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00:00 France Bleu Dromardèche, à la radio mais aussi sur les réseaux sociaux
00:03 Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn.
00:07 - Les 7h45, la criade à Valence est en difficulté.
00:11 La commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité
00:14 fait face à un déficit de un peu plus, un peu moins, un peu moins de 100 000 euros,
00:19 n'exagérons pas les choses, son directeur est avec nous, Emmanuel Champal.
00:21 - Bonjour Yves Girardot. - Bonjour, merci de m'inviter.
00:25 - Merci d'être avec nous ce matin.
00:26 Il vous manque 92 000 euros pour boucler votre budget 2022, comment ça se fait ?
00:32 - Alors, ça remonte déjà à un petit moment, comme toute association gérée,
00:38 chaque association est confrontée à des difficultés à maintenir un équilibre économique.
00:45 Ça a été longtemps le cas en fait pour la criade, avec des hauts, avec des bas.
00:49 Et puis il y a eu une période où la criade a croisé des élus de la région Rhône-Alpes
00:54 qui ont été intéressés en fait par les valeurs de la criade,
00:58 qui sont avant tout fournir une information alternative et indépendante à la population
01:04 de manière à ce qu'elle puisse se forger sa propre opinion, développer en fait son sens critique
01:10 par rapport à l'époque, vous savez, en 86, il s'agissait de l'absence d'information,
01:15 puisque l'État disposait... - Juste après Tchernobyl.
01:17 - Juste après Tchernobyl, voilà.
01:19 L'information disposait d'information, mais il refusait de la mettre à disposition de la population,
01:24 ou elle la minimisait en tout cas.
01:25 Maintenant en fait on est plutôt confronté à un afflux d'informations
01:28 et il faut aider les gens en fait du coup à faire le tri entre tout ça.
01:31 - Ça veut dire que vous avez des marchés, c'est-à-dire qu'on vous demande des études
01:35 et vous avez perdu certaines études, c'est pour ça qu'il y a ce déficit aujourd'hui ?
01:39 - Alors on a perdu donc du coup certaines aides.
01:42 Je vous disais donc à la fin des années 2000, la criade a croisé la route d'élus de la région Rhône-Alpes
01:49 qui ont décidé d'aller dans ce sens en fait, qui ont décidé de mettre à disposition
01:52 de la population de Rhône-Alpes des informations indépendantes
01:55 dans ce sujet de la radioactivité qui est lui-même très vaste.
01:59 Du coup ça fait l'objet de conventions qui ont été mises en place
02:03 et qui ont permis à la criade de travailler sur des sujets qui intéressent tout le temps la population.
02:08 Tous les mois d'octobre ou septembre, quand il s'agit de la cueillite des champignons,
02:12 on a tout un tas d'appels à la criade, de gens qui veulent savoir
02:15 si les champignons qu'ils ont cueillis sont consommables ou pas.
02:18 Donc on a pu travailler, faire sur ces dossiers et mettre en évidence les espèces
02:22 dans lesquelles on pouvait toujours retrouver des lacontaminations, même aujourd'hui.
02:27 - La région vous a aidé ? Vous aviez une subvention de la région ? Vous l'avez perdue ?
02:31 - Alors voilà, ça a duré quelques années.
02:33 C'était vraiment un bon bénéfice pour la criade puisque ça lui a permis d'avoir une période de stabilité économique importante
02:40 pour travailler sur tous ces sujets à destination de la population.
02:44 Et puis effectivement, il est arrivé 2016 où cet ensemble de subventions,
02:49 parce qu'il y avait à la fois du fonctionnement, de l'investissement, s'est arrêté.
02:54 Et c'est là que les difficultés, en tout cas les plus récentes, ont commencé.
02:58 - Ce que vous nous dites, c'est que ça fait presque une dizaine d'années que c'est difficile chaque année de boucler les budgets ?
03:04 - Ça fait sept ans ? Oui c'est ça. Je pense que c'est pas propre à la criade, beaucoup d'associations,
03:09 mais c'est évidemment aussi notre cas.
03:11 - Mais justement, pourquoi c'est difficile de boucler ce budget ? Cet argent-là qui vous manque, il était où ?
03:16 - Il provenait donc des conventions... - Budget global d'un million d'euros.
03:20 - Entre un million et un million selon les années.
03:23 Donc du coup, il a fallu qu'on trouve des moyens de compenser cette perte à l'époque.
