Chroniqueur : Cyril Graziani
Ce matin, Cyril Graziani reçoit Prisca Thévenot, secrétaire d'État à la jeunesse et au service national universel, dans les 4 vérités.
Ce matin, Cyril Graziani reçoit Prisca Thévenot, secrétaire d'État à la jeunesse et au service national universel, dans les 4 vérités.
Category
📺
TVTranscription
00:00 Bonjour Priscale Thévenot.
00:03 Bonjour.
00:04 Alors on vous a annoncé au porte-parole à l'égalité femmes-hommes
00:07 et finalement vous atterrissez à la jeunesse et au SNU.
00:11 Il y a eu un petit jeu de chaises musicales, vous l'avez vécu comment ?
00:14 On m'a surtout annoncé là où je dois être, c'est-à-dire là où je dois être
00:18 pour servir au mieux notre pays et répondre aux attentes du quotidien des Français.
00:24 On a parlé aussi d'un remaniement à minima ces derniers jours,
00:28 les critiques ont fusé.
00:30 Vous considérez que c'est à minima, que c'est suffisant aujourd'hui
00:33 ce remaniement pour la politique gouvernementale ?
00:36 Il ne s'agit pas simplement d'une histoire de casting,
00:38 il s'agit surtout d'une histoire d'action politique.
00:42 Et ce que effectivement ce nouveau gouvernement montre,
00:45 c'est une volonté de poursuivre, d'être dans la continuité d'une efficacité
00:49 au service de notre pays, face aux grands enjeux que nous traversons,
00:53 face aux grands défis qui sont face à nous.
00:56 Et d'ailleurs le Président de la République hier l'a rappelé,
00:59 et exactement en début de Conseil des ministres,
01:02 en rappelant que nous avions des défis à relever en termes d'indépendance,
01:05 différentes indépendances financières, indépendances énergétiques,
01:10 indépendances diplomatiques, et ce n'est qu'en travaillant sur ces indépendances
01:14 que nous pourrons continuer à œuvrer sur les quatre chantiers prioritaires
01:18 que nous menons depuis maintenant 2017, à savoir effectivement
01:21 le progrès social, la réindustrialisation et l'emploi,
01:24 mais également la planification écologique.
01:27 Est-ce que c'était son rôle justement de fixer ce cap
01:30 alors qu'il avait la Première ministre tout proche,
01:33 qui est chef de la majorité, qui fixe la ligne gouvernementale ?
01:37 On a l'impression qu'il y avait un partage des rôles un peu ambigü
01:39 entre lui et sa Première ministre.
01:42 De façon très claire, et je ne vous apprends rien,
01:44 la Ve République répond à des critères très précis.
01:47 Le Président de la République fixe un cap,
01:50 un cap sur lequel d'ailleurs il a été élu démocratiquement,
01:53 et la Première ministre et le gouvernement,
01:55 nous exécutons et nous mettons en place ce cap.
01:58 Je pense que les rôles sont respectés.
02:00 Vous en êtes sûre, ça ?
02:02 Absolument.
02:02 Hier, c'était évident pour vous ?
02:04 Oui, et je pense que ça l'a été pour tout le monde.
02:07 Alors, le Président a aussi dit que les ministres dirigent leurs administrations.
02:10 Être ministre, ce n'est pas parler dans le poste.
02:13 On vous a invité, donc on ne va pas vous reprocher de venir parler dans le poste,
02:16 mais vous avez compris ce qu'il voulait dire ?
02:18 Oui, bien évidemment, et encore une fois,
02:21 loin de moi l'idée de vouloir ici vous expliquer en long, en large, en travers
02:25 ce qu'il a voulu dire, je pense qu'on l'a tous compris.
02:26 Il ne s'agit pas simplement de venir défendre des égaux,
02:30 mais bien de servir des idéaux.
02:33 Et donc, je pense qu'aujourd'hui, plus que jamais,
02:35 ce qu'on nous demande, ce n'est pas d'essayer de nourrir vainement
02:38 des polémiques quotidiennement,
02:40 mais de venir écrire l'action politique.
