58 ils disent quoi ?
01:32:59 Ils disent que ces jeunes de Cité sont venus pour planter des blancs.
01:33:03 Ils ne sont pas venus pour faire la fête.
01:33:05 J'ai vu qu'on a tenté d'euphémiser un peu la situation,
01:33:09 de dire "En fait, c'est une rixe".
01:33:11 De dire "En fait, ils sont venus avec des couteaux,
01:33:13 comme si on allait dans une soirée étudiante avec des couteaux pour faire la fête".
01:33:16 Non, ils sont venus avec la volonté d'en découdre.
01:33:18 Je pense que cette génération-là, c'est une génération qui est perdue.
01:33:22 Et la seule chose qui nous permettra de garder en main
01:33:25 ces gens qui sont bien souvent connus des services de police,
01:33:27 c'est la force des lois et je trouve que les lois sont beaucoup trop laxistes.
01:33:30 - Il faut s'arrêter là-dessus. - J'ai pas répondu à la première.
01:33:32 Il faut s'arrêter là-dessus pour ne pas perdre le fil.
01:33:35 Il faut s'arrêter là-dessus.
01:33:37 Vous dites "Leur âme est ailleurs".
01:33:40 Vous les renvoyez effectivement...
01:33:41 Non, je ne les renvoie pas.
01:33:43 Attendez, vous les renvoyez à leurs origines,
01:33:47 deux, trois générations en arrière.
01:33:49 Si vous arrivez au pouvoir,
01:33:52 si vous arrivez au pouvoir un jour, Jordan Bardella,
01:33:55 vous, d'autres rassemblements nationaux,
01:33:57 ce sont ces Français-là aussi dont vous devrez vous occuper.
01:34:00 Vous ne les renverrez nulle part.
01:34:02 Vous arrêtez aujourd'hui l'immigration en France.
01:34:06 Oui, pour me concentrer sur les problèmes du pays.
01:34:08 Il peut y avoir crépoles. Ça ne change pas la donne.
01:34:11 Mais je n'ai jamais dit et je ne dirai jamais aux Français,
01:34:14 parce que je ne mens pas aux gens, que le risque zéro n'existe pas.
01:34:17 Et merci de me permettre de rappeler que nous voulons stopper l'immigration.
01:34:22 Parce que si on ne stoppe pas aujourd'hui l'immigration,
01:34:25 qui fait que nous accueillons chaque année dans notre pays
01:34:27 l'équivalent de la ville de Toulouse de manière légale,
01:34:29 et d'après M. Patrick Stéphanini,
01:34:31 qui est quand même spécialiste de la question de l'immigration,
01:34:33 900 000 clandestins sur le sol de la République française.
01:34:35 Mais les jeunes dont nous parlons ce soir,
01:34:36 vous ne les renverrez nulle part.
01:34:38 J'y viens.
01:34:39 Ils sont Français. Ils resteront en France.
01:34:40 D'abord, un, on arrête d'aggraver le problème.
01:34:42 Parce qu'en faisant rentrer des centaines de milliers de personnes
01:34:45 chaque année dans notre pays,
01:34:46 on déstabilise la société française
01:34:48 et on entraîne les conditions d'un chaos partout sur le sol de la République française,
01:34:52 non plus seulement dans les banlieues,
01:34:53 mais désormais du Trocadéro au Crépole,
01:34:55 il n'y a plus un seul territoire français qui est épargné par l'insécurité.
01:34:59 Je prends les déclarations du préfet Moutou des Alpes-Maritimes.
01:35:02 Il dit quoi ?
01:35:03 La quasi-totalité de mes chiffres de l'insécurité dans mon département
01:35:06 sont liés à la délinquance étrangère.
01:35:08 Alors, je vous mets à l'aise.
01:35:10 Je vous mets à l'aise.
01:35:11 Je vous mets à l'aise.
01:35:12 Vous grossissez le cré.
01:35:13 Si, j'ai les chiffres de Hugues Moutou, je l'ai entendu hier soir.
01:35:16 Sans doute comme vous sur BFM TV.
01:35:17 Il parle du quartier des Moulins à Nice
01:35:20 et il dit, ce sont ses chiffres,
01:35:21 70% de la délinquance de rue dans ce quartier-là,
01:35:26 c'est de la délinquance étrangère.
01:35:27 Vous savez quoi, monsieur Switek ?
01:35:28 Je ne vais pas me battre respectueusement avec vous
01:35:31 pour essayer de vous démontrer par A+B et par tous les chiffres
01:35:35 qu'il y a un lien entre l'immigration et l'insécurité.
01:35:37 Vous contestez cette affirmation par des chiffres, c'est votre droit.
01:35:40 Non, non, non.
01:35:41 Moi, je maintiens mon affirmation
01:35:42 et je propose aux gens qui nous regardent
01:35:45 de se faire un avis.
01:35:46 Et je peux vous dire qu'il n'y a pas un Français
01:35:48 qui nous regarde là à 7h sur BFM TV
01:35:50 qui considère qu'il n'y a pas de lien
01:35:52 entre l'immigration et l'insécurité.
01:35:53 On n'en est plus là.
01:35:54 Alors pourquoi vous vous opposez au projet de loi immigration
01:35:57 qui est en ce moment à l'Assemblée nationale
01:35:59 et qui permettrait, selon Gérald Darmanin,
01:36:01 d'expulser l'intégralité des délinquants étrangers ?
01:36:03 Qui permettrait, selon Gérald Darmanin.
01:36:05 Ce texte de loi n'est pas un projet de loi contre l'immigration.
01:36:09 Il est un projet de loi pour l'immigration.
01:36:11 Quand on a un article 3 qui dit
01:36:14 "qui facilite la régularisation des clandestins",
01:36:18 c'est une prime à l'illégalité.
01:36:20 Et cet article de loi, et ce texte de loi, je le dis aux Français,
01:36:23 va constituer l'un des plus grands appels d'air migratoire
01:36:25 de toute la Ve République, puisqu'il va permettre
01:36:27 à des gens qui viennent sur le sol français
01:36:29 qui violent la loi et qui disent que c'était une petite loi
01:36:33 et qu'éventuellement, ils pouvaient même s'abstenir.
01:36:36 À la condition qu'il n'y ait pas l'article 3, monsieur Jeudy.
01:36:40 Alors, sur le sursaut,
01:36:42 parce que vous appelez au sursaut sécuritaire, pénal et migratoire.
01:36:47 Non, mais là, pour être précis, parce que là, vous dites,
01:36:49 vous appelez au sursaut.
01:36:50 Qu'est-ce que vous mettez dans votre sursaut
01:36:52 de concrets comme mesures sécuritaires et pénales ?
01:36:55 D'abord, il faut un tournant.
01:36:57 Je laisse de côté l'immigration, parce qu'après, vous allez me dire...
01:36:59 Je mets de côté l'immigration quelques instants.
01:37:02 Soyez précis sur le tournant sécuritaire et pénal.
01:37:04 Considérant que nous arrêtons, nous arrivons au pouvoir
01:37:05 et que par un référendum, nous maîtrisons l'immigration.
01:37:07 Il faut un sursaut en matière pénale.
01:37:10 Il n'y a pas un seul de ces jeunes qui se livrent à de tels rasias,
01:37:15 à de telles violences parfois inhumaines, qui craignent la justice.
01:37:19 La justice française, aujourd'hui, ne fait plus peur.
01:37:22 Et les décisions de justice sont bien trop souvent
01:37:24 aux yeux des victimes, du côté des agresseurs,
01:37:27 plutôt que de naître aux yeux, du côté des victimes.
01:37:31 Donc, un, il faut un sursaut en matière pénale.
01:37:33 Il faut renforcer les sanctions contre les mineurs.
01:37:35 Il faut mettre fin aux remises automatiques de peine.
01:37:38 C'est le cas.
01:37:40 Non, non, non, ça n'a pas été fait.
01:37:41 On peut rentrer dans le détail.
01:37:42 Ça n'a pas été fait.
01:37:43 Il a supprimé la suppression, la réduction automatique de données.
01:37:47 Donc, la suppression des remises automatiques de peine,
01:37:50 en soi, n'a pas été abrogée.
01:37:51 Deuxièmement, il faut rétablir des peines planchées
01:37:53 pour casser la récidive.
01:37:54 Il existe dans le droit français des peines maximales.
01:37:56 Je pense qu'il doit exister des peines planchées
01:37:58 et des peines minimales pour casser la récidive.
01:38:00 Troisièmement, il faut nous remettre au niveau européen
01:38:03 en termes de places de prison.
01:38:05 18 000 nouvelles places de prison annoncées par Eric Dupond-Morrisy.
01:38:08 Annoncées quand ?
01:38:10 Annoncées là, là, c'est un texte qui a été voté en octobre par le Parlement.
01:38:14 D'accord. Merci. On est en quelle année ?
01:38:16 2023.
01:38:17 D'accord. Ils sont au pouvoir depuis 2017.
01:38:19 Depuis 2017, on nous promet ces places de prison qui ne sont pas arrivées.
01:38:23 Quatrièmement, il faut...
01:38:24 On a une partie d'arrivée.
01:38:25 Quatrièmement, il faut...
01:38:27 Nous avons 25% de détenus étrangers dans les prisons.
01:38:29 Nous nous rétablissons la double peine.
01:38:31 Nous expulsons les délinquants et les criminels étrangers
01:38:33 dans leur pays d'origine.
01:38:34 Il n'y a aucune raison que le peuple français subisse la double peine.
01:38:37 C'est-à-dire crime et délit et en même temps le devoir de garder sur le territoire français.
01:38:42 Avant qu'ils n'aient plus leur peine ici ?
01:38:43 Oui, bien sûr.
01:38:44 Avant la peine ?
01:38:45 Il y a deux choses.
01:38:46 On les renvoie dans leur pays sans savoir ce qui va se passer derrière ?
01:38:49 Ils sont condamnés par la justice française.
01:38:51 Il y a deux cas de figure.
01:38:52 Soit nous avons un accord et nous obtenons...
01:38:53 C'est de la diplomatie, un accord bilatéral avec le pays de départ.
01:38:56 S'il y a un accord bilatéral qui est passé avec le pays de départ,
01:38:58 il fait sa peine dans son pays de départ.
01:39:00 S'il n'y a pas d'accord bilatéral avec ce pays,
01:39:02 il fait la peine dans les prisons françaises
01:39:04 et il est ensuite expulsé à l'issue de sa peine,
01:39:06 mais dans les deux cas...
01:39:07 C'est la politique de Gérald Darmanin aujourd'hui ?
01:39:09 Non, ce n'est pas la politique de Gérald Darmanin.
01:39:11 Ce n'est pas la politique de Gérald Darmanin.
01:39:13 Excusez-moi, le 18 octobre 2020,
01:39:15 après l'attentat qui a visé Samuel Paty de la part d'un Tchétchène,
01:39:18 le ministre de l'Intérieur fait passer une consigne à ses préfets
01:39:21 en disant "à partir de maintenant, on va expulser les étrangers radicalisés".
01:39:24 Ça n'a pas été fait.
01:39:25 Nous avons aujourd'hui, pardon, sur le sol français,
01:39:28 8000 individus qui sont membres du FSPRT.
01:39:30 Le fichier de signalisation de la radicalisation,
01:39:32 sur ces 8000 personnes, vous en avez la moitié qui sont étrangers.
01:39:35 Avec nous, dehors.
01:39:36 On les renvoie chez eux.
01:39:38 Pour une partie des Russes ou des Caucasiens,
01:39:40 vous n'avez pas échappé que c'était un peu compliqué ces derniers mois
01:39:42 pour expulser vers la Russie ?
01:39:44 Mais ça ne vous a pas échappé, monsieur Jodic,
01:39:46 que les relations diplomatiques, de ce point de vue-là,
01:39:49 ont été remises sur table.
01:39:51 Et le président de la République, lors des rencontres de Saint-Denis,
01:39:53 nous l'a confirmé qu'il y avait maintenant des liens.
01:39:55 De nouveau, ça redémarre.
01:39:56 Oui, ça redémarrait avec l'Algérie notamment.
01:39:58 Oui, mais enfin si Emmanuel Macron nous avait baffachés
01:40:01 avec l'intégralité des pays avec qui nous avions des discussions,
01:40:05 peut-être que ça aurait pu faciliter les choses.
01:40:07 Mais je vous rejoins sur le fait que nous avons d'abord aujourd'hui
01:40:11 le record de faiblesse en matière d'exécution des OQTF.
01:40:15 Il n'y a pas un pays en Europe qui expulse moins que la France.
01:40:19 5% d'exécution d'OQTF, en Allemagne c'est 20%.
01:40:22 Il faut engager le bras de fer avec les pays de départ.
01:40:26 Il faut engager le bras de fer diplomatique avec les pays d'origine.
01:40:29 L'Allemagne expulse moins vers le Maghreb et plus vers la Turquie.
01:40:32 Ça se passe mieux entre l'Allemagne et la Turquie que ça ne se passe,
01:40:35 pour l'instant, entre la France et les pays du Maghreb.
01:40:37 Exactement, sauf que qui nous a fâchés aujourd'hui avec ?
01:40:40 Emmanuel Macron était très fort.
01:40:42 L'Algérie s'est fait fâcher.
01:40:44 Il a même réussi l'exploit de nous fâcher avec le Maroc.
01:40:48 Il fallait quand même le faire.
01:40:49 Je reviens à Crépolle et à une phrase que vous avez employée tout à l'heure.
01:40:52 "Ces jeunes décités sont venus pour planter des blancs".
01:40:54 Un témoignage que je relate et qui a été relaté par vos confrères dans la presse.
01:40:58 Précisément, on en parlait tout à l'heure ici avec Dominique Rizet,
01:41:01 il y a à l'issue du meurtre de Thomas, une centaine d'auditions
01:41:04 qui ont été faites par des témoins.
01:41:04 Il y a neuf témoins qui disent avoir entendu des propos hostiles aux blancs.
01:41:08 Cet aspect-là, pour l'instant, n'est pas retenu par la justice.
01:41:11 Vous avez raison.
01:41:12 Cet aspect-là, pour l'instant, n'est pas retenu par la justice.
01:41:14 Vous trouvez ça étrange.
01:41:15 Mais pourquoi reprendre cela comme si c'était une évidence,
01:41:21 comme si c'était la vérité, alors que précisément, la justice n'est pas encore passée ?
01:41:27 Que l'on dise "il y a cette hypothèse-là, la justice doit l'explorer,
01:41:32 la justice doit enquêter et ensuite condamner", si c'est le cas, très bien.
01:41:35 Mais de dire "c'est exactement ça qui s'est passé, 15 jours après le meurtre",
01:41:39 sans attendre que la justice ne passe, est-ce que ça, c'est le rôle du politique ?
01:41:43 Mais la justice, elle met combien de temps à passer ?
01:41:45 Trois ans ? Quatre ans ?
01:41:46 Il faut que j'attende quatre ans avant de m'exprimer sur le meurtre d'un gamin de 16 ans ?
01:41:49 Mais dans ce cas, tout le monde dit "non, c'est pas vrai".
01:41:51 S'il y a une enquête qui est en cours quand on n'a pas les motivations,
01:41:53 l'occurrence des agressions présumées...
01:41:55 Vous irez dire ça, Madame, aux amis de Thomas, qui eux ont dit
01:41:59 "lorsqu'ils sont venus, ils sont venus pour planter des blancs".
01:42:01 Je vous l'accorde, M. Soutek, le caractère raciste,
01:42:03 aujourd'hui, en l'état actuel des choses, n'a pas été reconnu.
01:42:06 Je trouve ça étrange compte tenu des témoignages,
01:42:08 mais je ne me mets pas à la place de la justice et on verra ce que dira la justice.
01:42:10 Mais je connais la réalité de mon pays, parce que j'ai 28 ans
01:42:14 et je sais ce que vivent les jeunes aujourd'hui en France.
01:42:16 Et je sais qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de gens qui nous regardent,
01:42:19 beaucoup de jeunes, beaucoup de parents, beaucoup de familles qui nous regardent
01:42:22 et qui sont très inquiètes de cette insécurité qui se multiplie partout sur notre sol
01:42:27 et qui fait qu'aujourd'hui, en France, parce que vous avez le malheur
01:42:29 d'être là au mauvais endroit au mauvais moment,
01:42:32 parce que quand vous êtes une femme, vous avez le malheur aux yeux de certains
01:42:35 d'avoir une mini-jupe ou une jupe à 23h sur le RER en Seine-Saint-Denis
01:42:39 et que ça ne plaît pas à certaines personnes et que vous êtes contraintes
01:42:41 de changer de trottoir, de modifier votre tenue ou de modifier vos déplacements.
01:42:45 Ça, c'est la réalité, c'est l'angoisse quotidienne, la terreur quotidienne
01:42:48 avec laquelle vivent des millions de Français,
01:42:50 et non plus seulement dans les grandes villes, mais aussi dans les campagnes.
01:42:54 Moi, je pense que le job premier d'un responsable politique français,
01:42:57 c'est de protéger le peuple français, c'est de protéger les Français
01:43:00 de cette insécurité qui trouve sa source, je l'ai dit,
01:43:02 dans une politique d'immigratoire complètement folle
01:43:04 et dans une politique pénale qui est beaucoup trop laxiste.
