Cyril Dion exprime que le cinéma et les séries abusent de dystopies et doivent au contraire nous aider à imaginer des futurs alternatifs, plus justes et plus soutenables.
Il critique au passage certains films qui échouent à représenter les militants écologistes, pour citer "Une année difficile" d'Éric Toledano et Olivier Nakache, qu'il a trouvé caricatural et dénigrant...
#cyrildion #radioducinema #ecologie
Il critique au passage certains films qui échouent à représenter les militants écologistes, pour citer "Une année difficile" d'Éric Toledano et Olivier Nakache, qu'il a trouvé caricatural et dénigrant...
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00:00 il me semble que le cinéma participe à construire une culture, une représentation du monde
00:05 et que de tout temps il a contribué à façonner les imaginaires
00:10 si on pense par exemple à la façon dont les américains ont répandu leur culture
00:16 à travers le monde, ce qu'on a eu coutume d'appeler l'American way of life
00:19 ça fait beaucoup avec le cinéma
00:21 beaucoup avec les séries, beaucoup avec la publicité
00:24 tout ce qu'on peut constater aujourd'hui de transformation dans la
00:30 l'égalité entre les hommes et les femmes, les questions de genre
00:34 ça s'est aussi beaucoup passé par le cinéma
00:37 par le fait de remplacer les héros par des héroïnes
00:40 des héroïnes qui ne sont pas forcément d'ailleurs hétérosexuelles
00:44 si on pense à des séries par exemple comme Euphoria
00:47 les deux héroïnes sont lesbiennes dont une est carrément trans
00:51 des jeunes femmes ou des jeunes hommes qui se construisent en regardant
00:55 ces représentations du monde là
00:58 c'est pas la même chose que d'avoir regardé les séries que moi je voyais
01:01 quand j'étais ado
01:04 je pense qu'il faut les encourager en tout cas à libérer leur imagination
01:08 sur l'avenir
01:09 c'est vrai que là c'est comme si notre imagination était conditionnée à
01:12 penser que l'avenir serait pire
01:14 et que ce serait une sorte de continuité du présent mais en tirant tous les fils
01:18 de la catastrophe
01:20 ce que disait rob hopkins dans demain le film qu'on a fait avec mélanie
01:24 laurent où il disait on est
01:25 incroyablement doué pour imaginer comment notre espèce va disparaître
01:29 que ce soit une catastrophe nucléaire que ce soit une catastrophe climatique
01:31 que ce soit les grêmes lignes que ce soit les extraterrestres
01:34 mais en revanche il y a très peu de films qui déjà qui imaginent comment on
01:38 pourrait s'en sortir
01:39 et puis qui imaginent le futur autrement c'est pas obligé que ce soit radieux et
01:43 naïf
01:45 mais peut-être que c'est un futur
01:48 ré-en-sauvager
01:50 les villes sont à nouveau dévorés par la végétation et où les humains sont
01:53 organisés différemment et il y a sans doute encore des problèmes
01:56 mais c'est d'autres problèmes et peut-être qu'on a résolu une partie de
01:59 ceux qui sont déjà là
02:01 ou même
02:02 si on fait des films
02:04 d'anticipation sur un avenir plus proche
02:07 se dire que voilà on peut faire des histoires d'amour mais qui se
02:09 produisent dans des contextes où
02:12 il n'y a plus de voitures, on ne mange pas de viande
02:15 en tout cas libérer l'imagination ce qu'a fait un peu
02:20 le film
02:21 le règne animal qui est assez audacieux là
02:25 et qui propose justement une
02:30 un imaginaire
02:32 inédit pour l'instant dans le cinéma français
02:39 je trouve qu'on re...
02:40 j'en ai discuté longuement avec eux deux parce qu'ils m'avaient montré le film en avant-première
02:45 pour avoir mon avis
02:47 et j'adore leur cinéma et j'ai ri à plein de moments
02:51 mais j'ai aussi trouvé que la façon dont ils dépeignaient les militants était
02:54 assez ridicule
02:55 et que c'est dommage en fait je trouve qu'ils ont
02:59 enfin pour moi ils ont un peu échoué à épouser le point de vue des militants
03:02 dans leur complexité
03:04 et qu'il en a juste fait des personnages un peu grotesques
03:07 là où
03:09 les personnages de Pio Marmaille et Jonathan Cohen sont grotesques à des moments
03:12 mais sont aussi touchants à d'autres
03:13 et on peut comprendre leur motivation on peut se mettre à leur place
03:17 même si on peut se moquer d'eux aussi à plein d'autres instants
03:20 là on peine un peu à se mettre à la place du personnage de Noémie Merland
03:24 je trouve
03:25 on se dit juste que ils ont l'air un peu cons à s'appeler Cactus et à pas vouloir
03:30 qu'on leur fasse des cadeaux quoi
03:34 ouais mais une bonne comédie ça grossit le trait en justement en rendant les
03:39 choses complexes en n'étant pas univoques et là je trouve que c'est un petit peu
03:42 univoque sur ces personnages
03:43 la société
03:46 a pris conscience de façon beaucoup plus vaste de la question écologique et
03:49 climatique mais
03:52 pour des mauvaises raisons on va dire c'est à dire que c'est parce que la
03:55 situation est bien plus préoccupante encore
03:59 qu'il y a huit ans alors qu'il y a huit ans elle l'était déjà beaucoup
04:01 enfin...
04:03 huit ans
04:04 j'exagère peut-être un peu sept ans
04:06 euh...
