• l’année dernière
Avec Sandie Boulanger, relaxologue et sexothérapeute. Créatrice de « 15 Février » : une plateforme d’éducation érotique pour les couples qui s’engagent à développer leur sexualité.

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##BRIGITTE_LAHAIE-2023-10-16##
Transcription
00:00:00 14h16, Brigitta et Sud Radio.
00:00:04 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio et en ce mois d'octobre rose
00:00:10 qui a pour but de lutter contre le cancer du sein mais aussi de nous sensibiliser sur cette maladie qui nous touche tous
00:00:17 soit directement, soit par l'intermédiaire d'un proche.
00:00:20 Je vous propose qu'en compagnie de Sandy Boulanger, nous évoquions le cancer et la sexualité
00:00:27 parce que oui, le cancer ça nous touche au plus profond de notre être puisqu'il nous prouve en un instant que la vie peut s'arrêter
00:00:34 mais il touche aussi notre corps qui va subir des traitements lourds
00:00:38 et justement ce corps plus que jamais a besoin de tendresse, il a besoin qu'on s'occupe de lui
00:00:44 et dans cette épreuve, bien souvent notre partenaire se retrouve démuni, il ou elle ne sait pas très bien quoi dire, quoi faire.
00:00:51 Alors on va essayer de vous donner des pistes avec Sandy Boulanger, alors que ce soit vous ou votre partenaire, un ami, un parent
00:01:01 n'hésitez pas, venez témoigner, venez nous dire comment vous vivez ou comment vous avez vécu ce cancer.
00:01:07 Toutes les questions sont les bienvenues, vous le savez on parle vrai sur Sud Radio donc n'hésitez pas à nous appeler
00:01:12 pour ça vous composez le 0 826 300 300. Sandy Boulanger bonjour.
00:01:18 Bonjour Brigitte.
00:01:19 Alors vous êtes reloxologue, vous êtes également sexothérapeute mais vous travaillez aussi en soins intensifs
00:01:27 donc on sait que vous côtoyez des gens qui sont très malades, qui sont même peut-être parfois prêts, se préparent à partir.
00:01:38 C'est vrai qu'a priori comme ça, cancer et sexualité, on pourrait penser que c'est un sujet qui n'est pas tout à fait d'actualité
00:01:48 parce qu'après tout quand on a le cancer, est-ce que la sexualité a encore du sens ?
00:01:52 Je crois qu'au contraire la sexualité a...
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00:03:34 C'est important de le savoir.
00:03:36 Alors moi je parlais de tendresse, vous parlez de sexualité, en fait maintenir l'intimité finalement c'est peut-être ça l'essentiel, non ?
00:03:45 Exactement, c'est-à-dire que quand on est sous traitement, effectivement en fonction des traitements et on n'est pas tous pareil par rapport à ça,
00:03:51 il faut comprendre que de toute façon la vie d'avant ne sera plus, ça ne sera jamais plus comme avant.
00:03:58 Donc il y a un deuil à faire aussi de sa vie d'avant la maladie, que ce soit au niveau...
00:04:02 Vous voulez dire même une fois guérie, ce ne sera plus comme avant ? Pourquoi ? Parce qu'on en garde quelque part ce souvenir, parce que le corps n'oublie rien ?
00:04:12 Oui, dans les deux cas. C'est une traversée du désert le cancer et c'est vrai qu'Octobre Rose, et je suis toute de rose vêtue, mais ce ne sont pas des paillettes et du glamour,
00:04:22 c'est surtout un combat pour maintenir les gens en vie et surtout dans des qualités de vie qui soient magnifiques et chouettes.
00:04:32 Donc même après les traitements, quand on est dit aujourd'hui en rémission, on peut avoir des séquelles bien sûr, des traitements physiques et puis surtout psychologiques.
00:04:41 C'est une traversée du désert, on n'en sort pas indemne. Beaucoup de gens en font une expérience initiatique valorisante.
00:04:48 D'ailleurs ce sont des personnes qui vont elles-mêmes s'engager dans des causes, dans des associations tellement ça les a perturbées, chamboulées.
00:04:55 Mais les autres qui ne vont pas communiquer, qui ne vont pas prendre la parole vont de toute façon avoir une partie de leur vie qui va être mise entre parenthèses.
00:05:05 On ne peut pas toujours continuer à travailler quand on est soigné pour un cancer. Donc il y a tous ces effets là aussi qui sont bien sûr des conséquences collatérales de la traversée de cette maladie.
00:05:15 Alors bien sûr on va avoir beaucoup d'appels malheureusement parce que ça touche énormément de monde.
00:05:20 Je le disais, on est forcément tous touchés par le cancer puisqu'on a tous autour de nous des gens qui l'ont.
00:05:27 Qu'est-ce que vous avez envie de dire à ceux qui nous écoutent et qui ne savent pas justement comment réagir face à quelqu'un qui annonce qu'il a le cancer ?
00:05:36 Je crois que la première chose à faire c'est d'entendre et de ne pas avoir forcément de conseils ou de solutions.
00:05:42 Souvent ce qu'on peut entendre aussi quand on a cette maladie c'est "Ah pourtant on dirait pas".
00:05:47 Comme si cet arrêt de maladie qui est provoqué par les traitements lourds, c'était comme si tu avais de la chance d'être à la maison et puis du coup tu peux en profiter.
00:05:56 Tu n'as pas perdu tes cheveux, on dirait pas que tu as le cancer.
00:05:59 La première chose à faire c'est juste d'écouter.
00:06:01 Et peut-être s'il y a une phrase qui pourrait résumer tout ce que tous on peut sentir c'est "Je suis triste avec toi".
00:06:07 Oui, finalement écouter, être présent, peut-être même toucher l'autre d'un geste qui se veut tendre.
00:06:19 Bien sûr, je crois que ça fait très peur aussi. C'est une maladie qui fait très peur et qui met très mal à l'aise.
00:06:25 Donc effectivement de pouvoir juste prendre la main de l'autre ou une main sur l'épaule en fonction du lien qu'on peut avoir.
00:06:31 Mais j'aime vraiment cette phrase de se dire "Je suis triste avec toi".
00:06:34 Ce n'est pas pour toi, c'est que moi aussi ça me touche quand tu me dis ça.
00:06:38 Ça me touche et c'est déjà beaucoup et ça suffit, on n'a pas de conseils à donner.
00:06:43 Parfois aussi les personnes sont très présentes au début de l'annonce, peut-être un peu durant les traitements, mais plus trop après dans la durée.
00:06:52 C'est pour ça qu'il y a des associations qui existent aussi pour accompagner l'après-cancer.
00:06:57 Je pense à l'association Skin qui utilise beaucoup l'art pour accompagner.
00:07:01 Parce qu'on ne sort pas comme avant de cette expérience et qu'il faut continuer à apprendre à être une nouvelle personne
00:07:08 avec des ambitions peut-être très différentes et de retrouver une vision du monde peut-être plus apaisée.
00:07:15 Parce que quand on a eu très peur, même si ça peut se soigner très bien, cancer est un mot qui fait très peur.
00:07:20 C'est normal parce que c'est très synonyme de mort. Alors que quand même, rappelons-le, énormément de cancers aujourd'hui se guérissent.
00:07:29 Oui, et aussi c'est quand même une expérience qui va changer à jamais.
00:07:33 Ça je crois en effet que c'est une vraie expérience initiatique comme vous l'avez dit.
00:07:38 En tout cas, on sait que chez les femmes c'est le cancer du sein qui est souvent le plus difficile
00:07:46 parce que ça touche évidemment une partie du corps symbolique de la féminité.
00:07:52 Chez les hommes, c'est le cancer de la prostate ou pas forcément ?
00:07:58 Sur l'atteinte de l'estime de soi, oui. Parce qu'effectivement quand on va sur les attributs du féminin et les attributs du masculin,
00:08:05 on va sur la poitrine ou l'organe génital.
00:08:08 Donc que ce soit masculin ou féminin, dès qu'on est touché en fait dans soit ce féminin sexuel, soit ce masculin sexuel,
00:08:15 effectivement c'est la prostate qui touche les hommes.
00:08:18 Mais le simple fait de ne pouvoir continuer à faire l'amour comme avant,
00:08:22 c'est-à-dire avec pénétration et toucher les zones érogènes primaires que sont les parties génitales et la poitrine,
00:08:29 on se dit qu'on n'a pas forcément du coup possibilité d'avoir de sexualité.
00:08:33 Et c'est pour ça que vous l'aviez dit en démarrant l'émission, et je vous en remercie,
00:08:37 les aidants, parce que c'est comme ça que ça s'appelle, les proches, que ce soit les couples ou la famille,
00:08:43 les aidants ont besoin d'être accompagnés aussi sur cette façon d'être, cette sensualité,
00:08:48 parce que quand on est un couple, on partage de l'intimité sexuelle,
00:08:52 quelles que soient les pratiques que l'on a, quelles que soit l'orientation, c'est pas la question.
00:08:56 On a besoin de se dire "ok, on n'est pas obligé de tout mettre de côté,
00:09:00 on se sent parfois coupable de ne pas être malade soi-même, on ne sait pas comment accompagner l'autre,
00:09:04 et on oublie effectivement que les gestes, les attentions, la sensualité, la tendresse, jusqu'à la sexualité,
00:09:11 ce sont des choses qui font du bien à tout le monde.
00:09:13 - Eh bien on en parle justement avec Sandy Boulanger, notre aidante, n'hésitez pas à nous rejoindre,
00:09:20 nous avons Aurélie qui va...
00:09:22 - Nous sommes avec Sandy Boulanger aujourd'hui, relaxologue, créatrice également de la plateforme 15 février,
00:09:34 mais on va surtout parler aujourd'hui du cancer et de votre sexualité,
00:09:39 et merci à Coralie d'être avec nous pour démarrer cette émission, bonjour Coralie.
00:09:43 - Bonjour Brigitte, bonjour Sandy.
00:09:46 - Bonjour.
00:09:47 - Alors, vous êtes donc, comme on dit, en longue maladie, c'est ça ?
00:09:53 - Oui, tout à fait, oui.
00:09:55 - Depuis combien de temps ?
00:09:56 - Alors depuis le mois d'avril, en fait c'est une récidive, puisque j'ai déjà eu un premier cancer en 2001,
00:10:02 donc cancer du sein, bien sûr.
00:10:04 J'avais eu chimio, rayons, curie-thérapie, écurage axillaire, donc en avril 2001,
00:10:13 et donc là j'ai eu une récidive, là en avril encore, à nouveau, de cette année.
00:10:18 Donc là on m'a fait carrément l'ablation du sein.
00:10:22 J'ai le sein droit aussi qui a été touché, donc là c'est le sein gauche qui a été retiré,
00:10:28 donc là je suis en reconstitution ma mère, et c'est vrai que bon, je ne l'ai pas trop bien vécu,
00:10:32 puisque j'étais avec une personne qui n'était pas suffisamment à l'écoute pour ça,
00:10:36 et qui au contraire se détachait de moi, parce qu'évidemment il n'a pas supporté la maladie,
00:10:42 comme beaucoup d'hommes.
00:10:44 Donc voilà, c'est vrai que ça a été un moment très dur.
00:10:48 - Oui, ça c'est important ce que vous dites, parce que parfois le partenaire,
00:10:51 mais ça peut aussi être la partenaire, mais peut-être plus les hommes, c'est vrai,
00:10:55 ça le renvoie à son angoisse de mort,
00:11:00 et quand c'est trop fort, ça crée une communication pratiquement impossible.
00:11:07 - Souvent ce qu'on peut voir, et il y a eu des statistiques aussi qui ont été faites par rapport à ça,
00:11:12 c'est que quand même, le cancer va rapprocher 85% des couples.
00:11:18 85% des couples vont être renforcés à plus de 5 ans,
00:11:22 et effectivement, sur les 15% restants, la majorité vont être des femmes malades
00:11:27 qui vont être quittées par les hommes.
00:11:30 Mais ce qui est essentiel de comprendre, c'est que parfois, la maladie est une loupe.
00:11:34 Elle permet effectivement de mettre en lumière des dysfonctionnements,
00:11:40 et c'est vrai que souvent, il y a des hommes qui ne savent pas communiquer,
00:11:44 et que lors d'une maladie de leur partenaire, ne savent pas communiquer,
00:11:48 donc ils partent par manque de communication, de mots.
00:11:53 - Ah oui, oui, oui. - Et ça ne veut pas dire qu'ils se sentent bien,
00:11:57 c'est que ne sachant pas gérer ce flux émotionnel, ils partent, c'est vrai.
00:12:01 Et c'est d'autant plus difficile, c'est une double peine, c'est compliqué.
00:12:05 - Et puis nous, dans ces moments-là, on est fort, moi je me suis sentie forte,
00:12:09 parce que je me suis toujours... c'est-à-dire que je ne me suis pas sentie malade déjà pour le premier,
00:12:13 pour le deuxième, ça m'a fait pareil, et au contraire, la maladie,
00:12:17 moi je l'ai assumée complètement, puisque j'en parlais comme on parle d'une grippe,
00:12:23 donc je l'ai complètement assumée, j'ai fait en sorte aussi de m'entourer de gens positifs,
00:12:27 parce que je ne voulais pas non plus qu'on vienne pleurer autour de moi,
00:12:31 et c'est vrai que j'avais cette force, donc c'est vrai qu'on ne comprend pas
00:12:35 qu'on est quittée dans ces moments-là, alors qu'au contraire,
00:12:39 on reste positive et forte pour ça.
