• il y a 2 ans

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00 Vous avez peut-être découvert le papotin à la télé.
00:02 Je peux te tutoyer ?
00:03 Oui.
00:04 Je dois te dire tu ou vous ?
00:05 Tu.
00:06 C'est égal ?
00:07 Oui.
00:07 Non, je préfère que tu me dises tu.
00:09 Je peux t'appeler par ton prénom ?
00:10 Oui.
00:11 On va vous raconter la folle histoire du papotin.
00:13 Bonjour, Gilbert, Lelous.
00:15 Au départ, c'est un journal papier.
00:21 Alors l'histoire commence en 86,
00:24 quand je suis arrivé à l'hôpital de Jours-d'Antony.
00:26 Le premier numéro du papotin sort pratiquement quatre ans après.
00:30 J'ai été enseignant pendant une dizaine d'années avant,
00:33 dans le circuit normal.
00:35 J'enseignais le français.
00:36 Et les personnages que j'ai croisés
00:40 m'ont littéralement fasciné.
00:43 Je ne connaissais pas du tout, du tout cette population.
00:46 Il y avait une communication extraordinairement particulière
00:49 qui se passait entre nous.
00:53 On ne parlait pas d'autisme, vraiment, vraiment.
00:55 L'autisme s'est venu après, je crois que c'était en 89.
00:58 Je lisais Le Monde.
01:01 Et puis, un article qui parle
01:04 donc du journal des sans-abris new-yorkais.
01:07 Ça venait de sortir.
01:08 C'est les sans-abris qui l'ont sorti
01:11 et qui ont demandé à des grandes vedettes,
01:15 donc un inédit, et ils vendaient ça dans les rues.
01:19 Et ça a eu un succès incroyable
01:22 parce qu'ils vendaient un scoop.
01:24 Et je me dis, voilà, un truc génial.
01:26 Donc voilà, ça a donné le premier numéro
01:30 qui est pour moi un moment absolument extraordinaire.
01:34 C'est un numéro en noir et blanc.
01:36 Et puis l'invité, c'était Warburton,
01:39 un écrivain américain qui était très connu à l'époque.
01:43 Et par ailleurs, donc, il est, on a entendu,
01:46 on savait qu'il s'intéressait énormément aux autistes.
01:51 Il a livré un scoop absolument extraordinaire
01:53 très très très très important.
01:55 Il n'aimait pas les McDo, il préférait le burger,
02:00 le burger, et il a fait l'appelé Burger King.
02:03 - Déjà à l'époque, en 89.
02:04 - C'était en 89.
02:05 Et attention, voilà, donc l'américain,
02:08 que les premiers temps, on en a fait deux, trois par an.
02:11 Et c'était huit pages, voilà.
02:13 On avait cette ambition de que chaque numéro
02:16 soit plus beau que le précédent,
02:18 que chaque numéro soit un plus
02:20 par rapport aux numéros qu'on a sortis avant, etc.
02:24 Alors la conférence de rédaction,
02:26 c'était tous les mercredis, donc de 10h à midi.
02:29 Ça continue encore là, 33 ans après,
02:32 exactement ce rituel-là.
02:34 Et le miracle, le miracle absolument extraordinaire,
02:37 c'est qu'ils se supportent les uns les autres,
02:39 qu'il n'y a pas d'animosité,
02:41 qu'en fait, on accepte l'autre avec ce qu'il est.
02:46 Alors à l'époque, ce que je voulais vraiment vraiment,
02:48 c'était que ces personnes viennent d'eux-mêmes,
02:52 qu'ils ne soient pas obligés.
02:54 On a interviewé, on a rencontré énormément,
02:56 énormément de monde.
02:58 - Il y a Barbara qui a beaucoup compté,
02:59 qui est toujours évoquée régulièrement.
03:01 - Ah oui, Barbara m'avait téléphoné
03:03 pour me dire qu'elle voulait être interviewée au papotin,
03:06 et ça vraiment, c'était un truc que j'en revenais pas.
03:09 Et non seulement elle est venue pour l'interview,
03:11 mais qu'elle est revenue et revenue,
03:13 on est allés chez elle.
