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Georges-Louis Bouchez commente l'actualité de ces dernières semaines avec le journaliste Didier Swysen dans le studio Sudinfo.
Transcription
00:00 [Musique]
00:04 - Changeons peut-être de sujet, un autre sujet tout aussi chaud,
00:07 c'est conflit israélo-palestinien.
00:09 Ce matin, vous pouvez nous assurer que le film sur les atrocités du Hamas
00:14 passera bien jeudi prochain à 11h au Sénat.
00:17 - Oui, bien sûr.
00:18 - Il n'y a plus de barrières possibles, pas de tourniquets possibles.
00:21 - Mais de toute façon, en tant qu'Issache, j'ai eu plaisir à rappeler à toute une série d'acteurs
00:27 que nous n'avons pas d'autorisation à demander pour réserver une salle
00:31 pour la réunion d'un groupe politique.
00:33 Le MR est un groupe politique démocratique du Parlement.
00:37 J'ai donc réservé au nom du MR une salle en tant que sénateur
00:42 et au sein de cette salle, nous invitons qui nous souhaitons.
00:46 Je laisse bien évidemment l'initiative aux personnes qui sont détentrices de ce film
00:52 d'envoyer les invitations à quiconque,
00:56 mais en tous les cas, comme plein de groupes politiques,
00:59 chaque semaine on réserve une salle pour notre réunion de groupe.
01:03 On a réservé des salles pour mener un colloque sur l'avenir de l'industrie aérospatiale, par exemple.
01:09 Les autres partis le font, mais si on est capable de recevoir Greenpeace,
01:15 l'autorité palestinienne, le VVF, etc.,
01:20 je pense qu'on est capable aussi de recevoir l'ambassadrice d'Israël.
01:24 Un instructeur de la police me disait hier que celui qui diffuserait ce film,
01:29 quel qu'il soit, s'exposerait à une infraction pénale.
01:33 Mais ce monsieur, il faut vraiment me le présenter,
01:35 parce qu'en plus il a témoigné de façon anonyme,
01:37 ce qui montre à quel point il est sûr de ce qu'il dit.
01:41 J'ai une thèse sur les déclarations anonymes.
01:44 Les déclarations anonymes, c'est comme les pets, en fait.
01:47 Ça fait beaucoup de bruit, en général ça sent pas bon,
01:49 ça soulage uniquement celui qui en est l'auteur, mais ça ne sert à rien pour les autres.
01:53 Ici, c'est un peu la même chose, parce que c'est assez absurde.
01:57 J'ai moi-même été assistant en droit public.
01:59 Justement, ce n'est pas une diffusion grand public.
02:02 Et donc, ce qui est visé par l'article du code pénal,
02:05 c'est une diffusion à grand public qui amène soit à la valorisation,
02:10 soit à l'incitation, soit simplement à exposer des gens à des contenus extrêmement choquants.
02:15 Ici, on n'est pas dans une diffusion grand public.
02:17 On est dans le cadre d'une diffusion qui est exclusivement réservée à des parlementaires
02:20 dans l'exercice de leur mission.
02:22 Eh bien, on retrouve justement l'intérêt de l'immunité.
02:25 L'immunité n'est pas faite pour permettre à des parlementaires de déprivilégier,
02:30 mais justement de pouvoir exercer leur mission pleinement.
02:34 Et donc, le propos qui est tenu là n'a aucun sens.
02:38 Dans certaines circonstances spécifiques, vous pouvez prendre connaissance de certains contenus.
02:41 Par exemple, dans le cadre d'un procès.
02:43 Si demain, vous êtes jury à un procès où on parle d'actes extrêmement violents
02:47 ou de grandes pornographies qui est visé par l'article,
02:50 ben, fatalement, vous devez voir les images pour pouvoir prendre une décision.
02:54 Eh bien, c'est un peu la même chose.
02:55 C'est même totalement la même chose.
02:56 Pour que les parlementaires puissent prendre attitude sur le conflit israélo-palestinien,
03:00 ils doivent prendre connaissance de tous les faits.
03:03 Et donc, ça fait partie également des faits dont on prend connaissance.
