Élisabeth Borne est l'invitée de Mohamed Bouhafsi dans "Focus Dimanche" le 3 septembre 2023 sur RTL.
Dans un entretien exclusif à RTL, la première ministre est revenue sur les temps forts de l'actualité avec la rentrée scolaire, tout en se projetant sur les enjeux politiques des semaines à venir.
Dans un entretien exclusif à RTL, la première ministre est revenue sur les temps forts de l'actualité avec la rentrée scolaire, tout en se projetant sur les enjeux politiques des semaines à venir.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 C'est l'événement dans ce premier Focus Dimanche de la saison.
00:02 La première ministre Elisabeth Borne est l'invité exceptionnel d'RTL.
00:05 Bonjour Elisabeth Borne.
00:06 Bonjour.
00:07 Merci à vous de nous recevoir aujourd'hui à Matignon.
00:10 Demain, 12 millions de Français vont reprendre le chemin de l'école.
00:13 Si vous deviez garder un souvenir d'une rentrée scolaire, racontez-le nous.
00:17 Un souvenir.
00:18 Alors d'abord, je voudrais souhaiter une bonne rentrée à tous les élèves et à leurs parents.
00:23 C'est toujours un moment fort, la rentrée, un moment d'émotion.
00:28 Peut-être moi, s'il y a une rentrée qui m'a marquée,
00:31 et je pense que c'est le cas pour beaucoup, c'est ma rentrée au collège.
00:34 En plus, j'étais pas très bonne en orthographe, on va dire,
00:38 et donc du coup, j'étais inquiète sur la façon dont mon année allait se passer.
00:43 Et moi, je me suis accrochée, puis j'ai été accompagnée par mon professeur
00:47 et j'ai pu surmonter cette difficulté.
00:50 Et peut-être du coup, j'en profite pour remercier tous les professeurs,
00:54 les chefs d'établissement, tous les personnels de l'éducation nationale
00:58 qui changent la vie des jeunes en les accompagnant.
01:01 Et je voudrais aussi passer un message peut-être aux élèves.
01:05 Si vous avez des difficultés, on sera à vos côtés, accrochez-vous, vous allez y arriver.
01:10 Vous venez de parler de difficultés, on le sait, Elisabeth Borne,
01:12 depuis plusieurs années, l'éducation nationale connaît des pénuries de professeurs.
01:16 Est-ce que tous les élèves français auront un professeur dans leur classe cette année ?
01:20 Alors vous savez, ça fait des mois qu'on prépare cette rentrée,
01:23 que le ministère de l'Éducation nationale prépare cette rentrée.
01:27 La bonne nouvelle, c'est qu'on a eu plus de candidats au concours
01:31 et c'est certainement lié à la revalorisation historique des enseignants
01:36 qui va prendre effet justement à la rentrée.
01:40 Et puis après, c'est un énorme travail.
01:43 Vous savez, vous l'avez dit, c'est 12 millions d'élèves,
01:46 c'est près de 900 000 professeurs.
01:48 Donc on est encore dans les ajustements de dernière minute,
01:51 mais évidemment, il doit y avoir un professeur devant chaque élève.
01:55 Il n'y a pas de remplacement pour ces professeurs.
01:58 Il y aura toujours un professeur devant les élèves cette année.
02:00 C'est une priorité du gouvernement ?
02:03 Alors c'est une priorité du gouvernement.
02:05 Et puis on a tout ce sujet des remplacements de courte durée.
02:09 Vous savez que c'est précisément l'objet du pacte qu'on a proposé aux enseignants
02:14 qui s'engagent notamment pour faire ces remplacements de courte durée
02:17 au sein de l'établissement.
02:18 Et dans ce cas-là, ils ont une rémunération complémentaire.
02:22 Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé l'interdiction
02:24 des abayas et longues robes couvrant le corps portées par certaines élèves musulmanes.
02:28 La nouvelle règle concerne aussi le port du camise version masculine de ce vêtement.
02:32 L'opposition à gauche, Elisabeth Borne, parle d'une stigmatisation anti-musulmane.
02:36 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
02:39 Alors je leur réponds que moi, je vois bien qu'il y a de la manipulation
02:42 et puis des tentatives aussi de provocation de la part de certains.
02:45 Et je pense notamment à El-Effi.
02:48 Je veux dire les choses très clairement.
02:50 Il n'y a aucune stigmatisation.
02:53 Et chacun de nos concitoyens, quelle que soit sa religion,
02:57 a toute sa place dans notre pays.
03:00 Ensuite, il y a un principe, c'est la laïcité.
03:04 Et puis il y a une loi qui interdit le port de tout signe ou tenue
03:11 par lequel un élève manifeste son appartenance à une religion.
03:16 Donc c'est la loi qui doit s'appliquer à tous.
03:18 Et donc nous veillerons à ce qu'elle soit bien appliquée.
03:20 Mais c'est difficile pour un proviseur, par exemple, madame Borne,
03:23 d'aller différencier une longue robe d'une abaya.
03:26 Comment on va faire ?
03:27 Il y aura une police de la mode dans les établissements français dès la rentrée ?
03:31 Je pense que vous savez, on voit bien qu'il y a des démarches
03:34 dans lesquelles, je vous dis, le port de l'abaya manifeste,
03:39 sert à manifester son appartenance à une religion.
03:43 Et ça, c'est interdit par la loi.
03:45 Donc du coup, les proviseurs, les chefs d'établissement
03:48 seront accompagnés par les équipes qui ont cette responsabilité,
03:52 valeur de la République, pour expliquer la loi aux élèves.
03:56 Et je pense qu'on va discuter avec les élèves.
03:58 C'est important, voilà.
03:59 Mais à la fin, la règle, elle est simple.
04:02 C'est la loi.
04:03 Je l'ai rappelée et elle doit être appliquée.
04:05 Il faut de la détermination pour tenir cette règle.
04:09 Interdiction de l'abaya dès la rentrée scolaire.
04:12 La détermination, elle est là.
04:14 Et donc, cette loi, elle doit être appliquée.
04:17 La règle, elle est la même pour tout le monde.
