Quelques semaines après son partenaire de la RTBF Cyril Saugrain, c'est au tour de Rodrigo Beenkens de se prêter au jeu de l'entretien sur Cyclism'Actu ! Légendaire commentateur chez nos amis et confrères de la télévision belge, chez qui il a fait vivre pas moins de 30 Tour de France et la plupart des classiques belges depuis 1990, cet amoureux du cyclisme et du football a livré à Cyclism'Actu son regard d'expert sur l'année cycliste 2023: ses moments marquants, son avis tranché sur le meilleur coureur de la saison et les résultats du Vélo d'Or, la période dorée du cyclisme belge, les pépites tricolores, le retour de Julian Alaphilippe, les choix de Wout Van Aert, ses envies pour l'année 2024... de nombreux sujets ont été abordés avec cette grande figure de la Belgique, qui en a profité pour glisser un petit mot à nos lecteurs français. "C'est toujours un plaisir et un honneur de parler au public français. Ne le dites pas trop fort, mais la France est quand même belle !"
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00:00 C'était un plaisir d'échanger avec vous et ne le dites pas mais la France est quand même belle.
00:09 Bonjour Rodrigo Menken, bienvenue sur Cyclisme Actus.
00:17 Première fois je crois que tu fais une interview avec nous. On va revenir tout simplement sur
00:27 l'actualité 2023 du cyclisme. Tu nous as porté ton oeil d'expert et de consultant de l'ARTBF
00:35 sur laquelle tu officies depuis de nombreuses années.
00:37 Qu'est-ce que tu as retenu de 2023 ? Quels sont tes moments marquants en tant que commentateur
00:56 de l'ARTBF ?
00:57 Avant de répondre à cette question, je voudrais aussi vous remercier,
01:06 parce que sans aucune flagornerie, comme on dit chez nous, c'est vraiment un plaisir,
01:11 un honneur de parler au public français qui est de plus en plus nombreux à nous suivre.
01:16 On voit ça notamment grâce à l'accessibilité nettement meilleure maintenant de Ovio,
01:24 avant on ne parlait que des frontaliers qui pouvaient capter l'ARTBF.
01:28 Et vous savez que sentimentalement, malgré votre victoire discutable en
01:32 la demi-finale de la Coupe du Monde en 2018,
01:34 je plaisante et je parle d'une autre discipline, j'ai toujours été très sensible à la France.
01:42 Je commenterai à 60 ans si tout va bien mon 30e Tour de France, ce sont des chiffres ronds.
01:47 On m'a dit, vous devez donc dire que c'est une année sur deux depuis que tu es né,
01:51 donc c'est beaucoup. Vous savez aussi qu'avant Cyril, j'ai eu le bonheur de travailler avec
01:56 des garçons formidables, très différents, comme Cédric Vasseur, comme Laurent Fignon,
02:04 comme Alain Bondu, qui était le premier avec qui je l'ai fait,
02:06 donc j'ai toujours beaucoup travaillé aussi et reconnu là.
02:09 J'ai pu profiter aussi, je tiens à le dire ici devant ce qu'est un média français,
02:15 de la connaissance et de la science, de l'expérience,
02:19 et aussi de ce côté très volubile qu'ont mes consulteurs français,
02:25 dont je n'ai eu qu'à me réjouir.
02:26 Je ferme la parenthèse et donc je voulais vous dire que c'est très subjectif comme question,
02:33 parce qu'il faut pouvoir distinguer l'exploit sportif de l'exploit purement physique,
02:41 l'exploit mental, et alors ce qui est quand même peut-être l'essentiel dans notre métier,
02:47 c'est le côté émotionnel, c'est un peu émotionnel,
02:50 et c'est vrai que moi je suis un peu plus attiré par ça,
02:52 parce qu'on doit faire vivre un sport, qu'on peut ces dernières années faire vivre un peu mieux,
02:59 paradoxalement, alors qu'on nous demande de commenter de plus en plus pratiquement,
03:01 toutes les étapes du Tour sont intégrales,
03:03 les grandes épreuves comme le Tour des Flandres et Paris-Roubaix
03:06 sont également maintenant diffuses dans l'intégralité,
03:08 mais le scénario, la dramaturgie des courses, les acteurs qui cassent les cordes,
03:15 et vous le savez aussi bien que moi, font que sur le plan émotionnel,
03:19 on est dans une sorte de paradoxe qui fait que normalement,
03:24 vu le nombre d'heures de reportages en direct qu'on a,
03:27 ça devrait être plus difficile de tenir en valeur le téléspectateur d'un point de vue émotionnel,
03:31 mais d'un autre côté, avec les coureurs qu'on a actuellement,
03:37 c'est peut-être plus facile aussi, donc ça c'est très équilibré.
03:41 Moi je voudrais quand même peut-être plus quatre images sur la saison,
03:47 et si j'essaye de les mettre de manière chronologique,
03:51 je dirais d'abord ces Pogacar sur le vieux Cuarón.
03:56 Alors là, sur le Tour des Flandres, j'avais déjà vu beaucoup de choses,
04:00 au début de ma carrière, au début de la fin des années 80,
04:04 au début des années 90, enfin oui, donc,
04:07 Cancela en passant par Busset ou Bonen,
04:10 mais là ce que Pogacar a fait là, sur le vieux Cuarón,
04:14 je n'avais jamais vu ça.
04:16 Il en a bluffé plus d'un.
04:17 Il était tout simplement au-dessus d'une eau,
04:19 au-dessus d'une eau, une puissance,
04:21 j'ai l'impression qu'il volait littéralement sur les pavés.
04:24 Et ça c'est ma première grosse image, très très grosse image.
04:29 La deuxième elle vient une semaine plus tard,
04:34 c'est Mathieu Van Der Poel sur Paris-Roubaix,
04:38 et l'image, ça aurait pu être la crevaison de Van Aert,
04:41 personne ne saura si les choses auraient été différentes ou pas.
04:45 Moi, on aurait rêvé d'un sprint à deux sur le vélodrome, c'est vrai.
04:51 Les événements ont fait que ça n'a pas été possible,
04:54 mais ce que je retiens, c'est dans le dernier secteur pavé,
04:57 entre parenthèses, solide,
04:59 ce n'est pas le dernier, parce que le dernier est à un kilomètre de l'arrivée,
05:04 mais c'est lorsque Mathieu évite ce plomb dans le virage,
05:11 je pense que trois coureurs sur quatre seraient tombés.
05:14 Il a compris à ce moment-là qu'il va gagner,
05:17 et il peut y avoir une forme de déconcentration.
05:21 Et la façon dont, dans la dernière seconde, il récupère sa machine,
05:26 ça confirme ce qu'on savait,
05:29 ce qu'on va encore voir plus tard au championnat du monde,
05:31 c'est que c'est tout simplement le meilleur pilote du monde.
05:34 Ce gars fait ce qu'il veut avec un vélo,
05:37 il la joue au millimètre près,
05:39 parfois ça tombe comme en VTT,
05:43 parfois ça tombe aussi comme au championnat du monde,
05:45 sans conséquence ici, ça n'est pas tombé.
05:47 Mais j'ai trouvé cette image fantastique,
05:49 parce que ce n'est pas à vous que je dois dire que Paris-Roubaix
05:52 est sans doute la course qui demande le plus de lucidité et d'attention.
05:57 On est à la fin, et logiquement à ce moment-là,
06:00 on sait que Mathieu, ses problèmes, ce n'est pas le talent,
06:03 c'est parfois la concentration.
06:06 Ce qu'il a fait, la façon dont il a récupéré le vélo, c'était magique.
06:09 Ma troisième image,
06:12 elle est un peu chauvine,
06:15 mais je trouve quand même que c'est la victoire de René Guévenepoule,
06:18 la deuxième sur Liège-Bastogneige.
06:22 Je cite Liège-Bastogneige parce que c'est la grande classique,
06:24 c'est le monument aux Bégis francophones,
06:27 que la RTB réalise, on a nos gros moyens, on est là.
