• l’année dernière

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Et il est 8h moins le quart, plus que quelques jours donc de vacances pour les écoliers, collégiens et lycéens,
00:05 avant le début de l'année scolaire qui démarre lundi. On prend la température de cette rentrée avec votre invité Marie Roarch.
00:11 Vous recevez ce matin Samantha Fitt, co-secrétaire départementale du SNU-EPP, FSU.
00:16 - Bonjour Samantha Fitt. - Bonjour.
00:18 - Gabriel Attal, le nouveau ministre de l'Education nationale, l'a encore réaffirmé hier.
00:22 Il y aura un enseignant devant chaque élève lundi pour la rentrée. Est-ce que c'est une promesse tenable, réaliste ?
00:29 - Alors c'est une promesse en tout cas qui n'est pas tenue depuis quelques années.
00:33 Donc des enseignants oui, mais des enseignants peu formés avec des enseignants contractuels
00:38 ou des enseignants tout juste tistulaires d'un master et qui viennent juste d'avoir le concours
00:42 et qui vont être lancés dès lundi dans le Grand Bain en responsabilité de classe.
00:47 Et puis il ne faut pas oublier que depuis quelques années, des remplaçants sont mobilisés dès le début de l'année
00:51 pour poursuivre les postes vacants et que donc on a des problèmes de remplaçants après tout au long de l'année.
00:55 - C'est une inquiétude beaucoup pour les parents d'élèves notamment, cette absence, ces absences de professeurs, ce manque de formation.
01:01 C'est quelque chose qui existe beaucoup chez nous en Géronde, la présence de contractuels peu formés devant les élèves.
01:06 - Alors c'est quelque chose que l'on découvre puisque c'était essentiellement des départements
01:10 comme autour de la région parisienne qui connaissaient effectivement des problèmes de recrutement.
01:14 Mais oui, les difficultés, les conditions de travail, le fait que l'on ne recrute pas assez d'enseignants
01:20 pour pouvoir pourvoir au départ en retraite ou aux démissions font qu'on a effectivement en Géronde
01:26 depuis plusieurs années des problèmes de recrutement et un manque d'enseignants pour assurer les enseignements.
01:30 Et c'est aussi des enseignants qui vont manquer, pas seulement face aux élèves,
01:34 mais aussi sur tous les dispositifs qui ne se verront pas dès le début de l'année,
01:37 mais des dispositifs essentiels pour aider les élèves.
01:39 Je pense aux postes de psychologues scolaires, aux enseignants spécialisés qui vont aider les élèves tout au long de l'année.
01:44 - Oui, ça touche tout l'environnement scolaire, pas uniquement les enseignants.
01:47 Les enseignants qui voient normalement leur salaire revalorisé en cette rentrée,
01:53 est-ce que c'est une des solutions pour pallier ce manque d'attractivité de la profession ?
01:58 - En tout cas au niveau des syndicats, c'était une demande.
02:01 Et les négociations que nous avons ouvertes avec le ministère, nous avions des attentes.
02:08 Attentes qui ne sont pas comblées, puisque une revalorisation historique annoncée
02:13 finalement est très loin du compte, on est très loin des 10% annoncés,
02:17 puisque les enseignants, la plupart des enseignants n'auront qu'une revalorisation d'une prime de 90 euros.
02:23 Et la revalorisation porte essentiellement sur les enseignants en début de carrière,
02:27 alors ce qui est très bien pour ces collègues-là, mais ce qui veut dire aussi qu'il y aura un tassement.
02:31 C'est-à-dire que les enseignants vont commencer à plus de 2000 euros,
02:33 mais vont très peu évoluer dans leur salaire au niveau de leur carrière,
02:37 et donc restent quand même en perte de pouvoir d'achat depuis 15 ans avec le gel du point d'indice.
02:42 Donc on ne rattrapera pas, en tout cas, la montée des prix dû à l'inflation.
02:48 - Pour augmenter la rémunération des enseignants, le gouvernement propose ce pacte enseignant à cette rentrée.
02:55 Donc en fait c'est l'opportunité pour les enseignants volontaires de réaliser des missions supplémentaires,
03:00 moyennant rémunération, donc c'est un sujet sensible de cette rentrée.
03:04 Comment se positionnent les syndicats ?
03:06 - C'est une déception, voire une provocation, puisque ça laisse l'idée que les enseignants n'en font pas assez,
03:11 ne font pas assez d'heures.
03:13 Nous rappelons quand même que le ministère estime à 43 heures par semaine notre temps de travail hebdomadaire.
03:18 Donc l'idée que les enseignants n'en feraient pas assez est fausse.