04:19 C'est pas de signe ou de tenue par lequel l'élève manifeste
04:25 son appartenance à une religion, quelle qu'elle soit.
04:29 Un chiffre a pu choquer les Français cette semaine,
04:31 Madame la Première ministre.
04:32 2 223 enfants qui vont reprendre l'école demain
04:35 se retrouvent à la rue en France,
04:36 selon l'UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité.
04:39 Comment répondre à cette situation insoutenable ?
04:43 Alors, vous avez raison, c'est très choquant.
04:46 Et ce qu'on peut dire, c'est qu'on n'a jamais eu autant
04:50 de places d'hébergement d'urgence.
04:52 200 000 places d'hébergement d'urgence.
04:54 Donc, ça n'est pas normal que malgré toutes ces places,
04:57 il y ait des enfants qui soient à la rue
05:00 et on doit s'organiser avec tous ceux qui gèrent
05:04 cet hébergement d'urgence pour que ce soit bien une priorité
05:08 de loger les enfants et avec toutes les places d'urgence
05:11 dont on dispose aujourd'hui.
05:13 Moi, je n'ai pas de doute qu'on doit arriver à offrir
05:16 un toit à chaque enfant.
05:18 Donc, j'ai demandé au ministre en charge du logement
05:21 et à Christophe Béchut, donc le ministre qui est la tutelle
05:25 de ce ministre du logement, Patrice Vergrit,
05:28 de travailler avec les acteurs du logement
05:31 pour qu'il y ait clairement une priorité pour loger ces enfants.
05:35 Ça n'est effectivement pas normal.
05:37 Vous vous êtes fixé une deadline.
05:38 2 223 enfants, on les connaît, on les a identifiés, ces enfants.
05:41 Mais vous savez, moi, je n'ai pas de doute que si on gère bien
05:44 nos places d'hébergement d'urgence, si on se dit que la priorité,
05:47 c'est que les enfants aient un toit, on doit pouvoir y arriver.
05:51 Donc, c'est la discussion que les deux ministres auront
05:53 avec tous les acteurs de l'hébergement d'urgence.
05:56 Les Français ont aussi été choqués par de multiples affaires
05:58 de harcèlement scolaire l'année dernière.
06:00 Suicide de la jeune Lin Tse, le bouleversant témoignage
06:03 du petit Maël sur l'antenne d'RTL.
06:05 La lutte contre le harcèlement, c'est désormais
06:07 l'une de vos priorités.
06:08 En quoi va consister le plan que vous allez présenter
06:10 dans les prochains jours?
06:11 À quoi peut-on s'attendre, tout simplement?
06:13 Alors, le plan, je le présenterai dans les prochains jours,
06:15 comme vous l'avez dit, mais peut-être dire que vraiment,
06:18 ce harcèlement scolaire, c'est un fléau.
06:21 Il y a des centaines de milliers de jeunes qui en sont victimes
06:25 et ces jeunes y vivent un cauchemar et ils peuvent être vraiment
06:30 poussés au désespoir et vous l'avez évoqué, même au suicide.
06:35 Donc, on doit absolument rien laisser passer.
06:38 On ne doit pas penser que ce sont des chamailleries entre enfants.
06:41 Et donc, du coup, ça suppose effectivement que tout le monde
06:45 se mobilise. Dès la rentrée, on va déployer le dispositif.
06:49 Vous savez, le dispositif phare, c'est des équipes qui sont
06:52 sur ces sujets, y compris au lycée.
06:54 Ce n'était pas le cas jusqu'à présent.
06:56 Maintenant, on pourra éloigner le harceleur,
07:00 y compris dans le primaire et non pas le harcelé.
07:02 C'est incompréhensible que l'élève qui est harcelé
07:05 doive quitter son école. Donc, ça sera le harceleur.
07:09 Et puis, on va mettre en place des référents par établissement.
07:11 Mais peut-être vous dire qu'au-delà, c'est tout le monde
07:15 qui doit être à la fois sensibilisé et mobilisé.
07:18 Les élèves, les parents, évidemment la communauté éducative,
07:23 mais aussi les policiers, les gendarmes pour recueillir
07:26 les plaintes, la justice, les plateformes.
07:29 Donc, c'est une mobilisation de beaucoup d'acteurs,
07:31 de beaucoup de secteurs. Et c'est pour ça que j'ai souhaité
07:34 porter ce plan à mon niveau. Evidemment, il sera mis en œuvre
07:37 par le ministre de l'Éducation nationale.
07:39 Mais donc, je le présenterai d'ici la fin du mois.
07:41 Vous venez de dire que ce ne sont pas des petites chamailleries.
07:44 C'est ce que la famille de l'INSEE a répété.
07:45 Le proviseur aurait dit ce sont des petites chamailleries.
07:48 Il va falloir aussi travailler avec les proviseurs tout de suite,
07:51 voir les signaux d'alerte.
07:53 Avec les proviseurs et avec toute la communauté éducative,
07:57 pour qu'on soit bien à l'écoute des enfants et qu'on comprenne
08:00 à quel point ce harcèlement qui, maintenant, ne se produit pas
08:04 simplement dans la cour de l'école, mais avec les réseaux sociaux,
08:08 c'est 7 jours sur 7, 24 heures sur 24,
08:11 à quel point ça peut être grave. Et donc, c'est la gravité
08:14 de ce phénomène que chacun doit pouvoir mesurer
08:17 pour prévenir, sensibiliser, sensibiliser aussi
08:21 les élèves qui font ce harcèlement, les harceleurs,
08:24 parce que... enfin, qui prennent conscience
08:26 où ça peut mener, ce harcèlement. Et donc, c'est vraiment
08:29 tout le monde qui doit être sensibilisé, mobilisé, formé
08:33 pour qu'on ne retrouve pas des situations aussi dramatiques
08:35 que celles que vous avez mentionnées.
08:37 Autre sujet important de la rentrée, le pouvoir d'achat.
08:39 Les Français qui nous écoutent font leurs courses et ils ne voient pas
08:42 les prix baisser dans les supermarchés.