06:30 Évidemment, de la même manière qu'on aurait voulu
06:33 que Van Aert ne grève pas dans le quartier de Larnes,
06:36 on aurait voulu que Pogacar ne tombe pas sur les routes Wallonne,
06:39 celui-là dans un état lamentable,
06:41 mais ça c'est un autre débat, mais on n'était pas très fiers.
06:44 On aurait voulu avoir le duel, évidemment,
06:47 qu'on n'a toujours pas eu à ce jour,
06:49 un vrai duel entre Guévenepoule et Pogacar,
06:53 mais enfin, compte tenu de ce qui s'était passé 12 mois plus tôt,
06:57 la façon dont il a géré, notamment le nouveau parcours,
07:00 voilà, c'était très impressionnant.
07:05 Également, on a fait haveure avec le public belge,
07:07 qu'il ne faut pas oublier, pendant des années, a dû attendre,
07:09 à part un petit coup improbable de Diane de Wolff au début des années 90,
07:16 et le coup sans leur main de François-Henri Vanhoencker
07:19 et un Philippe Gilbert en fin d'année de classe 2011,
07:22 et tout ce qu'on a eu à se mettre sous la bande depuis Jaurès-Brouillère en 1978,
07:26 donc il faut quand même bien vous rendez compte
07:28 que ce public belge au bord de la route dans Liège-Bastogne-Liège,
07:33 pour encourager un dénigé,
07:34 c'est quelque chose qui est devenu plus que rarissime.
07:39 Et alors le dernier élément,
07:41 eh bien, en Belgique, on manque de bons coureurs wallon, francophones.
07:50 La Wallonie est à la traîne par rapport,
07:53 il faut bien le dire, à la Flandre, au Limbourg, à la province d'Anvers,
07:58 tout ce qui est d'expression néerlandophone, et ça n'est pas neuf,
08:02 il y a beaucoup d'explications,
08:03 on ne propose pas ici de faire une analyse sociologique,
08:06 mais si je vais être très court,
08:08 il faut bien avoir l'humilité de reconnaître que si en Belgique francophone,
08:12 le cyclisme est une passion,
08:16 au nord de la Belgique, c'est une religion,
08:19 et je pense que toute la nuance est là.
08:22 Donc le fait de voir arriver un garçon comme Arnaud Delis était très intéressant,
08:27 j'ai beaucoup apprécié la façon dont Olivier Oliveau,
08:30 il était peut-être le plus fort sur le circuit,
08:34 il a tenu du bat en début de saison,
08:35 mais moi alors, c'est ce sprint au Canada,
08:40 pour l'anecdote, il m'en fait un un peu plus tard,
08:43 sur une jambe, d'accord, l'opposition n'était pas la même,
08:46 mais je suis allé revoir plusieurs fois,
08:50 et ça ne m'était plus arrivé depuis une dizaine d'années de revoir,
08:54 jusqu'à entre 5 et 10 fois les 300 mètres d'une arrivée,
09:00 où il se trouve à 300 mètres, c'est impossible,
09:03 et certes, c'est arrivé dans les Géphoplas,
09:06 mais ces 200 mètres, 150-200 mètres, sont d'une puissance extraordinaire,
09:12 qui me font dire qu'aujourd'hui, sur ce type d'arrivée,
09:16 bien placé, bien lancé, il est peut-être déjà meilleur du monde.
09:20 Peut-être, peut-être, peut-être.
09:24 Il faut voir évidemment dans le contexte, parce que des garçons comme Pedersen,
09:30 comme Van Aert,
09:33 c'est quand même plus que pour pla-de-blu-ro-ba-pogacar,
09:38 mais voilà, en tout cas, à cet âge-là, je trouve que c'est ma quatrième image.
09:44 Vous avez déjà fait un très beau tour d'horizon de l'année,
09:47 avec pas mal d'images effectivement très marquantes,
09:49 t'as cité déjà le nom de pas mal de ceux qu'on peut appeler les fantastiques d'aujourd'hui,
09:55 Pogacar, Evenepoel,
09:57 il y a également Vinz Juggaard, Mathieu Van Der Poel évidemment.
10:00 À quel point aujourd'hui, avoir tous ces garçons, toutes ces superstars,
10:05 qui semblent incroyables à suivre pour le spectateur,
10:08 à quel point ça facilite, on va dire, l'aspect commentateur de ton point de vue ?
10:14 Il y a tellement d'histoires, tellement de personnalités,
10:17 et tellement de spectacles aujourd'hui dans le vélo,
10:20 est-ce que c'est quelque chose que tu as déjà vécu avant,
10:21 ou c'est une période dourée pour le spectisme,
10:23 avec en plus les acteurs belges qui sont très bien représentés dans ce parcours ?
10:30 Mais du côté belge, c'est clair que c'est la meilleure période depuis la fin des années 70,
10:38 parce que ce qui est absolument exceptionnel,
10:43 dans le sens premier du mot et qui fait l'exception,
10:48 c'est qu'aujourd'hui les belges peuvent gagner pratiquement dans n'importe quel registre.
10:53 Donc, il ne peut pas qu'un belge peut gagner le tour de France dans les trois ans,
10:57 en quatre ans, mais en tout cas, un ou deux dans les années à venir vont essayer de le faire.
11:03 Et ça, c'est déjà complètement neuf, c'est ce qui manquait complètement,
11:05 ce qui n'y aurait plus depuis la période Merckx, Van Imp,
11:11 si on veut élargir au grand tour peut-être de Merckx,
11:14 et ne parlons pas de Freddie Martens qui dans les années 70 a profité quand même d'un tour d'Espagne,
11:19 il n'y aurait plus d'un tour des Pays-Bas,
11:23 qui n'allait pas beaucoup du côté d'Anglirou à l'époque.
11:27 Mais clairement, dans les classements,
11:30 je parlais de Liège-Bastemiège,
11:33 quand on voit maintenant, quand on voit que l'édition 2022 a mis trois belges sur le podium,
11:39 c'est dingue, je veux dire qu'il n'y a pas que Liverpool,
11:44 on voit des jeunes qui sont arrivés,
11:46 Wills, je pourrais en citer beaucoup,
11:50 on a vu ce qu'a fait sur le tour d'Espagne Pierre Leudebouck,
11:55 qui en termes de qualité, un peu, il est vraiment un gars qui a 20 ans,
11:59 démontre qu'il ne peut encore que s'améliorer,
12:03 il a prévu pour les années à venir sur les longs cols,
12:07 je dirais, quand je parle de longs cols, c'est au-delà de 15 km,
12:12 dans les arrivées au-dessus de 2000 m d'altitude,
12:15 lorsqu'il n'y aura plus qu'entre 5 et 10 coureurs,
12:18 il devrait pouvoir être parmi ces coureurs-là,
12:20 ça c'est quelque chose de tout à fait neuf.
12:22 Moi pendant 25 ans, lorsqu'il y avait un groupe de 30 coureurs dans la haute montagne,
12:28 pour qu'il y ait un belge, il serait parti dans l'échappée matinale,
12:31 c'était impensable, au début des années 90,
12:36 je rendais l'antenne pour me dire, pour l'arriver,
12:40 le premier belge dans cette étape de haute montagne, rendez-vous dans le journal télévisé,
12:43 on n'avait pas les réseaux sociaux à ce moment-là, on connaît de la place.
12:46 Ça c'est tout à fait neuf, maintenant on peut retrouver des sprinters aussi,
12:50 il ne faut pas oublier qu'il y a encore 5-6 ans,
12:54 entre Bonen, qui a été un peu une petite exception,
12:59 mais bon il y a eu Steele, il y a eu Gélysène,
13:02 et puis c'est un peu incroyable, Bonen de temps en temps,
13:06 mais ces dernières années, les coureurs belges étaient des poissons-pilotes,
13:11 et puis d'un seul coup Van Aert commence à performer,
13:14 il a conquis dans un dauphiné libéré,
13:16 qui pouvait gagner l'esprit de Massif, ce qu'il ne savait pas du tout.
