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Du lundi au jeudi, Helène Zelany reçoit un invité au centre de l'actualité.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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00:00 - Europe 1 Soir, 19h20. - Hélène Zellany.
00:06 - 19h22, merci de nous rejoindre sur Europe 1 si vous êtes salarié du privé.
00:10 Est-ce que vous avez l'impression que votre pouvoir d'achat a baissé l'an dernier ?
00:14 Eh bien j'imagine que oui et c'est une réalité si on en croit la dernière enquête que dévoile l'INSEE.
00:20 Ce soir on va en parler avec Olivier Redoulez, directeur des études à l'institut Rexecode. Bonsoir.
00:25 - Bonsoir. - Merci beaucoup de nous éclairer sur cette étude de l'INSEE.
00:29 On rappelle donc que le salaire net moyen dans le privé a diminué d'un pour cent
00:34 et que c'est du jamais vu depuis 25 ans. Comment ça s'explique ?
00:39 - Ça s'explique d'abord par un choc d'inflation qui a été majeur en 2022,
00:45 qui est issu d'un choc d'inflation importée, c'est-à-dire qu'on doit payer plus cher collectivement
00:50 des biens et notamment énergétiques qu'on achète à l'extérieur.
00:54 Et des entreprises ont eu du mal à suivre, elles-mêmes ont vu leur marge décroître.
01:01 Et les hausses de salaire ont été très importantes, en moyenne, la même étude de l'INSEE
01:06 dit que les hausses en euros courants ont été de 4,2% en moyenne.
01:10 Mais l'un dans l'autre, l'inflation à 5,2% et des salaires à 4,2%, ça fait une baisse moyenne de 1%.
01:19 - Voilà, ce qui est quand même très important.
01:21 On connaît la marge du gouvernement, il faut que le travail paye,
01:25 sauf qu'en 2022, le travail n'a pas assez payé.
01:29 Face à l'inflation.
01:32 - Face à l'inflation, oui, effectivement.
01:35 Mais c'est un chiffre quand même annoncé.
01:39 Le premier élément, c'est que dans une telle situation de crise inflationniste
01:44 avec un choc d'inflation importée, il y a forcément un sujet de temporalité.
01:47 Ce que l'on voit, c'est qu'il y a eu un rattrapage des salaires qui s'est mis en place.
01:52 Les salaires négociés se sont portés au-delà de 5% au début de 2023.
01:58 Et désormais, on attend plutôt des hausses de salaire au-delà de l'inflation pour les mois à venir.
02:03 Donc il y a un effet de rattrapage à mettre en place.
02:05 Ensuite, ce qu'il faut voir aussi, c'est que ces pertes de pouvoir d'achat
02:10 n'ont pas touché tout le monde de la même façon.
02:12 C'est-à-dire que les ménages les plus modestes ont été généralement épargnés.
02:16 Les plus de 2 millions de salariés au SMIC ont été épargnés.
02:19 Absolument. Le SMIC a suivi parfaitement l'inflation.
02:23 Et les pertes de pouvoir d'achat se sont plutôt concentrées sur le haut de la distribution de salaire.
02:28 De la même façon, les salariés qui sont restés au même poste,
02:32 ce qu'on appelle les salariés restés en place, eux, ils ont vu plutôt des gains de pouvoir d'achat.
02:37 Donc en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu des bouclements de main-d'oeuvre,
02:40 notamment beaucoup d'embauches.
02:42 Et ça, ces effets de composition de la main-d'oeuvre ont contribué à freiner l'évolution des salaires.
02:48 Olivier Redoulesse, vous parliez de rattrapage de la part des patrons.
02:53 Je voudrais qu'on prenne en ligne Olivier, qui est restaurateur en Loire-Atlantique,
02:56 et qui nous a appelé. Bonsoir Olivier.
02:58 Bonsoir.
02:59 Vous, est-ce que vous êtes en mesure d'augmenter vos salariés ?
03:03 C'est compliqué. C'est compliqué parce qu'on a déjà subi successivement la hausse de l'énergie
03:09 et une forte hausse des denrées.
03:13 Et puis là, si vous voulez, je suis confronté au sujet d'une demande d'augmentation tout à fait légitime d'un des salariés.
03:21 Et en fait, il y a un sujet dont on ne parle pas assez, je pense, ce sont les lois Fillon de 2005.
03:28 Les lois Fillon de 2005, pour faire un rappel assez rapide, c'était pour embaucher en masse les bas salaires,
03:37 parce qu'on avait du chômage de masse en 2005.
03:39 Donc Fillon avait sorti des déductions de charges.
