La collision entre 2 Boeings sur l'aéroport de Ténérife en 1977, reste une des catastrophes les plus meurtrières de l'aviation civile.
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00:00 [Générique]
00:13 Salut à tous, merci d'être fidèles au rendez-vous de la Minute de Vérité,
00:17 l'émission qui décortique les moments clés d'une tragédie.
00:19 Celle d'aujourd'hui a ému le monde entier quand en 1977,
00:23 deux Boeing, un néerlandais et un américain,
00:25 vont entrer en collision sur l'aéroport de Tenerife au Canary
00:29 et faire 583 victimes.
00:31 A l'époque, on a parlé de crash du siècle,
00:33 cet accident va considérablement changer l'aviation civile.
00:37 Voici son histoire, c'est la Minute de Vérité,
00:39 et c'est tout de suite sur Direct 8.
00:41 [Générique]
00:47 Une île paradisiaque au large des côtes africaines,
00:49 une destination de rêve pour tout vacancier.
00:52 Mais ce jour-là, à cause d'un attentat,
00:55 deux avions sont déroutés vers un petit aéroport.
00:57 [Générique]
00:59 En 8 minutes, la collision aérienne la plus meurtrière de l'histoire
01:03 fera 583 victimes.
01:05 [Générique]
01:09 Aujourd'hui, grâce à une reconstitution en 3D,
01:11 nous allons vous révéler ce qui s'est réellement passé.
01:14 [Générique]
01:18 Les accidents ne se produisent pas sans raison,
01:20 ils sont le fruit d'une succession d'événements malheureux.
01:22 Nous allons tenter de les démêler dans la Minute de Vérité.
01:26 [Générique]
01:33 Europe.
01:34 Les îles Canaries.
01:36 Ténérife.
01:38 Dimanche 27 mars 1977.
01:41 [Vrombissement d'avion]
01:44 Los Rodeos est un aéroport calme sur les hauteurs de l'île,
01:48 où transitent chaque jour quelques avions de petite taille.
01:51 Mais aujourd'hui, la situation est différente.
01:53 [Vrombissement d'avion]
01:58 Midi.
02:00 [Générique]
02:03 Le vol de nuit en provenance de Los Angeles, le Panam 1736,
02:06 n'est plus qu'à deux heures des îles Canaries.
02:08 [Générique]
02:11 Joan Jackson est hôtesse de l'air sur cette compagnie depuis 7 ans.
02:15 [Générique]
02:17 Tout semblait parfaitement normal.
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02:21 Il arrive parfois qu'on ait des passagers un peu pénibles.
02:24 Mais là, ils étaient tous adorables.
02:26 Et c'était un plaisir de les avoir à bord.
02:28 [Générique]
02:31 Jack Redoubt, l'un des 378 passagers de ce Boeing 747, est ravi.
02:36 [Générique]
02:39 Dans les années 70, les 747, c'était ce qui se faisait de mieux.
02:43 C'était un avion deux fois plus gros que les autres.
02:45 [Générique]
02:50 Jack a fait les choses en grand.
02:51 Il emmène sa petite amie Joannie en vacances.
02:54 [Générique]
02:56 On était en première classe.
02:58 On est montés à l'étage.
03:00 A l'époque, il y avait une sorte de salon. C'était très chic.
03:03 [Générique]
03:06 Ils vont à Grande Canarie, dans l'archipel des Canaries, réputé pour ses somptueux paysages.
03:10 [Générique]
03:15 Malheureusement, ce dernier abrite également des groupes terroristes,
03:18 décidés à libérer ces îles de la domination espagnole.
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03:27 Midi et demi.
03:28 [Générique]
03:30 Le commandant Victor Grubbs reçoit un message urgent du centre régional de contrôle aérien.
03:34 [Générique]
03:36 Une bombe a explosé à l'aéroport de Grande Canarie, où il doit se poser.
03:40 Il devra donc atterrir à l'aéroport de Los Rodeos, sur l'île de Ténérife.
03:44 [Générique]
03:48 Il explique la situation aux passagers.
03:50 [Générique]
03:52 J'étais inquiet, comme tous les autres passagers, j'imagine.
03:55 [Générique]
03:59 13h38.
04:00 [Générique]
04:02 Le Boeing 747 de la Paname n'est pas le seul avion dérouté.
04:05 [Générique]
04:07 Un autre Boeing 747, le vol 4805 de la KLM, en provenance d'Amsterdam, se pose à Ténérife peu de temps avant.
04:15 Trois autres appareils déroutés sont déjà sur le tarmac.
04:18 [Générique]
04:23 L'aéroport de Ténérife est petit.
04:25 Il n'y a qu'une seule piste d'envol et les contrôleurs aériens n'ont pas l'habitude de gérer autant d'avions, surtout des Boeing 747.
04:32 [Générique]
04:33 De plus, nous sommes dimanche et deux contrôleurs seulement sont présents.
04:37 Les passagers de la KLM patientent dans la salle d'embarquement de l'aéroport.
04:41 [Générique]
04:45 14h15.
04:46 Le Boeing 747 de la Paname se pose.
04:49 Il doit lui aussi attendre la réouverture de l'aéroport de Grande-Canarie.
04:53 [Générique]
05:01 Grande-Canarie n'est qu'à 25 minutes de là.