13:19 L'éclosion de Philippe Seine sur ces deux dernières années est terrible,
13:24 et puis on voit qu'on a encore un gamin,
13:26 Méusse qui peut gagner sur les Champs-Élysées,
13:28 depuis qu'on a été resté des années sans gagner sur les Champs-Élysées,
13:31 et puis sur les trois dernières éditions, ce sont trois coureurs différents qui s'y imposent.
13:35 Donc vous pouvez aussi…
13:37 La Belgique peut gagner dans tous les registres,
13:39 finalement le seul registre, je trouve,
13:41 où la succession doit peut-être être paradoxalement la plus compliquée,
13:45 c'est celle sur laquelle la Belgique était la plus performante dans la période,
13:51 je ne vais pas dire "joueuse", mais dans la période…
13:53 – Dans les classiques ?
13:55 – Dans les classiques flamandes.
13:57 – Étonnant.
13:59 – C'est vrai que là, je ne veux pas dire Van Aert peut encore le faire quelques années,
14:04 et là c'est le paradoxe, c'est que c'est peut-être un Wallon de Lille
14:08 qui a la meilleure chance au cyclisme belge,
14:11 ce qui est déjà une très belle chance,
14:13 mais derrière dans les jeunes, les jeunes coureurs,
14:17 la plupart néerlandophones, sont des coureurs,
14:22 ce sont les grands talents qui sont plus pour aller vers les classiques beaucoup plus wallonnées,
14:27 donc les classiques dites "wallon",
14:31 voire voir les épreuves par étapes, qu'elles soient d'une semaine,
14:35 ou, c'est toujours approuvé pour beaucoup, mais voire de trois semaines.
14:38 Donc ça, c'est le "Rond-up" de la Belgique.
14:41 J'avais sorti il y a un an un livre qui faisait un peu l'état de la saison 2022,
14:50 que j'avais appelé "Wout Remco Enco",
14:54 je n'aime pas beaucoup d'appeler les gens par leur prénom,
14:56 mais vous comprenez évidemment que sur les noms en tête,
14:59 si on met "Wallon" et "Evenepoel", c'est quand même très très long.
15:03 "Wout Remco Enco", et dans le "Enco" il y avait une vingtaine de coureurs belges,
15:08 le critère c'était qu'à l'époque il devait avoir moins de 25 ans,
15:11 et en qui on pouvait croire,
15:13 et les trois autres que j'ai mis sur la page de couverture,
15:16 qui représentent le "Enco" visuellement,
15:19 c'est Delie, Eudebroek et Philippe Seym.
15:22 Donc cette année 2023 a finalement démontré que ce sont pour le moment
15:30 les trois qui derrière les traditionnels de, désormais, porte-drapeau du système islamique,
15:37 sont là. Maintenant, on parle beaucoup de la Belgique,
15:40 mais ce qui me réjouit c'est qu'en fait ça va partout.
15:43 Donc évidemment il y a ce phénomène "Wanderpool",
15:46 c'est un phénomène, il y a "Puipo", "Le Toupet" aussi,
15:54 et j'ai toujours peur de commencer à citer des noms,
15:56 parce que "Pokacar" est quand même un gars, regardez la saison qu'il a faite,
16:02 il ne faut même plus en parler, il est hors catégorie.
16:05 Je vois que certains journalistes ont réussi,
16:08 la majorité des journalistes qui ont été consultés ont réussi
16:12 à ne mettre ni "Pokacar" ni "Wanderpool" co-off-cyclistes de l'année.
16:18 Alors moi j'ai l'impression qu'il y a des gens qui ne diront pas le même sport que nous.
16:21 Alors bravo à "Wingegard", il a gagné le Tour de France sans la moindre discussion,
16:27 au-dessus du lot, il a décidé aussi qu'il a gagné le Tour d'Espagne,
16:31 donc il faut quand même dire que c'est vrai que dans l'absolu,
16:34 "Wingegard" ne l'a pas fait mais aurait pu gagner deux grands tours cette année.
16:38 Mais sincèrement, quand vous avez d'une part un gars comme "Wanderpool"
16:44 qui est champion du monde de cyclocrosse, champion du monde sur route,
16:49 qui gagne deux monuments et qui gagne encore la Flèche Wallonne et la Mstelgold 13,
17:00 une saison comme ça, c'est dingue.
17:03 Alors moi si on ne met pas "Wanderpool" pour mettre "Pogacar", je peux encore comprendre.
17:10 Parce que "Pogacar" remporte aussi deux monuments, il gagne pratiquement tout,
17:19 il y a sa chute qui change.
17:21 Alors moi quand on me dit "oui mais "Wingegard" a gagné parce qu'on l'a mis beaucoup",
17:25 il était toujours en deux.
17:27 Mais donc ça veut dire que c'est un argument qui ne tient pas du tout la route,
17:32 parce que si on met "Wingegard" en deux, ça veut dire que tous ceux qui ont voté
17:36 ont mis soit "Pogacar" soit "Wanderpool" en trois.
17:40 Vous pouvez mettre "Pogacar" ou "Wanderpool" en trois avec la saison qu'ils ont faite.
17:45 Le vélo d'or, ce n'était pas logique.
17:48 Alors moi j'ai beaucoup de respect, chacun a sa vision des choses,
17:52 puisque ces votes sont publics, j'ai quand même vu que j'ai violé,
17:56 qu'ils ne les ont même pas mis dans le taux de trois.
18:01 Je ne comprends pas.
18:03 Franchement je ne comprends pas.
18:06 On a deux coureurs hors catégorie sur la saison,
18:11 c'est "Pogacar" et c'est "Wanderpool".
18:14 Vous le mettez dans l'ordre que vous voulez selon les critères.
18:18 Moi l'homme de la saison c'est "Wanderpool",
18:20 mais chacun a le droit de...
18:22 C'est vrai qu'on n'est même pas fait le tour à bloc, le droit est là,
18:24 et c'est un peu discuté.
18:26 Wingegard vient pour moi en troisième position,
18:29 et puis on a toute une série de coureurs,
18:31 dont "Pogacar" et "Wanderpool", qui viennent après.
18:35 Mais bon, après vous savez ce genre de référendum...
18:39 Je trouve que le tour de France prend beaucoup trop d'importance.
18:45 Beaucoup trop d'importance là-dedans.
18:48 Et à un moment donné,
18:51 si Wingegard avait gagné le tour de Lombardie,
18:53 peut-être qu'elle aura ce mouvement.
18:55 Je ne veux pas rentrer dans cette polémique-là,
18:57 ce que je veux dire c'est que notre chance
18:59 est d'avoir vraiment un peloton international.
19:01 Et il y a d'autres coureurs dont on parle moins,
19:04 et j'ai peur d'en oublier, et j'en oublierai.
19:07 Mais j'ai vu un "Skielmoze" par exemple,
19:10 chez les Danois, qui a un potentiel,
19:12 qui est venu sur le terrain des classiques,
19:16 à son jeune âge, sur les grands tours,
19:19 qui s'est plié en quatre par moments,
19:21 pour Max Pedersen aussi.
19:24 Côté français, je suis très séduit
19:27 par ce tandem Grégoire-Martinez.
19:29 Vous allez vous amuser avec ces deux gamins-là.
19:32 On espère.
19:33 Attention.
19:35 Moi, si j'avais dû faire mon bouquin "What am I going to",
19:38 en mode français, j'aurais mis sans doute
19:41 sur ma couverture Grégoire et Martinez.
19:46 Martinez a monté, il faudra voir sur trois semaines,
19:48 s'il peut tenir, on est bien d'accord,
19:50 mais il a monté sur le début du tour d'Espagne,
19:53 à son âge, c'est magnifique.
19:55 Ça veut dire que son action, s'il est bien ingéré,
19:57 peut aussi grimper avec les meilleurs.
19:59 Dans un bon jour, il n'est pas du tout inférieur
20:01 à qui Alain Debroux.