01:43:07 - Et on y revient, en l'occurrence, ils sont français.
01:43:09 Donc, Crépole, vous n'auriez pas pu, même vous au pouvoir,
01:43:11 vous n'auriez pas pu l'éviter.
01:43:13 - Mais, excusez-moi, quel rapport ?
01:43:16 - Eh bien, le rapport, il est simple.
01:43:18 Ils sont français, donc la politique migratoire,
01:43:20 si vous la changez, elle ne changera rien.
01:43:23 - Oui, enfin, on évite peut-être d'aggraver le problème.
01:43:25 Je veux dire, on est en Ile-de-France,
01:43:27 dans les transports en commun d'Ile-de-France.
01:43:29 Le ministère de l'Intérieur nous dit quoi ?
01:43:31 93%, ce n'est pas les chiffres du RN,
01:43:33 c'est les chiffres du ministère de l'Intérieur.
01:43:35 93% des vols qui sont commis dans les transports en commun d'Ile-de-France,
01:43:39 63% des agressions sexuelles sont le fait d'étrangers.
01:43:43 Donc, les étrangers qui viennent sur le sol français
01:43:45 pour commettre des crimes et des délits, je les renvoie chez eux.
01:43:48 - Là, ce que l'on vous dit, justement, c'est que vous mélangez tout,
01:43:52 vous mélangez tout. - Non, je ne mélange pas.
01:43:53 - Vous mélangez, mais vous mélangez, M. Bardella,
01:43:56 vous mélangez effectivement ces chiffres qui ont été reconnus
01:43:58 par le ministère de l'Intérieur. - Donc, il y a un lien, alors,
01:44:00 entre l'immigration et l'insécurité ?
01:44:02 93% des vols en Ile-de-France... - Emmanuel Macron, etc.,
01:44:05 ces chiffres ont été repris. - Il y a un lien ou pas ?
01:44:07 - Son esprit a été repris. - Il y a un lien ou pas ?
01:44:09 - Le jour qu'on l'a fait... - Non, mais il y a un lien ou pas ?
01:44:11 - Vous voyez bien, M. Sous-Sac, qu'on progresse dans le débat.
01:44:15 - Ce que je vous dis, c'est que de plaquer ce discours-là
01:44:20 sur ce qui s'est passé à Crépole, avec des jeunes qui sont,
01:44:24 aujourd'hui, en détention provisoire, qui sont nés en France,
01:44:27 dont les parents sont nés en France, etc., c'est un raccourci.
01:44:30 C'est une facilité. - Et donc ?
01:44:34 - Vous le reconnaissez ? - Mais je ne vois pas
01:44:37 où vous voulez en venir. J'ai l'impression qu'il y a un éléphant
01:44:40 dans le salon et que vous ne voulez pas le voir.
01:44:44 Là, j'ai l'impression qu'il y a un éléphant dans le salon,
01:44:45 en tout cas sur le plateau, et que je suis le seul à le voir.
01:44:48 Je dis une chose très simple. C'est très, très simple.
01:44:51 Je dis, un, l'immigration provoque de l'insécurité en France.
01:44:55 Vous venez de me dire que c'était les chiffres du ministère de l'Intérieur
01:44:57 qui n'étaient pas contestés, donc d'accord, on avance.
01:44:59 Et deuxièmement, je vous dis une autre chose,
01:45:01 c'est que la justice est trop laxiste
01:45:03 et que la justice donne le sentiment à certains,
01:45:06 qui sont, ces certains-là, en très grande partie issus de l'immigration,
01:45:12 qu'on peut tout faire en France, qu'on peut agresser,
01:45:14 qu'on peut voler, qu'on peut toucher à l'intégrité physique des gens,
01:45:19 et que tout ça se fait dans l'impunité la plus totale.
01:45:21 Et moi, je pense d'ailleurs en matière pénale,
01:45:23 pour vous répondre sur les mesures, monsieur Jody,
01:45:25 que l'atteinte à l'intégrité physique doit,
01:45:28 dans l'échelle des peines, retrouver un caractère sacré.
01:45:32 Je pense que lorsque des peines de prison
01:45:35 supérieures à six mois fermes sont prononcées
01:45:39 pour des cas d'atteinte à l'intégrité physique,
01:45:42 il ne peut et il ne doit pas y avoir d'aménagement de peine.
01:45:45 Parce qu'aujourd'hui, en matière pénale,
01:45:47 les spécialistes le disent, à commencer par le professeur Bauer,
01:45:50 la multiplication des alternatives à la prison,
01:45:53 des alternatives aux mesures privatives de liberté...
01:45:55 - Bracelet, TIG, tout ça.
01:45:57 - OK, ou amende.
01:45:59 Vous avez raison, ou amende.
01:46:01 Et le type en question, qui est présumé coupable de l'assassinat de Thomas...
01:46:05 - Non, il est présumé innocent.
01:46:08 - Présumé innocent, pardon, vous faites bien de me le reprendre.
01:46:10 ...avait été condamné il y a quelques mois
01:46:13 d'une amende dérisoire pour port d'un couteau.
01:46:16 L'effet dissuasif, c'est zéro.
01:46:18 On aura peut-être ce débat dans quelques instants.
01:46:20 Je pense qu'il faut être beaucoup plus dur avec la délinquance des mineurs.
01:46:23 - Vous baissez la jauge de un an à six mois.
01:46:27 - Exactement, premièrement.
01:46:29 Et deuxièmement, sur les mineurs,
01:46:32 je regarde ce qui marche ailleurs.
01:46:36 Les pays d'Europe du Nord, par exemple, aux Pays-Bas,
01:46:37 ils ont mis en place un système
01:46:40 où les mineurs, dès les premiers actes délictuels,
01:46:43 reçoivent une mesure privative de liberté.
01:46:45 C'est-à-dire, en gros, vous êtes un mineur,
01:46:47 vous baladez avec un couteau,
01:46:49 avec quand même dans l'état d'esprit de commettre un crime ou un délit,
01:46:52 c'est 15 jours de centre fait pour mineurs
01:46:55 de mesures de privation de liberté.
01:46:57 - Des centres confirmés. Ça existe en France, mais il y en a très peu.
01:46:59 - Et très peu. Et je pense qu'il faut développer cette logique.
01:47:01 Et moi, je suis même favorable.
01:47:04 Je suis favorable à la création de centres,
01:47:06 à la fois par Ségolène Royal en 2007
01:47:08 et par le président Sarkozy,
01:47:10 de centres pour mineurs qui soient encadrés
01:47:12 par des profils militaires ou des gens qui ont une carrière dans l'armée,
01:47:15 peut-être des militaires en réserve,
01:47:17 et qui ont une approche de l'autorité qui est beaucoup plus dure
01:47:19 et qui pourrait permettre de répondre à l'ère du néant qui traverse...
01:47:22 - Tout à l'heure, Olivier Véran nous disait
01:47:24 que c'était un des projets du gouvernement
01:47:26 et qu'il avait en tête. Simplement...
01:47:28 - Très bien, on avance.
01:47:30 L'hérénisation des esprits touche même le gouvernement.
01:47:33 - Je veux vous entendre qu'on viderait les prisons et qu'on ne les remplirait pas.
01:47:35 Vous savez très bien que c'est tout le contraire qui se passe.
01:47:37 Il y a aujourd'hui, au 1er novembre...
01:47:39 - Je sais ce que vous allez me dire.
01:47:41 - Au 1er novembre, 75 000 détenus.
01:47:43 Il y en avait, en 2001, 48 000.
01:47:46 C'est-à-dire qu'entre 2001 et aujourd'hui,
01:47:48 chaque année, nous avons ajouté
01:47:51 1 200 prisonniers dans nos prisons.
01:47:53 Non, mais c'est juste pour vous...
01:47:55 C'est juste pour vous dire que systématiquement,
01:47:57 et c'est pareil avec l'immigration,
01:47:59 les choses sont peut-être un peu plus compliquées.
01:48:02 On rajoute de la prison et des détenus chaque année
01:48:04 et malgré tout, on le voit,
01:48:06 on le voit dans les chiffres
01:48:07 et on le voit aussi dans les sondages que l'on a,
01:48:09 il y a ce sujet de l'insécurité.
01:48:11 Mais les prisons, elles ne se vident pas.
01:48:13 Elles se remplissent et même elles débordent.
01:48:15 - Je connais cet argument par cœur
01:48:17 qui est l'argument du ministre de la Justice,
01:48:20 avec qui nous sommes en désaccord...
01:48:21 - On va l'entendre dans un instant.
01:48:23 - Il est en direct ? - Non, non, non.
01:48:25 - Ça aurait été animé en plateau.
01:48:26 - On vous aurait prévenu.
01:48:27 - Surtout s'il fallait que je réponde après.
01:48:28 - On vous aurait prévenu.
01:48:30 - La justice qui dit très clairement
01:48:32 qu'on met plus de monde en prison chaque année,
01:48:34 donc par conséquent,
01:48:35 ça veut dire que la justice est plus dure.
01:48:38 Ça veut juste dire qu'on a aujourd'hui dans notre pays
01:48:42 une bombe insécuritaire
01:48:44 qui est devenue totalement hors de contrôle.
01:48:46 Il nous manque des places aujourd'hui.
01:48:48 Il nous manque 40 000 places de prison
01:48:50 pour atteindre un niveau délirant,
01:48:53 pour atteindre la moyenne européenne, premièrement.
01:48:55 Et je vous rappelle,
01:48:56 et ça répondra à votre remarque,
01:48:59 chaque année dans notre pays,
01:48:59 100 000 peines de prison
01:49:01 qui ne sont pas appliquées,
01:49:02 manque de places.
01:49:03 Et donc, on multiplie les alternatives à la prison.
01:49:07 - On écoute Éric Di Pomoretti ?
01:49:09 - Avec plaisir.
01:49:10 - Vous étiez tout à l'heure l'invité de BFMTV
01:49:11 après avoir été relaxé hier,
01:49:12 comme vous le savez, l'invité de Benjamin Duhamel.
01:49:14 Et il a parlé de vous, il a parlé du RN.
01:49:16 Écoutez.
01:49:17 - Ce que je n'aime pas
01:49:19 dans l'attitude du Rassemblement national,
01:49:22 c'est l'exploitation au fond de ce drame.
01:49:25 Vous pensez qu'il n'y a plus de petite Lola,
01:49:28 plus de petite Enzo, plus de petit Thomas
01:49:29 si le RN arrive au pouvoir ?
01:49:31 Donc, qu'est-ce qu'ils nous disent ?
01:49:33 Ils racialisent cette affaire.
01:49:35 On n'a pas besoin de ça, monsieur.
01:49:37 On a besoin de concorde.
01:49:39 Il faut que les auteurs soient châtiés,
01:49:42 sévèrement châtiés.
01:49:44 Et il ne faut pas non plus qu'on stigmatise
01:49:46 une partie de notre population.
01:49:48 - Vous racialisez ce drame ?
01:49:50 - Oui, non, mais ça, c'est le cinéma
01:49:52 de M. Di Pomoretti, en fait.
01:49:54 M. Di Pomoretti est un très bon acteur
01:49:57 et c'est un très bon comédien,
01:49:58 mais c'est un piteux ministre de la Justice.
01:50:01 Moi, je pense qu'il aurait dû démissionner,
01:50:03 M. Di Pomoretti.
01:50:05 - Pourquoi ? Il a été relaxé ?
01:50:07 - Non pas pour ça, mais pour son bilan.
01:50:09 Parce que vous voyez, les gens...
01:50:11 - Pourquoi il n'a pas créé assez de postes de magistrats ?
01:50:14 - Il n'a pas créé beaucoup.
01:50:16 - 1 500.
01:50:18 - ... se disent, mais...
01:50:20 Après Lola, il s'est passé quoi ?
01:50:23 - Il a été mis en examen.
01:50:26 - Après le drame d'Annecy, il s'est passé quoi ?
01:50:27 - L'auteur.
01:50:29 - Après l'assassinat de Dominique Bernard,
01:50:31 il s'est passé quoi ?
01:50:33 Après Axel Dormier, il s'est passé quoi ?
01:50:35 - Il y a eu des interpellations et des mises en examen.
01:50:37 - Après... - Des incarcérations.
01:50:39 - ... Crépole, il va se passer quoi ?
01:50:41 Est-ce qu'on va continuer, quand on est ministre,
01:50:43 comme M. Di Pomoretti, de se comporter
01:50:45 comme un chef de gang, c'est-à-dire de passer son temps
01:50:47 à insulter, à injurier,
01:50:49 non pas seulement le 1er parti d'opposition,
01:50:51 on a compris que c'était quasiment obsessionnel.
01:50:53 Mais ça, en fait, à la rigueur,
01:50:55 peu importe, parce que nous, on est solide.
01:50:57 Mais à insulter des gens
01:51:00 qui, depuis des années,
01:51:02 critiquent les dérives du laxisme judiciaire.
01:51:05 Et je vais vous dire, je pense que tout ce qui se passe...
01:51:07 - Enfin, cet été, après les émeutes en bain,
01:51:09 il avait plutôt donné des consignes
01:51:12 que les magistrats, que les parquets...
01:51:15 - Mais elle est où, la... Non, mais attendez, excusez-moi.
01:51:17 - ... prononcent des peines dures.
01:51:19 Ça a été reconnu, d'ailleurs.
01:51:21 - Après ce qui s'est passé pendant les émeutes,
01:51:23 on a un président de la République,
01:51:25 qui donne une interview aux Parisiens,
01:51:28 et qui dit "mais qui avait vu venir ces émeutes ?"
01:51:31 Mais est-ce que vous vous rendez compte
01:51:33 du niveau de déconnexion de ces gens-là ?
01:51:35 Quand M. Dupond-Moretti dit
01:51:37 "le RN voudrait nous faire croire qu'avec eux,
01:51:39 il ne se passerait rien, etc."
01:51:40 Je n'ai jamais dit que le risque zéro n'existait pas.
01:51:42 Je dis que nous restaurerons l'autorité de l'État
01:51:44 et que nous mettrons en place une politique pénale implacable...
01:51:46 - 742 personnes ont été condamnées à la prison ferme...
01:51:49 - Il y a des membres de votre parti
01:51:51 qui ont dit que la petite Lola ne serait pas morte...
01:51:53 - Non, non.
01:51:55 Et si ça a été le cas, je suis en désaccord avec ça.
01:51:58 Parce que je pense qu'on ne peut pas mentir aux gens
01:52:00 et leur expliquer que le risque zéro,
01:52:02 que ce soit sur l'insécurité ou sur le terrorisme, n'existera pas.
01:52:04 Mais est-ce que M. Dupond-Moretti, qui est ministre,
01:52:06 est capable d'aller voir les familles des victimes
01:52:09 et des blessés du Crépole
01:52:11 pour leur dire qu'on ne peut pas faire autrement
01:52:13 et qu'il y a une fatalité ?
01:52:15 - Olivier Véran est allé.
01:52:16 - Oui, je note d'ailleurs que l'accusation de récupération
01:52:18 et de temps de descente, ça ne s'applique pas à eux, en fait.
01:52:21 C'est ça, c'est-à-dire que c'est qu'à nous.
01:52:23 - La famille ne souhaitait pas qu'ils viennent
01:52:27 ni à la marche blanche ni aux obsèques ?
01:52:29 Vous vouliez aller aux obsèques ?
01:52:31 J'ai cru comprendre que vous vouliez aller aux obsèques
01:52:33 et que la famille ne vous le voulait pas.
01:52:35 - Non, non, non.
01:52:37 Je veux dire, il faut respecter le deuil.
01:52:41 Il n'y a pas lieu d'envoyer des responsables politiques
01:52:43 dans des moments comme ça.
01:52:45 Mais notre boulot, à nous, c'est de dire ce qui s'est passé.
01:52:47 Parce que si les responsables politiques que nous sommes,
01:52:50 des gens qui, comme le Rassemblement,
01:52:52 aspireront à prendre le pouvoir dans quatre ans,
01:52:54 ne parlent pas et ne disent rien, qui va le faire ?
01:52:58 Ça fait des années qu'on est les porte-voix
01:53:00 de cette majorité silencieuse.
01:53:02 - On n'a pas dit que vous ne pouvez pas parler, monsieur.
01:53:04 - Mais quasiment.
01:53:06 - Mais sur ce qui s'est passé hier,
01:53:08 ce sont les nazillons que vous n'avez pas supporté.
01:53:10 - Non, mais quasiment.
01:53:12 Je veux dire, quand j'ai fait une interview
01:53:14 sur le service public cette semaine,
01:53:16 la première question qu'on me dit, c'est, en gros,
01:53:18 vous n'avez pas honte de ne pas respecter le temps de descente.
01:53:20 Mais quel temps de descente ?
01:53:22 Il y a des attaques au couteau, il y en a 120 par jour.
01:53:25 Ça veut dire qu'en fait, on ne doit rien dire.
01:53:27 Donc le temps de descente se passe, lundi, mardi, mercredi.
