Avec Frédéric Ploquin, journaliste d'investigation et auteur de "Les réseaux secrets de la police : Loges, influence et corruption" publié chez Nouveau Monde Éditions.
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NewsTranscription
00:00 le premier site d'articles français et patriotes présente
00:03 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le face à face.
00:09 13h03 sur Sud Radio, nous sommes ensemble jusqu'à 14h avec aujourd'hui Frédéric Plocquin
00:14 qui vient nous voir journaliste d'investigation et auteur de ce nouveau livre
00:17 "Les réseaux secrets de la police, loge d'influence et corruption"
00:20 c'est aux éditions du Nouveau Monde. Bonjour Frédéric Plocquin.
00:23 Bonjour à vous.
00:24 Alors Frédéric Plocquin, première question shakespérienne,
00:27 ce n'est pas "to be or not to be" mais vous finissez votre livre en disant sur la postface
00:33 "n'oubliez pas que les policiers sont gardiens de la paix et qu'ils doivent s'en souvenir"
00:40 mais est-ce qu'ils ne sont pas d'abord forces de l'ordre ?
00:43 Parce qu'ils ont été forces de l'ordre et c'est intéressant,
00:45 sémantiquement de voir maintenant on les appelle gardiens de la paix.
00:48 Est-ce que l'ordre ne vient pas avant la paix ? Et peut-être le conditionne.
00:52 En réalité, gardiens de la paix c'est un mot très très ancien,
00:55 encore plus ancien je pense que forces de l'ordre.
00:57 C'est ce qu'ils ont été au départ, on les appelait comme ça
01:00 et je trouve que c'est un très beau nom, ça sonne bien, gardiens de la paix, c'est magnifique.
01:03 Quand on garde la paix, on peut faire face à des armes,
01:07 on peut faire face à des gens qui veulent briser la paix,
01:09 on peut faire face à des coups de canon.
01:11 Gardiens de la paix ça ne veut pas dire biseaux-nourses dans son coin.
01:14 Non, ça ne veut pas dire qu'on est désarmé,
01:16 ce n'est pas parce qu'on garde la paix qu'on est désarmé.
01:18 Quand on veut maintenir la paix quelque part,
01:20 il vaut d'ailleurs mieux être assez dissuasif et assez armé
01:22 parce que sinon ça ne fonctionne pas.
01:23 Qui veut la paix prépare la guerre.
01:25 Absolument, la dissuasion c'est ça.
01:27 En gros l'idéal, ce serait que les policiers soient suffisamment dissuasifs
01:31 pour que les délinquants ne passent pas à l'acte.
01:33 Mais on n'en est pas là.
01:34 La nature humaine fait que des délinquants, il y en a,
01:37 et qu'ils ne se laissent pas impressionner,
01:39 tous les délinquants ne se laissent pas impressionner par la paix,
01:43 qu'ils soient armés ou non.
01:44 On le constate, c'est clair.
01:45 Frédéric Bloquet, alors c'est intéressant,
01:47 votre livre est très intéressant parce que,
01:49 en fait, c'est un livre d'historien, je dirais,
01:52 autant que journaliste d'investigation.
01:54 Vous, ça fait 40 ans que vous suivez la police,
01:58 ses institutions, ses hiérarchies, ses affaires, etc.
02:02 et vous en parlez.
02:03 Et c'est très intéressant parce que,
02:05 on va d'ailleurs inventer un certain nombre de gens,
02:08 que les gens connaissent de nom en tout cas,
02:10 parce qu'ils ont apparu,
02:11 mais vous en parlez et vous montrez un peu.
02:14 Alors vous allez, je dirais comme ça,
02:16 vous allez des mousquetaires de la firme,
02:19 on va en parler de la firme Sarkozy notamment,
02:21 à la sex-connection en passant par les Barouins,
02:24 les Bauer, les Juillets, les Pasquois bien sûr,
02:27 les Guéants, etc., les Valls, et puis autres.
02:31 Mais il y a quand même deux lignes rouges,
02:36 je veux dire, qui apparaissent,
02:37 deux lignes, et pour ceux qui ne savent pas, c'est intéressant,
02:41 et vous dites que justement,
02:42 c'est pas du tout complotiste, loin de là.
02:44 Les réseaux secrets de la police,
02:46 et je rappelle que le sous-titre c'est
02:48 "Loges, influence et corruption".
02:51 Alors parlons un peu, qu'est-ce qui fait,
02:53 est-ce que c'est depuis toujours,
02:55 qu'il y a des liens aussi forts, à droite, à gauche et ailleurs,
02:58 entre la police et la franc-maçonnerie ?
03:00 - Déjà vous dire que effectivement,
03:02 ce livre c'est le fruit, comme vous l'avez dit,
03:04 de 40 ans d'enquête, c'est-à-dire que,
03:06 ça fait 40 ans que pour la presse,
03:08 je suis l'activité, l'actualité de la place Beauvau,
03:11 que donc j'ai eu l'occasion d'approcher
03:13 tous les ministres de l'Intérieur,
03:15 depuis Gaston Deferre,
03:17 jusqu'à Gérard Darmanin, en passant par Charles Pascoua,
03:21 Manuel Valls... - Vous les avez tous connus ?
03:23 - J'ai tous connus, tous approchés, tous fréquentés,
03:25 et c'est vrai que, ça fait 40 ans que je prends des notes,
03:27 je fais, bon, j'ai déjà publié un certain nombre de livres,
03:30 notamment sur la police judiciaire,
03:32 mais ce livre-là, sur la véritable histoire des réseaux,
03:36 de la place Beauvau, n'avait jamais été fait.
03:38 Et donc je me suis dit,
03:40 je peux le faire, j'ai suffisamment d'éléments,
03:42 j'ai suffisamment d'interlocuteurs qui me confirment les choses
03:45 pour parler de choses sûres et certaines et vérifiées,
03:51 et à partir de là, quand on aborde, sous cet angle-là,
03:55 un portrait de la place Beauvau,
03:57 on a affaire, c'est un véritable polar en réalité,
03:59 parce qu'il y a des luttes d'influence,
04:01 parce qu'il y a des guerres pour les médailles,
04:03 pour les promotions en permanence,
04:05 et j'ai voulu raconter ce polar de la place Beauvau,
04:07 la face cachée.
04:09 - C'est un système très organisé, très...
04:11 - Absolument. En fait,
04:13 les policiers,
04:17 ça dépend du point de vue en place,
04:19 si on se perd du point de vue des ministres et des politiques,
04:21 les ministres, ils arrivent, quand la gauche arrive au pouvoir,
04:23 je démarre le livre avec ça, en 1981,
04:25 avec François Mitterrand,
04:27 il y a une énorme méfiance de la police,
04:29 ils n'ont pas de contact dans la police, ils ne savent pas sur qui s'appuyer.
04:31 Donc qu'est-ce qui va se passer ?
04:33 - Ils n'ont pratiquement aucun contact dans la police.
04:35 - C'est plus que ça, c'est que François Mitterrand,
04:37 ça fait 30 ou 40 ans qu'il est dans l'opposition,
04:39 il ne sait pas trop ce qu'il dit,
04:41 il ne sait pas trop ce qu'il dit,
04:43 il ne sait pas trop ce qu'il dit,
04:45 il ne sait pas trop ce qu'il dit,
04:47 il ne sait pas trop ce qu'il dit,
04:49 il ne sait pas trop ce qu'il dit,
04:51 et d'ailleurs, il va confier sa protection
04:53 rapprochée à des gendarmes,
04:55 tellement il se méfie de la police,
04:57 à l'époque, François Mitterrand.
04:59 Mais ce qui est intéressant, c'est de constater
05:01 que son ministre de l'Intérieur,
05:03 le premier Gaston Defer,
05:05 puis ensuite Pierre Jox,
05:07 ne sont pas nécessairement appliqués.
