Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 Europe 1 Midi, Wilfried de Villers.
00:03 Le Midi 49 sur Europe 1, il a été créé il y a un an, le 1er mars 2022, pour reprendre
00:08 des affaires non élucidées.
00:10 Le pôle des affaires non élucidées de Nanterre aussi, appelé Colcais, qui a repris 77 affaires
00:16 depuis sa création, celle notamment de la tuerie de Chevaline.
00:19 Dans cette affaire, l'enquête sur l'arme des crimes a été relancée.
00:22 Une reprise d'enquête classée qui redonne de l'espoir pour la résolution des affaires
00:27 évidemment, mais aussi pour les familles de victimes.
00:30 Bonjour Corine Herrmann.
00:31 Bonjour.
00:32 Vous êtes avocate pénaliste, vous représentez les familles dans 10 dossiers qui ont été
00:37 transmis au pôle Colcais.
00:38 Je parlais de l'espoir à l'instant, c'est ça ? L'une des choses les plus importantes
00:42 avec ce pôle, faire renaître l'espoir pour les familles de victimes de se dire que peut-être
00:47 ces affaires vont être résolues ?
00:49 Oui, c'est un immense espoir pour les familles qui ont été abandonnées par la justice,
00:54 qui n'ont pas vu de juge d'instruction depuis très longtemps, qui n'ont plus d'investigation
00:58 dans leurs dossiers, dans lesquels des non-lieux ont été condamnés.
01:01 C'est l'espoir de voir enfin les dossiers investigués à nouveau et peut-être des auteurs
01:05 identifiés.
01:06 Vous avez vous-même un poussé pour la création de ce pôle Colcais.
01:11 C'était essentiel qu'il y ait enfin une véritable entité dédiée à la réouverture
01:16 de certains dossiers ?
01:17 Bien sûr, c'était un outil dont nous avions absolument besoin dans ces dossiers, notamment
01:22 de tueurs en série, puisque beaucoup de Colcais sont des dossiers de tueurs en série.
01:26 On y pensait, en tous les cas, moi j'avais besoin de cet outil depuis 1008, j'avais
01:30 vu toutes les difficultés qu'il y avait à relancer un dossier.
01:33 J'en ai parlé en 2008, on a demandé plusieurs fois au ministère de créer cette entité
01:38 et enfin nous avons pu avoir ce pôle qui est un espoir majeur pour les victimes et
01:44 qui va nous permettre de développer aussi une nouvelle technique, une nouvelle façon
01:48 de travailler les dossiers en difficulté.
01:49 Corinne Armand, on parlait de la tuerie de Chevaline, je disais que ça avait été repris
01:54 par l'enquête, avait été reprise par le pôle Colcais.
01:57 Est-ce que vous pouvez nous citer quelques autres affaires qui ont été reprises, quelques
02:01 autres dossiers qui ont été repris cette année ?
02:03 Oui, le fameux dossier du Grélet qui a été identifié avant la création du pôle mais
02:09 qui néanmoins continue à être investigué et qui a été repris par le pôle.
02:13 Il y a des dossiers fournirait, plusieurs dossiers.
02:15 Certains vont aller au procès probablement à la fin de l'année, mais d'autres dossiers
02:19 sont encore en investigation pour voir si ce couple de tueurs, le couple fournirait,
02:23 Monique Olivier, a pu être l'auteur d'autres faits.
02:26 Et puis il y a d'autres dossiers comme les disparus de l'Isère, qui sont des enfants
02:31 disparus ou tués dans l'Isère ou enlevés dans l'Isère.
02:33 Des affaires qui ne sont pas résolues, il y en a bien d'autres encore.
02:36 Corinne Armand, vous parliez à l'instant de Michel Fourniray et de Monique Olivier.
02:41 Il va y avoir un procès pour Monique Olivier probablement à la fin de l'année ou début
02:44 2024.
02:45 C'est ça aussi l'objectif du pôle Colquet ? C'est de réussir, de parvenir à aboutir
02:51 à un jugement même des années après ?
02:53 Oui, c'est un objectif, mais ce n'est pas le premier.
02:56 Le premier, c'est de reprendre les dossiers, de vérifier ce qu'on a loupé, ce qui n'a
02:59 pas été fait, ce qui n'a pas été bien fait pour essayer d'apporter des réponses
03:03 aux familles.