00:12:43 - C'est un moment symbolique aussi de vie, c'est-à-dire que le couple,
00:12:47 je me dis toujours que c'est une histoire de solidarité,
00:12:51 et qu'au bout d'un moment, quand on n'arrive pas à passer une épreuve ensemble,
00:12:55 effectivement, c'est qu'on n'avait plus rien d'autre à partager ensemble,
00:12:59 et pourtant, c'est dans ces moments-là qu'on aurait besoin d'être soutenus.
00:13:03 - Mais en fait, j'ai envie de dire qu'Aurélie, je ne sais pas si vous êtes d'accord avec ça,
00:13:05 mais il ne vous a pas quittée, il a fui.
00:13:09 Il était déjà avec quelqu'un d'autre, il devenait distant,
00:13:13 et puis il avait des paroles qui étaient blessantes aussi.
00:13:17 Moi, je peux vous dire que j'ai souffert, non pas par rapport à la maladie, mais par rapport à...
00:13:21 - Ça, c'est inexcusable.
00:13:25 - Il m'a dit "tu vas être punie, tu n'auras pas de vacances avec moi".
00:13:29 Je me suis dit "mais attends, il voulait que je reporte mes vacances sur le mois de septembre,
00:13:33 alors que je devais me faire opérer au mois de juin, ça avait été décalé,
00:13:37 il y avait beaucoup d'opérations à faire, et pour toutes les opérations, on a intérêt à avoir
00:13:41 des dents saines.
00:13:45 - D'être en meilleure de sa forme, bien sûr.
00:13:49 - Il m'a dit "si on peut reporter au mois de juin, on pourra reporter au mois de septembre".
00:13:53 Je lui ai dit "écoute, ce n'est pas une simple grippe que j'ai, donc non, je ne reporterai pas au mois de septembre".
00:13:57 Il m'a dit "tant pis pour toi, tu es punie".
00:14:01 - Oui, c'est violent. Parce que vous voyez, dans ce cas de figure, il y a parfois du déni.
00:14:05 - Oui, parce que le docteur est tellement effrayé, qu'il fait comme si ça n'existait pas.
00:14:09 Mais là, c'est de la maltraitance, c'est de la violence.
00:14:13 - Complètement, il m'a bloqué sur le téléphone, je ne pouvais plus arriver à le joindre.
00:14:17 Ça a été une horreur. Et moi je l'ai découvert une semaine avant d'être opéré.
00:14:23 Je vais me promener par hasard sur un lieu où je n'avais pas l'habitude d'aller,
00:14:27 et je le vois avec une autre femme. Et puis c'est ma fille qui le voit, elle me dit "maman,
00:14:31 regarde". J'ai dit "mince". Et tout s'est arrêté.
00:14:37 Ce n'est pas mon cancer que j'ai mal vécu, c'est mon histoire.
00:14:41 - Oui, bien sûr, parce que là, vous réalisez que vous étiez avec quelqu'un qui n'est pas terrible.
00:14:47 Cela dit, ne le regrettez pas.
00:14:51 Mais en attendant, oui, quoi qu'il en soit, c'est quand même une rupture,
00:14:57 une porte de deuil à faire, et vous n'aviez pas besoin de ça à ce moment-là.
00:15:03 - Comment vous êtes aujourd'hui alors, avec ce sentiment d'amoureux, d'amour qui pourrait se partager ?
00:15:08 Dans quel état d'esprit vous êtes après ça ?
00:15:11 - Ce qui se passe, c'est qu'il est revenu à plusieurs reprises pour repartir et pour être vraiment
00:15:17 pas sympa du tout avec moi. Donc voilà, en fait, il voulait continuer et avec la personne et avec moi.
00:15:22 Il m'a dit "tu n'es plus comme avant". Je lui ai dit "mais attends, je ne peux pas être comme avant avec ce que tu m'as fait subir".
00:15:28 Il m'en a voulu par rapport à ça. Il m'a puni encore une fois parce qu'il m'a dit "de toute façon, tu n'es plus comme avant".
00:15:35 Je lui ai dit "mais avec ce que j'ai eu, ce que tu m'as fait, pour moi il est impossible de redevenir comme avant".
00:15:43 - Bravo d'ailleurs de tenir ce cadre-là. C'est drôlement chouette que vous ayez ça.
00:15:48 - Vous savez, je crois qu'Aurélie, que le diagnostic le concernant est facile à faire.
00:15:54 C'est quelqu'un d'égo-centré et il a encore visiblement besoin de vous parce que vous êtes certainement une belle personne.
00:16:00 Et de temps en temps, il revient mendier pour lui, mais il n'a aucune capacité à avoir de l'empathie pour vous.
00:16:07 Donc je pense que ne vous faites pas de mal en acceptant de le revoir.
00:16:13 Faites comme vous voulez bien sûr, mais je pense qu'il faut que vous soyez assez lucide sur son comportement.
00:16:20 Il n'y a pas grand chose à en attendre.
00:16:23 - Tout à fait. Pendant trois mois, je n'ai pas eu de nouvelles. Il revient en m'envoyant des emails.
00:16:28 Puisque moi, évidemment, il m'avait bloqué sur le téléphone.
00:16:32 Il m'a dit "Coralie, je pense toujours à toi, je t'aime et l'autre personne, je m'en fiche".
00:16:40 Et en fait, il est toujours avec.
00:16:44 - Vous voyez ce qu'on entend aussi dans ce que vous dites Coralie, ce besoin d'amour et de tendresse.
00:16:52 C'est ce qui donne aussi souvent le sens de la vie.
00:16:54 Quand on traverse des épreuves, des maladies qui sont difficiles, longues, pénibles, on vit tout ça pour une bonne raison aussi.
00:17:02 C'est du lien, c'est nos proches, mais c'est aussi l'amour, c'est cette pulsion de vie, c'est cette joie de vivre.
00:17:08 - Bien sûr que c'est alimenté par la relation avec quelqu'un d'autre, c'est sûr.
00:17:11 - Bien sûr.
00:17:12 - Mais de ne pas tout accepter, vraiment, je vous félicite de tenir votre cadre en lui répondant "Je ne peux pas redevenir comme avant, après ce que tu m'as fait".
00:17:19 Vous tenez le bon bout, c'est très très bien ça.
00:17:21 - Oui, mais bon, on a de la force. Quand on est malade, on a de la force.
00:17:25 - Vous en tout cas, oui, je vous entends.
00:17:27 - Je ne l'ai jamais vu comme ça.
00:17:29 - Ce n'est pas généralisé, mais vous, vous êtes comme ça et bravo, je vous en félicite.
00:17:33 - Mais j'avais déjà vécu ça pour mon premier cancer, on m'avait laissé aussi, par rapport à ce que j'avais.
00:17:39 J'ai dit "Bon, ben allez, re-blotch", encore à nouveau la même chose se reproduit, mais bon...
00:17:47 - Mais vous n'êtes plus la même, vous avez beaucoup grandi aussi depuis.
00:17:51 - Tout à fait.
00:17:52 - Et puis ce n'est pas une punition, ce sont des expériences de vie, vous n'avez rien fait pour mériter une rémission, ce sont des expériences de vie, c'est vrai.
00:18:01 - En tout cas, occupez-vous de vous et aimez-vous, parce que je crois que c'est la seule belle personne que vous pouvez aimer Coralie.
00:18:12 Et puis, on vous souhaite d'aller mieux Coralie.
00:18:16 - Merci beaucoup Brigitte. Et puis beaucoup d'amour.
00:18:18 - Merci beaucoup, merci beaucoup Brigitte, merci Sandrine.
00:18:21 - Non merci, merci à vous d'avoir témoigné, on vous souhaite bon courage.
00:18:25 14h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:18:29 En ce mois d'octobre, ce mois d'octobre rose, nous évoquons le cancer et on va dire l'intimité, je crois que c'est plus simple que la sexualité, on sait très bien que ce n'est pas toujours facile.
00:18:42 On en parle bien sûr avec Sandy Boulanger qui est avec nous, qui connaît bien le sujet, et c'est Selma qui nous rejoint sur Sud Radio. Bonjour Selma.
00:18:52 - Oui bonjour, bonjour à toutes les deux.
00:18:54 - Bonjour Selma.
00:18:55 - Merci d'être avec nous, de témoigner. Donc c'est l'année dernière que vous avez découvert que vous aviez un cancer, c'est ça ?
00:19:03 - Oui, c'est ça. J'ai fait un cancer d'anniversaire pour mes 48 ans.
00:19:09 Cancer de l'anidale, induit par le papillomavirus.
00:19:16 Donc voilà, ça a été assez vite entre les premiers symptômes et le diagnostic posé et le début du traitement.
00:19:37 - Quand vous apprenez le verdict, vous étiez entourée ? Vous aviez quelqu'un avec vous ou pas ?
00:19:46 - Quand j'ai vraiment reçu la nouvelle ?
00:19:50 - Oui, enfin dans votre vie à ce moment-là.
00:19:53 - Ah non, j'étais seule. Je ne suis pas en couple, je suis mère célibataire.
00:20:01 Non, je n'étais pas entourée.
00:20:10 - Alors justement, excusez-moi si mes questions vous dérangent Selma, vous me le dites.
00:20:15 Moi j'essaie de vous questionner pour ceux qui nous écoutent.
00:20:19 À ce moment-là, avec qui vous avez eu envie de partager cette nouvelle ?
00:20:28 - J'ai eu une amie qui était très proche de moi, qui m'a accompagnée dans tout le process qui a précédé l'annonce du diagnostic.
00:20:42 Et heureusement.
00:20:46 Et après j'ai un médecin traitant qui est vraiment exceptionnel et qui m'a vraiment accompagnée plus qu'un médecin n'est censé le faire.
00:20:57 Humainement, je veux dire.
00:20:59 - Vous voyez, ce dont vous parlez Selma aussi, c'est justement de ce lien intime.
00:21:04 C'est ce que vous précisiez tout à l'heure Brigitte, c'est que ce n'est pas forcément la sexualité.
00:21:09 On parle d'intimité aussi, de ce lien qui nous permet de se sentir quand même soutenue.
00:21:16 Alors vous aviez une amie, voilà ce médecin généraliste qui va un peu au-delà de ce pourquoi il est censé être là.
00:21:26 Et c'est ça qui est magnifique aussi, c'est de pouvoir découvrir cette intimité de lien et les différentes facettes du lien et de l'intimité.
00:21:34 - Après l'accompagnement qu'a fait mon généraliste, je pense que c'est ce que les médecins de famille, qu'on appelait autrefois de famille, apportaient à leurs patients autrefois.
00:21:53 À l'époque où les médecins étaient vraiment, où ils rentraient dans l'intimité des patients et des familles.
00:22:01 - Oui, comme vous le soulignez à très juste titre, c'est plus rare aujourd'hui et ça n'a d'autant plus de valeur.
00:22:10 - C'est ça.
00:22:12 - Aujourd'hui comment vous en êtes où ? Comment vous vous sentez ?
00:22:16 - Alors moi ça a été très très vite. Entre les prémices, les suspicions, le verdict et le traitement, début octobre 2022 c'était terminé.
00:22:35 J'en avais fini avec les traitements. J'en suis sortie, j'ai été démontée. Le traitement a été aussi fulgurant que tout ça.
00:22:52 Ça a été d'une violence incroyable. Je crois que je m'en sors quand même pas trop mal. J'ai perdu beaucoup de poids, donc mon image corporelle est rude.
00:23:09 - C'est d'ailleurs ce que disait Sandy, c'est qu'il y a un avant et un après. Vous ne vous appréhendrez jamais plus comme avant.
00:23:18 Il y a quelque chose qui forcément fondamentalement change.
00:23:22 - Oui. Et moi en l'occurrence pour ma féminité, bien que ce n'est pas un cancer qui est atteint, enfin contrairement à une femme qui a eu un cancer du sein,
00:23:34 ça a quand même touché beaucoup ma féminité.
00:23:40 - L'image de vous, l'estime de vous et l'image de votre féminin bien sûr.
00:23:47 C'est vrai qu'on parle souvent du féminin et du sein, mais quand on traverse une maladie, qu'on perd du poids, qu'on est très fatigué,
00:23:56 ça change aussi toute la relation que l'on a déjà avec soi et de l'image que l'on donne aux autres.
00:24:02 C'est ça aussi qui est pénible. C'est vraiment faire le deuil de la vie d'avant en essayant de regarder aujourd'hui où vous en êtes.
00:24:10 Vous avez une amie qui a été proche de vous et ça c'est vraiment précieux parce que ça veut dire que vous êtes capable de créer ces liens-là.
00:24:17 Et votre médecin généraliste qui est allé jusqu'à être un médecin de famille parce que c'est vous aussi Selma, vous comprenez.
00:24:25 C'est pour vous qu'il l'a fait.
00:24:28 Autant, enfin durant ma traversée du désert, ça s'est passé après mais ça a été plus ou moins dû à cette période-là,
00:24:38 je me suis brouillée avec cette très grande amie. C'est une très grande perte, une très grande perte affective pour moi.
00:24:49 Alors ça, il faudra peut-être voir, peut-être qu'à un moment donné quand vous aurez fait...
00:24:54 Moi je pense que pour l'instant, comme ça vous écoutez Selma, je crois que vous êtes dans une période, comment dirais-je, purgatoire.
00:25:02 C'est-à-dire que vous n'avez pas encore totalement assimilé ce que vous pouvez ressortir de positif de cette épreuve.
