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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 C'est une !
00:01 Emmanuelle Ducrox, bonjour !
00:03 Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:05 Alors, vous revenez ce matin sur une des promesses de la municipalité parisienne.
00:08 On allait pouvoir se baigner en plein air cet été à Paris, se baigner dans la Seine.
00:13 Tous nos espoirs ont été douchés.
00:15 Vous savez, la baignade urbaine à Paris, c'est un vieux fantasme.
00:17 Ça voudrait dire que la ville est enfin devenue ce havre écolo qui nous est si souvent promis.
00:21 Mais dans les faits, les expériences de cet été ont toutes bu le bouillon.
00:25 C'est vraiment le mot qui convient.
00:27 La mairie avait prévu d'ouvrir à la baignade le canal Saint-Martin, épicentre du beau boland parisien, tous les dimanches de l'été.
00:33 La première séance le 9 juillet a dû être annulée, l'eau était polluée.
00:36 Et ensuite, ça a été la cata.
00:38 Des neuf dimanches de baignade prévues, deux seulement ont pu avoir lieu.
00:41 Pareil, un peu plus loin sur le canal de l'Ourc, quatre bassins sont normalement ouverts à la baignade.
00:46 Le plus souvent fermé, et je ne vous parle même pas de la Seine,
00:49 qui n'a pu accueillir aucune des trois épreuves test de natation pour les JO de l'an prochain.
00:55 Bref, une catastrophe.
00:56 - Et ça c'était pour raison sanitaire, les eaux étaient impures.
00:59 - Bah oui, il faut avoir le cœur bien accroché pour avoir envie de se baigner dans le canal de l'Ourc ou dans le canal Saint-Martin,
01:03 dont les rives se transforment l'été en lieu de beuveries et les eaux en poubelle à pique-nique.
01:07 Et ça, ça n'est pas qu'une impression.
01:09 Si la baignade a été interdite, c'est à cause des bactéries fécales qui barbotent dans les eaux parisiennes.
01:14 Escherichia coli, enterrocoque, avec des taux qui dépassent de loin les normes admises,
01:19 à la clé des infections urinières, des infections gastriques, des infections de la peau quand on a des petites lésions.
01:24 Puis le plus grand risque, c'est d'attraper la leptospirose,
01:27 une maladie bactérienne potentiellement mortelle qui se transmet par les urines et les cadavres des rats.
01:32 Ça calme assez radicalement les envies de baignade.
01:34 - Oui, on va gérer à la piscine, effectivement.
01:36 Est-ce qu'on va finir par y arriver, à se baigner quand même en plein Paris ?
01:40 En 98, Jacques Chirac, à l'époque qui était maire de Paris, avait promis déjà qu'il y piquerait une tête.
01:45 Bon, il ne l'a jamais fait.
01:46 - Bah oui, on en parle depuis des décennies, mais ça paraît compliqué.
01:48 Alors, il y a des facteurs impondérables qui peuvent rendre les eaux bactériologiquement en dangereuses.
01:52 La météo, la température élevée, les orages, la surpopulation des baigneurs.
01:56 Il y a tout pour créer un bouillon de culture.
01:58 Et les bassins de rétention des eaux pluviales qui ont été mis en place ne fonctionnent pas vraiment.
02:03 Et tout ça, ça ne va pas s'arranger avec le réchauffement climatique.
02:06 Autant dire que pour les G.E.A.U., il faut croiser les doigts bien fort.
02:09 Parce que selon le comité Paris 2024, il n'y a tout simplement pas de plan B
02:13 si la Seine n'est pas praticable le jour des épreuves.
02:16 - Vous dites que la qualité des cours d'eau parisiens, finalement,
02:18 c'est un exemple parmi d'autres de l'incurie générale qui règne à la mairie de Paris.
02:22 - Bah oui, et de sa pratique quotidienne de la pensée magique et politique du "y'a qu'à".
02:26 Y'a qu'à vouloir se baigner dans la Seine ou dans le canal de Lourdes pour que ce soit possible.
02:29 Mais se donner les moyens, c'est quand même autre chose.
02:32 En fait, on retrouve dans les eaux de la Seine et dans les canaux,
02:34 tout ce qui relève du mauvais entretien, du délabrement de Paris, une ville en quasi-bankroute.
02:39 Les trottoirs pas nettoyés, les détritus qui jonchent le sol,
02:42 le bric-à-brac inclusif en décomposition,
02:44 les rats qui prolifèrent et contre lesquels personne ne veut plus agir,
02:48 tout ce qui n'est pas ramassé, toutes les saletés qui s'accumulent dans les herbes
02:51 qui ne sont pas coupées au nom de la biodiversité,
02:53 quand il pleut fort, ça bouche les canalisations, ça fait déborder les égouts,
02:57 et tout ça, eau de pluie, eau usée, polluants, huile crasse,
03:00 tout ça termine dans la rivière.
03:01 C'est pourtant limpida. On ne peut pas avoir une rivière propre dans une ville sale.
03:06 - Merci beaucoup, Emmanuelle Ducrox.
03:08 Ça donne vraiment pas envie de se baigner, là, votre histoire.
03:10 Leptospirose, bouh !