Mercredi 30 août 2023, SMART BOURSE reçoit Charles-Henri Herrmann (Directeur du développement France & Distribution BeNeLux, Janus Henderson Investors)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:10 Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir, le quart d'heure thématique avec ce qui est en train de devenir notre traditionnel rendez-vous de rentrée depuis trois ou quatre ans maintenant
00:19 avec le baromètre trimestriel des dividendes mondiaux qui est le travail réalisé chaque trimestre par les équipes de Janus Anderson
00:27 et le directeur du développement France de Janus qui est avec nous en plateau, Charles-Henri Herrmann. Bonsoir Charles-Henri.
00:32 Bonsoir Grégoire.
00:33 Merci d'être avec nous. On se retrouve à peu près à la même période chaque année en cette fin de mois d'août parce que vous venez de publier aujourd'hui
00:40 ce rapport sur les dividendes mondiaux que vous publiez chaque trimestre. Tous les trimestres ne se valent pas.
00:45 Le deuxième trimestre c'est un trimestre important pour l'Europe notamment.
00:49 Qu'est-ce qu'on peut dire des grandes tendances déjà qui se sont dessinées au cours du deuxième trimestre en matière de versement des dividendes mondiaux Charles-Henri ?
00:57 Alors effectivement tous les trimestres ne se valent pas. C'est pour ça que c'est un rendez-vous qui est très important en ce début d'été pour la rentrée scolaire on va dire.
01:04 C'est le trimestre, le deuxième trimestre, le trimestre des dividendes pour l'Europe notamment et bien évidemment pour l'Europe, pour la France.
01:09 Je rappelle il y a une saisonnalité dans le paiement des dividendes. Les sociétés européennes payent essentiellement une fois par an leurs dividendes donc entre le mois d'avril et le mois de juin
01:17 alors que par exemple les sociétés aux Etats-Unis elles divisent leurs dividendes en quatre tranches qui sont payées chaque trimestre.
01:23 D'où une certaine saisonnalité moins importante en tout cas pour les dividendes américains.
01:27 Alors pour ce trimestre, voilà, c'est le trimestre des dividendes européens. On va atteindre encore des niveaux records
01:33 puisqu'on atteint le montant de près de 570 milliards de dollars de dividendes payés au deuxième trimestre 2023
01:40 ce qui correspond à une hausse de pas loin de 5% pour ce trimestre par rapport au même trimestre de l'année dernière.
01:46 Donc on reste sur une croissance que l'on avait anticipée en tout cas.
01:50 Ce qui est à noter, point principal par rapport au premier trimestre de cette année, c'est qu'au premier trimestre on avait noté énormément de dividendes exceptionnels.
01:58 Rattrapage par rapport aux résultats des entreprises très importants en 2022.
02:02 Sur ce trimestre on revient un petit peu plus à la normale par rapport à ces dividendes exceptionnels.
02:06 Donc on revient sur une tendance un peu plus long terme sur les paiements des dividendes exceptionnels
02:10 et donc ces chiffres sont à prendre un petit peu différemment par rapport au premier trimestre puisque les dividendes sont plus des "traditionnels".
02:17 Donc on va encore parler de cette différence entre les dividendes sous-jacents et les dividendes totaux.
02:21 Je rappelle, les dividendes sous-jacents, on exclut les dividendes exceptionnels et les faits de change par rapport aux dividendes totaux
02:28 qui inclut tous les paiements de dividendes et tous les effets marchés.
02:32 Près de 9 entreprises sur 10 ont continué à augmenter leurs dividendes sur ce trimestre.
02:37 Et enfin le dernier point peut-être sur les secteurs, sur les grandes tendances.
02:40 Ce qu'on avait annoncé au premier trimestre continue de se vérifier sur le reste de cette année
02:45 avec un certain nombre de secteurs qui dominent le paiement des dividendes.
02:48 On va revenir sur les tendances sectorielles précisément un peu plus tard.
