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On a beau être fort, être entraîné, être prêt à tout. Cela n'empêche pas les sportifs de haut niveau de souffrir, eux aussi, de dépression. Dans le documentaire choc "Strong, aussi forts que fragiles" (Prime), plusieurs d'entre eux se racontent. Parmi eux, Perrine Laffont, championne de ski.

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Transcription
00:00 tous les matins, des fois mon entraîneur venait me prendre à la sortie du lit,
00:04 me porter mes skis jusqu'en haut pour partir m'entraîner et faire des compètes,
00:08 parce que toute seule je ne serais jamais arrivée.
00:10 Ça a toujours été un petit peu un sujet tabou, la santé mentale des athlètes,
00:18 où le sportif de haut niveau n'a pas le droit de se plaindre,
00:20 le sportif de haut niveau doit toujours être en forme, doit toujours performer, doit toujours réussir.
00:25 Et où, non, ce n'est pas tout le temps comme ça,
00:28 il y a des moments durs, il y a des moments pas tout le temps joyeux,
00:33 quand on commence à perdre l'appétit, le goût à la vie aussi,
00:38 et qu'on est à fleur de peau, en fait, la moindre parole nous impacte,
00:43 le moindre mot plus haut qu'un autre nous fait pleurer,
00:50 et on est à fleur de peau vraiment, et c'est là où on se dit « mais je ne vais vraiment pas bien ».
00:54 Tous les matins, des fois, mon entraîneur venait me prendre à la sortie du lit,
00:59 me tenir la main pour aller déjeuner, me motiver pour m'échauffer,
01:03 me tenir la main, me porter mes skis jusqu'en haut pour partir m'entraîner et faire des compétitions,
01:09 parce que toute seule je ne serais jamais arrivée.
01:10 Je me suis dit « mince, j'ai perdu le goût du sport, j'ai perdu un peu le goût à la vie,
01:17 j'ai perdu le goût à la nourriture ».
01:19 Et puis cette santé mentale des athlètes, ça a toujours été quelque chose de tabou,
01:24 donc personne n'a vraiment parlé,
01:27 et c'est plus au fur et à mesure de ces dernières années où justement,
01:32 les expériences de chacun commencent à sortir,
01:34 et ça fait du bien d'entendre ces discours-là, parce que tu te dis « ah ouais, bon,
01:40 ok, c'est quelque chose qui n'est pas cool à vivre, mais ils s'en sont sortis, on va s'en sortir aussi ».
01:46 Ça se fait vraiment petit à petit, parce que c'est des petites victoires un petit peu de tous les jours,
01:51 où un matin tu te lèves un peu plus motivée de sortir dehors, de bien t'habiller,
01:58 puis un matin tu te dis « ah bah tiens, j'aimerais bien manger ça »,
02:02 alors qu'il y a des matins tu te levais et tu avais la boule au ventre et tu avais envie de rien avaler.
02:07 Et c'est comme ça au fur et à mesure que tu te dis « bon, ça y est, je ne suis plus sur la pente descendante,
02:12 j'ai touché le fond ».
02:13 Et tous les jours, c'est des petites victoires où je commence à aller mieux et que,
02:19 ok, on verra la lumière un jour.
02:21 Je pense que si je suis passée par des moments de dépression comme ça,
02:24 c'est parce que je m'étais vraiment mise de côté, moi, en tant que personne,
02:28 et que j'étais trop focus sur la périne athlète.
02:32 En ayant vécu ces moments, je me suis rendue compte que, moi, périne, femme de 24 ans,
02:38 je suis la base de la pyramide où, après, il y a ma carrière,
02:44 il y a mon statut de sportive, de haut niveau et tout ça.
02:47 Et que si cette base n'est pas bien, ma pyramide s'écroule.
02:51 Je vois les choses d'une autre manière maintenant,
02:55 d'une manière un peu plus légère aussi, parce qu'en fait, on tombe tellement en bas que,
02:59 quand on est en ressort, on se dit « je suis quand même allée loin,
03:03 on est frôlé pas loin de la catastrophe,
03:06 mais maintenant, je vais profiter de ma vie et je vais la vivre à 3000 %, quoi. »
03:11 Et maintenant, je vais bien !
03:13 (rires)

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