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00:00 Bonjour à tous et bienvenue sur le stand de Capital à la conférence de rentrée du MEDEF, la REF 2023.
00:12 Aujourd'hui nous recevons Emmanuel Botta, rédacteur en chef du magazine Capital et aussi auteur d'une enquête sur Elon Musk.
00:18 Elon Musk, l'enquête inédite aux éditions Robert Laffont. Bonjour Emmanuel.
00:21 Bonjour Julien.
00:22 Alors on va aborder cette personnalité d'Elon Musk sous l'angle de ce rachat de Twitter depuis devenu X.
00:29 Alors Elon Musk l'a racheté vraiment en octobre dernier mais il a mis des semaines avant vraiment de se prononcer sur ce rachat et d'y aller vraiment.
00:36 Comment l'expliquer ? Est-ce que c'était un coup monté de sa part pour faire baisser les prix ou vraiment une hésitation ?
00:42 C'est vrai qu'effectivement on l'a un peu oublié maintenant mais il y a eu quand même des semaines de vassalisation où Elon Musk après avoir dit "je rachète Twitter pour 44 milliards de dollars"
00:50 très vite a dit "ouh là là mais en fait non les chiffres sont pas les bons, j'ai regardé avec mes équipes, il y a beaucoup moins de vrais utilisateurs qu'annoncés,
00:58 il y a des bots, des robots qui se font passer pour les utilisateurs".
01:01 Donc en résumé, j'en ai pas pour mon argent, donc il a pas dit comme ça mais on avait l'impression qu'il voulait négocier le tarif à la baisse.
01:08 Le problème c'est qu'il avait déjà signé le contrat, qu'il était très engagé et que donc tout ça allait finir devant un tribunal et qu'au début de l'été il a compris clairement qu'il allait perdre.
01:18 Donc ses avocats lui ont dit "non en fait à un moment quand on a signé un contrat, on l'honore".
01:24 Et donc il a effectivement acheté pour 44 milliards de dollars.
01:28 La vérité c'est qu'il l'a acheté cher parce qu'entre le moment où il s'est positionné sur Twitter où on s'en rappelle les cours d'action de toutes les entreprises de la tech étaient très hautes
01:36 et le moment où il fait le chèque, le cours des actions s'est pas effondré mais en tout cas fortement baissé.
01:42 Donc oui il a acheté très cher Twitter.
01:44 Alors il a payé le prix fort et en plus dans un secteur qu'il connaît pas vraiment parce qu'on le rappelle Musk c'est la voiture électrique, les lanceurs spatiaux, les constellations de satellites mais alors les réseaux sociaux.
01:54 C'est vrai que ça c'était la grande surprise effectivement le jour où il y a eu la rumeur qui s'est très vite confirmée d'Elon Musk qui voulait racheter Twitter.
02:01 Alors on savait qu'il était intéressé par Twitter parce que c'est son outil de communication privilégié pour le rappel.
02:06 Pour mémoire pardon il a 180 millions d'utilisateurs qui le suivent sur Twitter mais c'est vrai qu'on se disait ok c'est peut-être son joujou préféré mais de là à mettre des milliards et des milliards pour l'acquérir c'était quand même assez surprenant.
02:18 Et effectivement c'est très loin de ce qu'il fait car en général plutôt de l'industrie très lourde.
02:22 Après il y a quand même une logique économique quoi il s'est pas juste fait plaisir et puis il y a des banquiers évidemment qui l'ont suivi.
02:27 C'est qu'il a vu une plateforme sociale qui marche bien qui est une caisse de résonance mondiale gigantesque sans commune mesure avec des journaux qui est bien plus puissante mais qui était entre guillemets sous-exploité dans le sens où elle a quasiment jamais gagné d'argent.
02:42 Et lui il s'est dit moi je pense que si je polie le diamant et que j'affine un certain nombre de leviers je peux en faire une cache machine et notamment son idée effectivement c'était de transformer d'aller beaucoup plus loin que la plateforme sociale pour en faire qui donc ne dépend quasiment que de la publicité pour en faire trouver des leviers de paiement récurrent et direct.
03:08 D'accord alors la méthode Musk c'est aussi quelques jours dans les jours qui ont suivi son rachat il a licencié quasiment la moitié des effectifs du réseau social alors pourquoi une telle décision de tel licenciement ?
03:19 Alors c'était qu'une demi-surprise parce qu'il avait dit quand même très clairement dans ses différents échanges en gros qu'il estimait que la fois les gens étaient trop nombreux et plus ou moins nuls.
03:28 Enfin c'est vraiment il le disait comme ça donc les choses étaient assez claires. La vérité c'est qu'aussi les effectifs chez Twitter étaient pléthoriques.
03:34 Enfin nous pour le livre on a réussi à avoir l'ancien numéro 2 qui était français donc le directeur commercial qui s'est fait virer d'ailleurs en quelques jours par Elon Musk qui nous expliquait lui-même oui qu'objectivement il y avait 25 à 30% de personnel qui était en trop parce qu'en fait comme ça marchait plutôt bien on embauchait à tour de bras.