02:42 Et c'est d'ailleurs ce que nous demandent les Français,
02:45 et tout particulièrement ce que nous demande notre jeunesse.
02:47 C'est ce qui a manqué ces derniers mois,
02:49 justement, de venir défendre la politique gouvernementale ?
02:52 C'est pas ce qui a manqué ces derniers mois et ces dernières années,
02:55 et ce n'est pas encore moi qui vais vous le dire,
02:57 puisque avant, effectivement, d'avoir la mission à qui m'incombe aujourd'hui,
03:01 j'étais porte-parole aussi bien du mouvement politique
03:05 En Marche, Plus Renaissance,
03:06 et ensuite du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale.
03:09 Mais c'est vrai, soyons honnêtes, qu'au cours des dernières semaines
03:12 et des derniers mois, il y a eu beaucoup de bruit polémique, médiatique,
03:16 qui a un peu brouillé le champ d'action de ce qu'on faisait en termes de politique.
03:21 Et nous devons aujourd'hui ramener de la raison dans tout cela.
03:23 Bien évidemment, les débats doivent continuer à être denses, âpres,
03:26 et ils le sont, assurément.
03:27 D'ailleurs, je crois qu'à l'Assemblée nationale,
03:29 ils se sont poursuivis tard dans la nuit hier soir.
03:31 Mais cela ne doit pas se faire au détriment d'une cohérence politique
03:34 qui est menée maintenant depuis 2017.
03:36 Emmanuel Macron, il l'a rappelé,
03:38 souhaite une réponse complète et profonde aux émeutes
03:41 qui ont eu lieu début juillet.
03:43 La réponse du président à ces émeutes, elle vous convient ?
03:46 Est-ce qu'elle est suffisante ?
03:47 Parce que complète et profonde, ça veut dire quoi ?
03:49 De façon très claire, je pense que tout a été dit,
03:52 en tout cas beaucoup a été dit sur les émeutes.
03:56 Même au-delà de ce qui a été dit,
03:57 beaucoup a été fait, et très rapidement en termes de sécurité et de justice,
04:01 par les actions mises en œuvre très rapidement et efficacement
04:05 par à la fois Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti.
04:07 Mais vous savez, je suis devant vous ce matin,
04:09 au-delà des images que nous pouvons voir,
04:11 ce n'est pas simplement pour parler des émeutiers,
04:14 mais c'est surtout pour parler de notre jeunesse.
04:16 Notre jeunesse tout entière.
04:17 Et je pense que c'est aussi cela dont on doit pouvoir parler aujourd'hui.
04:20 Justement, la jeunesse, c'est le dossier que vous avez récupéré,
04:24 dossier explosif après ces émeutes du début du mois.
04:27 Quelle vision, quelle stratégie on doit adopter pour notre jeunesse aujourd'hui ?
04:32 Il y a déjà à comprendre que la jeunesse ne se résume pas
04:35 aux événements que nous avons commentés il y a quelques instants.
04:39 La jeunesse ne se résume pas à des personnes, des jeunes
04:42 qui vandalisent, qui saccagent, qui pillent.
04:44 Mais au-delà de cela, il y a quand même des alertes,
04:47 des cris d'alerte qui nous sont adressés par nos jeunes aujourd'hui,
04:51 en matière de progrès social, en matière de justice sociale,
04:55 en matière de planification écologique,
04:57 mais également d'émancipation par le travail.
04:59 Et pour cela, je vous l'ai dit en début d'interview,
05:03 le président de la République a rappelé notre cœur.
05:05 Il l'a réaffirmé.
05:06 Nous devons pouvoir avancer sur nos sujets d'indépendance,
05:09 qui sont divers et variés comme je vous l'ai dit.
05:11 Mais ce n'est pas des sujets qui parlent à cette jeunesse.
05:14 Certes, elle était minoritaire dans la rue au moment des émeutes,
05:19 mais il faut quand même, à un moment aussi, parler à ces jeunes,
05:22 essayer de leur faire comprendre.
