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Ce mercredi 17 mai est une journée internationale de lutte contre l'homophobie. On fait le point sur la situation dans les Pyrénées-Orientales avec le co-président du centre LGBT+66 Guy Gaultier.

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00:00 En attendant à 7h45 sur la première radio des PO, ce 17 mai c'est la journée mondiale contre l'homophobie.
00:06 Et il y a du pain sur la planche dans le département notamment.
00:10 Pour en parler, notre invité Tanguy Bocconi, c'est le nouveau co-président dans le département du centre LGBT+ 66.
00:17 - Et bonjour Guy Gauthier. - Bonjour.
00:19 - Alors, hasard du calendrier, cette journée internationale de lutte contre l'homophobie,
00:23 c'est aussi le dixième anniversaire de l'adoption du mariage pour tous.
00:28 Est-ce que c'est encore un sujet aujourd'hui ou est-ce qu'il est vraiment entré dans les mœurs ?
00:31 - Alors je pense que le mariage pour tous est rentré dans les mœurs.
00:35 En revanche, l'acceptation des différences sexuelles et des identités de genre, ça reste un sujet pour beaucoup de personnes.
00:43 - Donc il y a eu un progrès à ce niveau-là, mais c'est un peu l'arbre qui cache la forêt,
00:46 c'est-à-dire qu'à côté, il y a toujours autant d'agressivité.
00:50 - Oui, alors le paysage effectivement, il est contrasté et paradoxal.
00:55 Il y a eu une avancée dans la loi, alors on a cité le mariage pour tous,
00:58 on pourrait citer également en 2022 la fin de la discrimination pour le don du sang pour les homosexuels.
01:05 On pourrait citer également... - Le rebutement dans les forces armées, ça c'est pas mal acquis.
01:09 - Qui est en cours, voilà, qui est en cours pour les personnes séropositives.
01:12 On a également l'interdiction des thérapies de conversion en 2022, donc également très récente.
01:17 - Ça on va rappeler rapidement ce que c'était, les thérapies de conversion.
01:20 - Bah c'était en fait des gens, alors souvent des sectes...
01:24 - Souvent un caractère religieux, en fait c'était des guérirs, entre guillemets.
01:28 - Guérir de l'homosexualité avec de la pression psychologique, des tortures,
01:33 voilà, totalement inefficaces évidemment, mais qui a brisé la vie de tout un tas de gens
01:39 et qui existe encore dans plein de pays.
01:41 Donc maintenant c'est interdit en France, depuis 2022, donc c'est très récent.
01:44 - C'est très récent. Et malgré tout ça, donc malgré ces progrès objectifs,
01:47 il y a toujours autant, vous ressentez toujours autant d'agressivité,
01:50 il y a eu un rapport d'Asos Homophobie qui a été publié très récemment,
01:55 avec ce chiffre qui est assez parlant, une agression en moyenne tous les deux jours
02:00 qui vise une personne homosexuelle ou transsexuelle ou bisexuelle.
02:04 - Oui alors malheureusement la situation dans les PO, elle n'est pas différente du reste de la France,
02:10 on a aussi des agressions, nous on suit une vingtaine de plaintes avec le procureur de la République,
02:16 notre local et régulièrement on se fait arracher la boîte aux lettres, on nous déchire la devanture,
02:24 et puis je rappellerai quand même l'épisode de l'incendie volontaire du Backstage en décembre dernier,
02:30 qui était un incendie à caractère homophobe qui aurait pu faire des victimes.
02:33 - Dans le cadre Progress vous avez eu des... - Pardon ?
02:36 - Il y a eu une enquête en cours ? - Elle est toujours en cours,
02:39 mais le caractère homophobe a été reconnu de cette agression.
02:42 - Aujourd'hui se promener dans la rue à Guy Gauthier quand on est homosexuel à Perpignan,
02:49 c'est possible ? On est serein ou pas du tout ?
02:52 - Non c'est toujours un risque, il m'arrive de prendre la main de mon compagnon,
02:57 mais je regarde qui est autour de moi. - Même en plein jour ?
03:01 - Oui même en plein jour, l'espace public n'est pas un espace sécurisé pour les personnes LGBT.
03:06 - Toujours pas ? - Très clairement, oui non.
03:08 - Alors justement l'espace public, vous allez l'investir bientôt avec cette marche des fiertés,
03:13 comment est-ce que ça va se passer ? C'est la deuxième édition à Perpignan,
03:16 deuxième édition seulement, ça veut dire que la première vous a donné envie de continuer visiblement ?
03:22 - Oui alors la première effectivement était un succès qui était au-delà de nos espérances,
03:26 on a eu à peu près 1500 personnes qui se sont mobilisées,
03:30 avec un bel engouement de la jeunesse,
03:33 donc on a voulu faire une deuxième édition qui aura lieu le 1er juillet effectivement,
03:37 qui partira place de Catalogne et qui se terminera, c'est un beau symbole,
03:41 dans les jardins du Palais des Rois de Majorque.