05:09 Donc il faut pouvoir s'appuyer sur une équipe solide.
05:11 - Bien sûr.
05:13 - Donc le premier réflexe de la gauche à l'époque,
05:15 ça va être d'aller chercher des cadres
05:17 du côté du Grand Orient de France.
05:19 Il y a deux grandes loges maçonniques,
05:21 il faut vous expliquer.
05:23 - Les grandes loges nationales de France, GLNF.
05:25 - GLNF d'un côté qui est plutôt conservatrice,
05:27 et qui rassemble plutôt l'élite des cadres,
05:29 et qui rassemble plutôt l'élite des cadres,
05:31 et puis de l'autre côté, le Grand Orient de France,
05:33 qui lui est plutôt progressiste,
05:35 et qui rassemble tous ceux
05:37 qui sont attachés à l'idée de République.
05:39 - Non justement,
05:41 et là vous répondrez à ma question, mais c'est intéressant.
05:43 Pourquoi tout de suite les loges ?
05:45 Est-ce que les loges sont organisées de manière à ce qu'on dit
05:47 "là on aura un vivier de gens fidèles" ?
05:49 C'est intéressant. Pourquoi la Franc-Maçonnerie ?
05:51 - C'est exactement ça. Disons que
05:53 quand vous êtes vous-même,
05:55 vous connaissez la Franc-Maçonnerie,
05:57 quand vous êtes ministre,
05:59 comme Manuel Valls par exemple, à un moment donné,
06:01 et que vous cherchez des cadres fidèles,
06:03 c'est un contexte naturel,
06:05 parce qu'il y a une fraternité en Franc-Maçonnerie.
06:07 Vous savez qu'on s'appelle frères entre soi,
06:09 donc à partir du moment
06:11 où vous avez des liens de fraternité
06:13 qui s'établissent, vous pouvez avoir
06:15 des liens de confiance derrière,
06:17 et puis vous avez aussi des certitudes sur les engagements
06:19 idéologiques, le fait que
06:21 ces individus que vous allez recruter soient
06:23 un peu structurés idéologiquement, qu'il y ait des notions d'histoire.
06:25 Parce qu'en réalité,
06:27 les policiers qui rentrent en Franc-Maçonnerie,
06:29 si on parle d'abord des bons côtés,
06:31 des bons effets des choses, c'est qu'ils se cultivent,
06:33 c'est qu'eux-mêmes,
06:35 le policier, vous le savez,
06:37 il est très isolé socialement.
06:39 Encore plus aujourd'hui qu'il y a 40-50 ans,
06:41 quand vous êtes flic,
06:43 c'est compliqué, parce que vous êtes
06:45 en but à tout un tas d'ennemis,
06:47 vous êtes détestés par plein de gens,
06:49 évidemment, il y a une majorité silencieuse
06:51 en France qui a
06:53 confiance dans sa police,
06:55 ça ressort de tous les sondages,
06:57 mais à côté de ça, vous avez quand même
06:59 un gros bouscule, vous avez les terroristes
07:01 qui veulent tuer des policiers parce qu'ils incarnent la République,
07:03 vous avez ceux qui, à l'extrême-gauche,
07:05 professent la détestation de la police,
07:07 et puis vous avez les criminels,
07:09 pour qui les policiers sont tout simplement des empêcheurs
07:11 de tourner en Europe.
07:13 À partir de là, et surtout depuis
07:15 la vague terroriste de 2015,
07:17 le policier,
07:19 socialement, il ne peut pas se confier à n'importe qui.
07:21 Vous avez bien compris qu'aujourd'hui,
07:23 quand il rentre dans son HLM,
07:25 parce que les policiers, ils n'habitent pas forcément dans les quartiers chics,
07:27 ce sont des gens du PQ comme tout le monde...
07:29 - Mais vous savez qu'il y a des enfants de policiers aussi qui ne disent pas qu'ils sont fils de policier ou fille de policier.
07:33 - C'est exactement ce que j'allais dire, c'est que vous rentrez chez vous,
07:35 vous évitez de dire aux voisins que vous êtes flic,
07:37 vous dites à vos enfants de ne pas trop dire
07:39 le métier du papa
07:41 ou de la maman
07:43 quand ils vont à l'école. Donc à partir de là,
07:45 vous sentez bien qu'il y a un isolement,
07:47 et que, moi j'analyse d'abord ça comme ça,
07:49 les loges franc-maçonnes permettent
07:51 justement de se sociabiliser,
07:53 et de se retrouver avec des gens de confiance
07:55 à qui on peut dire "oui, moi je suis policier"
07:57 - Et juste pendant ce qu'on a dit,
07:59 cette relation, quand même
08:01 presque fraternelle, on peut le dire en tout cas,
08:03 entre la police et la franc-maçonnerie,
08:05 date d'il y a longtemps ?
08:07 - Bah écoutez, la franc-maçonnerie
08:09 a démarré en France
08:11 sous Napoléon avec les militaires, l'armée.
08:13 - D'accord. - Et donc,
08:15 quelques
08:17 années plus tard, si vous voulez,
08:19 ces loges franc-maçonnes
08:21 ont essémé d'abord dans la gendarmerie,
08:23 c'est une branche de l'armée, et ensuite dans la police.
08:25 Et pourquoi
08:27 est-ce que les policiers et les gendarmes sont autant
08:29 attirés par la franc-maçonnerie ? C'est que ce sont des
08:31 univers hyper hiérarchisés.
08:33 Et finalement, c'est un peu comme l'univers dans lequel ils travaillent.
08:35 Donc ça c'est un premier élément, c'est hiérarchisé.
08:37 Deuxièmement, les francs-maçons
08:39 vénèrent d'une certaine manière la République,
08:41 et donc ce sont les gardiens
08:43 aussi des remparts de la République,
08:45 les policiers. - La République et laïcité.
08:47 - Laïcité, aussi. Enfin, ça c'est le côté
08:49 du Grand Orient, du côté de la GLNF,
08:51 c'est un peu différent, mais il y a toujours cette idée
08:53 de discipline. Donc les policiers s'y retrouvent,
08:55 et puis,
08:57 ça leur sert aussi aux cadres
08:59 de la police, notamment, ça leur sert de filet
09:01 de sécurité. Parce que pendant longtemps,
09:03 en France, on a quand même eu des...
09:05 on va dire des
09:07 cohabitations dures, ou bien des
09:09 changements de régime assez...
09:11 disons, assez fracassants, avec une éviction
09:13 totale, immédiate, de l'intégralité
09:15 des cadres de la police qui servaient
09:17 le pouvoir précédent. C'est pour ça que je reviens sur les années...
09:19 - On pratique le système des dépouilles, on n'a pas
09:21 confiance en eux, on va les remplacer par nos filets.
09:23 - Je me souviens très bien, moi, d'avoir vécu le passage
09:25 entre Charles Pascua et Pierre Jox, et puis ensuite
09:27 de nouveau,
09:29 à l'inverse, entre Pierre Jox
09:31 et Charles Pascua, et à chaque fois, on fait le ménage,
09:33 et là, vous avez des cadres qui étaient
09:35 en première ligne, et qui se retrouvent un peu
09:37 au placard, on appelle ça,
09:39 on placardise les grands flics.
09:41 Et là, celui qui
09:43 a sa carte
09:45 au syndicat, sa carte dans un parti
09:47 politique, et
09:49 un pied en franc-maçonnerie, a plus
09:51 de chances de ne pas se retrouver à la rue, ou du
09:53 moins de ne pas séjourner trop longtemps au placard.