05:04 Mais la police n'autorisera peut-être pas tout de suite la reprise du trafic aérien.
05:08 Personne ne sait combien de temps il faudra attendre.
05:11 [Générique]
05:15 L'aéroport Los Rodeos de Ténérife se trouve dans une vallée au pied du mont Teide, le troisième plus grand volcan au monde.
05:21 [Générique]
05:26 Le Teide domine l'île et influe souvent sur le climat.
05:29 Pour l'instant, le soleil brille, mais les conditions météorologiques peuvent changer rapidement.
05:34 L'aéroport est à 632 mètres d'altitude.
05:38 Des nuages provoquent souvent un épais brouillard.
05:41 [Générique]
05:47 Mais au moment où le Paname se pose, les conditions météorologiques sont parfaites.
05:51 - Il faisait un temps magnifique.
05:54 Le ciel était dégagé, il faisait très beau.
05:57 J'ai remarqué que l'aéroport était un peu vieillot, pour ne pas dire vétuste.
06:03 L'aéroport Los Rodeos a été inauguré en 1941 et dispose d'équipement limité.
06:09 Il ne possède pas de radar pour suivre les avions au sol et l'éclairage central de la piste est défectueux.
06:16 Avec cinq gros avions de lignes déroutées, l'aéroport est surchargé.
06:23 La salle d'embarquement est bondée.
06:26 Les passagers du vol Paname doivent rester à bord de l'appareil.
06:33 Le personnel de bord ouvre les portes pour avoir de l'air frais en cabine.
06:39 - On a attendu longtemps.
06:41 On commençait à s'impatienter, à se demander quand on allait repartir.
06:50 14h30.
06:53 La police a sécurisé l'aéroport de Grande-Canarie et les passagers espèrent pouvoir bientôt profiter de leurs vacances.
07:00 Mais l'avion de la Paname est bloqué par le Boeing 747 de la KLM, qui est en plein ravitaillement.
07:12 Remplir cet appareil de 55 000 litres de carburant prendra 30 minutes.
07:16 L'avion de la Paname est obligé d'attendre.
07:20 - Les pilotes avaient envie de repartir. Ils auraient préféré que l'appareil de la KLM ne se ravitaille pas pour qu'on puisse redécoller.
07:29 Après le ravitaillement, l'attente se prolonge.
07:32 Sans fournir aucune explication, les autorités espagnoles retiennent les avions 2 heures de plus au sol.
07:43 À 16h56, le commandant le plus expérimenté de la KLM, Jacob Van Zanten, demande une autorisation de roulage.
07:52 2 minutes plus tard, la tour de contrôle la lui accorde.
07:58 Dans l'avion de la Paname, Jack remarque que le temps change.
08:03 - Il a commencé à y avoir du brouillard.
08:06 Et ça m'a surpris parce que ça a fini par recouvrir l'aéroport comme si la nuit était tombée.
08:17 Le vol 4805 de la KLM remonte la piste avec à son bord 248 passagers et membres d'équipage.
08:25 La tour de contrôle donne l'ordre à l'équipage d'aller en bout de piste, de faire un virage de 180 degrés et d'attendre l'autorisation de décollage.
08:35 La visibilité est maintenant réduite à 300 m.
08:41 Les contrôleurs aériens ne voient pas les avions et n'ont aucun radar au sol pour les aider.
08:46 Ils ne peuvent compter que sur les communications radio.
08:54 17h02.
08:58 Le contrôleur aérien autorise le Boeing de la Paname à rouler derrière l'avion de la KLM.
09:03 L'équipage doit ensuite emprunter la troisième sortie et attendre.
09:10 Les conditions météorologiques se détériorent.
09:16 - On était derrière l'avion de la KLM et on ne voyait même pas la piste. Il faisait noir.
09:27 17h04.
09:30 L'appareil de la KLM effectue sa rotation de 180 degrés et s'aligne pour le décollage.
09:41 L'avion de la Paname remonte toujours la piste principale.
09:44 Le commandant et son copilote cherchent la troisième sortie, mais ils ne connaissent pas cet aéroport et la visibilité est quasiment nulle.
09:59 - Je me suis dit avec ce brouillard, on ne va jamais décoller. On ne voit même pas le moteur numéro 2. Je suis sûre qu'on ne décollera pas.
10:08 17h05.
10:11 L'appareil de la KLM est aligné. Après trois heures et demie d'attente, le commandant Vanzanten est prêt à partir.
10:20 17h06.
10:25 Le commandant Vanzanten relâche les freins.
10:31 Le Boeing 747 s'élance alors que le Boeing de la Paname est toujours sur la piste, 1 400 m plus loin.
10:46 Les deux Boeing 747 sont tous les deux sur la même piste et le brouillard est maintenant très dense.
11:01 Dans l'avion de la Paname, Jack et Johanny voyagent en première classe.
11:07 - Johanny m'a dit "Et si jamais il décolle ?" J'ai répondu avec des involtures "T'inquiète pas, s'il nous percute de plein fouet, on ne sentira rien."
11:16 17h06 et 18 secondes.
11:21 La tour de contrôle demande aux pilotes de la KLM d'attendre.
11:25 - Attendez pour le décollage, je vous rappelle.
11:28 Mais ils n'attendent pas. Le Boeing 747 du commandant Vanzanten s'élance sur la piste.
