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L'aéroport de Béziers a-t-il du plomb sur les ailes ?
La chambre régionale des comptes vient en tout cas de pointer sa "fragilité" dans un rapport publié ce mardi.
Déficit sutrcurel, dépendance à la compagnie low coast Ryanair et seulement 200.000 voyageurs par an, alors qu'il en faudrait un million au moins pour que le budget soit équilibré.
Philippe Vidal, maire de Cazouls les Béziers, et aussi président de l'aéroport Béziers-Cap d'Agde était notre invité ce jeudi matin.

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Transcription
00:00 La chambre régionale des comptes vient de pointer la fragilité, dans un rapport publié ce mardi, de l'aéroport de Béziers.
00:06 Est-ce qu'il a du plomb sur les ailes ? C'est la question qu'on vous pose en ce matin.
00:09 En tout cas, est-ce qu'il est indispensable selon vous ?
00:11 Alors vous en pensez quoi Guillaume ? Ça donne quoi au niveau des résultats ?
00:13 Ça donne, vous dites non, il n'est pas indispensable à 49%, oui à 46%, donc c'est vraiment quand même très très serré.
00:19 Et vous êtes 6% à dire que vous n'avez pas d'opinion.
00:21 Alors vous allez prendre votre téléphone et nous appeler pour nous dire ce que vous en pensez.
00:25 0467 58 6000, appelez-nous tout de suite. Philippe Vidal, le maire de Cazoule-les-Béziers, est avec nous.
00:30 Il est aussi président de l'aéroport Béziers-Cap-d'Agde.
00:33 Et vice-président chargé des infrastructures aussi au conseil départemental de l'aéroport.
00:37 On vous a souvent invité ici Philippe Vidal pour parler des routes, des 80 km/h, etc.
00:42 Aujourd'hui on va s'envoler, puisque vous présidez effectivement aussi l'aéroport de Béziers-Cap-d'Agde.
00:47 C'est important de dire les deux.
00:49 Ce rapport, quand vous en avez entendu parler il y a deux jours, de la chambre régionale des comptes, ça vous a fait quoi ?
00:54 Vous vous êtes dit "oui oui oui, c'est pas sympa ça".
00:56 Non, franchement non, parce que d'abord j'ai été audité par la chambre régionale des comptes.
01:02 Et donc on avait un rapport provisoire auquel on a apporté déjà des rectifications
01:07 avant la publication du rapport définitif.
01:09 Donc j'étais bien au courant de ce rapport depuis quelque temps.
01:12 La chambre régionale des comptes qui parle quand même malgré tout,
01:15 pour argumenter de l'emploi de ce mot "fragilité",
01:18 d'un déficit d'exploitation annuel de 4,5 millions d'euros
01:23 surcompensé, dit la chambre régionale, par les contributions publiques.
01:27 Ça veut dire que les contributions publiques, les collectivités locales,
01:31 peut-être l'État, même aussi, je ne sais pas, vous nous le direz,
01:33 met la main à la poche tous les ans pour que les comptes de l'aéroport soient à l'équilibre, c'est ça ?
01:36 Alors il faut le voir peut-être d'une façon différente.
01:38 C'est plutôt les collectivités d'abord qui gèrent ce syndicat mixte,
01:42 qui établissent un budget et qui votent un budget pour le fonctionnement de cet aéroport.
01:45 D'accord, mais est-ce que l'aéroport perd de l'argent, Philippe Vidal, alors ?
01:48 Ah ben l'aéroport a besoin des collectivités territoriales.
01:50 D'abord c'est l'aéroport qui appartient aux collectivités
01:53 et sans l'apport des collectivités, l'aéroport ne se suffirait pas à lui-même.
01:57 Effectivement, j'ai entendu dans votre reportage,
02:00 les données exactes sont environ de 700 000 passagers
02:03 pour qu'un aéroport soit à l'équilibre.
02:05 Et pas le million, comme le dit la chambre régionale.
02:07 Mais cela dit, on en est loin quand même à Béziers-Cap-Dyde.
02:10 L'exercice 2022, 200 000 passagers, 200 000 voyageurs seulement.
02:14 Oui, et 300 000 pour 2023, puisqu'en plus nous avons ouvert une dixième ligne.
02:19 Dixième ligne en direction de l'Irlande,
02:21 qui atteint à ce jour plus de 90% de remplissage.
02:25 Est-il vrai, comme le dit aussi la chambre régionale des comptes,
02:27 a priori il n'y a pas de raison de remettre en question sa parole,
02:32 que ça coûte 20 euros par passager ?
02:34 Oui, c'est à peu près ça.
02:36 En plus du billet, je veux dire, la contribution publique représente 20 euros par passager.
02:39 Tout à fait, c'est à peu près ça.