03:44 Avec une soirée festive à l'issue, donc il y aura un événement militant et une soirée festive,
03:50 et dans les palais du Roi de Majorque on aura également un village associatif,
03:54 donc il y a une dizaine d'associations qui nous rejoignent,
03:56 parce qu'on ne milite pas tout seul,
03:58 on milite aussi avec des gens qui partagent nos valeurs et la défense des droits humains.
04:03 - Et il y a des événements qui vont s'égrener entre temps je crois ?
04:06 - Alors déjà cette semaine on a pas mal de choses,
04:08 on a commencé dès la semaine dernière à faire de la prévention contre les discriminations
04:13 avec l'USAP Solidaires,
04:14 donc c'était une belle journée avec des gens des points information jeunesse.
04:19 Lundi on avait une présentation en milieu scolaire d'un documentaire qui s'appelle "Le Carnet",
04:25 donc on a fait un débat ensuite avec la réalisatrice,
04:27 et avec une autre association qui s'appelle "En Avant Toutes",
04:31 qui lutte contre les violences sexuelles.
04:34 Hier on avait un débat sur la transidentité,
04:38 aujourd'hui on a la manifestation à 18h30 place de la République,
04:41 donc on vous invite à venir, il n'y a pas que les personnes LGBT
04:44 qui doivent se mobiliser pour les droits humains,
04:46 ça concerne tout le monde.
04:48 Et ensuite on aura un film qui s'appelle "Animals" à 20h45,
04:53 qui décrit l'agression d'un jeune homme,
04:57 alors c'est une histoire vraie, de 32 ans, en 2012 en Belgique,
05:00 qui a été enlevé à la sortie d'une boîte gay,
05:04 et qui pendant 6h a subi un calvaire,
05:06 donc a été maltraité, violé, laissé nu,
05:10 et qui est mort abandonné nu dans un champ.
05:13 Donc ça c'est une histoire vraie, c'est la réalité.
05:15 - Oui c'est des guetapans qui sont tendus.
05:17 - C'est les fameux guetapans qui ont été...
05:19 Mediapart a fait un documentaire dessus,
05:21 qui s'appelle "Guetapans" d'ailleurs,
05:23 et qui dit qu'à peu près tous les 3 jours,
05:25 en France, il y a des guetapans qui sont tendus
05:27 pour extorquer de l'argent, ou pour violenter des personnes homosexuelles.
05:30 Donc c'est aussi quelque chose qui est vraiment réel.
05:33 Je rebondis sur ce film, pour dire que
05:36 c'est pas que les PO et que la France,
05:38 c'est vraiment une problématique plus générale.
05:40 Nous on milite pour la dépénalisation
05:43 mondiale de l'homosexualité, parce qu'il y a encore...
05:45 - Oui surtout qu'aujourd'hui c'est la journée internationale.
05:47 - Voilà, il y a encore plus de 2 milliards de personnes...
05:49 - Elle est même punie de mort dans une certaine période, il faut le rappeler.
05:51 - Voilà, dans 12 pays, et ça a augmenté en 2023,
05:53 donc on a un pays de plus en 2023,
05:55 donc on voit que les droits, ils n'avancent pas toujours dans le bon sens.
05:58 Et puis en Europe, c'est pareil,
06:00 il y a des pays qui sont gouvernés par des parties d'extrême droite,
06:05 ou ultra-traditionnelles,
06:08 et on voit que les droits des personnes LGBT régressent.
06:10 Comme en Hongrie ou en Pologne.
06:12 On mépris de leurs engagements européens.
06:14 - De la communauté européenne.
06:16 - Donc ça c'est quand même assez grave.
06:18 - On revient d'un instant, Guy Gauthier, vous êtes notre invité,
06:20 co-président de l'association LGBT+66 ici à Perpignan.
06:24 On parle de la lutte contre l'homophobie,
06:26 de la lutte contre la transphobie,
06:28 ce matin sur France Bleu, aussi dans le 6/9.
06:30 [Générique]
06:36 France Bleu France 3 matin, revient dans un instant.
06:40 [Générique]
06:42 [Rires]
06:44 - On se retrouve.
06:46 - On se retrouve tous les samedis à 11h25 sur France 3 Occitanie,
06:50 dans la nouvelle cuisine des mousquetaires.
06:52 [Rires]
06:54 - C'est incroyable, c'est incroyable.
06:58 - La cuisine des mousquetaires, c'est samedi à 11h25 sur France 3 Occitanie.
