• il y a 2 ans
Cyrille Brunel, médecin du sport

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Transcription
00:00 Bonjour Bruno, bonjour.
00:02 Bonjour et merci de me recevoir.
00:04 Aujourd'hui l'appel à la mobilisation est national, global, même comme le problème,
00:09 puisqu'il ne s'agit pas simplement d'une revalorisation des consultations
00:14 ou de choisir où on s'installe, c'est une dégradation de l'offre de soins que vous dénoncez.
00:19 Oui tout à fait, en fait le mouvement s'inscrit dans une inquiétude,
00:23 une inquiétude qui est profonde des médecins libéraux, mais surtout pour nos patients
00:27 qui n'ont plus accès aux soins. Et quand on est médecin, on doit soulager la souffrance.
00:32 Les patients n'arrivent plus à nous contacter, à nous voir dans des délais raisonnables.
00:37 Donc on est même devenu une source de souffrance pour nos patients.
00:40 Vous voulez redonner de l'attractivité au métier justement pour rétoffer cette offre de soins.
00:46 Ça passe par cette revalorisation, donc on l'a dit, de la consultation.
00:50 Vous souhaiteriez 30 euros, l'assurance maladie vous en donne 26,50 au lieu de 25.
00:55 Est-ce que c'est pas avec ça que vous allez pouvoir notamment embaucher ?
00:58 Oui, en fait nous ce qu'on aimerait c'est que les honoraires correspondent à la réalité
01:03 de ce qui est fait dans les cabinets et on ne souhaite pas gagner plus.
01:07 Tout simplement ce qu'on souhaite c'est des moyens supplémentaires pour accueillir plus,
01:10 pour accueillir mieux et pour accueillir plus vite.
01:13 Parce qu'un des grands enjeux aussi c'est de pouvoir avoir des secrétaires médicaux dans vos cabinets,
01:19 d'autant que la charge administrative elle est déjà importante mais elle augmente.
01:23 Oui, on aimerait avoir en fait du personnel pour pouvoir diminuer cette charge administrative
01:30 mais il faut savoir que cette charge administrative peut aussi être diminuée
01:33 par des mesures qui sont prises par nos institutions et qui sont pour l'instant refusées.
01:37 Avec la loi Valtoux, puisque c'est elle qui est étudiée au Sénat aujourd'hui,
01:41 et ces regroupements territoriaux de professionnels de santé sous couvert d'encadrer l'offre,
01:47 de lutter contre les déserts médicaux, c'est aussi des obligations supplémentaires,
01:51 donc une charge de travail pour assurer les gardes, les urgences ?
01:56 Oui, alors ce qu'il faut savoir et ce qu'il faut dire à tout le monde c'est que,
02:00 grosso modo, le territoire est couvert par la permanence des soins
02:04 et finalement ce qu'on nous propose c'est de nous coordonner, chose que nous faisons depuis longtemps,
02:09 mais c'est de nous contraindre dans un système un peu étatique
02:14 alors que nous avons une réactivité qui est propre et nous communiquons déjà depuis très longtemps entre nous.
02:19 Donc finalement ce serait des gardes supplémentaires, des urgences supplémentaires inutiles aujourd'hui ?
02:26 Les médecins on l'entend beaucoup, ils ne veulent plus travailler comme avant,
02:29 de 7h à minuit, comme nos médecins de famille jusqu'il y a encore quelques années,
02:34 mais les patients ils attendent un petit peu ça, finalement c'est terminé ?
02:37 Alors oui, je crois qu'on a une évolution de société sur laquelle on ne peut pas,
02:41 enfin nos jeunes qui arrivent et qui sortent de la fac, attendre un peu de vivre un peu comme tout le monde,
02:47 mais je crois que tout de même il reste des valeurs assez importantes dans cette profession
02:52 et c'est assez unique et donc je pense qu'on a vraiment envie de trouver des solutions.
02:56 Les jeunes médecins c'est eux que le gouvernement veut utiliser en quelque sorte,
03:01 en prolongeant notamment leur cursus, il y a cette année de plus de l'internat,
03:06 sans forcément la pédagogie sur les territoires justement mal dotés qui devraient suivre,
03:11 c'est du bricolage pour vous ?
03:14 Oui, c'est du bricolage, c'est de l'enfumage, ces mots sont malheureusement un peu durs mais sont tellement réels,
03:20 en fait on prolonge avant tout les études pour que les hôpitaux aient à disposition des médecins
03:28 à des prix extrêmement raisonnables, on va dire ça pour être poli.
03:32 Actuellement on paye un petit peu des années de politique de santé aussi,
03:36 on entend beaucoup "il faut ouvrir les vannes, il faut ouvrir le numerus clausus",
03:40 le fameux qui restreint l'accès à la profession, c'est un peu tard,
03:44 puis de toute façon il y a un décalage si on fait ça.
03:46 Oui, il y a un décalage qui va être très long, et puis vous me parliez du numerus clausus,
03:51 en fait on vous a annoncé que le numerus clausus était terminé,
03:54 mais on l'a remplacé par le numerus apertus, donc enfumage très clairement.
03:59 Localement vous avez aussi des demandes, puisqu'on a un territoire quand même spécifique,
04:03 vieillissant, avec des pathologies chroniques qui augmentent dans la société,
04:09 vous avez échangé avec les autorités locales, l'ARS, l'assurance maladie, sans succès ?
04:15 Oui, sans succès, nous ce qu'on voulait c'était un choc de capacité à reçoir mieux,
04:19 à respecter les contraintes liées à l'insularité,
04:22 on avait des propositions fortes qui ne donnaient pas forcément lieu à une augmentation des dépenses,
04:29 on était novateurs, on était réactifs, on n'a eu qu'une réponse institutionnelle
04:35 et une demande à ce qu'on soit plus à l'écoute de leurs mesures pédagogiques.
04:40 Finalement vous vous sentez un petit peu obligé de répondre durement,
04:43 vous agitez certaines menaces, le déconventionnement, le dépassement d'honoraires,
04:48 de ce côté-là c'est encore le patient qui va payer la note, surtout dans la région la plus pauvre de France ?
04:53 Très clairement, notre objectif c'est, pas nous, mais c'est le patient,
04:58 donc justement notre collectif a énormément, ça fait 4 mois qu'on travaille,
05:02 pour savoir ce qui permettrait de faire bouger un petit peu nos institutions qui nous régissent,
05:08 sans pénaliser le patient.
05:10 Donc le déconventionnement, il faut qu'on soit très clair, c'est quelque chose qui est contre nature aux médecins.
05:16 Mais il y a un moment, certains y pensent, pourquoi ?
05:20 On est au pied du mur, et on nous donne aucune possibilité d'échapper à la compression et à l'écrasement.
05:28 En tout cas pour aujourd'hui, vous appelez un vendredi noir.
05:31 Merci Cyril Brunel d'avoir été notre invité ce matin sur RCFM.
05:34 Merci à vous.

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