09:55 Donc ça aide aussi, dans ces moments-là difficiles,
09:57 et vous avez, ce que
09:59 je raconte, ce que je trouve intéressant d'ailleurs, c'est que
10:01 la franc-maçonnerie transcende
10:03 les clivages politiques. C'est-à-dire que vous avez des hommes
10:05 de droite qui ont aidé des hommes de gauche, et
10:07 vice-versa, parce que...
10:09 - Par les loges. - Grâce à la fraternité
10:11 aux loges. Et donc vous avez,
10:13 parfois, des choses incompréhensibles pour le novice,
10:15 lui, finalement, il ne se retrouve pas
10:17 dans un placard si pourri, etc.
10:19 Et en fait, l'explication que
10:21 vous trouvez à Posta Ayori, c'est ça,
10:23 c'est qu'il a été sauvé par
10:25 un frère qui n'était pas forcément de la même obédience que lui,
10:27 mais au-dessus des grandes loges, il y a
10:29 des fraternels. - Donc, en fait, on voit
10:31 très très bien l'importance, quand même, de la
10:33 franc-maçonnerie et des loges dans
10:35 la police. - Dans la police. C'est vraiment
10:37 historique, en réalité. - Et ce qui est
10:39 intéressant, alors ça, c'est un des côtés,
10:41 on va parler de la corruption, parce qu'elle existe
10:43 aussi, mais je voudrais qu'on s'attarde,
10:45 parce que votre livre est très intéressant,
10:47 dans les portraits que vous
10:49 tracez, enfin, tous ces gens, parce qu'on a
10:51 inculé Michel Barouin, bien sûr,
10:53 grand vénérable,
10:55 d'ailleurs, de la franc-maçonnerie. - Juste, je m'attarde,
10:57 juste un instant sur l'histoire de Michel
10:59 Barouin, elle est extraordinaire. C'est pour ça que j'en ai
11:01 fait un chapitre. C'est quand même au départ
11:03 un policier. - Ah oui, on va,
11:05 juste, je vous arrête, on va en parler
11:07 après une petite pause. - Ah, si vous voulez.
11:09 - On va parler de Michel Barouin. - On a teasé
11:11 l'affaire, c'est l'histoire des policiers avec qui il va arriver
11:13 des choses absolument extraordinaires. - Tease sur Barouin, oui, c'est vrai.
11:15 - C'est l'art du teasing, restez bien avec
11:17 nous sur Sud Radio, on va parler
11:19 justement de cette fameuse histoire de Michel Barouin. A tout de suite
11:21 sur Sud Radio.
11:23 [Musique]
11:41 Sud Radio Bercov, dans
11:43 tous ses états. - Mais alors,
11:45 la police,
11:47 elle est dans ce sacré état aussi,
11:49 on en parle avec Frédéric Bloquin, qui est
11:51 un peu le joint-ville de la police,
11:53 l'Ernest Lavis des Forces
11:55 de l'Ordre, des Forces de Sécurité,
11:57 les réseaux secrets de la police aux éditions
11:59 du Nouveau Monde, et effectivement on avait
12:01 commencé juste avant
12:03 d'aborder Michel Barouin.
12:05 Alors, racontez-nous, parce que
12:07 c'est une histoire, un portrait
12:09 assez étonnant. - Quand on suit
12:11 le parcours de Michel Barouin, il est né en
12:13 1930, après, il va
12:15 se retrouver effectivement aspiré
12:17 par la guerre d'Algérie, et il y a une
12:19 grande partie des réseaux de la police qui vont naître
12:21 à l'occasion de la guerre d'Algérie, où il y a cette fracture
12:23 entre les OS et les
12:25 non-OS. Lui, il va plutôt être recruté
12:27 pour aller combattre l'OS
12:29 par les gaullistes.
12:31 Mais la grande particularité, c'est qu'ensuite,
12:33 il devient commissaire de police. Il est commissaire de police,
12:35 et il rentre à la DST,
12:37 puis au Renseignement Généraux,
12:39 donc il rentre dans les services de renseignement.
12:41 Et là, le patron,
12:43 son patron,
12:45 ne trouve pas d'autres, ne trouve pas
12:47 de meilleur job que de
12:49 l'envoyer faire de l'entrisme
12:51 au sein de la franc-maçonnerie.
12:53 - D'accord, il n'était pas franc-maçon
12:55 à l'époque de Michel Barouin. - Non, justement,
12:57 au départ, il ne l'est pas. On lui demande,
12:59 en gros, le patron des Renseignements
13:01 Généraux lui dit "moi j'ai besoin d'avoir des infos sur
13:03 ce qui se passe au Grand Orient de France",
13:05 c'est-à-dire l'obédience plutôt progressiste,
13:07 qui n'est pas du côté du pouvoir,
13:09 pour voir ce qui se trame, ce qu'on raconte,
13:11 et ce qui se dit. Lui, il prend
13:13 son boulot très au sérieux, très à cœur, il fait
13:15 de l'entrisme au Grand Orient de France,
13:17 mais il en fait tellement bien,
13:19 de l'entrisme, il fait des notes, il pond des notes,
13:21 il renseigne sur ce qui se passe,
13:23 mais il va tellement loin qu'il finit par
13:25 adhérer, et ce que je trouve extraordinaire dans son
13:27 parcours, c'est qu'il va devenir plus tard, lui-même,
13:29 grand maître du Grand Orient de France.
13:31 C'est extraordinaire, c'est un flic
13:33 qui est chargé d'infiltrer une obédience,
13:35 qui en devient le patron,
13:37 il va ensuite avoir une
13:39 carrière époustouflante,
13:41 et je dirais assez extraordinaire, parce qu'il va
13:43 être trouvé PDG de patron
13:45 de la garantie mutuelle des fonctionnaires,
13:47 donc il y a une espèce d'organe
13:49 qui brasse énormément d'argent, et il va en plus
13:51 être impliqué
13:53 à mettre un pied dans la France-Afrique,
13:55 et commencer à développer ses affaires en Afrique,
13:57 où là, en Afrique,
13:59 évidemment, j'en parle aussi pas mal dans le livre,
14:01 parce que rien ne se trame
14:03 à l'époque, à la grande époque
14:05 de la France-Afrique, rien ne se
14:07 trame hors des loges
14:09 maçonniques, et
14:11 les classiques,
14:13 on va dire, de la scène politique africaine, ont été
14:15 invités à rejoindre notamment la GLNF,
14:17 - Ils sont tous franc-maçon, vos frères !
14:19 - Ils sont tous franc-maçon, et si vous ne l'êtes pas,
14:21 il est difficile
14:23 à l'époque de faire des affaires en Afrique noire,
14:25 donc c'est une des clés, et il va,
14:27 Michel Barouin, mourir de manière absolument...
14:29 qui est le père de François Barouin,
14:31 d'ailleurs, qui a failli succéder
14:33 à Jacques Chirac, il va mourir dans des
14:35 conditions...
14:37 - Mystérieuses ! - Pas tout à fait élucidées, puisque
14:39 il est à bord d'un avion avec les principaux
14:41 cadres de la garantie
14:43 mutuelle des fonctionnaires,
14:45 - On ne sait toujours pas si c'est un attentat ou pas. - Et que l'avion
14:47 finit par tomber. Non, ce qu'on sait, c'est que
14:49 il y avait un peu d'eau dans le
14:51 réservoir d'essence, donc voilà,
14:53 le doute est permis,
14:55 sur le fait que la France-Afrique
14:57 à l'époque était un gâteau
14:59 très convoité, et qu'il est possible
15:01 qu'il soit tombé sur des...
15:03 - Frédéric Bloquin,
15:05 qui parmi les dizaines,
15:07 pour dire, que vous avez
15:09 connus, enfin, il a 40 ans,
15:11 qui a marqué, je dirais,
15:13 le plus, ou parmi ceux
15:15 qui ont marqué le plus, c'est qui
15:17 incarnait véritablement la fonction
15:19 à Place Beauvau, le siège
15:21 du ministère de l'Intérieur, je le rappelle.