00:25:09 Parce qu'encore une fois, une épreuve c'est une épreuve. On ne va jamais dire que c'est quelque chose de chouette à vivre.
00:25:15 Mais en revanche, quand on sort guéri de cette épreuve, on en a tiré quelque chose.
00:25:23 Et c'est ce que vous allez pouvoir en tirer. Il me semble que pour l'instant, ce n'est pas encore très clair pour vous.
00:25:30 Mais quand vous en sortirez, pourquoi ne pas à ce moment-là essayer de recontacter cette amie et faire la part des choses ?
00:25:38 Parce qu'il y a certainement eu des non-dits, des moments difficiles qui se comprennent de part et d'autre.
00:25:45 Oui, oui, bien sûr.
00:25:48 Et puis ça a été tellement rapide et violent, c'est ce que vous exprimez.
00:25:52 Je pense qu'effectivement vous avez besoin d'un temps d'infusion, de digestion de cette période qui a été un enchaînement d'une tornade.
00:26:00 Et vous avez le droit de prendre un peu de temps pour intégrer tout ça, parce que ça a été beaucoup.
00:26:05 Oui, en fait, vous savez, j'ai eu l'impression de tenir droit tout du long.
00:26:11 Je n'avais pas le choix, clairement, parce que j'ai deux enfants petits qui ont besoin de moi.
00:26:18 J'ai un enfant en plus en situation de handicap, donc il a fallu que je tienne debout sur tous les fronts.
00:26:26 Et je l'ai fait, et je l'ai fait veillamment.
00:26:29 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, alors que j'étais quelqu'un d'hyper dynamique et tout ça, j'en avais toujours sous la semelle.
00:26:40 Vous voyez, je ne suis plus cette personne-là.
00:26:43 Là, vous avez le contre-coup.
00:26:45 Donc forcément, vous avez besoin de vous reposer.
00:26:48 Et puis petit à petit, vous allez réaliser que finalement, vous avez été plus forte que vous n'auriez pu l'imaginer.
00:26:55 Et certainement, vous en tirerez quelque chose.
00:26:59 C'est évident.
00:27:01 Oui, oui, oui, oui, oui.
00:27:03 Mais là, prenez soin de vous, reposez-vous.
00:27:07 Et puis, il faudra peut-être encore quelques mois.
00:27:11 Mais quelque part, ce n'est pas grave.
00:27:13 Vous savez, je crois qu'on a toujours l'impression que les choses vont vite.
00:27:19 Mais non.
00:27:20 La compréhension psychique, personnelle, intérieure, elle met toujours un petit peu de temps après coup.
00:27:28 Donc prenez votre temps.
00:27:32 Je crois que c'est ce que vous devez faire.
00:27:35 Prenez votre temps et prenez du temps pour vous, surtout.
00:27:38 Oui, oui.
00:27:39 Je crois qu'effectivement, c'est dans le flot du courant.
00:27:45 On n'a pas le temps de réfléchir.
00:27:48 Et le mieux, c'est d'y aller.
00:27:51 Et là, finalement, c'est maintenant que tout est calmé.
00:27:56 Vous savez, ça me fait penser, puisqu'on en parle beaucoup en ce moment,
00:27:59 ça me fait penser au GIGN.
00:28:01 Au moment de l'attaque, toute l'énergie, toute l'adrénaline est là.
00:28:05 Et puis après, il y a un contre-coup de fatigue.
00:28:07 Oui, c'est ça.
00:28:08 C'est vrai.
00:28:09 C'est exactement ce que vous nous racontez.
00:28:11 Et puis, vous savez, Selma, cette expérience, souvent quand même,
00:28:15 elle permet de se dire que jusqu'alors, on était vraiment une guerrière.
00:28:18 Et que peut-être qu'à partir de maintenant, on n'est pas obligé de vivre armé,
00:28:22 mais bien outillé.
00:28:24 Et que vous tiendrez tout autant la route en étant puissante.
00:28:28 Oui, ça, c'est quelque chose que j'ai compris.
00:28:31 Qui m'a été dit par un autre médecin qui fait de la médecine holistique.
00:28:38 Et qui m'a dit que c'était peut-être en partie la raison de mon cancer.
00:28:43 Ça, vous verrez le sens que vous y mettez, vous.
00:28:48 C'est à vous d'y mettre le sens, surtout.
00:28:50 Mais en même temps, vous écoutez ce qu'on vous dit, et puis vous ferez le tri.
00:28:55 En tout cas, merci de votre témoignage, Selma.
00:28:57 Merci.
00:28:58 Moi, je voulais demander quelque chose à Sandy.
00:29:01 Oui, allez-y.
00:29:02 J'ai 48 ans, enfin maintenant j'en ai 49.
00:29:07 J'étais encore réglée avant le traitement.
00:29:12 Ça s'est arrêté avec la perte de poids.
00:29:15 J'ai perdu beaucoup de poids et je suis assez menue déjà.
00:29:19 Mes règles se sont arrêtées pendant le traitement.
00:29:24 Là, j'ai repris un peu de poids.
00:29:27 Je suis quasiment au poids de forme.
00:29:29 Mais je n'ai pas eu de retour de mes cycles.
00:29:32 J'ai eu une visite chez la gynéco qui m'a dit qu'apparemment,
00:29:37 elle a fait une échographie, j'ai encore quelques cartouches à tirer.
00:29:41 Mais rien ne revient.
00:29:43 Vous voyez, c'est une intégration aussi du processus,
00:29:47 de tout ce que votre corps a vécu.
00:29:49 Ça va revenir, effectivement, parce que vous n'avez pas eu de ménopause chimique précoce.
00:29:55 Mais par contre, ça a perturbé votre cycle.
00:29:57 Ça reviendra, effectivement, et ça vous permettra d'aller vers une ménopause plus sereine.
00:30:03 Donc, continuez à bien vous faire suivre et écoutez votre gynécologue.
00:30:08 Ce n'est pas culpabilisant non plus.
00:30:10 Ce n'est pas parce que vous n'avez pas de règles que vous n'êtes pas une femme.
00:30:12 C'est que votre corps est fatigué, qui est en train de se reposer, de se remettre en route.
00:30:17 De toute façon, la perte de poids va avoir une influence sur l'arrêt des règles.
00:30:24 C'est peut-être tout bêtement ça.
00:30:26 Et puis, ça montre bien qu'il est pour l'instant...
00:30:32 Vous êtes en pause, si je puis dire.
00:30:34 Oui, mais là, il se trouve que j'ai eu quand même...
00:30:38 J'ai quelques amants, de temps en temps.
00:30:40 J'ai repris un petit peu de vie sexuelle.
00:30:43 Je n'ai plus de libido, beaucoup.
00:30:47 Mais j'ai de la sécheresse vaginale.
00:30:50 C'est un peu le truc dont on parle lors de la ménopause.
00:30:55 Oui, alors non. C'est souvent la conséquence des traitements.
00:30:58 Il faut surtout bien hydrater avec un gel lubrifiant à base d'eau.
00:31:02 Il faut en essayer, peut-être. Ça dépend de chacune.
00:31:06 Mais ne laissez surtout pas cette sécheresse vaginale.
00:31:09 Hydratez-vous. Parlez-en avec votre gynécologue.
00:31:12 Elle peut vous faire des traitements aussi en amont préventifs,
00:31:15 avec des ovules qui permettent de bien hydrater en amont.
00:31:19 Mais ne laissez surtout pas de douleur installée en pensant que c'est dans votre tête, ça va revenir.
00:31:24 Ce n'est pas une histoire de pré-ménopause non plus.
00:31:26 C'est la conséquence des traitements, ça va revenir.
00:31:28 Mais en attendant, il faut bien hydrater.
00:31:31 Voilà Selma, merci beaucoup.
00:31:34 Merci à vous.
00:31:36 On continue avec Sandrine qui va répondre à trois questions intimes
00:31:41 et qui pourra en poser une à Sandy Boulanger ensuite.
00:31:44 Bonjour Sandrine.
00:31:46 Bonjour.
00:31:48 Quelle note vous donnez à votre corps ?
00:31:53 Ça c'est une sacrée question quand même.
00:31:56 Moi aussi ça m'a estomacée.
00:31:58 Je ne m'y attendais pas.
00:32:00 Il faut bien que j'arrive à vous surprendre encore.
00:32:03 Et toujours d'ailleurs.
00:32:05 Sur 10, quelles notes vous lui donnez ?
00:32:09 Sur 10...
00:32:11 Ah non, 6, 10, 5 ça ne le fait pas.
00:32:15 Elle est 6 au moins.
00:32:20 Je suis 7.
00:32:22 Je prends 7.
00:32:24 Est-ce que vous êtes capable de faire l'amour sans sentiments ?
00:32:27 Oui.
00:32:32 C'est très bien.
00:32:34 Et troisième question.
00:32:36 Si je vous demandais quel est votre type d'homme, qu'est-ce que vous me diriez ?
00:32:46 Un type d'homme...
00:32:48 Si un type d'homme ce serait
00:32:52 grand, fort, l'homme parfait...
00:32:54 C'est très compliqué ça à gérer.
00:32:56 J'aime bien.
00:32:58 Bon courage pour le trouver.
00:33:00 Je vous laisse poser une question à Sandy Boulanger.
00:33:04 Elle vous écoute.
00:33:06 Bonjour Sandy Boulanger.
00:33:08 Est-ce que j'ai une question ?
00:33:14 J'ai essayé depuis tout à l'heure de tourner en boucle.
00:33:18 Si peut-être les liens entre
00:33:20 les maladies
00:33:22 les maladies vaginales
00:33:26 les liches de chênes, des choses comme ça
00:33:30 un peu
00:33:32 ce que les médecins n'arrivent pas à trouver
00:33:34 de mettre de nom dessus
00:33:38 ou de cause
00:33:40 je ne sais plus m'exprimer, pardon.
00:33:42 Et le lien qu'on peut faire entre des traumas qu'on a pu subir et une expression, quelque chose qui se transparent.
00:33:54 Je crois que Sandy a compris votre question.
00:33:58 Oui, oui. Alors je ne suis pas autant experte que Michel Laudoul sur la question.
00:34:02 Mais pour travailler avec de nombreux partenaires médicaux, dont gynécologues,
00:34:08 sur la somatisation, puisque je suis somatothérapeute,
00:34:12 il y a effectivement une partie somatique, c'est-à-dire que c'est le corps aussi qui réagit à quelque chose de l'ordre de la psyché.
00:34:22 Mais j'ai envie de dire que ce n'est pas toujours le point d'origine.
00:34:26 Et c'est pour ça que c'est important d'avoir une médecine allopathique aussi.
00:34:30 Mais de toute façon, les expériences physiques que l'on vit vont venir impacter notre corps.
00:34:36 Et effectivement, quand on travaille sur les deux tableaux, même si on ne sait pas trop encore ce que c'est,
00:34:41 c'est pour ça que je travaille beaucoup avec les gynécologues,
00:34:44 c'est que ça permet d'évoluer aussi sur ce terrain physiologique,
00:34:49 et puis sur ce terrain psychique et la façon dont on va pouvoir envisager son corps.
00:34:53 Et avant toute amélioration, c'est comment vivre avec.
00:34:57 Avec les douleurs vulvaires ou les vestibulites.
00:35:00 Aujourd'hui, la santé de la femme est en train de se développer, parce que ça n'a pas été le cas pendant très longtemps.
00:35:06 Donc on va de plus en plus prendre en compte ce genre de maladies, de troubles, de douleurs, de difficultés.
00:35:13 Et on apprend aussi à pouvoir accompagner ces obstacles-là dans notre vie sexuelle,
00:35:20 puisqu'on a compris que les femmes aimaient tout autant la sexualité que les hommes,
00:35:24 donc on n'était pas obligé juste de subir tout ça.
00:35:27 Donc la somatique, bien sûr, est un point important à prendre en compte pour pouvoir continuer à évoluer.
00:35:33 Évoluer d'ailleurs, Sandrine, ça ne veut pas dire que ça va vers le haut, ça peut aller vers le bas.
00:35:37 C'est pour ça qu'il faut rester attentive à pouvoir diriger son évolution.
00:35:41 Voilà la réponse de Sandrine.
00:35:45 Merci Sandrine, merci beaucoup.
00:35:47 On fait une petite pause, on se retrouve avec vous bien sûr sur ce radio 0826 300 300.
00:35:52 A tout de suite.
00:35:53 14h16, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:35:58 Sandy Boulanger est avec nous.
00:36:01 Vous travaillez beaucoup avec des personnes atteintes d'un cancer.
00:36:06 On profite de ce mois d'octobre rose pour évoquer ce sujet, pour justement en parler, vous écouter,
00:36:13 parce que vos témoignages vont peut-être faire écho à certaines personnes qui écoutent.
00:36:19 C'est un peu notre manière de faire une chaîne de solidarité.
00:36:23 C'est Daniel qui est avec nous. Bonjour Daniel, merci de prendre la parole.
00:36:27 Bonjour Brigitte et bonjour Sandy, si je ne me trompe pas.
00:36:32 Non, vous ne vous trompez pas.
00:36:34 Voilà, c'était pour vous parler de ce qui arrivait à ma tante,
00:36:39 c'est-à-dire mon oncle qui a eu un vaste cancer, d'abord de la gorge,
00:36:45 parce que c'était un VRP, donc un gros fumeur et un gros buveur pendant des années,
00:36:51 qui s'est généralisé, elle a assumé tout de A à Z,
00:36:56 et dans la foulée, ma cousine, donc la fille de mon oncle et de ma tante, cancer des ovaires.