01:53:29 Et puis après, on est passé à autre chose.
01:53:31 Donc moi, je m'assume de dire les choses.
01:53:33 - M. Bardella, je n'ai jamais critiqué le fait
01:53:35 que dans l'hémicycle, il y ait de la controverse,
01:53:38 y compris sur ce sujet.
01:53:40 Et c'était très bien que ça ait lieu lors des questions d'actualité.
01:53:42 - Nous sommes d'accord.
01:53:44 - D'ailleurs, au passage, la plainte de Marine Le Pen
01:53:46 contre Eric Dupond-Moretti, elle est déposée ?
01:53:48 - Elle est préparée, elle sera déposée.
01:53:50 Je n'ai pas échangé avec Marine avant l'émission,
01:53:52 mais en tout cas, elle sera déposée
01:53:54 parce que moi, j'en ai assez que,
01:53:56 pas mon mouvement politique,
01:53:58 mais en fait, le représentant de 42 % des gens
01:54:00 qui ont voté pour Marine Le Pen lors de l'élection présidentielle
01:54:03 se fasse en permanence insulter, mépriser, cracher au visage
01:54:07 par M. Véran, Mme Borne, M. Dupond-Moretti.
01:54:11 Donc maintenant, ça suffit.
01:54:13 Je ne veux pas la judiciarisation du débat politique,
01:54:16 mais en fait, quand on se fait insulter, à un moment donné,
01:54:18 parce que quand ils m'insultent et quand ils insultent Marine Le Pen,
01:54:21 j'arrive, c'est nos électeurs qu'ils insultent.
01:54:24 Et ce sont des Français de toutes conditions,
01:54:26 de toutes origines, qui viennent de tous les horizons politiques,
01:54:29 qui ont voté pour nous, qui en ont marre de cette insécurité
01:54:32 et qui estiment légitimement, je le crois,
01:54:34 qu'il faut aujourd'hui un retour de l'autorité dans notre société.
01:54:37 Et croyez-moi, lorsqu'il s'agira de rétablir l'autorité,
01:54:39 notre main ne tremblera pas.
01:54:41 - Donc, vous allez porter plainte contre Eric Dupond-Moretti.
01:54:43 Je rappelle le contexte.
01:54:44 Il a dénoncé les propos incendiaires du Rassemblement national.
01:54:47 Il vous a dit "faites d'abord le ménage chez vous,
01:54:49 chassez de vos rangs les gudards, les identitaires, les nazillons,
01:54:52 les racistes, les antisémites qui sont planqués
01:54:55 dans vos officines économiques".
01:54:57 Qu'est-ce que le GUD incarne pour le Rassemblement national à l'heure actuelle ?
01:55:01 - Mais pourquoi vous ne demandez pas à monsieur...
01:55:03 - Ancien syndicat violent d'extrême droite.
01:55:05 - Dupond-Moretti ?
01:55:06 Vous savez, moi je suis candidat...
01:55:08 - Non, je vous demande à vous.
01:55:09 - Non, mais je ne connaissais pas le GUD,
01:55:10 je n'étais pas né pendant le GUD, donc j'ai...
01:55:12 Mais il faut demander à monsieur Dupond-Moretti,
01:55:14 qui a l'air de s'y connaître, puisque vous savez que
01:55:17 j'étais candidat aux élections européennes il y a cinq ans
01:55:19 et que j'avais en face de moi la candidate de monsieur Macron,
01:55:23 madame Loiseau, qui avait été elle membre du GUD
01:55:26 lorsqu'elle était étudiante.
01:55:27 Donc peut-être faut-il demander à monsieur Dupond-Moretti.
01:55:30 Il n'y a pas de membres du GUD qui sont aujourd'hui adhérents
01:55:32 du Rassemblement national.
01:55:33 - Il y en a eu et il y en a peut-être encore aujourd'hui
01:55:35 dans l'atmosphère du Rassemblement national.
01:55:37 - Mais attendez, le GUD...
01:55:39 Quand on dit les gudards, les gens se disent "mais qu'est-ce que c'est que le GUD ?"
01:55:42 - Le GUD, en gros, on parle d'un groupuscule d'extrême droite
01:55:46 il y a 30 ans.
01:55:49 - Oui.
01:55:50 - Je n'ai pas né en gros, donc il y a 30 ans.
01:55:52 - Dont les membres ont porté Marine Le Pen
01:55:55 lors de la campagne en 2017 jusqu'à la présidence du Front national.
01:55:59 - D'une personne en l'occurrence.
01:56:01 Il y avait beaucoup de gens qui ont eu des engagements radicaux
01:56:03 quand ils étaient jeunes et qui sont dans tous les partis politiques, madame.
01:56:06 Il y a des gens qui ont eu des engagements d'activistes aux extrêmes
01:56:12 quand ils étaient plus jeunes.
01:56:12 Madame Loiseau, qui était la ministre de M. Macron, qui était candidate aux européennes.
01:56:16 Monsieur Longuet, me semble-t-il.
01:56:19 Monsieur Longuet, qui était ministre de Nicolas Sarkozy, me semble-t-il.
01:56:22 Je ne crois pas que ce soit les reliques du GUD
01:56:26 qui aujourd'hui agressent les gens dans l'espace public
01:56:28 et qui sont responsables d'une agression gratuite toutes les 42 secondes.
01:56:31 Je vous mets à l'aise, ultra droite, ultra gauche, je condamne.
01:56:34 Il faut dissoudre ces groupuscules, qu'ils soient d'ultra droite ou d'ultra gauche.
01:56:38 Je ne me sens pas concerné.
01:56:41 Je veux qu'on précise les choses.
01:56:42 Il y a deux noms qui reviennent systématiquement.
01:56:44 Axel Lusto et Frédéric Chatillon,
01:56:46 deux personnes qui ont une proximité avec ceux qui ont défilé encore le week-end dernier.
01:56:51 On sait qu'Axel Lusto et Frédéric Chatillon,
01:56:54 leurs entreprises ont reçu, notamment encore,
01:56:56 de la délégation du Rassemblement national au Parlement européen l'année dernière,
01:56:59 plus de 600 000 euros de contrat.
01:57:02 Et ces gens-là, je finis.
01:57:04 Et notamment Axel Lusto a défilé au mois de mai
01:57:09 lors de manifestations ou de défilés qui ressemblaient furieusement
01:57:11 à ce qu'on a vu le week-end dernier, à cette époque-là.
01:57:14 Marine Le Pen l'a dit, elle l'a dit dans le journal Le Monde,
01:57:17 "Stop, ça suffit. C'est bien qu'il y avait un problème.
01:57:20 On ne l'a pas inventé et on ne renvoie pas à 30 ans."
01:57:23 - Monsieur Switek, les actionnaires des sociétés de communication,
01:57:28 je ne sais pas si vous connaissez, vous, à titre personnel,
01:57:30 les actionnaires de toutes les sociétés de communication,
01:57:33 de tous les prestataires qui travaillent avec BFM TV.
01:57:37 Les deux personnes dont vous parlez étaient actionnaires
01:57:39 d'une société... - Ce sont des personnes bien connues
01:57:41 de Marine Le Pen. - Oui, on en est quatre,
01:57:44 à savoir de qui on parle. Mais je vais vous répondre quand même
01:57:46 parce que comme ça je vous aurais répondu.
01:57:48 - Frédéric Chatillon. - Voilà.
01:57:50 - Le fondateur du... - Voilà. Donc il y a 30 ans.
01:57:54 - Oui, mais qui est toujours dans votre sphère.
01:57:58 - Non. Marine Le Pen a tenu ses propos dans le journal Le Monde.
01:58:02 "Je suis président du Rassemblement national depuis un an.
01:58:06 "La société en question, qu'est la société ?
01:58:07 "E-Politik. Aujourd'hui, à ma demande,
01:58:09 "Frédéric Chatillon et Axel Lusso,
01:58:11 "c'est une demande que j'ai faite aux prestataires.
01:58:13 "Je dis que nos prestataires doivent faire des prestations,
01:58:15 "mais ils ne doivent pas faire de la politique.
01:58:17 "À partir du moment où nos prestataires font de la politique
01:58:20 "dans des idées que je ne considère pas acceptables
01:58:23 "au regard de ce que je défends moi
01:58:25 "et de ce que défend mon mouvement politique,
01:58:26 "à ce moment-là, ils ne travaillent plus avec le Rassemblement national.
01:58:28 "Où ils en sortent ? Ils en sont sortis."
01:58:30 - Donc c'est terminé.
01:58:33 - Le Rassemblement national, par son prestataire que vous citez,
01:58:36 Frédéric Chatillon et Axel Lusso,
01:58:37 ne sont plus actionnaires de ce prestataire.
01:58:39 Mais après, moi, j'accepte.
01:58:41 Je sais que nous, on est laserisés matin, midi et soir.
01:58:43 J'espère que vous laserisez aussi les prestataires,
01:58:47 les actionnaires des prestataires, la boulangère du plombier,
01:58:50 des actionnaires des prestataires pour les autres mouvements politiques.
01:58:52 - Là, c'est pas la boulangère du plombier.
01:58:53 Tout le monde, c'est l'éléphant dans la pièce.
01:58:55 Vous vous souvenez de l'expression.
01:58:56 - Oui, mais en fait, en l'occurrence,
01:58:58 là, on parle d'un sujet majeur pour les gens
01:59:02 qui ont l'insécurité et la violence.
01:59:02 Et en fait, on passe cinq minutes à parler...
01:59:04 - L'ultra-droite, en l'occurrence,
01:59:07 a été la source de violence le week-end dernier.
01:59:09 - Oui, mais l'ultra-droite...
01:59:10 - A romans sur Isard, notamment.
01:59:11 - On parle de 50 types d'ultra-droite,
01:59:15 généralement surveillés pour la plupart
01:59:17 par les services d'enseignement français,
01:59:19 qui ne représentent personne
01:59:20 et qui sont au nombre, d'après M. Camus, 3000 personnes.
01:59:25 - Vous dites pas qu'Homer X. Zimbourg,
01:59:27 c'est une invention des médias, l'ultra-droite ?
01:59:31 - Quand on a des types qui sont arrêtés
01:59:33 avec des saluts nazis et des photos dégueulasses
01:59:36 dans leur téléphone...
01:59:37 - Il faut dissoudre les mouvements,
01:59:38 vous approuvez la décision de Gérard Lemaire ?
01:59:39 - Moi, je suis fervent à la dissolution
01:59:40 des milices d'ultra-gauche et d'ultra-droite.
01:59:42 - Oui, d'ultra-gauche et d'ultra-droite.
01:59:43 - Je pense, d'abord, pour répondre sur la manifestation,
01:59:46 Mme Ahmed, dont vous avez parlé,
01:59:48 que d'abord, on ne répond pas,
01:59:50 et je le dis pour que ce soit très clair,
01:59:52 on ne répond pas à la violence par la violence
01:59:54 et on ne répond pas à l'insécurité
01:59:56 par des expéditions punitives,
01:59:58 par des slogans vengeurs
02:00:00 ou par une justice privée.
02:00:00 On y répond par la force des lois
02:00:02 et l'autorité de l'État républicain.
02:00:03 - Et quand Marion Maréchal parle d'eux
02:00:05 avec ses termes "des oseaux",
02:00:07 ce qui a tendance à les rendre sympathiques,
02:00:09 ça vous choque ?
02:00:10 - Je ne suis pas à l'Académie française,
02:00:12 excusez-moi, Marion utilise les mots qu'elle veut.
02:00:15 Moi, je n'ai pas utilisé ces mots-là.
02:00:16 - On parle d'un membre très violent...
02:00:17 - Vous l'aurez noté.
02:00:18 - ...qui sont dans la rue avec des barres de fer,
02:00:23 qui ont des propos racistes,
02:00:27 des oseaux, ça ne vous choque pas ?
02:00:30 - Je ne les appelle pas des oseaux,
02:00:32 je pense que ce sont des gens qui prônent la violence
02:00:35 et je suis favorable à la dissolution des milices
02:00:37 d'ultra-gauche et d'ultra-droite, je vous ai répondu.
02:00:40 - Et c'est dit ce soir. Merci beaucoup, Jordan Bardella,
02:00:42 d'avoir été notre invité ce soir dans ce soir spécial.
02:00:45 Merci à vous, Jordan Bardella, soir spécial qui se poursuit.
02:00:48 On reste en direct avec vous ce soir.
02:00:50 Je rappelle le titre de cette émission,
02:00:51 "Crépole, une France qui bascule ?"
02:00:52 Avec ce point d'interrogation,
02:00:54 basculer vers quoi ?
02:00:56 Vers plus de violence ?
02:00:57 Basculer vers des Frances qui s'affronteraient ?
02:01:00 Ce sont des thèses qu'on a beaucoup entendues
02:01:02 ces derniers jours et ces dernières semaines,
02:01:04 après évidemment le drame de Crépole
02:01:06 et le meurtre de Thomas.
02:01:07 Avec nous, Bruno Jeudy, vous l'avez vu en plateau,
02:01:09 avec nous ce soir, Juliette Briens.
02:01:11 Bonsoir, Juliette, merci d'être là,
02:01:12 du journal "L'Incorrect".
02:01:15 Avec nous également Eric Henry.
02:01:17 Bonsoir, merci d'être là, délégué national
02:01:19 du syndicat Alliance Police Nationale.
02:01:20 Vous publiez une lettre ouverte
02:01:22 pour réclamer notamment un sursaut d'autorité républicaine.
02:01:26 On va en parler avec nous sur ce plateau,
02:01:28 Akim Imoun.
02:01:29 Bonsoir, merci d'être là.
02:01:30 Merci.
02:01:31 Aussi fondateur de la Fédération de la Mixité de France,
02:01:33 Benjamin Duhamel et Pablo Piovivien
02:01:35 sont de retour sur ce plateau,
02:01:37 également Julie.
02:01:39 Vous avez donc écrit,
02:01:40 on va commencer par ça,
02:01:41 une lettre ouverte
02:01:42 au nom du syndicat de police Alliance.
02:01:45 Vous vous en prenez à la justice française
02:01:47 que vous accusez de laxisme.
02:01:49 Vous appelez l'État un signal politique
02:01:51 de fermeté face à l'insécurité.
02:01:52 Vous tapez fort.
02:01:54 On sent que c'est une sorte de cri du cœur.
02:01:56 Pourquoi maintenant ?
02:01:57 Qu'est-ce qui vous a poussé aujourd'hui
02:01:59 à écrire cette lettre ?
02:02:00 Merci de votre invitation.
02:02:02 Alors effectivement,
02:02:03 je vais quand même en préambule
02:02:06 évoquer quelques faits.
02:02:08 Strasbourg, un enseignant qui a été menacé,
02:02:10 ce n'est pas la première fois.
02:02:11 L'affaire, le drame de Crépolle, bien sûr.
02:02:14 L'augmentation des violences à l'encontre des élus,
02:02:18 des pompiers, des enseignants, des médecins.
02:02:21 Pour nous, Alliance,
02:02:23 il y a clairement un abandon
02:02:25 de l'autorité de l'État,
02:02:26 un affaiblissement de l'autorité de l'État.
02:02:28 Le maire, l'enseignant, la serre parentale,
02:02:31 ce qui était le triptyque républicain, ne fonctionne plus.
02:02:33 Ce n'est pas du tout d'aujourd'hui.
02:02:35 Ça fait des décennies qu'il y a des problèmes de sécurité.
02:02:39 Ces problèmes de sécurité s'accroissent.
02:02:41 Je vais justement aussi vous citer,
02:02:45 déjà, Georges Marchais,
02:02:47 dans un de ses discours à la Courneuve
02:02:49 lors de la campagne présidentielle de 1980.
02:02:51 On ne sait pas quand citerait Georges Marchais ce soir.
02:02:53 Vous voyez, avec Alliance, tout est possible.
02:02:59 Parce que la sécurité, c'est la première des libertés individuelles.
02:03:03 Et déjà, à l'époque, ça fait quand même maintenant 41 ans,
02:03:06 il disait qu'il fallait davantage de commissariats et de gardiens de la paix.
02:03:09 Il parlait de risque en descendant de la gare, pour quiconque.
02:03:11 Et notamment, sortir de chez soi la nuit tombée,
02:03:14 pour une femme, c'était déjà très compliqué,
02:03:16 et qu'il y avait des raquets des trafics de drogue
02:03:19 jusqu'aux établissements scolaires.
02:03:21 Vous pouvez vérifier auprès des archives, il y en a.
02:03:23 Alors oui, cette lettre ouverte, parce que pour nous,
02:03:27 c'est vraiment, comme vous l'avez dit, un cri du cœur.
02:03:30 Pourquoi ? Parce qu'on voit que notre pays est en train de sombrer,
02:03:33 on voit qu'il y a une augmentation, notamment,
02:03:35 des actes de délinquance et de criminalité.
02:03:37 Les chiffres 2022 le démontrent.
02:03:40 Il y a une augmentation notable par rapport à 2021.
02:03:43 Même si on nuançait parce qu'il y avait eu le Covid,
02:03:45 et donc forcément, il y avait une augmentation
02:03:47 de la proportion des actes violents.
