Frédéric Plan, délégué général de la Fédération Française des Combustibles, Carburants et Chauffage, répond aux questions d'Alexandre Le Mer au sujet des prix à la pompe.
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00:00 - Europe 1, il est 6h41, excellent début de matinée. Les prix des carburants repartent à la hausse, ils se rapprochent à nouveau des 2 euros le litre.
00:08 Le gouvernement a réuni hier les distributeurs pour leur demander un effort de solidarité.
00:12 Votre invité ce matin Alexandre, c'est Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage.
00:18 - Bonjour Frédéric Plan. - Bonjour.
00:20 - Vous représentez les stations-services indépendantes, les entreprises de distribution de carburants. Pourquoi cette nouvelle flambée à la pompe cette fois-ci ?
00:28 - Alors la flambée elle est observée d'abord sur les marchés internationaux. Je vais redire des choses maintenant mieux connues qui consistent à observer
00:38 que tout le monde subit en fait les cotations internationales qui s'appliquent au marché français.
00:44 Alors pourquoi cette hausse sur le marché international ? Là encore c'est pas tout à fait une nouveauté.
00:49 C'est d'une part des déséquilibres géopolitiques, c'est l'embargo sur les produits russes, puis la décision de certains producteurs dans l'Arabie saoudite
00:58 de réduire sa production d'un million de barils/jour, c'est pas rien. Et tout ça a effectivement concouru à ce que les prix,
01:07 qui est la base du prix des carburants, soient très élevés aujourd'hui avec une parité au surplus, parce qu'on parle toujours de barils en dollars.
01:16 Bon, l'euro il est quasiment à 1 euro = 1 dollar, on a connu beaucoup mieux.
01:21 - Est-ce qu'on risque de retrouver les prix du printemps 2022 ? Plus de 2,20 euros le litre d'essence par exemple, est-ce qu'on y va ?
01:27 - Alors en matière de prédiction pétrolière c'est boule de cristal, personne n'a jamais su, même les meilleurs experts qui se trompent régulièrement.
01:33 La seule chose qu'on peut peut-être dire, c'est que pour l'instant, pour les jours actuels, il y a encore une petite hausse
01:39 parce que la référence baril a dépassé les 90 dollars et tangeant les 92, mais il n'y a pas d'élément nouveau laissant craindre à une nouvelle flambée des prix.
01:51 Donc logiquement, si rien ne se passe en termes de géopolitique, de restriction de la ressource, les marchés sont extrêmement spéculatifs,
02:00 ils réagissent rapidement, fortement et par anticipation. C'est le cas par exemple des ports de Libye qui ont subi quelques dégâts du fait des inondations.
02:09 Et ça, ça réduit un peu la capacité d'exportation et tout de suite le marché dit "ah, il y a un problème", on augmente un peu.
02:14 - Le gouvernement Frédéric Plant a donc demandé hier aux distributeurs un effort de solidarité significatif.
02:20 Total Energy, Intermarché, Système U par exemple ont annoncé des opérations prix coûtant.
02:25 Est-ce que vous, station-service indépendante, est-ce que vous avez les moyens, vous aussi, de suivre le mouvement ?
02:31 - D'abord la réunion avait de l'importance parce que ça a réuni l'ensemble des acteurs de la chaîne logistique pétrolière et pas uniquement les stations-service.
02:39 Ça c'est un premier point, ça a permis d'échanger avec la ministre pour réexpliquer les différents mécanismes qui, qu'on le veuille ou non, sont quasiment intangibles.
02:49 Et donc c'est pas une question de bonne ou de mauvaise volonté, c'est une question de structuration des prix.
02:55 Et quand on regarde celui sur lequel on entend demander l'effort, c'est-à-dire la station-service, la marge moyenne du station-service,
03:05 suivant qu'elle vend beaucoup de produits ou peu, notamment en milieu rural, ça varie de 1 centime du litre à 6-7 centimes du litre quand la station est à un faible débit.
03:17 - Et donc sur les très grosses stations-service, tous les opérateurs disent, y compris la grande distribution, nos marges sont faibles de 1 à 2 centimes.
03:25 Et quel type d'effort voulez-vous faire quand vous avez ce type de rémunération ?
03:31 - Donc vous êtes déjà au maximum ?
03:33 - Mais bien évidemment, et pour une raison simple, c'est que le marché français en matière de carburant est concurrentiel depuis très longtemps,
03:38 du fait de la présence de grandes surfaces qui en font un argument marketing.
03:41 Et donc il n'y a pas de marge nette qui permette, si vous voulez, de rogner de façon absolument visible et impactante l'automobiliste.
03:50 Le gouvernement est embêté. Il sait que sur le plan budgétaire, il ne peut plus rien faire.
03:54 Donc il se tourne vers les opérateurs en disant "faites un effort".
03:56 Alors il y a un opérateur qui fait un effort plausible, si les prix dépassent les 2 euros, ce qui n'est pas encore arrivé en moyenne, c'est le groupe total.
04:05 Et le groupe total n'a pas que la marge de la station-service, il a la marge du raffineur et il a la marge de celui qui produit et exploite le pétrole au niveau international.
04:14 - Bon, les reins plus solides que des exploitants indépendants, évidemment.
04:17 - Bien entendu.
04:18 - Bon, vous comprenez de toute façon cet effort de solidarité envers les automobilistes que demande le gouvernement cette fois, vous l'avez souligné vous-même Frédéric Plant.
04:25 Les finances publiques ne peuvent plus supporter un chèque carburant ou une ristourne gouvernementale à la pompe.
04:33 - Moi je ne serais pas tout à fait aussi certain que le chèque carburant soit impossible.
04:37 La remise à la pompe, ça a été critiqué parce que ça bénéficie à tout le monde et pas uniquement à ceux qui sont le plus en difficulté.
04:44 Le chèque carburant, avec ses imperfections, il cible des ménages, des automobilistes...
04:51 - Modeste.
04:52 - Modeste, enfin plus modeste que les autres.
04:54 - Oui.
04:55 - Or, quand les prix augmentent mécaniquement, la recette de TVA augmente.
05:01 TVA est en pourcentage.
05:03 Et si vous faites le calcul de l'amélioration, si j'ose dire, de la recette de TVA, qui pèse uniquement sur les ménages, les entreprises qui récupèrent la TVA,
05:14 vous apercevez que sur une référence de quelques mois, la recette de TVA, on peut estimer que son amélioration dépasse le milliard d'euros.
05:25 - En tout cas...
05:26 - Et le chèque carburant, c'était à peu près un milliard d'euros.
05:29 - Elizabeth Borne a souligné aussi la logique qui consiste à dire que c'est une question de logique, effectivement,
05:34 par rapport aux objectifs de sortie des énergies fossiles que de ne plus proposer de chèque carburant.
05:40 Merci...
05:41 - Je vous coupe. Si tel est le cas, il ne faudrait pas demander aux opérateurs de baisser leur prix.
05:45 - Merci Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage. Merci à vous.