• l’année dernière
Transcription
00:00 Lui, c'est Karim Lecloux. Il est le héros de Vincent doit mourir.
00:02 Un film dans lequel dès qu'il croise le regard de quelqu'un, cette personne veut le tuer à tout prix.
00:06 C'est un film qu'on a adoré chez Konbini.
00:08 Baston, combat et cascade, il est venu nous raconter ce tournage pas comme les autres.
00:12 Pour ce film-là, quand je l'ai fait, ça a été vraiment de jouer une comédie romantique dans un monde brutal
00:17 où on délivre beaucoup d'amour et aussi beaucoup de pain.
00:20 Voilà. Et c'était ce mélange entre pain et amour.
00:23 Il faut que tu fermes les yeux.
00:24 Pourquoi ?
00:27 Parce que si tu ouvres les yeux, tu vas me regarder et tu vas vouloir m'agresser à nouveau.
00:31 Effectivement, d'habitude, c'est plus réservé à Jason Statham.
00:34 Et là, disons que c'était plus Jason que Statham.
00:37 Il y avait un truc qu'on aimait beaucoup avec le réalisateur.
00:39 C'était surtout l'idée, justement, de montrer des corps du quotidien qui se tapent dessus.
00:43 L'idée, c'était aussi de parler de violences tabou de la société.
00:46 Il y a une bagarre premier degré avec des enfants, ce qui n'est pas là aussi classique.
00:50 La violence entre vieilles personnes, puisqu'à un moment, mon père,
00:52 moi, je me souviens sur le tournage qu'il va mettre une tarte à une vieille dame.
00:55 Même mon cerveau, il a buggé en me disant que c'est des trucs que je vois rarement à l'image.
00:58 Mais on aimait justement l'idée de franchir le tabou pour aussi montrer tout ce qui se passe dans notre société.
01:04 C'est un film qui a un fond sociétal sans forcément avoir un discours.
01:07 Quand on parle de violence, il y a aussi la violence verbale,
01:10 puisque tout naît quand même d'une mauvaise blague où il invite un stagiaire à aller lui chercher son café.
01:15 C'est quand même une blague de petits connards.
01:17 C'est peut-être l'une des choses les plus violentes.
01:18 Et ce qu'on aimait bien dans le film, c'était justement d'avoir un cahier des charges
01:21 qui ne respecte absolument pas le cahier des charges du cinéma français du premier film.
01:26 C'est-à-dire, il y a 18 bagarres, un bateau, un chien.
01:28 Oui, c'est un film de grands névrosés, mais le réalisateur est un grand névrosé.
01:35 Moi-même, je suis un grand névrosé.
01:37 Le co-scénariste est un grand névrosé.
01:38 Le scénariste de base est un grand névrosé.
01:40 Tout ça dans une grande névrose.
01:42 On n'avait aucune doublure cascades pour ces scènes de bagarres
01:46 parce qu'elles ont été chorégraphiées et mises en scène par Stéphane
01:49 et aussi par deux grands règleurs de cascades, que sont Manu Landzi et Anthony Faux,
01:52 et toute son équipe aussi de cascadeurs.
01:54 Et on avait tout préparé, justement, pour avoir une graduation
01:58 et avoir une évolution à travers les corps
02:00 parce que c'est un film qui ne passe pas par le discours.
02:02 Et le sentiment naît de ces bagarres et de ces corps qui s'entrechoquent.
02:05 Et du coup, on a tout mis en scène et c'était super,
02:08 sauf peut-être la fausse sceptique où c'était...
02:11 Disons que répéter sur des tapis, c'est une chose.
02:13 Répéter dans un lac de boue, s'y enfoncer à chaque coup,
02:17 le décor a créé une autre sensation.
02:19 On a fait deux très longues prises de 45 minutes.
02:21 Après, ils ont pioché dedans pour en tirer une scène qui ne fait pas 45 minutes.
02:25 - Mais qui est très longue quand même.
02:26 - Qui est très longue, mais qui tombe jamais dans l'esthétisant
02:28 ni dans la complaisance, c'est ce que j'aimais,
02:30 et sur lequel il y a un vrai basculement sur mon personnage
02:33 puisque tout d'un coup, d'agressé, il passe à agresseur.
02:36 C'est vrai que physiquement, elle était particulièrement éprouvante
02:39 parce qu'on n'arrivait plus à bouger.
02:41 Et je tiens à saluer la densité de l'autre acteur qui a joué avec moi,
02:43 qui est Guillaume Burstein, qui est un acteur exceptionnel.
02:45 Guillaume m'a fait très peur puisqu'il a coupé sa respiration.
02:48 Chaque fois, on peut interroger le réalisateur en lui disant
02:51 "On fait quoi là ?"
02:52 Je dis "Bon, bah, il faut continuer à tourner,
02:54 peut-être que de toute façon, manifestement, c'est peut-être déjà trop tard.
02:58 Finalement, tout le monde va bien, donc c'est assez chouette."
03:01 Il n'y a rien de plus ridicule aussi que dans certains films
03:03 où vous allez voir deux mecs au bar qui vont se battre,
03:05 qui vont se mettre en garde et qui vont faire des bruits de "ha ha ha ha".
03:08 C'est... Je ne connais pas ce genre de bar.
03:11 Généralement, les bruits, d'ailleurs, ce n'est pas "ha ha ha",
03:13 c'est déjà les mecs qui sont des "ha ha ha ha".
03:15 C'est un peu moins glorieux.
03:17 Et du coup, justement, ce qui était chouette,
03:20 c'était de la rendre quotidienne, sale.
03:22 L'idée, c'était de venir sur le tournage comme une page blanche.
03:24 Et comme on a eu la chance de tourner dans l'ordre,
03:26 cette accumulation de violence, cette fatigue,
03:29 allait faire naître un sentiment qui semblait en tout cas véritable.
03:33 Et du coup, de travailler par le corps,
03:35 j'ai trouvé ça très très intéressant sur le film.
03:37 Physiquement, j'étais un peu fatigué, mais je me suis vengé sur les entrecôtes.
03:40 Ce que j'aimais beaucoup, c'est que le film, ce n'est pas la question du pourquoi.
03:43 C'est surtout de pourquoi ça m'arrive très vite à l'évacuer,
03:46 sur comment on fait concrètement pour survivre.
03:48 Et je crois que c'est le premier film que j'ai fait
03:50 où j'avais le même objectif que mon personnage, c'est-à-dire rester en vie.
03:52 Donc je suis très content de répondre à cette interview.
03:54 Voilà.
03:55 CON-CON-CON-CONMINI CONMINI CONMINI
03:57 Colmini ! Colmini !

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