08:44 Plus 23% pour le Coca-Cola, plus 52% pour la moutarde.
08:48 Le Nesquik, chaque matin, plus 20%. Le Nesquik est passé de 4,06€
08:52 à 4,86€ dans certains magasins.
08:54 Une dizaine de grands groupes qui se partagent plus de 70%
08:57 à des marques, des supermarchés. Pourquoi le gouvernement n'arrive pas
09:01 à faire plier ces marques qui réalisent, eux, des super profits ?
09:05 - Alors, moi, je suis tout à fait consciente des difficultés
09:08 que vivent les Français et de leur impatience à voir les prix baisser,
09:12 puisqu'ils doivent baisser. Les matières premières ont baissé.
09:16 On a eu un moment où la farine, enfin le blé, avec la guerre en Ukraine,
09:20 les cours avaient beaucoup flambé. Aujourd'hui, ils ont baissé.
09:22 Donc, on partage cette impatience que les prix,
09:26 dans les rayons, puissent baisser également.
09:29 Je peux vous assurer que Bruno Le Maire et Olivia Grégoire,
09:33 les ministres, y mettent beaucoup d'énergie.
09:36 C'est ce qui nous permet d'être passé d'une inflation de 16%
09:39 au mois d'avril à 11% aujourd'hui.
09:42 Évidemment, ça ne suffit pas. C'est le résultat, vous savez,
09:46 des produits, des paniers anti-inflation.
09:48 Donc, c'est à peu près 1 500 produits sur lesquels on a demandé
09:51 aux distributeurs de rendre du pouvoir d'achat aux Français,
09:54 de s'engager à baisser leur prix. Et puis, on a aussi demandé
09:58 aux industriels de répercuter la baisse des matières premières.
10:02 Ça s'est déjà fait sur 1 000 produits. Mais ce n'est pas assez.
10:05 Les gens, ils voient dans les rayons qu'on a quelques produits
10:08 dont les prix ont baissé. Mais au global, le prix du caddie
10:11 n'a pas suffisamment baissé.
10:12 - Et quand je vous parle du Nesquik, par exemple, Elisabeth Born,
10:14 le prix des matières premières a baissé.
10:15 Les Français voient le Nesquik augmenter de 80 centimes.
10:19 Pourquoi on n'arrive pas à renverser la table et dire aux industriels,
10:21 par exemple, vous vous rencontrez une fois par mois,
10:24 tout simplement, avec les distributeurs pour renégocier ?
10:27 En France, la règle, c'est une fois par an.
10:28 Dans d'autres pays, c'est une fois par mois,
10:30 voire même des négociations journalières.
10:32 Pourquoi on ne renverse pas la table avec Coca-Cola,
10:34 Unilever et les grandes marques ?
10:35 - Alors, je pense qu'il faut qu'on soit conscient
10:37 que si on ajuste les prix plus rapidement,
10:41 quand les matières premières sont en train d'augmenter,
10:43 ça peut aussi vouloir dire que les produits vont augmenter
10:46 plus rapidement. Donc, je ne suis pas sûr qu'il faille passer
10:49 à un ajustement tous les mois ou tous les jours.
10:52 Par contre, aujourd'hui, ce qu'on demande,
10:54 c'est plus d'efforts à la grande distribution,
10:57 donc plus de produits sur lesquels ils s'engagent à baisser les prix
11:01 et accélérer pour les industriels les négociations.
11:07 Leur échéance, normalement, c'est le 1er mars 2024.
11:09 On leur dit renégocier plus vite pour qu'on voit bien les baisses
11:14 plus rapidement. Et c'est ce que Bruno Le Maire et Olivia Grégoire
11:17 ont demandé à la grande distribution et aux industriels.
11:19 On veut des résultats rapides.
11:21 - Ça va baisser rapidement, selon vous ?
11:24 - Je pense qu'ils ont entendu le message et très clairement,
11:26 on leur a dit qu'on pourrait changer la loi si, finalement,
11:29 on n'a pas les résultats escomptés.
11:31 - L'année dernière, à la même époque,
11:32 Elisabeth Borne ont craigné aussi des coupures d'électricité
11:34 à cause de la guerre en Ukraine. La guerre sans Lys, malheureusement.
11:38 Est-ce que vous pouvez rassurer les Français ?
11:39 Est-ce qu'ils connaîtront des coupures d'électricité à Noël,
11:43 en décembre, en janvier ? Est-ce qu'il faut être inquiet ?
11:45 - Alors, ce que je peux vous dire, c'est que la situation,
11:46 elle est meilleure que l'an dernier.
11:48 Donc, les stocks de gaz seront pleins à la fin du mois de septembre.
11:53 Et puis, sur l'électricité, une de nos grandes difficultés,
11:57 c'est qu'on avait beaucoup de réacteurs de centrales nucléaires
12:00 qui étaient à l'arrêt pour maintenance.
12:02 Cette année, on aura l'équivalent de cinq réacteurs de plus.
12:05 Voilà, donc la situation est meilleure.
12:07 On ne doit pas relâcher notre vigilance.
12:10 Et on avait lancé un plan sobriété l'an dernier qui nous a fait baisser
12:14 nos consommations de gaz et d'électricité.
12:18 Il faut continuer ces bons gestes qui font à la fois gagner du pouvoir d'achat.
12:22 Quand on consomme moins d'énergie, on gagne du pouvoir d'achat,
12:25 qui sont aussi bons pour la planète et puis qui contribuent aussi
12:28 à notre sortie des énergies fossiles et donc notre indépendance.
12:32 - Donc, pas de coupure. L'année dernière, le président de la République avait dit
12:34 "Attention, il ne faut pas faire peur aux Français"
12:38 en décembre, en janvier, pas de coupure.
12:40 - Bien évidemment, on fait tout pour qu'il n'y ait pas de coupure.
12:44 Et la situation est meilleure que l'an dernier.
12:45 - C'est l'événement sur RTL.
12:46 La première ministre, Elisabeth Borne, est l'invité exceptionnel de Focus Dimanche
12:50 à la veille de la rentrée scolaire.
