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À sept mois des élections européennes et après la victoire de l'extrême droite aux législatives aux Pays-Bas, l'eurodéputé Renew Pascal Canfin était l'invité du Grand Entretien, vendredi 24 novembre. La montée de l'extrême droite dans certains pays européens l'"inquiète" mais "il n'y a aucune fatalité", dit-il.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end

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Transcription
00:00 L'invité du grand entretien de la matinale ce vendredi avec Marion Lourdes, nous recevons
00:04 un député européen, Renyu, le président de la commission environnement du Parlement
00:08 européen.
00:09 Pour intervenir, pour poser vos questions, chers auditeurs, le 01 45 24 7000 ou l'application
00:15 France Inter.
00:16 Pascal Canfin, bonjour.
00:17 Bonjour.
00:18 Et bienvenue.
00:19 Coup de tonnerre aux Pays-Bas, vous l'entendiez dans nos journaux et dans la chronique de
00:23 Pierre Aschy.
00:24 Pour la première fois, l'extrême droite de Geert Wilder s'est arrivée en tête.
00:27 Victoire inédite.
00:29 Quel est votre sentiment ce matin ? Peur de la contagion ? État de l'Europe inquiétant,
00:34 préoccupant ?
00:35 Première remarque, il y a un mois, on fêtait la défaite de l'extrême droite en Espagne,
00:43 associée à la droite traditionnelle.
00:45 Et ce sont les socialistes qui ont gagné contre toute attente.
00:47 Il y a un mois, on fêtait la défaite des ultraconservateurs polonais qui ont été
00:53 battus par une alliance pro-européenne en Pologne.
00:56 Donc, il y a certes le résultat aux Pays-Bas, je vais y venir.
01:00 Oui, parce qu'on a l'impression que vous vous relativisez là.
01:02 Mais ce que je veux dire, c'est qu'il n'y aurait qu'une seule tendance à vous
01:05 écouter.
01:06 La réalité, c'est qu'il y en a deux.
01:08 Parfois, l'extrême droite gagne.
01:09 Parfois, l'extrême droite perd.
01:11 Et donc, ça prouve bien que c'est une bataille politique.
01:14 Et cette bataille politique, je peux vous dire qu'on a bien l'intention de la mener
01:16 aux européennes.
01:17 Et elle vient d'être posée dans des termes qui me semblent tout à fait justes par Pierre
01:21 Aschy.
01:22 Parce qu'on construit une Europe puissante et une Europe puissance qui nous fait peser
01:28 dans le monde face aux Chinois et aux Indiens et aux Américains.
01:32 Et alors, il faut s'unir.
01:34 Et alors, il faut travailler ensemble.
01:36 C'est ce qu'on fait depuis cinq ans.
01:37 On transforme l'Europe de l'intérieur, on va y revenir.
01:39 Ou on implose, on se fragmente et on sort et on disparaît de l'histoire.
01:45 C'est ça l'enjeu des européennes.
01:47 Et clairement, il y a deux camps aujourd'hui.
01:49 Le RN est pour nous de l'autre côté.
01:51 Alors, juste encore un mot.
01:52 Vous relativisez donc la montée de l'extrême droite en Europe.
01:55 Ça n'est pas un phénomène massif et qui vous inquiète avec des pays qui tombent les
01:59 uns derrière les autres.
02:00 Évidemment, ça m'inquiète.
02:01 Ce que je vous dis, c'est qu'il n'y a aucune…
02:02 Non, c'est maintenant que vous venez de dire que ça vous inquiète.
02:04 Oui, et bien je reprends ma phrase.
02:06 Évidemment, ça m'inquiète.
02:07 Mais j'ajoute qu'il n'y a aucune fatalité.
02:11 Puisque précisément, il y a un mois, l'extrême droite a perdu et en Espagne et en Pologne.
02:17 Et j'ajoute que là, elle est au pouvoir en Italie, avec une alliance qui serait chez
02:22 nous l'équivalent d'une alliance RN reconquête LR, si on fait un parallélisme.
02:27 Et bien, cette alliance a totalement retourné sa position sur la politique migratoire européenne.
02:36 Si vous me permettez d'y revenir une seconde.
02:37 Nous sommes en train de négocier le pacte asile-migration pour enfin apporter une réponse
02:45 unique, harmonisée, cohérente à l'échelle européenne sur la gestion des flux migratoires.
02:51 Avec un pilier, une jambe d'accueil d'asile et un pilier de maîtrise des frontières.
