Tous les week-end Pascal de la Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont au programme.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend
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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatour-Dupin.
00:06Bonsoir Georges Finek, merci d'être avec nous en studio, ce soir, studio d'Europe 1
00:12pour Europe 1 Soir Week-end et Nathan Devers qui nous a rejoint également.
00:15Bonsoir chère Pascale.
00:16Bonsoir Nathan, j'imagine que vous avez lu l'interview de Nicolas Sarkozy dans les colonnes du Figaro.
00:20On a lu que ça depuis 3 semaines.
00:22Que ça depuis 3 semaines.
00:23Bien sûr.
00:24C'est vrai, pourquoi vous dites ça, que ça depuis 3 semaines ? Parce que ça vient de sortir,
00:26c'est-à-dire qu'il n'y a rien de nouveau dans le discours de Nicolas Sarkozy, Nathan Devers.
00:29C'est ironique, c'est une allusion. Dans La Recherche du Temps Perdu, il y a un personnage qui s'appelle Swan
00:33et qui dit qu'on devrait lire un peu moins le journal et un peu plus Pascal.
00:36Et on lit Pascal 3 fois dans sa vie et le journal tous les matins, on devrait faire l'inverse.
00:40Mais on commentera, on reviendra sur les déclarations de Nicolas Sarkozy.
00:45Il y a un philosophe avec nous.
00:47J'adore.
00:48Effectivement, il élève le niveau de débat, c'est ça, il élève le débat.
00:53Georges Fenech, un mot quand même sur ce qu'a dit Nicolas Sarkozy, qui dit un peu,
00:59allez à droite ça suffit, ça suffit les amis, arrêtez de vous diviser.
01:02Arrêtez, le pays a besoin d'une stabilité.
01:05Il appelle juste, et je voudrais qu'on revienne là-dessus, à ce que les républicains choisissent ensemble un nouveau Premier Ministre.
01:11Et ce que je disais tout à l'heure, il verrait bien que vous avez Bertrand lui, pas Valérie Pécresse, pas Laurent Wauquiez.
01:15Vous avez Bertrand.
01:17Oui, j'ai bien entendu ce qu'a dit Nicolas Sarkozy qui reste une autorité morale tutélaire pour notre famille politique à laquelle j'ai appartenu activement.
01:29Et donc, il faut toujours écouter ce que dit l'ancien Président de la République,
01:34même s'il a pris des distances par rapport à l'action politique évidemment.
01:38Mais sans lui faire offense à mon cher Président Nicolas Sarkozy,
01:43je partage son avis, je pense que c'est l'heure, moi je pense que c'est l'heure pour un Premier Ministre de droite, de cette droite républicaine.
01:52Cité des noms, vous les avez cités.
01:54Sauf qu'il oublie de dire dans son interview une chose qui me paraît très importante et sans laquelle c'est inacceptable.
02:02Un Premier Ministre de droite, mais pourquoi faire ?
02:04Est-ce que le Président de la République acceptera de faire jouer l'article 20 de la Constitution ?
02:12Parce que s'il ne donne pas les clés de la politique à ce Premier Ministre,
02:17ça veut dire qu'on est dans une forme de coalition avec les macronistes et ça c'est inacceptable.
02:22Il faut donc nommer un Premier Ministre dans le cadre d'une cohabitation et non pas une coalition.
02:30C'est-à-dire que le Président de la République accepte de se mettre en retrait de la politique gouvernementale
02:35et donne les clés et les coups des franches à Xavier Bertrand, Laurent Bouquet, à tous les noms que vous avez cités.
02:41Là ça peut fonctionner, je pense qu'avec l'expérience qui sera la sienne parmi les noms que vous avez cités,
02:47leur capacité à convaincre, à rallier une majorité, derrière vous aurez ensuite peut-être pour l'espérer, c'est la seule solution.
02:55Mais j'ai l'impression que le Président de la République n'a toujours pas réalisé qu'il n'a plus le pouvoir politique.
03:02Il n'a plus qu'un seul pouvoir aujourd'hui effectivement, c'est celui de nommer le Premier Ministre,
03:06mais à condition encore une fois qu'il fasse jouer la Constitution.
03:10Et c'est pour ça Nathan Devers, à votre avis, que Emmanuel Macron prend son temps, 45 jours,
03:15on n'a toujours pas de Premier Ministre désigné, on ne sait pas trop où on est, on a un gouvernement qui gouverne sans gouverner.