15:23 - Les deux
15:25 ministres qui ont le plus marqué
15:27 les policiers, c'est
15:29 Charles Pascua d'un côté et Pierre Jox de l'autre.
15:31 - Charles Pascua à droite,
15:33 Pierre Jox à gauche.
15:35 On va dire, d'abord,
15:37 ils sont restés très longtemps tous les deux,
15:39 parce qu'ils ont tous les deux fait deux séjours à Place Beauvau,
15:41 mais ensuite,
15:43 parce qu'ils ont
15:45 vraiment imprégné leur marque. Charles Pascua, lui,
15:47 il était... - C'est quoi leur personnalité,
15:49 Charles Pascua ? - Moi, je redémarre,
15:51 dans le livre, je reviens
15:53 sur la question, sur l'histoire du SAC,
15:55 du service d'action civique, qui avait été
15:57 un service d'ordre
15:59 créé pour protéger le général de Gaulle
16:01 à l'époque, contre les menées, justement,
16:03 de l'OS.
16:05 Service d'ordre qui a été constitué à la fois
16:07 de policiers, c'est-à-dire
16:09 le SAC avait, en gros, un
16:11 correspondant à chaque commissariat de France,
16:13 et quand un homme politique,
16:15 quand un gaulliste
16:17 se promenait, se déplaçait sur le territoire,
16:19 il fallait assurer un peu sa sécurité,
16:21 la sécurité des meetings... - C'est le SAC qui faisait la sécurité.
16:23 - C'était un service d'ordre un peu parallèle
16:25 qui a eu la particularité
16:27 de comporter aussi bien des flics
16:29 que des grands voyous de l'époque, qui se baladaient...
16:31 - Oui, oui, une réputation assez superieuse du SAC.
16:33 - C'était un mélange, c'était un mélange
16:35 des genres, il y avait des grands voyous,
16:37 parce qu'il fallait des gens costauds, des gens solides, pour aller...
16:39 A l'époque, les collages d'affiches dans les rues,
16:41 c'était pas comme aujourd'hui, hein, ça se passait
16:43 à coups de bâton, voire de fusil. - C'est flics et voyous, hein.
16:45 - C'était flics et voyous qui étaient à l'intérieur
16:47 de la même organisation, c'est pour ça que je le rappelle, parce que
16:49 c'est un réseau très particulier,
16:51 et Charles Pasquois,
16:53 en a été un des fondateurs. Donc, lui,
16:55 quand il arrive Place Beauvau,
16:57 il a plusieurs viviers
16:59 dans lesquels il puise, il y a évidemment le SAC,
17:01 puisqu'il l'a lui-même créé.
17:03 Il y a également
17:05 la franc-maçonnerie, puisqu'il va s'appuyer sur la GLNF,
17:07 pour davantage que sur
17:09 autre chose. Et puis, alors,
17:11 la particularité de Charles Pasquois,
17:13 c'est qu'il a toujours, il a toujours double-joué,
17:15 avec lui, il a toujours une seconde bande, il y a aussi le milieu
17:17 corse. Mais le milieu, quand je dis milieu,
17:19 c'est au sens large, c'est-à-dire les policiers
17:21 corses, à qui il confie des
17:23 missions parfois un peu parallèles...
17:25 - Ça a eu un rôle très important.
17:27 - Pour Charles Pasquois, je veux dire, Charles Pasquois ne recevait
17:29 personne à son cabinet. Moi, je m'en
17:31 souviens très bien, les syndicalistes, c'était
17:33 nécessairement de la charcuterie
17:35 corse qui leur était servi.
17:37 La corsitude était extrêmement présente
17:39 au ministre de l'Intérieur. Et c'est l'un des grands
17:41 réseaux de l'époque.
17:43 - Mais vous dites, Frédéric Bloquin, je rappelle, c'est intéressant,
17:45 celui qui cochait les bonnes cases,
17:47 corse, maçon, parisien,
17:49 et membre du RPR, a longtemps été gagnant.
17:51 - Voilà, à l'époque de Charles Pasquois, c'est clair que
17:53 si on cochait les 4 cases,
17:55 on était sûr d'avoir la bonne promotion,
17:57 d'avoir le bon poste, et peut-être
17:59 de se voir confier des missions
18:01 pas forcément très orthodoxes, mais Charles Pasquois
18:03 avait
18:05 toujours une main dans l'officiel
18:07 et
18:09 il a toujours été amateur de
18:11 diplomatie parallèle.
18:13 Et après, c'est Pierre Jox.
18:15 Pierre Jox, lui, c'est autre chose.
18:17 C'est le deuxième ministre de l'Intérieur
18:19 nommé par François Mitterrand, qui lui,
18:21 incarnait une certaine rigueur, l'autorité,
18:23 c'est quelqu'un qui pratique
18:25 l'autorité, et qui va
18:27 notamment prendre une décision absolument
18:29 inouïe dans l'histoire de la police, c'est qu'il va
18:31 interdire les bars dans les commissariats.
18:33 Je rappelle qu'à l'époque,
18:35 c'était open bar, si je te dis,
18:37 moi j'y allais, je me souviens très bien.
18:39 On était au pastis,
18:41 on était au vin rouge, il y avait des bars.
18:43 - Dans tous les commissariats ?
18:45 - Dans tous les commissariats, et dans tous les services de police.
18:47 Y compris les services de police judiciaire,
18:49 il y avait le bar, c'était comme ça, c'était un lieu
18:51 où on se retrouvait, et donc lui, il va faire fermer ses bars.
18:53 Donc ça va effectivement
18:55 déranger une génération, et en même temps,
18:57 ça va un peu assainir quelque part.
18:59 Et ça va peut-être limiter,
19:01 en tout cas,
19:03 après lui, il n'y aura plus
19:05 ces figures de poivreaux,
19:07 qu'on voyait sortir en uniforme des commissariats,
19:09 comme moi j'en ai connu, hein.
19:11 Il n'y a plus ça. Dans chaque commissariat, il y avait
19:13 un représentant du sac et un poivreau.
19:15 C'était un peu ça, quoi.
19:17 C'était un peu ça, l'idée.
19:19 - Et alors, on va, après,
19:21 une petite interruption,
19:23 nous allons parler d'autres figures,
19:25 comme Alain Bauer, quand même,
19:27 qu'on voit, comme Alain Julliet,
19:29 et surtout, on va parler de ce qui est devenu aujourd'hui,
19:31 effectivement, la police,
19:33 par rapport à celle que vous avez connue dans ces années
19:35 80, 90, 2000.
19:37 - Et puis il faut aussi évoquer les dérives,
19:39 douteuses, de la franc-maçonnerie,
19:41 dont j'ai décrit les bons côtés,
19:43 mais on pourrait peut-être aussi parler des dérapages,
19:45 de quelques dérapages.
19:47 - Eh bien, on va en parler tout de suite, après cette petite pause.
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20:03 Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
20:17 Sud radio Bercov dans tous ses états.
20:19 13h30 sur Sud Radio on est toujours dans ce face à face aujourd'hui avec Frédéric Ploquin qui vient nous voir pour son nouveau livre
20:25 "Les réseaux secrets de la police loges, influences et corruption" c'est aux éditions du Nouveau Monde.
20:30 Alors on l'a parlé Frédéric Ploquin des bons côtés effectivement des loges de la France-Minsonnerie
20:34 en fonction de la police y trouvait effectivement des réseaux en tout cas des gens assez fidèles, structurés,
20:42 une idéologie que ce soit à gauche avec le Grand Orient et à droite avec la Grande Loge Nationale de France, enfin les conservateurs.
20:52 Enfin il n'y a pas que ça quand même dans la France-Minsonnerie quand même quand on fait des réseaux il y a les conflits d'intérêts
20:56 et puis il y a la corruption il y a quand même tout ça.