03:54 Il n'y avait jamais vraiment de nécessité de gagner de l'argent alors certaines années ça perdait un peu d'autres c'était plus ou moins à l'équilibre et il nous racontait par exemple que quand il y avait un projet on vous disait alors je sais pas vous avez 4, 5, 6 semaines et si les gens arrivaient avec le projet 2 ou 3 mois plus tard bah c'était pas très grave en fait personne vous disait ah c'est quand même compliqué il y a un final cut et donc il y avait une espèce de côté un peu ce qu'il nous expliquait un côté presque ONG quoi.
04:18 Les gens se rendaient plus compte qu'il fallait gagner de l'argent donc il y avait une déshérence totale donc pour en revenir sur Elon Musk effectivement là où il y aurait dû on aurait dû licencier 25 à 30% de gens lui il a fait partir 70% de gens donc ça c'est aussi la patte Musk c'est à dire que soit vous le suivez soit sinon vous partez si vous n'êtes pas content vous partez et il y a par ailleurs il y a tous ceux aussi qui sont partis d'eux-mêmes parce qu'ils se sont dit en fait chez Twitter c'était un nid très très très douillet avec Musk ça valait beaucoup moins.
04:44 En plus l'autre gros changement impulsé par Elon Musk à son arrivée c'est sur on va dire la ligne éditoriale de ce réseau social c'est à dire il défend absolument la liberté de parole tout le monde doit pouvoir s'exprimer donc c'est quand même pas sans conséquences.
04:56 Oui c'était ça encore une fois il l'avait dit très clairement d'ailleurs quand il a quand on lui demandait pourquoi vous voulez racheter Twitter il mettait pas en avant le fait qu'il voulait effectivement dégager de l'argent à court ou moyen terme c'était tout de suite c'était freedom of speech quoi il se posait un peu comme le défenseur ultime de la liberté de parole et il estimait que sur Twitter il n'y avait pas vraiment de liberté de parole parce que plein de gens étaient censurés et notamment effectivement la première chose qu'il a fait en arrivant c'est de remettre actif le compte de Donald Trump qui avait été suspendu suite évidemment à l'attaque du capitalisme.
05:25 Il a aussi réouvert un grand grand nombre de sites de complotistes de tous bords de gens misogynes racistes bref et d'ailleurs il y a eu une étude qui est parue avant l'été aux Etats-Unis qui ont montré une explosion du nombre de tweets haineux misogynes complotistes alors il n'y a pas très longtemps Elon Musk a dit le contraire mais enfin évidemment un c'est faux et d'autant plus faux qu'il le sait très bien puisque 80% quasiment des équipes qui étaient chargées effectivement de monétiser les tweets et de s'assurer que les tweets étaient bien répandus.
05:53 Et de les modérer en résumé ont été licenciés donc en fait il y avait quasiment plus personne pour modérer les propos haineux et en même temps vous rouvrez la boîte de Pandore à tous les tous les fous tous les extrémistes de la planète donc la vérité c'est que oui c'est devenu alors selon lui sa conscription de liberté de parole c'est que tout le monde doit pouvoir parler.
06:19 Et à la fin finalement les lecteurs mais plutôt les utilisateurs de la plateforme doivent se faire leur propre avis bon c'est une conception commune.
06:29 Dans sa conception d'ingénieur en gros +1 -1 on arrive à 0.
06:35 Alors peut-être qu'au niveau par contre business et publicitaire c'est ça reste à prouver cette équation puisque on estime que la moitié des annonceurs ont d'ores et déjà fui le réseau donc là cette stratégie là au niveau business.
06:47 C'est assez catastrophique effectivement puisque dès qu'il est arrivé les annonceurs ont tout mis sur pause effectivement il comme il avait dit très clairement qu'il allait rouvrir un certain nombre de comptes haineux on va dire.
06:58 Puis effectivement ça s'est concrétisé et assez logiquement les annonceurs ils n'ont jamais envie d'être accolé à un site ou à des propos extrêmement haineux de voir leur pub à côté de gens qui ont des propos complotistes parfois totalement délirants.
07:12 Donc c'est un repoussoir c'est un tu l'amour pour les annonceurs alors aujourd'hui effectivement on estime qu'il a perdu plus de 50% de son chiffre d'affaires pub qui est gigantesque.
07:20 Puisque encore une fois Twitter gagne sa vie à 95% par les pubs aujourd'hui il n'a pas d'autre levier pour gagner de l'argent.
07:29 Maintenant la question c'est est-ce que les annonceurs vont fuir Advitam ou est-ce qu'ils vont revenir parce que les annonceurs ils sont quand même très pragmatiques ils vont là où il y a l'audience.
07:37 Et aujourd'hui l'audience c'est quand même essentiellement sur Twitter ça reste encore une caisse de résidence gigantesque.