02:03:49 Alors, entre le Covid en 2020,
02:03:51 et le Covid en 2021,
02:03:54 il y a eu une baisse due, justement, à l'arrêt total de notre pays.
02:04:00 Mais par contre, en 2022, il y a eu une augmentation manifeste.
02:04:05 Et je peux vous...
02:04:07 - Vous décrivez un territoire gangréné par l'ensauvagement
02:04:11 et la brutalisation au sein duquel deux populations vivent face à face,
02:04:15 les honnêtes concitoyens, les braves gens,
02:04:17 et ceux qui leur pourrissent la vie, la délinquance,
02:04:20 les voyous. Les voyous, comme vous les appelez,
02:04:22 ils sont largement minoritaires par rapport aux braves gens.
02:04:25 - Alors, on a environ... Il y a 36 000 communes en France.
02:04:29 Il y a plus de la moitié des actes de délinquance
02:04:31 qui sont commis dans 1 % des communes, donc environ 360.
02:04:34 Mais cette délinquance, elle tend à s'étendre sur le reste du territoire,
02:04:39 sur des villes moyennes et des petites villes.
02:04:41 Et c'est l'ensemble du pays qui commence à être gangréné
02:04:44 avec des policiers et des gendarmes qui n'en peuvent plus,
02:04:47 qui sont suremployés, sursollicités et qui ne peuvent pas guérir...
02:04:52 - Alors, attendez... - Tous les maux de la société.
02:04:54 - Vous reviens sur un certain nombre que vous avez prononcé.
02:04:56 "Ensauvagement, brutalisation", c'est notamment dans votre lettre ouverte.
02:04:59 Est-ce qu'à Kim Mi-moon, c'est aussi ce que vous pouvez vivre, vous ?
02:05:05 Est-ce que ce que l'on peut décrire là,
02:05:08 où on expliquait tout à l'heure, le ministre de l'Intérieur disait
02:05:12 qu'on a peut-être évité une petite guerre civile la semaine dernière à Romain Surizet,
02:05:16 est-ce que la France en est là ? Est-ce que, pour reprendre l'expression de Pablo,
02:05:19 est-ce que la France est vraiment à feu et à sang aujourd'hui ?
02:05:21 Est-ce qu'on n'est pas en train de grossir le trait ?
02:05:23 - Je le niais, si je puis me permettre. - Oui, bien sûr, vous avez raison.
02:05:26 Vous posez la question.
02:05:27 - Alors, bonsoir, merci pour l'invitation, si je peux me permettre.
02:05:29 Effectivement, il y a eu un risque très radical sur Romain Surizet.
02:05:34 Donc déjà, j'ai une pensée pour la famille du petit Thomas,
02:05:37 paix à son âme, courage à sa famille.
02:05:40 C'est vrai que c'est un acte qui est condamnable
02:05:42 et que j'espère que la justice fera son travail dans les meilleurs des cas.
02:05:45 Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, quand on voit une maman,
02:05:47 tout à l'heure j'ai écouté parler, qui disait que son fils a été assassiné en 2018
02:05:50 et que derrière, il n'y a pas eu de sanctions à la hauteur de ce qu'elle attendait,
02:05:54 c'est vrai que c'est un peu compliqué.
02:05:56 On ne pourra pas trouver les mots ni pour apaiser sa peine.
02:05:59 Après, l'ensauvagement, je trouve que c'est un grand mot
02:06:01 parce que, moi, par exemple, sur Marseille,
02:06:03 il y a beaucoup de quartiers populaires, et les quartiers Nord notamment.
02:06:06 Et sur les cités, notamment, pour ne pas faire de distinction
02:06:10 entre le centre-ville et les quartiers populaires,
02:06:12 vous avez des quartiers comme la Castellane, il y a 7 000 habitants, à peu près.
02:06:15 Sur les 7 000 habitants, vous avez une minorité, vraiment une minorité,
02:06:19 et force de l'ordre, je peux vous le dire, qui sont nuisibles pour la société
02:06:23 parce que les premiers à vivre dans l'insécurité,
02:06:24 ce sont les habitants des quartiers populaires, déjà.
02:06:26 Et c'est vrai que les...
02:06:28 Et nous, les quartiers populaires, les habitants,
02:06:31 le discours que je tiens, c'est le discours des habitants des quartiers populaires.
02:06:34 On n'est pas contre la police, on n'est pas contre la société,
02:06:37 on n'est pas contre la France, parce qu'on est français à part entière
02:06:39 et pas entièrement à part.
02:06:40 On a la conception de la citoyenneté, ses droits et devoirs.
02:06:43 Et j'estime qu'aujourd'hui, mettre de l'huile sur le feu,
02:06:46 parce qu'il y a eu quand même pas mal de faits divers ces derniers temps,
02:06:49 là, en ce moment, il y a un procès avec Monique Olivier.
02:06:52 – On est loin de ce sujet-là, mais je m'arrête sur une chose que vous dites.
02:06:56 – On n'en fait pas des vides.
02:06:57 – C'est parce que vous n'êtes pas le premier.
02:06:58 Tout à l'heure, la maire de Romand-sur-Isère nous disait la même chose,
02:07:01 Pablo Pivivien, à chaque fois, c'est une minorité.
02:07:04 Et évidemment, ça paraît évident, mais même une petite minorité,
02:07:08 quelques dizaines d'individus, c'est ce qu'elle nous disait pour Romand-sur-Isère,
02:07:11 ils vont pourrir la vie de l'ensemble de la cité.
02:07:14 Et le problème, c'est qu'on n'arrive pas à régler le souci,
02:07:18 le problème avec cette toute petite minorité-là.
02:07:20 – Mais il faut poser le juste constat.
02:07:23 Certains, notamment à l'extrême droite,
02:07:27 veulent réduire cette minorité à une essence culturelle ou ethnique.
02:07:31 C'est-à-dire qu'en gros, ils disent, comme ça a été le cas sur votre plateau tout à l'heure,
02:07:34 Jordan Barthelat, tout de suite, l'immigration ou les descendants d'immigrés,
02:07:38 à nous parler d'intégration, etc.
02:07:40 C'est Éric Zemmour qui nous dit, c'est les chahides
02:07:43 qui tuent systématiquement les petits Thomas, etc.
02:07:46 Moi, je préfère, je pense, parce que je lis la littérature scientifique sur le sujet,
02:07:52 penser que ce sont les conditions matérielles d'existence
02:07:55 de ces petites minorités, comme vous le dites,
02:07:58 qui posent effectivement un problème et qui sont violents,
02:08:01 c'est ces conditions matérielles d'existence sur lesquelles il faut agir.
02:08:04 Parce qu'il s'avère que ce sont des gens qui sont parfois dans des quartiers populaires,
02:08:09 loin d'énormément de services publics,
02:08:12 qui ont des problèmes pour se projeter dans la vie,
02:08:15 c'est-à-dire qu'ils n'ont pas d'horizon,
02:08:17 ils n'arrivent pas à savoir ce qu'ils vont pouvoir faire demain,
02:08:19 comment ils vont pouvoir élever leurs enfants,
02:08:21 comment ils vont pouvoir avoir une vie de famille, etc.
02:08:23 Ça, c'est la seule façon aujourd'hui de restaurer le tissu républicain
02:08:27 que certains s'emploient à vouloir déchirer.
02:08:30 Olivier Véran parlait de charognards.
02:08:33 - Au-delà de la répression, au-delà des prisons, etc.
02:08:35 Vous vous dites, c'est là qu'il faut régler le sujet.
02:08:37 - Ça, c'est une évidence.
02:08:38 Et puis la deuxième chose, c'est qu'on parle beaucoup d'autorité.
02:08:41 Jordan Bardella a encore dit "oui, perdre de l'autorité".
02:08:44 Mais ce qu'il ne comprend pas, c'est qu'il devrait aller faire
02:08:46 un petit tour du côté de la philosophie.
02:08:49 L'autorité, c'est l'inverse de la discipline militaire.
02:08:53 C'est l'inverse de la punition, d'aller sans arrêt vers les punitions plus sévères.
02:08:57 L'autorité, elle s'exerce précisément sans coercition ou sans exhibition.
02:09:02 - Non, non, non.
02:09:03 - L'autorité, quand l'autorité, une fois qu'elle est mise...
02:09:07 - C'est un formidable livre, je ne sais pas si pour vous j'aime rien,
02:09:09 mais un arêt avec un formidable livre qui s'appelle "Qu'est-ce que l'autorité ?"
02:09:13 Je vous en conseille la lecture.
02:09:14 - Il faut d'abord que l'autorité soit présente, évidemment.
02:09:18 Que l'autorité est présente, on a moins besoin de mettre en prison
02:09:21 parce que les gens ont quand même moins d'actes, parce qu'ils en sont dissuadés.
02:09:25 - Donc vous dites plus de forts de l'ordre sur le terrain.
02:09:27 - Oui, et moins de la cis judiciaire, ça c'est évident.
02:09:30 - Mais ce que fait Emmanuel Macron, qui a ajouté 200 brigades de gendarmerie
02:09:33 dans les zones rurales ?
02:09:35 - Manifestement, ce n'est pas assez.
02:09:38 On parle de la France qui bascule. La France va-t-elle basculer ?
02:09:41 C'est la question qu'on se pose ce soir.
02:09:43 Il me semble quand même qu'on a la mémoire un peu courte
02:09:47 et qu'il y a quelques mois, on a vécu dans ce pays des émeutes
02:09:51 qui ont mis la France, pour le coup, à feu et à sang.
02:09:55 Et si ça, ce n'est pas une bascule de la société, je ne sais pas ce que ça peut être.
02:09:59 - Donc vous vous dites que la bascule, elle a eu lieu.
02:10:01 - Ah oui, moi je pense qu'elle a eu lieu.
02:10:02 - Parce que pardon, mais tous les responsables politiques que l'on a eus,
02:10:04 comme on a parlé de Bardella tout à l'heure, on est sur la ligne de crête.
02:10:07 - Moi je pense qu'elle a déjà eu lieu. On l'a vu pendant les émeutes.
02:10:10 Ensuite, sur l'immigration. Alors vous dites, c'est toujours la même chose,
02:10:13 que simplement, seule la pauvreté peut expliquer la surreprésentation des jeunes.
02:10:18 - Je n'ai pas dit que la pauvreté. C'est un peu plus complexe que ça.
02:10:20 Mais ce n'est pas que la pauvreté.
02:10:22 - Qu'est-ce que c'est alors ?
02:10:23 - Un problème d'horizon. Un problème de projection dans la République française.
02:10:26 - Que certains habitants pauvres auraient ou que les descendants d'immigrés,
02:10:30 par exemple espagnols et portugais,
02:10:32 auraient eu plus que les descendants d'immigrés.
02:10:36 - Oui, je pense que ce n'est pas lié à un fait culturel.
02:10:41 - Mais alors expliquez-moi pourquoi les descendants d'immigrés espagnols
02:10:46 et portugais et polonais s'en sont sortis,
02:10:49 se sont assimilés en une génération,
02:10:52 et pourquoi chez les jeunes de l'immigration maghrébine et africaine,
02:10:56 on ressent une régression par rapport à leurs parents et leurs grands-parents.
02:11:00 - Il y a un truc qui s'appelait les Trente Glorieuses,
02:11:02 on était dans une période faste,
02:11:04 où l'intégration, l'assimilation...
02:11:06 - Je vous parle d'après les Trente Glorieuses.
02:11:08 Il y avait une période en France où les immigrés de ces pays-là aussi
02:11:11 étaient parfaitement assimilés, on n'entendait pas parler.
02:11:13 D'ailleurs le racisme n'existait plus en France.
02:11:15 Expliquez-moi pourquoi il y a une régression.
02:11:17 - Il y a un truc qui est très intéressant, c'est justement le racisme.
02:11:19 C'est que précisément, c'est fondamental dans notre société.
02:11:22 - C'est la faute des Français.
02:11:24 - Je suis désolé, mais à l'égard des espagnols, des portugais ou des polonais,
02:11:29 il n'y a pas de racisme.
02:11:31 - Répondez-moi honnêtement.
02:11:33 Si les faits avaient été inversés,
02:11:36 que ce n'était pas un Thomas qui était mort,
02:11:38 c'était un Fayed ou un Amin,
02:11:42 et que tous les agresseurs avaient des noms à consonance française,
02:11:47 est-ce qu'on n'en aurait pas parlé comme un fait de société ?
02:11:49 Est-ce que ça n'aurait pas interpellé ?
02:11:51 Pour le moins interpellé.
02:11:53 - S'il y avait un mobile raciste, bien évidemment que ça aurait été interpellé.
02:11:56 - Mais sans mobile raciste, nous...
02:11:58 - Je pense que sans mobile raciste, ça aurait interpellé aussi.
02:12:00 - Bah non.
02:12:01 - Je vous le dis.
02:12:02 - Moi, je fais confiance dans ma justice, dans ma police, contrairement à vous.
02:12:04 - Maintenant, la dernière chose que je dis...
02:12:06 - Attendez, il faut que ça tourne.
02:12:08 Il faut que ça tourne.
02:12:09 Ne vous inquiétez pas, l'émission n'est pas terminée.
02:12:11 On reste ensemble, on est en direct jusqu'à minuit,
02:12:13 mais je voudrais entendre Benjamin Diamelle sur ce qui va d'être dit.
02:12:15 - Moi, ce qui me frappe dans l'échange que Juliette Briens et Pablo Piovivien viennent d'avoir,
02:12:19 c'est au fond la démonstration d'une sorte de tenaille presque identitaire
02:12:25 sur ce genre d'affaires.
02:12:27 L'idée n'est pas de renvoyer dos à dos ou quoi que ce soit,
02:12:29 mais c'est-à-dire qu'on a, d'une part, une explication
02:12:33 qui se rête au fond à immense dominante sociale,
02:12:36 ne voyant pas les difficultés qu'il peut y avoir concernant certaines populations
02:12:40 qui ont été concentrées dans certains quartiers...
02:12:43 - Je sais que le racisme existe.
02:12:44 - Non, non, mais qui...
02:12:46 Comment dire ?
02:12:48 Montre qu'il y a un problème d'intégration.
02:12:51 Et pardon, ce mot n'est pas un gros mot, Pablo, parce que vous disiez...
02:12:53 - Ah, intégration, non, c'est assimilation.
02:12:55 - C'est assimilation, c'est une merde.
02:12:56 - ...qui est un problème d'intégration avec des populations
02:12:58 qui, effectivement, parfois, deuxième, troisième génération,
02:13:00 parce qu'elles ont concentré une quantité de difficultés,
02:13:05 parce que si parfois il peut y avoir une sorte de construction personnelle
02:13:08 en opposition avec certaines valeurs, ça existe.
02:13:10 - Et le racisme, à la fois de notre État et...
02:13:13 - Mais de la même manière...
02:13:14 - Mais l'État n'est pas raciste, Pablo, mais je ne vous laisserai pas dire.
02:13:16 - Non, non, non, non.
02:13:17 - Si on m'arrête à la moitié de ce que je dis, ça va être hémiplégique.
02:13:21 Parce que si je dis une tenaille, il y a tenaille gauche et tenaille droite.
02:13:24 Et de la même manière, ce que dit Juliette Briens,
02:13:26 avec, au fond, cette sorte d'obsession identitaire
02:13:29 voulant renvoyer ce qui s'est passé à des prénoms,
02:13:33 voulant renvoyer ce qui s'est passé à un procès d'intention systématique,
02:13:37 au fond, qu'auriez-vous dit si ?
02:13:40 Mais on aurait dit exactement la même chose,
02:13:42 avec une volonté d'essayer de regarder les faits en l'espèce,
02:13:45 ce que dit le procureur sur la qualification raciste
02:13:48 qui en l'État, à peu près, neuf ou dix témoignages,
02:13:52 sur plus de cent témoins qui ont été entendus,
02:13:55 cette obsession à essentialiser des personnes qui sont dans des quartiers
02:14:00 et qui donc... - Je ne les essentialise pas,
02:14:02 mais je n'ai pas pu finir. - Je crois que vous les essentialisez
02:14:04 quand vous expliquez qu'il y a une régression de la part
02:14:06 des populations qui sont immigrées. - Oui, tout à fait.
02:14:09 - De la même manière, considérer que ce qui s'est passé
02:14:12 est un fait de société, c'est non pas une évidence,
02:14:15 mais c'est important de le dire parce qu'il n'y a pas de...
02:14:18 Et je l'ai dit tout à l'heure, le procès en récupération
02:14:21 est un mauvais procès parce que quand on est responsable politique
02:14:22 et d'une certaine façon, quand on est journaliste,
02:14:24 éditorialiste, commentateur, on a à tirer des conclusions
02:14:27 et des conséquences de ce qui se passe.
02:14:28 Mais par contre, comme on l'a parfois entendu,
02:14:30 notamment chez vous, d'expliquer qu'au fond,
02:14:32 ce qui était arrivé était une sorte d'équivalent d'un pogrom,
02:14:35 je pense que quand on dit ce genre de choses-là,
02:14:38 on arrive exactement à cette tenaille qui empêche l'analyse
02:14:42 sinon rationnelle, du moins équilibrée des faits.