20:59 Vous en parlez dans votre livre d'ailleurs.
21:01 Absolument moi je vous ai parlé jusqu'à présent des bons côtés ce qui isse globalement le policier vers le haut
21:07 mais la France-Minsonnerie peut aussi faire glisser le policier vers le bas.
21:11 Vous allez comprendre tout de suite pourquoi.
21:13 À partir du moment où vous êtes dans une ville de province, pas forcément à Paris mais mettons,
21:18 allez on va prendre la pire des situations, vous êtes en poste sur la côte d'Azur dans les années 90,
21:23 vous êtes franc-maçon et vous êtes flic.
21:24 C'est la pire des situations ça.
21:25 Je pense.
21:26 Vous êtes franc-maçon et vous êtes flic et puis au sein de la loge vous côtoyez un juge d'instruction
21:34 qui a des affaires sensibles en cours, un homme politique qui est maire d'une petite commune voisine
21:39 qui a peut-être des problèmes de corruption, des hommes d'affaires en tout genre.
21:43 Et à un moment donné, soit vous êtes très solide et vous résistez et vous dites non à tout le monde,
21:49 soit au gré, au fil des dîners qui suivent les réunions maçonniques qu'on appelle les agapes
21:55 où au moins un petit coup on se paie une bonne bouffe etc.
21:58 au gré de ces moments de détente, vous vous assouplissez, votre système de défense baisse et s'affaiblit
22:07 et vous finissez par dire oui ou par dire, par répondre à quelqu'un "il n'y a pas de problème, je vais aller me renseigner, je vais regarder"
22:13 C'est quoi ? Donnez-moi un exemple.
22:14 Les exemples...
22:15 Un exemple mécanique. Comment marche la mécanique ?
22:17 Non mais c'est simple, savoir si on est sûr-écoute, savoir si une perquisition va avoir lieu,
22:22 savoir si le dossier avance ou n'avance pas.
22:24 C'est essentiel quand on est pris dans les filets de la justice et de la police.
22:29 Donc vous allez avoir un coup d'avance.
22:31 Et on a vu à Marseille un certain nombre de policiers renseigner peut-être malgré eux
22:35 parce que c'était un frère qui appelait, et puis le frère avait des fréquentations un peu douteuses
22:40 et finalement les informations de la police arrivaient carrément au grand banditisme.
22:44 C'est pas très bon.
22:46 On peut dire qu'il y a eu quand même des moments où des policiers rencontraient des gens du grand banditisme dans des loges.
22:52 C'est pas des ingrapes.
22:53 D'abord oui, il y a eu des loges très poreuses comme ça où c'était pas forcément très bien protégé.
22:59 Mais il y a surtout des amis d'eux, c'est-à-dire qu'à partir du moment où vous avez dans la loge
23:02 quelqu'un qui est un brasseur, qui fournit, je dis n'importe quoi, mais en alcool tous les bars de Marseille
23:08 et que cette personne évidemment fréquente tous les jours des grands bandits,
23:13 ça va aller très vite, c'est très poreux.
23:15 Et quand vous êtes dans des villes comme ça où tout se sait qu'ils sont presque des villages,
23:19 ça va trop vite et vous vous laissez entraîner.
23:21 Après, vous avez aussi plus classiquement, dans les figures des Ripoux, il y a aussi la Paduguin.
23:26 C'est pas juste rendre service aux frères.
23:29 Et là, je raconte des histoires notamment d'un enveloppe.
23:33 Je raconte plusieurs histoires de grands flics.
23:36 Par exemple, un policier qui était en poste à la brigade financière à Paris, rue du Château-des-Rentiers,
23:42 et qui a été accusé pour suivi parce qu'en gros, il sortait tout un tas d'éléments qu'il vendait,
23:49 des fiches de recherche, des éléments sur les fichiers.
23:54 Des greffes par exemple, des témoignages.
23:56 Ne serait-ce que d'aller consulter les fichiers. Vous n'avez pas le droit d'aller consulter les fichiers
24:00 pour dire à votre commanditaire "oui, il va se passer ça, il va se passer ça, l'huile est claire, l'huile pas claire".
24:07 Déjà, on n'a pas le droit. Normalement, les fichiers de police ne sont pas accessibles aux citoyens.
24:11 Donc ce policier-là, ce commissaire, carrément, il facturait à la consultation des fichiers.
24:16 Il gardait même beaucoup de traces papier dans son tiroir. Il a fini par tomber.
24:21 Pour moi, l'histoire la plus marquante sur laquelle je reviens dans le livre,
24:27 je ne sais pas si les auditeurs se souviennent de l'affaire ELF.
24:30 C'est la grande affaire.
24:31 La fameuse ELF, c'est la France-Afrique.
24:32 C'est la France-Afrique, c'est la fameuse affaire qui faisait trembler l'Élysée, la République, etc.
24:36 Rappelons ce qu'était ELF à l'époque.
24:38 ELF, c'était le groupe pétrolier français qui était implanté effectivement en Afrique.
24:41 C'était le carrefour de toutes les valises occultes, du financement occulte de la classe politique française.
24:46 C'était ELF.
24:47 Oui, rappelons, c'est-à-dire qu'en fait, on faisait des surfacturations qui retournaient dans les caisses des partis politiques.
24:52 Il y avait ça, et puis il y avait aussi l'argent qui arrivait tout simplement aux blacs d'Afrique,
24:55 les malettes africaines, les fameuses malettes.
24:58 Donc, c'était vraiment le...
24:59 Et il y avait deux juges d'instruction, dont Eva Jolie, qui enquêtaient là-dessus.
25:02 Et ils n'arrivaient pas, personne ne parlait, etc.
25:05 Puis à un moment donné, il y a une perquisition qui s'avère fructueuse.
25:09 On récupère chez un des principaux, on va dire, ténors du groupe ELF, qui était Corse.
25:15 On récupère des documents qui sont placés sous scellés à la brigade financière à Paris.
25:20 Ces documents, évidemment, à l'époque, on ne fait pas de copie immédiatement,
25:24 mais il y a donc un petit carton de scellés comme ça qui est essentiel,
25:27 et qui va probablement faire basculer l'affaire ELF,
25:30 et permettre probablement de mettre en examen des hommes politiques, et de démontrer des choses.
25:35 Et bien, ce petit carton va magiquement et miraculeusement disparaître de la brigade financière,
25:41 une nuit, une nuit, un soir, un week-end.
25:43 On a eu beau chercher, on n'a pas compris comment il y a eu une effraction.
25:46 Il n'y a pas eu d'effraction en réalité, pourquoi ?
25:48 Parce que le carton est parti de l'intérieur,
25:51 et on a 99% de chance pour que ce soit la bonne hypothèse.
25:56 C'est en gros un policier qui, grâce au réseau justement de la franc-maçonnerie,
26:00 en l'occurrence de la GLF, a accepté de rendre ce petit service,
26:04 et de sauver la pompe à finances ELF pour le compte de ses camarades.
26:09 Et des histoires comme ça, il y en a plein.
26:12 On peut déraper, après le dernier chapitre du livre,
26:15 je ne sais pas si vous l'avez vu, mais c'est carrément le dérapage sommital,
26:19 ça raconte l'affaire Altanor.
26:22 L'affaire Altanor, c'est l'histoire d'un policier des renseignements généraux,
26:27 qui prend sa retraite, qui n'a jamais été un foudre de guerre,
26:30 jamais été quelqu'un d'exceptionnel, mais qui a travaillé quand même...
26:33 - Qui a fait sa carrière... - Toute sa carrière en renseignements généraux.
26:36 Et c'est un petit bonhomme comme ça, qui ne paye pas de mine,
26:39 mais il va se retrouver dans sa loge, qui s'appelle la loge Altanor,
26:43 - Il va se retrouver pris... - C'est GLNF ?