02:57 Ce qui me semble être l'équilibre que nous devons mener.
02:59 Et bien, l'extrême droite italienne, les amis de Madame Le Pen, qui maintenant sont
03:04 au pouvoir en Italie, ont voté ce pacte asile-migration parce qu'eux-mêmes, après avoir fait une
03:09 campagne pendant des mois et des mois contre l'Europe, en tapant sur l'Europe l'incapacité
03:13 à gérer les flux migratoires, en tapant par ailleurs sur la France qui n'accueillerait
03:16 pas assez d'immigrés.
03:17 Et bien, maintenant, total changement de pied.
03:20 Ça prouve bien que dès qu'on se pose vraiment les questions et qu'on est en responsabilité,
03:25 même quand on vient de l'extrême droite, on finit par défendre l'Europe.
03:28 Pascal, enfin, les Pays-Bas c'est quand même un pays fondateur de l'Union Européenne.
03:32 Et Gerd Wilders, qu'est-ce qu'il promet ? Supprimer les réglementations européennes
03:36 pour l'agriculture et la pêche, interdire le drapeau européen sur les bâtiments officiels
03:39 et faire le Nexit.
03:41 Est-ce que vous y croyez ? Est-ce que ça vous fait peur ?
03:43 Vous savez, typiquement, Marine Le Pen, qui était je crois assise à ma place hier dans
03:49 ce studio, disait que c'était son allié, son ami, qui s'était d'accord.
03:53 C'est ça le programme du Rassemblement National.
03:54 Alors, ils essayent de le masquer.
03:55 Parce que c'est pas très populaire la sortie de l'euro.
03:58 Parce que c'est pas très populaire en France la sortie de l'euro.
04:00 Malgré toutes les critiques.
04:01 Mais la réalité d'une extrême droite qui serait puissante en Europe, au point de gagner
04:08 dans les grands pays, c'est-à-dire en France, en Allemagne et dans les pays fondateurs,
04:13 c'est de l'Union Européenne, c'est la fin de l'Union Européenne.
04:16 Par construction.
04:17 Puisque d'un côté c'est le Nexit, de l'autre côté c'est celui qui veut sortir
04:20 de l'euro, le troisième c'est celui qui veut sortir des règles environnementales,
04:24 climatiques et agricoles, le quatrième qui veut...
04:25 Et c'est la fin ! Et c'est ça l'enjeu des Européennes.
04:28 C'est est-ce qu'on constitue une Europe puissance qui nous protège et qui fait que,
04:34 par exemple, on est capable de mettre une taxe carbone aux frontières pour faire payer
04:38 les importations chinoises qui ne payent pas le prix du CO2 parce qu'ils n'agissent pas
04:43 assez contre le changement climatique ou pas ? Nous on la vote cette taxe carbone aux frontières,
04:47 Bardella, lui il ne la vote pas quand il est au Parlement Européen.
04:50 Moi je peux aller voir les salariés d'ArcelorMittal à Dunkerque et à Fos-sur-Mer et en leur
04:54 disant droit dans les yeux "moi je vous protège contre le dumping climatique des Chinois".
04:59 Bardella, il ne peut pas le faire parce qu'il n'a pas voté cette taxe carbone aux frontières.
05:02 Le RN, il a un bilan.
05:03 Le RN, il a un bilan.
05:04 On a l'impression que c'est toujours demain, demain.
05:06 Il a un bilan et on peut parler de ce bilan.
05:08 Cette campagne des Européennes, ça va être pour nous l'occasion de pointer ce bilan.
05:12 L'absence de soutien au plan de relance, l'absence de soutien à la taxe carbone aux
05:15 frontières, l'absence de vote sur le pacte asile-immigration, l'absence de soutien
05:19 à l'Ukraine, c'est ça la réalité du Rassemblement National aujourd'hui.
05:22 Mais vous avez voté un accord de libre-échange qui va à l'encontre de ce que vous dites,
05:27 ou en tout cas, on reproche au Parlement Européen d'avoir voté un accord de libre-échange
05:32 avec la Nouvelle-Zélande.
05:33 Pascal Canfin, expliquez-nous pourquoi est-ce que vous avez voté pour ?
05:38 Alors j'assume, totalement.
05:39 Alors que c'est la possibilité de faire revivre la mondialisation dans ce qu'elle
05:45 a de plus déplorable pour l'environnement ?