03:30 On n'est pas resté les bras croisés, bien évidemment, donc on a mis en place tout un tas de choses.
03:34 Bon d'ailleurs, d'abord en 2016, quand on a fait part du fait que cette subvention nous a été retirée,
03:40 il y a eu une aide, un engouement auprès de nos adhérents pour aider la criade,
03:46 qui a réalisé une collecte un petit peu exceptionnelle à l'époque,
03:50 qui a même permis d'aider au budget des années suivantes.
03:54 Nous avons mis en place un fonds de dotation, par exemple,
03:58 qui permet de collecter des donations pour toutes les personnes qui souhaitent que leur bien continue à être utile, même au-delà de leur mort.
04:09 - Et vous vivez en partie grâce aux dons aujourd'hui.
04:12 - Alors voilà... - C'est pour ça que vous relancez aujourd'hui un appel aux dons.
04:15 - C'est ça, les dons, les adhésions, c'est quand même la plus grosse partie du budget de la criade.
04:19 - C'est le seul moyen d'éponger le déficit aujourd'hui ?
04:21 - C'est le moyen le plus rapide et le plus efficace dans l'éthique de la criade,
04:26 qui est justement son indépendance financière.
04:29 Et son indépendance financière, elle souhaite pouvoir l'appuyer sur les citoyens, de manière générale.
04:34 La criade, je crois que vous l'avez citée un petit peu plus tôt, ne demande pas de subventions de l'État,
04:40 puisqu'elle est amenée régulièrement à critiquer des positions de l'État.
04:45 Donc elle a une position, je dirais, cohérente par rapport à son éthique.
04:49 Comme on dit, on ne mord pas la main de celui qui vous nourrit, donc la criade ne demande pas de ce type d'aide.
04:56 Par contre, elle obtient des aides de la part de collectivités territoriales, mais là, le cadre est différent.
05:02 Ces collectivités sont elles-mêmes dépendantes des décisions de l'État.
05:05 Et puis, il y a également un processus de décision qui est différent pour lui attribuer ses subventions.
05:09 - Yves Girardot, de notre côté, quand on regarde la situation qui est la vôtre aujourd'hui,
05:13 92 000 euros qui vous manquent, on se demande quand même si la criade est menacée.
05:18 Est-ce que ça va jusque-là ?
05:20 - Elle est menacée à terme si ça continue.
05:23 - Vous pouvez tenir combien de temps ?
05:25 - On peut passer ce cap de l'année 2022 et probablement l'année 2023 sera du même acabit en termes de résultats financiers.
05:35 On n'est justement pas restés les bras croisés.
05:39 On est en train de mettre en place, on travaille sur des scénarios faits pour l'avenir,
05:45 pour essayer de retrouver un équilibre économique le plus rapidement possible.
05:49 On sait que ce ne sera pas possible en 2023.
05:51 On a d'autant plus besoin d'aide à court terme.
05:55 Ça devrait pouvoir commencer à se faire en 2024-2025.
05:59 Plusieurs facteurs vont y contribuer.
06:03 - La criade ne disparaîtra pas, vous mettez en place des stratégies.
06:06 Vous, à titre personnel pour l'instant, mais dans quelques mois, vous ne serez plus à la criade.
06:10 Vous démissionnez pour ça justement de votre poste de directeur parce qu'il y a des difficultés financières ?
06:15 - En fait, j'avais choisi déjà de partir.
06:17 On en discutait depuis quelques temps avec les administrateurs.
06:21 C'est plutôt que j'estime d'être à la fin d'un cycle.
06:24 Par contre, je ne pars pas comme un voleur.
06:26 Il n'est pas question de laisser tomber la criade comme ça.
06:30 Je continuerai à aider la criade par la suite.
06:35 Mon idée, c'est bien de partir tout en laissant une situation saine.
06:40 En tout cas, un programme de rétablissement pour l'équipe qui va me remplacer.
06:46 - L'appel aux dons de la criade pour continuer à vivre et à nous informer sur ces problèmes de radioactivité.
06:52 Merci à vous Yves Girardot, directeur encore pendant quelques semaines de la criade à Valois.
06:59 - Voilà, au moins jusqu'à la fin de l'été.
07:01 Merci de m'avoir invité.
07:02 C'est important d'avoir votre amplification de voix dans cette période difficile de la criade.