02:14:44 Et je pense qu'on en a eu là, au fond,
02:14:46 une sorte de démonstration avec ces deux...
02:14:48 - Il y a quand même une grosse différence,
02:14:50 c'est que moi, ce qui me motive, c'est l'égalité,
02:14:51 et ce qui motive Juliette Briens, c'est la haine de l'autre,
02:14:54 le racisme et la xénophobie.
02:14:55 C'est quand même une grosse différence.
02:14:57 - Je vais pas répondre à ça.
02:14:58 Il y a effectivement une minorité dans les quartiers
02:15:02 qui embête tout le monde et qui prennent le contrôle du quartier
02:15:06 et pourrissent la vie des gens, notamment,
02:15:09 mais même en priorité, d'abord, les gens qui habitent dans les quartiers
02:15:13 et qui sont donnés de citoyens.
02:15:14 Et après, parfois, ça déborde et ça déborde de plus en plus.
02:15:18 Mais le problème, c'est qu'il y a quand même
02:15:19 une dimension communautaire qui inquiète,
02:15:22 puisque derrière, on n'a pas la parole, si vous voulez,
02:15:25 des autres personnes du quartier, qui appartiennent aussi à ces communautés,
02:15:28 et pour dire "stop", "non, pas en mon nom",
02:15:31 et pour dire "oui, on les voit, il y a une surreprésentation".
02:15:34 - Je crois, Juliette Briens, que c'est un petit peu plus complexe que ça,
02:15:36 parce que là, ce qui manque dans vos arguments,
02:15:40 c'est le problème essentiel qui est la drogue.
02:15:46 L'explosion des trafics de drogue,
02:15:47 c'est pas seulement une minorité, c'est un système,
02:15:50 c'est un écosystème qui s'est mis en place dans ce quartier.
02:15:53 - Il y a beaucoup de familles non apparentales, ça paye le loyer,
02:15:54 ça rend plus déstabilisé.
02:15:55 - Et qui est en train de déborder au-delà des quartiers,
02:15:56 qui déborde partout, dans les petites villes.
02:15:58 - D'accord, mais on parlait d'Adrien Perez tout à l'heure,
02:16:00 qui a le rapport avec la drogue, par exemple.
02:16:01 Vous voyez, c'est pas que la drogue.
02:16:04 On parle de la drogue.
02:16:05 Ce jeune homme tuait à la sortie d'une boite de vinyle.
02:16:07 - Oui, tout à fait, mais là, pareil, Thomas, c'est pas la drogue.
02:16:10 C'est que cette délinquance qui se développe et ces quartiers,
02:16:13 bien au-delà des quartiers maintenant,
02:16:15 c'est quand même un des faits de ces dernières années
02:16:18 qui a complètement fait exploser la délinquance
02:16:21 et les formes de délinquance, c'est le trafic de drogue.
02:16:23 Et c'est plus seulement une affaire, j'allais dire,
02:16:26 d'immigration de deuxième ou troisième génération,
02:16:28 c'est la drogue qui envahit aujourd'hui...
02:16:31 - Eric Horin, là-dessus, et sur le fait, pardon,
02:16:33 ce que j'ai dit tout à l'heure,
02:16:34 le fait de ne pas réussir à maîtriser une minorité.
02:16:37 - Je voudrais répondre sur plusieurs choses,
02:16:39 notamment par rapport à ce que disait Pablo.
02:16:42 Les zones rurales sont enclavées,
02:16:44 il y a beaucoup de zones rurales en France enclavées.
02:16:46 Les jeunes ne cassent pas, ne brûlent pas.
02:16:50 Ils essaient de s'en sortir aussi, avec leurs valeurs,
02:16:53 avec les valeurs qu'on leur a inculquées, avec leur travail.
02:16:56 - Alors on en parle beaucoup,
02:16:57 il y a aussi une augmentation du trafic de drogue dans les zones rurales.
02:16:59 - Tout ceux qui sont issus du milieu rural
02:17:02 ne sont pas forcément aisés, justement.
02:17:04 Ils ont aussi des difficultés financières,
02:17:05 ils essaient de s'en sortir par l'ascenseur social,
02:17:07 par la méritocratie.
02:17:08 Ils font aussi des efforts.
02:17:10 - Sur eux, il n'y a pas de racisme.
02:17:11 - Ils ne vont pas brûler, casser.
02:17:13 C'est quand même quelque chose d'extrêmement important.
02:17:16 Ensuite, je voulais dire quand même que 30%
02:17:18 des victimes de violences physiques en France,
02:17:20 c'est les fonctionnaires de police,
02:17:21 les forces de sécurité intérieure, policiers et gendarmes.
02:17:24 Le développement du trafic de stupéfiants,
02:17:25 notamment, vous avez raison, monsieur,
02:17:27 il est exponentiel et il alimente aussi...
02:17:29 Ce sont 0,1 points du PIB quand même.
02:17:32 Ça alimente aussi d'autres trafics
02:17:34 et des trafics d'armes, le terrorisme et autres choses.
02:17:37 Au milieu, les policiers, qu'est-ce qu'on doit faire ?
02:17:40 On essaie de décoper la mer avec une cuillère.
02:17:42 On fait ce qu'on peut, justement.
02:17:44 - Mais pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à gérer
02:17:46 et à maintenir la protection ?
02:17:48 - Pourquoi on a réussi à gérer,
02:17:51 dans ce quartier de la Monnaie,
02:17:53 100 personnes d'ultra-droite qui sont arrivées,
02:17:56 qui ont débarqué dans le quartier
02:17:58 en moins d'une soirée, en moins d'une heure ?
02:18:00 - Parce que la police était là avant.
02:18:02 - Je pensais que la police ne pouvait pas rentrer dans ce quartier,
02:18:06 que c'était impossible que les médecins, les pompiers...
02:18:09 - C'est le fantasme de la mer qui vous a dit !
02:18:15 - Vous voulez me dire que la police ne peut pas rentrer,
02:18:18 en fait, la police est là.
02:18:20 - C'est la question que je pose, vous dites,
02:18:22 mais ne crions pas sur ce sujet.
02:18:24 - On est tous d'accord pour dire que les policiers
02:18:30 font un travail admirable dans les conditions extrêmement difficiles.
02:18:34 Tout le monde est d'accord.
02:18:36 Maintenant, vous parliez de ce pourcentage qui pourrit la vie.
02:18:40 C'est ce qu'on a appelé dans un communiqué de presse
02:18:42 qui a fait polémique avec le mot "nuisible",
02:18:44 qui veut dire "qui nuit à la société".
02:18:46 - Qui était pas très heureux.
02:18:48 - C'était même assez dégueulasse.
02:18:51 - Je vous remettez, c'est un mot de la langue française
02:18:55 qui veut dire "qui nuit à la société".
02:18:57 - Non, non, les nuisibles, c'est des animaux qu'on a tués.
02:19:00 - Il veut dire "qui nuit à la société",
02:19:02 il ne faut pas le sortir du contexte.
02:19:04 - Non, non, attendez, attendez, attendez,
02:19:06 juste là-dessus, il ne faut pas nous prendre pour débunés non plus.
02:19:09 Quand vous employez le mot "nuisible",
02:19:11 vous savez très bien que ça renvoie.
02:19:13 "Nuisible", c'est un insecte qu'on écrase.
02:19:15 C'est à ça que ça renvoie.
02:19:17 - Bah, écoutez, en tout cas, c'est l'étymologie,
02:19:20 je suis désolé, mais en tout cas, ce pourcentage,
02:19:24 il faut l'écarter, parce que même au sein des quartiers,
02:19:27 que vous connaissez bien, évidemment,
02:19:29 la majorité des gens veulent vivre tranquille,
02:19:31 ils veulent vivre sereinement.
02:19:33 Il faut que la justice, évidemment, aussi, passe.
02:19:36 Il faut aussi, peut-être, se mettre autour de la table
02:19:38 et que l'ensemble de la chaîne institutionnelle, aussi,
02:19:41 va trouver des solutions, parce que la police,
02:19:43 on demande de guérir tous les maux de la société.
02:19:45 La justice n'est pas assez ferme, n'arrive pas non plus à juguler
02:19:48 et à m'étendre, d'étanouir ces individus
02:19:50 qui pourrissent la vie de nos concitoyens.
02:19:52 Mais il y a peut-être aussi d'autres qui doivent prendre la responsabilité,
02:19:55 j'en ai parlé tout à l'heure en commençant mon propos,
02:19:57 ça fait 40 ans, 40 ans, en gros, de décennie,
02:19:59 de lâcheté, de renoncement,
02:20:01 où on ne prend pas les bonnes décisions,
02:20:03 où on laisse faire, on tourne la tête,
02:20:05 on met la poussière sous le tapis.
02:20:06 À un moment donné, aussi, on parle de "nous, Alliance",
02:20:08 on parle de ce choc, pourquoi ?
02:20:09 Parce que c'est salutaire pour la République,
02:20:11 pour le maintien de notre système de gouvernance
02:20:14 et de nos valeurs.
02:20:15 Et vous l'avez dit aussi tout à l'heure, Madame,
02:20:17 qu'on ne peut pas laisser, en l'état, notre pays
02:20:19 s'enfoncer comme ça dans les abîmes.
02:20:21 C'est tout ça.
02:20:22 - Je peux juste me permettre un tout petit commentaire sur vous deux.
02:20:24 Vous savez que, parmi les militants d'ultra-droite
02:20:27 qui ont manifesté à Romain Surizard,
02:20:28 ils s'en sont pris aux forces de l'ordre.
02:20:29 - Oui, bien sûr.
02:20:30 - Et alors ?
02:20:31 Qu'est-ce que vous essayez de me faire de mieux ?
02:20:33 Pourquoi vous pointez du doigt, en fait ?
02:20:34 C'est moi qui suis allée cahier à CDFlic ?
02:20:36 - Non, pas du tout.
02:20:37 - Vous avez défendu sur cette chaîne.
02:20:38 - Je prends du doigt la façon dont vous vous êtes félicitées
02:20:40 que certains responsables politiques, disiez-vous,
02:20:42 ne reculent pas d'un millimètre...
02:20:44 - Oui, parce que les politiques,
02:20:45 ils veulent la faute, ils frappent.
02:20:46 - Je constate juste que ces manifestations d'ultra-droite...
02:20:49 - Tout à fait, je les félicite encore.
02:20:51 - ...de ne pas pouvoir condamner les manifestations d'ultra-droite
02:20:53 qui s'entraident aux forces de l'ordre.
02:20:55 - Mais vous savez...
02:20:57 - Non, mais qui tirent au mortier...
02:20:58 - Attendez, attendez, j'ai eu l'espoir de l'ultra-droite.
02:21:02 - Mais ce n'est pas une question de remplacer l'histoire.
02:21:03 - Si, tout à fait.
02:21:04 Parce que vous avez fait toute l'émission pour ça
02:21:06 et vous avez essayé d'avoir sa petite phrase,
02:21:07 la petite phrase "Cienci condamne"
02:21:09 parce que Thomas Lévi-Strauss est le vrai danger en France à l'ultra-droite.
02:21:12 - Attendez, parce que je ne comprends pas.
02:21:14 - Moi, par contre, je ne suis pas restée à la politique.
02:21:15 - Attendez, Gillette Briand,
02:21:16 pour que l'on comprenne la conversation que vous êtes en train d'avoir tous les deux,
02:21:19 il faut revenir à ce qui s'est passé dimanche dernier.
02:21:22 Vous receviez Éric Ciotti et vous lui avez demandé
02:21:25 est-ce qu'il condamnait les manifestations d'ultra-droite
02:21:27 qui avaient eu lieu, ou les défilés d'ultra-droite,
02:21:29 les coups de force d'ultra-droite qui avaient eu lieu la veille à Romain Surizet.
02:21:32 - L'échange a duré cinq minutes, il ne l'a pas fait,
02:21:34 il s'en est félicité, il a fini par le faire le lendemain
02:21:37 sur une autre émission.
02:21:39 Et je constatais simplement l'aspect pour le moins singulier
02:21:43 de voir un certain nombre de forces politiques
02:21:45 et encore Marion Maréchal, c'était hier matin à la radio,
02:21:48 refusait de condamner ces manifestations.
02:21:51 Éric Zemmour ce matin au micro d'Apolline de Malherbe de la même manière,
02:21:54 alors même que, rappelons-le, ces manifestants,
02:21:57 samedi soir, sans son prix aux forces de l'ordre,
02:21:59 ont tiré au mortier sur des policiers.
02:22:02 - Tout à fait. - Donc il me paraît pour le moins paradoxal,
02:22:05 je termine, il me paraît pour le moins paradoxal
02:22:07 d'avoir des forces politiques qui ne cessent matin, midi et soir
02:22:10 de défendre les forces de l'ordre.
02:22:12 La défense de forces de l'ordre contre les violences sur les policiers,
02:22:14 elle est parfaitement légitime.
02:22:16 Dans ce cas-là, pourquoi ne pas condamner des manifestants
02:22:19 qui s'en prennent aux forces de l'ordre et leur tirent dessus avec des martyrisants ?
02:22:22 - Il y a un truc que j'aimerais au moins dire aussi s'il vous plaît.
02:22:24 - Allez-y monsieur. - Par rapport aux quartiers populaires,
02:22:26 on parle beaucoup des quartiers populaires,
02:22:28 mais vous savez les gens, ils n'ont pas choisi de vivre dans les quartiers populaires.
02:22:30 - On sait. - C'est important.
02:22:32 Les bailleurs sociaux, quand ils font des attributions de logements,
02:22:34 les familles en question n'ont pas choisi de vivre dans le communautarisme.
02:22:37 Ce n'est pas des familles qui décident de vivre avec la communauté comorienne,
02:22:40 la communauté africaine, marocaine, algérienne.
02:22:42 Ça c'est un fantasme.
02:22:44 Aujourd'hui, la République, elle est absente des quartiers populaires.
02:22:46 - C'est à vous de dire. - Il n'y a plus rien dans les quartiers populaires.
02:22:48 S'il vous plaît. - Même l'école républicaine,
02:22:50 elle n'est pas à l'image de la population française.
02:22:52 Elle est à l'image des quartiers populaires dans lesquels nos enfants sont éduqués.
02:22:55 - On va mettre 150 millions d'euros pour fêter de la monnaie.
02:22:57 - Justement, elle va où ? - Je vous pose la question.
02:23:00 - Je ne suis pas responsable politique.
02:23:02 - Je vous pose vraiment la question.
02:23:04 - Ce que je veux dire par là, ce n'est pas en achetant,
02:23:06 en donnant des subventions qu'on va résorber les problèmes de la société française.
02:23:08 C'est une réalité.
02:23:10 Après, ce que je veux dire par là, par rapport aux noyaux villageois,
02:23:12 c'est clair qu'il y a beaucoup de villageois qui sont aussi pauvres,
02:23:14 qui ne brûlent pas les voitures, qui ne font pas des meutes.
02:23:16 C'est une réalité.
02:23:18 Mais le contexte actuel, comme vous disiez tout à l'heure,
02:23:20 ils ne vivent pas ce racisme quotidien, le racisme institutionnel.
02:23:23 Aujourd'hui, quand vous arrivez,
02:23:25 il y a un facteur qui a été agressé de coup de couteau à Romain Cerisière.
02:23:29 Donc c'était à la monnaie.
02:23:31 Ce n'est pas les habitants de la monnaie qui l'ont agressé.
02:23:33 - Je ne sais pas. - Si vous suivez l'actualité,
02:23:35 il y a un communiqué de presse de la part du Sud solidaire
02:23:38 qui connait justement un fait très grave,
02:23:40 une tentative d'assassinat sur un facteur.
02:23:42 Donc aujourd'hui, ça veut dire qu'aujourd'hui,
02:23:44 il y a un règlement de compte jusqu'à où ça va aller.
02:23:46 Le problème d'aujourd'hui, c'est que cette France est en train de s'enflammer,
02:23:49 non pas à cause de la jeunesse,
02:23:51 mais à cause de la défaillance de certains politiques.
02:23:54 On donne beaucoup de leçons,
02:23:56 mais une fois qu'on est au pouvoir, on ne les applique pas.
02:23:58 - Alors justement, vous, vous avez ce constat,
02:24:00 la France a déjà basculé.
02:24:02 La France a déjà basculé. Quelles sont les solutions ?
02:24:04 On a parlé d'Olivier Véran sur ce plateau en début d'émission
02:24:07 qui lui propose de responsabiliser les parents.
02:24:10 On écoute le porte-parole du gouvernement.
02:24:12 - Que les parents, qui sont déficients dans l'éducation
02:24:15 et qui laissent faire leurs enfants,
02:24:16 pourront même être passibles de travaux d'intérêt général.
02:24:18 Ils pourront être mis à contribution
02:24:20 pour pouvoir payer ce qui a été cassé.
02:24:22 Et ils devront même participer financièrement
02:24:24 pour financer des associations d'aide aux victimes.
02:24:26 Donc vraiment, la responsabilité part entre...