12:52 Mais une question de santé publique.
12:54 Elisabeth Borne, on sait que vous n'êtes pas concernée car vous vapotez
12:57 dans la vie privée. - Qui a dit ça ?
12:58 - Vous vapotez bien évidemment.
12:59 Mais est-ce que vous êtes favorable à l'augmentation du paquet de cigarettes
13:02 à 12 euros en 2024 ?
13:04 Est-ce que c'est une piste du gouvernement ?
13:07 - Alors, vous savez qu'on a augmenté la fiscalité sur le tabac cette année
13:12 et on ne prévoit pas de l'augmenter l'an prochain.
13:15 - Pas d'augmentation du prix ?
13:16 - On ne prévoit pas d'augmenter la fiscalité sur le tabac l'an prochain.
13:22 Ça ne veut pas dire qu'on n'est pas très vigilant sur la consommation du tabac.
13:25 Vous savez qu'elle est repartie à la hausse.
13:27 Le tabac, c'est 75 000 morts par an.
13:30 C'est énorme.
13:32 Et on présentera prochainement un nouveau plan national de lutte contre le tabagisme,
13:38 avec notamment l'interdiction des cigarettes électroniques jetables,
13:41 les fameux PUF qui donnent des mauvaises habitudes aux jeunes.
13:46 Et donc, on veut interdire ces cigarettes électroniques jetables.
13:49 - C'est une information importante que vous nous donnez.
13:50 C'est-à-dire que les PUF, qui sont fortement consommés par les jeunes adolescents,
13:54 notamment dans les collèges et les lycées désormais,
13:56 dans combien de temps, dans quelques semaines, dans quelques mois,
13:58 on ne les verra plus à la sortie des établissements scolaires français ?
14:01 - C'est bien ce que je vous dis.
14:03 Et effectivement, on peut nous dire que ce n'est pas de la nicotine.
14:06 C'est un réflexe, un geste auquel les jeunes s'habituent.
14:11 Et ensuite, c'est comme ça qu'ils vont vers du tabagisme.
14:14 Donc, je pense qu'il faut arrêter ça.
14:16 - Comment lutter sans augmenter le prix du tabac ?
14:19 Comment lutter contre ce tabagisme qui augmente en France ?
14:23 - Ça sera tout l'objet du plan national qu'on présentera.
14:26 Je vous dis, c'est un enjeu important de santé publique.
14:29 Cette année, on a donné un signal sur les prix.
14:31 L'an prochain, on n'a pas prévu d'augmenter la fiscalité,
14:34 mais on présentera des mesures et notamment cette interdiction des PUF.
14:37 - Elisabeth Born, les règlements de compte se multiplient.
14:39 Deux morts en quatre jours à Nîmes.
14:41 Depuis le début de l'année, 40 morts à Marseille.
14:42 Des drames qui renforcent l'idée pour certains Français
14:44 qu'il existe des zones de non-droit sur notre territoire.
14:47 Comment les reprendre ?
14:48 Et est-ce que vraiment, il existe des zones de non-droit ?
14:50 - Il ne peut pas exister des zones de non-droit sur notre territoire.
14:53 Et c'est bien pour ça qu'après ce drame,
14:55 et moi, je veux dire à nouveau toute ma solidarité à la famille de ce jeune
14:59 qui a été tué dans des circonstances dramatiques.
15:03 Donc, il ne peut pas exister des zones de non-droit.
15:06 Le ministre de l'Intérieur a immédiatement envoyé des renforts de police.
15:10 On a envoyé la fameuse CRS 8 qui est venue en appui pour lutter contre les trafics.
15:15 Et puis, on veut une action plus de fonds.
15:18 Avoir non seulement l'intervention des forces de l'ordre,
15:21 mais derrière, avoir des enquêtes pour démanteler les réseaux de trafic de stupéfiants.
15:27 Vous savez que le président de la République avait annoncé
15:30 le déploiement d'une force d'action républicaine.
15:34 C'est précisément l'idée de dire, oui, il faut intervenir,
15:37 démanteler les points de deal, remettre des forces de l'ordre
15:40 quand on a notamment des situations dégradées comme celles qu'on a pu voir à Nîmes.
15:45 Mais aussi faire un travail de police judiciaire,
15:48 qu'il y ait des magistrats, qu'on agisse sur tous les fronts.
15:51 Et c'est comme ça qu'on veut redonner de la tranquillité,
15:54 de la sécurité dans ces quartiers.
15:56 - Mais Elisabeth Borne, le sentiment relayé par le syndicat Alliance,
16:00 la CRS 8 a quitté la cité de Pise 20 à 2h15, 2h30 du matin,
16:05 et ce deuxième règlement de compte a eu lieu à 3h du matin.
16:08 La sensation d'insécurité pour ces habitants du quartier de Pise 20,
16:12 elle est terrible de voir un règlement de compte une demi-heure après le départ des policiers.
16:16 - C'est pour ça que je vous dis que l'intervention, le renfort immédiat,
16:21 c'est une chose qu'on veut faire un travail plus en profondeur.
16:24 Quand on est dans des quartiers comme celui que vous mentionnez à Nîmes,
16:28 où la situation est très dégradée, il faut qu'on intervienne,
16:31 qu'on ait suffisamment longtemps des renforts de policiers,
16:35 qu'on ait un travail de police judiciaire, que les délinquants soient sanctionnés,
16:40 et que dans le même temps, on ait aussi des actions de prévention, d'éducation, d'intégration.
16:44 C'est tout le sens de cette force d'action républicaine,
16:47 voulue par le président de la République, qu'on va lancer prochainement.
16:51 - Vous avez connu ces sujets au ministère du Travail.
16:53 La cité de Pise 20 de Nîmes est à la haie seule.
16:56 Tous les défauts des cités, immeubles délabrés, chômage incroyable,
16:59 pauvreté record, pas de mixité sociale et trafiquants de drogue maîtres des quartiers.
17:03 Aujourd'hui, les problèmes pour ces quartiers,
17:06 ne sont-ils pas beaucoup plus importants qu'un seul problème sécuritaire ?
