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Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00 À présent, nous allons parler d'une femme qui a fait don de son corps et de son brushing à la France.
00:05 Ce biopic de Léa Domenach raconte la vie de Bernadette Chaudron de Courcel, l'épouse de Jacques Chirac.
00:11 Sa lutte pour exister après leur arrivée à l'Elysée en 1995, avec une Catherine Deneuve, inattendue dans le rôle-titre, Émilie.
00:18 Oui, et alors c'est ce qui fait toute la saveur de ce film, c'est que ce n'est pas qu'un film sur Bernadette, c'est un film sur Deneuve.
00:24 Bernadette et Deneuve. Et donc tout le film est à double sens, parce qu'il n'y a pas une scène qui se découvre.
00:28 Elle est dans toutes les scènes, évidemment, sans à chaque fois cet effet de double sens.
00:32 Donc ça rend le film très attachant, très drôle. C'est un bonbon nostalgique, acidulé, totalement kitsch.
00:39 Et c'est aussi un film assez malin sur une forme de satire assez maligne sur qu'est-ce que c'est que la communication politique et ses dérives, en fait.
00:48 Parce que là, tout l'enjeu du film, c'est comment Bernadette va à un moment donné changer son image à l'Elysée.
00:54 Va passer de vieille dame, potiche, un peu ringarde, voilà.
01:00 - De méchante, oui. - Et voilà, à une femme branchée.
01:04 Et donc, je vous annonce une scène où son conseiller Denis Pedalides a une idée de génie.
01:10 C'est de l'associer à un boy's band de l'époque, dans les années 90, qui vraiment nous a toutes faites beaucoup rêver.
01:16 - 2B3. - 2B3, c'est un boy's band. C'est un groupe de jeunes garçons très énergiques, qui chantent, qui dansent et que les jeunes filles adorent.
01:25 - Voilà, c'est un véritable phénomène. - Oui, il est pas mal celui-là. Bon, c'est d'accord pour le boy's band.
01:32 Allons-y.
01:34 Voilà, alors c'est l'effet cut du film comme ressort comique.
01:41 2B3 a été remplacé par Les Musclés et là on voit de neuf. C'est vraiment la réaction de de neuf. C'est l'élégance absolue.
01:47 - Vous allez me dire que ça aussi, c'est vraiment vintage. - Les Musclés, ils sont au club Dorothée. Ils ont beaucoup de succès.
02:02 C'est navrant, c'est n'importe quoi. Non, mais on avait dit Les 2B3.
02:07 Disons que Les 2B3 n'ont pas la même sensibilité politique que vous et ils m'ont donné une fin de nom à ce voix.
02:14 - L'autre star de ce film-là, c'est aussi les années 90-2000, Simon. - Oui, oui, bah oui.
02:22 - Pour le meilleur et pour le pire. - C'est ça et puis c'est rigolo parce que oui, là, moi, je viens de reconnaître quelques séquelles de mon enfance.
02:28 Donc c'est toujours émouvant de se retourner sur une vieille blessure.
02:31 Le film a quelque chose d'assez étonnant, c'est que c'est peut-être le film le plus bourgeois que j'ai jamais vu dans le sens où il est aussi sympathique
02:38 que quelqu'un de très bien éduqué, qui est capable de faire des blagues très marrantes, d'être parfois très fin, mais qu'il est aussi inconséquent
02:44 que quelqu'un qui n'a pas trop à s'inquiéter de ce qu'il fait et comment il le fait. C'est-à-dire que le film est capable tout d'un coup, moi, de me faire pleurer
02:51 en deux séquences avec Maude Weiler en évoquant le dessin d'un membre de la famille Chirac, pour finalement ne jamais traiter ça totalement.
02:57 Il est capable de montrer Chirac d'une brutalité saisissante quand il fait passer un petit mot, mais pour finalement être un peu inconséquent là-dessus aussi.
03:04 Il est capable de traiter de la communication politique, mais est-ce qu'il la dénonce ?
03:08 - Mais jamais de politique, justement. C'est pas la que babelait.
03:11 - Non, il rend quand même toute, je dirais, la famille politique, à ce moment-là, du parti Chirac, véritablement comme quelque chose de sympathique, en fait.
03:20 - Et c'est pour eux, c'est le problème.
03:22 - Il y a une bonne idée dans le film, c'est de ne pas jouer véritablement l'imitation des figures politiques et d'être dans l'incarnation.
03:28 C'est la bonne idée.
03:30 - Parce que pour moi, elle choisit pas des acteurs pour leur physique média.