02:24:28 Pas un parent, pas celui qui héberge ou élève ses enfants,
02:24:31 les deux parents, y compris celui qui est parti parfois du foyer
02:24:34 et qui laisse le conjoint s'en occuper.
02:24:35 Ces jeunes délinquants, ils iront davantage en centre éducatif,
02:24:39 fermés s'il le faut, et nous allons expérimenter,
02:24:41 pour les cas les plus difficiles, un encadrement par des militaires.
02:24:45 - Oui, mais moi je suis d'accord,
02:24:47 il y a toute la chaîne d'autorité à renforcer.
02:24:50 Il faut renforcer l'école.
02:24:52 Après, l'école est là pour instruire, pas pour éduquer.
02:24:54 - Mais là, c'est les parents.
02:24:55 - Les parents, oui, mais ça va être compliqué.
02:24:57 C'est vrai que pour beaucoup de ces jeunes, déjà,
02:24:59 il y a souvent une absence notable du père dans ces familles.
02:25:01 Et ça, c'est un énorme problème.
02:25:03 Bon, qu'est-ce qu'on va faire ?
02:25:04 On ne va pas aller courir après le père pour lui dire
02:25:06 "Reviens au foyer, t'occupes de ton gamin".
02:25:08 Donc, c'est un petit peu...
02:25:10 Ça peut être difficile, si vous voulez,
02:25:12 de remettre la faute entière sur des parents,
02:25:14 parfois des femmes célibataires, qui ont très peu de moyens,
02:25:17 qui sont désespérées, en fait, face à l'attitude de leurs enfants.
02:25:22 Mais donc, je pense que ça passe surtout et avant tout par la justice.
02:25:26 Parce que quand on voit certains qui se font attraper
02:25:29 quand il y a des grosses affaires,
02:25:30 et qu'on se retrouve avec des jeunes,
02:25:32 avec des casiers judiciaires à plus de 17, 18, 20, 20 condamnations,
02:25:37 parfois, mais c'est plus long que notre bras,
02:25:39 le nombre de condamnations, par exemple, qu'ils ont eues dans leur vie.
02:25:43 Qu'est-ce que ces jeunes-là font encore dehors ?
02:25:45 Pourquoi ne sont-ils pas en prison ?
02:25:47 Manifestement, ils n'étaient pas prêts à réintégrer la société.
02:25:50 Donc, la chaîne d'autorité, les parents, c'est compliqué.
02:25:54 Il y a quelque chose à faire, à part les parents.
02:25:55 - Pablo.
02:25:56 - D'abord, je pense que la solution n'est une solution, hélas, à rien.
02:25:59 Vous mettez quelqu'un à 1, 10, 20 ans en taule,
02:26:03 bon, et alors, qu'est-ce que vous faites après ?
02:26:05 - Vous sauvez les gens de ces émotions.
02:26:06 - La question fondamentale,
02:26:08 ce n'est pas comment les gens rentrent en prison,
02:26:09 mais comment ils en sortent.
02:26:11 Et qu'est-ce qu'on fait, en fait, lorsqu'ils en sortent ?
02:26:13 - Le principe, c'est de mettre à l'abri la société.
02:26:14 - Je suis d'accord.
02:26:15 - Il faut mettre à l'abri la société.
02:26:16 - Combien de temps ?
02:26:17 C'est toujours la même question.
02:26:18 - Bien sûr.
02:26:19 - La question qu'il faut se poser,
02:26:21 c'est comment, après, ils peuvent réintégrer la société.
02:26:24 Et ça, tout le monde s'en fout.
02:26:25 On les met en prison et puis après, ce n'est plus le sujet.
02:26:27 Ça, c'est la première chose.
02:26:28 La deuxième chose, c'est que,
02:26:29 moi, je vais reprendre exactement ce qu'a dit Hakim.
02:26:31 Hakim, il a mis l'accent sur deux points.
02:26:33 Il a dit, dans les quartiers populaires,
02:26:35 les services publics sont complètement désaffectés,
02:26:37 sont, genre, en déshérence totale.
02:26:39 Deuxièmement, le racisme.
02:26:40 Qu'est-ce que répond Olivier Véran ?
02:26:42 Les mamans et le laxisme judiciaire.
02:26:45 Je ne pense pas que ça soit la voie
02:26:47 pour trouver une solution à ce qui se passe aujourd'hui.
02:26:51 - Vous voulez qu'on fasse quoi avec les délacants ?
02:26:52 On leur fait des petits bisous, une tête sur le dos, ça va aller ?
02:26:54 Tiens, un travail, tiens, de l'argent, bravo !
02:26:56 Mais je ne sais pas, c'est quoi votre solution ?
02:26:58 L'autorité, c'est l'autorité.
02:27:00 - Si on a la réaction, c'est ça qui est dommage.
02:27:01 - Oui, ça, c'est vrai aussi.
02:27:02 Je suis d'accord.
02:27:03 Il y a tout à revoir depuis le début.
02:27:05 Ça doit être un climat, c'est le climat.
02:27:07 - Oui, oui, au nom d'Alliance, évidemment,
02:27:09 on condamne toutes les violences,
02:27:10 quel que soit le côté.
02:27:11 Extrême gauche, comme extrême droite, ou voilà.
02:27:13 - Vous, oui.
02:27:14 - C'est l'autorité de l'État.
02:27:16 C'est l'autorité de l'État à écarter ceux qui, justement,
02:27:19 commettent des crimes et des délits
02:27:20 et pour protéger le reste de la population.
02:27:22 C'est quand même fondamental.
02:27:23 Effectivement, il y a eu un abandon de l'État
02:27:26 dans les quartiers français,
02:27:28 depuis, pareil, trop longtemps, depuis des décennies.
02:27:30 On a abandonné les quartiers.
02:27:31 Il n'y a plus d'État avec un rang E.
02:27:33 Il n'y a plus de service public.
02:27:34 On les a laissés aux mains des caïds
02:27:35 et des prédicateurs en tout genre.
02:27:37 Déjà, maintenant, il faut restaurer l'autorité de l'État.
02:27:39 C'est-à-dire, il faut réinvestir les quartiers
02:27:42 avant de pouvoir revenir sur de la prévention.
02:27:44 - Mais donc, c'est remettre police, remettre...
02:27:47 - Non, mais il faut déjà... - Écoles.
02:27:49 - Bien sûr. - Écoles.
02:27:50 - Mais en parallèle, évidemment, le tout carcéral...
02:27:53 - Il n'y a pas d'école dans les quartiers.
02:27:54 - Allianz, on ne l'a jamais dit,
02:27:56 qu'on voulait que tout le monde soit en prison.
02:27:57 Ce n'est pas ça.
02:27:58 Il faut écarter, évidemment, ceux qui commettent
02:28:01 des crimes et des délits,
02:28:02 ceux qui sont les uns qui empêchent
02:28:04 la société de tourner correctement.
02:28:06 Mais les mineurs, notamment,
02:28:07 ont parlé de centres éducatifs fermés,
02:28:09 il faut qu'ils soient renforcés,
02:28:10 il faut qu'ils soient réellement renforcés et fermés,
02:28:12 avec aussi des formations,
02:28:14 des formations professionnelles,
02:28:15 pour aider à la réinsertion, évidemment,
02:28:18 mais remettre aussi l'autorité.
02:28:19 Pourquoi ? On pourrait aussi...
02:28:20 On a abandonné le service militaire en 1997,
02:28:23 c'était quand même aussi...
02:28:24 Ça faisait partie des valeurs.
02:28:25 Sentiment d'appartenance à la nation,
02:28:27 respect de l'autorité,
02:28:28 on se levait tôt le matin, on travaillait,
02:28:30 et il y a tout un...
02:28:33 - On servait le pays.
02:28:34 - On servait le pays.
02:28:35 Il y a toute une somme de choses à faire,
02:28:36 mais encore, faut-il avoir la volonté,
02:28:38 et cette volonté politique, elle est fondamentale.
02:28:40 Et depuis 40 ans, c'est ce qu'on constate,
02:28:42 c'est qu'il y a une déliquescence,
02:28:43 un délitement de la société,
02:28:44 il n'y a plus de valeur,
02:28:45 et on s'en prend à tout et n'importe quoi,
02:28:48 et c'est l'argent facile, justement,
02:28:52 par la délinquance, par la criminalité.
02:28:55 Vous parlez du travail des stupéfiants,
02:28:56 c'est le gros fléau actuel
02:28:57 au sein de la société française.
02:28:58 - Et la violence gratuite.
02:28:59 - Et au final, les policiers,
02:29:01 ils sont au cœur, ils sont entre deux chaises,
02:29:03 ils font tout ce qu'ils peuvent,
02:29:04 ils en prennent de chaque côté.
02:29:05 Un coup, ils ne font pas assez bien,
02:29:06 un coup, ce n'est pas suffisant.
02:29:08 Ils sont cloués au pilori
02:29:10 par une certaine frange de la politique,
02:29:12 voire de la classe médiatique.
02:29:13 Au lieu d'être derrière eux, évidemment,
02:29:15 ce qui n'empêche pas de condamner
02:29:17 lorsqu'il y a, de façon rarissime
02:29:19 et de façon individuelle, des manquements.
02:29:21 Ça, on n'a jamais dit le contraire.
02:29:23 Mais parler de racisme systémique
02:29:24 ou de violence systémique
02:29:25 et de manifestations
02:29:29 contre les pseudo-violences policières
02:29:30 avec des élus aux suffrages universels
02:29:35 qui se permettent de manifester,
02:29:36 voire qui manifestent dans les manifestations interdites,
02:29:38 c'est lamentable.
02:29:39 - Mais je ne crois pas que ce soit trop le sujet du...
02:29:41 - Mais si, mais ils ont reçu...
02:29:42 - Non, mais c'est un débat intéressant,
02:29:44 mais là, en espèce,
02:29:45 on est sur ce qui s'est passé à Crépole.
02:29:47 Mais je ne crois pas qu'il y ait
02:29:48 une question de violence policière dans le débat.
02:29:50 - Non, mais tout simplement...
02:29:51 - Sur les conséquences politiques
02:29:54 de ce qui est en train de se passer,
02:29:55 de ce basculement,
02:29:56 c'est le Rassemblement national qui monte.
02:29:58 On avait Olivier Véran,
02:29:59 on le disait sur ce plateau,
02:30:00 qui lui le dit.
02:30:01 Le Rassemblement national vit de ce chaos.
02:30:04 On écoute.
02:30:05 - Le Rassemblement national est un parti
02:30:07 d'extrême droite populiste.
02:30:09 Il fait ce que je contestais tout à l'heure.
02:30:11 Il décide avant les faits.
02:30:13 Il juge avant les faits.
02:30:16 Et il a des réponses toutes prêtes à tout.
02:30:18 Il vous dira toujours
02:30:19 qu'il est d'accord avec vous.
02:30:20 Il vous dira toujours
02:30:21 que l'État est défaillant,
02:30:22 que l'Europe ne sert à rien.
02:30:23 - Et visiblement, ça marche.
02:30:24 - Il vit de ce chaos.
02:30:25 Pour me rendre dans beaucoup de villes
02:30:26 tenues par le RN depuis quelques semaines,
02:30:29 je constate cela.
02:30:30 Et donc, ils vont toujours
02:30:31 stimuler l'instinct grégaire,
02:30:33 vous savez, le cerveau reptilien,
02:30:34 tout ce qu'il y a de plus sombre en nous.
02:30:35 Ils vont vous dire, en fait,
02:30:36 il n'y a qu'une solution,
02:30:37 c'est sombrer dans la haine.
02:30:38 Moi, je vous dis, il y a une solution,
02:30:39 ça s'appelle l'État de droit,
02:30:40 ça s'appelle la cohésion de la nation.
02:30:42 - Bruno, là-dessus,
02:30:44 sur ce que dit Olivier Véran.
02:30:45 - Évidemment que tout ça,
02:30:47 c'est du carburant
02:30:48 pour le RN.
02:30:49 On constate tous
02:30:50 qu'il grimpe dans les sondages,
02:30:52 que Marine Le Pen faisait 42-43%
02:30:55 au deuxième tour de la présidentielle,
02:30:57 son plus haut score
02:30:58 dans l'histoire du Front national
02:31:00 puis du RN,
02:31:01 que Jordan Bardella est crédité
02:31:03 de 29% pour les Européennes.
02:31:05 Alors, calmons-nous,
02:31:06 c'est encore loin, ça peut changer.
02:31:07 Le RN est souvent très haut
02:31:09 au début des campagnes,
02:31:10 ça baisse après,
02:31:11 on verra à l'arrivée.
02:31:12 Mais clairement,
02:31:13 le RN a le vent en poupe,
02:31:15 il est porté par des événements
02:31:18 comme Crépol.
02:31:19 Et encore une fois,
02:31:20 Crépol, c'est vraiment la synthèse
02:31:22 de toutes les fractures françaises.
02:31:24 Là, vous avez quelque chose
02:31:25 d'extrêmement symbolique,
02:31:27 l'onde de choc.
02:31:28 L'onde de choc est très importante.
02:31:30 La sale défaite de Crépol
02:31:32 rime avec vraiment la défaite
02:31:34 des politiques pour le vivre ensemble
02:31:37 depuis 30 ans.
02:31:39 Il faut le voir.
02:31:41 Il ne faut pas tout jeter
02:31:42 de cette politique-là,
02:31:43 mais il y a beaucoup de choses
02:31:44 qui ont été dites,
02:31:45 évidemment que pendant des années,
02:31:47 on a désinvesti pour la police,
02:31:49 pour la sécurité,
02:31:50 pour la justice.
02:31:52 Alors aujourd'hui,
02:31:53 les gouvernements successifs
02:31:55 d'Emmanuel Macron...
02:31:56 - On a désinvesti pour la justice
02:31:57 et la police ?
02:31:58 Une hausse du budget ?
02:31:59 - On a désinvesti pendant des années.
02:32:01 Là, il y a un rattrapage
02:32:02 qui se fait depuis quelques années.
02:32:04 - Une hausse du budget de la justice ?
02:32:06 - Elle ne fait jamais que remettre au niveau
02:32:08 ce qu'était la police,
02:32:09 grosso modo,
02:32:10 au début des années 2005,
02:32:12 même avant 2010.
02:32:14 Donc en 2023,
02:32:16 compte tenu de ce reste
02:32:18 que de la démographie en France,
02:32:20 d'un certain nombre de besoins
02:32:22 pour la police,
02:32:23 la police scientifique,
02:32:24 la police sur le numérique,
02:32:25 il faut plus de policiers.
02:32:26 C'est comme ça.
02:32:27 Et là, on est simplement
02:32:28 en train de rattraper...
02:32:29 - Le retard qui s'est accumulé.
02:32:30 - Voilà.
02:32:31 Donc on a perdu beaucoup de temps,
02:32:32 beaucoup de retard,
02:32:33 beaucoup de blabla,
02:32:34 disait tout à l'heure
02:32:35 Mme Pérez,
02:32:37 qui fulminait justement
02:32:39 son fonctionnement qui s'est rien passé
02:32:41 depuis quelques années.
02:32:42 Il y a une forme d'échec
02:32:43 pour le gouvernement actuel.
02:32:46 Et je trouve que dans la façon
02:32:48 de mettre du temps à mesurer
02:32:50 ce qui s'est passé à Crépole,
02:32:51 ça dit beaucoup de la difficulté...
02:32:54 - Il y a le temps de réaction.
02:32:55 - D'une partie de l'exécutif,
02:32:57 pas tous,
02:32:58 d'une partie de l'exécutif
02:32:59 à prendre conscience
02:33:00 de ce qui s'est passé à Crépole.
02:33:02 C'est vraiment la synthèse.
02:33:04 - Il n'est pas en train de monter
02:33:05 à cause de ce qui s'est passé à Crépole,
02:33:07 même si c'est dramatique.
02:33:08 Il augmente parce que, justement,
02:33:09 l'incompétence du gouvernement
02:33:10 et des prédécesseurs
02:33:11 font en sorte de créer cette faillite.
02:33:13 Moi, je vois qu'aujourd'hui,
02:33:14 il y a des enfants de la République
02:33:15 qui sont des quartiers populaires.
02:33:16 Ils sont peignés
02:33:17 parce qu'ils ont de la peine pour Thomas.
02:33:19 Ils sont vraiment sensibilisés
02:33:20 par ce qui s'est passé
02:33:21 et ils ont condamné à unanimité
02:33:22 ce qui s'est passé.
02:33:23 Et j'espère que ce jeune
02:33:24 qui a commis de ce crime odieux
02:33:26 soit peigné à la hauteur des faits.
02:33:28 Derrière,
02:33:29 on voit qu'il y a des partis politiques,
02:33:30 de droite comme de gauche,
02:33:31 ils se récupèrent les victimes.
02:33:33 Et c'est ça où les enfants
02:33:34 des quartiers populaires ne comprennent pas
02:33:35 pourquoi nous, on est peignés pour Thomas
02:33:37 et pourquoi un parti politique
02:33:38 d'extrême gauche est peigné
02:33:39 pour le jeune jardinier
02:33:41 qui s'est fait égorger
02:33:43 et l'extrême droite de Zemmour
02:33:44 et de Marine Le Pen,
02:33:45 ils sont peignés pour...
