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00:00 Léon Tolstoy, Dostoevsky, Pouchkine...
00:03 Dans les oeuvres de ces célèbres auteurs russes, on peut y trouver du français.
00:07 Notamment parce qu'ils le parlent eux-mêmes.
00:09 La religion, c'est le rapport de l'homme envers la vie éternelle.
00:14 Cette maîtrise de la langue de Molière n'a rien de surprenant,
00:17 car elle est en vogue en Russie au 18e et 19e siècle.
00:21 A partir de 1682, la Russie est sous le règne de Pierre le Grand.
00:24 Le Tsar, qui deviendra empereur, veut ouvrir la Russie à l'Occident.
00:28 C'est à cette époque-là que les Russes vont établir des postes diplomatiques un peu partout en Europe.
00:33 Et à cette période, le français est la langue véhiculaire, celle des échanges en Europe.
00:37 En plus, elle permet d'accéder aux écrits des philosophes des Lumières.
00:40 Ces derniers fascinent Catherine II, impératrice à partir de 1762,
00:44 qui soutient même certains d'entre eux comme Diderot.
00:46 Les Lumières popularisent cette universalité du français à travers l'Europe.
00:49 Mais la francophonie de la Russie est un exemple particulier.
00:52 Elle a touché pour une partie des élites russes leur sociabilité, même leur vie de famille,
00:58 ce qui ne s'est pas passé dans toutes les puissances européennes de l'époque.
01:01 Car contrairement aux autres pays, il n'y a pas de tradition latine préexistante
01:05 qui entre en concurrence avec le français.
01:07 Cette francophonie se développe avant tout au sein de la haute noblesse.
01:10 Elle devient une langue de distinction sociale.
01:12 Une marque de prestige.
01:14 Pas seulement d'ailleurs pour se distinguer des autres couches sociales,
01:18 mais comme on pense, pour se distinguer aussi à l'intérieur de cette large noblesse russe.
01:27 Les élites russes placent le français au centre de leur éducation,
01:30 avec la présence de précepteurs venant de France.
01:32 Les jeunes nobles, pour ne pas faire leur éducation,
01:35 allaient faire le grand tour des pays européens
01:38 et utilisaient le français dans la communication lors de leurs voyages.
01:42 Donc en fait, tout ceci explique aussi le niveau que ces Russes ont pu atteindre en français.
01:50 Souvent, c'était vraiment un excellent niveau.
01:52 L'importance du français dans l'éducation est telle
01:54 qu'elle prend parfois la place du russe dans les communications privées.
01:57 Les princes Golitsyn, donc une des familles très haut placées dans la Russie de cette époque,
02:04 les enfants et les parents correspondaient en français systématiquement.
02:08 Et d'ailleurs, toute leur correspondance pratiquement est dans cette langue.
02:12 Catherine II reçoit des artistes français à la cour,
02:14 comme Étienne Falconet, qui sculpte le cavalier de bronze,
02:17 monument iconique de Saint-Pétersbourg.
02:19 Et quelques-uns s'y installent, comme Marius Petipa,
02:21 chorégraphe de plus de 60 ballets, dont certains que vous connaissez peut-être.
02:24 [Musique]
02:35 La littérature russe du 19e siècle témoigne de cette francophonie.
02:38 Dans "Guerre et paix" de Léon Tostoy, se cumulent 34 pages écrites en français.
02:42 Tostoy, je pense, a utilisé le français pour dépeindre le mieux possible
02:48 cette société qu'il a connue, parce que lui-même,
02:50 il appartenait à cette grande noblesse russe.
02:53 Mais on voit également la présence de la langue dans d'autres strates de la société.
02:56 Quand on lit Tostoyevski et Tchaikov, les personnages de ces écrivains,
03:02 généralement, n'appartiennent pas à la grande noblesse,
03:04 mais souvent utilisent quand même des phrases en français.
03:09 Mais cette francophonie s'estompe avec les grands bouleversements politiques.
03:12 À partir de 1917, donc la révolution russe,
03:16 le français a beaucoup plus de problèmes.
03:19 Je pense en partie parce qu'il était encore associé à cette francophonie élitiste.
03:27 Donc forcément, après la révolution,
03:29 l'apprentissage du français commence à être suspect.
03:33 Le français a aussi laissé des traces dans la langue
03:35 avec certains mots qui sont entrés dans le vocabulaire russe.
03:38 Il y en a encore beaucoup, parfois des mots assez évidents,
03:44 comme « révolutsia », « révolution », « appasitia », « opposition », « alliance ».
03:51 Mais il y a aussi des mots moins évidents,
03:53 par exemple « abajur », « cachepot », etc.
03:58 Le russe garde encore des marques, des traces de ses influences culturelles du 19e et du 18e siècle.
04:06 [Musique]

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