05:47 J'imagine que, comme vous êtes un très bon journaliste, vous avez lu cet accord.
05:51 Qu'est-ce qu'il dit cet accord ? D'abord, la Nouvelle-Zélande, c'est un pays partenaire,
05:55 ami, qui partage 100% de nos valeurs.
05:57 Donc si on n'arrive plus à signer un accord avec un pays, une démocratie qui partage
06:01 100% de nos valeurs, on a un petit problème géopolitique quand même.
06:04 C'est un accord commercial, c'est pas un accord politique.
06:08 Bien évidemment, mais c'est un symbole politique de trouver des accords ensemble.
06:11 C'est un pays à l'autre bout du monde.
06:12 Et d'ailleurs, on va y venir si on parle Mercosur.
06:14 Deuxièmement, que dit cet accord ? C'est le premier accord au monde, le premier accord
06:20 commercial au monde, à mettre comme clause essentielle de l'accord le respect de l'accord
06:25 de Paris sur le climat.
06:26 Ça veut dire qu'on met dans les règles commerciales, entre nous, Nouvelle-Zélande,
06:31 Europe, le respect de l'accord de Paris.
06:34 Aucun accord commercial au monde ne l'avait fait, c'est donc un progrès.
06:37 Et c'est d'ailleurs pour ça qu'il y a sept semaines au Parlement européen, tous
06:41 les Verts, tout le groupe des Verts, qui n'est pas devenu climato-sceptique du jour au lendemain,
06:46 a voté pour cet accord à l'exception des Verts français.
06:49 Tout le groupe socialiste a voté pour cet accord à l'exception des socialistes français.
06:53 Donc si je prends un référentiel de gauche que vous évoquiez dans votre question, et
06:57 bien à part la gauche française, un référentiel écologique, et bien l'immense majorité
07:05 de députés écologiques et nous, pour les raisons que je viens d'évoquer, ont voté
07:10 cet accord.
07:11 Et ce qui est très intéressant, c'est que si je tire ce fil, les Verts avaient demandé
07:14 une analyse d'impact de cet accord en essayant de démontrer que cette analyse d'impact
07:17 allait à la conséquence qu'il ne fallait pas voter l'accord.
07:20 Malheureusement, cette analyse d'impact qu'ils ont demandé à un think-tank qui a fait l'analyse
07:25 montre que finalement, il y a plus d'intérêt environnemental que le contraire.
07:28 Et donc, franchement, nous avons voté en totale cohérence avec notre logique qui est
07:34 de changer les règles du jeu du commerce mondial pour y intégrer les enjeux climatiques.
07:38 C'est ce qu'on a fait sur la taxe carbone aux frontières, c'est ce qu'on fait avec
07:40 la Nouvelle-Zélande, et c'est ce qui nous conduira, très probablement si la négociation
07:45 aboutit telle qu'elle est aujourd'hui, à ne pas voter l'accord sur le Mercosur, encore
07:49 moins avec notre nouveau Trump argentin.
07:52 Et à propos de commerce et d'impact sur l'environnement, ça ne vous a pas échappé,
07:55 c'est le Black Friday aujourd'hui.
07:56 Vous avez vu cette campagne, vous avez même tweeté sur votre compte Twitter la campagne
08:02 qui a été lancée par le ministère de l'Environnement avec des petites vidéos qui incitent à ne
08:06 pas consommer ce jour, ce Black Friday.
08:09 Est-ce que ce n'est pas un peu paradoxal ? Parce qu'on appelle à consommer moins, en
08:12 même temps on a besoin de croissance, la croissance est tirée par la consommation,
08:16 du coup ça peut avoir un impact sur l'emploi.
08:17 Comment vous vous positionnez ?
08:18 L'avantage de cette campagne, c'est qu'elle met exactement la problématique que vous
08:24 venez de résumer au cœur du débat.
08:26 Et c'est un vrai sujet de société.
08:29 Et c'est très bien que enfin cette question de la surconsommation soit posée et de ses
08:35 impacts à la fois sur la planète mais aussi en termes d'emploi et de croissance.
08:38 Mais ça divise !
08:39 Et c'est normal que ça divise parce que c'est un sujet qui est compliqué à traiter,
08:44 parce qu'il est complexe.
08:45 Et d'ailleurs c'était intéressant, j'ai écouté ce matin Dominique Seux et Thomas
08:46 Porchet qui d'habitude ne sont pas d'accord sur grand chose et ceux-là étaient d'accord
08:50 pour dire "attention, cette campagne est dangereuse".