11:38 17h06 et 45 secondes.
11:43 Ce que le copilote de la Paname voit par sa fenêtre lui glace le sang.
11:48 Le Boeing de la KLM et ses 300 tonnes foncent droit sur les 396 passagers et membres d'équipage de la Paname.
11:55 Pour les sauver, il faut quitter la piste le plus vite possible.
11:59 Victor Grubbs, le commandant de bord de la Paname, pousse la manette des gaz à fond pour tenter d'éviter l'autre appareil.
12:11 - J'ai entendu les moteurs s'emballer et on a fait un brusque virage à gauche.
12:21 Mais il est trop tard. 17h06 et 50 secondes.
12:31 L'appareil de la KLM percute le Boeing de la Paname à 290 km/h.
12:41 - Il y a eu un bruit assourdissant.
12:49 J'ai eu l'impression que chaque molécule d'air explosait.
12:52 J'ai pensé que c'était une bombe.
12:54 - Il y avait des débris métalliques partout et presque tout de suite après, l'avion a pris feu.
13:01 - J'ai regardé autour de moi et je me suis dit "on est pris au piège".
13:06 Les contrôleurs aériens entendent les explosions.
13:17 Mais à cause du brouillard, ils ne voient rien.
13:20 Le contact radio avec les avions est coupé.
13:24 Le 747 de la KLM a percuté à vive allure le Boeing de la Paname, sectionnant son pont supérieur.
13:33 Il a fini sa course un peu plus loin sur la piste.
13:36 - On a entendu un grondement et une explosion terrible.
13:47 J'ai compris que pour les passagers de l'autre avion, c'était fini.
13:51 Les contrôleurs de la tour déclenchent l'alarme.
13:56 Sur ces premières images de la télévision, les pompiers luttent contre l'incendie du Boeing de la KLM.
14:02 Ils ne trouveront aucun survivant.
14:04 Dans cet épais brouillard, ils ne se doutent pas qu'à 450 mètres de là, le Boeing de la Paname est également en feu,
14:11 avec des centaines de passagers à bord.
14:14 Sans hésiter une seconde, Jack se porte au secours d'autres passagers.
14:18 - J'étais recouvert de carburant, mais je me suis dit, il faut faire sortir tous ces gens.
14:26 Et j'ai aidé des gens à sauter par la porte.
14:29 Pendant ce temps, Joanne Jackson et une autre hôtesse essaient de quitter l'appareil.
14:39 - Je crois que je suis passée par un trou. Je me suis retournée et j'ai dit, Suzanne, donne-moi ta main.
14:45 Et on s'est retrouvés debout sur l'appareil.
14:48 Le Boeing de la Paname est immobilisé, mais ses moteurs tournent encore à plein régime.
14:57 - J'entendais leur bruit et j'ai compris qu'ils projetaient des bouts de métal partout.
15:05 Il y a eu une autre explosion et l'hôtesse qui aidait les passagers a été tuée sur le cou.
15:12 Elle a été décapitée. C'était pas beau à voir.
15:16 Joanne et sa collègue sont toujours sur l'avion.
15:21 - Je me suis dit, si on saute, on va se casser la tête.
15:26 Et on a fait un coup de feu.
15:28 - On a fait un coup de feu.
15:30 Elle est tombée sur l'avion.
15:32 - Je me suis dit, si on saute, on va se casser les jambes et on ne pourra pas fuir.
15:37 Mais l'avion commence à se désintégrer.
15:41 - Comme le fuselage avait été touché et commencé à s'affaisser, on a fini par sauter pour s'éloigner de l'appareil.
15:50 Une nouvelle explosion éjecte Jack de l'avion.
16:00 - Joannie m'a dit que j'avais été éjecté.
16:04 Et dès que j'ai repris mes esprits, elle a dit qu'il fallait qu'on parte.
16:08 On s'est traînés tant bien que mal et la dernière explosion a tout détruit, à part les ailes.
16:14 Sur les 396 personnes à bord, seules 61 survivront.
16:26 Joan Jackson et sa collègue s'en sortent avec des blessures superficielles.
16:30 - On n'arrivait pas à croire qu'il y ait si peu de survivants.
16:36 On cherchait les autres passagers et le reste du personnel.
16:40 Je me disais qu'en faisant le tour de l'appareil, j'allais trouver ces 400 personnes ainsi que l'équipage.
16:46 C'était mes amis.
16:48 Malheureusement, je me trompais.
16:50 On n'arrivait pas à y croire.
16:54 Jack Redoubt porte secours à 12 personnes.
16:57 Il souffrira de brûlures au troisième degré au visage et aux bras.
17:01 - Ça a été mon Vietnam à moi.
17:05 C'était horrible, un vrai carnage.
17:09 Tous les passagers du vol KLM et la majorité de ceux du vol Pan Am périssent dans l'incendie.
17:18 C'est la collision la plus meurtrière de l'histoire de l'aviation civile.
17:24 Elle fera au total 583 victimes.
17:29 Le monde est en état de choc.
17:41 Le Boeing 747 est l'appareil le plus moderne du moment.
17:46 Mais il transporte aussi deux fois plus de passagers que les autres avions.
17:51 Sur la piste, il ne reste plus que les débris carbonisés des deux 747.
17:56 Le drame aura duré huit minutes.