02:52 Si on regarde effectivement géographiquement, qu'est-ce qu'on peut dire de l'Europe versus le reste du monde ?
02:57 Puisque ce deuxième trimestre c'est l'Europe qui pèse le plus lourd dans le versement et les versements de dividendes mondiaux.
03:03 Voilà tout à fait. Donc encore une fois les sociétés européennes payent leurs dividendes de manière unique entre juin et avril.
03:12 Donc les dividendes européens ont atteint un nouveau record avec une augmentation de près de 10%
03:17 de manière sous-jacente des dividendes européens pour atteindre le montant d'à peu près 185 milliards de dollars rien que sur ce trimestre.
03:24 Donc c'est un nouveau montant record.
03:26 Toutes les régions ne sont pas lotis à la même enseigne.
03:29 L'Europe c'est vraiment de loin le leader sur ce trimestre.
03:32 Toutes les autres régions sont un failleur en termes de croissance.
03:34 Si on prend les Etats-Unis, on affiche un sixième trimestre consécutif du ralentissement de la croissance.
03:40 Je parle de ralentissement de croissance et non pas de décroissance, on s'entend.
03:43 Puisque les dividendes américains ont eu une croissance sur ce trimestre d'environ 4,6%
03:48 qui reste quand même malgré tout des chiffres très honorables.
03:51 Aux Etats-Unis on va retrouver notamment les acteurs de la santé comme United Health Group ou Eli Lilly
03:57 qui ont été des gros payeurs de dividendes sur ce trimestre.
04:00 Ou bien les sociétés immobilières américaines et notamment la société spécialisée dans la logistique Prologis
04:06 qui a versé des dividendes extrêmement importants.
04:09 Si on change de zone géographique maintenant, on passe sur les marchés émergents, on va avoir un phénomène inverse.
04:13 On sait que dans les marchés émergents on a beaucoup de sociétés minières ou de sociétés pétrolières.
04:17 Et évidemment avec les réductions des prix des matières premières et le pétrole...
04:22 - Et oui, c'est à front renversé de ce qu'on observait l'an dernier.
04:24 - Tout à fait. Donc les sociétés des marchés émergentes ont elles connu une baisse de leurs dividendes sur ce trimestre.
04:31 Et on notera, pour illustrer cela, la société Petrobras qui avait été le plus gros payeur de dividendes, on s'en souvient, sur l'année 2022
04:40 et qui aujourd'hui est le plus gros réducteur en termes de dividendes, notamment sur l'Amérique latine.
04:44 - Qu'est-ce qu'on peut dire du Japon également ?
04:47 - Le Japon c'est une tendance toujours assez importante puisqu'il y a une croissance des dividendes sous-jacents d'environ 8,4%.
04:53 Et on va le voir un petit peu sur les billets sectoriels un petit peu après, mais ça a été extrêmement tiré par les sociétés automobiles,
04:58 et notamment Toyota qui a payé un dividende très important au niveau des sociétés japonaises.
05:03 - Si on se focalise sur la France précisément, qui est en Europe, là aussi un poids lourd en matière de versement de dividendes sur le deuxième trimestre.
05:11 - Oui, la France c'est un poids lourd et la France aujourd'hui, il ne faut pas oublier, c'est le premier marché au niveau de la Bourse.
05:16 La Bourse de Paris c'est la plus grosse Bourse en Europe aujourd'hui.
05:18 Donc il y a une certaine logique à ce que les sociétés françaises représentent la part la plus importante des dividendes européens.
05:25 - Oui, il y a un effet boule de neige quoi, plus ça grossit, plus les dividendes sont importants, etc.
05:29 - Exactement. Donc la France ça représente à peu près, pas loin maintenant, de 50 milliards d'euros de paiement de dividendes, 49,1% et c'est plus de 25% des dividendes européens sur ce trimestre.