00:37:04 Voilà, c'était pour à peu près vous expliquer la situation.
00:37:08 D'accord, donc elle déclenche un cancer des ovaires après son père, donc si je comprends bien.
00:37:15 Voilà.
00:37:16 Son père, il en est où là ?
00:37:20 Il est mort à 66 ans.
00:37:23 Il est mort, maintenant, il y a, que je ne vous dise pas d'ânerie,
00:37:28 il est mort un an avant mon père, donc il est mort en 2018.
00:37:32 D'accord, et son cancer se déclenche combien de temps après ?
00:37:36 De ma cousine, 6 mois plus tard.
00:37:41 C'est fulgurant, c'est impressionnant.
00:37:45 Donc elle avait déjà des problèmes, je ne sais pas si c'est dû à ça,
00:37:48 elle avait déjà des problèmes, comment je pourrais dire ça en étant bienveillant,
00:37:55 psychosomatiques, où elle a fait quelques allers-retours dans des hôpitaux psychiatriques,
00:38:01 et le fait que son père meure, ça l'a déglingué.
00:38:05 Oui, mais c'est un peu comme ça, intuitivement, ce que personnellement j'aurais eu envie de dire,
00:38:13 c'est que c'est un choc de voir son père malade, de le voir mourir,
00:38:18 et on sait qu'encore une fois, des cellules cancéreuses, on en fabrique tous,
00:38:23 notre système immunitaire fonctionne plutôt bien, et les élimine au fur et à mesure,
00:38:28 mais si on est particulièrement atteint par des épreuves de la vie,
00:38:33 et des épreuves de la vie on en a tous, on peut à ce moment-là déclencher un cancer,
00:38:39 je suppose que c'était un peu votre analyse.
00:38:42 Voilà, et surtout, ce qui s'est passé, c'est que 6 mois avant que mon oncle ne décède,
00:38:49 les médecins avaient annoncé que ça y est, ils avaient jugulé le cancer,
00:38:54 et 6 mois plus tard on nous dit "ah non, en fait il y a des cellules cancéreuses
00:38:58 qui se sont mises dans le sternum, et ça devient un cancer généralisé".
00:39:02 Donc ça a pris tout le monde de cours.
00:39:04 Oui, c'est vrai que...
00:39:06 Je ne sais pas si vous voyez...
00:39:08 Oui, je vois bien, complètement, oui, parce que...
00:39:10 On est tous tombés à la renverse.
00:39:12 Vous voyez, c'est une maladie qui est complexe, et on a beau la maîtriser à un endroit,
00:39:18 effectivement il se peut qu'elle vienne à un autre endroit,
00:39:21 donc voilà, il y a un cancer primitif qui est le premier,
00:39:24 et puis parfois il y a des migrations, effectivement,
00:39:26 et bien sûr que c'est archi-choquant, et ce n'est pas une erreur médicale,
00:39:32 encore une fois, ce sont des expériences de vie qui sont vraiment choquantes et traumatisantes, c'est sûr.
00:39:39 Et c'est ça, et juste, je voulais rajouter là-dessus,
00:39:42 par contre j'ai vu le comportement de ma tante,
00:39:45 donc la femme de...
00:39:47 De votre oncle, oui.
00:39:49 De mon oncle, qui est la petite sœur de mon père,
00:39:52 qui lui aussi, paix à son âme, est retournée vers notre Seigneur,
00:39:57 et bien elle a assumé de A à Z.
00:40:01 Elle a assumé de A à Z, et je trouve, comparé à ce que j'ai entendu avant,
00:40:07 où une dame disait que son mari l'a larguée comme une vieille pièce toute rouillée,
00:40:13 et bien ma tante, elle, elle a assumé de A à Z.
00:40:17 Vous voyez ce que je veux dire ?
00:40:19 Ce qui est quand même la majorité des cas, d'après ce que vous disiez, Sandi.
00:40:24 85% des couples sont renforcés, à 5 ans.
00:40:28 Voilà, c'est ça, et je voulais bien rebondir là-dessus.
00:40:32 Par contre, mon oncle, il savait qu'il allait mourir,
00:40:35 et il m'a convoqué moi tout seul,
00:40:37 parce qu'en fait, je suis le...
00:40:40 Après, ça va peut-être vous faire vieillot, ce que je vais vous raconter,
00:40:44 mais je suis le dernier qui porte le nom de famille.
00:40:48 - Non, ça a du sens, bien sûr.
00:40:51 - Voilà. - Il y a une transmission, bien sûr.
00:40:54 - Exactement, et je suis le seul de ma famille qui ait fait l'armée.
00:40:57 Donc en plus, je suis un vrai homme, quoi.
00:41:02 Voilà, c'est pour ça que je vous disais que ça allait vous faire un peu vieillot, mais...
00:41:06 - Non, on va dire que symboliquement, votre virilité est là, quoi.
00:41:11 - Voilà. - Et qu'est-ce que vous avez ressenti, vous, justement,
00:41:15 quand il vous a convoqué ?
00:41:17 - Eh ben, justement, j'ai eu une petite peur,
00:41:20 et puis après, il m'a dit "attention, j'ai quelque chose à te demander",
00:41:23 et il appuyait sur le bouton qu'il avait au niveau de la gorge.
00:41:26 Je sais pas si vous voyez, on lui avait fait un trou dans la gorge.
00:41:29 - Ben oui, le cancer de la gorge, c'est difficile.
00:41:32 - Et donc, j'avais du mal à le comprendre, mais cette fois-là, je l'ai compris parfaitement,
00:41:36 et il m'a dit "je compte sur toi pour aider ta tante quand je serai plus là".
00:41:40 Et c'est ce que je fais à chaque fois, je lui fais plein de réparations chez elle,
00:41:45 et le seul paiement que je lui demande, c'est de me préparer un repas,
00:41:49 et qu'on mange ensemble.
00:41:51 - C'est beau ce que vous racontez, parce qu'encore une fois,
00:41:54 je crois qu'on ne le dira jamais assez, surtout en ce moment où on est dans une période un peu complexe, difficile,
00:42:01 le lien humain, c'est ce qu'il y a de plus beau et de plus fort, finalement.
00:42:07 Et vous voyez, Daniel, vous êtes effectivement dans cet archétype du masculin viril,
00:42:13 dernier du nom, qui a fait l'armée, et vous avez à cœur de donner cette intimité à votre tante.
00:42:19 C'est très beau. C'est très beau, c'est une belle vulnérabilité, ça ne veut pas dire que c'est une faiblesse.
00:42:25 Ça veut dire que c'est vraiment placé chez vous de l'ordre de cette possibilité d'être vraiment en lien avec vous.
00:42:31 C'est très beau.
00:42:33 - C'est tout pour ma famille, moi. C'est comme ça, et en plus, c'était la seule tante qui ne m'a jamais tapé dessus quand j'étais petit.
00:42:40 - Écoutez, non seulement vous avez quelqu'un de votre famille avec qui vous êtes proches,
00:42:49 mais je crois qu'il y a aussi une belle amitié qui est en train de se créer entre vous deux, je suppose.
00:42:55 - Ah oui, quand Alain a un coup de mou, il m'appelle, et quand moi j'ai un coup de mou, je l'appelle,
00:43:01 et on se réconforte mutuellement.
00:43:04 - Vous n'êtes plus que le petit Daniel, aujourd'hui vous êtes l'adulte avec une adulte aussi.
00:43:08 C'est une belle rencontre.
00:43:10 - Et puis ça s'appelle de l'amitié, ça n'a pas de prix, Daniel.
00:43:15 - Moi je l'appelle ma deuxième maman.
00:43:19 - Oui, oui. Alors moi j'aime bien cette expression, je ne sais pas si elle vous conviendrait,
00:43:24 j'aime bien, elle serait votre maman de cœur, je vais y arriver.
00:43:30 - Oui, mais c'est exactement ça.
00:43:33 - Vous voyez, je trouve ça plus joli que deuxième maman.
00:43:36 - Vous avez raison, c'est parfaitement ça.
00:43:40 - Et vous êtes peut-être son fils de cœur.
00:43:43 - Vu qu'elle n'a eu que deux filles, donc elle aurait sûrement aimé avoir un garçon.
00:43:47 - Et surtout un garçon viril comme vous, Daniel.
00:43:49 - Il y a beaucoup de cœurs, du coup, entre vous.
00:43:52 - Ah oui, 100%.
00:43:54 - Merci de votre témoignage, parce que ça montre aussi que c'est dans ces épreuves-là,
00:43:59 parfois, que les choses peuvent aussi devenir belles.
00:44:03 Donc merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous appeler, Daniel.
00:44:06 - Merci beaucoup.
00:44:07 - Alors on va continuer après les infos.
00:44:10 Quel que soit votre témoignage, vous êtes les bienvenus,
00:44:13 parce que finalement c'est beau aussi à entendre ce que peut provoquer ce genre d'épreuve.
00:44:20 Et puis, vous n'échappez pas à la devinette, j'en ai trouvé une assez curieuse, assez intéressante.
00:44:25 C'est une devinette, donc...
00:44:28 Qui... qui... qui...
00:44:30 Qui est une devinette, évidemment.
00:44:32 Donc c'est quelqu'un qui est né en 1910,
00:44:35 qui n'a pas connu la masturbation,
00:44:38 sauf en...
00:44:40 Enfin, qui a connu la masturbation en 1970.
00:44:44 Qui est-ce ? Qui suis-je ?
00:44:47 - Mais regardez pas comme ça, vous...
00:44:50 - Je me sens lapin dans les farts.
00:44:52 - Vous n'allez pas trouver la réponse dans mes yeux, de toute façon.
00:44:56 Allez, c'est après les infos, la réponse.
00:44:58 - Sandy Boulanger est avec nous, relaxologue, sexothérapeute.
00:45:04 Vous travaillez également aussi avec les personnes en fin de vie,
00:45:08 mais aussi les personnes qui sont atteintes de cancer,
00:45:12 parce qu'elles ne sont pas toutes, heureusement, en fin de vie.
00:45:15 C'est important de le rappeler.
00:45:17 La majorité des gens aujourd'hui guérissent d'un cancer, évidemment.
00:45:22 Alors, je n'ai pas été très claire avec ma devinette,
00:45:25 je vais essayer d'être un petit peu plus claire.
00:45:27 Je suis née en 1910,
00:45:29 je n'ai connu la masturbation qu'en 1970.
00:45:32 Qui suis-je ?
00:45:34 Vous n'avez aucune idée, évidemment.
00:45:36 - L'électricité, j'ai envie de dire, sachant que ce n'est pas ça du tout.
00:45:38 - Non, non. Eh bien, c'est le petit Larousse.
00:45:40 Parce qu'en fait, et c'est ça qui est incroyable,
00:45:42 c'est pour ça que je l'ai mise en devinette,
00:45:44 parce que quand j'ai découvert ça, je trouve ça incroyable.
00:45:46 Il n'y a le terme "masturbation" n'est rentré dans le petit Larousse qu'en 1910.
00:45:52 Alors, est-ce que les gens ne se masturbaient pas avant ?
00:45:55 Ça ne s'appelait pas comme ça ? Je ne sais pas.
00:45:58 C'est fou quand même, hein ?
00:46:00 1910. Donc, on voit bien quand même, quoi qu'on en dise,
00:46:03 parfois, ça avance quand même dans le langage de la sexualité.
00:46:08 - Mais 1910 ou 1970 ?
00:46:10 - 1910. - Ça rentre dans le Larousse.
00:46:12 - Ça rentre dans le petit Larousse, voilà. En 1910.
00:46:14 Mais enfin, 1910...
00:46:16 - Non, ça ne s'appelait peut-être pas comme ça avant.
00:46:19 - Il faut que je vérifie.
00:46:21 Il faut que je vérifie.
00:46:23 Alors, c'est Thierry qui est avec nous maintenant. Bonjour Thierry.
00:46:25 - Bonjour Sandi. Bonjour Brigitte.
00:46:28 - Bonjour Thierry.
00:46:30 - Thierry accompagne son épouse Pascale,
00:46:32 qui est à côté de moi, qui vous écoute également.
00:46:34 - Bonjour Pascale.
00:46:36 - Bonjour toutes les deux.
00:46:38 - Bonjour Pascale. Et c'est Pascale, je crois, qui est atteinte d'un cancer, c'est ça ?
00:46:41 - Tout à fait.
00:46:43 Oui, oui. C'est Pascale qui est atteinte de son troisième cancer du sein.
00:46:48 Toujours le même, qui revient.
00:46:50 Il était là pour Noël 2013,
00:46:53 puisqu'on avait appris la mauvaise nouvelle juste une semaine avant Noël.
00:46:58 Il est revenu pour Noël 2020,
00:47:01 15 jours avant Noël 2020.
00:47:04 Nous avions déjà témoigné avec Sandi, justement.
00:47:07 - Oui, sur les aiguilles, ce soir.
00:47:09 - Le 18 décembre, c'était 2020.
00:47:12 Et puis là, malheureusement, en février de cette année, donc 2023,
00:47:17 il est revenu.
00:47:21 En 2013, il n'y avait eu qu'une tumorectomie et rayons,
00:47:26 enfin, qu'une, si je puis dire.
00:47:28 C'était déjà beaucoup.