17:59 Nous allons maintenant reconstituer l'enchaînement des faits afin de comprendre ce qui s'est passé.
18:05 Grâce à une reconstitution en 3D, nous irons au cœur même de la tragédie.
18:11 Les autorités espagnoles envoient rapidement des experts.
18:15 Jaime Velarde, un des enquêteurs, quitte immédiatement Madrid et arrive à Tenerife.
18:21 - Quand on est arrivé, on a tout de suite su qu'on avait affaire à une véritable catastrophe.
18:30 On a vu des ténèbres, des ténèbres qui ont explosé.
18:34 La situation était apocalyptique.
18:38 Tout le monde était bouleversé par ce désastre.
18:42 Jaime Velarde se rend sans tarder sur le site.
18:50 - Quand on enquête sur un accident d'avion, il faut aller sur le site le plus vite possible.
18:56 Il faut aller au plus vite possible.
18:59 Quand on enquête sur un accident d'avion, il faut aller sur le site le plus vite possible.
19:05 Ça nous permet de découvrir et de photographier les indices sur place.
19:11 Des enquêteurs arrivent des Etats-Unis et des Pays-Bas pour représenter les deux compagnies impliquées dans l'accident.
19:18 L'un des enquêteurs néerlandais, Franz Herarth, est choqué par ce qu'il voit.
19:27 - On était affligés et étonnés par la quantité de débris.
19:31 On n'avait jamais vu ça avant.
19:35 Je me souviens aussi qu'il y avait une odeur étrange.
19:40 Après, on a compris que c'était l'odeur de la chair brûlée.
19:45 C'était vraiment horrible.
19:49 C'est le pire accident que j'ai jamais vu.
19:56 Les enquêteurs sont confrontés à de nombreuses questions.
20:00 Pourquoi le Boeing de la Paname était-il toujours sur la piste ?
20:04 S'agissait-il d'une nouvelle bombe ?
20:07 Grâce au rapport d'enquête officiel, nous pouvons reconstituer ce qui s'est passé.
20:12 - Au début, je n'échafaudais aucune théorie.
20:17 Il était trop tôt pour tirer des conclusions.
20:22 Ce qui comptait, c'était de récolter des preuves et rien d'autre.
20:26 En premier lieu, il faut localiser les boîtes noires.
20:33 Elles enregistrent à la fois les conversations dans le cockpit et les paramètres techniques.
20:39 Les enquêteurs les retrouvent rapidement, mais il y a un problème.
20:49 Les boîtes ont été sérieusement endommagées.
20:52 Il faudra peut-être des semaines pour déchiffrer les enregistrements.
20:56 En attendant, les enquêteurs devront se contenter des cassettes de la tour de contrôle.
21:02 - Tout le monde était très tendu, parce que c'était le premier indice que nous allions découvrir sur les causes de cet accident.
21:14 - Il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:17 - Et il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:20 - Et il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:23 - Et il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:26 - Et il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:29 - Et il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:32 - Et il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:35 - Et il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:38 - Et il y a eu des cas de cassette de la tour de contrôle.
21:41 Une minute et 23 secondes avant la collision.
21:44 L'appareil de la KLM vient d'effectuer un virage de 180 degrés en bout de piste.
21:51 - KLM 4805 prêt à décoller. Demandons clairance de départ.
21:58 Le copilote ne demande pas une autorisation de décollage,
22:03 mais une clairance de départ pour connaître les consignes de circulation aérienne.
22:07 Le contrôleur délivre la clairance de départ et le copilote la collationne.
22:16 33 secondes avant la collision.
22:21 Sur les cassettes, on entend le copilote collationner la clairance,
22:25 puis dire une chose surprenante.
22:28 - Prêt, nous décollons.
22:30 L'enquêteur américain Bill Edmunds est stupéfait par ce qu'il entend.
22:36 - C'était difficile de comprendre s'il disait "on décolle" ou "on se prépare à décoller".
22:43 Peut-être qu'il disait qu'ils étaient prêts pour le décollage,
22:48 ou bien il était en train de dire qu'ils entamaient la procédure de décollage.
22:52 28 secondes.
22:55 Le contrôleur espagnol semble également surpris par la phrase du copilote de la KLM.
23:05 - Ok, attendez pour décollage, je vous rappelle.
23:08 "Attendez" est le dernier ordre passé par la tour à l'appareil de la KLM.
23:14 L'autorisation de décollage n'a jamais été donnée.
23:18 Pourtant, le commandant Van Zanten s'était lancé sur la piste.
23:21 D'après les enregistrements de la tour, le pilote néerlandais aurait fait une terrible erreur.
23:31 - Cet homme, pour des raisons qu'il nous faudra élucider, a décollé sans autorisation.
23:36 Van Zanten est l'un des pilotes néerlandais les plus respectés.
23:43 KLM s'est même servi de son image pour leur publicité.
23:46 Pilote de ligne depuis 27 ans, il a alors 11 700 heures de vol à son actif.
23:53 Difficile de croire qu'un pilote aussi expérimenté puisse faire une erreur aussi grossière.
24:00 Les preuves sont pour l'instant accablantes, mais l'enquête est loin d'être terminée.
24:05 Il faudra patienter encore plusieurs jours pour écouter les boîtes noires.
24:10 Les cassettes de la tour de contrôle réservent une autre surprise aux enquêteurs.