07:44 Alors il y a quand même eu aussi un concurrent qui s'est lancé récemment et pas des moindres puisque c'est Meta Facebook qui a lancé son propre réseau copié de Twitter Thread.
07:53 Alors quel danger pour Elon Musk là-dessus ?
07:56 C'est vrai qu'il y a eu un départ assez fulgurant je crois de mémoire que la première semaine il y a eu 50 millions d'utilisateurs ce qui était assez gigantesque.
08:05 Il faut dire aussi que Meta pouvait s'appuyer sur son milliard d'abonnés Instagram qui ont tous reçu un message "Thread se lance, allez-y abonnez-vous".
08:14 Donc forcément dans le tas il y en a tout un tas qui sont venus pour voir, qui ont testé le modèle.
08:19 Manifestement ils n'ont pas tous été séduits puisque aujourd'hui on est redescendu de 49 millions à moins de 10 millions d'utilisateurs par jour à comparer à presque plus de 270 millions d'utilisateurs sur Twitter.
08:31 Donc pour l'instant la menace elle est quand même assez lointaine, maintenant c'est quand même Meta, ils savent faire en matière de réseaux sociaux.
08:37 Et comme par ailleurs effectivement un certain nombre de personnes importantes, des gens qui utilisent et des gens qui font Twitter,
08:43 enfin qui font dans le sens les people qui font Twitter s'interrogent et disent "moi je vais finir par quitter Twitter parce que j'ai pas envie d'alimenter un espèce de repère de complotis.
08:52 J'ai pas envie de donner de l'argent à Elon Musk parce qu'Elon Musk est pas très aimé notamment dans ce que je qualifierais la gauche américaine et même dans d'autres pays.
09:01 Mais le fait c'est que le produit Thread est aujourd'hui encore largement appauffiné.
09:07 Donc pour l'instant il n'y a pas péril dans la demeure mais c'est un concurrent sérieux.
09:12 Alors autre décision étonnante d'Elon Musk et très récente c'est rebaptiser Twitter en X.
09:18 Les utilisateurs ont d'ailleurs vu sur leur appli se transformer d'un coup d'un seul avec un X sur son noir.
09:24 Pourquoi ce choix ?
09:26 Oui il l'a fait encore à l'Elon Musk, c'est à dire un petit peu à l'arrache en prenant les gens très très vite sans trop leur demander leur avis.
09:36 X en fait c'est le nom, enfin X.com à l'époque c'était le nom d'une des toutes premières entreprises qu'il a créé avec son frère
09:43 qui avait pour objectif d'être une banque en ligne avant la création de toutes les banques en ligne.
09:48 Sauf que l'idée était géniale, on l'a vu après, sauf que techniquement c'était pas encore assez abouti
09:54 parce que les gens avaient pas encore un abonnement, tous un abonnement internet, parce que les réseaux n'étaient pas assez puissants etc.
10:00 Et d'ailleurs il a fini par fonder X.com dans Paypal, Paypal qui a ensuite été racheté par eBay.
10:05 Mais il a toujours eu cette idée effectivement de banque en ligne et il a toujours aimé X.
10:10 On le voit dans Space X, c'est un sigle qu'on retrouve dans un grand nombre d'entreprises.
10:15 Un de ses enfants s'appelle X quelque chose je ne sais plus quoi, enfin bref il a une petite obsession autour du X.
10:21 Alors pourquoi ? Il y a plein d'histoires qui circulent.
10:25 Une serait que notamment ça serait le X de la science qui veut dire l'inconnu mais du coup ce qui était aussi à découvrir.
10:32 D'autres que ça serait une serveuse qui un jour effectivement quand il cherchait le nom de sa première entreprise à trancher sur X.com.
10:40 Bon en tout cas on sent qu'il aime bien cette lettre, qu'il veut la mettre partout.
10:43 Mais au delà de la lettre, ça symbolise aussi un vrai changement, c'est pas juste un changement de nom.
10:47 Ce qu'il veut faire aujourd'hui, enfin très vite, il l'a dit très clairement, c'est faire une application ultime
10:52 qui sera à la fois un réseau social, une plateforme d'échange mais aussi une banque en ligne, voire une application où on peut faire du gaming.
10:59 Et en fait un de ces modèles c'est le chinois WeChat qui est effectivement déjà pas une application ultime mais une application très complète.
11:05 Et là du coup ce qui est assez malin et c'est là qu'on voit qu'il y a une logique, c'est une façon aussi de desserrer l'étreinte
11:10 et de ne plus être seulement dépendant de la pub mais aussi d'avoir plein d'autres revenus en dehors de la publicité.
11:16 Très bien, merci beaucoup. On voit que c'est un projet d'ampleur en fait.
11:20 Je pense qu'on trouvera plus de détails dans le livre, sur l'enquête inédite sur Elon Musk.
11:25 Merci Julien.
11:26 C'est bien.