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00:00 Il est 7h46, y a-t-il des risques un jour de manquer d'eau robinée chez nous en Côte d'Or ?
00:05 La question peut paraître un peu étrange dans notre pays, mais dans le département français de Mayotte,
00:09 à cause de la sécheresse, les habitants sont rationnés et l'eau potable ne coule que tous les 3 jours.
00:15 Alors, quelle est la situation du réseau d'eau potable chez nous ?
00:18 Un colloque sur le sujet est organisé aujourd'hui à Dijon.
00:21 Dijon, métropole, y participe.
00:23 On est ce matin, Dimitri Morgado avec son vice-président en charge de l'eau et président d'Odivéa.
00:28 Bonjour Antoine Noiraud.
00:30 Alors, une question très concrète pour commencer.
00:32 Est-ce qu'un jour, à Dijon ou en Côte d'Or, on risque de se retrouver dans la même situation que Mayotte,
00:36 c'est-à-dire avec plus assez d'eau potable ?
00:38 On n'en est pas encore là et on n'est pas du tout sur les mêmes situations géologiques, historiques,
00:42 par rapport à la présence de l'eau sous le territoire.
00:44 Mayotte, c'est une île avec des problématiques très particulières.
00:46 La situation de la Côte d'Or et même de la France métropolitaine en règle générale n'est évidemment pas la même,
00:51 même s'il faut qu'on soit vigilant sur notre ressource en eau et la manière dont on la gère
00:55 pour pouvoir justement éviter ce type de pénurie qui pourrait arriver dans le futur.
00:59 Déjà aujourd'hui, on constate dans certaines communes du département,
01:02 dans les périodes de sécheresse, quelques difficultés d'approvisionnement en eau.
01:05 J'allais vous parler de la sécheresse justement, on est encore en pleine période de sécheresse,
01:08 elles sont de plus en plus longues ces périodes de sécheresse.
01:10 Alors, globalement, il tombe toujours autant de pluie sur l'année, mais elles sont condensées à différents moments.
01:14 Qu'est-ce qu'on fait pour éviter ça et pour palier ce problème ?
01:18 Il y a deux responsabilités.
01:19 On a une responsabilité collective, c'est-à-dire la collectivité qui organise le service de l'eau potable
01:24 et puis la responsabilité individuelle de chaque usager de l'eau chez soi.
01:28 Pour la responsabilité collective, c'est un engagement extrêmement important,
01:31 en particulier de lutter contre les fuites dans les réseaux.
01:34 On a aujourd'hui beaucoup trop d'eau qui se perd entre ce qu'on prélève dans le milieu naturel
01:38 et ce qui est réellement distribué auprès des abonnés et donc dans les robinets des gens.
01:42 Et ça, c'est une responsabilité importante des collectivités pour investir, pour lutter contre les fuites.
01:47 À Dijon Métropole, on fait ces investissements.
01:49 Aujourd'hui, on est à 85% de rendement, c'est-à-dire qu'on a encore 15% de l'eau
01:53 qui se perd dans les fuites de réseau. On était à 25% il y a une dizaine d'années
01:57 et on ambitionne de tomber à moins de 10% d'ici à 2030.
02:00 - Donc c'est quoi concrètement ? On change les tuyaux ?
02:02 - C'est réparer les fuites, être beaucoup plus vigilant sur la recherche de fuites.
02:05 À Audivéa, par exemple, on a une équipe permanente qui ne fait que de la recherche de fuites
02:09 et dès qu'une fuite est détectée, il faut la réparer et ça, ce sont des investissements importants.
02:13 Puis ensuite, il y a la responsabilité individuelle,
02:15 c'est-à-dire que chaque usager a une responsabilité sur la manière dont il utilise l'eau chez lui, chez soi, chez nous, tous.
02:21 Notre responsabilité, juste un petit exemple très précis, un bain c'est 150 litres d'eau,
02:25 une douche qu'on laisse allumer quand on se savonne, c'est 60 litres d'eau,
02:28 une douche qu'on éteint pendant qu'on se savonne, c'est 20 litres d'eau.
02:30 Donc on voit bien que quand on prend une douche, on a un impact aussi, tous ensemble,
02:34 sur la manière dont on gère et dont on utilise l'eau potable.
02:37 - Vous le disiez, tout le monde doit faire des économies
02:39 et pour ça, je crois que vous avez une annonce à nous faire aujourd'hui sur France Bleu Bourgogne
02:42 pour tous les habitants de la métropole.
