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Dans son édito du 06/06/2023, Jérôme Béglé revient sur la stratégie de Sophie Binet à la tête de la CGT.

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00:00 7h51, la politique avec vous, Jérôme Béglé ce matin.
00:02 Jérôme, vous lamentez du discours de la nouvelle patronne de la CGT,
00:06 Sophie Binet, omniprésente depuis son élection
00:10 dans le combat contre la réforme des retraites.
00:12 - Jérôme est ancienne secrétaire générale de l'UGICT,
00:15 le syndicat des cadres de la CGT.
00:17 Sophie Binet a été élue à la tête de la centrale syndicale le 31 mars.
00:21 Et c'est la première femme à occuper cette fonction
00:23 depuis la création de l'organisation en 1895.
00:26 Son élection fut une surprise et le résultat finalement d'un blocage
00:29 disant entre les modernistes et les conservateurs.
00:31 Qu'importe, tant il était acquis qu'elle allait se démarquer
00:35 de la ligne Martinez en prédécesseur, soit en faisant cavalier
00:38 seul au détriment d'un terre syndical sur les retraites,
00:40 soit en prenant la tête de la contestation de la réforme.
00:44 Notamment pour se démarquer de son alter ego,
00:47 Laurent Berger, le patron de la CFDT.
00:49 Deux mois plus tard, la déception est grande.
00:52 Sophie Binet s'est coulée dans le moule de Philippe Marnides finalement
00:55 et tient absolument le même discours.
00:57 Elle fustige l'extrême droite, tape sur les riches,
01:00 porte au pinacle le principe de la grève,
01:03 prétend que la lutte contre les 64 ans n'est pas terminée,
01:06 tente de ranimer effectivement cette inter-syndicale moribonde, etc.
01:10 Son disque est déjà rayé, avant même d'entrer dans le vif du sujet.
01:14 Elle ne trace aucune perspective de ce que sera sa marque de fabrique.
01:18 Comment expliquer une telle timidité,
01:20 alors que Sophie Binet avait plutôt une image de pragmatisme
01:24 et de volonté de rompre avec les vieilles lunes de la CGT ?
01:27 La modernité et le pragmatisme sont restés à la porte de la CGT.
01:32 Le syndicat se croit encore aux plus belles heures de la lutte des classes.
01:35 Son refrain, c'est blocage, revendication, grève
01:38 et lutte contre le capitalisme et le libéralisme.
01:40 Tout un programme.
01:42 Les patrons sont encore et toujours des exploiteurs,
01:46 les salariés sont encore et toujours des victimes,
01:48 exploités, sur les questions d'aujourd'hui, revanche silence radio.
01:52 Le CDI qui est désormais éboudé par les jeunes, on n'en parle pas,
01:54 le télétravail qui se propage à peu près partout,
01:58 l'ouverture des magasins le dimanche,
02:00 la pénurie d'emplois dans beaucoup de branches de notre économie,
02:03 la formation professionnelle qu'il convient de réinventer de A à Z,
02:06 un meilleur partage de la richesse entre les actionnaires et les salariés.
02:10 Sur ces sujets pourtant primordiaux, la CGT est muette ou d'une navrante discrétion.
02:15 Alors Sophie Binet, 41 ans, épouse un officier de la marine marchande,
02:18 ancienne cadre dans l'enseignement, aurait pu faire franchir à la centrale
02:23 le mur qui sépare l'utopie démodée de la responsabilité
02:27 qui sied normalement au syndicat réformiste.
02:30 Lasse, Sophie Binet enfourche les mêmes chevaux que ses prédécesseurs.
02:34 Au moment où la CFDT, bien sûr, mais également EFAU,
02:37 comprend qu'il faudra changer de disque.
02:39 Elle s'accroche à une éventuelle abrogation
02:41 et/ou à une réécriture de la loi sur la réforme des retraites,
02:44 alors que celle-ci est déjà promulguée
02:46 et ses premiers décrets d'application déjà publiés au journal officiel.
02:51 Pour éviter sa banalisation ou son effacement,
02:53 Sophie Binet doit imaginer le coup d'après,
02:55 préempter un sujet qui n'est pas encore sur la table
02:58 mais qui pourrait devenir l'un des grands enjeux de demain.
03:00 Et il y a urgence.
03:02 Dans la fonction publique, son syndicat est étant métallonné par EFAU et la CFDT.
03:06 Et la semaine dernière, dernière élection en date chez Michelin France,
03:09 la CGT est arrivée derrière Sud, derrière la CFDT et même derrière la CGC.
03:14 Oui, vraiment, il y a urgence, Madame Binet.
03:16 Merci beaucoup, Jérôme Béglé.
03:19 Sous-titrage Société Radio-Canada
03:23 [SILENCE]

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