20:03 Après, il faudra voir sur les chronos, etc.
20:05 Chez Grégoire, on n'est pas un pur sprinter,
20:07 et il n'est pas un pur canapé,
20:10 mais il a un potentiel.
20:11 Je voudrais bien le voir sur les classiques
20:13 dans les années à venir,
20:14 et que ce soit sur les classiques du Nord
20:16 ou les classiques les plus vallonnaises.
20:19 Vous avez là deux gars.
20:21 Donc, ça vient un peu de partout,
20:24 et dans différents pays,
20:26 il y a du talent, il y a de l'audace.
20:28 C'est ça.
20:30 C'est prendre le risque d'être battu,
20:33 mais y aller.
20:35 Moi, j'aime beaucoup ce genre de pouvoir,
20:38 et je pense franchement qu'en France,
20:40 vous allez bien vous amuser aussi.
20:43 C'est de là, et vous pourrez peut-être maintenant
20:45 un vrai sprinter, mais regardez,
20:47 vous étiez à la Belgique dans cinq ans,
20:49 vous pouvez les maintenant,
20:50 parfois il suffit d'un déclic.
20:52 On a parlé un peu des satisfactions
20:57 des hommes qui ont marqué l'année.
20:59 Est-ce que du côté belge,
21:01 du côté français ou international,
21:03 tu as des coureurs qui t'ont déçu,
21:05 qui ont été en retrait par rapport
21:07 à ce que tu pouvais atteindre cette année-là ?
21:09 Je pense comme ça, par exemple,
21:10 dans le lot, à Bini Hamdi Hirmek,
21:12 qui a été un peu…
21:13 Tout à fait.
21:14 Par exemple, cette année,
21:15 ce genre d'exemple-là,
21:16 est-ce que tu en as, toi, de ton côté ?
21:17 Oui, c'est exactement à lui que je pense
21:19 en premier lieu.
21:21 Après la saison 2022
21:23 qu'il avait effectuée,
21:24 on attendait beaucoup,
21:25 est-ce qu'on attendait trop de lui ?
21:27 C'est clairement une déception,
21:30 parce qu'à aucun moment,
21:32 il n'a pu véritablement rivaliser
21:34 avec les autres punchers.
21:38 Ce qu'on avait vu notamment
21:40 avec Floyd Jiro,
21:41 avant l'épisode tragique comique
21:45 du coup de fin de ce coup-ment,
21:47 c'est vrai qu'on voulait le voir
21:52 sur le tour,
21:55 dans l'étape que Pedersen gagne
21:58 devant Philippe Seine et Van Aert,
22:00 on voulait le voir
22:02 dans les grands rendez-vous
22:05 pour punchers,
22:06 et malheureusement,
22:08 il n'était pas là.
22:09 Moi, je pense aussi que c'est
22:12 la principale déception,
22:14 en sachant que les autres
22:16 qui pourraient y avoir,
22:17 il y a peut-être des explications
22:19 qui sont tombées,
22:20 qui ont été blessées,
22:22 mais pour moi,
22:23 c'est la plus grande déception
22:24 de ces dernières années.
22:25 Un Julien Laphélie, par exemple,
22:27 que tu le classouves cette année,
22:28 évidemment, son retour,
22:29 ses blessures,
22:30 c'est toujours un peu compliqué à juger,
22:32 mais est-ce qu'il peut revenir
22:33 simplement au meilleur niveau ?
22:34 On l'a entrevu parfois cette année.
22:37 Moi, je le souhaite,
22:39 parce que je veux dire
22:40 que quand on a le Alaphilippe,
22:43 qu'on a vu à Louvain et à Imola,
22:50 évidemment, cet Alaphilippe-là
22:53 est magnifique par sa manière
22:56 de courir, de conclure,
22:59 d'atteindre ses objectifs.
23:01 Je ne sais pas, chez Julien,
23:09 le tempérament,
23:10 je pense que ça,
23:11 c'est quelque chose qui est né chez lui.
23:12 Je pense que l'envie,
23:14 je ne peux pas en douter.
23:16 Qu'est-ce qu'il y a au niveau mental
23:20 chez lui maintenant ?
23:21 Qu'est-ce que lui a encore envie,
23:22 encore la force de faire ?
23:24 Lui seul peut répondre à cette question.
23:26 Moi, j'ai une énorme frustration.
23:29 J'imagine que je ne suis pas le seul.
23:31 C'est évidemment cette chute
23:32 dans ce tour des flancs,
23:34 discutée en fin de saison.
23:38 Je me suis presque convaincu
23:39 que si on avait eu cet arrivé à Troyes,
23:41 je ne sais pas s'il aurait été différent,
23:44 mais en tout cas,
23:45 j'aurais vraiment voulu voir ce split à Troyes
23:48 et un bon Alaphilippe.
23:52 Nous devons toujours être avec les meilleurs.
23:56 Maintenant, cette façon,
23:58 une année de dire
24:00 « je vais tout axer sur le tour des flancs »,
24:02 l'année suivante,
24:03 on a l'impression qu'il ne sait pas trop.
24:05 Quand je vois les…
24:07 Il a réussi sa carrière sur le tour des flancs,
24:09 au-delà de toute espérance.
24:10 Mais dans les classiques,
24:11 c'est trop peu
24:13 par rapport au talent mental,
24:17 ce qu'il a fait,
24:18 devant son bilan sur les monuments,
24:21 c'est trop peu.
24:22 C'est vraiment trop peu.
24:24 Liège-Bastion-Liège,
24:25 il s'est passé des choses,
24:27 mais c'est une course
24:29 qu'il aurait déjà dû gagner.
24:30 Peut-être plus
24:35 J'espère avec tout cœur
24:37 qu'on va encore pouvoir la retrouver
24:39 dans des cas surcertains.
24:40 Avec les meilleurs,
24:41 maintenant, lui,
24:42 il doit faire les choix
24:43 et qu'il fasse ses bons choix.
24:46 Mais qu'est-ce qu'on va faire
24:48 sur le tour de France ?
24:49 Et dans quel contexte ?
24:52 Je ne sais pas.
24:54 Franchement, je ne sais pas.
24:55 Quand j'entends maintenant
24:56 que Merlier veut convaincre
24:58 le Frère d'aller sur le tour,
25:00 alors que quand on joue la gagne,
25:03 on essaye de jouer la gagne
25:05 dans un tour normalement
25:06 pour ne pas se piquer,
25:07 ça a toujours été la règle.
25:09 Merlier dit oui,
25:11 mais moi, sur l'étape des chemins blancs,
25:13 à trois, je vais être très utile
25:15 pour compter sur moi, etc.
25:17 Mais on ne pouvait pas prendre
25:18 des vœux de poule.
25:19 Merlier, il y a la fin du tour.
25:20 Ça, ce n'est pas pensable.
25:21 Pour moi, c'est pensable.
25:22 Ça, c'est beaucoup.
25:23 Donc, voilà,
25:25 il faut qu'il fasse ses choix.
25:29 Mais moi, j'espère vraiment,
25:31 parce que j'adore le tempérament
25:32 de ce joueur.
25:33 Et je trouve qu'Alain Philippe
25:38 a apporté énormément
25:39 au cyclisme français.
25:40 Parce que c'est un peu le bilan
25:44 de ces dix dernières années
25:47 sans Alain Philippe.
25:48 Alors, il y en a d'autres
25:51 qui ont fait le job, etc.
25:53 Il y a eu des trucs,
25:54 mais je pense que lui seul
25:58 peut maintenant répondre
26:01 à la question de quoi est-il
26:02 encore en vie.
26:03 Après, tout est une question
26:04 de choix aussi.
26:05 Quand on voit, il est un petit peu
26:07 plus jeune, mais Van Aert est
26:09 un peu confronté à cette situation-là
26:11 aussi.
26:12 Van Aert n'a pas non plus
26:14 le palmarès qu'il devrait avoir
26:16 hors Tour de France.
26:18 Et loin de là.