03:06 Mais il est bien évident, et là par contre, cet instructeur a totalement raison,
03:11 qu'il n'est nullement question de diffuser ce film à l'extérieur et au grand public.
03:16 Là par contre, vous rentreriez...
03:18 C'était effectivement aussi son propos de dire qu'il va y avoir des fouites et ça pourrait...
03:21 Alors là, vous rentrez dans le cadre de la loi,
03:23 mais il ne pourrait y avoir de fouite pour une raison très simple.
03:25 C'est que moi, je n'ai pas le fichier de ce film.
03:28 Et ma formation politique ne l'a pas.
03:31 Aujourd'hui, seul l'ambassade d'Israël détient ce fichier.
03:34 C'est la raison pour laquelle l'ambassadrice vient.
03:36 C'est la raison pour laquelle les invitations seront envoyées par l'ambassade d'Israël.
03:39 Moi, j'ai juste voulu, en tant que libéral,
03:42 permettre à ce qu'il n'y ait pas de censure dans cette assemblée.
03:45 Parce que la censure d'une assemblée démocratique,
03:48 c'est la pire chose que l'on puisse commettre dans une démocratie.
03:52 Et donc, moi, j'ai lutté contre la censure.
03:54 Je pense qu'en tant que président du Parti libéral, c'est mon devoir.
03:57 Pour le reste, ce n'est pas à m'occuper de la diffusion, des invitations, etc.
04:04 Et donc, il n'y a aucun risque de fouite à partir du moment où le film lui-même ne circule pas entre nous.
04:08 Et vous répondez quoi à ceux qui disent, on est déjà...
04:11 Je parle parlementaire, évidemment.
04:12 On est déjà suffisamment documenté.
04:13 Ce film sert surtout à justifier la réaction et les crimes d'Israël en point de Gaza.
04:20 Écoutez, si on est suffisamment documenté,
04:23 pourquoi on continue à avoir un grand renfort de partage
04:29 des images sur la situation à Gaza sur les réseaux sociaux ?
04:32 Ça n'a aucun sens.
04:33 Donc, à un moment donné, moi, je vais être clair avec vous.
04:37 La volonté du mouvement réformateur, c'est d'avoir l'équilibre.
04:41 Et donc, il y a des images du matin au soir sur ce qui se passe à Gaza.
04:45 Ça permet de façon tout à fait légitime, tout à fait légitime,
04:49 de condamner certains actes de l'armée israélienne
04:53 et de condamner une situation qui choque tout le monde.
04:57 Sans prendre à des civils, avoir des enfants qui meurent, ça choque tout le monde.
05:02 Personne ne voudrait vivre cette situation.
05:05 Personne qui a un tant soit peu d'humanité ne peut rester insensible à cette situation.
05:10 C'est ça qui nous amène collectivement à demander à la fois des pauses humanitaires,
05:13 cessez le feu, mais aussi la libération des otages.
05:16 Mais donc, à partir de ce moment-là,
05:18 est-ce que diffuser ce film diminue l'indignation sur ce qui se passe à Gaza ?
05:24 Certainement pas.
05:26 Mais est-ce que le fait de diffuser ce film permet deux choses ?
05:29 Un, à des parlementaires de mieux comprendre la situation
05:33 et donc de prendre une attitude qui est plus légitime,
05:37 mieux documentée, mieux informée ? Oui.
05:40 Et deux, est-ce que la diffusion de ce film permet aussi de lutter contre certains
05:44 qui essayent déjà de minimiser, de peut-être dire...
05:50 Moi j'ai lu les théories du complot selon lesquelles ces actes auraient été commis,
05:54 peut-être pas par le Hamas en fait, parce que vous vous rendez compte,
05:57 il a fallu un certain temps pour que l'armée intervienne, etc.
06:00 C'est pour lutter contre tout comportement qui vise à nier la réalité.
06:05 Et donc oui, c'est indispensable dans un devoir à la fois d'information,
06:12 si pas les parlementaires choisissent leur vérité,
06:15 et deux, dans un devoir également de mémoire, de conscience et de respect.
06:19 Je termine juste sur une chose, c'est que si les parlementaires veulent s'exprimer sur le sujet,
06:23 ils se doivent de prendre en compte toutes les pièces qu'on leur soumet.