00:47:30 Et puis, hormonothérapie, en 2020, il y a eu mastectomie,
00:47:36 chimiothérapie et hormonothérapie à nouveau.
00:47:40 Et puis là, 2023, ablation de la chameleon bionnaire,
00:47:45 plus chimiothérapie, plus radiothérapie qu'elle a finie,
00:47:49 ce vendredi.
00:47:51 Et là, elle est en hormonothérapie, plus un traitement adjuvant.
00:47:56 - En tout cas, Thierry, ce qu'on entend, évidemment,
00:47:59 c'est que vous faites partie de ces 85% de couples
00:48:02 que la maladie a rapproché, évidemment.
00:48:05 Parce que je me souviens bien de votre histoire, à tous les deux,
00:48:08 lors du premier cancer.
00:48:10 Racontez-nous, mais je crois que vous aviez vécu
00:48:12 une petite période justement où il y avait eu une séparation.
00:48:16 - Oui, c'était avant même le premier cancer.
00:48:21 Puisque nous sommes ensemble, nous sommes un couple
00:48:25 depuis 36 ans maintenant.
00:48:27 Et effectivement, il y a pratiquement 15 ans de cela,
00:48:34 nous sommes 12 ou 13 ans, tu me diras, ma chérie.
00:48:37 C'est mon épouse qui a l'air épique.
00:48:39 En 2008, nous nous sommes séparés de deux ans.
00:48:42 Nous avons divorcé, nous nous sommes retrouvés,
00:48:46 suite au décès de ma maman, décédés en cancer du sein,
00:48:49 mais une récidive également.
00:48:51 Et puis, tout était bien, on était heureux,
00:48:58 dans le plus beau des mondes.
00:49:00 Et puis voilà, depuis 2013, depuis deux ans après notre retrouvail,
00:49:05 nous nous battons depuis contre cette "fichue crave" comme elle dit Pascal.
00:49:14 - Mais voyez, c'est ce que je trouve bien dans votre témoignage,
00:49:19 vous êtes là tous les deux en même temps à l'antenne,
00:49:22 et c'est vous-même Thierry qui prenez la parole,
00:49:25 tellement vous vous sentez concerné par ce qui arrive.
00:49:28 C'est quelque chose que vous vivez à deux,
00:49:30 alors pas de la même manière évidemment,
00:49:32 mais c'est vraiment ce qu'on entend.
00:49:37 - C'est de l'intimité, oui, c'est vraiment de l'intimité,
00:49:39 c'est un très haut degré d'intimité.
00:49:42 Être intime, ce n'est pas forcément avoir une activité sexuelle de pénétration,
00:49:47 d'ailleurs ça va jusque là.
00:49:49 Merci de nous le partager encore cette année,
00:49:51 d'ailleurs c'est très beau, merci,
00:49:54 parce que vous avez un degré d'intimité qui est très élevé.
00:49:58 - On a un degré d'intimité très élevé,
00:50:00 on a toujours été très...
00:50:02 Enfin voilà, c'est ma moitié,
00:50:05 au sens propre et figuré d'ailleurs,
00:50:07 c'est ma moitié, c'est mon amour,
00:50:12 c'est ma vie, c'est ma raison de vivre,
00:50:14 c'est ma raison d'être,
00:50:16 et elle se bat physiquement et psychologiquement contre cette maladie,
00:50:22 je me bats psychologiquement aussi en étant à ses côtés,
00:50:26 en ayant mes angoisses, mes peurs, mes craintes,
00:50:29 et notre amour est tellement fort.
00:50:33 Nous avions parlé en 2020 de l'AGAP,
00:50:36 et on est complètement...
00:50:39 C'est un terme que je reprends depuis...
00:50:41 Merci Sandi.
00:50:42 - Avec plaisir.
00:50:43 - C'est un terme que je reprends parce que...
00:50:46 Voilà, là on est tous les deux face à notre écran d'ordinateur,
00:50:51 oreillette collée, épaule collée, tête collée,
00:50:55 et elle a les cheveux qui commencent à repousser,
00:50:57 et j'ai dit "tiens, je vais faire la même coupe que toi",
00:50:59 c'est elle-même qui m'a coupé les cheveux,
00:51:01 on a tous les deux les cheveux à un centimètre en brosse.
00:51:03 - Mais, Thierry, déjà l'année dernière, vous m'aviez émue aux larmes,
00:51:06 ça suffit maintenant, toute cette intimité partagée.
00:51:10 - Oui.
00:51:11 - Parce que c'est pas drôle, et puis une troisième fois ça ne l'est pas,
00:51:14 et en même temps, ce qu'on entend quand même beaucoup,
00:51:16 c'est cet amour qui continue de grandir,
00:51:18 cette solidarité, cette espérance,
00:51:21 vous voyez l'espérance, Thierry, c'est ça, c'est au-delà de l'espoir,
00:51:25 ce que vous continuez de vivre et de développer,
00:51:27 et encore une fois, de nous le partager, merci, c'est ça ?
00:51:30 - Oui, oui, et tu veux dire un petit mot, chérie ?
00:51:34 Elle n'arrive pas à parler, elle a les larmes,
00:51:37 les larmes aux yeux et la voix cachée.
00:51:41 - Je pense que c'est ce que vous dites,
00:51:43 qui la rend aussi émotive,
00:51:47 je pense que c'est votre amour,
00:51:50 c'est des larmes de joie, d'amour, en tout cas,
00:51:55 il me semble, je comprends.
00:51:58 - Oui, ce sont des larmes d'amour,
00:52:00 ce sont des larmes d'amour,
00:52:02 et notre...
00:52:05 Voilà, nos cœurs, nos têtes, nos corps battent les unes sur les autres,
00:52:10 et il est vrai qu'on parlait tout à l'heure de sexualité,
00:52:14 on n'a jamais arrêté la sexualité,
00:52:18 on l'a ralentie, parce que nous avions une sexualité très remplie,
00:52:21 très belle,
00:52:25 et très fantaisiste aussi,
00:52:29 et on a ralenti, bien sûr,
00:52:32 parce que la chimiothérapie,
00:52:35 l'hormonothérapie, le corps qui fatigue,
00:52:37 les allers-retours, parce qu'on est loin de l'hôpital,
00:52:41 et qu'il faut aller toi et un peu l'autre.
00:52:44 - Oui, mais vous avez été à l'écoute l'un de l'autre.
00:52:47 - On a été complètement, oui.
00:52:49 - Merci de ce témoignage Thierry,
00:52:52 moi ce que j'ai envie de dire,
00:52:54 je ne sais pas ce qui va se passer pour vous,
00:52:57 personne ne le sait,
00:52:59 mais en tout cas vous êtes en lien, ça c'est sûr,
00:53:02 je pense que c'est encore une fois quelque chose
00:53:05 qui vous prouve à quel point,
00:53:08 quand même, à part ce sentiment d'amour
00:53:12 qui nous porte les uns vers les autres,
00:53:15 qu'est-ce qu'il y a d'autre ?
00:53:17 Et j'en profite pour dire à tous ceux qui nous écoutent,
00:53:20 qui ne sont peut-être pas, et qui j'espère aussi,
00:53:23 ne sont pas touchés par le cancer,
00:53:25 aimez-vous,
00:53:27 n'attendez pas qu'il faille une épreuve de cet ordre-là
00:53:30 pour pouvoir, comme le dit si joliment Thierry,
00:53:34 prouver l'amour que vous avez pour votre partenaire.
00:53:37 Oui, oui, c'est absolument important de dire,
00:53:41 nous on n'a pas attendu la maladie pour ce...
00:53:43 Non, non, je sais.
00:53:44 On n'a pas attendu la maladie pour ce...
00:53:46 Voilà, j'ai fait 59 ans hier,
00:53:50 et pourtant 36 ans de vie commune,
00:53:54 et on se serre dans les bras,
00:53:56 on se touche, on se caresse, on s'aime,
00:53:58 et on se le dit, et on se le prouve,
00:54:00 et on se le montre, elle comme moi,
00:54:02 elle a beaucoup d'amour pour moi,
00:54:04 et j'en ai beaucoup pour elle,
00:54:06 et même si elles disent "mon corps a changé, je ne m'aime pas",
00:54:10 c'est normal, c'est complètement normal,
00:54:12 on a eu une discussion juste avant l'émission tout à l'heure dessus,
00:54:15 et je me dis "mais tu es belle,
00:54:17 tu es belle à mes yeux, mais tu es belle,
00:54:19 il faut que tu sois belle aux tiens,
00:54:21 à tes yeux également,
00:54:23 et quant à savoir où on va,
00:54:25 peut-être que les médecins ne le savent pas,
00:54:27 mais nous on le sait,
00:54:29 on sait que l'on va vers un avenir meilleur,
00:54:32 et on sait que l'on va vers encore plus de bonheur,
00:54:35 parce que le bonheur ne nous a jamais quitté,
00:54:38 même dans les moments les plus difficiles,
00:54:41 on a toujours été positif,
00:54:44 on a toujours...
00:54:46 et quand un flanche, l'autre est là, à côté,
00:54:49 c'est la solidarité,
00:54:51 mais c'est une solidarité,
00:54:53 oui, dans le couple,
00:54:55 parce que la solidarité à l'extérieur,
00:54:57 on l'a perdue malheureusement,
00:54:59 on a perdu beaucoup d'amis, la maladie...
00:55:01 Oui, mais peut-être aussi que vous êtes tellement en lien,
00:55:03 que quelque part c'est un petit peu normal aussi,
00:55:06 que vous soyez moins proche de vos amis,
00:55:09 ça c'est un peu normal,
00:55:12 mais ce qui est intéressant,
00:55:14 et je crois que c'est ce mot-là que j'ai envie de retenir
00:55:16 de votre témoignage,
00:55:17 c'est que quand l'un flanche, l'autre est là,
00:55:20 et je crois que c'est vraiment ce qu'il faut comprendre,
00:55:23 quand vous parliez des 85% de couples
00:55:25 que ça unit,
00:55:27 je pense que oui,
00:55:29 le partenaire ou la partenaire
00:55:31 de celui qui est malade,
00:55:33 traverse aussi une épreuve,
00:55:35 il n'y a pas de doute,
00:55:37 on l'entend bien dans ce que dit Thierry.
00:55:39 Oui, c'est un très beau partage,
00:55:41 il vous parlait de quelque chose d'essentiel,
00:55:43 c'est la créativité,
00:55:44 quand on développe la créativité dans sa sexualité,
00:55:46 son intimité, ça favorise aussi ce lien,
00:55:48 de soutien, de solidarité, c'est très beau.
00:55:50 Merci Thierry, merci Pascal,
00:55:52 on vous embrasse,
00:55:54 on vous embrasse tous les deux,
00:55:55 on fait une petite pause,
00:55:56 et on se retrouve dans un instant sur Sud Radio.
00:55:58 14h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:56:02 Toujours en compagnie de Sandy Boulanger,
00:56:06 et on va continuer évidemment
00:56:08 à évoquer le cancer,
00:56:10 avec vos témoignages au 0826 300 300.
00:56:14 Et on écoute Marie maintenant,
00:56:16 bonjour Marie.
00:56:17 Bonjour Sandy, bonjour Brigitte,
00:56:19 merci pour vos belles,
00:56:21 je craque,
00:56:22 merci pour vos belles et bonnes émissions,
00:56:24 je vais essayer de faire vite,
00:56:27 Non, non, non, prenez votre temps,
00:56:30 ici on prend le temps de vivre Marie,
00:56:33 on prend le temps de vivre,
00:56:35 alors vos émissions sont trop courtes Brigitte.
00:56:38 Ah bah oui, mais écoutez,
00:56:40 il faut toujours regarder un petit peu,
00:56:42 vous savez, on dit toujours qu'il faut avoir
00:56:45 un petit peu faim quand on clûte la table.
00:56:48 C'est vrai, tout à fait, tout à fait.
00:56:51 Voilà, alors pour en revenir au cancer,
00:56:54 je suis à la cinquième récidive de cancer,
00:56:57 85, 90, 2000, 2005, 2015.
00:57:01 Bon, ben c'est bon, si Thierry et Pascal
00:57:03 écoutent encore, ça va,
00:57:04 ils ont encore des belles aînées devant eux.
00:57:06 Oui, ils sont adorables,
00:57:07 j'ai beaucoup aimé ce monsieur,
00:57:09 et peut-être j'ose espérer qu'il a un petit frère,
00:57:13 il peut me l'envoyer si tu veux.
00:57:16 Même un grand frère.
00:57:18 Un grand frère, oui, il assurera mieux.
00:57:22 Alors voilà, quand j'étais opérée en 85,
00:57:27 j'avais 35 ans, j'étais seule avec deux petits enfants,
00:57:30 pour faire vite sur cette anecdote,
00:57:32 j'ai donc été opérée du cancer du sein
00:57:35 et j'avais déjà sept métastases.
00:57:38 Et quand je me suis réveillée,
00:57:40 j'ai vu ce chirurgien, je lui ai dit,
00:57:42 c'est un monsieur, un bonbeau,
00:57:44 qui passait à la radio, à la télévision
00:57:46 et à la radio, et je lui ai dit,
00:57:49 mais je sais ce que j'ai,
00:57:50 je suis seule avec deux petites têtes blondes,
00:57:52 vous pouvez me donner un peu la situation.
00:57:56 Textuellement, il m'a dit,
00:57:58 "Envoyez-vous en l'air dans six mois,
00:58:00 vous ne serez plus là."