04:09 on a vu là depuis l'été 2016 mais encore plus depuis l'été 2018
04:15 et là il semble que l'été 2023, enfin 22-23 a été une prise de
04:20 conscience encore plus forte pour
04:22 tout un tas de gens
04:23 que les conséquences du changement climatique étaient déjà là donc
04:25 fatalement il y a de plus en plus de gens qui se disent
04:28 ah oui en fait ce qu'on nous racontait c'était vrai donc qui s'intéresse plus
04:31 à la question écologique
04:33 les partis politiques commencent à intégrer beaucoup plus cette dimension
04:35 là
04:36 il y a plus de films et plus de séries qui commencent à en parler même si je
04:39 trouve que ça reste timide
04:41 et puis
04:43 dans les préoccupations des françaises et des français dans les
04:47 sondages d'opinion on voit bien que c'est
04:49 c'est énormément monté
04:51 après sur demain particulièrement
04:57 moi je suis toujours assez
05:01 éberlué, abasourdi, étonné de voir le nombre de gens que je rencontre
05:05 qui m'ont dit
05:06 ça a changé ma vie, j'ai changé de boulot, j'ai créé une entreprise
05:10 moi j'étais au collège et j'ai choisi mes études par rapport à ça
05:14 ou j'étais étudiant et j'ai choisi mon job par rapport à ça
05:16 et on voit qu'il y a même des gens qui disent qu'il y a une
05:20 sorte de génération demain
05:23 qui a été très impactée par le film
05:25 bon et donc nous on est hyper heureux de ça
05:29 après c'est malheureusement un peu une goutte d'eau dans l'océan du problème
05:32 je suis retourné au Bec et loin quand j'ai fait Animal
05:36 qui est sorti en décembre 2021 qui était à Cannes
05:39 on est retourné au Bec et loin, on est retourné aussi
05:45 en Californie là où on avait interviewé les deux scientifiques à Stanford
05:49 bon et on voit des évolutions
05:52 alors au Bec et loin des évolutions plutôt positives c'est à dire que
05:55 là ils ont fait des études sur les insectes et sur les
05:59 sur la vie du sol et en fait ils se sont rendu compte que leur modèle agricole
06:02 avait des vertus à la fois productives mais que ça avait fait revenir
06:05 énormément de pollinisateurs plus d'oiseaux qui avaient
06:09 40 espèces d'oiseaux qui nichaient sur la ferme
06:13 et que donc
06:15 cette pratique agricole et économique d'une certaine manière
06:18 enrichissait le vivant donc ça c'est vraiment super
06:21 et quand on est retourné à Jasper Ridge là, cette réserve naturelle qui est à côté de Stanford
06:25 où travaillent ces deux scientifiques
06:28 c'était plus compliqué c'est à dire qu'ils ont vécu de plein fouet
06:31 justement ces étés un peu dramatiques donc par exemple le plan d'eau
06:34 qui est au milieu de la réserve
06:35 où tous les animaux de la réserve viennent s'abreuver notamment les pumas
06:39 étaient complètement à sec à un moment
06:42 ils ont été entourés d'incendies et donc la réserve a été préservée mais
06:47 il y avait des incendies tout autour
06:49 et ils étaient dans une
06:51 une inquiétude extraordinaire en disant on a l'impression qu'on est en train de
06:55 passer déjà un certain nombre de points de bascule dont on parlait au début du
06:58 film "Demain"
06:59 donc là c'était 4 ou 5 ans plus tard
07:02 si on prend l'exemple de "Demain" oui enfin Animal a été beaucoup plus facile à boucler
07:06 ça a même été
07:09 incroyablement facile
07:10 et là "Un Monde Nouveau" c'est la trilogie qu'on a fait avec Thierry Robert
07:15 ça a été aussi
07:20 parce que Arte a financé l'essentiel au début
07:23 c'était un autre modèle, c'était pas le cinéma c'était la télévision
07:26 on a quand même fait un financement participatif parce qu'on a eu le
07:29 Covid qui a perturbé les tournages et donc qui nous a occasionné un certain
07:32 nombre de frais supplémentaires
07:35 mais pour l'instant ça va
07:37 là je suis en train de passer à la fiction donc je vous dirai pour la fiction
07:40 si c'était plus ou moins dur, je pense que ce sera plus dur
07:44 c'est l'envie de continuer à raconter des histoires, enfin je peux pas passer mon
07:47 temps à dire qu'il faut
07:49 des nouveaux récits et puis jamais le faire
07:51 je dis pas que je le fais pas mais
07:52 les documentaires ça participe à raconter des histoires mais
07:55 avec la fiction c'est
07:57 ça ouvre d'autres perspectives donc c'est intéressant
08:00 et
08:03 c'est aussi la possibilité
08:05 j'espère, de toucher un public plus large
08:08 c'est aussi la possibilité de s'affranchir d'un certain nombre
08:12 d'éléments du réel
08:15 tangible maintenant
08:16 pour essayer de se projeter dans
08:19 d'autres futurs
08:20 je suis en train de développer une série pour France Télévisions
08:24 donc là le budget ça va puisque on a déjà un diffuseur, enfin les séries
08:27 c'est toujours comme ça
08:29 c'est super, il y a un truc un peu de démurge
08:33 quand on fait de la fiction
08:35 pouvoir avoir tout ce petit monde qu'on peut construire avec des personnages
08:38 dont on a
08:40 la maîtrise d'une certaine manière
08:43 mais c'est aussi un autre métier
08:46 qu'il faut apprendre
08:48 !