06:27 Il y aura des pièces plus valables que d'autres peut-être,
06:31 mais je ne vois pas pourquoi nous prendrions les images sur les réseaux sociaux
06:34 qui viennent de la bande de Gaza, dont certaines images,
06:36 où il est, je ne dis pas que les faits ne sont pas exacts,
06:39 mais certaines images où on ne sait pas qui est l'auteur,
06:42 on ne sait pas la date, on ne sait pas la provenance, etc.
06:45 Je rappelle quand même qu'il semblerait qu'il y ait 400 000 comptes TikTok
06:49 dirigés depuis la Russie pour diffuser ces images.
06:51 Ça ne vient pas non plus de nulle part et par hasard.
06:54 Mais donc on doit prendre ces pièces-là, on doit les prendre pleinement,
06:58 on doit les prendre avec sérieux, recul aussi.
07:01 Eh bien, on doit prendre les pièces aussi qui nous sont soumises ici avec sérieux recul,
07:05 comme les rapports de l'UNICEF, comme les rapports de l'ONU,
07:08 comme les rapports de la Croix-Rouge.
07:09 Mais ce que je n'accepte pas, et je termine par là,
07:12 c'est qu'à un moment donné, on dise voilà,
07:14 vous avez toute une série de pièces sur la table,
07:16 je ne vais en prendre qu'une partie et je vais volontairement
07:20 ignorer une partie des éléments en ma possession.
07:24 Sur quelle base avons-nous une légitimité
07:27 et sur quelle base pouvons-nous nous reposer
07:31 pour ignorer une partie des réalités ?
07:33 C'est complètement surréaliste que certains défendent une position pareille.
07:37 Ce qu'a fait le 7 octobre le groupe terroriste Hamas
07:41 est évidemment atroce.
07:42 Est-ce que vous jugez que la réaction israélienne est disproportionnée
07:45 ou devient disproportionnée ?
07:47 Écoutez, moi je ne raisonne pas en ces termes.
07:49 Je vais vous dire pourquoi.
07:50 Parce qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de gens qui prennent des positions
07:53 sur des éléments, sur des faits dont on n'a pas les éléments tangibles.
07:58 Aujourd'hui, je n'ai pas d'informations pour vous dire
08:01 si une frappe X était légitime parce qu'aujourd'hui,
08:05 il y a un vrai débat même avec les Nations Unies
08:10 sur le fait de savoir est-ce qu'à cet endroit-là,
08:12 il y avait des combattants, est-ce qu'il n'y en avait pas ?
08:13 Ce que je sais, ce que je sais,
08:16 c'est que s'en prendre à des populations civiles
08:18 est toujours, toujours dramatique
08:22 et au surplus, non acceptable, non acceptable pour nos pays.
08:29 Et donc, c'est clair qu'à partir du moment où il y a des victimes civiles,
08:34 c'est quelque chose qui est condamnable en soi.
08:37 Est-ce que pour autant, il y a toute une série de qualificatifs
08:40 tels qu'on peut les lire aujourd'hui ?
08:43 Là, il faut des éléments, il faut du recul.
08:45 Moi, je suis juriste.
08:47 Ce n'est pas parce qu'il y a des attitudes
08:49 qui sont condamnables sur le plan moral
08:52 qu'elles le sont automatiquement sur le plan juridique.
08:55 Et donc, ça, je crois qu'il faut avoir ce recul et cette tenue.
08:58 Mais est-ce qu'il y a une personne qui peut dire
09:02 qu'on peut être content, satisfait
09:06 ou ne pas voir un problème dans ce qui se passe à Gaza ?
09:08 Non, certainement pas.
09:10 Dans le même temps, je pose aussi une question.
09:13 Comment la Belgique réagirait
09:16 si le grand duché du Luxembourg était sous la domination de Daesh ?
09:19 Et que depuis le grand duché du Luxembourg,
09:21 en permanence, on nous tire des roquettes,
09:24 on prépare des opérations militaires contre nous.
09:26 Est-ce que nous aurions exactement le même raisonnement ?