26:20 Loin de là.
26:21 Non, je ne sais pas si...
26:24 Julien l'a fait un petit peu
26:28 sur le Tour d'Espagne aussi.
26:31 Mais moi, je ne pense pas
26:32 qu'on peut demander à des gars
26:33 comme Alain Philippe
26:35 et comme Jean-Luc.
26:36 Des coups de service de temps en temps,
26:41 oui, évidemment.
26:42 Moi, j'aime bien quand même
26:44 qu'Evrenneau-Poulain emmène
26:45 le sprint pour Alain Philippe
26:46 comme il l'avait fait sur le Tour
26:47 du Pays Basque.
26:48 Et quand ça marche, c'est chouette,
26:49 c'est bien.
26:50 Mais bon, ce sont des leaders,
26:53 ce sont des champions.
26:55 Il doit être égoïste, je trouve.
26:57 C'est pour ma part.
26:59 C'est mon avis.
27:00 Tu parles de Wout van Aert, justement.
27:02 Il a annoncé viser le Giro
27:04 justement en 2024.
27:05 C'est un choix qui change.
27:07 C'est un choix intéressant
27:08 pour lui, tu trouves ?
27:09 Alors, moi, je suis toujours très prudent
27:12 quand j'entends des infos
27:14 qui sont réveillées
27:15 via la Colombie, etc.
27:17 Moi, j'attends que ce soit
27:18 Van Aert qui le dise officiellement.
27:19 Voilà, moi, je le fais.
27:20 Alors...
27:22 Van Aert, il doit y avoir
27:25 beaucoup de frustration chez lui
27:26 parce que vous savez,
27:27 quand on se met...
27:29 Il a trois objets.
27:31 Il y a trois courses
27:32 qu'il veut gagner.
27:33 Il n'arrive pas à gagner.
27:35 C'est le Tour des Flandres,
27:36 c'est Paris-Roubaix
27:37 et c'est le Championnat du monde
27:38 en ligne.
27:39 Ce sont toutes des épreuves
27:42 où il s'est classé deuxième.
27:44 Il est passé tout près.
27:47 Il fait des choix
27:52 qui ne sont pas faciles.
27:53 Donc déjà, apparemment,
27:56 la seule certitude,
27:57 c'est que son programme de cyclo-cours
27:58 était déjà très, très réduit
28:00 ces deux dernières années.
28:01 Il le sera encore davantage cette année.
28:03 S'il fait le giro,
28:06 moi, je comprends.
28:07 Je comprends tout à fait, je crois.
28:09 Il est à la fois...
28:11 Il y a une double explication.
28:13 La première,
28:14 c'est simplement le parcours
28:16 qui lui combinera beaucoup mieux.
28:18 Ça, ça me paraît certain.
28:20 Et surtout, le fait
28:22 qu'il va avoir carte blanche,
28:24 ce qui n'arrive jamais
28:25 à les ouvrir sur le tour.
28:26 Ce qui est formidable à Ivan Hach
28:27 c'est de voir quand même
28:28 le palmarès qu'il s'est créé
28:29 sur le Tour de France.
28:30 Pas seulement le maillot vert
28:31 qu'il a ramené,
28:32 mais toutes ces tournées de table
28:33 et toutes les formes.
28:34 Il est passé tellement près.
28:35 Il a aussi, rapidement,
28:37 le temps même de porter
28:38 le maillot jaune
28:39 dans une équipe
28:40 où la priorité absolue
28:41 est venue garde,
28:44 ou hétéroglyphe.
28:46 Donc je veux dire,
28:48 où il était le deuxième,
28:49 voire le troisième choix,
28:51 où il n'a quand même jamais eu,
28:53 avec tout le respect que j'ai
28:55 pour Christophe Laporte,
28:57 un vrai poisson pilote.
28:59 Laporte a essayé quelques fois
29:01 et ça a rarement été fructueux,
29:03 mais c'est parfois
29:04 une question d'automatisme aussi.
29:06 Laporte a essayé de le faire.
29:08 Déjà chez Coffin 10,
29:11 je veux dire que Laporte
29:13 n'en est pas à l'esprit.
29:14 C'est un autre boulot.
29:16 Il n'a jamais eu un mort-coffre
29:18 pour le lancer
29:21 ou avoir un grand recouvreur
29:23 dans ce style-là.
29:25 Donc moi, j'ai beaucoup
29:26 d'admiration pour ça,
29:27 mais à un moment donné,
29:29 il faut arrêter.
29:30 Il faut arrêter.
29:31 Je veux dire que
29:32 je respecte tout à fait
29:35 Ville de Gare,
29:36 mais comme je l'avais dit,
29:37 à chaud,
29:38 et je le redis maintenant
29:39 avec beaucoup plus de recul,
29:43 mais de la même manière,
29:44 de la même façon.
29:45 Et moi, je constate,
29:46 je ne l'édite pas,
29:47 mais je constate donc
29:49 ce que Ville de Gare
29:51 a pu faire en trois semaines
29:53 pour Clouz,
29:55 sur le Tour d'Espagne.
29:58 Il n'a pas pu le faire
29:59 pendant 300 mètres
30:01 sur une des étapes
30:02 du Tour de France.
30:04 Et s'il l'avait fait,
30:05 Van Aert aurait gagné
30:06 une ou deux fois au minimum
30:08 sur le Tour.
30:10 Et donc, à un moment donné,
30:11 Van Aert est un garçon intelligent,
30:13 c'est un garçon qui ne va pas
30:15 surtout polémiquer,
30:17 mais lui-même, je pense
30:19 que ça suffit maintenant.
30:21 Ça suffit.
30:22 Alors, c'est vrai, c'est vrai,
30:24 et beaucoup de spécialistes
30:26 du cyclisme répondent à cela.
30:28 Et que Ville de Gare lui a offert
30:31 le Contre-la-Monde de Rocamadou
30:34 à la fin du Tour 2022.
30:37 Ville de Gare s'est relevé.
30:39 Oui, je reste aussi convaincu
30:44 que Ville de Gare aurait pu gagner
30:46 ce jour-là.
30:48 Là, il y a sans doute eu
30:49 un retour d'ascenseur,
30:52 mais on est dans un chrono,
30:54 on est à la fin du Tour,
30:55 on sait que le Tour est gagné,
30:56 ça n'est pas du tout
30:57 le même état d'esprit que de faire...
31:00 Là, c'est ne pas faire un effort
31:02 pour faire gagner un équipier.
31:05 Moi, ce que j'aurais voulu,
31:06 c'est qu'à un moment donné,
31:07 il fasse un petit effort
31:09 pour un équipier qui lui a
31:11 tellement, tellement donné.
31:13 Et bien, Roglic,
31:14 est-ce que Roglic a rendu à Van Aert ?
31:18 Souvenez-vous quand même
31:19 de ce Paris-Nice,
31:21 où sans Van Aert,
31:22 Roglic n'est jamais...
31:25 On a eu un ami dans le centre,
31:26 il m'a dit qu'il se mettait
31:28 à 100% à son service.
31:30 Il n'avait pas les jambes ce jour-là,
31:33 c'est peut-être vrai,
31:34 mais en tout cas,
31:35 je pense qu'en allant à Van Aert,
31:37 l'idée, ce n'est pas de peser,
31:40 de sous-peser.
31:41 Je te donne 5 ans,
31:42 tu donnes-moi les 5 ans.
31:44 Mais à un moment donné,
31:45 les trucs à sens unique.
31:46 Un roulant de graille.
31:47 Mais il ne le dira jamais.
31:49 Il ne le dira jamais.
31:50 Et donc, pour ces doubles raisons-là,
31:53 je comprends parfaitement
31:56 qu'il choisisse le Tour d'Italie.
32:00 Moi, ce qui m'intéresse plus,
32:01 c'est ce qu'il va faire avant.
32:03 Une Salle des Classiques.
32:04 Parce que cette année,
32:05 sa première course
32:07 était Milan-Sanremo,
32:08 ce que je trouve quand même
32:09 un peu tard
32:10 pour un spécialisé classique.