03:14 - Un soir, je rentrais chez moi,
03:17 partout elle me fait des scores,
03:19 elle est revenue, la voilà.
03:21 - On avait établi des relations absolument extraordinaires.
03:24 On a reçu des présidents,
03:26 donc oui, on avait été reçus par Jacques Chirac
03:30 quand il était président de la République à l'Élysée.
03:34 C'était vraiment un moment assez incroyable.
03:37 Et c'était prévu sur un petit temps,
03:40 et ça a débordé énormément.
03:42 Il y a eu un pot,
03:44 et il tenait absolument à servir les uns et les autres.
03:47 On a interviewé ensuite Nicolas Sarkozy,
03:50 et on a été reçus par Hollande
03:54 dans son QG de compagnie,
03:56 quand il faisait compagnie,
03:57 on est allés prendre le petit déjeuner avec lui.
03:59 Notre deuxième invité, c'était André Dussolier.
04:03 Le film de Colin Seyrault,
04:05 "Trois hommes et un couffin" venait de sortir,
04:07 et il avait énormément de succès.
04:09 Le troisième, c'était le cinéaste...
04:12 - Léos Carax.
04:13 - Léos Carax.
04:14 Alors là, lui, ça a été extraordinaire.
04:16 C'était au moment où il y avait tout un binge
04:20 sur "Les amants du Pont-Neuf",
04:22 et lui, il me téléphone, il dit
04:24 "je vais être interviewé au papotin",
04:27 alors qu'il refusait tous les plateaux de télé, etc.
04:30 D'ailleurs, ce qu'il continue à faire jusqu'à maintenant.
04:33 Combien de numéros on a sortis ?
04:35 Eh bien, je pense que c'était 36.
04:37 Je me suis mis en retrait,
04:39 pratiquement avec l'arrivée de Julien.
04:42 Alors en fait, moi, je suis en maîtrise de psychologie,
04:45 et c'est comme ça qu'en 2005,
04:48 j'ai découvert pour la première fois
04:49 le comité de rédaction du papotin,
04:51 donc 15 ans après sa création.
04:53 Et évidemment, j'ai été immédiatement fasciné,
04:55 cette liberté d'expression,
04:57 ce rapport entre le structuré et le déstructuré,
05:00 on ne va pas dire le chaos,
05:01 parce que c'est quand même assez...
05:02 ça fonctionne très très bien,
05:03 mais il y a une espèce de joie, une liberté,
05:06 tout le monde prend la parole quand il veut,
05:07 et cet équilibre-là dans les prises de parole
05:10 est absolument fascinant.
05:11 Donc mon stage se termine assez rapidement, en 2006.
05:15 Je fais tout ce que je peux déjà
05:16 pour rester le plus longtemps possible dans cette institution.
05:18 Je garde le contact,
05:19 je continue à partir avec eux en séjour,
05:20 puisqu'ils embauchent des personnes
05:22 à titre exceptionnel pour les séjours.
05:24 Et en 2010, je suis embauché à l'hôpital de jour d'Antony.
05:27 On me propose d'accompagner régulièrement le groupe
05:30 et les journalistes de l'hôpital de jour
05:31 pour aller au papotin.
05:32 Et plusieurs années plus tard,
05:34 Driss me propose de reprendre la suite,
05:35 alors que je n'y avais même jamais pensé.
05:37 C'était en 2018, quelque 2017-2018.
05:40 Voilà, moi je démarre comme rédacteur en chef.
05:43 Et assez rapidement, on fait la demande à Eric Toledano et Olivier Nakache
05:46 d'être nos parrains de façon informelle,
05:49 de nous soutenir dans l'aventure.
05:51 On les avait eus en interview autour du film "Intouchables".
05:54 Et c'était sorti dans un numéro en 2015.
05:57 Donc ils se rapprochent de nous avec l'idée d'amener ça à la télévision.
06:00 Eric Toledano, à l'époque, avait été président du jury au César, je crois.
06:04 Et il fait la rencontre de l'équipe de télévision qui capte le moment.
06:07 Et il leur propose qu'on réfléchisse ensemble
06:11 à amener le papotin à la télévision.