03:33 - On va prendre un petit, on va prendre un truc de chacun et on va les reconnaître comme ça.
03:40 - Typiquement, le Roi Stoker sur Sarkozy est quand même très bien.
03:46 - Michel Villarroel sur Chirac, il est très beau.
03:49 - Mais il faut simplement dire aux gens, si vous aimez Catherine Deneuve, moi, je trouve que c'est un festival, Catherine Deneuve.
03:58 Elle a une précision de jeu.
04:00 - On peut l'avoir dans d'autres films.
04:01 - Non, mais c'est incroyable. On a l'impression qu'elle conduit le spectateur par un jeu de regard. Elle s'amuse.
04:06 - Il y a une complicité avec la réalisatrice qui a écrit le film pour elle.
04:10 - Baruchia, c'est ça, ça vous a bien empeigné ?
04:12 - Oui, c'est la revanche de Bernadette.
04:14 - Sauf que moi, j'ai l'impression que le film, sans arrêt, essayait de me faire croire que Bernadette était une espèce d'icône de pop culture.
04:20 - La reine d'Angleterre.
04:21 - Un peu comme la reine d'Angleterre, sauf qu'elle n'a jamais été sur un album des Sex Pistols. Enfin, je ne crois pas.
04:26 - On voit qu'il y a un échec total.
04:28 - Mais Baruchia ne prend pas le truc.
04:29 - Baruchia, tu as vu la scène qu'on a regardée ?
04:31 - Le problème, c'est que dans ce genre de film, parce que finalement, on ne la connaît pas tant que ça, Bernadette,
04:35 on a envie de savoir de quelle était sa vie privée professionnelle.
04:39 Là, le film enchaîne les clichés. Oui, c'était une femme énormément trompée, on le sait.
04:44 Oui, c'était une femme qui s'occupait des timbres postes, enfin des pièces jaunes, pardon.
04:49 On le sait. Et tous ces clichés, en fait, on ne voit que des clichés.
04:53 Et la parodie dessert le film et dessert ce qu'on a envie de savoir sur Bernadette.
05:00 - Si tu veux savoir quelque chose sur Bernadette, tu ne vas pas voir le film.
05:03 C'est une comédie. C'est une comédie.
05:05 - Mais la comédie peut être réincise.
05:07 - La comédie peut avoir le soin du détail.
05:09 - C'est une comédie qui surfe sur ce qu'on sait déjà.
05:11 - On n'apprend rien sur Bernadette.
05:13 - C'est comme quand on fait du viol.
05:15 - Le croustillant, ça vient des petits détails qu'on ne connaît pas.
05:17 - Mais tu ne peux pas refuser au film d'être ce qu'il n'est pas.
05:20 - C'est une parodie.
05:22 - C'est une parodie, mais il est très bien fait.
05:25 - C'est une parodie inévalable, même si on connaît vraiment le personnage.
05:29 - Le cœur antique qui vient s'amuser, il faut le dire, qui vient commenter.
05:34 - A aucun moment, quand tu entends ça des gens qui vont...
05:37 - Comme des héros du Moyen-Âge.
05:39 - A aucun moment, tu peux croire que c'est vrai.
05:42 - Ils n'arrêtent pas de nous dire tout ce qu'on vous raconte est faux.
05:45 - Ah bah super !
05:47 - Est-ce que tu t'es amusé ou pas ?
05:49 - Pas du tout. Absolument pas.
05:51 - Et donc je le dis.
05:53 - Parodie, pastiche ou satire, il y a quand même un souci.
05:55 - C'est qu'on ne nous montre que des élus.
05:58 - C'est des élus qui vivent dans un pays sans peuple.
06:00 - Et je pense que ce n'est même pas un choix du film.
06:02 - Le film ne s'en rend même pas compte parce qu'il existe et il nous parle depuis une position...
06:06 - Mais ce n'est pas un film politique.
06:08 - Mais vous êtes dément, vous avez dit que vous étiez un film bourgeois, c'est la réalité.
06:12 - Mais c'est ça.
06:13 - Bon, alors après, qu'est-ce que tu veux, c'est pas LFI ce film.
06:16 - Je ne comprends pas, comment vous lui reprochez de ne pas montrer le peuple.
06:18 - C'est un film sur Bernard Chirac et comment...
06:21 - Le parallèle entre Catherine Deneuve et Bernard Chirac, c'est ça que je suis amusé.
06:24 - En tout cas, Bernadette ravive les passions.
06:28 - Merci.
06:29 Merci à tous !

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