03:44 Et moins on payait les gens, plus on était proche du SMIC, moins on avait de charges à payer.
03:48 Ce qui fait que... Mais par contre, dès que vous augmentez les gens,
03:52 ces réductions de charges se réduisent. Vous avez moins de réductions.
03:56 Donc vous avez moins intérêt à augmenter vos salariés.
03:59 Complètement. Et là, j'ai un fait tout à fait concret.
04:02 Il y a deux jours, je demande à mon comptable une simulation pour quelqu'un qui est payé 13,15€ de l'heure actuellement,
04:09 brut, à qui je voulais faire une augmentation de 200€ nette.
04:15 Voilà, donc l'augmenter et le faire passer à 14,80€ brut.
04:19 Pour lui, ces conséquences sont importantes, puis il le mérite amplement.
04:23 Et donc la simulation fait que j'ai une augmentation mensuelle de 470€.
04:29 C'est-à-dire que pour l'augmenter de 200€ net, moi je prends 470€ de charges.
04:34 Et c'est bien l'effet mécanique de la réduction Fillon qui se réduit quand le taux horaire augmente.
04:40 - Et du coup sur l'année, c'est pas possible pour vous alors ?
04:43 - Bah sur l'année, moi pour l'augmenter 2000 net, il faut que je prenne single euro de charge.
04:47 Donc c'est compliqué. Et si jamais... Pardon, les 8 autres salariés demandent la même chose,
04:53 c'est pas gérable. - Vous n'en sortez pas.
04:55 - Merci, c'est très intéressant d'avoir cet exemple très concret d'Olivier Redoulesse.
05:02 Deux Oliviers d'ailleurs.
05:04 Quand vous entendez ce restaurateur, on voit que le montant des charges rend les augmentations,
05:11 certes nécessaires face à la hausse de l'inflation, mais rend ces augmentations extrêmement difficiles.
05:18 - Effectivement. Alors il y a deux sujets d'ailleurs.
05:20 Quand on regarde le secteur des restaurations, c'est déjà un secteur qui, dans les services,
05:25 a eu plus de mal à augmenter ses prix que d'autres secteurs, notamment on peut penser à l'industrie.
05:30 Donc à plus de tension au niveau des marges, il y a moins de marge de manœuvre pour augmenter ses salariés.
05:38 Donc ça c'est un premier élément. C'est un secteur qui a perdu finalement en pouvoir d'achat collectivement.
05:42 Et ensuite, le monsieur a tout à fait raison, ce qu'on appelle des trappes à bas salaire,
05:47 c'est-à-dire que les différents dispositifs sociaux et fiscaux qui naissent au SMIC à peu près
05:54 et qui s'éteignent pour la plupart autour d'un dérive de 6 SMIC, c'est-à-dire les allègements sur,
05:58 mais aussi d'autres allègements de charges qui se sont ajoutés à l'issue du CICE d'une part.
06:03 Mais on peut penser aussi à la prime pour l'emploi et à la progressivité de l'impôt survenu,
06:07 fait qu'en fait il faut donner beaucoup de superbrutes côté employeur pour avoir un petit peu de net côté salarié.
06:15 Donc ça c'est un vrai sujet. C'était un des thèmes de la conférence sociale qui s'est tenue au milieu du mois d'octobre.
06:22 Et c'est un sujet de travail qui peut freiner à la progression des salaires au sein des entreprises.
06:27 - Et quelle est la perspective pour cette année 2023 et aussi éventuellement pour 2024 ?
06:33 Est-ce qu'on peut imaginer que les salariés du privé vont retrouver leur pouvoir d'achat ?
06:38 - Alors c'est toujours difficile de faire des prévisions, même pour un institut comme l'Alexis Code,
06:44 mais ce qu'on voit c'est que globalement il y aurait un peu plus de salaires, peut-être un peu moins d'emplois,
06:53 il y a un arbitrage qui va se faire à ce niveau-là. Il y a des effets de rattrapage bien sûr.
06:59 Et on voit d'ailleurs que ça pourra devenir presque une nouvelle source d'inflation,
07:07 au sens où quand on regarde les moteurs d'inflation, ils vont être plus liés à la hausse des marges et des salaires
07:13 dans les mois à venir qu'à la hausse des coûts de matières importées qu'on avait eues depuis quelques temps.
07:21 Donc c'est un sujet, il y a un petit peu de gain de pouvoir d'achat qui peut prévenir à ce niveau-là
07:26 et qui s'accompagnerait par ailleurs et qui correspondrait aussi à des petits gains de productivité.
07:30 - Merci beaucoup Olivier Redoulez, directeur des études à l'Institut Rexecode.

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