17:11 - Bien sûr, c'est vraiment une action très large qu'il faut en faveur de ces quartiers.
17:16 Il faut réhabiliter les logements.
17:18 Vous savez qu'on a beaucoup augmenté les crédits de l'ANRU,
17:22 la structure qui finance le renouvellement de ces quartiers.
17:26 Donc il faut agir sur le logement, les copropriétés dégradées.
17:29 Il y a des sujets d'éducation.
17:31 On a dédoublé les classes de CP, de CE1, de maternelle dans ces quartiers.
17:36 On doit agir aussi pour l'intégration.
17:38 C'est le rôle, par exemple, des emplois francs.
17:40 Donc il faut une politique globale.
17:42 Moi, j'aurais l'occasion d'en discuter.
17:44 J'aurais dû réunir un comité interministériel des villes,
17:47 c'est-à-dire l'instance où on peut dialoguer avec tous les ministres concernés
17:51 et avec tous les acteurs concernés au moment des émeutes.
17:55 Évidemment, je l'ai reporté, mais je le réunirai le 9 octobre prochain
17:59 pour qu'on prenne à bras le corps ce sujet
18:02 et qu'on puisse apporter des améliorations rapides, visibles,
18:05 pour les habitants des quartiers.
18:07 Et puis un autre chiffre qui fait toujours froid dans le dos.
18:09 118 femmes ont été tuées par leurs conjoints en 2022,
18:12 mais on dénombre une augmentation de 45% des tentatives d'homicide au sein du couple.
18:16 Quatre ans après le Grenelle des violences conjugales,
18:18 quasiment jour pour jour, on ressent encore de l'impuissance
18:22 dans l'action du gouvernement.
18:24 Alors, c'est un drame, et notamment cette semaine,
18:27 on a eu un assassinat, enfin...
18:30 Une policière, un assassinat par son ex-conjoint.
18:33 Absolument, une policière qui a été tuée par son ex-conjoint.
18:36 C'est à chaque fois des drames insupportables
18:39 qui nous obligent chacun à agir encore plus fort.
18:43 Depuis le Grenelle, vous l'avez dit,
18:45 on a mobilisé des moyens absolument exceptionnels.
18:48 D'abord pour que la parole se libère.
18:51 Ensuite, pour former tous ceux qui doivent recueillir la parole de ces femmes,
18:56 les policiers, les gendarmes, les magistrats.
18:59 Évidemment, on doit aller plus loin, et on mettra en place prochainement
19:03 ce que j'avais annoncé au printemps,
19:06 c'est-à-dire un accompagnement financier des femmes qui veulent quitter leur domicile,
19:11 aussi des pôles plus complets au sein des tribunaux
19:16 pour que les femmes victimes de violences n'aient pas à courir devant 36 magistrats.
19:21 Et donc, c'est toutes ces actions qu'on va déployer.
19:24 Évidemment, ça prend trop de temps,
19:26 mais je peux vous assurer de notre détermination à progresser sur ces sujets.
19:30 Sur les violences conjugales, peut-être vous dire aussi
19:33 qu'on est également très attentifs aux violences sur les enfants.
19:37 Et la secrétaire d'Etat à l'enfance, Charlotte Cobell,
19:40 lancera une campagne de sensibilisation à ces violences sur les enfants
19:45 d'ici la mi-septembre.
19:47 - Les émeutes, entre autres, étaient aussi au cœur de cette grande initiative politique
19:51 menée par le président Macron cette semaine avec tous les partis politiques
19:54 composant notre pays. Vous y étiez.
19:56 Comment ça s'est passé ces 12 heures ? Est-ce que vous pouvez nous raconter ?
19:59 On n'y était pas, il y avait des brouilleurs, il n'y avait pas de portable.
20:02 Est-ce que vous pouvez nous raconter comment ça s'est passé ?
20:04 - Alors, je ne vais pas vous raconter, puisqu'on avait mis des brouilleurs.
20:06 Mais je veux que la discussion puisse se tenir en toute confidentialité
20:10 et que ça permette des échanges très libres avec tous ces chefs de partis.
20:15 Tous les partis qui sont représentés à l'Assemblée nationale ou au Sénat
20:20 étaient présents autour de la table.
20:23 Et je pense que c'est important de souligner que c'est inédit dans la Vème République
20:27 qu'on puisse avoir ce dialogue entre le président de la République et tous les partis.
20:32 Et le président a voulu avoir cet échange parce qu'on est à un moment
20:37 où on a des défis exceptionnels, à la fois la guerre aux portes de l'Europe, en Ukraine,
20:43 la déstabilisation en Afrique.
20:45 Donc on a une situation internationale sur laquelle on a pu échanger.
20:49 En même temps, et notamment suite aux émeutes, vous l'avez dit,
20:52 les maires nous ont tous dit qu'il faut qu'on soit plus efficaces, plus rapides.
20:57 Donc ça pose des questions de notre organisation.
21:00 On sait quoi entre les maires, les conseils départementaux, l'État.
21:04 Donc c'est ces sujets-là sur lesquels on a pu échanger.
21:07 Et puis, comment dans notre pays, où on voit qu'il y a une montée de la violence,
21:12 vous évoquez les émeutes, on peut aussi mentionner le tribunal judiciaire d'Horiac,
21:19 qui a été totalement saccagé dans un épisode de violence incompréhensible.
21:25 Donc on doit aussi réfléchir avec tous ces responsables de parti,
21:31 avec tous ceux qui sont préoccupés comme on l'est par ce manque de respect de l'autorité,
21:37 par cette violence. On doit réfléchir aux réponses qu'on peut apporter.
21:41 Vous avez dit une rencontre inédite dans l'histoire, sans aller jusqu'au mot historique.
21:46 Ça vous a surpris ? Il y a des moments qui vous ont surpris dans cette réunion politique inédite ?
21:51 Je vous dis, je pense que c'est très important, quand on a les défis que j'ai mentionnés,
21:56 qu'on puisse échanger de façon très directe, très franche avec les responsables des partis.