05:24 Vous avez tout à fait raison, mais vous ne pouvez pas me dire
05:27 qu'effectivement les sujets d'émancipation,
05:29 les sujets de progrès sociaux, de justice,
05:32 mais également de planification écologique
05:34 ne sont pas des sujets qui parlent à notre jeunesse,
05:35 puisque ce sont justement ces sujets-là qui nous adressent.
05:38 Moi, au lendemain des émeutes, alors parlementaires,
05:41 j'ai réuni à peu près 80 jeunes à l'Assemblée nationale
05:44 qui venaient de différents quartiers de ma circonscription,
05:47 de Sèvres, Meudon, Ville d'Avray, Meudon-la-Forêt et Chaville.
05:52 Eh bien, tous m'ont adressé des sujets très concrets.
05:54 Mais un des premiers sujets qu'ils m'ont adressé,
05:56 vous le savez, c'était lequel ?
05:58 De façon très claire, c'était de me dire
06:00 comment je fais pour m'engager au plus près de chez moi.
06:03 J'ai une soif d'engagement.
06:04 Vous êtes en train de me faire venir le SNU, là.
06:06 Absolument pas.
06:07 Je suis en train de vous faire venir l'engagement
06:09 au sein des associations.
06:10 Beaucoup me disent qu'on a envie de s'engager dans des associations,
06:12 mais on ne sait pas lesquelles sont à côté de chez nous
06:14 et encore pire, comment les contacter.
06:17 Eh bien oui, au sein du ministère, effectivement, que j'ai la charge,
06:21 il y a cette capacité de le faire aujourd'hui.
06:23 Et je pense que c'est important aussi de le rappeler.
06:25 En allant sur la plateforme jeveuxaider.gouv.fr,
06:28 tous nos jeunes aujourd'hui, s'ils ont envie de s'engager,
06:31 d'avoir un lien avec une association de quartier,
06:33 de ville, de département, de région,
06:35 ils peuvent trouver à se renseigner dessus
06:38 et pouvoir aider très rapidement autour d'eux.
06:40 Et les parents dans tout ça ?
06:41 On a entendu qu'il y a peut-être des mesures
06:43 qui pourraient être adoptées,
06:44 des stages de parentalité obligatoire,
06:47 une amende spécifique pour les mineurs.
06:49 Vous, la ministre de la Jeunesse,
06:50 est-ce que vous pensez qu'on doit donner des amendes à des mineurs
06:53 qui sont responsables de violences ou des meutes ?
06:56 Déjà, j'aimerais juste rappeler quel est l'état de notre droit actuel.
07:00 Quand il y a des mineurs qui sont engagés effectivement
07:03 dans des infractions, dans des délits,
07:05 les parents sont responsables.
07:08 Et donc ça, je pense qu'il est important de le rappeler.
07:10 Je l'ai également rappelé pendant les émeutes.
07:13 Mais vous savez, plutôt que de parler de sanctions,
07:15 qui sont importantes et que nous avons évoquées,
07:18 je pense qu'il s'agit aussi de parler de prévention,
07:20 de dialogue, d'apaisement.
07:22 Parce qu'aujourd'hui, on est de plus en plus sur des fractures,
07:24 des divisions qui effectivement gangrènent notre pays et notre modèle.
07:28 Et pour y répondre, il faut qu'on puisse se remettre autour de la table
07:31 pour dialoguer à bâton rompu et n'avoir pas peur de sujets tabous.
07:35 Tout doit pouvoir être discuté et tout doit pouvoir trouver réponse.
07:38 Alors votre ministère, c'est aussi le SNU.
07:41 C'est le dossier très sensible avec la mission de généraliser
07:46 ce dispositif controversé.
07:47 C'est une promesse de campagne d'Emmanuel Macron.
07:50 Le SNU, c'était un des piliers voulus par le président.
07:54 Mais pour l'instant, c'est à minima.
07:57 Pourquoi minima ?
07:58 Parce que pas de généralisation encore.
07:59 Eh bien déjà, regardons concrètement ce qu'est le SNU aujourd'hui.