03:21 Donc ce n'est pas une revalorisation, c'est un travail supplémentaire avec des missions supplémentaires,
03:26 mais la définition même de ces missions est problématique,
03:29 puisque dans ces missions, par exemple, dans le premier degré, il y a l'aide aux élèves en difficulté,
03:34 ou l'accompagnement des élèves en situation de handicap.
03:37 Alors ce sont des missions que l'on fait au quotidien, tous les jours, face à nos classes.
03:41 Et donc quelle sera la différence entre des enseignants qui ont signé une lettre de mission, ce fameux pacte,
03:45 et des enseignants qui ne l'auront pas signé et qui continueront au quotidien à faire ce genre de mission
03:50 et qui ne seront pas payés pour cela ?
03:52 - Donc déception de la part des syndicats, vous le disiez.
03:55 A priori c'est un dispositif qui séduit peu, puisque le ministère semble avoir fait de la pub
04:00 en distribuant des flyers dans les écoles.
04:02 Vous étiez au courant de la présence de ces flyers dans les écoles aujourd'hui, en cette pré-rentrée ?
04:06 - Non, je l'ai appris ce matin qu'on aurait effectivement une pub du ministère,
04:10 parce qu'effectivement il peine à convaincre.
04:13 On sait qu'il y a très peu d'enseignants, en tout cas trop peu d'enseignants,
04:17 par rapport à ce que prévoyait le ministère.
04:19 C'était ce qu'on lui disait depuis le début, que ce n'étaient pas les attentes des collègues.
04:22 - Allez, 7h49 sur France Bleu, j'ai en notre invité ce matin.
04:25 Sur France Bleu, Samantha Fitt, co-secrétaire départementale SNUIPPFSU, syndicat d'enseignants du primaire.
04:30 Et vous aussi, vous pouvez réagir.
04:32 Vous nous dites justement ce que vous pensez de cette rentrée.
04:34 Est-ce que vous pensez qu'une rentrée comme Emmanuel Macron l'a prévue le 20 août serait une bonne idée ou non ?
04:40 Est-ce que vous avez un avis sur la pénurie d'enseignants, les recrutements, le niveau des élèves, de vos enfants peut-être ?
04:46 Vous prenez la parole ce matin au 05 56 19 10 10.
04:50 - Jeannelle l'évoquait à l'instant, avant même la conférence de rentrée du nouveau ministre de l'éducation.
04:54 Emmanuel Macron a mis son grain de sel dans l'éducation,
04:57 en parlant d'éventuellement avancer la rentrée scolaire au 20 août,
05:01 notamment peut-être pour les élèves en difficulté.
05:05 On va écouter ce qu'en pense Florence, une grand-mère de Bordeaux.
05:09 - C'est pas une mauvaise chose que les vacances durent moins longtemps,
05:13 qu'elles soient moins concentrées, plus étalées par petites périodes.
05:16 Maintenant c'est toujours compliqué quand on travaille, ce qui n'est plus mon cas,
05:20 parce que je suis à la retraite, mais pour les parents qui travaillent c'est compliqué.
05:24 - C'est compliqué d'avancer la rentrée scolaire, Samantha Fitt ?
05:28 - C'est compliqué, mais surtout il faut se poser la question du sens,
05:32 d'avancer des vacances scolaires, demander à des élèves qui sont déjà en difficulté,
05:36 pour qui l'école c'est déjà difficile, de tenir une journée, une semaine,
05:39 une période de 7 semaines ensuite, de venir plus tôt, et puis quel sens cela a ?
05:44 C'est-à-dire que si on n'a pas réussi à aider les élèves toute l'année,
05:48 c'est que les dispositifs d'aide ne marchent pas, ne marchent plus.
05:52 En tout cas, je le disais tout à l'heure, on a quand même trop peu d'enseignants
05:55 qui peuvent nous aider à aider ces élèves-là.
05:59 Donc ce n'est pas en deux semaines, ni en une semaine, qu'on va régler de la grande difficulté scolaire
06:04 ou un élève qui n'a pas appris à lire.
06:06 Cela veut dire que les aides doivent être multiples.
06:09 Il y a déjà de toute façon des dispositifs qui s'appellent "vacances apprenantes",
06:12 qui existent depuis quelques années et qui n'ont absolument pas fait la preuve de leur efficacité.
06:16 Donc non, c'est une fausse bonne idée, c'est vraiment un effet d'annonce.
06:19 - Vous parlez de la lecture, c'est une des priorités du nouveau ministre,
06:22 de remettre l'accent sur la lecture en début de primaire.
06:25 On a l'impression que c'est enfoncée à une porte ouverte, non, la lecture au début du primaire ?
06:29 - Oui, si on regarde de toute façon les programmes,
06:31 c'est une priorité dans les programmes depuis de nombreuses années, et c'est bien normal.
06:35 Mais après, il y a des polémiques autour de la façon dont on fait de la lecture.