08:52 Donc, qu'est-ce que ça prouve ?
08:53 Ça prouve un, qu'on fait évidemment bien de poser la question.
08:57 Parce que le moment du Black Friday, excusez-moi mais j'en discutais, si je peux me permettre
09:02 de faire cette petite aparté, j'en discutais avec l'hôtesse d'accueil en montant dans
09:05 l'ascenseur, qui me dit "moi j'en ai marre d'être harcelé", c'est le mot qu'elle
09:09 employait, "harcelé par la publicité qui nous pousse à surconsommer".
09:12 Et juste avant cette interview, il y avait une publicité sur votre antenne disant "vous
09:16 avez un jour, une demi-journée pour les 1000 premiers qui veulent changer leur cuisine".
09:21 Franchement, c'est de la surconsommation.
09:23 Qu'il y ait 50 ou 80 spots de l'ADEME qui disent "posez-vous la question, posez-vous
09:29 la question avant".
09:30 C'est un peu plus que "posez-vous la question", c'est "je vous incite à ne pas acheter
09:33 ce polo".
09:34 Non, non, non, je vous incite à vous poser la question.
09:35 Non, non, pas du tout.
09:36 C'est "est-ce que vous en avez vraiment besoin".
09:37 Il y a des vendeurs, le monsieur dans le spot.
09:38 Et donc moi, ce que je dis, bien sûr, des vendeurs, si les clients le veulent, c'est
09:41 qu'ils proposent une alternative.
09:43 Et ensuite, du coup, il oblige tout le monde à se poser la question.
09:45 Et donc, je dis, si, aux consommateurs, aux citoyens qui nous écoutent, si vous voulez
09:50 utiliser le Black Friday pour faire des gains de pouvoir d'achat et acheter les cadeaux
09:55 de Noël que vous auriez acheté plus cher, mais que vous aviez de toute façon l'intention
09:58 d'acheter, profitez-en.
09:59 C'est moins cher, c'est bon pour votre pouvoir d'achat, très bien.
10:02 Mais si vous êtes tellement soumis, tellement soumis à du matraquage publicitaire, voire
10:09 à ce que je pourrais appeler du harcèlement publicitaire ces jours-ci, c'est insupportable.
10:13 Et que du coup, vous êtes en train de craquer pour un truc au fond dont vous n'avez pas
10:17 vraiment besoin.
10:18 Mais prenez le temps d'y réfléchir.
10:20 Parce qu'on ne peut pas dire d'un côté, il y a des problèmes de pouvoir d'achat,
10:23 et puis de l'autre côté dire, c'est formidable cette surconsommation.
10:25 Donc, je pense que la campagne, elle pose un problème essentiel.
10:29 Ensuite, Christophe Béchuil a reconnu lui-même, je pense que ce qu'il manque à cette campagne,
10:34 le ministre de la Transition écologique, absolument, ce qu'il manque à cette campagne,
10:37 c'est de cibler d'abord, non pas les petits commerçants de quartier qui sont les alliés
10:41 de la transition écologique, c'est du local, ça peut être du circuit court, c'est de
10:44 la réparation, etc.
10:45 Mais au contraire, les grandes plateformes numériques.
10:49 Donc moi, j'attends la prochaine campagne de l'ADEME, parce que je pense qu'elle
10:53 est absolument pertinente sur le fond, mais sur Schein.
10:56 D'accord ? Sur Schein, sur ces plateformes.
10:58 La marque de fin chinoise.
10:59 Mais Bruno Le Maire parle de culpabilisation.
11:02 Ça, c'est insupportable.
11:03 C'est la mondialisation insupportable sur le plan écologique, Schein.
11:08 Et donc, je le dis aux auditeurs, j'ai des ados, d'accord, chez moi, je leur dis,
11:13 n'allez pas acheter sur Schein.
11:14 Et si vous avez les moyens de ne pas le faire, si vous n'avez pas les moyens, très bien.
11:19 Mais je pense que beaucoup, beaucoup de Français ont les moyens de ne pas aller sur Schein,
11:23 d'acheter quelque chose qu'ils vont mettre deux jours, et qu'ils vont ensuite mettre
11:26 à la poubelle.
11:27 On a entendu votre appel à la boycotte, mais qu'est-ce que vous répondez à Bruno Le
11:31 Maire ? Bruno Le Maire, quand il parle de culpabilisation, est-ce que vous reprenez
11:33 le mot à votre compte ?