22:01 Je ne vais pas vous relater les échanges, puisque la règle du jeu était précisément
22:05 que ces échanges soient confidentiels. Le président de la République s'est engagé
22:09 à adresser à chacun des présidents de partis le compte-rendu de nos échanges
22:15 et l'organisation du travail qu'on leur propose.
22:18 On aura l'occasion d'expliquer les initiatives qu'on prend suite à cette réunion,
22:23 qui a été très riche. Je pense que c'est bien qu'on puisse se parler franchement,
22:27 comme ça a été le cas.
22:28 Il y a plusieurs centaines de milliers de Français qui vous écoutent actuellement.
22:31 Pour eux, ils ont une question sur cette initiative politique.
22:34 Ça va changer quoi pour les Français dans leur quotidien ?
22:37 Dans les sujets qu'on a abordés, il y a la question des rémunérations.
22:43 Vous avez vu que plusieurs responsables ont indiqué qu'on voulait lancer
22:50 une conférence sociale, à la fois pour que les métiers mal rémunérés,
22:55 ce qu'on appelait les métiers de la première ou de la deuxième ligne pendant la crise Covid,
22:59 que ce sont des métiers à la fois difficiles et essentiels pour nous, soient mieux rémunérés.
23:05 On veut en parler avec les différentes branches professionnelles concernées.
23:09 Et puis un autre sujet dont on veut parler dans cette conférence sociale,
23:13 c'est aussi le fait qu'on veut sortir d'une situation dans laquelle vous pouvez
23:19 démarrer votre vie professionnelle au SMIC et terminer 20 ans, 30 ans plus tard
23:25 en étant toujours au SMIC. Ce n'est pas très motivant.
23:28 Il faut qu'on retrouve une dynamique des parcours professionnels
23:32 qui donne envie aussi aux salariés de s'engager.
23:35 C'est un des sujets qui renvoient à cette préoccupation de pouvoir d'achat des Français
23:40 dont on veut se saisir avec les organisations patronales, syndicales,
23:44 les partis politiques, les parlementaires.
23:46 Le président avait invité Jordan Bardella, ça veut dire que le Rassemblement national
23:49 fait partie de l'arc républicain, Elisabeth Borne ?
23:52 Ça veut dire que le président a fait le choix de parler à tous les partis,
23:56 du coup y compris le Rassemblement national qui s'est largement exprimé lors de cet échange.
24:03 Une autre phrase aurait fuité de cette réunion, le fait de ne pas pouvoir voir
24:07 Emmanuel Macron se représenter en 2027, une funeste connerie.
24:11 Ce sont les mots qui ont été relayés de la part du président de la République.
24:14 C'est une funeste connerie ?
24:16 Non, je ne vais pas rentrer sur ce sujet-là.
24:18 Je vous dis, on a eu des échanges notamment sur la durée du mandat présidentiel,
24:23 sur la limitation du nombre de mandats pour le président de la République
24:27 et je ne vais évidemment pas rentrer dans ces sujets.
24:29 Une dernière question sur cette initiative politique.
24:32 Vous auriez évoqué dans cette journée, dans cette longue nuit,
24:35 la possibilité de voir des référendums.
24:37 Est-ce qu'on pourrait voir dans les prochaines semaines un référendum
24:40 sur la fameuse loi immigration qui est attendue,
24:42 que vous allez porter avec votre ministre d'Intérieur Gérald Darmanin ?
24:45 Alors l'objectif c'est que cette loi soit votée rapidement.
24:48 Donc on ne va pas attendre un référendum pour agir sur ce sujet
24:53 qui est aussi une préoccupation des Français.
24:55 Et on a échangé avec les différents présidents de partis
25:00 sur la place du référendum dans notre démocratie.
25:03 Vous savez qu'aujourd'hui, le président de la République,
25:06 donc c'est lui qui organise un référendum.
25:09 Il y a des thèmes qui sont limités.
25:12 Est-ce qu'il faut les élargir ces thèmes ?
25:14 Qui peut demander un référendum ?
25:16 Donc tous ces sujets sont importants et on aura l'occasion de revenir
25:19 sur ces sujets avec les différents partis politiques.
25:22 C'est l'événement sur RTL.
25:23 La première ministre Elisabeth Borne fait sa rentrée dans Focus Dimanche.
25:26 Elle est l'invité exceptionnel d'RTL.
25:28 Madame la première ministre, est-ce que c'est difficile
25:30 d'avoir un ministre de l'Intérieur comme Gérald Darmanin
25:32 qui a voulu votre poste depuis plusieurs semaines ?
25:35 Non, pas du tout.
25:37 Ce n'est pas compliqué ?
25:38 Non, ce n'est pas du tout difficile.
25:40 C'est une réponse liminaire quand même sur un ministre d'Intérieur
25:43 influent, qui parle beaucoup, qui s'exprime beaucoup,
25:45 qui accorde beaucoup d'interviews.
25:47 Moi je vous dis, ce n'est pas difficile de travailler avec Gérald Darmanin.
25:50 Je vois que votre réponse est très courte,
25:53 mais on en tirera les conséquences.
25:55 Je vois que vous prenez depuis plusieurs semaines l'unité.
25:57 Vous ne cessez de répéter l'unité, de protéger l'unité.
25:59 Vous l'avez dit à Tourcoing lors de cet événement créé par Gérald Darmanin.
26:03 C'est dur de prôner l'unité alors que des ministres comme Bruno Le Maire
26:06 et Gérald Darmanin ne font que penser à 2027
26:09 et souvent s'expriment sur 2027 ?
26:11 Vous savez, moi ce qui m'importe, c'est qu'on apporte des réponses
26:16 aux préoccupations des Français, celles dont on vient de parler,
26:20 sur l'école, sur la sécurité, sur les problèmes de santé aussi,
26:25 et puis sur la transition écologique,
26:27 qui sera une des grandes priorités de notre rentrée.
26:30 Et je pense que les Français, ils attendent légitimement
26:33 que le gouvernement soit à 100% sur ces sujets, et c'est bien le cas.