09:29 Et donc, ce que je veux dire par là,
09:31 c'est qu'il y a l'attitude et la posture morale
09:36 qui ne peut que condamner les atteintes aux populations civiles.
09:39 Il y a aussi une réalité qui est extrêmement complexe.
09:42 Et donc, je tiens quand même à ce qu'on souligne
09:47 et qu'on ait conscience que la position pour Israël n'est pas simple.
09:52 Mais le fait que la position ne soit pas simple
09:55 ne donne pas le droit de tuer des civils dans le chef d'Israël.
10:00 Et donc, c'est pour ça que notre position a toujours été plus nuancée
10:05 parce qu'elle correspond plus à la réalité.
10:07 À un moment donné, quand on est face à une situation aussi difficile...
10:11 Moi, vous savez, j'ai entendu beaucoup de gens en Europe
10:13 qui avaient beaucoup de positionnements moraux.
10:17 Mais je n'entends pas beaucoup de gens qui ont une vraie solution.
10:20 Je pense que tout le monde est d'accord qu'on ne peut pas négocier avec le Hamas.
10:23 Donc, si on ne peut pas négocier avec le Hamas, il faut le détruire.
10:26 Mais le problème, c'est que le Hamas se cache parmi les populations civiles.
10:30 C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Israël n'a pas continué à bombarder indéfiniment,
10:34 mais envoie des troupes au sol.
10:37 Et donc, d'un autre côté,
10:39 je pense que la seule solution durable aujourd'hui pour la paix,
10:43 et c'est le seul camp que l'on doit choisir.
10:44 Nous, notre camp, c'est celui de la paix.
10:47 Et donc, on condamne à la fois Israël pour ses atteintes,
10:50 et on condamne le Hamas, non pas pour ses actes,
10:54 pour ce qu'il est, pour son idéologie,
10:57 et en plus pour ses actes.
10:59 Mais quoi qu'il en soit, il y a deux éléments à retenir.
11:02 C'est que la seule solution pour avoir une paix durable,
11:04 c'est d'avoir deux États à reconnaissance mutuelle,
11:07 ou un État avec des droits qui soient bien établis pour chacun,
11:12 et un mode de fonctionnement, peut-être même un pays fédéral,
11:15 ou quelque chose de ce type.
11:17 Mais aujourd'hui, force est de constater
11:20 qu'il n'y a pas beaucoup d'interlocuteurs du côté palestinien.
11:23 Et donc, j'ai vu que la Ligue arabe s'était réunie,
11:25 je pense que la Ligue arabe doit à un moment donné être consistante,
11:29 et donner à Israël un interlocuteur
11:33 qui permette d'établir une paix qui soit crédible,
11:37 et qui soit une paix commune pour les deux États.
11:40 Le deuxième élément, j'ai répondu à vos questions,
11:43 j'essaie de le faire avec le plus d'équilibre possible.
11:46 Moi, ma première règle, c'est qu'une victime civile,
11:49 c'est toujours une victime de trop.
11:51 De toute façon, dans une guerre, il n'y a que des perdants.
11:55 Après, il y en a beaucoup qui font des leçons de morale,
11:56 mais qui feraient bien de regarder ce que nos pays ont fait
11:58 lorsqu'ils étaient en situation de guerre,
12:00 que ce soit lors de la Seconde Guerre mondiale,
12:02 mais que ce soit également dans des opérations militaires
12:03 beaucoup plus récentes, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Irak.
12:09 Ça, je voudrais quand même voir le chef d'État occidental
12:12 qui a dirigé une coalition militaire à ces moments-là,
12:16 qui pourrait dire que l'ensemble des frappes qui ont été menées
12:19 étaient toutes parfaitement dirigées contre des combattants
12:23 qu'il n'y a jamais eu de victimes civiles.
12:25 À un moment donné, la guerre, c'est toujours un échec.
12:27 La guerre, c'est juste un drame.
12:29 À un moment, il faut arrêter dans une guerre d'essayer de dire
12:33 "Ah oui, mais ce côté-là, il y a des gentils".
12:35 Évidemment, la guerre en tant que telle, c'est toujours une catastrophe.
12:39 C'est la plus grande des catastrophes.