11:34 Non, il n'y a pas de culpabilisation.
11:35 Il y a le fait de poser un débat de société, et c'est très bien.
11:38 Et combien de fois a-t-on entendu la critique sur l'action du gouvernement en disant
11:42 "ah, l'inaction climatique" ? Et alors quand Christophe Béchut, qui je rappelle
11:46 est proche d'Édouard Philippe, c'est pas gauchiste de la première heure, d'accord,
11:50 pose enfin cette question, et bien évidemment je le soutiens, il a raison.
11:53 On file au Standard, bonjour Léonard.
11:56 Oui, bonjour, bonjour monsieur.
11:59 Bonjour, et vous avez une question pour Pascal Canfin.
12:01 J'en ai deux petites, je voulais d'une part savoir où est-ce qu'il se placait
12:05 sur l'échiquier politique, si clairement il appartenait à la constellation de la
12:09 gauche ou pas, et d'autre part, s'il estimait que la lutte contre le réchauffement climatique
12:13 passait par le fait d'en finir avec le capitalisme, étant entendu que maintenant la corrélation
12:18 entre le capitalisme et la fin de la vie sur terre est avérée.
12:22 Merci.
12:23 Pascal Canfin, qu'est-ce que vous répondez à Léonard ?
12:26 Vous pouvez vous adresser à lui directement.
12:27 Bien évidemment.
12:29 Merci pour la première question, d'abord je suis totalement dans la majorité présidentielle
12:34 et dans l'action que nous menons pour construire une Europe puissance au Parlement européen.
12:39 Précision, vous avez été membre d'Europe Écologie Les Verts, vous avez été élu européen, donc élu de gauche.
12:45 Exactement, et j'ai rejoint la majorité présidentielle parce que c'est là qu'on transforme le réel.
12:51 C'est là qu'on transforme l'Europe.
12:52 Je pense que nous avons un bilan, et on va y revenir, on a six mois, sept mois de campagne
12:56 devant nous pour rappeler le bilan de Transformation Européenne, le plan de relance qui a sauvé
13:01 des centaines et des centaines de milliers de petits commerçants, puisqu'on en parlait
13:04 à l'instant en France et en Europe, c'est grâce à nous.
13:07 C'est le plan de relance que nous avons fait voter au niveau européen et l'action à l'époque
13:10 d'Angela Merkel et du président de la République Emmanuel Macron.
13:13 Je rappelle que le RN, Jordan Baldera, puisque je suis parlementaire européen comme lui,
13:18 n'a pas voté le plan de relance qui a soutenu des centaines de milliers de petits commerçants.
13:23 Donc là, chacun renvoyait à ses responsabilités.
13:26 Quant aux grandes questions sur le capitalisme, moi je ne le pose pas en ces termes.
13:32 Pourquoi je ne le pose pas en ces termes ? Parce que dans mon travail de parlementaire européen,
13:36 je vois des entreprises privées, capitalistes, qui cherchent à faire du profit, qui sont
13:43 totalement hostiles à la transition écologique, et je vois des entreprises capitalistes qui
13:47 cherchent tout autant à faire du profit, qui sont nos meilleurs alliés pour réussir
13:51 la transition écologique.
13:53 Et je pourrais vous donner des tas d'exemples.
13:54 On parle de l'économie circulaire grâce à ces spots, enfin très bien, et à la réparation
13:58 et au rang d'emploi et tout ça.
14:00 Là, on vient de voter un texte majeur sur la réduction des emballages et des déchets.
14:04 On a des entreprises qui ont été nos alliés pour aller vers une économie plus circulaire.
14:09 On a des entreprises de la grande distribution qui ont tout fait pour saboter ce texte.
14:13 On a dans le secteur textile et de la grande distribution, on a des acteurs comme Carrefour
14:18 qui nous ont aidés, on a des acteurs comme Maldonags qui ont essayé de tuer ce texte.
14:21 Pourtant, Carrefour c'est une entreprise capitaliste et Maldonags c'est une entreprise
14:25 capitaliste.
14:26 Donc je pense que ce n'est pas ça le bon curseur.
14:27 Aujourd'hui, c'est qui joue vraiment le jeu de la transition et qui sont les adversaires
14:31 de la transition, quel que soit leur statut juridique.
14:34 Et justement, dans le cadre de cette transition, vous avez regretté que le Parlement ait voté
14:39 contre un texte qui visait à réduire l'utilisation des pesticides d'ici à 2030, par rapport
14:44 à la période 2015-2017.