02:43 - Pour les habitants de la métropole, on va organiser à la fin du printemps, début de l'été, l'année prochaine,
02:47 une grande campagne de distribution de mousseurs et de pommeaux de douche qui sont économes en eau.
02:51 En fait, il y a plein de petites techniques extrêmement simples, de petits outils qu'on peut mettre chez soi,
02:55 qui permettent de mettre de l'air dans l'eau et on a l'impression que le robinet coule comme avant,
02:59 alors qu'en réalité, on peut diminuer de 30 à 40% les débits au robinet ou à la douche.
03:03 Et donc, pour inciter les habitants à continuer à diminuer leur consommation d'eau individuelle chez eux,
03:08 on va les équiper, on va leur proposer des mousseurs pour les robinets
03:11 et des pommeaux de douche qui sont économes en eau et ça, on fera ça
03:13 au fin de printemps, début de l'été, l'année prochaine.
03:15 - Les équiper, ça veut dire que ça va être gratuit ?
03:17 - Ça va être gratuit, ça sera distribué par Audivia, ça sera une grande campagne qui permettra comme ça
03:21 d'aller jusqu'à l'intérieur des appartements et des maisons
03:24 pour réduire les quantités d'eau qui sont utilisées à la maison.
03:27 - Est-ce que les habitants de la métropole ont quelque chose à faire ?
03:30 - On est en train de l'organiser, on est en mois de septembre, donc on va organiser ça
03:33 et on communiquera le moment venu sur les modalités de distribution, mais ça sera accessible à tout le monde.
03:38 - On parlait tout à l'heure des problématiques chez nous, la nappe phréatique de Dijon Sud,
03:42 elle alimente 45 000 habitants à peu près, et depuis 20 ans elle a de grosses difficultés à se recharger.
03:47 Est-ce que ça, ça vous inquiète et surtout qu'est-ce qu'on peut faire ?
03:50 - La nappe Dijon Sud, effectivement, elle alimente une partie de la métropole
03:53 et aussi tout le territoire de la côte viticole, et c'est une situation assez inquiétante
03:58 parce que tous les ans, quand on regarde les volumes d'eau disponibles dans la nappe Dijon Sud,
04:03 ça diminue parce que les recharges hivernales ne sont pas suffisantes
04:06 pour compenser les dépenses estivales de l'année précédente.
04:09 Et puis il y a aussi un problème de qualité de l'eau, et donc il faut qu'on investisse beaucoup
04:12 pour pouvoir traiter l'eau qui est prélevée dans cette nappe.
04:15 L'enjeu, c'est de faire en sorte que, quand il pleut, l'eau, plutôt qu'elle aille dans un réseau,
04:20 en particulier en ville comme on est à Dijon, elle puisse se réinfiltrer dans le sol pour aller recharger la nappe.
04:26 Et donc c'est tout l'enjeu de la manière dont on va gérer les eaux pluviales,
04:29 et ça, ça va être d'ailleurs un des sujets du colloque du salon qui a lieu sur ces deux jours à Dijon,
04:34 comment on fait dans les zones urbanisées pour pouvoir infiltrer l'eau pluviale
04:39 dans le sol pour que cette eau puisse aller recharger la nappe.
04:43 Donc il y a des exemples de travaux qui sont réalisés, on le fait par exemple dans certaines cours d'école.
04:47 Cet été, on a désimperméabilisé la cour de l'école Victor Hugo qui permet, quand il pleut, de réinfiltrer les eaux pluviales.
04:53 On a fait un test de Place Paulbert à l'angle de la rue Clodoin et de la rue de Montchapelle
04:57 pour voir comment est-ce qu'on pouvait faire dans la gestion de l'espace public.
04:59 Et puis on va le faire de manière plus importante l'année prochaine,
05:02 avec des travaux dont vous entendrez parler dans les mois à venir sur la rénovation,
05:06 la reconfiguration de la place Beausuay, où on va être extrêmement exemplaire sur la désimperméabilisation de l'espace public.
05:12 Et puis ensuite il y aura aussi un volet de mobilisation de l'ensemble des copropriétaires et des propriétaires de Dijon
05:17 parce que l'espace public représente finalement peu de la surface du territoire urbanisé.
05:23 Donc il va falloir qu'on engage les propriétaires à aller vers la déconnexion des eaux pluviales des réseaux
05:29 pour infiltrer les eaux pluviales à la parcelle.