Mille vies ! Bambi a eu mille vies. De la Kabylie à Paris, des cabarets de nuit aux salles de classe, d'un genre à un autre, Bambi vécut romanesquement. Pour le dernier 9H10 de la saison, nous recevons celle qui fut en avance sur son temps et qui, à 87 ans, va nous raconter son incroyable destinée.
Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00 19h09, le 7 9 30, sur France Inter. Sonia, votre invitée ce matin, ce matin,
00:11 votre invitée se fait appeler Bambi. Bambi, bonjour Marie-Pierre Priveau, bonjour
00:16 Bambi. Bonjour. Longtemps professeur de français,
00:19 donc voilà, on discute du verbe abjurer. J'aimerais qu'on se replonge dans votre
00:25 petite enfance qui est lointaine, vous avez 87 ans aujourd'hui, votre enfance en Kabylie.
00:32 Est-ce que vous sauriez dire aujourd'hui, quand vous étiez petite, quel était ce
00:38 sentiment de se sentir fille ? Comment on le sait, qu'on est née fille dans un corps
00:44 de garçon mais qu'on sent cette féminité-là ?
00:48 Vous savez, je peux difficilement expliquer comment on le sent. Ce que je peux vous dire,
00:55 c'est que je voulais absolument mettre des robes, que quand je me regardais dans la glace,
01:03 je ne pouvais pas me supporter, j'étais obligée de m'imaginer différemment, donc
01:08 je voyais dans la glace quelqu'un que je refusais, je me refaisais un petit peu dans
01:13 la glace et je jouais, je jouais avec la petite voisine, on jouait ensemble, à la
01:21 maman, je ne sais plus quoi. Et l'après-midi, on habitait chez ma grand-mère, il y avait
01:29 ma mère, des tantes et voisines qui venaient, ça formait une sorte de gynécée. Et là,
01:35 je voulais moi aussi coudre comme tout le monde, on me laissait faire.
01:40 Votre petite enfance s'est déroulée en Kabylie ?
01:42 Oui, ma petite enfance s'est déroulée en Kabylie et je suis restée en Kabylie jusqu'à
01:48 mon départ pour Paris. C'est-à-dire qu'à part les deux ans que j'ai vécu, non, un
01:53 an et demi que j'ai vécu à la Pointe Pescade dans le banlieue d'Alger, le restant j'ai
01:57 vécu entièrement en Kabylie.
01:59 Et c'est un souvenir heureux, cette féminité découverte à Taton quand vous étiez petite
02:06 ou c'est un souvenir douloureux ?
02:08 Écoutez, quand je pense à mon enfance, je ne pense pas à mes malheurs, je pense au
02:15 bonheur du jardin de ma grand-mère, l'amour de ma grand-mère. Ce qui m'a été le plus
02:20 douloureux, c'est les exigences de ma mère à l'école. Parce que pour entrer à l'école,
02:26 on y est entré à six ans à l'époque, pour entrer à l'école, il a fallu que je ne
02:31 mette plus du tout de robe, que les cheveux soient coupés très courts et que tous les
02:36 soirs il faille faire des devoirs et apprendre des leçons. Je m'obstinais à refuser tout
02:42 ça.
02:43 Les écoles étaient non-mixes ?
02:44 Non-mixes, non, non. Mais ça ne me dérangeait pas. Mes petits camarades ne me dérangeaient
02:50 pas du tout. Je ne les fréquentais pas, je restais dans mon coin, mais ils ne me dérangeaient
02:55 pas. Vous savez, c'était des villages, tout le monde se connaissait.
03:02 Mais au fond, peut-être que c'est à l'exigence de cette maman que vous devez, après de longues
03:09 péripéties qu'on va raconter Bambi, d'avoir passé votre bac à l'âge de 33 ans ? Vous
03:14 avez quel âge quand vous avez eu votre bac ?
03:15 33 ans.
03:16 33 ans. Et puis dans les années qui suivent, un capet de lettres pour enseigner le français.
03:22 Peut-être qu'au fond, ça s'est joué à six ans avec cette maman qui vous a coupé
03:26 les cheveux et qui vous a obligé d'aller à l'école ?
03:28 Mais bien sûr, c'est grâce à elle que j'ai appris à lire. Parce qu'en classe,
03:33 je refusais tout aussi. Enfin, on ne me forçait pas plus qu'il ne fallait, mais ma mère
03:38 me forçait autant qu'il était indispensable. Et c'est vrai que j'ai appris à lire et
03:43 j'ai appris à m'en sortir à l'école parce que j'ai vite eu… Enfin, j'ai
03:50 vite… En trois ans, j'avais pris le goût de l'école. C'était quand même différent.