26:38 Mais quand vous prenez l'unité, que vous avez par exemple,
26:41 la semaine dernière à Tourcoing, un dimanche à Tourcoing,
26:43 rejoindre Gérald Darmanin après une opération très intelligente,
26:46 tout le monde a dit que vous avez réussi à étouffer le ministre de l'Intérieur par exemple.
26:50 Moi j'ai été à Tourcoing pour redire, en tant que chef du gouvernement
26:55 et chef de la majorité, à quel point c'était important
26:59 qu'on apporte des réponses concrètes aux Français.
27:01 Et je vous dis, tout le gouvernement est au travail,
27:04 on doit être à 100% sur ces préoccupations, 2027 c'est loin,
27:08 les Français attendent des réponses maintenant.
27:10 Le président de la République a toujours répété qu'il se battrait
27:12 pour que Marine Le Pen ne soit pas sur le perron de l'Elysée en 2027.
27:15 Cette hypothèse, elle vous inquiète ?
27:18 Moi je ne vais pas faire de la politique fiction,
27:21 ce que je note c'est qu'on a 4 ans pour montrer aux Français
27:26 qu'on entend, qu'on respecte, qu'on apporte des réponses
27:31 aux préoccupations qu'ils expriment et c'est comme ça qu'on évitera
27:34 l'arrivée des extrêmes au pouvoir.
27:37 C'est une hypothèse qui ne vous inquiète pas parfois ?
27:41 Moi je ne résoudrai jamais à ce que l'extrême droite soit au pouvoir dans mon pays
27:47 et je vous dis, c'est pour ça qu'il faut qu'on soit aux côtés des Français,
27:53 qu'on écoute leurs préoccupations et qu'on y réponde.
27:56 En un an de majorité relative, le gouvernement a fait voter plus de 50 textes,
27:59 Elisabeth Borne, sur quasiment le même nombre que sur la même période
28:03 du premier quinquennat alors qu'à l'époque c'était une majorité claire
28:07 pour le groupe En Marche et pour le parti du président
28:11 et pourtant ce sentiment infuse que vous êtes bloqué.
28:14 Est-ce que vous pensez qu'il y a une part de misogynie dans la lecture de votre travail
28:19 et surtout de ce que vous avez vécu depuis un an ?
28:22 Je pense qu'il y a surtout des oppositions qui veulent faire croire qu'on est bloqué
28:26 alors qu'on est en train d'avancer pour les Français.
28:29 On a voté des textes pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables
28:33 ou du nucléaire parce que c'est notre indépendance énergétique
28:36 dont on parlait tout à l'heure.
28:38 On a voté des textes sur le pouvoir d'achat, ça a même été le premier texte
28:41 examiné au début de la nouvelle législature.
28:45 On a voté des textes sur l'assurance chômage, les retraites, donc on avance.
28:50 Et les oppositions évidemment veulent faire croire le contraire.
28:53 Et puis peut-être que parfois l'image qu'on voit dans l'hémicycle
28:56 où certains sont en train de crier, de hurler, de s'invectiver
28:59 ne donne pas l'impression que tout le monde est au travail.
29:02 Mais je peux vous assurer, vous l'avez dit, 50 textes ont été votés, ça demande de l'énergie.
29:06 Alors moi je n'y vois pas spécialement de la misogynie,
29:09 mais la misogynie en politique, je vous le confirme.
29:11 Vous l'avez vécu depuis un an et demi ?
29:13 En fait, vous savez, je pense qu'on a progressé depuis l'époque où Édith Cresson était ici,
29:20 mais il y a vraiment encore du chemin à parcourir.
29:23 Vous venez d'évoquer les 50 textes qui ont été votés avec une majorité relative.
29:28 Est-ce que ça vous gênerait, encore une fois, d'utiliser le 49.3 ?
29:31 Est-ce que vous serez contrainte dans le futur de l'utiliser selon vous ?
29:34 Alors vous savez que sur les textes financiers, le budget et le budget de la sécurité sociale,
29:40 les oppositions considèrent que, et c'est une tradition,
29:46 voter un budget, c'est dire son appartenance à une majorité.
29:50 Donc les oppositions ne voudront pas dire leur appartenance à la majorité.
29:55 C'est tout à fait respectable.
29:58 Donc on aura à recourir certainement cet automne à des 49.3 parce que notre pays a besoin d'un budget.
30:05 Comment vous prenez la critique, Elisabeth Borne, de ceux qui disent que vous êtes trop techno,
30:09 trop dans la technique parfois ? Je vois un esquissé, un début de sourire.
30:12 La semaine dernière à Tourcoing, vous avez dit par exemple,
30:15 j'avais l'impression que c'était une réponse à ces critiques.
30:18 Une pupille de la nation a fini Premier ministre et a pu faire Polytechnique aussi, a pu grandir.
30:23 C'est une réponse à ceux qui vous trouvent trop techno ?
30:26 Écoutez, moi j'ai un parcours dont je suis assez fière et au cœur de mon combat,
30:32 vous voyez, au cœur de mon combat politique, je souhaite que chaque Français se dise qu'on est dans un pays extraordinaire,
30:40 dans lequel on peut se retrouver effectivement orpheline à 11 ans,
30:44 avec une maman qui n'a pas de ressources, qui doit élever deux enfants.
30:48 Et parce que la République m'a fait pupille de la nation,
30:51 que j'ai pu avoir un salaire pendant que je faisais mes études,
30:55 j'ai réussi effectivement à faire des études et je suis ici aujourd'hui.
31:00 Et je voudrais vraiment que chaque Français se dise que c'est possible pour lui.
31:03 C'est absolument essentiel, je pense, en termes de cohésion du pays.
31:08 L'un des grands conseillers politiques, influents et séistes Alain Minc a déclaré
31:12 que vous rendiez aux femmes de ce pays un immense service.
31:15 Ce sont les mots d'Alain Minc lors de la passation de pouvoir avec Jean Castex en 2022.
31:18 Ici même, à Matignon, vous déclariez dédier cette nomination à toutes les petites filles en leur disant
31:23 "Vous allez au bout de vos rêves et rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société".