14:45 Il a été rejeté par une majorité de députés de droite et de l'extrême droite.
14:51 Comment vous expliquez, étant donné l'urgence climatique, qu'on puisse voter contre ce
14:55 texte au Parlement ?
14:56 Alors ça, il faut renvoyer la responsabilité bien évidemment.
14:58 Mais surtout, je constate que le Green Deal avance partout dans le domaine de l'énergie.
15:03 On est en train d'avancer de manière extraordinaire dans les énergies décarbonées.
15:07 Dans le domaine de la mobilité, on a fait passer des textes sur les voitures zéro émission
15:11 et cette semaine au Parlement européen, sur les camions et les bus et les cars zéro
15:15 émission.
15:16 On est en train de changer totalement cette industrie.
15:19 Et on le fait de manière dépolarisée, avec des majorités assez larges.
15:24 Et là, les pesticides ?
15:25 Et le sujet, le sujet sur lequel nous n'arrivons pas à dépolariser, à trouver le chemin avec
15:30 les agriculteurs, pas contre eux, mais pas non plus le statu quo, c'est l'agriculture.
15:35 On n'y arrive pas.
15:37 Je plaide par exemple pour des contrats de transition agricole, exactement comme Roland
15:43 Lescure vient de faire, le ministre de l'Industrie, les 50 contrats de décarbonation de notre
15:48 industrie.
15:49 Quelque chose de formidable.
15:50 Vous savez que les 50 contrats de décarbonation qui ont été annoncés et signés cette semaine,
15:56 c'est l'équivalent en termes d'émissions de CO2, des deux tiers des émissions de CO2
16:01 de toutes les voitures qui roulent en France.
16:03 Sur 50 sites en France.
16:04 On va les décarboner avec eux.
16:06 Donc il faut qu'on arrive à trouver ce chemin avec les agriculteurs parce que la polarisation,
16:10 c'est la recette du léger.
16:11 Mais ça ne va pas être tout de suite ?
16:12 Malheureusement, je le regrette, je suis le premier à le… vraiment je me suis battu
16:15 comme un fou pour essayer de trouver ce chemin.
16:18 Malheureusement, on n'a pas réussi.
16:19 Donc on va remettre l'ouvrage sur le métier parce que, évidemment, je ne renoncerai pas
16:23 à ce qu'on trouve ce chemin, mais je ne peux pas cautionner un texte qui aurait été
16:26 du pur greenwashing.
16:27 On retourne au Standard Inter, Pascal Canfin.
16:30 Bonjour Eric !
16:31 Oui, bonjour.
16:32 Vous nous appelez du Var ?
16:34 Oui, je vous appelle du Var.
16:35 C'est très impressionnant d'entendre un député européen sûr de lui comme ça.
16:40 Franchement, bravo !
16:41 Reculade sur le glyphosate, reculade sur les pesticides, reculade sur les emballages.
16:46 Dans six mois, c'est les élections européennes.
16:49 Vous me conseillez de voter pour quel lobby ?
16:51 Ça vous fait sourire.
16:54 Merci pour votre question, Eric.
16:55 Merci pour votre question.
16:56 Sur les emballages, il y a eu des reculs.
16:59 J'évoquais à l'instant.
17:01 C'est directement issu d'une campagne de lobbying mensongère d'une entreprise qui
17:05 s'appelle McDonald's.
17:06 Et je n'ai aucun problème à le citer aujourd'hui parce que, comme je le disais, il y a d'autres
17:10 entreprises qui au contraire nous ont aidé.
17:11 Mais il y a tellement d'avancées dans ce texte, tellement d'avancées.
17:15 100% des emballages qui seront mis sur le marché en 2030, c'est-à-dire dans sept
17:19 ans, devront être 100% recyclables.
17:21 Et en 2035, 100% recyclés.
17:24 C'est une révolution pour une industrie qui pèse 350 milliards d'euros aujourd'hui.
17:30 On fait cette révolution dans une industrie, l'emballage, comme on le fait pour les
17:33 bus, pour les camions, pour l'énergie, etc.
17:35 Ça, ça marche.
17:36 Donc, il n'y a pas de reculade.
17:37 Il y a eu une défaite, directement liée à un lobbying, mais de manière générale,
17:41 grande avancée.
17:42 Et de nouveau, une mauvaise image donnée de l'Europe qui s'occupe de l'emballage
17:44 des camemberts.