26:46 A l'époque c'était GLNF, et ensuite ça a été rattaché à la Glamf,
26:52 une troisième obédience.
26:55 Mais donc toujours est-il que dans cette loge Altanor,
26:58 il se fait approcher par un de ses frères,
27:01 qui se trouve être très impliqué dans l'affaire de coach, de coaching,
27:06 qui a beaucoup de contacts dans les milieux d'affaires,
27:09 et il se met à rendre des services, à accepter des missions,
27:12 qui reviennent à intimider un tel, à aller voler le sac à main d'une telle,
27:16 pour déstabiliser des gens...
27:18 Donc il se met à faire des petites missions comme ça, moyennant finances.
27:21 - Des missions de voyous, ça s'appelle des missions de voyous.
27:24 - Ah, des missions de voyous ! Et lui, l'ancien policier,
27:27 il se prend un peu pour je sais pas qui, pour Superman,
27:30 et tout d'un coup, il y a toutes ces limites, toutes ces barrières qui tombent,
27:33 et il se met à recruter des petits gardes barrières de la DGSE,
27:36 à qui il confie des missions, en leur faisant croire qu'il s'agit
27:39 d'aller lutter contre le Mossad, etc.
27:41 Eux, ils y croient, ils croient, ils voient la promotion, etc.
27:43 Sauf qu'en réalité, c'est pas du tout ça.
27:45 Il s'agit de servir des intérêts privés.
27:47 Et à un moment donné, une patrouille de police va démasquer,
27:52 va interpeller deux de ces individus,
27:55 dans un immeuble de la région parisienne,
27:58 au pied d'un immeuble, dans une voiture, avec des cagoules et des armes sur la main,
28:01 des armes sur les genoux, et ils s'apprêtaient probablement à les tuer.
28:04 À les tuer, quelqu'un, pour le compte de ce qu'on va dire là.
28:08 Et en creusant, donc là la loge explose, l'affaire explose,
28:12 tout le monde est démasqué, il nie longtemps,
28:15 puis après ils sont confondus par les faits,
28:18 et là on remonte quand même jusqu'à au moins un assassinat.
28:21 Un vrai assassinat.
28:23 C'est-à-dire qu'en gros, on a éliminé quelqu'un,
28:25 qui n'avait pas remboursé une autre personne,
28:28 ces personnes s'étaient plaintes, on avait fait appel à la petite loge.
28:31 Donc c'était une espèce d'officine,
28:33 qui était capable, en gros, d'assumer toutes sortes de missions parallèles.
28:38 - Oui, c'est-à-dire que ça peut déraper très très profondément.
28:40 - Donc là c'est l'extrême, évidemment, tous les policiers.
28:44 Je termine là-dessus pour montrer jusqu'où ça peut aller.
28:47 J'appelle ça les loges folles, d'ailleurs, ce chapitre,
28:49 parce que là c'est vraiment de la folie, il n'y a pas eu que cette...
28:52 - Oui, mais, Frédéric Locas, en fait, vous avez regardé tout ça,
28:55 mais c'est très difficile, comment résister à la tentation, heureusement ?
28:58 Il y a beaucoup de gens honnêtes, et ne généralisons jamais, bien sûr,
29:01 que ce soit dans n'importe quelle profession.
29:03 Mais ça doit être assez dur quand il y a un pouvoir,
29:07 effectivement un pouvoir, et qu'on sait certaines choses,
29:09 de résister à la tentation, soit de monnayer,
29:12 soit de dire "oui, je veux bien avancer dans ma carrière,
29:15 à condition que..." etc.
29:17 Enfin, il y a toutes les histoires, ça date de 10 000 ans.
29:23 Le pouvoir, l'ambition, l'envie, le lucre, etc.
29:28 - Bah, écoutez, oui, il y a des personnes qui sont plus ou moins structurées,
29:32 qui ont plus ou moins des barrières personnelles solides,
29:35 et qui résistent, ou qui ne résistent pas à la part du gain, du luxe,
29:39 il y a un certain nombre de grands flics qui se sont tombés
29:41 parce qu'ils aimaient les beaux costumes, les belles voitures,
29:43 et qu'ils avaient la cinquantaine, et qu'ils regrettaient le temps
29:47 où ils étaient approchés par des minettes,
29:49 et qu'ils se laissaient donc convaincre par des voyous
29:51 d'accepter la bonne compagnie.
29:53 Ça, ça existe, on a des profils comme ça.
29:55 - Bien sûr.
29:56 - Et puis vous avez aussi une autre forme de corruption,
29:59 de dérapage pas forcément prévisible,
30:03 où vous servez un homme politique parce que vous le vénérez,
30:06 parce que... je pense à Nicolas Sarkozy.
30:07 Nicolas Sarkozy, il a créé des fidélités inouïes dans la police,
30:10 et je crois qu'il y a un certain nombre de policiers
30:12 qui étaient prêts à tout pour lui.
30:14 Sauf que... donc il a créé son écurie, lui il a monté, il a créé...
30:18 - Les trois mousquetaires dont vous parlez, Guéant et...
30:20 - Absolument, il a créé son écurie en s'appuyant sur Charles Pasquoie,
30:24 qui lui a légué ses premiers contacts,
30:26 donc effectivement, Gaudin, Guéant, etc.
30:30 et est forcé de constater que ces personnes l'ont servi totalement aveuglément,
30:35 jusqu'à être mis en examen eux aussi,
30:40 et à se retrouver aux portes de la prison.
30:42 Donc c'est possible aussi que l'aveuglement,
30:44 que la fidélité à un homme politique...
30:46 - Oui, peut aller jusque là...
30:47 - ...se termine mal.
30:48 Et la plupart, malheureusement, pas tous,
30:51 mais la plupart de ceux qui ont servi vraiment Nicolas Sarkozy
30:54 dans sa conquête de pouvoir en tant que flic,
30:56 d'abord au ministre de l'Intérieur,
30:57 puis ensuite quand il est parti à l'Élysée,
30:59 la plupart ont fini malheureusement pour eux mis en examen,
31:01 et pour certains incarcérés, et d'autres vont être encore jugés.
31:05 Parce que... voilà...
31:07 - Et ça vous dit que c'est plutôt la fidélité, l'adoration...
31:12 - Oui c'est ça, c'est ce que j'appelle les écuries politiques,
31:15 mais ça peut aller très très loin, je veux dire,
31:17 servir jusqu'au-delà du nécessaire,
31:20 et au-delà même, en l'occurrence, au-delà de la loi si on en croit,
31:23 les mises en examen des uns et des autres.
31:25 - Et alors justement, enfin, dans ce livre, c'est un voyage,
31:28 vraiment je vous recommande, c'est un voyage à travers effectivement
31:31 tous ceux qui se sont succédés, en tout cas à travers la hiérarchie,
31:35 la place Beauvau, etc.
31:37 Il y a quelque chose, alors oui, vous parlez de la sex-connection,
31:41 vous en avez fleuré un peu,
31:43 c'est quoi plus la sex-connexion ?
31:45 C'est une manière de...
31:47 C'est-à-dire, voilà, promotion, on attire par les jolies filles, etc.
31:51 - Exactement, mais là c'est l'histoire d'un grand flic
31:54 qui a eu le tort de tomber amoureux d'une jeune flic
31:58 qui était en poste dans un bureau pas très loin de lui,
32:02 qui était à l'époque, qui avait le grade d'officier,
32:05 qui rêvait d'être commissaire de police.
32:07 Bon, lui il va complètement déraper par aveuglement, par amour,
32:13 - Il va être fou d'amour, ouais, aussi.