32:12 Et si vous ne vous focalisez
32:14 sur tout votre printemps
32:15 que sur deux courses,
32:17 il y en a une Paris-Roubaix
32:18 qui reste quand même,
32:19 on l'a vu,
32:20 la part de chance
32:21 ou de malchance est énorme.
32:23 Et celle juste avant,
32:24 c'est le Tour des Flandres.
32:26 Où je suis désolé,
32:28 mais si Pogacar revient
32:29 de la même manière,
32:30 Van Aert ne pourra pas gagner.
32:32 Est-ce que Van Aert peut battre
32:34 le Pogacar et le Van der Poel
32:36 de ces deux dernières années ?
32:38 N'oubliez pas que ça va
32:39 commencer à donner des idées
32:40 à des coureurs,
32:41 peut-être pas tout de suite,
32:42 cette année,
32:43 mais du style de Remco Evenepoel
32:44 qui vont dire
32:45 « si des profils comme Pogacar
32:46 peuvent gagner. »
32:47 Le Tour des Flandres est devenu
32:48 beaucoup plus dur qu'avant.
32:49 Beaucoup, beaucoup plus dur.
32:51 Et je m'interroge sur les choix.
32:55 Alors, il veut absolument,
32:56 il s'obstine à vouloir gagner
32:57 le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.
32:58 Et c'est génial,
32:59 je lui souhaite du cœur,
33:00 je pense qu'il le mériterait.
33:02 Mais en attendant,
33:04 il a 30 ans,
33:05 et la seule fois qu'il a fait
33:06 l'Iège Bastogne-Iège,
33:07 c'était en raison d'une maladie.
33:10 Et je trouve que,
33:13 moi je pense que Van Aert peut
33:14 gagner plus facilement
33:15 l'Iège Bastogne-Iège
33:16 que le Tour des Flandres.
33:17 Avec des circonstances de course,
33:19 entendons-nous bien.
33:21 Une dernière remarque
33:22 par rapport à Van Aert,
33:23 et ça c'est très important,
33:25 c'est qu'en fait,
33:27 vous prenez les 5 ou 6 printemps
33:29 où Van Aert a été performant,
33:32 le seul printemps
33:34 où il a vraiment performé,
33:36 et performé c'est gagné,
33:39 parce qu'il est toujours performant,
33:41 et il a eu son meilleur printemps,
33:43 on va dire comme ça.
33:44 C'était un été,
33:46 si vous vous souvenez bien,
33:48 c'est quand il enchaîne
33:49 la Stradébiane et Milan-San Remo,
33:51 au début du mois d'août 2020,
33:55 c'est quand il y a eu la pandémie,
33:57 et c'était par hasard,
33:59 dans sa préparation
34:00 avec le cyclo-cross, etc.
34:02 Ça veut donc dire que Van Aert est mieux
34:04 au mois de juillet, au mois d'août,
34:06 il a montré sur le Tour de France
34:07 qu'au mois d'avril,
34:08 ça c'est un constat qu'on peut faire.
34:10 Alors est-ce que c'est son corps,
34:12 est-ce que c'est la météo,
34:14 est-ce que ce sont des allergies,
34:15 je ne crois pas,
34:16 est-ce que c'est sa préparation,
34:18 est-ce que c'est justement
34:19 par quoi la lourdeur du programme
34:22 de cyclo-cross ?
34:24 Je pense qu'à un moment donné,
34:25 il est dans cette réflexion-là,
34:27 et qu'il veut se dire,
34:29 il faut que j'apporte,
34:30 il l'avait déjà essayé l'année dernière,
34:32 il est beaucoup plus frais,
34:33 et si vous regardez,
34:34 Van Aert fait de moins en moins
34:36 de jours de course,
34:37 amusez-vous à regarder
34:38 sur ces cinq dernières années,
34:39 plus en plus de stages,
34:40 moins en moins de jours de course,
34:42 mais ça ce n'est pas propre à Van Aert,
34:43 c'est propre quand même
34:44 à une grande majorité du peloton.
34:46 Rodrigo, on a parlé un peu
34:48 des coureurs, des équipes,
34:50 l'année 2023,
34:51 on va parler d'un contexte
34:53 un peu plus global du cyclisme.
34:55 On a eu Cyril Saugrain
34:56 sur Cycliste Mactu,
34:57 il nous a parlé du fait que
34:59 le cyclisme ressemblait de plus en plus
35:00 à la Formule 1,
35:01 avec une course aux données,
35:03 à l'armement, au développement,
35:07 également des super écuries
35:10 qui dominent le cyclisme.
35:12 On a vu cette année la Jumbo-Visma,
35:13 UAE, être vraiment au-dessus des autres.
35:15 Comment toi, tu perçois
35:18 cette évolution du cyclisme
35:19 avec des super puissances,
35:20 est-ce que ce n'est pas quelque chose
35:21 qui peut être inquiétant
35:22 pour l'avenir du cyclisme,
35:23 notamment d'un point de vue financier,
35:25 on a vu qu'il y a eu beaucoup de soucis
35:26 également en termes d'écosystème,
35:28 du cyclisme, de ce point de vue-là.
35:30 Oui, j'avoue que
35:33 quand il y a eu toutes ces...
35:35 ce n'est plus que des rumeurs,
35:37 quand il y a eu toutes ces informations
35:39 autour notamment de la fusion
35:41 entre deux grandes équipes,
35:42 il faut quand même bien le dire aussi,
35:44 de philosophie, de culture
35:49 complètement différente,
35:51 ça m'a inquiété.
35:52 Je ne sais pas si on fusionnerait facilement
35:58 ou...
36:00 on va essayer de donner un exemple...
36:04 Ajax-Amsterdam avec Lyon.
36:07 En ce moment, elle ne vaut mieux pas...
36:10 Ce n'est pas un bon exemple,
36:11 mais je pense qu'Ajax-Amsterdam
36:12 ne va pas beaucoup mieux que Lyon,
36:13 c'est pour ça que je vous permettais
36:16 de faire la comparaison.
36:17 Non, mais prenons alors
36:20 les deux équipes qui fonctionnent très bien,
36:27 mettez Nice avec Lanterre.
36:38 Non, mais attendez...
36:41 Déjà, on s'interroge, on se dit
36:43 tiens, voilà l'équipe
36:47 la plus performante du monde
36:51 et une équipe belge historique
36:57 qui vont s'unir.
37:02 Donc, des équipes qui ont besoin
37:07 d'aller chercher des ressources financières,
37:09 moi je trouve ça très inquiétant sur le fond,
37:13 très inquiétant, je pense aussi
37:15 que ça va laisser des traces,
37:16 rien à faire,
37:18 peut-être plus dans une équipe que dans l'autre.
37:22 Donc moi, je m'interroge
37:24 et après, de manière générale,
37:27 je dis que de toute façon,
37:28 le problème du cyclisme,
37:30 vous le connaissez comme moi,
37:33 quand on gagne un peu, on aime bien,
37:35 quand on gagne trop, on n'aime plus
37:37 et on s'interroge, on se demande pourquoi.
37:40 Et c'est déjà le cas lorsqu'il s'agit
37:42 de performances individuelles.
37:44 Ça a été comme ça de tout temps,
37:46 c'était comme ça du temps de Merckx,
37:48 c'était du temps de Hinault,
37:50 c'était comme ça du temps de Miguelito.
37:52 Ah, je vais m'arrêter là,
37:54 mais dès qu'il y a eu des nettes suprématies,
37:59 on s'est posé des questions.
38:01 Lorsque la suprématie devient collective,
38:06 on s'en pose d'autres.
38:08 Voilà.
38:10 Et c'est légitime de se poser des questions.
38:14 Non seulement légitime de la part du public,
38:17 mais c'est aussi le devoir de la part des journalistes
38:19 de s'interroger, d'essayer de comprendre.