17:45 Mais c'est pas de l'Europe !
17:46 Alors, le camembert, nous avons…
17:48 Je plaisante.
17:49 Non, non, mais vous avez raison.
17:50 C'est comme ça que la question a été perçue par beaucoup.
17:52 Le texte couvre 350 milliards d'emballages, d'accord, en termes d'euros, des millions
17:58 de tonnes d'emballages et de déchets.
18:00 La question qui a été médiatisée, c'est la boîte de camembert en bois.
18:04 Je le regrette, mais néanmoins, nous avons, c'est moi qui l'ai déposé, cet amendement,
18:09 pour faire en sorte que, bien évidemment, ce texte ne remette pas ni la boîte de camembert
18:15 en cause, ni la boîte de Mondor, ni la boîte de Vacherin, ni la bourriche d'huître,
18:21 ni la boîte de Gorgonzola.
18:22 Je vous fais la totale.
18:23 Il y a 300 ou plus de fromages en fond.
18:26 Non, justement, il y en a 7 qui sont emballés dans des emballages en bois.
18:29 Et comme c'est tellement petit, c'est très symbolique et très important, mais
18:32 rapporté à l'échelle de tout ce qu'on fait, c'est tellement petit que ça avait
18:35 échappé comme spécificité à la loi.
18:37 Je le rappelle, il n'y a jamais eu d'intention de l'Union Européenne, de personne, de sacrifier,
18:43 de mettre fin à la boîte de camembert en bois.
18:45 Et maintenant, grâce à l'amendement qui est passé, le franc est…
18:47 Les amoureux du camembert sont rassurés.
18:48 Ils sont sauvés.
18:49 Mais là, Pascal, vous mentionnez avec beaucoup de transparence les lobbies, celui de McDonnell,
18:55 le lobby de la Glicol…
18:56 C'est mon devoir de le faire.
18:57 Mon devoir démocratique de le faire.
18:58 Quand on voit l'influence justement de ces lobbies, y compris sur certains votes, vous
19:01 comprenez que des électeurs puissent se dire "bah non, pas la peine de se rendre aux
19:04 urnes finalement puisque ce sont en partie les lobbies qui vont décider des décisions
19:07 prises".
19:08 C'est un Français sur deux qui vote aux élections européennes.
19:10 Oui, c'est plus que les dernières législatives.
19:12 Oui, c'est pas beaucoup quand même.
19:13 C'est-à-dire que là, je ne vous dis pas que c'est assez et on va évidemment faire
19:16 en sorte que…
19:17 Vous vous entendez peu là.
19:18 L'idée selon laquelle les Français voudraient particulièrement les élections européennes
19:22 et ne s'intéresseraient particulièrement pas à l'Europe, c'est pas vrai.
19:26 Puisqu'ils ont voté encore moins aux dernières législatives.
19:28 Donc ils votent aussi les législatives.
19:31 Évidemment.
19:32 Je ne vous dis pas que c'est bien.
19:33 Je vous dis juste que la réalité, c'est celle-là.
19:34 Donc il n'y a pas de raison de dire particulièrement l'Europe.
19:36 Par contre, on va évidemment se battre.
19:38 Déjà pour que les gens s'inscrivent sur les listes électorales.
19:40 Je le rappelle à tous ceux qui ne sont pas inscrits, vous avez jusqu'à la fin de l'année
19:43 pour le faire.
19:44 D'une part, on va montrer les enjeux absolument fondamentaux, historiques de cette campagne.
19:51 Et j'espère que ça mobilisera les électeurs.
19:53 Je le rappelle, on a eu le retour de la guerre en Europe.
19:55 Et là, il y a eu deux camps.
19:57 Il y a ceux qui ont soutenu Poutine et ceux qui ont soutenu l'Ukraine.
20:00 Et c'est quand même pas tout à fait la même chose.
20:02 Quand le Rassemblement national au Parlement européen vote contre l'aide financière
20:06 à l'Ukraine, si les groupes équivalents au RN avaient gagné, s'ils avaient eu la
20:12 majorité au Parlement européen, ça aurait donné quelle histoire ?
20:15 Ça aurait donné l'effondrement de l'Ukraine il y a un an.
20:20 C'est ça.
20:21 Il faut prendre conscience de ce que ça veut dire de l'extrême droite en responsabilité.
20:26 S'il y avait eu plus de députés d'extrême droite, il n'y aurait pas eu de plan de relance
20:29 européen.