32:15 - Il va lui dire "mais ça tombe bien, ma chérie,
32:18 c'est moi qui préside le jury des commissaires de police,
32:21 donc si tu veux, je peux peut-être te donner les sujets".
32:23 C'est ça l'histoire, il va lui donner, il va l'aider,
32:26 il va la coacher, mais il va faire plus que la coacher,
32:28 il aurait pu la coacher, simplement, mais il va faire plus que ça.
32:30 Et donc à partir de là, ça va être démasqué,
32:33 parce que la policière en question,
32:35 il se trouve qu'elle a des frères qui habitent dans le nord de la France,
32:37 qui ont des ennuis avec la justice pour des histoires de trafic de stupe,
32:40 donc il y a des écoutes.
32:41 Et là, on l'entend dire "mais moi je vais être commissaire de toute façon".
32:44 Bon bref, ça déclenche une affaire inouïe, finalement.
32:48 Et ce grand flic va tomber de son piédestal,
32:52 c'était lui qui avait en charge la réforme de la police judiciaire,
32:55 excusez-moi du peu.
32:56 - Ah l'amour, là !
32:58 - Il commet cette erreur majeure, il commet cette bourde majeure,
33:01 et il va se retrouver aux portes de la justice,
33:07 en tout cas il va perdre son poste,
33:10 le jury, le concours même des commissaires va être annulé,
33:14 ils vont tous être obligés de le repasser,
33:17 ça va aller très loin.
33:18 - Non mais c'est assez dingue.
33:20 Et alors justement, on arrive au stade,
33:22 aujourd'hui on est en 2023,
33:24 comme chacun sait, c'est pas un scoop.
33:26 Ce que je veux dire, c'est qu'on parle beaucoup de la police,
33:29 et moi je me dis justement, là qu'on sorte peut-être des hiérarchies,
33:32 qu'on parle de l'état de la police aujourd'hui, Frédéric Bloquin,
33:35 que vous connaissez, c'est-à-dire,
33:36 il y a quelque chose de frappant, en 2015,
33:38 après le Bataclan, après Charlie Hebdo,
33:40 tout ça, on applaudissait la police.
33:42 Aujourd'hui, vous avez effectivement,
33:44 une France qui dit "tout le monde adore la police",
33:46 et une France qui dit "tout le monde est la police",
33:48 "all cops are bastards", etc.
33:50 Les clivages n'ont jamais été aussi forts, ça on le sait,
33:53 et votre livre est un miroir de cette France policière,
33:56 mais comment s'est vécu aujourd'hui ?
33:59 Et on a l'impression,
34:00 parce que nous avons eu beaucoup de témoignages de policiers ici,
34:03 à Sud Radio, etc.
34:05 Et vous avez la base qui dit "oui, mais les hiérarchies,
34:08 ils en ont rien à foutre de nous,
34:10 pour être un peu vulgaire,
34:13 mais ils ne s'occupent pas de nous,
34:15 ils s'occupent de leur avancement,
34:16 c'est tout ce qui les intéresse,
34:17 c'est leur plan de carrière,
34:18 et nous, justement, comme vous disiez,
34:20 on est seul, il faut qu'on rase les murs,
34:24 nos enfants, nos femmes, etc.
34:26 Et vous avez vu tout ce qui se passe aujourd'hui,
34:28 et puis les suicides de policiers, etc.
34:30 Est-ce qu'il n'y a pas une espèce de basculement
34:33 où on a l'impression que la police,
34:35 en tout cas, aux yeux d'un certain nombre de gens
34:38 dans les banlieues ou ailleurs, dans les cités,
34:39 est devenue un clan qu'il faut combattre comme un autre, un clan ?
34:42 - Ça dépend du point de vue où on se place,
34:45 mais effectivement, dans certaines cités,
34:47 on considère que le policier, c'est la bande adverse,
34:50 ça c'est clair aujourd'hui.
34:51 Et malheureusement, l'État,
34:53 on voit souvent dans ces quartiers les plus difficiles
34:56 des policiers sortis d'école,
34:57 qui sont extrêmement jeunes,
34:59 qui sont à peine plus vieux que ceux qui sont en face.
35:01 - On n'en voit pas des gens formés, quoi ?
35:02 - Ben voilà, c'est ça, c'est parce que c'est les postes,
35:04 c'est pas forcément les postes les plus courus,
35:06 je veux dire, au bout de 10 ans,
35:07 dans ces banlieues difficiles,
35:08 vous avez envie d'en partir,
35:09 vous avez envie de regagner votre région d'origine,
35:11 donc vous partez,
35:12 et vous êtes remplacés par des très jeunes.
35:14 Et donc, vous avez beaucoup de très jeunes policiers
35:16 dans ces services très exposés,
35:19 qui n'ont pas forcément été formés,
35:21 et qui se retrouvent tout de suite tutoyés par la bande adverse,
35:25 qui les considère effectivement comme une bande adverse.
35:27 Et c'est extrêmement compliqué pour eux
35:28 de ne pas rentrer dans ce jeu-là,
35:30 parce qu'ils sont là pour représenter la République,
35:32 ils ne sont pas là pour combattre au quotidien bande contre bande,
35:35 c'est pas le but du jeu.
35:37 Mais ils sont attirés vers le bas par ceux d'en face.
35:42 Donc il y a ce problème-là.
35:44 Ensuite, effectivement,
35:45 quand il y a des périodes où le maintien de l'ordre est très difficile,
35:49 vous avez à chaque fois qu'ils ressortent les fameux Black Blocs,
35:52 les gens qui en gros font profession,
35:54 n'existent que par la haine anti-flic,
35:56 enfin qui sont structurés par la haine anti-flic.
35:58 Cette haine, elle existe aussi,
35:59 il faut y faire face.
36:00 Vous avez à côté de ça,
36:02 vous avez raison de le pointer,
36:04 une certaine hiérarchie qui se désintéresse
36:07 de ce qui se passe sur le terrain,
36:09 qui ne connaît plus forcément ses hommes,
36:11 qui ne va plus faire la revue de troupes,
36:13 et qui est enfermée dans son bureau
36:15 pour faire des statistiques et des camemberts
36:16 pour satisfaire le préfet,
36:17 et qui doit satisfaire lui-même le ministre.
36:19 Il y a une espèce de spirale infernale.
36:22 Et finalement, en bas de l'échelle,
36:24 ce qui me frappe le plus,
36:25 moi quand je discute,
36:26 parce que je discute évidemment beaucoup avec les policiers,
36:28 c'est plus une perte de sens.
36:30 C'est finalement, c'est quoi le métier qu'on fait ?
36:33 Comment on va le faire ?
36:34 C'est pas une question de moyens,
36:36 mais surtout à quoi on sert ?
36:37 Et cette perte de sens,
36:39 elle se traduit effectivement notamment par des démissions,
36:41 elle se traduit par des suicides,
36:43 20, 30 par an, bon an, mal an.
36:46 Et c'est là où,
36:48 et les loges franc-maçonnes,
36:50 et les syndicats, j'y reviens, sont utiles,
36:52 c'est que ce sont les zédredons,
36:54 ce sont les endroits où on peut,
36:56 c'est l'amortisseur de cette perte de sens,
36:58 c'est peut-être l'endroit où on peut se ressourcer,
37:00 où on peut essayer de,
37:02 parce que, mettez-vous à leur place,
37:04 je ne sais pas si vous tiendriez,
37:06 mais moi non plus, dans un commissariat,
37:08 aller tous les jours ramasser la lit de la société
37:10 à la petite cuillère,
37:11 sans savoir qui va aller vider la poubelle,
37:13 c'est un peu ça l'histoire, c'est compliqué.
37:15 - On va en parler juste après cette dernière petite pause,
37:17 et puis on va essayer de tirer,
37:19 non pas la morale,
37:20 mais les enseignements de ce que ça dit sur la France.