03:53 - Il vous faudrait une femme, une femme, une femme, une femme, une femme, une femme, une
04:12 femme. Mais pas n'importe quelle femme, quelle femme, quelle femme, quelle femme, quelle
04:13 femme, quelle femme, non. Je sais que les filles intéressées sûrement ne moquent pas.
04:14 C'est une épouse qu'il vous faudrait pour balayer tout ça. Prenez donc une femme,
04:21 une seule, mais qui remplisse enfin votre maison de joie. Il y a trente célibataires
04:29 qui vivent sur la terre sans l'amour d'une femme. Allons, prenez donc une femme, vous
04:36 ne le regretterez pas. - Et c'est Bambi qui chante. Vous avez été
04:42 une très belle danseuse, vous avez été une très belle chanteuse. Ça vous fait plaisir
04:46 de vous entendre chanter aujourd'hui ? - Ça m'amuse un peu parce que face à moi,
04:50 vous faites plein de mimiques très ravissantes. - Ça m'amuse, oui. Il y a si longtemps,
04:58 je ne sais pas en quelle année j'ai dû enregistrer ça.
05:02 - On n'a pas retrouvé la date, on a eu du mal à retrouver ces enregistrements.
05:05 - C'est dans les années 50 en tout cas. Un peu plus tôt ou un peu plus tard, mais
05:09 c'est dans les années 50. - J'aimerais que vous nous racontiez dans
05:11 les années 50 le rôle joué par les cabarets pour les travestis, pour les trans, qui sont
05:20 devenus des oiseaux de nuit malgré eux, mais en réalité parce que c'était le seul
05:24 espace de liberté et puis surtout c'était le seul espace pour gagner sa vie.
05:28 - Exactement. C'est-à-dire que quand j'ai vu Alger, je cherchais à vivre à Alger,
05:38 j'avais un ami, je cherchais à vivre à Alger, mais je me suis vite aperçu que ce
05:43 serait impossible à Alger, vivant à la Pointe Pescade, dans la banlieue, de m'installer
05:50 du jour au lendemain comme ça, me montrer avec des vêtements féminins, puis il fallait
05:55 du travail, il fallait tout ça. Je me suis vite aperçu que c'était impossible.
05:59 Alors j'ai eu un moment de désespoir et à la Pointe Pescade où j'habitais, il y
06:04 avait un casino qui s'appelait le Casino de Carniche, le carousel est passé. Et il
06:08 y avait coccinelle. - Ah non mais attendez, il faut que vous nous
06:10 racontiez ce que c'est que le carousel, parce qu'à ma génération, on ne connaît
06:14 pas le carousel. - Alors le carousel, c'est, et Madame Arthur,
06:19 ce sont des cabarets de travestis. Ce sont des garçons qui s'habillent en femmes et
06:24 qui ont des rôles de femmes, qui sont d'ailleurs souvent extrêmement réussis, très artistes,
06:29 qui chantent, qui dansent en professionnel, etc. Et là-dessus arrive coccinelle, qui
06:35 a 4 ans de plus que moi, 4-5 ans de plus que moi, arrive coccinelle, donc avant moi, et
06:43 elle entre et elle a tout à fait l'air d'une femme. Et c'est comme ça qu'elle
06:50 arrive à Alger, que je la vois. Et on me dit mais elle vit habillée comme ça, à
06:54 la ville. Et j'ai appris qu'elle va sur les terrasses de café à Alger et qu'elle
07:00 s'arrange pour qu'on sache qui elle est. Et qu'elle a des… Elle était comme ça.
07:04 - Donc elle porte des talons, donc elle est en cheveux, donc elle est en robe.
07:08 - Ah bah oui, oui, bien sûr, elle a les cheveux longs, elle est en robe, et même en petite
07:12 robe légère parce qu'il fait chaud en été à Alger. Et elle est… Bon, ça fait
07:18 un désattroupement. Donc j'entends parler d'elle, mais je me dis, bon, alors si à
07:24 Paris ça se fait, il faudrait aller à Paris. Et je suis en train de chercher, le temps
07:31 passe, la tournée s'en va, le temps passe, un beau jour à 17 ans, je prends un prétexte
07:37 pour prendre mon billet et raconter une histoire à ma mère. Et je vais à Paris, je vais
07:45 au Carousel, et je demande au Carousel d'avoir le patron, je vois le patron, et je lui demande,
07:53 il me voit, il me voit, bon, il comprend, et il me dit mais quel âge as-tu ? J'avais
08:00 17 ans. Alors il me dit, je suis 17 ans, c'est dur, il faut que je demande à la police.