07:04 [Générique]
07:14 - Il est 7h52 sur France Bleu, Russie en France 3,
07:16 PI Catalan, Tanguy Bocconi,
07:18 notre invité Guy Gauthier,
07:20 co-président de LGBT+66.
07:22 - Un Guy Gauthier question direct,
07:24 quelles sont vos relations aujourd'hui
07:26 avec la mairie de Perpignan ?
07:28 - Je vous réponds simplement, on n'en a pas.
07:30 - Mais ça n'a pas toujours été le cas
07:32 avec les municipalités précédentes.
07:34 - Oui, alors on avait effectivement
07:36 des subventions qui existaient avant,
07:38 mais depuis on n'en a plus.
07:40 Voilà, tout simplement.
07:42 - Et donc, vous n'avez plus aucune subvention municipale ?
07:44 - On en tire les conclusions
07:46 qu'il faut en tirer, c'est-à-dire que
07:48 la municipalité ne souhaite pas nous soutenir.
07:50 - Et quels sont les arguments
07:52 qui vous ont été présentés ?
07:54 - Il n'y a pas d'argument,
07:56 je pense qu'on n'est pas leur cœur de cible.
07:58 - Oui, mais pourtant,
08:00 pour vous c'est une discrimination ?
08:02 Ou c'est parce que, en fait,
08:04 le RN a un discours
08:06 qui a évolué sur l'homosexualité ?
08:08 Non, il est très tolérant,
08:10 très ouvert par rapport à ça,
08:12 mais dans les filles, vous n'avez pas de subvention ?
08:14 - Je serais tenté de dire
08:16 comme dans l'évangile, c'est au fruit
08:18 qu'on reconnaît l'arbre.
08:20 Moi, ce que je vois,
08:22 pour revenir au niveau européen,
08:24 le Parlement européen a proposé
08:26 de voter un appel à la dépénalisation
08:28 universelle de l'homosexualité,
08:30 et les députés d'extrême droite,
08:32 dont les députés français,
08:34 ne l'ont pas voté.
08:36 Donc c'est quand même un signe.
08:38 Moi, je veux bien qu'on ait des discours,
08:40 mais après, il faut passer aux actes.
08:42 Pareil pour les subventions.
08:44 Donc si on n'a pas de subvention,
08:46 je ne le considère pas comme une discrimination.
08:48 Je considère qu'on n'est pas une priorité.
08:50 C'est un peu dommage,
08:52 parce qu'effectivement, les personnes...
08:54 - On a quand même besoin de cet argent ?
08:56 - On en a d'autant plus besoin que,
08:58 comme la plupart des centres LGBT,
09:00 et comme beaucoup d'associations...
09:02 - Qu'est-ce que vous faites ? Expliquez-nous.
09:04 - Surtout, on tient
09:06 presque exclusivement avec des bénévoles.
09:08 Donc c'est des gens qui donnent
09:10 de leur temps. Là, je faisais le bilan,
09:12 on donne des milliers
09:14 d'heures de fonctionnement,
09:16 gratuitement, pour faire vivre notre association.
09:18 - C'est de l'accueil, de l'entraide ?
09:20 - Alors c'est effectivement de l'accueil.
09:22 On accueille à peu près 400 personnes par an.
09:24 C'est de le coûte,
09:26 c'est de l'accompagnement,
09:28 c'est de l'orientation éventuellement vers d'autres associations
09:30 qui sont plus spécialistes que nous,
09:32 comme de lutte contre le VIH,
09:34 comme l'accueil des migrants,
09:36 les gens qui sont dans la pauvreté...
09:38 - C'est aussi beaucoup de travail social ?
09:40 - C'est du travail social, effectivement.
09:42 C'est également de l'organisation de moments de convivialité,
09:44 parce que le fait de se sentir
09:46 en sécurité et dans un
09:48 environnement qui est accueillant,
09:50 c'est important pour sortir de l'isolement.
09:52 C'est des interventions au milieu scolaire.
09:54 L'an dernier, on a vu
09:56 plus de 2500 élèves
09:58 de manière à faire de la prévention
10:00 sur la santé affective et sexuelle.
10:02 C'est l'organisation d'événements militants,
10:06 comme on en a parlé, donc les événements de cette
10:08 semaine pour
10:10 la Marche des Fiertés. On a également le festival
10:12 du film LGBT qui a lieu en octobre.
10:14 Il y a
10:16 beaucoup de choses qui se font,
10:18 il faut du temps et un peu de subventions,
10:20 sinon on a du mal à y arriver.
10:22 Heureusement, on a des subventions
10:24 de l'État, via la DILCRA,
10:26 de la région et du département
10:28 qui nous soutiennent bien.
10:30 - Guy Gauthier, coprésident du centre LGBT+66,
10:32 vous avez parlé tout à l'heure, parmi toutes les actions
10:34 de certaines initiées
10:36 avec l'USAP, avec le monde du rugby.