00:58:02 - Je crains voir de qui vous parlez,
00:58:04 mais je ne donnerai pas son nom non plus.
00:58:06 - Non, il ne faut pas se faire rien,
00:58:08 puis à son âme.
00:58:10 - Mais c'est terrible d'annoncer un verdict comme ça,
00:58:13 quand on sait à quel point c'est une maladie
00:58:17 qui est très difficile à...
00:58:20 - Et j'en étais là où j'étais déjà,
00:58:22 parce que je faisais 1m85,
00:58:25 je pesais 45 kilos.
00:58:29 Bon, ça c'est pas grave, voilà.
00:58:32 Et je me suis retrouvée beuve,
00:58:34 et je me suis mise sur un site de rencontre,
00:58:38 j'ai rencontré un monsieur charmant,
00:58:41 et il me dit, "Vous êtes une très belle femme."
00:58:45 Et on était attirés l'un vers l'autre,
00:58:47 et je me suis sentie obligée
00:58:49 de lui raconter mon parcours médical.
00:58:51 - Mais vous étiez guérie quand vous le rencontrez ?
00:58:54 - Je l'ai rencontré en 2021.
00:58:57 - D'accord, oui.
00:58:59 - Après ma cinquième récidive, en fait.
00:59:01 Mais je me sentais obligée d'être honnête avec lui,
00:59:03 et de lui raconter, parce que je pensais
00:59:05 qu'il y avait réciprocité dans les sentiments.
00:59:09 Il me dit, "Vous êtes une belle femme."
00:59:11 Et moi j'avais envie de tendresse,
00:59:13 de partager, voilà.
00:59:16 Je suis une grande sentimentale,
00:59:18 et je ne sais pas être seule,
00:59:19 j'ai besoin de donner, de recevoir,
00:59:21 de prendre, dans la réciprocité.
00:59:23 Et toujours étudier que le premier jour
00:59:25 où nous avons eu un rapport,
00:59:28 il me déshabille et il me dit,
00:59:31 "Mais tu es un pubis juvénile."
00:59:34 Mon Dieu, j'ai senti la boucle
00:59:36 de ce parcours médical qui est revenu vite fait.
00:59:40 Et là j'étais obligée de lui dire,
00:59:42 "Ah oui, j'aime les poils."
00:59:48 "Bah désolée, j'en avais plus."
00:59:50 Je me suis sentie obligée de lui dire,
00:59:53 "Bah oui, il y a eu de la radiothérapie sur les ovaires."
00:59:56 "Voilà la raison."
00:59:58 Et je me suis sentie, vous savez comme ces petits oiseaux,
01:00:01 ces petits moineaux, qui tombent du nid,
01:00:03 tout nus, sans plumes ?
01:00:05 Je me suis sentie comme ça.
01:00:07 Bon, bref.
01:00:09 Alors c'était maladroit, mais bon,
01:00:12 il connaît pas non plus tous les effets
01:00:17 de la chimio, etc.
01:00:20 Oui, du coup il y a des hommes qui aiment
01:00:22 quand il n'y a pas de pilosité,
01:00:24 puis d'autres qui n'aiment pas,
01:00:26 et qui au contraire ont besoin d'une pilosité.
01:00:28 Donc ça c'était peut-être pas tant par rapport
01:00:30 à votre parcours médical, que dans son monde érotique.
01:00:32 Mais c'était maladroit.
01:00:34 Oui, j'avais failli lui dire, "Bah écoute, la prochaine fois
01:00:36 je mettrai une perruque."
01:00:38 Parce que ça peut surprendre, c'est tout.
01:00:41 Mais je comprends que ça vous ait touché,
01:00:44 blessé, ça c'est autre chose.
01:00:46 Oui, alors toutes les semaines il m'appelle,
01:00:48 pour me donner des nouvelles.
01:00:50 J'ai envie de le retrouver, mais je crois que je pourrai plus.
01:00:53 Ah, il y a quelque chose qui est blessé chez vous ?
01:00:56 Oui.
01:00:57 L'accueil que vous avez pu recevoir jusque-là, en fait.
01:01:01 Peut-être que ce serait intéressant d'en reparler avec lui aussi.
01:01:03 Parce que s'il vous envoie des messages,
01:01:05 c'est que lui, il est toujours dans l'envie d'être en lien avec vous.
01:01:09 Être en lien, mais plus de rapport, plus de sentiments.
01:01:13 "Je ne t'aime pas", il m'a dit, "comme toi tu m'aimes."
01:01:15 Mais je lui ai dit, "Mais à quel point tu sais comment je t'aime ?
01:01:17 Tu sais pas ? Tu sais pas ?"
01:01:19 De toute façon, même...
01:01:22 Enfin, moi je crois qu'il faudrait arrêter de dire,
01:01:24 "On s'aime comme ci, comme ça."
01:01:27 De toute façon, on aime toujours différemment l'un de l'autre.
01:01:30 Donc, c'est pas une question de quantité,
01:01:32 c'est une question de fonctionnement.
01:01:35 Vous, vous êtes une grande sentimentale, vous l'avez dit.
01:01:38 Et c'est peut-être ça qui l'inquiète,
01:01:40 et c'est pour ça qu'il se protège en vous disant,
01:01:45 "Je ne t'aime pas comme tu m'aimes."
01:01:47 Mais en fait, c'est une protection.
01:01:52 C'est une protection parce qu'il se sent un peu envahi par votre sentimentalité.
01:01:59 Mais ça veut dire que ça ne le laisse pas non plus complètement indifférent.
01:02:04 Et pour en revenir à ce fameux cancer, les cancers du sein que j'ai eu,
01:02:09 j'ai rencontré en 2017, j'ai vécu deux ans avec ce monsieur,
01:02:13 et il me dit, "J'ai retrouvé une vieille amie avec qui je suis retournée,
01:02:18 mais je le regrette, c'est toi que j'aime, et je veux te retrouver toi."
01:02:22 Donc, nous avons beaucoup échangé par SMS,
01:02:25 je lui envoie des messages WhatsApp, il les lit, je l'appelle, mais il ne me répond plus.
01:02:31 Et il m'a annoncé en octobre 2021 qu'il avait un cancer de la prostate.
01:02:36 Et il me dit, "Mais je ne suis plus un homme."
01:02:39 Mais je lui ai dit, "Mais tu sais, pour moi, un homme,
01:02:42 ce n'est pas parce qu'il est bandan qu'il est systématiquement un homme.
01:02:45 Moi, pour moi, un homme, c'est son ensemble, ce qu'il est, ce qu'il vaut,
01:02:49 ce qu'il donne, ce qu'il prend, ce qu'il sait donner, ce qu'il sait recevoir.
01:02:54 C'est tout un ensemble pour moi."
01:02:56 Et je lui ai dit, "Regarde, tu n'as pas fait de réflexion, de remarques à propos de mes seins.
01:03:04 Tu les as caressés normalement."
01:03:07 Et j'ai eu mal par rapport à ça, parce que je voudrais tellement l'aider,
01:03:11 mais je ne suis plus un homme, et je ne sais pas comment m'y prendre pour le retrouver.
01:03:17 J'ai envie de le retrouver.
01:03:19 - Servez-vous de l'humour.
01:03:20 Moi, à votre place, je dirais, "Écoute, ça tombe bien,
01:03:22 en ce moment, j'ai envie d'essayer avec une femme."
01:03:25 - Pas vraiment, Brigitte !
01:03:29 - Non, non, mais je veux dire, vous lui envoyez ce message-là,
01:03:32 vous lui dites, "Écoute, en ce moment, j'ai envie d'essayer autre chose,
01:03:37 donc ça tombe bien."
01:03:38 Et puis voilà, essayez un peu l'humour.
01:03:42 Vous savez, sa réponse montre à quel point il est touché par son cancer de la prostate,
01:03:50 donc il faut mettre un peu d'humour, un peu de légèreté,
01:03:53 pour arriver à ce qu'il ait la possibilité de vous revoir.
01:03:58 En tout cas, c'est le conseil que je vous donnerai.
01:04:00 Merci Marie, en tout cas, pour ce joli témoignage.
01:04:03 - Merci, c'est moi qui vous remercie infiniment.
01:04:05 - On fait une petite pause, on se retrouve avec le Love Conseil du jour,
01:04:09 et justement, on va parler des peurs et de l'amour.
01:04:11 A tout de suite.
01:04:17 - Eh bien, Sandy Boulanger, j'ai trouvé ce Love Conseil tout à fait en corrélation
01:04:21 avec l'émission d'aujourd'hui, "La peur et l'amour".
01:04:24 C'est une psy qui est américaine et qui a évoqué ce concept.
01:04:28 Il n'y aurait que deux émotions essentielles qui nous traversent tout le temps,
01:04:34 l'amour et la peur.
01:04:36 Et c'est vrai que de toutes les émotions positives naissent de l'amour,
01:04:42 et de toutes les émotions négatives naissent de la peur, en fait.
01:04:45 C'est un peu ce qu'elle dit.
01:04:46 Et je trouve ça assez juste.
01:04:49 Alors, de l'amour va germer la joie, la paix, la générosité, etc.
01:04:56 Et puis de la peur va naître la colère, la rage, la jalousie, la culpabilité, l'anxiété, bref.
01:05:02 Et au fond, je sais que les gens ont souvent du mal à gérer leurs émotions,
01:05:07 à comprendre leurs émotions.
01:05:09 Et je trouve qu'avec cette vision comme ça de la peur et de l'amour,
01:05:14 on sait très bien qu'on ne peut pas ressentir les deux en même temps,
01:05:18 et elles s'opposent souvent.
01:05:20 Donc trop de peur va chasser l'amour, mais en revanche, en cultivant l'amour,
01:05:24 on peut peut-être calmer nos peurs.
01:05:26 Et quand on pense au témoignage de Thierry tout à l'heure,
01:05:29 je trouve que l'offre-conseil est assez juste.
01:05:33 Oui, très à propos, effectivement.
01:05:35 Et puis alors, tous ceux qui ont peur d'Amy.
01:05:37 Oui, oui.
01:05:39 Oui, mais parce que quoi qu'on en dise, quand on aime, on va souffrir aussi.
01:05:44 Oui, c'est ça.
01:05:46 C'est évident.
01:05:47 Quel que soit l'amour que l'on porte à l'autre, et que l'autre nous porte,
01:05:51 il y aura de toute façon aussi de la souffrance,
01:05:53 et souvent des souffrances comme ça, assez intenses à certains moments.
01:05:57 Donc si on ne se sent pas capable d'accueillir vraiment l'amour,
01:06:03 eh bien on ne voit que la peur de la souffrance.
01:06:06 Ce que je me dis, vous voyez, en vous écoutant,
01:06:08 c'est qu'il y a un endroit où finalement aimer,
01:06:10 c'est accepter de vivre le plus beau comme le plus dur.
01:06:13 Oui, mais moi j'aime bien cette idée de "développons l'amour"
01:06:20 et ça va calmer nos peurs.
01:06:22 Je crois que c'est peut-être ça qu'elle veut dire, cette psy.
01:06:25 En tout cas, je voulais vous faire profiter de ce love-conseil.
01:06:29 Bonjour Mélanie.
01:06:30 Bonjour Brigitte, bonjour tout le monde.
01:06:33 Bonjour Mélanie, merci de prendre la parole sur Sud Radio.
01:06:36 C'est en 2016 que vous avez traversé une année difficile.
01:06:42 2012.
01:06:44 2012, pardon.
01:06:45 Chiffre 13, c'est mon lapsus compréhensif.
01:06:49 Non, il y a 10 ans, je vous avais appelé à propos de ça.
01:06:54 Aujourd'hui, ça fait 11 ans que j'ai perdu mon mari.
01:06:57 Et si vous voulez, en 2012, j'ai vécu une vie.
01:07:00 J'étais enceinte de 5 mois quand on a découvert que mon mari avait un cancer.
01:07:04 Et à ce moment-là, c'était encore mon copain, on n'était pas mariés.
01:07:10 Et on savait qu'il n'en avait que pour 3-4 mois, pas plus du tout.
01:07:14 Et là, je remercie toujours le corps méndical
01:07:18 parce qu'ils nous ont poussé à vivre le plus longtemps possible.
01:07:21 Il a vécu plus de 8 mois et il a eu la chance de connaître son petit garçon.
01:07:27 Et si vous voulez, on s'est mariés.
01:07:30 En une année, j'ai eu toutes les émotions.
01:07:36 J'ai eu un accouchement prématuré, forcément.
01:07:40 Ça, ce n'est pas anodin.
01:07:42 Mais je me suis dit qu'après, on est sûr qu'il le voit encore plus de temps.
01:07:47 Après, on s'est mariés.
01:07:49 Pour mes 30 ans, mon cadeau d'anniversaire, c'était une gifle.
01:07:52 J'ai dit non, on se marie, ce sera mon plus beau cadeau.
01:07:55 Et en octobre, il est décédé.
01:07:59 Et si vous voulez, il m'appelait toujours "la chieuse"
01:08:03 parce que j'étais tout le temps sur lui.
01:08:06 Mon amour était peut-être dépassé trop, mais je voulais tellement qu'il vive,
01:08:10 tellement je le poussais.
01:08:12 Et les médecins nous ont dit, on dit bien, que la famille, le soutien est primordial.
01:08:17 Parce qu'ils n'ont jamais osé nous dire qu'il partirait même plus vite que 3 mois.
01:08:23 Pour eux, ce n'était pas possible.