24:22 L'équipage de la Paname n'a pas obéi non plus aux consignes.
24:29 Quatre minutes avant la collision.
24:32 La tour de contrôle demande à l'équipage de la Paname d'emprunter la troisième sortie.
24:37 Or, les enquêteurs savent que la collision s'est produite plus loin, près de la quatrième bretelle d'accès.
24:55 Pourquoi le commandant de la Paname n'a-t-il pas tourné plus tôt ?
24:59 L'accident le plus meurtrier de l'histoire de l'aviation civile s'est donc produit au sol sur l'aéroport Los Rodeos de Ténérife.
25:09 D'après les enregistrements de la tour de contrôle, le commandant de la KLM, Jacob Vanzanten, aurait décollé sans autorisation.
25:18 Grâce à une reconstitution en 3D et au rapport officiel du gouvernement espagnol, nous allons vous révéler les véritables causes de la tragédie.
25:25 Les enquêteurs ont découvert un nouvel élément.
25:32 L'avion de la Paname n'a pas quitté la piste à temps.
25:36 Le commandant de bord, Victor Grubbs, aurait-il fait une énorme erreur ?
25:43 Pour le savoir, les enquêteurs commencent par étudier le plan de l'aéroport.
25:47 Los Rodeos est un petit aéroport qui n'a qu'une seule piste d'envol et une piste de roulage parallèle.
25:56 Il existe quatre bretelles d'accès entre la piste de roulage et la piste d'envol.
26:02 Le jour de l'accident, les contrôleurs ont découvert que la piste de roulage était encore en place.
26:11 En attendant, les contrôleurs à Ténérife doivent gérer un trafic plus dense que de coutume en raison de la fermeture de l'aéroport de Grande-Canarie.
26:18 Ils sont obligés d'immobiliser les avions sur la piste de roulage.
26:22 Avant de décoller, tous les avions doivent donc remonter la piste d'envol.
26:26 Les enquêteurs examinent ensuite la position exacte des avions quelques secondes avant la collision.
26:33 4 minutes et 46 secondes avant l'impact.
26:39 Le Boeing de la Paname suit celui de la KLM sur la piste.
26:43 L'équipage de la Paname utilise une petite carte pour localiser la sortie C3.
26:49 Mais les sorties sont mal indiquées et la visibilité de plus en plus réduite.
26:53 Il remonte la piste en comptant les bretelles d'accès au fur et à mesure.
26:58 D'abord C1.
27:03 Puis C2.
27:08 La sortie qui pose problème, c'est la troisième.
27:11 C3.
27:13 L'équipage de la Paname n'avait pas l'air de savoir quel taxiway il devait prendre.
27:19 Pourtant les cassettes de la tour confirment les instructions des contrôleurs.
27:26 "Vous confirmez que le Paname 1736 doit tourner à gauche à la troisième intersection."
27:34 "Le Paname 1736 doit tourner à gauche à la troisième intersection."
27:37 "Troisième sortie. 1, 2, 3, troisième."
27:42 Une minute et 6 secondes avant le désastre.
27:45 Le Boeing de la Paname dépasse la sortie C3 et continue en direction du 747 de la KLM qui lui se prépare à décoller.
28:00 La manœuvre pour emprunter la bretelle C3 aurait été difficile à effectuer avec un Boeing 747.
28:05 Les enquêteurs américains pensent que le virage était trop serré et que l'équipage a dû penser la même chose.
28:18 "Les calculs que nous avons effectués ont montré que l'appareil de la Paname n'aurait pas pu tourner à cet endroit là."
28:29 "Au lieu du commandant, je n'aurais pas tenté un virage aussi serré."
28:32 Alors pourquoi le contrôleur a-t-il donné cet ordre au Boeing de la Paname ?
28:39 "Probablement parce qu'il n'avait pas l'habitude des 747."
28:45 "D'autres appareils auraient effectué facilement cette manœuvre."
28:48 Selon les enquêteurs américains, une autre raison pourrait expliquer que le commandant ait raté la sortie C3.
28:58 Au moment où il doit quitter la piste principale, le pilote de la Paname est distrait par la radio.
29:03 "KLM 4805 prêt à décoller. Attendons clairance de départ."
29:13 Ils écoutaient sans doute ce que disait l'équipage de la KLM au lieu de se concentrer sur le taxiway.
29:24 35 secondes avant le drame.
29:27 Le copilote de la KLM dit à la tour.
29:31 "Prêt à décoller."
29:33 Immédiatement, le copilote de la Paname s'immise dans la conversation.
29:37 "Paname 1736, remontons toujours la piste."
29:40 L'équipage de la KLM reçoit toutes les communications radio.
29:47 Il devrait donc savoir que le Boeing de la Paname est juste devant sur la piste.
29:53 Pourtant, le commandant le plus expérimenté de la flotte néerlandaise pousse la manette des gaz et s'élance sur la piste.
30:00 35 secondes avant le drame.
30:18 Le copilote de la KLM dit à la tour.
30:21 "Prêt à décoller."
30:23 Immédiatement, le copilote de la Paname s'immise dans la conversation.
30:27 "Paname 1736, remontons toujours la piste."
30:30 L'équipage de la KLM reçoit toutes les communications radio.