08:03 Effectivement, depuis la mise en place du SNU en 2019,
08:06 ce sont près de 90 000 jeunes qui se sont engagés
08:10 dans le cadre de ces jours de cohésion.
08:13 Ils étaient en 2019, 2000, répartis sur 13 départements.
08:16 En 2020, ils étaient effectivement beaucoup moins nombreux,
08:19 voire peu nombreux, parce qu'il n'y avait pas de nouvelles sessions
08:21 au-delà de la Nouvelle-Calédonie du fait de la crise Covid.
08:23 2021, 15 000. 2022, 32 000.
08:26 Et cette année, on attend les chiffres consolidés, exactement 40 000.
08:30 Donc vous voyez qu'il y a une montée en charge,
08:32 une progression très rapide.
08:34 40 000, c'est encore insuffisant.
08:35 Mais 40 000, ce n'est pas insuffisant quand on regarde
08:38 quel est l'objet même du service national universel.
08:41 C'est d'apprendre à jouer collectif,
08:43 à faire front commun au service de notre nation
08:45 pour défendre les valeurs qui sont les nôtres.
08:47 Donc plus que d'un sujet de fichiers Excel qu'on viendrait remplir
08:50 et se satisfaire en bas de page,
08:52 notre enjeu, c'est de cette montée en compétence de façon pérenne,
08:55 sereine pour notre modèle démographique,
08:57 notre modèle républicain, avec une jeunesse engagée pleinement,
09:01 telle qu'elle le veut d'ailleurs.
09:02 Alors dès mars 2024, le SNU sera proposé
09:05 comme un stage de 12 jours sur le temps scolaire
09:07 pour les élèves de classe de seconde,
09:09 mais seulement sur la base du volontariat.
09:12 Dans les études qui ont été faites ces derniers jours,
09:14 on observe que beaucoup de jeunes issus des quartiers populaires
09:18 et prioritaires de la politique de la ville ne sont pas dans le SNU.
09:22 Comment faire venir ces jeunes ?
09:24 On en parlait tout à l'heure par rapport aux jeunes de banlieue,
09:27 par rapport aux émeutes qui ont pu avoir lieu.
09:29 Comment on réussit à convaincre ces jeunes
09:32 que le SNU est peut-être la bonne solution ?
09:34 Tout d'abord déjà, regardons les chiffres.
09:36 Effectivement, par rapport à ce que vous m'annoncez,
09:38 on va regarder de façon très claire les chiffres.
09:40 Il y a à peu près moins de 10% des jeunes qui sont résidents dans les QPV,
09:45 les quartiers prioritaires de la ville,
09:47 qui sont dans les stages de cohésion du Service national universel.
09:50 C'est vrai, mais en vrai, ces chiffres sont à l'image de notre société
09:54 parce que selon les chiffres de l'INSEE 2018, si je ne me trompe pas,
09:58 il y a 9% des 15-24 ans qui sont résidents dans les QPV.
10:02 Vous allez me dire, oui, mais dans les derniers stages SNU, c'était 7%.
10:06 On n'est pas vraiment très loin et c'est en train d'augmenter.
10:09 Ce que je suis en train de vous dire là, en réalité,
10:11 c'est que le Service national universel n'est pas un service national universel
10:15 uniquement pour la jeunesse des QPV.
10:17 C'est un enjeu et un objectif pour la jeunesse en général.
10:21 Et donc, oui, nous devons faire en sorte que les jeunes issus des quartiers prioritaires
10:25 s'y intéressent, y aillent, mais pas que eux.
10:27 Sinon, nous passerons à côté.
10:29 Encore une fois, si nous voulons apprendre à jouer collectif,
10:31 à faire commun autour de nos valeurs, tous les jeunes doivent pouvoir y être représentés.
10:35 Merci beaucoup, Priska Tevlio.
10:36 Je rappelle, vous êtes la nouvelle ministre, la nouvelle secrétaire d'État à la jeunesse
10:40 et au Service national universel.
10:41 Bonne journée à tous.
10:43 Merci, Cyrille. Et merci à votre invité. Très belle journée à vous deux.