10:38 Qu'est-ce que ça donne
10:40 du côté du football ?
10:42 Il y a eu cette journée,
10:44 la dernière journée de championnat,
10:46 où les joueurs étaient censés
10:48 porter un maillot contre les discriminations.
10:50 Certains joueurs professionnels
10:52 du championnat de Ligue 1 ont refusé de porter ces maillots,
10:54 quitte à ne pas jouer le match.
10:56 On a l'impression que c'est plus difficile
10:58 de parler de lutte contre l'homophobie
11:00 dans le milieu du football
11:02 que dans d'autres sports.
11:04 - Il faut leur poser la question.
11:06 - Vous le ressentez aussi comme ça, de votre côté ?
11:08 Ça reste vraiment un milieu plus difficile
11:10 pour en parler dans le football ?
11:12 - Peut-être que c'est un milieu
11:14 plus viriliste, qui a du mal à...
11:16 - Mais l'homophobie c'est quand même assez viril aussi.
11:18 - Je pense que c'est peut-être...
11:20 - Qu'est-ce que ça veut dire ?
11:22 - Qu'est-ce que ça veut dire la virilité ?
11:24 Après, je pense qu'il faut être...
11:26 Les arguments qui sont avancés,
11:28 c'est effectivement que
11:30 chacun a ses opinions.
11:32 Je suis désolé, l'homophobie, c'est pas une opinion,
11:34 c'est un délit.
11:36 - Il y a certains entraîneurs de football qui ont dit ça,
11:38 mais quand même, est-ce que vous pouvez
11:40 comprendre que pour certains joueurs,
11:42 le fait de porter les couleurs
11:44 arc-en-ciel, ça soit quelque part
11:46 trop leur demandé par rapport à
11:48 des convictions qu'ils peuvent avoir, notamment
11:50 religieuses ? Est-ce qu'il aurait fallu passer
11:52 par un autre symbole, tout simplement, le message
11:54 non à l'homophobie ?
11:56 - Peut-être, après,
11:58 ça manque probablement
12:00 de pédagogie, d'une part,
12:02 parce qu'effectivement, on parle
12:04 de phobie, donc c'est des peurs, donc c'est des peurs
12:06 qu'il faut arriver à déconstruire.
12:08 Après, il faut...
12:10 D'autres arguments qui sont avancés, c'est que le foot
12:12 doit être exempt de toute politique,
12:14 engagement, etc. Il faut être quand même
12:16 un petit peu naïf pour croire que
12:18 le sport n'est pas politique, à l'heure actuelle.
12:20 Donc, il y a
12:22 quand même la volonté de montrer
12:24 quelque chose, et dans
12:26 cet engagement, c'est quand même
12:28 un modèle que l'on montre aux jeunes, ou que l'on ne montre pas.
12:30 L'exemple,
12:32 et l'exemplarité, c'est quand même
12:34 la première des démarches. - Et il aurait fallu les
12:36 sanctionner plus fortement, selon vous, ces joueurs
12:38 qui ont refusé de porter ?
12:40 - Le but, c'est pas de sanctionner,
12:42 c'est de faire de la pédagogie, c'est peut-être
12:44 leur expliquer, leur faire
12:46 rencontrer des victimes de
12:48 violences LGBT.
12:50 Je pense qu'on avance par
12:52 l'éducation, par la raison,
12:54 par les considérations éthiques, par les valeurs.
12:56 On n'avance pas par
12:58 la violence et les sanctions, je ne crois pas.
13:00 - La clé, c'est l'éducation. Vous sentez que ça bouge,
13:02 d'ailleurs, chez les jeunes générations, un petit peu ?
13:04 - Oui. - Ça vous donne de l'espoir ?
13:06 Est-ce que vous avez l'impression que les jeunes
13:08 générations sont plus tolérantes ?
13:10 - Oui, là aussi, c'est assez contrasté,
13:12 d'une classe à l'autre.
13:14 On a des classes pour lesquelles c'est plus un sujet.
13:16 Ils se demandent même "qu'est-ce qu'on fait là ?"
13:18 Et ça, c'est très bien, parce que, nous,
13:20 notre objectif, c'est de ne plus exister, finalement,
13:22 et que la chose soit banale.
13:24 Et puis, il y a des classes qui sont encore très fermées,
13:26 parce qu'on est dans des milieux communautaires,
13:28 ou religieux, et pour lesquels,
13:30 il faut prendre plus de temps, tout simplement.
13:32 - Bon, il y a encore du travail à faire,
13:34 mais il y a de l'espoir aussi. - Bien sûr.
13:36 - Merci beaucoup Guy Gauthier, co-président du centre LGBT+66,
13:38 qui était notre invité ce matin.

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