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  • 08/11/2023
Delphine Horvilleur, rabbin et philosophe, était l'invitée de BFMTV-RMC ce mercredi.

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Transcription
00:00 Gérard Larcher et par la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Brown-Pivet, qui appelle, je cite,
00:04 "tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République à participer dimanche à une grande marche civique contre l'antisémitisme".
00:12 Vous irez ?
00:13 Oui, j'irai. Mais voyez, c'était important pour moi et essentiel que ce soit pas un appel de la communauté juive ou des institutions juives.
00:20 C'est effectivement un appel républicain.
00:23 Je pense que c'est important que précisément, enfin, comme je le disais tout à l'heure, il y a eu tant de moments ces dernières années où les Juifs de France,
00:29 la communauté juive s'est sentie seule pour que, d'une certaine manière, elle n'ait pas besoin de se dire "Dimanche, moi j'ai besoin d'y être"
00:36 ou "je dois être au premier rang de cette manifestation, moi j'aurais envie d'y voir plein de monde".
00:40 Alors c'est vrai qu'aujourd'hui, et je comprends ce débat, tout à coup il tourne autour de partis politiques, qui y sera, qui n'y sera pas.
00:46 Voilà, c'est pas un scoop si je vous dis que vraiment je ne me réjouis pas à l'idée de marcher aux côtés de partis politiques qui nourrissent depuis des années,
00:55 qui sont pétris ou qui ont fait grandir la haine d'une manière ou d'une autre, ou qui l'ont alimenté.
01:00 Je crois aujourd'hui que c'est les citoyens qui doivent marcher.
01:04 Je ne voudrais pas que ce soit une récupération de quiconque.
01:07 Je rêve effectivement qu'on puisse marcher, qu'on puisse se mobiliser de la même manière qu'on pourrait tout simplement s'appeler les uns les autres, prendre des nouvelles, se demander quoi.
01:16 On prend de vos nouvelles.
01:18 Oui, beaucoup de juifs se sont exprimés d'ailleurs récemment dans des témoignages, dans les journaux, disant "j'ai l'impression que mes amis n'osent pas m'appeler".
01:27 Moi j'ai eu l'impression d'avoir eu beaucoup de gens extrêmement bienveillants autour de moi.
01:32 Et puis je vous avoue que j'ai démultiplié moi-même les coups de fil.
01:36 Vous avez pris les devants.
01:37 J'ai pris les devants.
01:38 Et par exemple, j'ai ressenti un besoin très fort d'appeler tous mes amis de culture arabe et musulmane.
01:46 Et précisément, je vous le disais tout à l'heure, il en allait presque de ma santé mentale, d'une humanité à cultiver pour chacun d'entre nous.
01:55 C'était important pour moi de renforcer mes conversations avec ceux que j'ai toujours jugé être mes alliés, dans un moment où il y a chez tout le monde un réflexe de reprise.
02:06 Vous avez lancé un appel par exemple avec l'écrivain Kamel Daoud.
02:09 Ça fait partie des dialogues qu'il faut aujourd'hui cultiver.
02:14 Oui, et encourager certains à se demander.
02:17 J'en parlais avec Wajdi Mouawad, un ami directeur de théâtre, il y a quelques jours,
02:22 se demander de quelle manière des graines de haine ont été plantées en chacun d'entre nous,
02:26 que chacun puisse reconnaître de quelle manière peut-être chez lui, des graines d'antisémitisme ont été plantées sans qu'il le sache.
02:33 Depuis des années, chacun se demande qui est antisémite, qui ne l'est pas.
02:36 Je pense que la question est plus complexe que ça.
02:38 Il faut toujours se demander à quel moment le langage antisémite parle en moi.
02:44 À quel moment dans ma vie, par mon indifférence, par mon refus de prendre mes responsabilités,
02:49 je suis en train d'accuser un autre, de nourrir un certain,
02:53 comme d'ouvrir une boîte de pandore antisémite qui va passer par moi et déferler sur la société, peut-être sans que je m'en rende compte.

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