02:41 Mais il faut dire que c'est aussi une volonté politique
02:46 que nous avons eue, les six collectivités.
02:48 Parce que quand même, les six collectivités unanimes
02:51 et aussi différentes les unes des autres,
02:53 puisque vous avez la région, le département,
02:55 les agglôes Béziers, Agde, CETE et la communauté de communes, la Domitienne.
03:00 Tout tire dans le même sens.
03:02 Il faut savoir que les retombées économiques de cet aéroport,
03:05 c'est plus de 100 emplois d'abord sur la plateforme,
03:09 mais c'est aussi plus de 1000 emplois induits
03:11 et 70 millions de retombées sur notre territoire.
03:14 Donc ça justifie effectivement, selon vous,
03:17 cette perfusion dont fait aussi l'objet l'aéroport de Béziers-Cap d'Agde.
03:22 Mais soyons clairs, beaucoup d'aéroports français sont sous perfusion.
03:25 D'ailleurs, si l'État n'était pas intervenu pendant le Covid,
03:28 même l'aéroport de Montpellier aurait été en grève de difficulté.
03:31 Et il faut savoir aujourd'hui que l'État intervient massivement
03:34 sur des aéroports comme Tarbes, Mazamé ou autres,
03:38 pour des missions de services publics, il n'intervient pas chez nous.
03:40 L'hyperdépendance à la compagnie Ryanair, c'est un problème ça ou pas ?
03:44 Parce que demain, si Ryanair s'en va, il n'y a plus rien.
03:47 - Si Ryanair s'en va, on essayera de trouver d'autres compagnies,
03:50 mais c'est vrai que nous avons un partenariat fort avec Ryanair.
03:54 Pas forcément exclusif, puisqu'on a eu des aventures avec d'autres compagnies low cost.
03:59 Et Ryanair ne nous bloque pas, que ce soit clair aussi.
04:02 Même si toutes nos lignes sont en partenariat avec Ryanair,
04:07 ils ne nous ont jamais demandé d'être exclusifs.
04:10 - On va prendre les auditeurs et auditrices dans un instant,
04:12 Philippe Vidal, mais vous considérez que, malgré tout cet aspect financier et économique,
04:17 il est indispensable de maintenir cet aéroport de Béziers-Cap-Dague ?
04:20 Si oui, pourquoi ?
04:21 - Il est plus qu'indispensable, parce que nous exerçons aussi des missions de services publics.
04:25 Sachez que sur notre aéroport, nous accueillons le Pélicandrome
04:29 et aussi les avions de pompiers.
04:31 Si nous ne les accueillons pas, il n'y aurait pas de protection aérienne
04:36 sur notre département pour les incendies.
04:38 Et je vais vous dire, il y a quelques semaines,
04:41 il y a eu des manœuvres militaires importantes avec des gros avions qui ont dû se poser.
04:45 Ils n'ont pas pu se poser à Montpellier.
04:47 Heureusement que Béziers est là.
04:49 Et pour que toutes ces missions de services publics soient exercées,
04:52 il faut entretenir une piste d'aéroport qui coûte très cher.
04:56 Et comment on entretient cette piste ?
04:58 Tout simplement avec les taxes aéroportuaires que payent les passagers.
05:01 - Donc c'est un faux procès qu'on fait selon vous aujourd'hui à l'aéroport de Béziers-Cap-Dague ?
05:04 - Non, le faux procès, moi je dis, la Chambre des Comptes fait son boulot.
05:08 Et d'ailleurs, nous répondons à la Chambre des Comptes
05:10 qui nous demande de diminuer la participation publique.
05:14 Nous répondons favorablement, puisque nous lançons aujourd'hui une zone d'activité sur l'aéroport.
05:18 Et nous faisons intervenir des offices de tourisme
05:21 qui vont permettre petit à petit aux collectivités de se désengager.
05:24 - Bon, selon vous, un aéroport à Béziers est-il indispensable ?
05:27 C'est la question. 0467586000.
05:30 À la Navitron, chez Martine, elle est à Montpellier,
05:32 elle est avec nous ce matin. Bonjour Martine.
05:34 - Oui, bonjour. Donc simplement pour donner mon avis,
05:38 je suis tout à fait d'accord avec ce que vient de dire la personne.
05:42 En fait, on se retrouve dans un système où c'est le serpent qui se mord la queue.
05:45 C'est vrai que ça développe des emplois, c'est indispensable.
05:50 En fait, 100% d'accord avec ce que la personne vient de dire.
05:53 Mais la question que je me pose, c'est, dans un territoire aussi restreint
05:57 que celui qu'on a avec un aéroport, j'ai vu ça sur France 3,
06:01 un aéroport à Castres, Carcassonne, Nîmes, Montpellier, Béziers,
06:05 on se retrouve devant la question et l'empreinte carbone,
06:09 et la consommation de pérozine, et la couche d'ozone.