05:41 - Oui, oui, oui.
05:42 - Effectivement, la France a un très très gros impact.
05:45 La société qui a le plus de dividendes c'est la société Engie, qui comme vous le savez ont publié des résultats records.
05:50 Beaucoup de sociétés de la consommation, de la santé et évidemment le secteur bancaire en France a participé à cette grosse croissance des dividendes.
06:00 Finalement, si on regarde toutes les sociétés françaises et notre indice, toutes les sociétés ont augmenté, hormis une seule qui est EDF,
06:06 qui a annulé son dividende forcément dû à la nationalisation en cours de la société.
06:11 - Qu'est-ce qu'on peut dire plus globalement au niveau mondial des tendances sectorielles, des évolutions ?
06:17 Vous nous disiez en introduction qu'une des confirmations qu'on pouvait avoir c'est qu'entre le premier trimestre et le deuxième trimestre, les tendances sectorielles s'étaient justement confirmées, Charles-Henri.
06:27 - Voilà, on avait parlé au trimestre précédent qu'il y avait un lead des sociétés du secteur financier, donc des banques, des sociétés automobiles et des sociétés de la santé.
06:35 On en a déjà parlé avec quelques exemples.
06:37 Ces secteurs-là sont toujours en avant sur ce trimestre.
06:39 Les banques sont responsables de plus de la moitié de la croissance des dividendes sur ce trimestre, donc vraiment un impact très important.
06:46 Elles ont connu par rapport au trimestre de l'année 2022 une croissance de près de 20%.
06:50 Si on regarde le top 10 des payeurs de dividendes, on va retrouver trois banques importantes, HSBC classée en deuxième position, BNP, société française classée en sixième position, et enfin AXA qui arrive en dixième position.
07:02 Donc on voit trois grosses banques en Europe situées parmi les plus gros payeurs de dividendes sur ce trimestre.
07:07 Si on passe sur les constructeurs automobiles, on se souvient qu'ils avaient versé des dividendes exceptionnels l'année dernière et sur le trimestre T1, dû à leurs forts résultats sur l'année 2022.
07:19 On a toujours une forte hausse, 20% d'augmentation par rapport au deuxième trimestre de l'année 2022.
07:26 En fait, les sociétés automobiles ont bénéficié de l'augmentation des prix, ont pu faire augmenter leurs prix et ont amélioré leur mix produit pour vendre les véhicules un peu plus margés.
07:35 Exactement. Et donc ça se retrouve sur les constructeurs allemands, notamment Mercedes et BMW qui ont payé de fortes dividendes, mais aussi par exemple sur les sociétés coréennes comme Hyundai ou Kia qui ont fortement distribué des dividendes sur ce trimestre.
07:48 A l'inverse, si on regarde de l'autre côté du scope, qu'est-ce qui a moins bien marché ? On le redit encore une fois et on l'avait dit déjà le trimestre précédent.
07:55 Les sociétés minières, ralentissement, baisse des prix. Après, il faut noter qu'ils avaient eu leur trimestre de gloire en 2021 avec des dividendes vraiment extrêmement importants.
08:04 Donc il y a un phénomène de rattrapage et d'adaptation aux prix. Et enfin, les sociétés pétrolières, de la même manière, elles affichent une chute de leur versement, notamment dû, on l'a mentionné tout à l'heure, à la société Petrobras qui a fortement diminué son dividende et qui était un des plus gros payeurs de dividendes sur les années précédentes.
08:22 Tout ça se retrouve parfaitement dans les performances boursières de ces secteurs. Je regardais encore les performances boursières des secteurs en Europe depuis le 1er janvier.
08:29 Financière, banque, automobile, c'est des progressions entre 15 et 20%. Et puis, évidemment, ressources de base, mines et pétrole et gaz, c'est le contre-coût des performances spectaculaires qui avaient été enregistrées en 2022.