38:23 Mais il faut aussi avoir l'habilité
38:25 de dire à certains moments « moi, je ne sais pas ».
38:28 Alors, ce n'est pas parce qu'on est depuis des années
38:31 dans le milieu, au mieux non plus que nous,
38:33 aujourd'hui, que le journalisme d'investigation,
38:35 ça n'existe plus.
38:37 Quand on arrive sur le Tour de France,
38:39 on commence entre 115 et 120 heures en direct,
38:42 on est en direct dix minutes avant le début
38:45 du départ fictif.
38:47 Déjà, rien que… ce n'est pas un truc dingue,
38:50 vous allez commenter un match de foot,
38:51 vous êtes dans le stade.
38:53 Vous allez à la limite voir les joueurs arriver,
38:56 s'échauffer, et peut-être après, en repartant,
38:58 encore discuter avec certains.
39:01 Commenter le Tour de France,
39:03 ou une classique intégrale, lorsque vous arrivez,
39:05 les garçons sont en route,
39:08 sont encore parfois dans leur chambre d'hôtel,
39:10 à 100 kilomètres de l'autre côté.
39:12 Nous, on vit avec 24 heures d'avance,
39:15 en quelque sorte, sur ce peloton.
39:17 Et lorsque ce peloton nous rejoint sur la ligne d'arrivée,
39:19 nous, on a déjà été parti, parce que,
39:21 même au mois de juillet,
39:23 même dans un pays aussi fantastique
39:24 que le niveau gastronomique en France,
39:26 la plupart des cuisines sont fermées à 20h30,
39:28 et donc, vous avez intérêt à vous dépêcher,
39:29 si vous voulez être enfant, pour le lendemain.
39:31 Donc, on ne voit plus les gens dont on parle.
39:34 Moi, les premières années, que j'ai commentées,
39:37 j'allais d'abord au village départ,
39:43 parler avec les coureurs,
39:45 puis on montait dans la voiture,
39:46 on faisait les 50, 60 premiers kilomètres,
39:48 puis dès qu'il y avait une sortie d'autoroute,
39:50 on allait sur la ligne d'arrivée,
39:51 on commentait les deux dernières heures,
39:53 en ayant le temps de reconnaître
39:54 les 20, 30, 40 ou 50 derniers kilomètres.
39:57 C'était merveilleux.
39:58 Et il arrivait, peut-être pas deux fois sur trois,
40:00 mais une fois sur deux,
40:01 qu'on soit logé dans des hôtels avec des équipes.
40:04 Le soir, on a un petit café avec un directeur sportif,
40:10 on fraisait les coureurs.
40:11 En fait, on était là.
40:13 Mon prédécesseur Théomaty me racontait dans les années 80
40:17 qu'en fait, il rentrait dans la chambre des coureurs.
40:21 Aujourd'hui, ou on fait de l'investigation,
40:25 ou on est commentateur,
40:26 faire les deux en même temps.
40:27 En plus, dans les périodes, vous me direz,
40:28 creuses, il n'y en a pas beaucoup entre les deux,
40:31 la pandémie a aidé, a isolé,
40:33 mais pas toujours les bienvenus partout.
40:36 Et donc, à un moment donné, voilà.
40:38 C'est extrêmement difficile de se faire des idées.
40:43 Mais ça ne nous empêche pas,
40:47 tout en étant des commentateurs,
40:49 de rester des journalistes
40:50 et d'essayer de nous plier à des règles,
40:53 à essayer de regarder.
40:55 La langue française est tellement belle
40:56 qu'on peut aussi quand même utiliser parfois le conditionnel.
40:59 Je pense que personne ne nous en voudra,
41:01 en sachant que les accusations sont en preuve.
41:05 Je dis ça souvent aussi.
41:07 Il y a beaucoup de bêtises
41:10 qui ont été commises dans le monde du cyclisme,
41:13 mais pas uniquement.
41:14 Il y a beaucoup d'autres sports aussi,
41:16 des manipulations, de la corruption,
41:19 ça existe un peu partout.
41:20 Ce n'est pas propre au sport,
41:21 c'est propre à la société.
41:24 Mais ce qui m'énerve par le tout,
41:26 c'est cette perpétuelle présomption de culpabilité
41:30 qu'a sur le cyclisme.
41:31 Parce que dans la vie de tous les jours,
41:34 et là je sors complètement du sport,
41:36 vous avez un droit fondamental,
41:39 vous, moi, tous les gens qui nous regardent,
41:42 qui nous écoutent,
41:43 qui est la présomption d'innocents.
41:48 Et ça nous mêle au...
41:50 les années passent,
41:52 et aux yeux de certains,
41:54 souvent,
41:55 et je ne dis pas, mais c'est comme ça,
41:58 aux yeux de certains,
42:00 il faut prouver qu'on n'est pas coupable.
42:03 Mais ça, ce n'est pas juste.
42:05 Par rapport à d'autres sports,
42:06 en tout cas, c'est vrai que ça paraît un peu injuste,
42:09 et le vélo a payé les pots cassés des années sombres,
42:12 mais le paye encore certainement un peu trop longtemps.
42:15 Évidemment.
42:16 Et c'est pour ça que je me réjouis de voir autant de jeunes,
42:18 parce qu'à un moment donné,
42:19 j'ai vu, malgré tout,
42:21 des jeunes, des papas,
42:24 c'est déjà un métier suffisamment dur,
42:26 si ça en plus, pour se faire traiter tous les noms, etc.
42:29 J'ai eu des...
42:32 Bon, moi maintenant, en vieillissant,
42:34 je suis plus de la génération des papas,
42:36 même parfois des papis,
42:38 que des coureurs,
42:40 mais déjà, on a envie, mais...
42:43 Et maintenant, je vois ces jeunes qui arrivent,
42:46 qui veulent faire ce sport,
42:48 et ils le font pour d'autres raisons aussi,
42:50 mais de plus en plus jeunes,
42:52 avec beaucoup d'enthousiasme,
42:53 qu'on entend à l'interview,
42:54 "Qui a un oeil de poule ?"
42:56 C'est du bonheur.
42:57 Ce gars, il a l'impression qu'il a les idiomatiques tout le temps,
43:00 comme ça,
43:01 et on sent qu'il prend du plaisir dans ce qu'il fait.
43:04 Voilà.
43:06 Ça, ça me réjouit énormément,
43:09 comme ça me réjouit aussi de voir
43:11 qu'il y a quand même encore des grands coureurs,
43:14 pour la plupart, peut-être pas tous,
43:16 mais qui ont des défaillances,
43:18 des belles défaillances.
43:20 Donc l'avenir est radieux, encore, du cyclisme, pour toi.
43:22 Pardon ?
43:23 L'avenir est encore radieux pour le cyclisme, pour toi.
43:26 Vous savez, moi, je suis très prudent,
43:28 mais moi, j'ai trop de respect pour ce sport.
43:32 Alors, on parle…
43:37 On n'insiste pas assez sur tous les sacrifices qu'il faut faire,
43:41 aujourd'hui.
43:43 Parler un peu avec un gars qui est brillant,
43:47 comme Tom Dumoulin,
43:48 qui explique pourquoi il a été trop jeune,
43:51 vainqueur du Giro,
43:53 vainqueur potentiel, à un moment donné, du Tour de France.
43:56 Et donc, saturation complète,
43:58 je veux dire qu'à un moment donné, c'est…
44:00 Vous êtes…
44:04 Vous avez toujours plus de temps au stage
44:06 que sur la compétition,
44:09 vous commencez de plus en plus jeune.
44:13 On ne peut pas dire adieu.
44:15 Franchement, je ne sais pas,
44:16 je ne devrais pas dire ça,
44:17 mais le présent,
44:19 on le vit et on doit vivre.
44:21 Et si le futur,
44:23 comme c'est déjà arrivé,
44:24 et comme ça se reproduira,
44:26 inévitablement, dans certains cas,
44:29 si le futur fait et démontre
44:32 que tout n'a pas été radieux partout,
44:35 et bien voilà, ce sera comme ça.