12:41 Mais il y a une chose aussi que je sais,
12:43 c'est que toutes ces agitations dans les conseils communaux,
12:46 toutes ces agitations au Parlement,
12:49 toutes ces agitations politiciennes,
12:52 n'amènent pas la paix là-bas, mais ça apporte la violence ici.
12:55 Et moi, depuis que je fais de la politique,
12:57 alors je suis encore jeune, mais néanmoins je me suis engagé.
12:59 Il y a un moment, j'ai toujours suivi la politique depuis que je suis enfant.
13:04 C'est la première fois que je suis aussi inquiet sur l'état de la société.
13:08 C'est la première fois que j'ai pu réaliser,
13:12 même dans des relations, des contacts, des gens que je connais,
13:16 à quel point en quelques semaines, la rationalité peut disparaître,
13:21 l'intelligence complètement s'éteindre,
13:25 voir le sens de la justice également,
13:28 et à quel point, à coup de vidéos sur les réseaux sociaux,
13:32 des gens pensent savoir.
13:35 Maintenant, les spécialistes du droit international, ça pullule.
13:38 Alors que je peux vous dire, pour avoir étudié le droit,
13:40 qu'en général, le droit international, et en particulier le droit de la guerre,
13:45 ce n'est pas nécessairement les matières où il y a le plus d'étudiants,
13:50 en tout cas sur le droit de la guerre.
13:52 Et qu'en fait, à un moment donné,
13:55 des gens paisibles, très bien,
13:57 peuvent eux-mêmes être habités par la haine.
14:00 Et moi, ce que je constate aujourd'hui, c'est que certaines formations politiques,
14:04 à des fins purement électoralistes,
14:09 sont en train d'agiter la haine.
14:11 Et c'est fou de voir en quelques jours, en quelques semaines,
14:14 comment des gens bien, des gens sympas, des gens calmes,
14:19 peuvent porter des discours d'une immense violence.
14:22 Je vous donne un simple exemple, l'usage du mot "sioniste" en permanence.
14:27 Pourquoi ?
14:28 Soit il y a des Israéliens, soit il y a des Juifs.
14:32 Mais ça veut dire quoi les sionistes ?
14:34 Le sionisme, c'est un mouvement qui visait à implanter,
14:37 donc un mouvement fondé au 19e siècle, fin du 19e siècle,
14:41 visant à implanter Israël là où Israël se trouve aujourd'hui.
14:45 Bon, et donc, ça veut dire quoi, les sionistes ?
14:49 Ça veut dire vouloir l'État d'Israël et son maintien.
14:53 Donc les anti-sionistes, je dois en déduire qu'ils veulent la disparition d'Israël ?
14:57 Comment on peut qualifier de vouloir la disparition d'un État ?
15:02 D'un État démocratique par ailleurs ?
15:04 Quand dans des manifestations à Bruxelles, on dit "la Palestine de la rivière à la mer",
15:08 il y a des gens qui se cantent ça.
15:09 J'ai même vu un élu écolo, alors c'est un élu communal, donc ok, voilà,
15:13 mais qui a été dire "ah, je ne me rendais pas compte de ce que voulait dire ce slogan".
15:17 Mais punaise, faut réfléchir quand même, surtout dans un sujet qui est aussi dangereux.
15:21 Moi, vous savez, quand je parle de ce sujet,
15:23 je sais que chaque mot, chaque place de la virgule est pesée,
15:29 parce que c'est un sujet extrêmement inflammable.
15:32 Et là, il y a des types qui vous disent "la Palestine de la rivière à la mer",
15:35 et puis le gars, il vous dit "ah, je ne savais pas ce que ça impliquait".
15:38 Bah, il regarde une carte, quoi, et il verra bien ce que ça implique.
15:41 Donc c'est grave, mais le plus grave, je vais vous dire ce que c'est.
15:46 Le plus grave, ce n'est pas les électoralistes, parce qu'on les a vus.
15:53 Ce n'est pas les idiots, parce que d'une certaine manière, ils n'en peuvent rien d'être cons.
15:58 Bon, il ferait bien de travailler un peu, mais le plus grave, c'est l'haute masse.