08:06 - Mais c'est ça que je voudrais que vous nous racontiez, parce que c'est ça qu'on
08:09 ne peut plus imaginer aujourd'hui. Ce sont les rafles, c'est la police qui traquait
08:14 sans cesse ces cabarets, Mme Arthur et le Carousel, c'est l'interdiction pour les
08:20 hommes de s'habiller en femmes, c'est le risque de passer ces nuits au commissariat
08:24 sans fin en garde à vue. - Ah oui, alors ça n'est pas de cette époque
08:27 là. À cette époque là, il n'y en a pas, et donc il n'y a pas de rafle comme ça,
08:31 et dans les cabarets, il n'y a jamais eu de rafle. Seulement, quand je commence, disons
08:36 que je commence à Noël 53, et à disons que un an ou un an et demi après, il y en
08:46 a beaucoup, et qui ne peuvent pas travailler, et qui vivent de prostitution, comment faire
08:53 autrement ? Et alors, ça se promène dans Pigalle, etc. Et dans les petits restaurants,
09:00 vous savez à Paris, après les spectacles, le matin à 5h-6h du matin, il y a des petits
09:05 restaurants qui s'emplisent des artistes, de quelques prostituées, de quelques curieux,
09:09 etc. Dans ces petits restaurants, où on s'amuse follement, il y a des rafles. Alors ça,
09:14 il y a des rafles, il y en a énormément. Et puis après, il y a des rafles chez les
09:18 gens qui se promènent en vêtements féminins, tout ça. Il y a des contraventions, il y
09:24 a des heures de poste, il y a des heures de poste qui sont assez gênantes, puisque
09:31 ça a 10 heures de poste. Mais si les personnes arrêtées insultent un peu la police, alors
09:39 là, ça n'en finit plus.
09:40 - Ça n'en finit plus. Il est 9h18, vous écoutez France Inter, mon invité s'appelle
09:45 Bambi. Bambi, qui nous raconte, qui a été une des premières à raconter son parcours
09:49 de femme trans, et qui a ouvert la voie. Vraiment qui a ouvert la voie. Sans le vouloir, juste
09:55 pour avoir eu le courage de vivre sa vie. On vous écoute Bambi, c'est vous qui chantez.
09:58 - C'est la vraie prière, la prochaine aime le prochain, c'est la vraie grammaire, le
10:25 masculin s'accorde avec le féminin.
10:28 - On connaît bien dans les bras d'une personne du sexe opposé, on connaît bien dans ses
10:36 bras là. On connaît bien dans les bras d'une personne du genre qu'on n'a pas, on connaît
10:45 bien dans ses bras là. Certains jouent quand même les atouts de même couleur, libres
10:57 à eux, moi j'aime les valets pour les dames, les trèfles pour les coeurs. On connaît bien
11:06 dans les bras d'une personne du sexe opposé, on connaît bien dans ses bras là. On connaît
11:16 bien dans les bras d'une personne du genre qu'on n'a pas, on connaît bien dans ses bras
11:23 là. Les creux pour les bosses, tout finit par se marier. Les bons pour les rosses, et
11:35 même les colombes avec les éperriers. On connaît bien dans les bras d'une personne
11:43 du sexe opposé, on connaît bien dans ses bras là.
11:49 * Extrait de « Qu'on est bien » de Guy Béat *
12:00 Qu'on est bien, c'était une chanson de Guy Béat, et c'est interprété par vous, Bambi !
12:07 C'est une chanson de femmes libres. On a décidé de finir cette saison avec une femme libre,
12:14 c'est-à-dire vous. Alors, comme c'est la dernière, ma chère Bambi, je voudrais remercier
12:18 de tout mon cœur les techniciens qui ont été nos fidèles alliés cette année au
12:22 son et à la vidéo, et avec eux, Emmanuel Perrault, Pascal Vestrelin et Anne-Sophie
12:27 Ladon qui font vivre notre antenne. Mais le max du max du max du max de ma reconnaissance
12:33 va à mon quatuor favori pour son dévouement, pour son talent, pour sa drôlerie. J'ai
12:39 nommé Lucie Lemarchand, Redouane Tella, Grégoire Nicolet et Jean-Baptiste Audibert.