06:13 Donc, qu'est-ce qu'il faut faire pour bien faire ?
06:15 Alors, qu'on ne nous taxe pas en 2035, en disant,
06:19 plus de construction de voitures neuves avec les énergies fossiles,
06:23 tout le monde à l'électrique, avec des aéroports qui vont se développer
06:27 dans des villes de bientôt de 10 000 habitants.
06:29 Donc, ça reste à son intérêt, mais je cherche la valeur de la chose.
06:33 - Donc, vous, vous êtes plutôt favorable à la fermeture de l'aéroport,
06:36 mais pour des raisons écologiques, en fait ?
06:38 - Voilà, pas spécialement écologiques, mais bon, c'est vrai que ça défend
06:42 tout ce que la personne a dit, mais je ne comprends pas
06:46 le paradoxe complet dans lequel on vit, quoi.
06:49 - D'accord. Philippe Vidal, qu'est-ce que vous répondez à Martine ?
06:51 - Je réponds que sur la question environnementale, c'est un sujet
06:55 qui nous dépasse à tous et nous nous plierons aux décisions quelles qu'elles soient.
06:59 - Et quand Martine dit qu'il y a suffisamment d'aéroports dans le secteur,
07:03 on n'en a pas besoin d'un en plus ?
07:05 - Alors, moi, la réponse, elle est très simple, c'est qu'on a fait une étude
07:09 cet été, l'aéroport, avec l'office de tourisme de l'agglo de Béziers,
07:14 et cette étude révèle quelque chose d'étonnant, et qu'il faut bien entendre,
07:18 c'est que sur l'ensemble des passagers, 75% ne viendraient pas chez nous,
07:23 ne seraient pas venus s'il n'y avait pas l'aéroport.
07:25 - Ça, c'est ce qu'il dit, ça, c'est ce qu'il déclare.
07:27 - C'est l'étude, on a interrogé tous les passagers.
07:29 - Ils ne viendraient même pas dans l'aéroport via Montpellier ou Percasol ?
07:32 - Ils ne seraient pas venus, c'est ce que j'avais dit d'ailleurs
07:34 au conseil d'administration de l'aéroport de Montpellier une fois,
07:37 qui pensait qu'eux seuls devaient exister, ce n'est pas parce que demain
07:41 on fermera Nîmes et Béziers que ça remplira Montpellier,
07:44 c'est une hérésie totale, c'est pas les mêmes passagers.
07:46 - Il y a Daniel aussi qui veut intervenir et qui est plutôt défavorable aussi. Bonjour Daniel.
07:50 - Oui bonjour, je suis défavorable, je dirais à regret
07:55 parce que moi je suis une ancienne de compagnie aérienne
07:57 qui a travaillé en aéroport, en plusieurs aéroports petits et grands
08:01 et je connais très bien le principe.
08:03 Alors où M. Le Maire a raison c'est que Béziers n'est pas le cas unique,
08:07 Dôles c'est encore pire, Strasbourg, qui a quand même un devoir vis-à-vis
08:13 de tous ces gens qui se promènent une fois par mois pour venir au Conseil de l'Europe.
08:19 Mais l'aéroport il n'est pas indispensable et je crois que malheureusement
08:24 il a bien vécu mais il n'a plus de raison d'être.
08:26 Parce que c'est le contribuable qui paye ça, il faut le savoir,
08:29 et ce n'est pas normal que nous payons pour que des passagers voyagent moins cher,
08:36 étant donné que c'est pour...
08:37 - Même si derrière il y a des retombées économiques certes,
08:42 le contribuable participe.
08:44 - Oui mais les chiffres on leur fait dire ce qu'on veut.
08:47 Bien sûr que s'il n'y avait pas d'aéroport à Béziers,
08:49 les gens ils viendraient quand même au Cap d'Axe, je suis désolée.
08:51 On vient au Cap d'Axe parce que c'est la principale attraction je pense du pôle de l'aéroport.
08:57 On viendrait par Perpignan, si Perpignan continue d'exister,
09:01 on viendra par Montpellier, on viendra par Toulouse.
09:03 - Ok Daniel.
09:04 - Quand on vient du nord de la France, c'est quoi de prendre un train ou un bus ou un taxi
09:08 pour venir ? C'est rien, c'est pas ce qui empêche les gens de ne pas venir.
09:11 Et moi je trouve que ce n'est pas normal que notre argent, il y a tellement de choses à faire,
09:16 serve juste à maintenir.
09:18 Oui c'est bien un aéroport, je le sais, c'est ma vie,
09:20 mais il y a des moments où il faut se rendre compte que ça n'est plus possible.
09:24 - Merci Daniel de nous avoir appelé ce matin,
09:26 de nous avoir donné votre avis éclairé sur la question,
09:28 puisque effectivement vous avez travaillé longtemps dans l'aviation civile,
09:30 Philippe Vidal, vous êtes d'accord sur un point, le contribuable.