08:41 Donc tout ça est très cohérent avec la même lecture qu'on peut faire à travers les dividendes. Si on regarde un peu devant nous maintenant, Charles-Henri, qu'est-ce qu'on peut anticiper pour la suite ? Peut-être déjà pour la fin de l'année 2023 ? Et est-ce qu'on a déjà un regard ou l'idée de ce que ça pourrait donner en 2024 ?
09:01 Sur 2023, déjà, on va noter que, comme tout le monde en a parlé et les auditeurs avant, bien sûr, on note un ralentissement de la croissance économique. On le voit, les marchés l'anticipent. Ils anticipent plutôt une stabilité des résultats des entreprises pour l'année 2023 par rapport à 2022.
09:18 Mais encore une fois, on se base sur des niveaux records de résultats pour les entreprises en 2022. Donc ça reste des résultats très solides pour les entreprises.
09:24 Côté macroéconomique, on voit que malgré tout le marché de l'emploi reste très élevé, mais certains États ont déjà connu des récessions techniques. D'autre part, il y a la lutte contre l'inflation qui peut apporter un frein à la croissance d'entreprises, notamment.
09:39 Si on met tout ça bout à bout, pour nous, pour Janus Henderson, on pense qu'il y aura une poursuite de la hausse des dividendes, mais on n'a pas revu notre prévision par rapport au trimestre précédent. On pense que les dividendes vont continuer à être en croissance.
09:53 Pourquoi ce phénomène ? Tout simplement, on avait vu qu'en 2022, les résultats des entreprises étaient extrêmement élevés. Et finalement, la hausse des dividendes n'avait pas été aussi forte que la croissance des résultats des entreprises.
10:04 Et on pense que les dividendes sont moins volatiles que les résultats des entreprises. Et donc, sur cette année, même si les résultats des entreprises seront en croissance plus faibles, plus stables, en revanche, il y aura un filet de croissance pour les dividendes.
10:15 Exactement. C'est un petit peu un effet de rattrapage. On maintient nos prévisions pour l'année 2023 avec des dividendes qui resteront records sur un niveau de 1 640 milliards de dollars, ce qui correspond à une croissance d'environ 5,2 % par rapport à 2022.
10:32 Donc, ça reste des records. On reste en croissance. Mais on revient sur des niveaux de croissance qui sont un petit peu plus normalisés.
10:40 Ça se normalise. C'est ce que vous disiez. C'est la fin des dividendes exceptionnels. C'est la fin des effets Covid et du boom de la reprise qu'on a connu. On va revenir à une croissance des dividendes plus normale.
10:51 Exactement. Vous l'évoquiez 2024. Nous, on ne l'évoque pas encore.
10:56 Trimestre après trimestre. On va voir ce qui va se passer évidemment les trimestres après. On peut faire plein de présomptions.
11:04 Mais aujourd'hui, et c'était très intéressant dans la discussion que vous avez eue juste avant, l'impact de l'inflation, l'impact de la hausse des taux d'intérêt qui va se poursuivre ou non va donner d'incertitudes.
11:15 Et on voit notamment sur les bancaires, par exemple, qui sont des gros payeurs de dividendes. Ça a des impacts très forts. Et donc, on préfère ne pas se positionner encore pour 2024.
11:22 Puis c'est trimestre pour trimestre. Et on a encore le quatrième trimestre devant nous pour ensuite évoquer les perspectives 2024.
11:28 Merci beaucoup Charles-Henri Herrmann, directeur du développement France de Janus Andersen Investors qui vient nous voir régulièrement avec ses résultats trimestriels qui concernent les dividendes mondiaux.
11:38 Et cette étude Janus Andersen qui aujourd'hui est une référence mondiale en la matière.
11:42 Voilà pour cette édition de Smart Bourse.
11:44 Aujourd'hui, on se retrouve évidemment demain. Émission que vous retrouvez dès ce soir en replay sur bsmart.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
11:52 [Musique]