30:37 Il devrait donc savoir que le Boeing de la Paname est juste devant sur la piste.
30:45 Pourtant, le commandant le plus expérimenté de la flotte néerlandaise pousse la manette des gaz et s'élance sur la piste.
30:51 Les enquêteurs savent dorénavant que les pilotes des deux avions n'ont pas obéi aux ordres des contrôleurs.
31:02 Ils vont donc s'intéresser au comportement des deux équipages.
31:10 Sur les cassettes de la tour de contrôle, on sent qu'une certaine tension régnait dans le cockpit de la KLM.
31:15 "Le commandant a fait preuve d'une certaine impatience."
31:22 Le Boeing de la KLM est bloqué à Tenerife depuis presque trois heures et demie.
31:29 Les enquêteurs apprennent par les boîtes noires que le capitaine Van Zanten a peur de décoller.
31:34 "Il est en train de décoller."
31:36 Les enquêteurs apprennent par les boîtes noires que le capitaine Van Zanten a peur de dépasser son quota d'heures de travail.
31:42 Il doit encore récupérer 300 passagers à Grande-Canarie et les ramener à Amsterdam.
31:47 S'il est en retard, l'équipage devra respecter une période de repos et KLM devra payer l'hôtel à toutes les personnes à bord.
32:02 Qui plus est, le brouillard fait son apparition et réduit sensiblement la visibilité.
32:06 Le commandant est tendu.
32:08 "Tous les commandants de bord considèrent qu'il y a des problèmes au sol, mais qu'une fois dans les airs, tout ça disparaît."
32:27 "Ils se prennent pour les maîtres du ciel et ce sont eux qui décident."
32:32 "Je pense que c'est ce qui s'est passé dans la tête de ce pilote."
32:37 L'association américaine des pilotes de ligne a également analysé les facteurs psychologiques.
32:45 Depuis six ans, le commandant Van Zanten passait beaucoup de temps à former d'autres pilotes.
32:52 "Si quelqu'un passe plus de temps à former des gens qu'à voler, il finit par s'habituer à l'environnement du simulateur."
32:59 En fait, depuis six ans, le commandant Van Zanten n'a volé en moyenne que 21 heures par mois.
33:14 Et il n'a pas de temps pour se faire de la bouteille.
33:19 Il a fait une heure par mois. Et il n'a pas effectué le moindre vol depuis douze semaines.
33:24 Bill Edmunds invoque un phénomène appelé "syndrome de l'instructeur".
33:32 Le pilote aurait du mal à faire la distinction entre réel et virtuel.
33:36 "Dans un simulateur, vous n'hésitez pas. Vous faites votre manœuvre, vous vous arrêtez, vous reconfigurez le simulateur, vous refaites la manœuvre,
33:47 et quand vous êtes prêt à faire quelque chose, vous foncez, vous le faites."
33:51 Dans le simulateur, l'instructeur joue le rôle du contrôleur.
33:57 C'est lui qui donne la clairance de départ et l'autorisation de décollage.
34:01 Il n'a pas à attendre l'autorisation de la tour de contrôle.
34:04 "Le commandant Van Zanten était prêt à décoller.
34:10 Quand tout a été prêt pour le décollage, il a voulu partir.
34:16 Il ne s'est sans doute pas demandé où les autres avions se trouvaient sur la piste.
34:20 Lui, en tout cas, était prêt à partir."
34:24 Les effets de ce syndrome de l'instructeur sur Van Zanten ne pourront jamais être prouvés.
34:33 Mais une autre question reste en suspens.
34:35 18 secondes avant la collision.
34:39 Le capitaine Van Zanten pousse la manette des gaz à fond.
34:45 Deux autres membres d'équipage sont à ses côtés.
34:48 Pourquoi ne l'en empêche-t-il pas ?
34:51 Donc, les cassettes de la tour de contrôle ont montré que le commandant Van Zanten avait décollé sans autorisation.
35:04 Et les enquêteurs savent aussi que le Boeing de la Paname avait raté la sortie et se trouvait toujours sur la piste.
35:13 Les enquêteurs comptent maintenant sur les boîtes noires endommagées.
35:16 Elles pourraient apporter quelques éléments nouveaux.
35:22 Chaque Boeing 747 est équipé de deux boîtes noires qui enregistrent les paramètres techniques...
35:30 ...ainsi que les 30 dernières minutes de conversation dans le cockpit.
35:38 L'enquêteur espagnol Jaime Velarde apporte lui-même les boîtes noires à Washington...
35:43 ...où elles sont analysées par un laboratoire spécialisé.
35:46 L'enquête a été très difficile...
35:52 ...parce qu'il fallait analyser quasiment toutes les voix enregistrées.
35:56 Jusque là, les enquêteurs se sont basés sur les enregistrements de la tour de contrôle.
36:07 Mais deux semaines après le début de l'enquête, ils peuvent enfin écouter les boîtes noires.
36:11 On peut mettre plusieurs jours à écouter 30 minutes de conversation dans le cockpit.
36:19 On essaie d'identifier qui parle, ce qu'ils disent et ce qui se passe en même temps.
36:24 C'est seulement en comparant les boîtes noires des deux avions et les cassettes de la tour de contrôle...
36:31 ...que les enquêteurs font une incroyable découverte et comprennent enfin ce qui s'est passé.