12:44 * Extrait de « France Inter » de Sonia De Villers *
12:51 Je ne comprends pas un pays comme la France qui ne laisse pas les gens qui ne sont pas
12:54 bien dans leur peau s'opérer. Si un être est malheureux, on se fait bien rectifier
12:59 le nez, pourquoi on ne fera pas le reste ? Je fréquente tous les pays du monde à longueur
13:03 d'année. J'en connais 2000 opérées. Moi, je n'appelle pas ça des transsexuelles,
13:10 je dis les femmes de l'an 2000. Car nous serons les femmes de l'an 2000 bientôt.
13:15 Une femme de l'an 2000, face à moi, Bambi, c'est votre très très cher ami qu'on
13:21 entend ici en 1987 à la télévision française. 1987, c'était les dossiers de l'écran.
13:29 Et Coccinelle qui fait se plaidoyer à la télévision.
13:33 Oui, Coccinelle est extraordinaire. Nous disions entre nous, c'est elle qui a tout
13:38 affronté. Parce que naturellement, il y a eu des cas particuliers avant et très célèbres.
13:44 Il y a eu Christine Jorgensen, Michel-Marie Poulin, une qui s'appelait, je ne sais pas,
13:52 Crowell en Angleterre, etc. Mais c'était des cas isolés et qu'on disait que c'était
13:58 tout à fait des phénomènes de la nature. Et on le disait aussi de Coccinelle. Mais
14:04 en réalité, Coccinelle a fait du spectacle. Elle était d'une beauté extraordinaire.
14:10 Elle avait un talent fou en scène, c'est-à-dire qu'elle avait surtout de la présence.
14:14 Elle savait un petit peu tout faire. Et elle a réuni en quelque sorte autour d'elle
14:20 sans le vouloir. Elle n'a appelé personne. Moi, la première, je suis arrivée sans qu'elle
14:24 me demande rien. Il se trouve qu'elle m'a beaucoup aidée. Que la première année, elle
14:29 m'a demandé de vivre avec elle. Elle m'a nourrie et logée pour m'aider à me construire.
14:34 Tout ça, bon, Coccinelle avait une vitalité extraordinaire. Elle était faite pour sortir,
14:42 elle était faite pour la parade, elle était faite pour le spectacle. Elle aimait que ça.
14:47 Et puis, il faut savoir aussi que pendant longtemps, les opérations ont été interdites
14:53 en France.
14:54 Ah ben, naturellement, les opérations étaient interdites parce qu'on disait qu'il s'agissait
15:01 d'une castration pure et simple et qu'il s'agissait de faire des castrats comme il
15:07 y avait eu dans les Nantes. Et puis, ce qui était interdit, il s'agissait de toute autre
15:11 chose en réalité. Or, il y avait eu des tentatives, je vous dis avant, les personnes
15:16 que j'ai citées, qu'il y avait eu des tentatives au Danemark, à Berlin, etc. Mais
15:23 l'opération qui a été faite en une fois et qui a satisfait, c'était l'opération
15:30 faite par le docteur Bureau à Casablanca.
15:32 À Casablanca. Et vous, vous avez choisi d'aller à Casablanca.
15:35 Il n'y avait que lui à cette époque-là.
15:37 Il n'y avait que lui. Vous n'avez pas le choix. Vous aviez quel âge ?
15:39 Oh, j'ai quand même attendu. J'avais 23, 24 ans déjà quand même.
15:48 C'est ça.
15:49 J'ai attendu, oui.
15:50 C'est ça. Et vous avez ensuite changé officiellement d'identité.
15:54 Oui. Là aussi, j'ai beaucoup attendu parce qu'il y avait la guerre d'Algérie, etc.
15:58 J'attendais qu'on rapatrie mon état civil. On ne le rapatrie pas.
16:03 Donc, je suis allée sur place et j'ai demandé à la justice algérienne de juger.
16:07 Qui a jugé ?
16:08 Donc, c'est là que vous êtes devenue officiellement pour l'État français Marie-Pierre.
16:12 Vous étiez auparavant Jean-Pierre.
16:14 Oui.
16:15 Mais pendant très longtemps, vous avez vécu deux vies, Marie-Pierre Prouvaud.
16:20 Deux vies. Une vie la nuit, une vie le jour. On l'a dit.
16:24 Vous passez votre baccalauréat, passez 30 ans.
16:27 Vous passez votre capesse de lettres dans les années qui suivent.
16:31 Vous devenez professeur de français.
16:32 D'abord aux alentours de Cherbourg.
16:34 Ensuite, en banlieue parisienne.
16:37 Mais c'était deux vies totalement séparées.
16:40 C'est-à-dire qu'au collège, vous aviez des élèves qui ne se doutaient pas une seconde
16:45 de votre histoire.