01:08:26 - Et grâce à votre amour, il a tenu 8 mois.
01:08:29 - Oui, je pense.
01:08:32 Entre mon amour et son fils, la chance et le désir de voir son fils avant de partir.
01:08:40 - C'est ça.
01:08:41 Et puis vous savez, je lui ai donné des petits challenges.
01:08:43 Parce que vous savez, les premières dents, des petites choses comme ça,
01:08:47 des petits sourires, et ça le motivait.
01:08:49 J'ai dit, allez, on y va, on y croit.
01:08:51 Mais il a passé le pauvre par toutes les chignots.
01:08:54 Ben oui, on essaye de chimer au confort.
01:08:57 Après, on sait bien comment ça fonctionne.
01:09:00 Et ça a été une terrible souffrance, oui.
01:09:02 Oui, oui, mais même 11 ans plus tard, je n'arrive pas à refaire ma vie.
01:09:07 C'est pas que je n'y arrive pas, j'ai bien quelqu'un, mais pas dans ma maison.
01:09:12 Là, aujourd'hui, j'ai quelqu'un, mais non.
01:09:16 - En même temps, votre fils n'a que 11 ans.
01:09:18 C'est peut-être ça aussi qui quelque part vous retient,
01:09:21 de lui présenter quelqu'un d'autre.
01:09:24 - Non, pourtant, j'ai réussi à avoir des copains, je lui ai présenté et tout.
01:09:30 Mais je n'arrive pas, il n'y a pas de place pour...
01:09:32 - Oui, c'est ce que je voulais dire.
01:09:36 C'est-à-dire que vous avez peut-être des amants, des copains, des amis.
01:09:41 Mais donner la place de votre mari,
01:09:46 c'est peut-être pas possible par rapport à votre fils.
01:09:49 - Peut-être par rapport au fils, mais je crois que c'est vraiment moi qui bloque.
01:09:53 Parce que, non, Maxime, aujourd'hui, je cherche vraiment...
01:09:58 - Parce que, Mélanie, excusez-moi, mais c'est important que vous puissiez l'entendre,
01:10:04 parce que je suppose que vous, à mon avis, vous y avez réfléchi.
01:10:07 Mais il ne faut pas que vous puissiez vous sentir coupable de refaire votre vie.
01:10:13 C'est quelque chose qu'on entend souvent chez les veuves, ou les veufs, d'ailleurs.
01:10:18 Mais pourquoi... Enfin, on peut respecter, bien sûr, votre choix,
01:10:24 ce n'est pas ce que je veux dire.
01:10:25 - Oui, tout à fait.
01:10:26 - Mais ça demande peut-être une petite réflexion quand même.
01:10:30 - Oui. Ce à quoi je pensais, Mélanie, vous permettez aussi, je pense à quelque chose.
01:10:36 Je me dis, parce que j'ai célébré de nombreux mariages en soins palliatifs,
01:10:40 de nombreux. Vous avez tout vécu en très peu de temps,
01:10:45 dans une montagne russe émotionnelle assez forte.
01:10:48 Et je crois aussi que parfois, vous avez tellement vécu des émotions fortes et extrémistes,
01:10:53 que c'est difficile de revenir un peu à des émotions du quotidien, en fait,
01:10:58 et de ramener quelqu'un dans votre vie, aujourd'hui, dans votre maison, dans votre intérieur,
01:11:03 ce serait peut-être un peu renié tout ce que vous avez traversé,
01:11:07 tous ces efforts que vous avez déployés pour enchanter le monde que vous aviez,
01:11:12 tous les trois. Et en même temps, vous allez continuer à être cette magicienne,
01:11:16 parce que, Mélanie, vous êtes une magicienne pour avoir fait ça.
01:11:20 - C'est ce qu'on me dit, mais je me dis, pourtant, quand on aime la personne,
01:11:24 quand on est fort, quoi, je veux dire, on n'a pas le choix.
01:11:27 J'avais mon petit bonhomme qui me souriait, je n'avais pas le choix,
01:11:29 il fallait vivre pour lui aussi.
01:11:30 - Mais si, vous aviez le choix, vous avez pris une décision,
01:11:33 vous avez été une magicienne.
01:11:35 - Il y a un petit bonhomme derrière, mais il y a peut-être ça aussi,
01:11:38 mais vous voyez, j'ai aussi beaucoup peur de l'abandon,
01:11:41 parce que là, j'ai quelqu'un aujourd'hui, il ressent quand même...
01:11:47 - C'est comme si vous ne pourriez pas revivre ça une deuxième fois.
01:11:50 - Oui, mais là, ça voudrait dire que, quelque part, vous avez eu votre part de responsabilité
01:11:55 dans la maladie qui lui est tombée dessus, et ça, ce n'est pas vrai.
01:11:59 - Non, ce n'était pas...
01:12:01 - Donc, ça, c'est encore une fois important.
01:12:03 - Vous savez, je crois vraiment que la seule chose dont on a besoin en tant qu'humain,
01:12:09 c'est de mettre du sens à ce qui nous arrive,
01:12:11 sauf que parfois, on n'y met pas le bon sens.
01:12:14 Et je ne voudrais pas que vous vous empêchiez de pouvoir partager quelque chose avec quelqu'un,
01:12:20 parce que vous pensez que vous avez été, entre guillemets, la veuve noire, vous voyez.
01:12:25 - Oui, voilà, tout à fait, mais je crois que c'est ça, et ça a beaucoup de travail.
01:12:29 Pourtant, j'ai été voir du monde, j'ai été voir des thérapeutes,
01:12:32 j'ai été voir des pédopsychiatres, même, j'avais été avec mon fils,
01:12:35 parce que j'ai dit qu'il fallait m'aider, à ce moment-là, j'étais perdue.
01:12:38 Et même si vous, Brigitte, vous m'aviez conseillé d'aller voir un pédopsychiatre pour avancer,
01:12:43 ce que j'ai fait, ça a vachement apporté ses prises.
01:12:46 - Ça vous a certainement aidé.
01:12:48 Mais je pense que...
01:12:50 Enfin, vous voyez, moi, je crois quand même que cet homme,
01:12:55 il vous a d'abord donné un fils,
01:12:58 ce fils, il est le prolongement de cet homme,
01:13:01 et quoi qu'il en soit, il n'a pas disparu de votre vie.
01:13:05 Mais il n'est plus là pour vous apporter ce que toute femme peut avoir envie d'avoir.
01:13:12 - Oui, tout à fait, il est tout derrière.
01:13:14 - Donc c'est peut-être...
01:13:17 Essayez de réfléchir bien, au fond de vous, quel sens vous aviez donné,
01:13:22 et si c'est ce genre-là de choses,
01:13:25 comme si vous aviez une responsabilité dans sa maladie,
01:13:29 là je crois qu'il faut aller faire un petit travail pour évacuer ça.
01:13:33 Après vous choisirez de rester seule ou pas, ça sera votre choix.
01:13:37 - Non, parce que là ça fait 5 ans, vous voyez que je suis toujours avec cette personne,
01:13:40 donc chacun sa maison,
01:13:42 mais même on ne souhaite pas, ça marche très bien comme ça.
01:13:49 Mais ça reste quand même un...
01:13:52 Il y a toujours ce petit truc.
01:13:54 - Je t'entends bien.
01:13:57 - Et il faut aller voir...
01:14:00 Peut-être que c'est qu'au fond vous êtes très très bien dans votre maison,
01:14:04 et vous avez besoin d'indépendance, etc.
01:14:07 Et vous avez votre fils, etc.
01:14:09 Donc tout ça, si c'est ces raisons-là,
01:14:12 vous faites ce choix-là, il n'y a rien à dire.
01:14:15 Mais il faut quand même aller un petit peu creuser
01:14:17 pour voir s'il n'y a pas une fausse croyance qui quelque part bloque.
01:14:22 - Oui, parce qu'après 5 ans, Mélanie,
01:14:24 s'il arrivait quelque chose aujourd'hui à votre compagnon qui n'habite pas dans votre maison,
01:14:28 vous seriez triste quand même, parce que vous êtes déjà en lien.
01:14:31 Donc le fait qu'il vienne dans votre maison ne changera pas ce lien ?
01:14:34 - Non.
01:14:35 Non, non, aujourd'hui je vais le comparer un peu à mon mari,
01:14:39 parce que j'ai l'impression que c'est le premier que j'arrive à avoir des sentiments très forts.
01:14:45 C'est là que je me sens libérée un petit peu,
01:14:49 je sais que Christophe est là,
01:14:51 c'est le premier avec qui j'arrive à m'engager.
01:14:54 Et j'ai peur que ça arrive la même chose.
01:14:58 C'est bête, mais je crois que je suis encore dans cette retenue.
01:15:01 - Et donc on voit bien que c'est une croyance qui vous bloque.
01:15:05 Et donc il faut... c'est toujours pareil.
01:15:08 Une croyance, c'est un handicap.
01:15:11 Et généralement, une croyance repose sur des peurs, évidemment,
01:15:15 et vous venez de le dire.
01:15:16 - Ah oui, oui, moi je sais que j'ai très peur de revivre cette abandon,
01:15:21 ce gouffre que ça a pu faire,
01:15:24 parce que la remontée a été très, très, très, très...
01:15:27 - Mais c'est normal.
01:15:29 - Ça m'a fait mal, ça m'a eu très, très mal.
01:15:32 - Mais vous savez, Mélanie, ce qui ne nous détruit pas nous rend plus fort.
01:15:37 - Exactement.
01:15:38 - Vous n'êtes plus la même femme non plus.
01:15:39 - Ah non, pas du tout, non.
01:15:41 Même 11 ans plus tard, c'est...
01:15:43 Voilà, c'est une guerre, hein.
01:15:46 - Oui, mais il y a peut-être autre chose maintenant à vivre.
01:15:53 Bon, en tout cas, votre témoignage est magnifique,
01:15:56 parce qu'encore une fois, on voit comment la vie, parfois, nous joue le détour.
01:16:01 Le destin de votre fils aussi, il est exceptionnel.
01:16:04 - Exactement. Après, je me suis oubliée beaucoup pour mon fils aussi.
01:16:08 - Mais c'est normal aussi, hein, c'est très bien.
01:16:10 - Ce qui était logique aussi, voilà.
01:16:12 Et c'est pour ça que maintenant, je peux dire aussi aux gens
01:16:17 que ça arrive la même chose que moi, j'avais que 30 ans.
01:16:20 Il y a quand même un espoir derrière aussi, il y a une vie, on y arrive.
01:16:24 On vit aussi, il faut, au contraire, il faut y croire.
01:16:28 Même si les coups de blouse seront toujours là.
01:16:31 - Ce sont des chagrins inconsolables.
01:16:33 - Inconsolables, mais on a... - Mais on apprend à ne plus s'y baigner.
01:16:36 - Voilà, exactement.
01:16:37 - Mais on entend, oui.
01:16:39 - Merci de ce témoignage. - Merci, un grand merci.
01:16:42 - Merci beaucoup.
01:16:43 Sandy Boulanger, on fait une petite pause.
01:16:45 On continue bien sûr avec ces témoignages qui sont différents
01:16:48 et qui sont tous évidemment très émouvants.
01:16:50 0 826 300 300, à tout de suite.
01:16:52 Avec Sandy Boulanger qui a eu envie qu'on aborde ce sujet en ce mois d'octobre rose.
01:17:03 On a évoqué différents points.
01:17:07 On voit bien que ce sont toujours des moments de vie qui nous changent,
01:17:13 qui nous bouleversent, qui nous marquent à jamais.
01:17:16 On va conclure avec Pierre qui nous rejoint.
01:17:19 Bonjour Pierre.
01:17:20 - Bonjour Brigitte, bonjour Sandy.
01:17:22 - Bonjour Pierre.
01:17:23 - Ravie de vous avoir. - Nous aussi.
01:17:25 - On vous écoute Pierre.
01:17:28 - En fait, le cancer, j'ai été confronté de ma famille,
01:17:33 spécialement auprès de mon ex-con,
01:17:36 le couleur maman de mes enfants, mon ex-femme.
01:17:39 C'est un cancer du sein qui s'est déclaré, je dirais,
01:17:42 quand les temps ont commencé à être un peu difficiles entre nous.
01:17:46 Donc je veux dire que ça s'est fait, je dirais, un an et demi grosso modo,
01:17:50 avant notre séparation.
01:17:51 C'est là que le cancer s'est déclaré.
01:17:53 - Et vous aviez déjà envisagé de vous séparer, j'imagine ?
01:17:57 - Non, du tout.
01:17:58 - Non, du tout ?
01:17:59 - Du tout, c'était juste, bon c'était compliqué,
01:18:01 mais bon, on gérait, pour rester ensemble pour les enfants aussi, je pense.
01:18:05 Et voilà, aussi, peut-être un petit côté religieux également.
01:18:09 Du fait qu'on voulait pas séparer.
01:18:11 Bon, après, c'est devenu vraiment compliqué,
01:18:13 donc bon, on a fait le pas,
01:18:16 pour notre bien d'ailleurs, à tous les deux,
01:18:17 puisque maintenant on s'entend très très bien.
01:18:20 Et donc oui, en fait, ce cancer s'est déclaré à ce moment-là.
01:18:23 Alors, je suis intimement lié qu'il y a vraiment un lien entre,
01:18:28 je dirais, le déclenchement de ce cancer et la situation qu'il y avait entre nous.
01:18:32 Après, ce qui a été relativement difficile à gérer,
01:18:35 c'est qu'en fait, elle n'a pas voulu que je sois associée au traitement du cancer.