20:30 Pas d'investissement dans 750 milliards d'euros mis en commun.
20:33 Qu'est-ce que ça voulait dire pour tous les commerçants qui ont été sauvés grâce
20:37 à cet argent ? Ça voulait dire la clé sous la porte.
20:41 C'est ça l'embranchement qui sera devant nous, ce choix historique qui sera devant
20:45 nous aux élections européennes.
20:47 Le 9 juin prochain, il y a une urgence climatique.
20:49 Vous le savez mieux que personne, le gouvernement va présenter sa loi de programmation énergie-climat
20:53 début 2024.
20:54 Janvier, février, on ne sait pas exactement.
20:57 Elle a déjà été repoussée d'un an.
20:59 On se demande pourquoi attendre alors qu'on est vraiment face à une urgence cruciale.
21:04 Et l'objectif c'est de sortir de la dépendance aux énergies fossiles, des énergies que
21:10 vous avez qualifiées de produits meurtriers par le passé.
21:14 Et cette consommation énergétique, elle dépend à 60% des énergies fossiles.
21:21 Comment en faire tout simplement ?
21:23 Regardez, la même semaine, là aussi, je pense que c'est très important de montrer
21:28 les choix politiques qui sont devant nous.
21:30 Sur ce sujet de la dépendance au pétrole, la France a sorti avec du retard.
21:36 Je suis d'accord avec vous parce qu'on a vraiment fait le travail.
21:39 Et quand vous faites vraiment le travail, ça prend généralement un petit peu plus
21:42 de temps que juste quand vous rendez une copie qui n'a pas beaucoup de sens.
21:45 On a vraiment fait le travail pour documenter de manière extrêmement précise comment
21:51 nous allons diviser par deux notre dépendance au pétrole dans les années qui viennent
21:57 d'ici 2030.
21:58 Diviser par deux, c'est ça l'objectif qu'on s'est fixé.
22:00 Passer de 60% la totalité de l'énergie consommée pétrole à 30%.
22:04 Et donc on le fait avec les renouvelables, avec le nucléaire, avec la sobriété énergétique,
22:09 avec les énergies locales type le biomethane, avec les géothermies, etc.
22:15 C'est tout ce panier de solutions puisque nous, nous sommes les seuls dans le champ
22:19 politique français, non pas à picorer des solutions quand ça nous arrange, mais à
22:24 faire toutes les solutions nécessaires pour sortir du pétrole.
22:26 Le même semaine, j'ai là dans mon téléphone l'amendement du Rassemblement national sur
22:31 la COP 28 qui s'ouvre dans quelques jours.
22:33 La phrase "diminuer notre dépendance au pétrole" a été faite l'objet d'un amendement du
22:38 Rassemblement national de Jordan Bardella pour le supprimer.
22:41 Et au fond, notre dépendance au pétrole, c'est notre dépendance à qui ? A l'Arabie
22:46 Saoudite, au Qatar, à l'Algérie.
22:47 Et au fond, le Rassemblement national, ce sont les idiots utiles de ces pays et de ces
22:52 régimes.
22:53 - Pascal, enfin le temps passe très vite, donc c'est bientôt, on l'a compris, l'élection
22:56 européenne.
22:57 Qui sera la tête de liste Rignou pour cette élection ? Parce qu'on sait qui ne sera
23:00 pas, Thierry Breton a dit non, Bruno Le Maire a dit non, Elisabeth Borne a dit non.
23:03 Personne ne veut y aller ?
23:04 - Je crois qu'on a fait un grand pas cette semaine dans le fait que Stéphane Séjourné,
23:09 qui est le président de Renaissance, le président du groupe Rignou au Parlement européen, sera
23:14 notre candidat à l'élection européenne.
23:16 Je m'en réjouis, je le soutiens bien évidemment à 100%.
23:19 - Et donc vous conjuguez au futur, pas au conditionnel, il sera la tête de liste ?
23:24 - Écoutez, il sera très probablement la tête de liste, mais j'en ai discuté avec
23:28 lui, on a discuté cette semaine, il a envie d'y aller, il a envie de mener la bataille
23:31 que je viens de décrire, donc je pense qu'il est extrêmement probable qu'il soit la tête
23:35 de liste de la majorité présidentielle.
23:36 - Bon, pas besoin de sous-titres en tout cas.
23:37 Merci infiniment Pascal Quentin d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.
23:41 Bonne journée.

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