36:37 Dans le cockpit du Boeing de la KLM, l'équipage n'a pas entendu certains messages...
36:42 ...pourtant parfaitement audibles sur les enregistrements de la tour.
36:45 Au moment où le commandant Van Zanten compte sur les communications radio...
36:49 ...un long sifflement brouille des messages.
36:51 Patrick Smith est pilote de ligne et a analysé de nombreux accidents de la tour de contrôle.
37:05 Quand on communique avec les contrôleurs aériens, c'est comme une seconde nature pour nous.
37:09 On n'imagine pas que quelque chose pourrait tomber en panne et nous tuer.
37:14 Là, un problème technique banal a causé un terrible accident.
37:19 Le système de communication en service à Los Rodeos en 1977 est encore utilisé aujourd'hui partout dans le monde.
37:31 Les avions communiquent avec les contrôleurs aériens par un système de radio VHF.
37:35 A l'aéroport, tous les avions sont sur la même fréquence.
37:40 Ils peuvent recevoir des instructions et savoir ce qui se passe autour d'eux.
37:44 Mais ce système a ses limites.
37:46 Ce n'est pas comme au téléphone où deux personnes peuvent se parler en même temps.
37:55 Pour vous donner un exemple, ça ressemble plus à un talkie-walkie.
37:59 On appuie sur un bouton et on parle.
38:01 Une seule personne peut parler sur la fréquence.
38:05 Chacun doit attendre son tour.
38:09 Quand deux ou plusieurs personnes essaient d'utiliser cette fréquence en même temps,
38:15 les avions communiquent avec les contrôleurs aériens.
38:20 Quand deux ou plusieurs personnes essaient d'utiliser cette fréquence en même temps,
38:23 cela provoque un signal aigu, une interférence.
38:29 Quand il y a une interférence sur une fréquence ouverte, 999 fois sur 1'700 conséquences.
38:38 Mais ce jour-là, à Tenerife, les conséquences seront dramatiques.
38:48 67 secondes avant l'impact.
38:50 Le commandant Van Zanten a effectué le difficile virage à 180° en bout de piste.
38:58 L'enregistreur de paramètres techniques révèle qu'il met les gaz.
39:05 D'après les conversations enregistrées, le copilote est inquiet.
39:13 - Attendez, on n'a pas la clairance de départ.
39:17 Le commandant Van Zanten lui répond sèchement.
39:19 - Je le sais, allez-y, demandez-la.
39:22 44 secondes avant l'impact.
39:26 Tandis que le copilote de la KLM collationne la clairance de départ,
39:30 l'enregistreur des paramètres techniques montre que Van Zanten a déjà commencé à accélérer.
39:35 Il n'attend pas que son copilote ait terminé.
39:38 37 secondes.
39:45 - On décolle.
39:46 Mais le Boeing de la Paname remonte toujours la piste.
39:49 D'après les cassettes de la tour de contrôle,
39:53 les enquêteurs savent que le contrôleur a demandé au Boeing de la KLM d'attendre l'autorisation de décoller.
39:58 - Ok, attendez pour le décollage, je vous rappelle.
40:00 Au même moment, comme le montrent les enregistrements du cockpit de la Paname,
40:05 l'équipage américain réagit également.
40:07 - Paname 1736, remontons toujours la piste.
40:12 Le contrôleur et la Paname répondent en même temps.
40:15 Comme le prouvera l'enregistrement des conversations du cockpit de la KLM, cela crée une interférence.
40:21 Le commandant Van Zanten entend "Ok", mais il n'entend pas le contrôleur dire...
40:35 - Attendez pour le décollage, je vous rappelle.
40:38 Il n'entend pas non plus la Paname dire...
40:41 - Paname 1736, remontons toujours la piste.
40:44 Il continue à accélérer sur la piste.
40:49 - L'une de ces deux phrases aurait dû l'arrêter.
40:54 Mais comme elles ont été dites simultanément, il n'a entendu qu'un bruit confus.
40:59 28 secondes plus tard, le Boeing de la KLM percute celui de la Paname.
41:09 Pour l'enquêteur néerlandais, cette preuve disculpe le commandant Van Zanten.
41:13 - Cette découverte a été importante pour l'enquête,
41:17 et je reste persuadé que si l'équipage de la KLM avait entendu ces messages,
41:21 il aurait stoppé le décollage.
41:23 L'interférence s'est produite 30 secondes avant l'impact, bloquant deux messages capitaux.
41:29 Mais Van Zanten ne peut pas se débrouiller.
41:33 - Je suis en train de décoller la piste.
41:37 Mais Van Zanten aura encore un ultime avertissement.
41:40 24 secondes avant la collision.
41:46 Le contrôleur espagnol rappelle l'appareil de la Paname et lui demande s'il a dégagé la piste.
41:53 - Papa Alpha 1736, rappelez, piste dégagée.
41:58 Le copilote de la Paname répond...
42:01 - OK, rappellerons piste dégagée.
42:05 Cette conversation est audible dans le cockpit de la KLM,
42:08 mais un seul membre d'équipage semble y prêter attention.
42:11 - Le mécanicien de bord l'a comprise, au moins en partie.
42:16 - Le Paname n'a pas dégagé la piste ?
42:20 - Le commandant qui est en train de décoller dit quelque chose comme "Qu'est-ce que vous dites ?"
