L'armée israélienne a annoncé qu'elle allait "étendre ses opérations terrestres" à Gaza ce vendredi soir et avoir intensifié ses frappes "d'une manière très significative" sur le territoire palestinien. De son côté, le Hamas a indiqué avoir tiré "des salves de roquettes" en direction de l'État hébreu.
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00:00 Comment vous réagissez en voyant ces nouveaux bombardements très importants ce soir sur la bande de Gaza
00:06 et dont on nous dit qu'il y aurait un début d'opérations terrestres ou des opérations terrestres étendues ?
00:11 Est-ce que c'est de nouveau le scénario du pire qui se profile ?
00:14 Oui, on est rongé d'inquiétude d'abord.
00:19 Ensuite, on se sent terriblement impuissant.
00:22 On est des acteurs humanitaires, un médecin sans frontières.
00:24 On est dans la bande de Gaza auprès de la population de Gaza depuis 2000.
00:28 On a 300 collègues palestiniens avec lesquels on a perdu contact.
00:31 On a 22 collègues internationaux qui sont au sud de Gaza
00:35 avec qui on a réussi à établir un contact encore récemment et qui vont bien.
00:40 On est évidemment rongé d'inquiétude et on se sent donc terriblement impuissant
00:45 parce qu'en fait, nous, notre métier, c'est de sauver des vies.
00:47 Donc là, non seulement on ne peut pratiquement rien faire,
00:50 mais on est condamné en fait à assister à ce qui est,
00:54 nommons les choses, un sacrifice assumé et organisé de milliers,
00:59 peut-être de dizaines de milliers de civils.
01:03 Donc nous, on est partagé entre l'effroi et l'indignation.
01:06 Et permettez-moi, puisque vous avez raison de resituer le point de vue de l'acteur humanitaire,
01:11 donc permettez-moi aussi de rajouter quelque chose,
01:15 quitte à faire un peu fissurer le vernis de bonne conscience
01:19 que j'entends un peu sur votre plateau de la part de certains commentateurs depuis tout à l'heure.
01:23 Allez-y.
01:25 En fait, là, on parle de gens bien réels en fait.
01:28 On parle de gens bien réels.
01:29 Donc on parle de patients, on parle d'humanitaires,
01:33 on parle de nos collègues palestiniens et de leur famille.
01:36 On parle de toute une population qu'on réduit à une espèce de masse informe,
01:39 quelque part qui n'avait qu'à pas être là en quelque sorte.
01:43 Elle n'avait qu'à pas être là.
01:44 On l'a mise là en fait.
01:45 La population de Gaza, elle est sous blocus depuis 2007.
01:48 Elle est coincée là.
01:49 Elle n'a nulle part où aller.
01:51 Et donc, je voudrais quand même, dans ce moment qu'on est en train de vivre en live,
01:56 dans cette espèce de massacre à huis clos dont on découvrira plus tard le résultat morbide,
02:04 qu'on ait au moins un petit peu la décence de se rappeler qu'on parle d'êtres humains,
02:08 d'êtres vivants qui sont comme nous tous dans ces moments-là,
02:12 et en proie à l'effroi, à la terreur, au deuil et à la souffrance.
02:18 Sachez en tout cas que les morts d'un côté ou de l'autre de la séparation sont déplorées.
02:24 Et l'expression qui revient souvent en tout cas sur ce plateau ce soir,
02:26 ce sont, quoi qu'il arrive, des morts de trop.
02:28 Voilà juste pour la précision.
02:31 Juste une dernière question.
02:32 Les États-Unis qui demandent une trêve humanitaire ce soir,
02:34 est-ce que connaissant le poids des États-Unis dans la région,
02:38 notamment côté israélien évidemment,
02:39 est-ce que c'est la seule façon de vous permettre de faire votre travail ?
02:44 Tout est bon à prendre en fait.
02:46 Tous les efforts qui vont dans le bon sens.
02:47 C'est-à-dire du répit pour les civils,
02:50 de la possibilité d'acheminer de l'aide au-delà de l'aide aux comptes-gouttes
02:55 qu'on a pu voir ces derniers jours,
02:57 la possibilité de véritablement faire sortir la population de Gaza
03:01 de cette asphyxie, de cette mort accélérée à laquelle elle fait face.
03:06 Tous les efforts sont bons à prendre.
03:08 Donc après, on attend évidemment comme tout le monde des résultats concrets.
03:11 Et encore une fois, ce soir, je pense que nous sommes tous submergés,
03:18 nous les humanitaires, par les événements qui sont en train de se passer
03:23 un peu à huis clos et que c'est quand même autour de ça
03:26 que nous sommes aujourd'hui suspendus.
03:28 Et je vous précise que s'ils sont à huis clos,
03:29 c'est parce que la masse ne nous permet pas de faire notre travail
03:31 comme on nous permet de le faire côté israélien aussi de la séparation.
03:35 Et que c'est bien dommage parce que ça nous permettrait d'avoir des chiffres
03:37 que nous pourrions confirmer.