03:21Est-ce qu'Emmanuel Macron prend un certain plaisir peut-être à nous faire attendre, attendre de prendre une décision ?
03:29Probablement qu'il prend en effet ce plaisir, c'est le côté maître des horloges, imitateur de François Mitterrand,
03:36conseillé par pilant et collé, je contrôle la temporalité, je séduis, je crée du désir, je crée de l'attente.
03:43Mais je pense qu'il risque de tomber dans un piège qu'il croit tendre à la classe politique voire aux Français.
03:50Parce qu'à la suite du deuxième tour des élections législatives, n'importe quel Français doté d'un minimum de bon sens
03:55a bien compris qu'aucune force politique n'avait gagné ces élections.
03:59Ni le NFP, ni ce qu'on pourrait appeler la droite, ni le macronisme, ni l'extrême droite.
04:04Et ce qui est frappant au terme de l'été, c'est qu'on voit la classe politique être, si vous voulez, d'une rigidité implacable,
04:11chacun prétendant tirer la couverture à soi-même en prétendant avoir gagné ou être en capacité d'agir.
04:18Et l'interview de Nicolas Sarkozy que vous citiez tout à l'heure, même si ses avis sont toujours intéressants, c'est exactement ça.
04:23Il parle de la droite. Les Français, ils aimeraient qu'on parle de la France, pas de la droite, pas du NFP, pas de la gauche, pas du macronisme,
04:30de la France, de l'intérêt général.
04:32Alors, Nathan Devers et Georges Fenech, on a les mots d'Emmanuel Macron qui a été interrogé lors de son déplacement à Belgrade en Serbie sur ce sujet.
04:40Pourquoi prend-il son temps pour désigner un Premier ministre ?
04:44Croyez bien que je fais tous mes efforts, et les jours et les nuits, et que je le fais depuis des semaines, même si vous ne l'avez pas forcément vu.
04:52Pour aboutir à la meilleure solution pour le pays.
04:55En tout cas, la France, c'est un gouvernement qui gère les affaires courantes, qui en même temps fait face aux défis, aux crises du moment.
05:01Donc, je ne voudrais pas qu'on laisse s'installer l'idée que les affaires ne sont pas suivies.
05:06Après, je ferai mes meilleurs efforts et je parlerai aux Français en temps voulu et dans le bon cadre.
05:09Georges Fenech, vous voyez réagir à l'écoute de cet extrait sonore ? Vous n'y croyez pas du tout ?
05:16Que je fasse des efforts, des efforts pour la France, des efforts...
05:19Mais bon, c'est le rôle du Président de la République, de mouiller la smise, en quelque sorte.
05:25Mais rien ne le contraint à désigner un Premier ministre ?
05:29Oui, rien ne le contraint, rien, effectivement.
05:33On peut rester comme ça pendant des mois ?
05:34Bien sûr, on peut rester... Alors, on pourrait citer un autre poète, peut-être,
05:37autant suspend ton vol et puis on peut rester comme ça pendant des années, pourquoi pas ?
05:42Sauf que là, Nicolas Sarkozy a raison de rappeler les crises majeures et le fait que nous soyons au bord du précipice, si ça continue.
05:50Et là où je m'écarte un peu de la formule Nicolas Sarkozy aussi, c'est quand il dit qu'il faut aller aider le Président.
05:55Je ne suis pas d'accord, il ne faut pas aller aider M. Macron, pas du tout.
05:58Il faut demander à M. Macron de tirer les conséquences de sa défaite,
06:01c'est le macronisme qui a été défait à trois reprises consécutives,
06:06et de se retirer sur son levantin, s'occupant de ses attributions de Président jusqu'en 2027,
06:11c'est-à-dire l'armée, les affaires étrangères, etc.
06:14Mais surtout qu'il tire les conséquences de cette défaite,
06:17et qu'il nomme effectivement un Premier ministre en lui laissant,
06:20et je répète encore une fois, les clés du gouvernement.
06:23Vous n'y croyez pas deux secondes, Nathan Delvers. Emmanuel Macron laissera-t-il les clés du gouvernement ?
06:27Ça, je ne suis pas devin, mais je pense surtout qu'Emmanuel Macron a le choix.
06:31On ne peut pas dire qu'il ait eu une défaite si cuisante que cela.