42:24 - Qu'est-ce que vous dites ?
42:26 - Le Paname n'a pas dégagé la piste ?
42:28 - La réponse de Van Zanten est catégorique.
42:30 - Mais si !
42:31 - Mais si !
42:33 - Après ça, le mécanicien ne dit plus un mot.
42:36 Le mécanicien à bord est le moins expérimenté des trois.
42:41 Il n'ose pas mettre en doute le commandant.
42:45 Les enquêteurs espagnols et américains condamnent le comportement du commandant Van Zanten ce jour-là.
42:58 [Musique]
43:04 Mais le rapport final montrera que le sort était vraiment contre lui.
43:07 Le commandant Van Zanten a donc décollé sans autorisation
43:15 et percuté le Boeing 747 de la Paname qui remontait sur la même piste.
43:19 Mais les enquêteurs découvrent maintenant qu'il a tenté d'éviter la catastrophe.
43:24 [Musique]
43:29 Quelques secondes avant la collision, le commandant Van Zanten essaie de passer au-dessus du Boeing de la Paname.
43:35 Il relève le nez de son avion tellement brusquement que la queue de l'appareil touche la piste.
43:41 Le nez et les roues avant évitent le Boeing de la Paname.
43:45 Mais le gros porteur ne s'élève pas suffisamment vite.
43:50 Le moteur numéro un du Boeing de la KLM effleure l'appareil de la Paname et c'est la catastrophe.
43:56 Comble de malchance, le commandant Van Zanten avait pris à bord 55 000 litres de kérosène supplémentaire
44:05 pour gagner du temps ensuite sur l'aéroport de Grande-Canarie.
44:08 Sans cela, l'avion aurait sans doute pu décoller plus vite et éviter la catastrophe.
44:15 [Musique]
44:20 Le ravitaillement du Boeing de la KLM a aussi joué un rôle, c'est sûr.
44:24 Plus vous êtes lourd, plus la course de décollage doit être longue.
44:29 La catastrophe de Tenerife est le résultat d'un concours de circonstances suite à des défaillances à la fois humaines et techniques.
44:37 Selon le pilote et écrivain Patrick Smith, on peut aujourd'hui éviter les interférences radios.
44:43 Et donc, de nouveaux accidents.
44:45 Les interférences peuvent être évitées.
44:51 Il existe aujourd'hui un instrument qui peut être inséré dans les systèmes de communication des avions pour empêcher les transmissions simultanées.
44:59 On ne peut pas parler en même temps qu'une autre personne.
45:08 Les ingénieurs aéronautiques peuvent installer ces instruments pour 13 000 dollars seulement.
45:13 Ce qui est peu par rapport au coût d'un avion neuf qui peut atteindre 200 millions de dollars.
45:17 Mais même si certaines compagnies aériennes se proposent de l'installer, ce n'est pas encore obligatoire.
45:23 Les enquêteurs ont donc reconstitué les faits qui ont conduit à la catastrophe de Tenerife.
45:34 Tout d'abord, les contrôleurs aériens ont donné l'ordre à deux Boeing 747 de rouler sur la même piste en même temps.
45:40 Ensuite, par un épais brouillard et perturbé par la configuration des pistes, le pilote de la Paname a raté la bretelle d'accès et est allé trop loin sur la piste.
45:52 Quelques secondes plus tard, le pilote néerlandais, le commandant Van Zanten, a lancé la procédure de décollage sans autorisation.
46:01 Enfin, une interférence sonore a empêché le commandant de la KLM d'entendre des messages qui lui auraient sans doute fait annuler le décollage.
46:09 Pour les survivants de Tenerife, le cauchemar dure des mois.
46:16 J'avais peur de tout. Je ne voulais plus monter en voiture, je ne supportais plus que mon mari s'éloigne.
46:27 Je voulais juste rester chez moi, les rideaux tirés, comme on voit parfois au cinéma. Tout me faisait peur.
46:34 Suivi par un psychologue, Joanne reprend son travail trois mois plus tard.
46:40 Je suis toujours hôtesse de l'air. Je fais maintenant ce métier depuis 34 ans et je pense continuer encore 6 ou 8.
46:50 J'adore voyager.
46:55 Chez lui, à San Diego, Jack passe à la télévision.
46:59 Jack Ridout s'en est sorti. Il a aussi aidé des passagers à évacuer le Boeing de la Paname à Tenerife.
47:06 Ce qu'on ne peut pas comprendre tant qu'on n'a pas vécu ça soi-même, c'est que les séquelles durent des années et des années.
47:23 Pendant un an, j'ai revu ces images quasiment toutes les nuits.
47:28 Le président Carter enverra une lettre à Jack pour le remercier de ce qu'il a fait.
47:34 Le nouvel aéroport construit au niveau de la mer au sud de Tenerife accueille aujourd'hui la plupart des visiteurs. Il est rarement recouvert de brouillard.
47:52 Le vieil aéroport au nord est toujours en service. Les autorités ont installé un système de radar au sol.
47:59 Depuis la collision, la piste a été surtout utilisée pour les vols régionaux inter-îles.
48:05 Mais aujourd'hui, devant l'explosion du tourisme, de gros porteurs se postent et décollent de nouveau dans le brouillard de l'aéroport Los Rodeos de Tenerife.
48:17 *Musique*