16:46 Ni une seconde que la nuit, vous continuez à parader, comme faisait Coquinelle.
16:51 Une seconde la nuit, je paradais.
16:54 Oui, ça m'est arrivé.
16:55 D'abord, ça m'est arrivé les premiers temps de mon retour.
16:59 D'abord parce que ma mère venait de mourir et que j'avais besoin de retrouver en quelque
17:02 sorte une famille.
17:04 Et cette famille, je l'ai retrouvée dans la loge du Carousel avec mes camarades.
17:07 Et puis, qui m'aidait aussi.
17:10 Je ne travaillais que trois nuits par semaine parce que je n'avais que trois matinées
17:13 où je pouvais dormir.
17:15 C'était le vendredi, le samedi et le dimanche.
17:17 Et donc, je travaillais jeudi soir, vendredi soir, samedi soir.
17:20 Donc, je travaillais.
17:21 Et puis, je dois dire que ça arrondissait mes fins de mois parce que j'étais très
17:26 peu payée.
17:27 J'avais acheté un appartement, j'étais couverte de dettes, comme j'ai toujours
17:30 été couverte de dettes.
17:31 J'étais couverte de dettes.
17:34 Ça m'aidait à payer tout ça.
17:36 Et puis, je me suis bientôt arrêtée parce que ce qui m'intéressait aussi, c'était
17:41 d'écrire.
17:42 Donc, on ne peut pas enseigner, faire du spectacle et écrire.
17:47 Dans les cabarets.
17:48 Il fallait faire des choix et je crois que je me suis fixée sur l'écriture.
17:54 C'est ce qui m'avait le plus habité dans mon adolescence et c'était un petit peu
17:59 un retour à l'adolescence d'une certaine manière, à l'enfermement, à la lecture,
18:04 toutes ces choses que j'ai tant aimées et que j'aime à nouveau.
18:07 Que j'ai aimées à nouveau, que j'ai commencé à aimer vers 40 ans.
18:12 Parce qu'au fond, dans l'écriture, dans cet enfermement, dans cette solitude, vous
18:17 avez retrouvé aussi dans cette page blanche un espace de liberté où vous n'avez de
18:21 compte à rendre qu'à vous-même.
18:22 Oui, quand on écrit, on aime bien écrire comme on veut écrire.
18:27 Quelquefois, quand on reçoit de la part d'une éditrice ou d'un éditeur quelque chose
18:33 comme "faites attention à ça", on le fait la plupart du temps.
18:37 Mais la page blanche qui fait pourtant si peur est quand même un espace de liberté.
18:46 Peut-être autant de découverte que de liberté.
18:50 Nicolas Demorand : merci beaucoup Bambi d'être venu ce matin.
18:54 Bambi, 87 ans, une histoire magnifique.
18:57 Moi, je vous conseille vivement de regarder le film que vous a consacré Sébastien Lipschitz,
19:01 il est éblouissant, il date d'il y a 10 ans.
19:03 Et d'écouter sur France Culture le Havouanu que vous a consacré Alexandre Breton.
19:08 Vous avez beaucoup à nous apprendre.
19:10 Merci Bambi.
19:11 Bambi : Merci.
19:12 Voilà, et j'ai un dernier petit mot Nicolas, parce que c'est la dernière du 9h10.
19:16 Je voudrais vous remercier, vous Nicolas, Catherine Nail, toute l'équipe de La Matinale
19:21 et la rédaction d'Inter de m'avoir accueilli parmi vous.
19:23 Je n'ai jamais autant aimé faire de la radio que cette année, je vous le dis du fond du
19:28 cœur.
19:29 Et je dois dire Bambi, vous allez vous marrer, que mon moment préféré tous les matins,
19:33 ça a été de voir la tête de Nicolas.
19:34 Quand j'ai fait entrer dans ce studio un pop orthodoxe, un évêque avec sa grande
19:40 croix dorée, un couple de rabbins, une basketteuse d'1m98, un monsieur qui fêtait ses 100
19:46 ans, une ex-tolarde, un petit ado autiste et sa maman.
19:50 Bref, on a essayé de faire vivre ici un petit bout de la France d'aujourd'hui.
19:53 Merci beaucoup de l'avoir accueilli.
19:55 Et merci à vous tous auditeurs qui nous avez écrits, parce que vous nous avez envoyé
20:00 cette saison des mails et des témoignages particulièrement touchants.
20:03 Voilà.
20:04 Nicolas Demorand : Et merci Sonia.
20:05 On vous retrouvera dans la matinale à la rentrée à 7h50.