16:02 C'est ceux qui savent que c'est un problème, mais qui se taisent pour leur confort.
16:07 Ce sont ceux qui se taisent parce qu'ils ne veulent pas de problèmes.
16:11 Ce sont ceux qui se taisent parce qu'ils ne veulent pas de méchants commentaires sur les réseaux sociaux.
16:14 Ce sont ceux qui se taisent parce qu'ils ont peur des conséquences électorales.
16:18 Ce sont ceux qui se taisent parce qu'ils ne voudraient pas être taxés de ceci ou cela, ou d'être pris à partie.
16:26 Vous savez, les sociétés, en général, tournent mal, pas à cause des fous,
16:33 pas nécessairement à cause des idiots, parce qu'ils ne sont quand même pas les plus nombreux,
16:37 mais souvent à cause des lâches, qui ne veulent pas se lever quand il faut se lever.
16:41 Et ça, moi, je n'ai pas envie dans cette catégorie.
16:43 Alors, je sais qu'avoir une position équidistante, avoir une position pour la paix, c'est compliqué.
16:47 Parce qu'en fait, tout le monde a un camp. Il y a deux, trois sujets comme ça.
16:52 Vous êtes sûr qu'autour de la table, il y en a toujours un qui va plutôt dans un camp que dans un autre.
16:57 Et d'ailleurs, je conseille à tous vos lecteurs, s'ils ne veulent pas se disputer à Noël, surtout ne pas aborder le sujet.
17:02 Moi, je pense qu'on n'est pas obligé de prendre un camp entre la Palestine et Israël, sauf celui de la paix.
17:10 On n'est pas obligé, à un moment donné, de dire "je suis pro ceci, je suis pro cela".
17:15 Moi, je suis pro droit international, je suis pro paix, je suis pro droit à vivre en sécurité et je suis surtout anti tout mouvement terroriste.
17:23 Et d'ailleurs, à ce titre-là, moi, j'ai quand même été stupéfait de certains arguments.
17:28 Où j'ai entendu quand même, où on dit "vous savez, l'organisation terroriste ne disparaît que lorsque les raisons qui l'ont amené à exister disparaissent".
17:39 J'espère quand même qu'on ne devra pas instaurer un califat pour faire disparaître Daesh.
17:44 Ça n'a aucun sens. Dans l'histoire, on a... Alors, il y a des organisations terroristes.
17:49 Vous savez, ce qui définit qu'une organisation terroriste, à un moment donné, devienne légitime, c'est la légitimité morale de sa revendication.
18:00 Et donc, il y a des mouvements, par exemple Nelson Mandela, il y a des mouvements terroristes qui, à un moment donné, sont légitimés.
18:07 Alors, il y en a maintenant qui prennent Mandela en exemple sur le Hamas.
18:11 Mais il y a une différence. C'est que quand vous avez une revendication légitime, la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale était considérée comme terroriste.
18:20 Mais quand vous avez une revendication légitime, moralement, ça s'impose toujours.
18:26 Et donc, progressivement, celle qualifiée par certains d'organisation terroriste, eh bien, effectivement, se normalise.
18:33 Mais quand votre revendication de départ est une revendication qui, moralement, est profondément condamnable,
18:40 la seule manière de lutter contre ces organisations terroristes, c'est de les supprimer par la force.
18:45 Ce fut le cas de Daesh qu'on a considérablement réduit.
18:50 Ça a été le cas des talibans à une époque. C'est parce que l'État afghan n'a pas été capable, après, de maintenir cette pression sur les talibans.
18:58 Mais les talibans avaient reculé considérablement. Puis l'État afghan était totalement fantomatique.
19:04 Eh bien, les talibans sont revenus. Mais par le passé, dans d'autres circonstances, les cellules communistes combattantes, ça a été la même chose.
19:11 Donc, tous les mouvements terroristes, violents, qui visent la destruction de la vie humaine, la destruction de l'État, la destruction de la démocratie,
19:20 il n'y a eu qu'une seule manière de lutter. C'est pas de leur donner ce que ces organisations voulaient.
19:25 Il n'y avait qu'une seule manière, c'était de les détruire, désolé, mais par la force.