02:33:46 En fait, il n'y a pas de...
02:33:47 Ils n'aiment pas les Français,
02:33:48 ces gens-là,
02:33:49 qui sont au pouvoir
02:33:50 dans les partis politiques.
02:33:51 Ils aiment une partie de la France.
02:33:52 Et le problème, c'est pour ça
02:33:53 qu'il y a une déchirure,
02:33:54 c'est que quand ces politiques
02:33:55 aimeront tous les Français
02:33:56 de la même manière,
02:33:57 peut-être que là,
02:33:58 les enfants de la République
02:33:59 seront considérés.
02:34:00 - Oui, moi, je voudrais juste répondre
02:34:01 sur le temps de réaction
02:34:02 puisque, Bruno, jeudi,
02:34:03 vous avez parlé, vous avez dit
02:34:04 "Oui, ils ont mis du temps à réagir."
02:34:05 Tout à l'heure,
02:34:06 Benjamin Duhamel a dit
02:34:07 à peu près la même chose.
02:34:08 Moi, je vais un peu défendre
02:34:09 le gouvernement.
02:34:10 En fait, il y a normalement
02:34:11 ce qu'on appelle le délai de décence.
02:34:13 D'ailleurs, ça avait été appelé
02:34:15 par la famille.
02:34:16 La famille a dit,
02:34:17 dans un premier temps,
02:34:18 "S'il vous plaît, en fait,
02:34:19 on ne veut pas être politique."
02:34:20 Moi, je pense que le gouvernement
02:34:24 a été saisi, étonné,
02:34:26 par la vitesse des charognards
02:34:30 de l'extrême droite
02:34:31 à se saisir du sujet.
02:34:33 Et c'est vrai qu'ils ont réussi.
02:34:35 Parce qu'en fait,
02:34:36 il faut dire ce qui s'est passé
02:34:37 la semaine dernière.
02:34:38 C'est l'extrême droite
02:34:39 qui a réussi à faire monter
02:34:41 ce fait de société,
02:34:43 appelez-le comme vous voulez,
02:34:44 mais avant qu'on ne sache
02:34:45 quoi que ce soit,
02:34:46 ils ont réussi à faire monter
02:34:47 hyper rapidement.
02:34:49 - Il y avait quand même l'effet.
02:34:51 Vous comprenez l'émotion.
02:34:52 - Les faits Bruno
02:34:53 n'ont pas été établis
02:34:54 dès l'instant où Thomas est mort.
02:34:57 - Il y a quand même une banque
02:34:58 qui débarque dans une salle des fêtes
02:35:00 avec des couteaux de 25 centimètres.
02:35:01 - Mais ça, Bruno, avant de l'établir,
02:35:03 il faut que la police,
02:35:04 voire la justice, passent.
02:35:05 Vous, peut-être que vous,
02:35:07 dès le lundi ou même dès le lendemain...
02:35:08 - Maintenant, il s'est établi.
02:35:09 - Mais il faut attendre.
02:35:10 Mais non.
02:35:11 - L'intention, l'intention,
02:35:13 l'intention, le mobile
02:35:15 de ces individus,
02:35:16 n'a pas encore été établi.
02:35:18 - Il n'y a que l'extrême droite
02:35:20 qui arrive à savoir
02:35:21 le mobile le lendemain.
02:35:22 - Il y a tous les Français
02:35:23 qui pensent pareil.
02:35:24 Vous avez vu les sondages
02:35:25 dont vous avez parlé
02:35:26 sur ce plateau tout à l'heure.
02:35:27 Ce qui fait monter le R.N.,
02:35:28 il y a deux choses.
02:35:29 Le R.N., pardon.
02:35:30 Ce qui fait monter le R.N.,
02:35:31 il y a deux choses.
02:35:32 C'est le réel
02:35:33 et le déni du réel.
02:35:34 Le réel, qu'on connaît tous.
02:35:36 Apparemment, pas tout le monde,
02:35:37 par exemple,
02:35:38 nier que l'insécurité monte en France
02:35:40 parce qu'il y aurait moins d'homicides
02:35:42 depuis 50 ans,
02:35:43 alors que vous venez d'entendre
02:35:45 le témoignage de la mère
02:35:46 de Madame Pérez
02:35:48 qui disait que son fils
02:35:49 n'avait pas été compté
02:35:50 dans les homicides
02:35:51 parce qu'il n'y avait pas eu d'intention
02:35:52 alors qu'il s'était pris
02:35:53 un couteau dans le coeur.
02:35:54 Voilà.
02:35:55 Ça, c'est le réel
02:35:56 et le déni du réel.
02:35:57 - C'est scandaleux ce que vous faites
02:35:58 avec la justice.
02:35:59 Il y a une décision de justice.
02:36:00 Vous remettez en question
02:36:01 une décision de justice.
02:36:02 C'est absolument scandaleux.
02:36:03 - Et tous les gens
02:36:04 qui répondent à des gens
02:36:05 qui sont inquiets
02:36:06 de leur insécurité
02:36:07 et qui sont inquiets
02:36:08 de voir souvent les mêmes personnes,
02:36:11 en tout cas les agresser
02:36:12 dans le métro et partout,
02:36:13 et qu'on leur dit
02:36:14 "Vous êtes des racistes
02:36:15 et vous n'avez pas le droit
02:36:16 de penser ça".
02:36:17 Et voilà pourquoi le RN monte.
02:36:18 C'est tout.
02:36:19 Si on veut que le RN monte,
02:36:20 il faut continuer exactement comme ça.
02:36:21 Parce que vous avez bien vu
02:36:22 cette personne
02:36:23 qui a interpellé Olivier Véran
02:36:25 il y a quelques jours à Crépol.
02:36:27 - Un membre de Géroponquête.
02:36:29 - Ce n'était pas un racisme
02:36:30 d'extrême droite.
02:36:31 Il n'était pas du tout à droite.
02:36:32 - Un membre de Géroponquête.
02:36:33 - Vous avez entendu son discours.
02:36:34 Vous avez entendu.
02:36:35 En fait, cet homme,
02:36:36 il en a marre de regarder BFM
02:36:39 et de regarder d'autres chaînes
02:36:40 et qu'on lui dise
02:36:41 "Mais vous êtes un raciste,
02:36:42 vous faites des amalgames,
02:36:43 tout ça est faux".
02:36:44 - Je vais être brusque.
02:36:45 Pardon, mais il y a évidemment
02:36:47 et moi je suis en désaccord
02:36:48 avec ce que dit Pablo,
02:36:49 ce n'est pas seulement
02:36:50 que le gouvernement
02:36:51 a été pris de court,
02:36:52 c'est qu'il y a eu
02:36:53 chez certains ministres,
02:36:54 pas tous,
02:36:55 l'idée qu'il fallait
02:36:56 dans les réactions
02:36:57 mettre en avant d'abord
02:36:58 le risque de récupération
02:37:00 plutôt que l'effet.
02:37:01 Donc ce n'est pas tant
02:37:02 qu'ils ont été pris de court,
02:37:03 c'est que chez certains,
02:37:04 il y a cette idée-là
02:37:05 qu'il faut effectivement
02:37:06 faire attention.
02:37:07 - Vous l'avez fait ici.
02:37:08 - Ils ont résumé.
02:37:09 - Vous l'avez fait,
02:37:10 Bernard Duhamel,
02:37:11 j'ai regardé vos émissions.
02:37:12 Vous avez énormément
02:37:13 parlé de récupération politique,
02:37:14 c'était toute la journée
02:37:15 sur vos bandeaux.
02:37:16 - Sur mes bandeaux, c'est-à-dire ?
02:37:17 - Vos bandeaux BFM TV,
02:37:18 Crépol, Une aubaine pour le RN.
02:37:20 - De quelles émissions
02:37:21 vous parlez ?
02:37:22 - Je ne connais pas
02:37:23 toutes vos émissions,
02:37:24 je les ai regardées la journée,
02:37:25 enfin les émissions après Crépol.
02:37:26 J'ai vu vos bandeaux,
02:37:27 c'est beaucoup sorti
02:37:28 sur les réseaux sociaux.
02:37:29 Crépol, Une aubaine pour le RN,
02:37:31 - Quel niveau de dégueulasserie !
02:37:32 - Vous savez, Juliette Briand,
02:37:33 moi, je ne suis pas
02:37:34 à part ça, ici de la chaîne.
02:37:35 Il y a les bandeaux
02:37:36 qui ont été faits.
02:37:37 Je pense que par ailleurs,
02:37:38 personne ici ne peut considérer
02:37:39 qu'on n'a pas traité
02:37:40 dans son entièreté ces sujets-là.
02:37:42 Si vous voulez qu'on fasse
02:37:43 le débat de mes émissions,
02:37:44 et je ne pense pas que ça intéresse
02:37:45 beaucoup les téléspectateurs,
02:37:46 il s'avère que dimanche dernier,
02:37:47 j'ai reçu Thibault de Montbrial,
02:37:48 Jérôme Fourquet,
02:37:49 que j'ai eue en direct,
02:37:50 la veuve de M. Monguillot
02:37:51 qui s'est fait massacrer à Bayonne
02:37:52 - Je ne dis pas que vous n'êtes pas
02:38:01 - Attendez, je termine.
02:38:02 La question de la sous-estimation
02:38:03 de ce qui s'est passé à Grépole
02:38:04 me paraît être un débat
02:38:05 qui est un petit peu
02:38:06 à côté de la plaque
02:38:07 et surtout qui n'intéresse
02:38:08 absolument personne.
02:38:09 Ça, c'est l'élément.
02:38:10 Le deuxième élément,
02:38:11 vous dites, les Français,
02:38:12 ils en ont marre
02:38:13 qu'on leur dise qu'ils sont racistes.
02:38:14 Mais, pardon, mais là-dessus,
02:38:15 qui dit cela ?
02:38:16 On a un débat précisément
02:38:17 sur le fait de dire
02:38:18 que le gouvernement a sans doute
02:38:19 sous-estimé ce qui s'était passé.
02:38:20 On dit, et je crois que cette soirée
02:38:21 qui a un débat qui a lieu
02:38:22 sur le fait de dire
02:38:23 que c'est non pas un fait divers,
02:38:24 mais un fait politique
02:38:25 ou un fait de société.
02:38:26 Donc, la prise de conscience,
02:38:27 elle existe.
02:38:28 Après, il peut y avoir
02:38:29 des divergences dans les solutions
02:38:30 qui sont proposées
02:38:31 par un certain nombre
02:38:32 de responsables politiques
02:38:33 quant à ce qui est fait.
02:38:34 Mais je vais vous dire quelque chose,
02:38:35 Mme Briens.
02:38:36 Dans ce que vous dites là,
02:38:37 vous desservez le combat
02:38:38 que vous prétendez défendre
02:38:40 parce qu'en disant,
02:38:41 en ayant cette sorte d'obsession
02:38:43 qu'il y aurait des injonctions
02:38:44 à expliquer que les Français
02:38:45 sont racistes,
02:38:46 eh bien, vous donnez des arguments
02:38:47 à quelqu'un comme Pablo
02:38:48 pour, derrière, expliquer
02:38:49 qu'au fond, il y a une sorte
02:38:50 de chape de plomb qui existe
02:38:51 et qu'on n'a pas le droit
02:38:52 de parler de ce sujet.
02:38:53 C'est pas vrai qu'on n'a pas le droit
02:38:54 de parler de ce sujet.
02:38:55 Ça fait une semaine qu'on le fait
02:38:56 et c'est normal
02:38:57 parce que ça a choqué les Français.
02:38:58 -Mais je n'ai pas dit
02:38:59 que c'était un vrai sujet.
02:39:00 -Vous vivez dans un monde
02:39:01 où il y aurait une sorte
02:39:02 de paranoïa permanent.
02:39:03 -Non, pas du tout.
02:39:04 -De la même manière,
02:39:05 ce matin, Eric Zemmour
02:39:06 qui refuse de condamner,
02:39:07 qui explique qu'effectivement,
02:39:08 il y a une sorte de lé média...
02:39:09 -L'ultra-droite est une invention.
02:39:10 -L'ultra-droite est une invention médiatique.
02:39:12 -Il y a 3 000 personnes
02:39:13 de l'ultra-droite en France.
02:39:14 -Mais on est dans une sorte de...
02:39:16 Vous êtes dans une sorte
02:39:17 de construction intellectuelle
02:39:20 qui veut donner l'impression
02:39:22 qu'on essaie de culpabiliser les Français.
02:39:23 Moi, personnellement,
02:39:24 depuis cette soirée-là,
02:39:25 j'ai pas eu l'impression
02:39:26 qu'on essaie de culpabiliser
02:39:27 les gens qui sont effondrés
02:39:28 et à raison de ce qui est arrivé
02:39:29 au jeune Thomas.
02:39:30 -Et pourtant, vous culpabilisez
02:39:31 systématiquement, par exemple,
02:39:32 le Rennes en disant
02:39:33 qu'ils sont xénophobes,
02:39:34 qu'ils ont des obsessions
02:39:35 avec l'immigration, etc.
02:39:36 Bon, après, bientôt,
02:39:37 50 % des Français votent Rennes.
02:39:39 -Mais Mme Riaz, moi, je leur pose...
02:39:40 -Vous leur dites la même chose
02:39:41 à la caméra, maintenant.
02:39:42 -Je leur pose des questions,
02:39:43 je dis pas s'ils sont xénophobes.
02:39:44 -Vous leur dites la même chose
02:39:45 à la caméra.
02:39:46 -Julien Moyens, franchement,
02:39:47 il y a une différence
02:39:48 entre les hommes politiques
02:39:49 qui tweetent même pas 10 minutes
02:39:51 après la dépêche AFP
02:39:53 et des hommes politiques
02:39:54 qui vont ensuite se déchirer
02:39:57 dans un hémicycle politique.
02:39:59 Moi, dans un hémicycle,
02:40:00 je trouve ça tout à fait normal.
02:40:01 Tweeter immédiatement
02:40:03 sans rien savoir de l'affaire,
02:40:04 je trouve toujours
02:40:05 que c'est très imprudent
02:40:06 pour les politiques.
02:40:07 -On va entendre un témoignage ce soir.
02:40:08 Elle était avec nous tout à l'heure
02:40:09 au début de cette émission spéciale,
02:40:10 c'est la mère de Romain Surizère.
02:40:12 Romain Surizère, on le rappelle,
02:40:13 c'est là d'où sont originaires
02:40:15 une bonne partie des suspects
02:40:16 dans l'affaire du meurtre de Thomas.
02:40:18 Et c'est là aussi
02:40:19 où des militants d'ultra-droite
02:40:20 ont défilé le week-end dernier.
02:40:23 Mme Thoraval, son nom était avec nous.
02:40:26 Elle a pris la parole ces derniers jours
02:40:28 pour réclamer justice,
02:40:30 pour expliquer qu'il y avait
02:40:31 un certain nombre d'incompréhensions
02:40:32 parmi la population,
02:40:33 incompréhension notamment
02:40:34 sur ce que vous disiez,
02:40:35 c'est-à-dire pourquoi est-ce que le fait
02:40:39 qu'un certain nombre de jeunes
02:40:40 témoignent du meurtre de Thomas
02:40:42 ait pu dire qu'il y avait
02:40:43 dans les propos des agresseurs
02:40:44 des propos hostiles aux Blancs,
02:40:45 pourquoi est-ce que ça, pour l'instant,
02:40:46 ça n'était pas reçu par la justice ?
02:40:47 Elle a parlé de ces incompréhensions-là.
02:40:49 Et ce qu'elle nous a dit ce soir,
02:40:50 c'est qu'après ces prises de parole
02:40:51 de ces derniers jours,
02:40:52 elle a reçu des menaces,
02:40:53 des menaces très lourdes.
02:40:54 On l'écoute et on en parle.
02:40:56 -J'ai reçu hier matin
02:40:59 tout d'abord deux appels anonymes
02:41:01 qui ont été opérés
02:41:02 auprès du standard de la mairie
02:41:04 avec un message plutôt
02:41:07 qui relevait de l'intimidation
02:41:08 demandant si je disposais
02:41:10 d'une kalachnikov chez moi
02:41:11 et si j'avais des gardes du corps.
02:41:13 Et puis c'est monté d'un cran
02:41:15 dans l'après-midi
02:41:16 où à ce moment-là,
02:41:18 j'ai reçu un message
02:41:19 privé sur Instagram
02:41:22 précisant qu'on prévoyait
02:41:26 une décapitation,
02:41:27 pour vous faire un résumé,
02:41:29 et que cette décapitation
02:41:32 ferait qu'on jonglerait
02:41:33 avec mon crâne
02:41:34 et que tout cela
02:41:36 se serait fait d'ici un mois.
02:41:38 -La maire de la ville menacée
02:41:40 de décapitation
02:41:41 parce qu'elle a osé dire
02:41:43 qu'il y a une minorité de délinquants
02:41:45 qui pourrit la vie de sa ville.
02:41:46 -C'est un scandale.