06:34La vérité, si on se remet dans le contexte des européennes,
06:37c'est que le Rassemblement national fait un score écrasant,
06:40le macronisme fait un score très mauvais après une campagne qui était vraiment ratée,
06:45et qu'Emmanuel Macron fait cette dissolution de manière accélérée,
06:49et que si on se remet dans la conjoncture de l'époque,
06:52le seul parti politique qui a été mis en faiblesse par cette décision,
06:57active, c'était son propre parti.
06:59Emmanuel Macron a fait un mauvais coup au macronisme.
07:03Et ça, dans l'histoire de la Ve, ça n'est jamais arrivé.
07:06Et c'est assez troublant, d'ailleurs, à remarquer.
07:09C'est qu'évidemment, à l'époque, si on se souvient, dans l'entre-deux-tours notamment,
07:13tout le monde pensait que Jordan Bardella allait accéder à Matignon,
07:16et qu'Emmanuel Macron allait lui confier les clés du pouvoir,
07:19Emmanuel Macron le premier.
07:21Or, ce qui se passe, on l'a bien vu,
07:23c'est que les macronistes ont fait une campagne,
07:25évidemment, ils n'ont pas de majorité, ni relative, ni absolue,
07:27mais qui est loin d'être la bérésina qui était annoncée pour eux.
07:31Et qu'à partir de là, ça redessine les clés de la logique politique.
07:36D'ailleurs, il y a eu un sondage il y a quelques jours qui montrait
07:38que parmi les personnages dont les Français avaient envie qu'il soit à Matignon,
07:42le premier, c'était Gabriel Attal, qui était à 42%,
07:46suivi de Jordan Bardella, suivi de Xavier Bertrand à 32%.
07:50Xavier Bertrand, troisième position.
07:52De mémoire, c'était cela, oui, Xavier Bertrand, en tout cas, à 32%.
07:55Mais le premier, c'était Gabriel Attal.
07:56Ce que je veux dire par là, c'est qu'il me semble qu'il y a la possibilité
07:59de construire une coalition qui soit non pas macroniste,
08:02mais qui soit du macronisme élargi,
08:04c'est-à-dire appliqué à la fois aux socialistes, aux communistes pourquoi pas,
08:08aux écologistes et puis aux LR.
08:10Et à partir de là, réfléchir, encore une fois, je reviens sur ce mot de rousseau,
08:13l'intérêt général.
08:14Oui, mais l'intérêt général, j'ai l'impression...
08:16Mais attendez, Georges Fénéric, est-ce que vous êtes d'accord ?
08:18Est-ce que les politiciens, les hommes politiques, les femmes politiques aujourd'hui
08:21ont le sens de l'intérêt général ?
08:23On en parlait, voilà, bien sûr que non.
08:25On en parlait, il y a une heure...
08:27Pas d'anti-parlementarisme, Nathan !
08:28Mais non, mais Georges Fénéric, on a l'impression qu'ils sont déjà projetés,
08:30les uns sur 2027, les autres sur l'anti-desaffaires...
08:32On va quand même pas faire la révolution !
08:34Non, mais est-ce que vraiment, il y a encore des hommes et des femmes politiques qui ont ce souci-là ?
08:38Mais bien sûr, ils ont le souci de l'intérêt général, autrement on ferait autre chose.
08:39Croyez-moi, c'est difficile, la politique, et c'est plein d'ingratitudes.
08:43Moi, j'aimais le vœu d'entendre, puisque le Président a dit qu'il allait s'exprimer,
08:46et le moment venu, j'aimais le vœu que le Président de la République
08:49dise aux Français, j'ai compris, j'ai compris, voilà.
08:54Donc, je vais nommer, alors, admettons un nom d'un ministre,
08:58un Premier ministre de droite, Wauquiez, M. Bertrand,
09:01en lui demandant de conduire la politique gouvernementale.
09:05Et là, ça va se traduire comment ?
09:07Si c'est M. Xavier Bertrand, ou M. Wauquiez, ou Mme Pécret, ça va se traduire comment ?
09:11Ça va se traduire par un ministre de la Justice, qui va rétablir les plaines planchers,
09:16qui va construire des places de prison,
09:18par un ministre de l'Intérieur qui va refaire une loi sur l'immigration,
09:21que les Français attendent, vous voyez ?
09:23C'est tout cela, s'il ne le fait pas, ça veut dire qu'il n'y a pas eu d'élection,
09:27et qu'on continue comme avant, et ça, c'est inacceptable.