31:28 Ce sont vos mots, Elisabeth Borne.
31:30 Ça vous porte cet engagement et est-ce que vous pensez que la société française est encore sexiste ?
31:35 Vous savez, je pense que compte tenu de ce qu'a vécu Édith Cresson quand elle était ici
31:42 et compte tenu des conséquences que certains ont voulu tirer de ces difficultés,
31:47 oui, moi ça me porte de montrer à ces jeunes filles, à ces petites filles, à toutes les femmes,
31:55 qu'une femme peut être Première Ministre, y compris dans des circonstances qui sont sans doute
32:03 les plus difficiles qu'on connaît depuis le début de la Ve République.
32:07 J'ai trouvé ça dans un livre d'histoire.
32:09 Édith Cresson qui disait déjà à l'époque que la partie la plus à gauche du parti de François Mitterrand,
32:15 du PS, du Parti Socialiste, disait qu'elle était trop techno.
32:18 Oui, oui, mais vous savez, je pense que...
32:20 Ça vous fait quoi quand on dit ça de vous ?
32:22 Écoutez, ça m'intéresse assez peu et ce que disait Madame Cresson montre que la misogynie n'a pas de parti.
32:29 Ça existe toujours ? On n'a pas évolué depuis longtemps ?
32:32 Non, on a considérablement évolué.
32:35 Vous savez, j'ai eu beaucoup de plaisir à organiser un dîner avec Édith Cresson et les femmes du gouvernement.
32:43 Elle a vécu, heureusement ça n'est plus possible, mais vraiment des propos publics sexistes.
32:49 Alors il n'y a plus de propos publics sexistes, mais sans doute que certains n'en pensent pas moins et n'agissent pas moins.
32:56 Je me permets une précision sur ce sujet, Elisabeth Born.
32:59 Souvent dans les papiers qui présentent les fameux dîners du président autour des barons du parti présidentiel,
33:04 on voit les noms d'Edouard Philippe, on voit les noms de François Bayrou, on voit les noms de tous les conseils du président.
33:10 Et parfois on oublie votre nom alors que vous y êtes à ce dîner.
33:14 Comment vous l'expliquez ?
33:15 Ça veut dire que les journalistes sont peut-être aussi sexistes ?
33:17 Non mais je vous pose la question sincèrement, comment vous l'expliquez ?
33:20 Moi je ne l'explique pas. J'ai suffisamment de choses à m'occuper pour ne pas m'arrêter à ça.
33:26 Je pense que les codes de la politique, moi c'est ce que je vis depuis que je suis ministre et maintenant première ministre,
33:34 les codes de la politique sont très masculins.
33:37 Le défi qu'on a avec les femmes qui s'engagent en politique, c'est de changer ces codes,
33:42 qu'ils soient moins marqués et qu'on reconnaisse que les femmes ont aussi un apport dans notre vie politique.
33:50 Elisabeth Born, une question plus personnelle, vous l'avez un petit peu évoquée.
33:53 Vous parlez très peu de votre enfance.
33:55 Votre père Joseph Born a été un rescapé du camp de Auschwitz.
33:58 Face à la douleur et à la tragédie de ce qu'il a vécu, il a mis fin à ses jours en 1972, vous aviez 11 ans.
34:04 Vous gardez quel souvenir de cette époque, Elisabeth Born ?
34:08 Je ne vais pas vous raconter forcément cette époque.
34:10 Ce que je peux vous dire, c'est que d'avoir surmonté cette épreuve, moi je dirais que ça m'a donné une très grande force,
34:19 une grande pugnacité et puis sans doute aussi la capacité à relativiser les contrariétés,
34:28 on hiérarchise quand on a vécu ça.
34:32 Peut-être aussi pour survivre dans ce contexte, ça m'a conduit à me créer une carapace
34:41 qui fait que je suis parfois perçue comme un peu sévère, un peu distante.
34:47 C'est à la fois les forces et les faiblesses que je retire de cette période.
34:53 Ça vous a triste qu'on vous donne ces mots ou ça vous ressemble un petit peu ou c'est vraiment une carapace ?
34:58 Non mais ce n'est pas ce que je suis, mais vous voyez on est aussi le fruit de son histoire avec ce que ça a de positif et de négatif.
35:08 Je peux vous assurer que quand on a traversé ce genre d'épreuve, mais il y a beaucoup de Français qui vivent des difficultés,
35:13 donc on ne va pas forcément passer des heures sur ma situation, mais ça donne de la force, de l'envie de faire.
35:20 Sans passer des heures, vous êtes très pudique, mais ça renvoie une image et ça montre ce qu'on est.
35:25 C'est souvent l'enfance qui est un symbole de ce qu'on est aujourd'hui.
35:27 Vous gardez quoi aujourd'hui dans votre combat, dans votre engagement politique de ça et de ces moments que vous avez connus ?
35:33 Moi je vous dis, je garde surtout le fait que j'estime que j'ai une chance incroyable de pouvoir être là où je suis,
35:42 d'avoir pu faire une école dans laquelle j'ai eu un salaire,
35:48 d'avoir eu la vie professionnelle que j'ai eue avant de m'engager en politique.
35:51 J'ai envie de rendre ça à mon pays et j'ai envie que chacun se dise que c'est possible aussi pour lui.
35:57 C'est possible pour toutes ces jeunes filles qui sont à l'école et qui se construisent aujourd'hui ?
36:00 Absolument.
36:01 On vous le dit parfois, ces jeunes filles que vous croisez ou ces femmes que vous croisez, on vous en parle parfois ?
36:05 J'ai des jeunes filles qui me disent en effet que ça leur donne envie, peut-être de s'accrocher.
36:11 Et puis ça m'arrive aussi de croiser des mamans qui élèvent seules leurs enfants et qui me disent
36:18 que ça nous donne aussi envie de permettre à nos enfants de réussir et ça me paraît essentiel.
36:23 Merci beaucoup, merci à vous Elisabeth Born d'avoir accepté mon invitation, merci d'avoir ouvert cette saison de Focus Dimanche.