03:04 Et parfois, au-delà du procès, c'est important d'avoir déjà une réponse, de savoir si
03:08 finalement on peut identifier quelqu'un.
03:10 On peut avoir des auteurs comme Michel Fourniray qui sont décédés.
03:12 Donc on n'aura pas de procès dans ces cas-là, mais on amènera une réponse aux familles.
03:16 Évidemment, le but ultime, c'est d'avoir un procès pour les familles, mais elles veulent
03:20 avant tout une réponse en matière de disparition.
03:23 Elles veulent les corps, elles veulent retrouver leurs proches et pouvoir les inhumer.
03:27 Pour permettre de faire le deuil.
03:29 En France, on parle de 15 à 20 % d'affaires de meurtre non résolues.
03:33 Alors comment ça se passe au sein du pôle Colquet ?
03:35 Juste pour que l'on décide ou non d'ailleurs d'ouvrir à nouveau une enquête.
03:39 Comment on sélectionne ces enquêtes ?
03:40 C'est toute la difficulté pour nous, avocats, de faire monter ces dossiers, comme on dit.
03:46 Parce qu'il y a parfois des familles auxquelles on refuse.
03:49 Il faut en fait convaincre quatre magistrats, ce qui n'est pas rien.
03:52 Déjà, convaincre un magistrat c'est quelque chose, mais dans le convaincre quatre, il
03:56 faut convaincre les magistrats du pôle, il faut convaincre le parquet du pôle, mais
04:01 il faut aussi convaincre les parquetiers, les magistrats qui ont les dossiers dans leurs
04:04 mains.
04:05 Et c'est très très douloureux pour les familles.
04:07 C'est une attente douloureuse et compliquée.
04:08 Je pense que si les procédures pour transmettre les dossiers vont s'affiner, ils vont se
04:14 simplifier.
04:15 En tout cas, on l'espère.
04:16 Corine Herrmann, je rappelle que vous êtes avocate spécialiste des Colquet.
04:20 Qu'est-ce qui permet à ce pôle des affaires classées de ressortir une affaire, une vieille
04:26 affaire ?
04:27 Comment on se dit, tiens, celle-là va fonctionner plus qu'une autre, alors que finalement
04:31 ça n'avait pas abouti avant ?
04:32 Parce qu'on s'imagine bien que le travail qui a été fait par les enquêteurs était
04:35 quand même un travail minutieux, même lors de la première enquête, si on peut dire.
04:40 Détrompez-vous, c'est rarement un travail minutieux, ou pas assez souvent un travail
04:45 minutieux.
04:46 On abandonne très très vite les enquêtes, des fois au bout de deux heures.
04:51 Allez-y Corine Herrmann, allez-y.
04:53 La liaison était mauvaise, mais ça va mieux maintenant.
04:56 Voilà, donc on a parfois des convictions qui font qu'on reste sur un suspect et on
05:01 n'arrive pas à explorer les autres pistes.
05:02 Et puis parfois il y a des magistrats qui changent, qui ferment les dossiers.
05:05 Donc on a des dossiers, la durée de vie d'un dossier est souvent beaucoup plus courte
05:08 qu'on ne le pense.
05:09 Donc non, les affaires ne sont pas les mêmes.
05:13 Corine Herrmann, on vous entend à nouveau, mais la liaison n'arrête pas de couper.
05:20 Peut-être une dernière question, si ça fonctionne.
05:22 Jusqu'à où vous pouvez remonter pour vous dire, on va traiter ce dossier ou pas ?
05:27 Dans le temps, j'entends, en nombre d'années, est-ce qu'on pourrait reprendre des affaires
05:32 qui datent d'il y a une cinquantaine d'années ou peut-être encore davantage ?
05:35 Non, parce qu'on a le principe de la prescription en France, qui fait qu'on a finalement une
05:41 datation des dossiers qui s'imposent à nous.
05:44 Donc un dossier non prescrit, oui, un dossier qui est prescrit.
05:48 Et je pense que les affaires qui ont 40 à 50 ans risquent d'être prescrites.
05:51 Merci beaucoup Corine Herrmann.
05:53 Je rappelle que vous êtes avocate, pénaliste, spécialiste des Colcaid.
05:56 C'est la fin d'Europe Midi.