06:13 On est en fin 2019.
06:16 Et après, le Covid arrive.
06:19 Et on se met à y réfléchir plus sérieusement
06:22 pendant cette période un peu creuse.
06:24 On fait plusieurs interviews test,
06:26 jusqu'à trouver cette forme,
06:28 tournée à l'Institut du Monde Arabe, en lumière naturelle,
06:31 avec ce plateau très ouvert où tout est filmé.
06:34 Et on a beaucoup de discussions qui visent à essayer de maintenir
06:39 la spontanéité qui est présente dans les comités de rédaction du mercredi.
06:43 Et de garder cette liberté de parole,
06:47 de pouvoir la retrouver devant les caméras de télévision.
06:50 Hier soir, j'ai regardé 10% chez moi.
06:54 Mais il y a une chose que je ne comprends pas,
06:58 c'est qu'il ne se passe pas grand-chose dans cette série.
07:00 C'est Gilles Lelouch qui a reçu le premier épisode,
07:04 qui est tourné un peu en amont des autres,
07:06 il est un peu en décalé.
07:07 Et voilà, le projet est proposé à France Télévisions.
07:09 Il lui trouve une place de choix,
07:11 donc un samedi par mois à 20h30.
07:13 Bonjour Gilles Lelouch.
07:15 Bonjour Marvin.
07:16 Est-ce que vous pensez beaucoup à votre père ?
07:19 Je pense tous les jours à mon papa.
07:23 Je l'ai perdu il y a plus de 12 ans maintenant.
07:27 Et il n'y a pas une journée où je ne pense pas à mon papa.
07:29 Et le premier épisode est une réussite,
07:31 avec des chiffres qui, moi, me paraissent absolument délirants,
07:34 qui ne me parlent toujours pas vraiment.
07:36 On les dit comme ça, mais on ne se représente pas ce que ça veut dire.
07:38 Il y avait plus de 3 millions de téléspectateurs à ce premier épisode.
07:41 Les gens en parlent, les gens nous écrivent.
07:44 Au-delà de ce chiffre un peu vertigineux,
07:47 auquel on ne s'attendait absolument pas,
07:48 nous, on reste ce petit groupe, ce petit comité de rédaction.
07:52 On essaye de faire notre journal du mieux qu'on peut,
07:54 et on n'a pas le souhait de devenir plus que ce qu'on a toujours été.
08:00 Il y a eu 8 épisodes pendant cette première saison.
08:02 La grande leçon que j'en tire, c'est que les journalistes ont su rester eux-mêmes,
08:07 malgré ce contexte-là, et qu'ils n'ont pas bougé d'un iota
08:12 par rapport au fait de rencontrer un acteur de théâtre
08:16 ou un metteur en scène de théâtre pas forcément très connu.
08:19 Est-ce que vous avez vu des films dans lesquels je joue ?
08:22 - Non. - Non ?
08:24 - Non, malheureusement. - Vous n'avez pas vu "Les Bronzés",
08:26 "Les Fronzés font du ski parce qu'ils passent à la télé régulièrement".
08:29 C'est des comédies.
08:31 - Ah oui, je regarderai ça dès que j'en ai envie.
08:33 - Voilà, dès que tu as envie, tu regardes.
08:35 - OK, merci beaucoup.
08:37 - Donc on tourne quasiment 3 heures pour ne garder que 30 minutes environ.
08:41 - La première émission avec Gilles Lelouch, j'étais heureux comme c'est pas croyable,
08:46 parce que c'est arrivé.
08:48 C'est comme le numéro 1, la sortie du premier numéro.
08:51 Voilà, on a fait quelque chose, il y a quelque chose qui existe.
08:55 La saison 2, on a ce projet de peut-être essayer de partir en reportage,
09:00 de partir faire des interviews ailleurs qu'à l'Institut du Monde Arabe,
09:04 de peut-être même voyager un peu, on verra.
09:06 Je suis très surpris que vous ayez pensé à moi.
09:11 - Ah bah moi j'avais pensé à toi, ça faisait un petit moment.
09:15 Sous-titrage ST' 501
09:17 *Musique*

Recommandations