02:41:47 -C'est un scandale
02:41:48 et c'est hélas le cas
02:41:49 de plusieurs maires
02:41:51 qui souvent,
02:41:53 prenant la parole justement
02:41:54 dans des affaires similaires
02:41:56 ou des affaires concernant des cités,
02:41:58 se trouvent pris sous des menaces.
02:42:02 On l'a connu aussi pour des maires
02:42:03 pendant les émeutes l'été dernier
02:42:05 où plusieurs élus
02:42:07 ont fait l'objet de menaces.
02:42:08 Certains ont même été agressés physiquement.
02:42:11 La mère de Vincent Jambrain,
02:42:13 le maire de la Ile-et-Rose,
02:42:14 la femme,
02:42:15 avait été attaquée
02:42:16 et son domicile,
02:42:17 ainsi qu'un de ses enfants.
02:42:20 Donc on voit bien
02:42:22 que le représentant de l'autorité de l'État,
02:42:24 puisque le maire est un représentant
02:42:25 et dépositaire de l'autorité de l'État,
02:42:27 devient une cible dans ce cas-là
02:42:28 et c'est évidemment totalement scandaleux.
02:42:30 -C'est symptomatique.
02:42:31 -C'est symptomatique
02:42:32 justement de l'affaiblissement des valeurs.
02:42:35 Les élus,
02:42:37 tout à l'heure je parlais de violences
02:42:38 ou de menaces à l'encontre des élus,
02:42:40 on est quand même à 45%
02:42:42 d'augmentation cumulée depuis 2020.
02:42:44 On la ressent en 2022,
02:42:46 1 500 agressions à l'encontre des élus.
02:42:49 Vous savez aussi que les pompiers
02:42:50 et les médecins sont régulièrement agressés.
02:42:52 Alors où sont les pouvoirs coercitifs
02:42:53 des pompiers et des médecins ?
02:42:54 Les pompiers,
02:42:55 ces petits bonhommes
02:42:56 en tenue d'uniforme,
02:42:58 dans un camion rouge
02:43:00 qui viennent aider les gens
02:43:01 et qui se font agresser.
02:43:03 30% de victimes de violences physiques
02:43:06 sont des policiers et des gendarmes.
02:43:07 Si tout ça, mis bout à bout,
02:43:08 ça ne révèle pas un malaise profond
02:43:10 de notre société et de notre République,
02:43:12 je me demande ce qu'il faut attendre.
02:43:16 Il y a aussi de la fermeté pénale
02:43:20 à mettre en œuvre.
02:43:21 Je peux aussi...
02:43:22 Rappelez-vous ce qu'a dit aussi Madame Borne
02:43:26 lorsqu'elle a inauguré le centre pénitentiaire
02:43:28 à Caen le 6 octobre 2023.
02:43:30 Elle déclarait "En compagnie de Gardez-Sau,
02:43:32 il n'y a pas de justice, pas de fermeté
02:43:33 contre la délinquance crédible sans prison."
02:43:36 Alors, peut-être pas que l'emprisonnement
02:43:37 autour carcéral, tout va,
02:43:38 avec des mesures alternatives,
02:43:40 les centres d'éducation renforcés,
02:43:41 on en a parlé tout à l'heure,
02:43:42 ou fermés,
02:43:43 avec aussi, bien sûr,
02:43:44 des formations pour réinsérer,
02:43:46 mais on ne peut pas laisser
02:43:48 des amants et des individus
02:43:50 qui font du mal à autrui,
02:43:53 qui causent des crimes et des délits.
02:43:58 On ne peut pas.
02:43:59 Parce que pendant ce temps-là,
02:44:00 il faut bien protéger la société.
02:44:01 Et si on ne les écarte pas,
02:44:02 même provisoirement,
02:44:03 le temps, évidemment,
02:44:04 de les réinsérer,
02:44:05 de leur faire changer
02:44:06 leur façon d'être et de faire,
02:44:07 on ne protège pas la société.
02:44:10 Et c'est quand même le but
02:44:11 d'une république, également,
02:44:12 de vivre ensemble,
02:44:14 un bien vivre ensemble.
02:44:15 Et pour l'instant,
02:44:16 il n'y a pas de bien vivre ensemble.
02:44:17 - Juliette Briance,
02:44:18 encore une fois,
02:44:19 vous vous dites "ça y est,
02:44:20 on a déjà basculé,
02:44:21 la France a basculé".
02:44:22 Vos solutions, c'est quoi ?
02:44:23 Qu'est-ce que vous demandez ?
02:44:24 - Comme tout à l'heure, j'ai dit,
02:44:26 il faut arrêter l'immigration.
02:44:29 Ça, c'est sûr.
02:44:30 Parce que là, on parle,
02:44:32 évidemment, de Français.
02:44:34 Je le conçois.
02:44:35 Ce n'est pas la même chose.
02:44:36 - Dans le cas de Trépole,
02:44:37 c'est les Français,
02:44:38 les neufs mis en examen.
02:44:39 - Mais il faut arrêter
02:44:42 cette réimmigration
02:44:43 parce que les étrangers
02:44:44 sont responsables
02:44:45 d'une partie gargantuesque,
02:44:48 en tout cas,
02:44:50 de la violence dans ce pays.
02:44:52 Et ensuite,
02:44:53 il faut réintroduire
02:44:56 la France dans la vie de ces jeunes
02:44:58 qui ne se reconnaissent plus
02:44:59 dans la France.
02:45:00 - Et ça veut dire quoi ?
02:45:01 - Eh bien, il faut déjà...
02:45:02 - À la baïonnette, j'imagine.
02:45:03 - Pas du tout.
02:45:04 Pas forcément à la baïonnette.
02:45:05 En fait, ces jeunes
02:45:07 ne se reconnaissent pas dans la France.
02:45:08 Vous voyez, moi,
02:45:09 quand j'étais au collège, déjà,
02:45:10 déjà à l'époque,
02:45:11 j'avais énormément...
02:45:12 J'étais dans un collège
02:45:13 où il y avait énormément de gens
02:45:14 issus de l'immigration.
02:45:15 Et à l'époque, je me rappelle,
02:45:17 mais comme si c'était hier,
02:45:18 ils me disaient toujours
02:45:19 "moi, je suis algérien",
02:45:20 "moi, je suis marocain",
02:45:21 "moi, je suis tunisien".
02:45:23 "Moi, j'étais souvent une gouère",
02:45:23 mais pas tous.
02:45:24 Je m'entendais aussi très bien
02:45:25 avec beaucoup d'entre eux.
02:45:26 - Quelle richesse dans ce collège.
02:45:27 C'est trop bien.
02:45:28 - Vous comprenez ou pas
02:45:30 ce que je vous dis ?
02:45:31 Ils ne se sentent pas français.
02:45:32 - Je trouve ça lâchement.
02:45:33 - Vous comprenez ou pas ?
02:45:34 - Oui, alors ?
02:45:35 - D'accord.
02:45:36 - Ça vous pose un problème ?
02:45:37 - Bon, là, tout est dit.
02:45:38 - Mais vous avez un problème
02:45:39 avec les gens qui ne se sentent
02:45:40 pas français ?
02:45:41 Vous savez qu'on est minoritaires
02:45:42 dans le monde ?
02:45:43 Vous savez qu'on est minoritaires
02:45:44 dans le monde ?
02:45:45 Non, mais c'est insupportable !
02:45:47 Moi, je suis désolé,
02:45:48 mais je suis un cas espagnol.
02:45:50 C'est pas pour ça.
02:45:51 Si demain je vous dis "oui,
02:45:52 je me sens espagnol",
02:45:53 vous allez dire "c'est scandaleux,
02:45:54 ils ne se sentent pas français,
02:45:55 celui-là".
02:45:56 - C'est dommage pour vous.
02:45:57 - Pourquoi c'est dommage pour moi ?
02:45:58 - Vous ne vous sentez pas français
02:45:59 alors que vous êtes français.
02:46:00 Il y a un problème.
02:46:01 - Vous dites qu'il faut...
02:46:02 - Il faut les reconnecter à la France.
02:46:04 - Vous dites qu'il faut réintroduire
02:46:05 de la France dans la tête
02:46:06 de ces jeunes.
02:46:07 Comment vous faites ?
02:46:08 - Il faut de l'autorité.
02:46:09 Il faut de l'autorité aussi
02:46:10 par l'Euromationnale
02:46:12 et par l'assimilation,
02:46:13 la réassimilation.
02:46:14 C'est-à-dire,
02:46:15 oui, on est en France,
02:46:17 il y a un contexte
02:46:19 de culture judéo-chrétienne.
02:46:21 Voilà comment ça se passe en France.
02:46:23 En France, il n'y a pas de "djeé là-bas",
02:46:25 le voile n'est pas la norme, etc.
02:46:28 Et oui, les maires ont le droit
02:46:31 de mettre une crèche dans leur ville, etc.
02:46:33 Et ne pas céder,
02:46:34 ne plus céder à l'entrisme communautaire.
02:46:37 - Le raccourci, il est quand même...
02:46:39 - Ne plus céder à l'entrisme communautaire
02:46:41 et à l'entrisme islamique, etc.
02:46:43 Et remettre la France à la mode.
02:46:44 Ça vous fait beaucoup rire ce que je dis,
02:46:46 c'est impressionnant.
02:46:47 Je pense que les Français ne rigolent pas.
02:46:49 J'en suis persuadée.
02:46:50 - Non, c'est quand même...
02:46:51 - Ça vous fait rire quand je parle de communautarisme,
02:46:53 de gens qui ne sont pas français.
02:46:55 - Pardon, sur une chose.
02:46:58 C'est quand même une vision de la laïcité
02:46:59 qui est très particulière.
02:47:01 C'est-à-dire que vous autorisez...
02:47:03 - C'est pas la laïcité.
02:47:04 - Non, c'est autre chose.
02:47:05 - C'est autre chose.
02:47:06 - Vous avez raison, c'est autre chose.
02:47:07 - C'est pas la laïcité.
02:47:08 Dire "la France, on interdit les jélabas
02:47:10 et on met des crèches dans les mairies",
02:47:12 c'est pas la laïcité.
02:47:13 C'est autre chose.
02:47:14 - En fait, c'est pas la même équivalence.
02:47:16 La France est un pays d'origine vidéoprétienne
02:47:18 et la crèche fait partie de la tradition française, monsieur.
02:47:21 Alors qu'il y a du labas et le wine, non.
02:47:23 - Attendez, moi je veux bien qu'on ait tous les débats de la Terre.
02:47:25 Par ailleurs, je partage pas ce qu'a dit Pablo
02:47:27 et je pense que tourner en dérision le fait
02:47:28 qu'il y ait un problème de sentiment d'appartenance
02:47:30 à la communauté...
02:47:31 - Arrêtez, vous vous adressez à Juliette,
02:47:32 vous me tapez dessus d'abord.
02:47:33 - Non, pas du tout, parce que c'est la tenaille
02:47:35 que j'ai créée tout à l'heure.
02:47:36 - Oui, c'est insupportable.
02:47:37 - Donc je pense qu'il y a un sujet de sentiment d'appartenance
02:47:39 dans certains noms de gens.
02:47:40 - Il y a des gens qui...
02:47:41 - Maintenant, dire et schématiser en expliquant "la France,
02:47:44 il faut réassimiler parce qu'il faut plus la jélaba".
02:47:47 Jélaba, c'est, je sache...
02:47:49 - Mais vous faites comment pour le réassimiler ?
02:47:51 - Je termine.
02:47:52 C'est pas un vêtement culturel, la jélaba,
02:47:53 c'est un vêtement culturel.
02:47:54 On peut aimer ou pas.
02:47:55 Bon, la question de la crèche dans la mairie...
02:47:57 - C'est culturel aussi.
02:47:58 - Oui, sauf que la mairie, c'est un établissement
02:48:00 qui représente le peuple.
02:48:01 - Oui, mais c'est culturel ou c'est religieux pour vous ?
02:48:03 - C'est religieux.
02:48:04 - La crèche, c'est religieux ?
02:48:05 - Noël, c'est religieux aussi.
02:48:06 - Une crèche...
02:48:07 - Noël, c'est religieux.
02:48:08 - Vous allez quoi dans une crèche ?
02:48:09 - La crèche va avec moi.
02:48:10 - On va parler dans ce débat-là ?
02:48:11 - C'est devenu culturel, c'est ce que j'essaie de vous expliquer.
02:48:13 C'est devenu culturel.
02:48:14 C'est une tradition culturelle française, maintenant.
02:48:16 Il n'y a pas d'équivalent.
02:48:17 - La justice a tranché ça mille fois, Juliette Briens.
02:48:20 Ce problème-là, il faut...
02:48:21 - C'est juste qu'en fait, ça n'a rien à voir.
02:48:22 - Il faut que ça choque les crèches dans les mairies.
02:48:24 - Mais ce n'est pas une question de choquer.
02:48:25 - En fait, tous les tranchés sont ravis.
02:48:26 - Mais Juliette Briens, le sujet n'est pas d'être choqué.
02:48:28 Moi, je ne viens pas de savoir si on est choqué ou pas par une crèche.
02:48:31 Le sujet, c'est que vous parlez.
02:48:33 C'est que vous posez la question
02:48:34 et qui est une question intéressante
02:48:35 de l'attachement au principe de laïcité
02:48:37 pour assurer une meilleure intégration.
02:48:39 Si on est attaché à ce principe de laïcité...
02:48:43 - Je n'ai même pas dit le mot laïcité, c'est vous qui l'avez dit.
02:48:45 - C'est moi, c'est moi.
02:48:47 - C'est Maxime et je le fais rentrer dans le débat.
02:48:50 Je suis ce qu'a dit Maxime.
02:48:51 Si on considère que c'est un facteur d'intégration
02:48:54 et une valeur à laquelle les Français doivent adhérer,
02:48:57 dans ce cas-là, on est intraitable sur un certain nombre d'éléments
02:49:00 comme on a pu être intraitable sur un certain nombre de signes religieux
02:49:04 dans l'espace public,
02:49:05 sur plus récemment la question des abayas à l'école,
02:49:07 mais de la même manière, considérer qu'on défend
02:49:10 et qu'on promeut l'intégration ou, diriez-vous, l'assimilation
02:49:15 en expliquant qu'il faut mettre une crèche dans une mairie,
02:49:18 pardon, mais c'est un projet politique, c'est un projet de société,
02:49:21 mais considérer qu'il y a une sorte de lien existentiel
02:49:24 entre le fait de réintégrer, pour reprendre vos mots,
02:49:28 un certain nombre de personnalités et la crèche,
02:49:30 c'est juste une vue de l'esprit.
02:49:31 - Il faut combattre le communautarisme...
02:49:32 - En mettant des crèches.
02:49:33 - C'était un exemple, monsieur.
02:49:36 - Mauvais exemple.
02:49:38 - Il faut combattre le communautarisme d'une certaine manière
02:49:41 en réintroduisant la France et la culture française
02:49:44 dans l'imaginaire de ces jeunes, on est d'accord ou pas ?
02:49:48 Il faut leur expliquer que la France a une culture
02:49:51 et que la France nationale a une culture depuis 2000 ans.
02:49:54 - On a l'impression que la France a disparu,
02:49:56 mais elle n'a pas disparu la France.
02:49:58 - Si elle est en train, elle est en train pour beaucoup de gens
02:50:01 aller dans certains quartiers voir si elle n'a pas disparu.
02:50:04 Aller à Barbès pour voir si elle n'a pas disparu la France,
02:50:07 c'est moi.
02:50:08 - Vous êtes souvent à Barbès.
02:50:09 - J'habite juste à côté, donc raté.
02:50:11 Moi j'y suis à Barbès.
02:50:13 - Barbès, c'était déjà comme ça.
02:50:16 - Je le regrette.
02:50:17 - C'était déjà comme ça il y a 80 ans.
02:50:19 - 80 ans ?
02:50:20 - Mais si.
02:50:21 Vous allez à Saint-Ouen, la rue du Landis,
02:50:23 c'est la rue de l'immigration depuis un siècle.
02:50:25 - Tout va bien alors.
02:50:26 - Vous n'avez pas demandé à qui ?
02:50:27 - Aucune régression.
02:50:28 - Et la France ?
02:50:29 - Je pense que j'ai le bon rôle parce que les Français
02:50:31 sont d'accord avec moi et les sondages le montrent.
02:50:33 - La France n'a pas disparu.
02:50:35 - Dans certains quartiers, si.
02:50:37 - Dans certains quartiers, elle a disparu, je suis désolée.
02:50:39 - Qu'il faille améliorer l'intégration parce qu'elle ne fonctionne plus
02:50:41 dans certains quartiers, nous sommes entièrement d'accord.
02:50:43 Mais elle n'a pas disparu la France.
02:50:44 - Dans certains quartiers, elle a disparu la France.
02:50:46 - On s'arrête là.
02:50:47 Merci en tout cas à tous les six d'avoir été en direct sur ce plateau.
02:50:51 - Pour ce débat serein.
02:50:53 - Bien apprisé.
02:50:55 - Merci d'avoir été avec nous ce soir pour cette soirée spéciale
02:50:58 consacrée à cette question de France qui bascule
02:51:01 pour l'interrogation après le meurtre de Thomas Acrepole.

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