01:18:40 Et donc, elle ne voulait pas que je sache où elle était soignée,
01:18:44 ni quoi que ce soit.
01:18:46 Donc pour moi, c'était très compliqué à vivre.
01:18:48 Je n'ai pas réussi à tenir, puisqu'en fait, j'ai appelé tous les hôpitaux,
01:18:52 je dirais, à peu près 50 km à la ronde autour de chez moi,
01:18:54 pour savoir où elle était soignée.
01:18:56 - Qu'est-ce que vous ressentiez justement à ce moment-là ?
01:18:58 On entend bien, votre couple n'allait pas très bien.
01:19:02 Elle vous met à distance dans son épreuve.
01:19:06 Qu'est-ce que vous avez ressenti, au fond ?
01:19:08 - Alors, beaucoup d'impuissance.
01:19:10 En fait, moi je ne suis pas médecin, donc je ne pouvais exactement rien faire.
01:19:13 - Elle vous a puni en quelque sorte,
01:19:17 en vous montrant à quel point vous ne serviez à rien.
01:19:20 - Je n'avais pas vu ça comme ça, mais carrément.
01:19:24 - Excusez-moi Pierre, Brigitte...
01:19:30 - C'était aussi une manière de mettre en place la rupture.
01:19:43 - C'est possible.
01:19:45 C'est vrai qu'elle est en parallèle,
01:19:48 même les problèmes que l'on pourrait rencontrer dans notre couple,
01:19:50 il ne fallait jamais en parler à qui que ce soit.
01:19:53 C'était très compliqué pour moi.
01:19:55 Je n'aime pas rester dans mon coin,
01:19:57 et si les gens peuvent m'aider pour gérer un problème,
01:20:00 j'aime bien profiter de la vie des autres,
01:20:03 que ce soit des professionnels ou des amis qui ont déjà vécu ça.
01:20:05 Et là, c'est vrai que ça a été très compliqué à gérer.
01:20:08 J'ai eu des frais de menthe vraiment impuissants.
01:20:10 - Elle a beaucoup d'amour propre, j'imagine, votre ex ?
01:20:13 - Oui.
01:20:15 - Merci d'ailleurs de votre témoignage,
01:20:18 parce que dans les 15% des couples qui divorcent,
01:20:21 on dit toujours que c'est l'homme le salaud qui se barre.
01:20:24 Mais ce dont on ne prend pas en compte dans les statistiques,
01:20:27 c'est que parfois aussi, c'est la femme qui crée l'isolement et l'exclusion
01:20:32 pour que la séparation arrive.
01:20:34 C'est pour ça que je disais tout à l'heure que
01:20:37 la maladie peut amener au divorce,
01:20:40 mais parce qu'il y avait des choses avant.
01:20:42 Ce n'était pas forcément la maladie.
01:20:44 Ça peut l'être, mais la majeure partie des cas, c'est ça.
01:20:47 Il y a d'abord des choses qui ne vont plus, qui dysfonctionnent,
01:20:50 et la maladie est un accélérateur de la séparation.
01:20:54 Et vous avez vraiment vécu ça en étant exclu.
01:20:58 - C'est exactement ça.
01:21:01 Je pense que le cancer a été une conséquence.
01:21:08 Ce n'est pas un élément déclencheur,
01:21:10 mais la conséquence de ce que vous avez repris.
01:21:13 Il y avait un malaise, et le cancer s'est déclenché à cause de ça.
01:21:17 C'est comme un signal d'alerte.
01:21:20 - Je crois que c'est comme ça que vous l'interprétez,
01:21:26 mais surtout, vous ne vous sentez pas coupable.
01:21:29 - Non, non.
01:21:31 Aujourd'hui, je ne me sens plus coupable.
01:21:34 À l'époque dont je l'ai vécu, c'était...
01:21:36 - C'est bien pour ça que je dis qu'il faut se...
01:21:39 Encore une fois, c'est elle qui, éventuellement,
01:21:43 si votre hypothèse était juste,
01:21:45 c'est elle qui en a la responsabilité.
01:21:47 Elle n'a pas su communiquer,
01:21:50 et donc, son mal-être, ce serait retourné contre elle.
01:21:55 Encore une fois, j'utilise le conditionnel,
01:21:57 parce que je ne me permettrais pas de dire
01:21:59 que ce que vous dites est la réalité.
01:22:02 Elle seule, peut-être, pourrait le dire.
01:22:06 Je suis toujours très prudente,
01:22:08 parce qu'on ne sait jamais trop avec le cancer.
01:22:11 Il y a quand même des gens qui ont un cancer,
01:22:14 et franchement, on n'arrive pas à trouver
01:22:16 la raison pour laquelle ils ont eu un cancer.
01:22:18 - Je suis totalement d'accord.
01:22:20 C'est vrai qu'il y en a qui l'ont tombé dessus,
01:22:22 et même avec une vie extrêmement saine,
01:22:24 je dirais, ils ont ça.
01:22:26 - Oui, et puis il y a des vrais salauds
01:22:28 et des vraies salopes qui fument,
01:22:30 qui picolent,
01:22:32 et qui n'auront jamais de cancer.
01:22:35 Donc, soyons prudents.
01:22:37 - Mais là où on se retrouve tous,
01:22:39 c'est qu'est-ce qu'on fait de cette expérience ?
01:22:41 Qu'est-ce qu'on en fait de cette traversée ?
01:22:43 La raison pour laquelle aussi ?
01:22:45 Qu'est-ce qu'on en fait ?
01:22:47 Et vous, ça vous a permis d'être mieux aujourd'hui,
01:22:49 tous les deux ?
01:22:51 Vous êtes des parents qui sont plutôt
01:22:53 capables de communiquer aujourd'hui ?
01:22:55 - Alors aujourd'hui, on s'est séparés.
01:22:57 On a eu deux ans qui étaient très compliqués,
01:22:59 où il y a eu pas mal de pics,
01:23:01 et des choses comme ça.
01:23:03 Après, elle a retrouvé quelqu'un d'autre,
01:23:05 avec qui elle a refait sa vie,
01:23:07 ils ont eu un enfant.
01:23:09 Et c'est vrai que quand elle s'est assise
01:23:11 bien ancrée avec le naissance du bébé,
01:23:13 les relations entre nous se sont vraiment,
01:23:15 vraiment améliorées.
01:23:17 Et aujourd'hui, je ne veux pas dire qu'on a construit
01:23:19 du bouffon enfant, on ne le sait pas du tout,
01:23:21 mais quand elle a besoin de moi, je suis toujours présent.
01:23:23 Pour vous dire, elle a construit une nouvelle maison,
01:23:25 j'ai refait pas mal de travaux chez elle.
01:23:27 - Oui, donc il y a
01:23:29 même un lien
01:23:31 qui est resté.
01:23:33 Alors moi, je vous pose une question un petit peu
01:23:35 sournoise, Pierre.
01:23:37 Sans son cancer, vous seriez séparés
01:23:39 ou pas, à votre avis ?
01:23:41 - Je dirais que ma lettre
01:23:45 était déjà là avant, donc je dirais oui, certainement.
01:23:47 - Vous auriez... - Ouais.
01:23:49 - Parce que malgré votre culture,
01:23:51 malgré les enfants, tout ça,
01:23:53 vous seriez quand même séparés.
01:23:55 Mais peut-être pas tout de suite, ça aurait peut-être encore
01:23:57 traîné... - Ça aurait pu.
01:23:59 Ça aurait pu, oui.
01:24:01 Parce qu'en fait, quand on s'est séparés, elle était déjà en rémission.
01:24:03 Le traitement était fait,
01:24:05 donc voilà, je dirais que c'est pas derrière nous.
01:24:07 Je crois qu'il faut 5 ans, je crois,
01:24:09 pour configurer qu'on est vraiment en rémission.
01:24:11 - C'est joli ce que vous venez de dire.
01:24:13 Vous avez dit "ce n'est pas derrière nous".
01:24:15 C'est joli.
01:24:17 Ce qui montre qu'inconsciemment, vous êtes
01:24:19 encore en lien avec elle.
01:24:21 - C'est vrai. - Même si elle vous a exclues.
01:24:23 - Oui, bien sûr.
01:24:25 Mais au-delà de ça, même si elle vous a exclues de sa maladie
01:24:27 et qu'elle avait envie de la traverser toute seule,
01:24:29 vous l'avez quand même traversée avec elle ?
01:24:31 - Oui, tout à fait.
01:24:33 - Donc pas main dans la main, mais cœur à cœur ?
01:24:35 Même dans la discorde et la difficulté ?
01:24:37 - Oui, puisqu'on voit bien que vous avez fait tous les hôpitaux
01:24:39 pour la retrouver, etc.
01:24:41 En fait, ça montre bien,
01:24:43 et je vais le souligner
01:24:45 parce qu'on dit tellement de mal des hommes
01:24:47 aujourd'hui, ça montre bien que
01:24:49 quand un homme est un
01:24:51 homme bien,
01:24:53 il a le sens de
01:24:55 ses responsabilités,
01:24:57 de prendre soin de sa compagne,
01:24:59 de la mère, de ses enfants,
01:25:01 et vous en êtes la preuve.
01:25:03 - C'est bien de gérer les émotions, de savoir gérer les émotions.
01:25:05 - Tout à fait.
01:25:07 C'est vrai.
01:25:09 - Vous êtes ému, Pierre ?
01:25:11 - Oui.
01:25:13 - Je sens pas que ça.
01:25:15 - Écoutez, Sandy et moi,
01:25:17 on a une petite écoute quand même.
01:25:19 - Mais c'est d'autant plus touchant.
01:25:23 Merci de ce témoignage.
01:25:25 - On a toujours un bon temps de passé en racontant tout ça.
01:25:27 - Merci de ce témoignage.
01:25:29 Merci, Pierre.
01:25:31 - Vous avez retrouvé quelqu'un,
01:25:33 vous aussi ?
01:25:35 - Oui, oui.
01:25:37 Ça fait six ans, on s'est fiancés il n'y a pas très très
01:25:39 longtemps et on va se marier
01:25:41 le 29 février, près de Précy.
01:25:43 - Bravo, félicitations. - On a de la chance.
01:25:45 Merci, Pierre.
01:25:47 Merci à vous.
01:25:49 Oui, joli témoignage
01:25:51 aussi, différent.
01:25:53 C'est pas mal parce qu'on
01:25:55 disait au début que c'est souvent les hommes qui partent.
01:25:57 - Oui, je vous le disais.
01:25:59 - On ne sait pas pourquoi.
01:26:01 C'est vrai que parfois la femme peut être dans un
01:26:03 climat d'hostilité en étant
01:26:05 vraiment très dure et hostile pour que
01:26:07 l'homme puisse partir aussi.
01:26:09 Vous voyez, c'est très très différent.
01:26:11 - C'est comme avec la dépression, parfois
01:26:13 ça finit par une rupture
01:26:15 mais c'est celui ou celle qui est dépressive
01:26:17 qui provoque la rupture
01:26:19 tellement...
01:26:21 Donc, ne jugeons pas
01:26:23 trop vite.
01:26:25 C'est toujours la même chose.
01:26:27 En tout cas, merci beaucoup
01:26:29 Sandy Boulanger. C'était important
01:26:31 d'aborder ce sujet en ce mois d'octobre
01:26:33 rose. Je précise d'ailleurs que
01:26:35 mercredi avec Philippe Harlin, on évoquera
01:26:37 les seins des femmes, justement.
01:26:39 On en parlera.
01:26:41 Il y a tellement de choses à dire
01:26:43 sur les seins entre celles qui n'aiment pas leurs seins,
01:26:45 celles qui ont besoin d'être
01:26:47 caressées, celles qui ne veulent plus être
01:26:49 caressées après l'élatement. Enfin bref, on parlera de tout ça
01:26:51 avec Philippe Harlin
01:26:53 mercredi. Et puis demain,
01:26:55 on sera avec Vincent Hupertan.
01:26:57 On va parler de...
01:26:59 Bah tiens, justement, ça plaira sans doute
01:27:01 à Daniel, notre homme viril qui
01:27:03 témoignait tout à l'heure. On va essayer
01:27:05 de voir en quoi la séduction est moins facile
01:27:07 aujourd'hui sur le lieu de travail. Comment les
01:27:09 hommes doivent réagir ?
01:27:11 Est-ce que c'est aux femmes de draguer aujourd'hui ?
01:27:13 On verra comment ça se passe
01:27:15 parce que
01:27:17 cette semaine, ce sera jeudi,
01:27:19 j'aime ma boîte,
01:27:21 jusqu'à lancer Sophie
01:27:23 de Menton. Donc on aura également
01:27:25 quelqu'un pour fêter
01:27:27 les entreprises. Mais ça nous permettra
01:27:29 de voir un petit peu comment ça
01:27:31 évolue la sexualité,
01:27:33 les amours au boulot.
01:27:35 Parce qu'on sait que la mixité,
01:27:37 là en revanche, elle est partout.
01:27:39 Et dès qu'on met des hommes et des
01:27:41 femmes ensemble, il paraît qu'il y a des étincelles.
01:27:43 Donc on verra
01:27:45 comment on gère toutes ces étincelles.
01:27:47 Et puis tout de suite, vous retrouvez bien sûr
01:27:49 Alexandre Delovane pour votre émission.
01:27:51 à votre écoute. Je vous embrasse tous et merci de ces beaux témoignages.

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