09:35 - Oui, je partage tout à fait l'analyse de notre auditrice,
09:40 et je la conforte même en disant que nous sommes,
09:44 puisque ces retombées économiques, là par contre les chiffres ne leur font pas dire ce qu'on veut,
09:48 mais ces retombées économiques sont avérées,
09:51 et nous sommes en train de regarder comment le tourisme,
09:55 qui bénéficie de cette monnaie financière, va pouvoir lui, demain,
09:59 payer à la place des collectivités, le fonctionnement de l'aéroport.
10:03 On est bien d'accord là-dessus.
10:05 Ceux qui en profitent, petit à petit, vont payer.
10:07 - Bon, Philippe Vidal, on est désolé, mais on a encore quelqu'un qui est défavorable.
10:11 Christian, à Saint-Gilles-du-Fest, bonjour Christian !
10:14 - Oui, bonjour, merci de m'accueillir sur votre antenne.
10:17 Moi je pense qu'effectivement c'est une richesse.
10:20 C'est construit, et effectivement, j'ai eu l'occasion avec mon épouse
10:24 de prendre un vol avec cette compagnie Locote.
10:27 Ok, c'est un petit aéroport, mais il a tout à devenir.
10:32 C'est vraiment, il faut laisser ce potentiel arriver.
10:35 J'ai entendu que vous parliez, pour stabiliser les dépenses,
10:38 ou en tout cas, un peu de déficit, peut-être des richesses de l'extérieur,
10:43 faire venir peut-être des privés pour essayer de compenser.
10:48 Je trouve que c'est une très bonne idée.
10:50 Mais vous avez raison, laissons venir ceux qui arrivent de l'étranger.
10:54 C'est une pépite.
10:56 Nous qui habitons dans ce département, nous ne le voyons plus,
10:58 mais je peux vous assurer, quand on prend du recul,
11:01 que nous habitons dans un super département,
11:04 et que ceux qui arrivent d'Irlande ou d'ailleurs,
11:07 en espérant qu'il y a d'autres compagnies qui pourront venir se greffer,
11:10 je pense que sincèrement, ça peut être bénéfique,
11:13 et il peut y avoir un retour d'investissement.
11:15 C'est un peu pour parler un peu comptable, mais je pense qu'il faut être par les vrais.
11:19 - Oui, c'est au cœur du sujet en même temps.
11:21 - Philippe Vidal, c'était une blague, en fait, il n'était pas défavorable à l'aéroport.
11:24 - Il était défavorable à la fermeture.
11:26 - Voilà, excusez-moi.
11:27 - L'argument, il en parle, Christian, je sais que vous n'en avez pas parlé,
11:30 mais on en a un peu parlé avant que vous rentriez.
11:32 Vous dites l'aviation privée aussi, c'est aussi une source de revenus.
11:36 - Oui, sur 2023, les premiers chiffres que nous avons,
11:39 c'est +25% de passagers,
11:42 et +46% pour l'aviation privée, qui est aussi une source de revenus.
11:47 - Donc c'est l'aviation d'affaires, ce qu'on appelle l'aviation d'affaires,
11:49 les jets privés.
11:50 - Et que nous allons développer, parce qu'on va construire un hangar avec des avions de taxi.
11:54 - Même si ce n'est pas bon pour l'environnement.
11:56 - Oui, je sais, mais ça, je ne suis pas opposé à cette notion de protection de l'environnement,
12:01 et nous nous plierons aux directives d'où qu'elles viennent.
12:04 - Merci beaucoup, Philippe Vidal, gouverneur de Cazou,
12:06 vice-président du département et président du syndicat mix de l'aéroport de Béziers-Cap-Dac,
12:11 d'être venu défendre l'aéroport ce matin à ce micro.
12:13 - Merci beaucoup.
12:14 (Musique)
12:22 - Dès que j'arrive à trouver une petite excuse pour écouter Charlie et U-Couture, que j'adore,
12:26 je me suis dit, là, c'est le bon moment.
12:27 - Ah ben là, c'était le moment où on ne parlait jamais de la France Inter.
12:29 - On parle des avions, on parle de l'aéroport.
12:30 - Merci à Philippe Vidal d'être venu. Je vais vous appeler bientôt, hein.
12:33 Vous savez qu'on a d'autres rendez-vous avec les maires chaque matin à 6h50.
12:36 J'appelle un maire chaque jour. Ça va tomber sur vous très prochainement.
12:39 - Avec plaisir.
12:40 - Voilà, gardez votre 06 avec vous, votre téléphone.
12:42 Dans un instant, les infos d'huit heures sur France Bleu Héro.
12:45 Ici Matin, pour Vous.

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