37:22 - Et puis on prendra vos réactions au 0826 300 300,
37:25 et vos questions sur le Facebook Live et sur YouTube,
37:27 à tout de suite sur Sud Radio.
37:29 - France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente...
37:33 - Ici Sud Radio,
37:37 les Français parlent au français.
37:41 Je n'aime pas la blanquette de veau.
37:45 Je n'aime pas la blanquette de veau.
37:47 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
37:50 - Frédéric Ploquin, la police dans tous ses états,
37:54 les réseaux secrets de la police,
37:56 un livre très très bien documenté,
37:58 mais ce n'est pas par hasard, parlons de Frédéric Ploquin,
38:01 il connaît la musique.
38:03 Justement, il y a beaucoup de questions sur le Facebook Live, Estéban.
38:08 - On a une question de Marie-Josée Frédéric qui vous demande,
38:11 dans une loge maçonnique,
38:14 où va votre fidélité lorsque les serments de la franc-maçonnerie
38:17 et de la République s'affrontent, quand vous êtes policier ?
38:20 - La première chose qu'on pourrait lui répondre,
38:22 c'est que l'idée républicaine est née dans la franc-maçonnerie.
38:26 C'est une base, il faut le savoir.
38:29 La République française a été portée au début par la franc-maçonnerie.
38:37 Donc, à partir de là, quand vous rentrez en franc-maçonnerie,
38:40 ce n'est pas quelque chose qui est contraire aux lois de la République,
38:42 au contraire, c'est même là que vous allez comprendre
38:44 ce que c'est le métier de policier, etc.
38:47 Cela dit, une fois que vous avez dit ça, au sein des loges,
38:50 le problème que je soulevais tout à l'heure est bien réel,
38:53 c'est qu'à un moment donné, vous avez un grand maître,
38:56 un chef, c'est très hiérarchisé.
38:58 Si celui qui est au-dessus de vous vous demande quelque chose,
39:02 ou vous donne un ordre, ça va peut-être être un moment difficile
39:06 de répondre défavorablement à cette demande,
39:09 qui peut se retrouver en contradiction avec une autre demande
39:12 qui viendrait de votre hiérarchie policière.
39:14 Donc, effectivement, les conflits d'intérêts sont, à mon avis, légions,
39:18 et seuls les plus solides y résistent.
39:21 - Oui, parce que ce qu'elle dit, je pense, notre auditrice,
39:25 aussi par rapport à la République, c'est que quelquefois,
39:28 effectivement, on apprend à la République,
39:30 mais quelquefois les intérêts de la collectivité
39:33 sont en contradiction avec certains intérêts particuliers.
39:36 - C'est ça le problème, c'est quand les intérêts particuliers
39:38 prennent le pas sur l'intérêt collectif
39:41 et que vous allez répondre à une demande individuelle,
39:44 au détriment peut-être de la loi, du secret,
39:49 c'est surtout ça, du secret, parce que vous êtes tenu au secret
39:51 quand vous êtes policier.
39:52 Donc, si vous oubliez ce secret, ça peut vous pousser à la faute.
39:57 - Je crois que nous avons un auditeur.
40:00 - Il y a une autre question, peut-être plus personnelle sur Frédéric.
40:02 Est-ce que vous avez infiltré une loge pour votre enquête ?
40:05 - Alors, on peut dire que j'infiltre la police depuis 40 ans.
40:08 On peut dire que je connais des centaines et des centaines de policiers,
40:11 que je peux vérifier mes informations,
40:13 que j'ai effectivement approché pratiquement tous les patrons
40:17 de la Fraternelle de la Police depuis 40 ans,
40:20 et que pour faire ce livre, j'ai été reçu, effectivement.
40:23 Je n'ai pas infiltré au sens où je ne me suis pas caché.
40:26 D'ailleurs, je ne peux pas me cacher, ils me connaissent tous.
40:27 Donc, je ne peux pas infiltrer, je ne peux plus faire de l'infiltration.
40:30 Je suis trop identifié par les policiers.
40:32 Mais en revanche, je suis allé au contact,
40:35 je suis allé dans ces loges pour comprendre comment ça fonctionnait
40:37 et je suis surtout allé faire parler des formations.
40:40 - D'où l'intérêt du livre.
40:42 - On a Loïc qui nous appelle de Lourdes au 0826 300 300.
40:45 Bonjour Loïc.
40:46 - Bonjour Loïc.
40:47 - Oui, bonjour André, bonjour votre invité.
40:49 J'ai deux petites questions en fait.
40:51 - Allez-y, rapidement Loïc.
40:53 - Comme vous le dites, la framboisonnerie est très hiérarchique,
40:56 c'est comme la police.
40:57 Du coup, comment les policiers intègrent ?
40:59 Peuvent-ils faire leur travail comme c'est hiérarchique,
41:01 dessus les lois ?
41:03 Et on sait qu'il y a beaucoup de démissions et même de suicides dans la police.
41:07 Est-ce que ça se lie avec leur incapacité à enquêter librement,
41:09 comme par exemple sur le trafic d'enfants ?
41:11 - Alors, pour la première question, effectivement,
41:15 la hiérarchie fait partie de la culture des policiers.
41:18 Donc ils n'ont aucun mal à ça, ils se retrouvent chez eux en framboisonnerie.
41:21 Après c'est à eux de jongler entre les deux hiérarchies.
41:24 Parfois c'est compliqué, surtout quand elles se croisent.
41:26 Moi j'ai connu un brière des chefs
41:28 qui était en fonction à la préfecture de police de Paris, figurez-vous.
41:31 Il était totalement inamovible,
41:33 c'était le secrétaire du directeur de la sécurité publique
41:36 de tous les policiers en uniforme de Paris,
41:38 sauf qu'il lui était supérieur en maçonnerie.
41:42 - Et donc ça crée en permanence des difficultés.
41:46 Après les difficultés d'enquête dont vous parlez,
41:49 il faudrait qu'on rentre dans les détails,
41:51 mais à priori,
41:53 c'est à partir du moment où la justice commande une enquête,
41:59 les policiers sont là pour obéir au juge.
42:01 D'ailleurs ils travaillent en enquête de police judiciaire
42:03 sous les ordres d'un juge d'instruction.
42:07 - En tout cas, ce qui est intéressant dans ce livre,
42:11 c'est que ça donne un miroir de la France Ouest,
42:13 c'est Jean Coquelot qui disait "les miroirs qui réfléchissent".
42:15 Et l'état de la police, ce que vous racontez,
42:17 les rapports de la police avec la politique,
42:19 les rapports de la police en conflit d'intérêts,
42:22 c'est en ça que c'est tout à fait passionnant.
42:24 Vous n'avez pas fait un livre blanc et noir,
42:26 vous avez fait un livre qui commet la réalité,
42:29 la réalité elle est nuance, elle est complexe.
42:31 - J'ai beaucoup de respect pour le métier de policier,
42:33 donc effectivement je fais ces enquêtes avec respect.
42:37 - Merci Frédéric Bloquin.
42:39 - Merci à vous de m'avoir invité et bon après-midi.
42:41 - Merci Frédéric Bloquin d'avoir été avec nous.
42:43 On rappelle ce livre "Les réseaux secrets de la police,
42:45 loge, influence et corruption",
42:47 c'est aux éditions du Nouveau Monde.
42:49 Demain vous retrouverez Alexis Poulin,
42:51 entre midi et 13h. André, vous revenez demain
42:53 pour la culture dans tous ces états,
42:55 vous recevez Laurent Firod, je crois,
42:57 le réalisateur du film "Le Monde d'après".
42:59 Tout de suite vous avez rendez-vous avec Brigitte Lahaye.
43:01 Bon après-midi sur Sud Radio.
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43:09 Avec Terre de France.fr, le premier site d'articles français et patriotes.