44:38 Mais moi, en tout cas,
44:40 je garde deux choses essentielles,
44:43 c'est beaucoup de respect pour ce métier de co-cycliste,
44:47 plus que jamais aujourd'hui,
44:49 dans un monde où l'effort…
44:52 Il y a moyen de faire d'autres choses
44:56 beaucoup moins exigeantes que du cyclisme,
44:59 beaucoup moins dangereuses aussi.
45:01 Parce que ça, c'est aussi un aspect…
45:03 Vous parliez de la Formule 1, etc.
45:07 Aujourd'hui, ce sport est devenu…
45:10 J'ai rencontré de légendes du sport belge
45:14 dans les années 70.
45:16 Eddy Merckx, et ils sont très amis,
45:18 et Jackie, ce que vous connaissez bien en France,
45:20 tous les exploits qu'il a fait,
45:22 notamment, pas seulement comme pilote de Formule 1,
45:24 mais sur les 24 éléments.
45:26 Et X me disait, moi, je suis d'une génération
45:30 où pratiquement tous mes collègues sont morts.
45:34 Je suis un survivant.
45:36 Mais à l'époque, la Formule 1,
45:39 c'était presque un cimetière ouvert.
45:43 Aujourd'hui, le cyclisme est devenu plus dangereux,
45:46 de toute façon.
45:48 Et quand vous voyez tout…
45:50 Et on ne parle pas du danger éventuel
45:53 de tout ce qu'on pourrait faire
45:55 comme chose de pas très belle.
45:58 Non, le danger pur de la route,
46:00 à force de faire en sorte…
46:02 N'oubliez pas que l'espace de jeu du coureur
46:06 n'est plus un espace de jeu,
46:08 et l'exemple le plus net à son paroxysme,
46:11 c'est au Pays-Bas,
46:13 n'est plus du tout l'espace de jeu d'un deux-roues.
46:16 Ce sont des espaces de jeu de quatre-roues.
46:19 Faut-il même expliquer que Casartelli est mort
46:22 pour être tombé, malheureusement,
46:24 sur un plot déjà à l'époque
46:26 qui était fait pour empêcher les voitures de tomber.
46:28 Aujourd'hui, tous les pièges qu'il y a,
46:30 que ce soit à l'entraînement ou en course,
46:32 sont terribles.
46:34 C'est un sport très dangereux.
46:36 Donc, moi, respect.
46:39 C'est surtout un sport qui, moi, en tant que commentateur,
46:42 parce que c'est ça le plus important,
46:44 moi, c'est ma passion,
46:46 c'est de commenter un événement
46:48 et pouvoir donner du plaisir aux gens.
46:51 Et le vélo, on donne
46:53 parce que c'est le seul sport au monde
46:55 où vous pouvez parler d'autre chose que du sport.
46:59 Vous imaginez comment un match de football…
47:01 J'ai fait huit coupes du monde de foot,
47:03 mais en reprenant par exemple l'église à côté,
47:05 où on dit que la spécialité gastronomique, c'est ceci.
47:07 Le Tour de France offre 40 % d'images de paysages,
47:10 le patrimoine, l'histoire, la culture.
47:12 Vous pouvez parler de tout.
47:14 C'est passionnant, c'est formidable.
47:17 Vous pouvez intéresser un public.
47:18 Combien de personnes me disent,
47:19 peut-être pas sur le circuit Eibnitz,
47:21 là, ce circuit, au Brussels,
47:22 mais sur le Tour de France,
47:24 moi, je regarde aussi pour les paysages,
47:26 faites-nous voyager, faites-nous vivre.
47:28 Et donc, il y a ce mix extraordinaire
47:31 qui fait que le relais d'un événement à ses nouvelles
47:36 en pleine nature.
47:38 Et le téléspectateur,
47:40 moi, je suis béni de pouvoir faire ça.
47:43 Et mon rôle, c'est ça.
47:45 De temps en temps aussi,
47:46 c'est d'essayer de dénoncer, de poser des questions.
47:49 Mais quand on sait…
47:53 C'est très facile, hein.
47:55 Ceux qui sont souvent les plus vidéolents,
47:57 ceux qui ne savent pas.
47:58 Moi, quand je ne sais pas,
47:59 j'ai appris à le dire.
48:01 Je me dis, je ne sais pas.
48:03 Mais je peux le dire.
48:04 Mais il faut le dire.
48:06 Des fois, il faut le dire.
48:07 C'est important.
48:08 Et pour conclure, Rodrigo,
48:09 on va se quitter sur un petit pronostic
48:11 ou peut-être juste des envies pour 2024.
48:14 En quelques mots,
48:15 s'il devait y avoir une chose
48:17 que vous voudriez commenter,
48:18 que vous voudriez voir pour 2024,
48:20 on va dire du côté belge,
48:22 un Tour de France,
48:23 pour Remco Venepoel,
48:25 un Paris-Roubaix,
48:26 pour Wout Van Aert,
48:27 est-ce qu'il y a une chose
48:28 que vous aimeriez voir l'an prochain ?
48:33 En fait, j'ai envie que ça continue comme ça.
48:35 Moi, j'ai envie de voir Van Der Poel et Van Aert
48:38 sur le vélodrome de Roubaix.
48:41 Se disputer la victoire, par exemple.
48:44 J'ai envie de voir Remco et Van Der Poel
48:46 arriver à Liège-Basteliège avec Pogacar.
48:49 Il y a deux ans, il n'y a pas photo.
48:53 Pogacar, il est avec nous tout le temps maintenant.
48:55 On ne sait pas.
48:56 En tout cas, qu'ils soient dans les Allemagnes et Kilomets.
48:58 J'ai envie de voir peut-être un bilan sans remont
49:01 avec les 7 ou 8.
49:03 Vous voyez, vous pourrez même mettre Alaphilippe là-dedans,
49:06 Pédersel, ceux que je viens de citer.
49:09 J'ai envie de voir un cours de France
49:11 où on rend hommage à Fignon et Lemond.
49:15 C'est peut-être mon rêve ultime.
49:17 Ou le 21 juillet, le jour de la 21e étape,
49:20 le 21 juillet, le jour de la fête nationale belge,
49:22 35 ans après les bisons entre Fignon et Lemond,
49:25 où on se retrouverait avec, allez, réveillons,
49:29 Pogacar, Vingegaard, Evenepoel.
49:33 Trois derniers jours, la dernière fois, c'est en 1968,
49:36 avec Van Springen, avec Braque et avec les futurs vainqueurs,
49:39 Yann Yann Sepp.
49:40 Et à Jouton-Roblige, comme ça, ce serait évident.
49:42 Ces quatre là se tiennent en une minute.
49:44 Et on part de Monaco, on arrive à Nice.
49:46 Ça, ce serait quand même génial, non ?
49:48 Ce serait la classe.
49:49 On se donne rendez-vous à Nice, du coup,
49:51 juillet prochain, pour voir si cette envie
49:54 et cette prédiction pourraient se réaliser.
49:56 Ce serait certainement un grand feu d'artifice.
49:58 Et j'en profite pour te remercier, Rodrigo,
50:01 pour cette interview sur Cyclisme Actu.
50:03 C'était passionnant.
50:04 On a entendu beaucoup de choses.
50:06 Je te souhaite un bon hiver et on se retrouve,
50:09 on espère très vite, pour la reprise du vélo,
50:11 l'année prochaine, dès début 2024,
50:15 avec toi, sur la RTBF, avec Cyril Sauguin.
50:18 Et voilà.
50:19 Donc, si tu as un dernier mot, je te laisse le dire
50:21 et merci encore.
50:23 Merci à vous tous et vivez le vélo,
50:26 que ce soit sur la RTBF ou ailleurs.
50:29 Je continuerai les années qui me restent
50:31 à essayer de vous faire, en tout cas, partager ma passion.
50:34 Et c'était un plaisir d'échanger avec vous.
50:37 Et ne le dites pas, mais la France est quand même belle.