06:40 La lecture, elle peut être abordée de différentes manières.
06:44 C'est de toute façon, bien sûr, une priorité chez mes collègues
06:47 et je ne vois pas ce qu'il y aura de nouveau cette année.
06:51 - France Bleu Gironde, vous posez vos questions ce matin à notre invité sur France Bleu Gironde,
06:56 notre invité sur France Bleu Gironde, Marie Rouarch,
06:59 Samantha Fitt, co-secrétaire départementale du SNU-IPP-FSU.
07:03 Vous prenez la parole maintenant, 0556-19-1010.
07:06 - Ce débat sur le niveau des élèves, on l'entend régulièrement,
07:10 mais est-ce qu'il a vraiment lieu d'être en cette rentrée scolaire, selon vous, Samantha Fitt ?
07:14 - Je crois que tout le monde est attentif à ce que le niveau des élèves soit le meilleur possible
07:18 dans notre pays, aussi bien les parents que la communauté éducative.
07:22 On ne peut faire que le contraire, que les inégalités sociales et scolaires,
07:27 elles sont corrélées et elles augmentent.
07:29 Donc il faut effectivement se poser la question.
07:31 Ça veut dire que les dispositifs qui ont été empilés depuis un certain nombre d'années ne fonctionnent pas.
07:35 L'école a besoin de sérénité, elle a besoin d'un temps long,
07:38 nous avons besoin de formation pour éventuellement changer un certain nombre de pratiques
07:43 et nous sommes en demande de cette formation qui n'arrive pas.
07:45 Nous avons des prescriptions, nous avons des annonces, comme ça,
07:48 de ministres successifs qui veulent imprimer leur marque,
07:51 mais sans réelle concertation, ni avec la communauté éducative,
07:54 ni avec l'ensemble de la recherche.
07:56 Pour notre syndicat, nous avons l'habitude de travailler avec des chercheurs
07:59 qui sont maintenant persona non grata au ministère
08:02 et qui ne peuvent plus faire avancer la communauté éducative
08:06 avec leurs travaux de recherche qui sont pourtant extrêmement intéressants.
08:09 Donc le niveau scolaire des élèves préoccupe tout le monde,
08:12 mais nécessite de la sérénité et pas des polémiques comme on a à cette rentrée.
08:17 Dans un autre domaine, Samantha Fitt, une nouveauté de cette rentrée scolaire 2023,
08:23 c'est ce nouveau protocole sur le harcèlement scolaire
08:26 qui prévoit notamment que les élèves harceleurs puissent être changés d'établissement.
08:31 On ne change plus l'élève harcelé, mais l'élève harceleur, et ce dès le primaire.
08:35 Vous en pensez quoi de cette mesure ?
08:37 C'est une préoccupation, les relations entre les élèves et les phénomènes de harcèlement
08:44 qui sont mis en lumière médiatique, notamment au niveau du collège.
08:48 Mais c'est vrai qu'au niveau du primaire, on peut avoir des élèves
08:54 pour lesquels, effectivement, ils peuvent faire état de harcèlement.
08:58 Mais jusqu'à présent, le protocole qui était mis en place, c'était vraiment un protocole de discussion.
09:02 Nous avons affaire à deux jeunes enfants, donc il fallait discuter avec les élèves,
09:06 faire de la pédagogie, de la prévention, aller dans les classes,
09:09 expliquer les choses et être ferme quand il y avait des actes dangereux.
09:17 Or, le nouveau protocole qui est mis en place, il est calqué sur un protocole du secondaire
09:23 avec cette exclusion a priori de l'élève sur un fond d'accusation.
09:27 Ça nous paraît dangereux et ça met le directeur en porte-à-faux, tout seul, face aux pressions des différentes familles.
09:33 Et puis on imagine un élève de 6 ans qui est accusé de harcèlement par un de ses camarades,
09:37 qui se retrouve exclu de l'école comme ça, alors que parfois il n'y a pas eu grand chose derrière.
09:44 Et puis même s'il y a eu quelque chose, qu'est-ce qu'un élève de 6 ans va comprendre de cette exclusion-là ?
09:48 Non, il faut vraiment de la pédagogie, de la discussion et bien sûr,
09:51 prendre à bras le corps ce problème, mais peut-être d'une autre manière.
09:54 Merci beaucoup, Samantha Fitt, co-secrétaire départementale du SNUIPP.
09:58 C'est le principal syndicat du primaire d'avoir été avec nous ce matin,
10:01 cette journée de pré-rentrée pour les enseignants. Merci beaucoup à vous.
10:04 Merci.
10:05 Une interview que vous retrouverez aussi en intégralité en vidéo sur notre site francebleu.fr.
10:09 Il est 7h55.

Recommandations