19:29 Sauf que le Hamas ou les talibans sont sans doute beaucoup plus enracinés dans leur terreau que les cellules communistes combattantes.
19:36 Très franchement, le Hamas, je ne crois pas, est tellement enraciné. Je crois qu'aujourd'hui, les palestiniens veulent un avenir.
19:43 Et si aujourd'hui, vous avez une organisation qui leur offre un avenir, et sans violence...
19:48 Vous savez, le Hamas est avant tout un problème pour la Palestine. Il faut arrêter. Il faut quand même se dire les choses.
19:54 Le Hamas, aujourd'hui, ne permet aucune liberté. Parce que moi, j'ai vu des marches, des LGBTQIA+, Solidaires, etc.
20:02 Ok, c'est très très bien d'être solidaire. Mais est-ce que ces mouvements se rendent compte que si aujourd'hui, ils vont à Gaza,
20:09 ils se font jeter de trois étages à cause de leur orientation sexuelle ? Donc il faut arrêter le sketch.
20:16 À un moment donné, oui, en soutien aux palestiniens, mais pas au Hamas. Il faut quand même oser affirmer cette distinction.
20:25 Et donc, aujourd'hui, le Hamas est surtout un problème pour les palestiniens. Ils tuent leur population aussi.
20:31 Ils s'en prennent à leur population. Ils reçoivent des centaines de millions de dollars qu'ils n'utilisent pas pour développer Gaza,
20:38 mais qu'ils utilisent uniquement pour détruire Israël.
20:42 Quel est le fondement du Hamas ? Le Hamas, c'est un mouvement islamiste. C'est-à-dire qu'il utilise l'islam à des fins politiques.
20:51 Et qu'il utilise l'islam comme un outil contre les autres. Les chrétiens, et en l'occurrence ici, en particulier les juifs,
20:58 compte tenu de la concomitance géographique avec Israël. Mais à un moment donné, il ne faut pas se tromper.
21:05 Ce n'est pas une armée de libération. Ils ne libèrent rien du tout. Regardez comment ils maintiennent leur population à Gaza.
21:10 Ils ont été déterrer tout le système d'égouttage, certainement payé avec de l'argent européen, pour utiliser les tuyaux comme lance-roquettes.
21:19 Et on va m'expliquer que ça, c'est une armée de libération. Alors, en ce qui concerne la Ligue arabe, moi, je veux bien tout ce qu'on veut.
21:26 Mais si aujourd'hui, une série de pays comme le Qatar ou l'Arabie saoudite voulaient réellement développer la Palestine,
21:36 ils en ont les moyens politiques et économiques. Ils en ont les moyens politiques grâce au fait qu'ils fournissent des réserves énergétiques.
21:45 Et les moyens économiques, je ne dois pas faire un grand dessin. Mais moi, je n'ai jamais... Vous savez, je ne suis pas de ceux qui font des grands jugements moraux
21:55 sur les uns et sur les autres. Mais à un moment donné, je pense que tout le monde a quand même vu et compris le jeu politique du Qatar.
22:02 Et ils jouent leur carte. Mais ne soyons pas naïfs. Ne soyons pas naïfs de ce qui est en train de se passer.
22:08 J'ai vu la réunion de la Ligue arabe. J'ai vu le retour aussi de Bachar el-Assad. Donc, il faut quand même, à un moment donné...
22:15 Et j'ai vu aussi des positions beaucoup plus raisonnables comme celle du Maroc. Le Maroc, le seul pays arabe à ne jamais avoir fait la guerre à Israël,
22:23 a une position qui n'est pas du tout, pas du tout, celle d'autres pays membres de la Ligue. Donc, attention à faire des schémas simplistes.
22:36 Ou d'un côté, il y aurait les gentils. De l'autre côté, les méchants. C'est beaucoup plus complexe que ça. Dans la Ligue arabe, il y a des chefs d'État et de gouvernement
22:43 qui sont des vrais espoirs pour leur pays. Il y en a aussi certains, je parlais de Bachar el-Assad, qui ont lancé du gaz sur leur propre population
22:51 et qui donc n'ont pas beaucoup et pas beaucoup de leçons à donner à qui que ce soit.

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