• l’année dernière
Transcription
00:00 Je me sentais vraiment différente et j'ai pas peur de dire le mot "monstre" aussi.
00:02 Moi, dans les yeux des gens, j'avais vraiment l'impression d'être un monstre.
00:06 Hello à tous, je m'appelle Julie Bourges,
00:08 plus connue sous le pseudo "12 février" sur les réseaux sociaux.
00:11 J'ai 26 ans, je suis créatrice de contenu, auteur, accessoirement.
00:14 J'ai écrit le livre "Chaque jour compte"
00:16 et aujourd'hui, je viens de vous parler de mon histoire.
00:18 Alors du coup, ce jour où tout a basculé, c'était le 12 février 2013.
00:22 J'avais 16 ans, c'était le carnaval organisé par mon lycée.
00:25 Avec ma meilleure amie, on avait décidé de se faire un costume
00:28 totalement fait à la main de mouton.
00:30 Et à la fin de cette journée,
00:31 alors que j'avais fumé toute la journée avec mes copines, etc.
00:35 Sur cette dernière cigarette, avant de remonter à la maison,
00:38 la fraise de la cigarette tombe sur mon costume et mon costume s'enflamme.
00:41 À ce moment-là, je me rappelle de tout, je n'ai jamais perdu connaissance.
00:44 Je sais juste que la seule chose que je me dis, c'est de rester en vie.
00:47 Et le dernier souvenir que j'ai de cette journée du 12 février 2013,
00:50 c'est ce masque qui se pose sur moi dans le camion des pompiers,
00:53 encore consciente, pour me réveiller trois mois plus tard.
00:56 La première réaction après ces trois mois de coma,
00:58 je n'ai aucune idée du temps qui s'est passé, d'où je suis,
01:01 de ce à quoi je ressemble surtout.
01:04 Et ça a mis vraiment longtemps avant que je puisse le voir, d'ailleurs,
01:06 parce qu'on a un suivi psychiatrique et psychologique,
01:08 évidemment, avant de pouvoir affronter, je pense, et confronter sa différence.
01:12 Concernant l'acceptation, c'est évidemment un très long chemin.
01:15 J'ai passé des années à couvrir mon corps, à fuir le regard des gens.
01:19 Je me sentais vraiment différente et je n'ai pas peur de dire le mot "monstre" aussi.
01:22 Moi, dans les yeux des gens, j'avais vraiment l'impression d'être un monstre.
01:25 Donc, j'ai fui ces regards-là en me couvrant derrière des tonnes de maquillage,
01:28 derrière des tonnes de vêtements.
01:29 Et oui, c'est clair que le chemin de l'acceptation,
01:31 c'est un chemin déjà qui dure toute la vie,
01:33 parce que même aujourd'hui, si je suis en robe devant vous et en t-shirt,
01:36 je ne dis pas qu'il y a des jours où je ne préférerais pas mettre un manche-longue
01:39 parce qu'il y a des jours où on s'accepte moins.
01:42 Et je pense que c'est juste humain,
01:43 au-delà même de l'accident, d'avoir ces phases-là.
01:46 J'ai vraiment vécu mon retour au lycée hyper normalement.
01:49 Donc ça, ça a été une chance dans ma reconstruction.
01:51 J'ai eu la chance de jamais subir de harcèlement,
01:53 de jamais subir de questions déplacées.
01:55 Après, il y a le sport, littéralement, qui m'a sauvée sur deux axes.
01:58 Le premier, c'est la mémoire musculaire.
02:00 Et la deuxième, c'était, je pense, ce mental un petit peu beaucoup compétitif,
02:05 qui m'a permis de me dire, voilà, bon, t'es tombée,
02:07 maintenant, il faut que tu te relèves.
02:08 Il y a eu ce partage sur les réseaux sociaux aussi.
02:11 Donc moi, ça a libéré ma voie, comme j'aurais pu le faire,
02:13 je pense d'ailleurs à travers des consultations psychologiques.
02:16 Et de l'autre côté, je pense que voilà, c'est un cercle vertueux
02:18 qui s'est tellement créé en partageant mon histoire,
02:20 qui fait qu'elle a aidé d'autres personnes
02:22 de voir que je pouvais donner un autre sens à cette date.
02:24 Ma mission, c'est d'essayer de démocratiser aussi la différence,
02:28 de la valoriser, de montrer qu'elle n'est pas un frein.
02:30 Et après, on peut transmettre par plein de moyens,
02:32 par le sport, par les réseaux sociaux, par un livre.
02:35 Et je compte bien prendre tous les petits moyens
02:38 pour transmettre ce que j'ai envie de transmettre.
02:40 Alors, dix ans après, si je pouvais juste pousser la porte de la chambre d'hôpital
02:45 et me voir dans ce lit, bandé de la tête aux pieds,
02:48 avec 12 kilos de moins, sans pouvoir marcher, sans pouvoir parler,
02:52 franchement, je me prendrais juste par la main et je me dirais genre,
02:55 t'inquiète, ça va aller.
02:55 Et à la fois, en le disant, je me demande si je le savais pas déjà.
02:59 Il y a eu des moments qui ont été vraiment compliqués,
03:00 où j'ai remis ma vie en question.
03:02 Ça a été très douloureux.
03:03 J'ai vécu des périodes dépressives qui étaient vraiment hardes.
03:05 Et à la fois, je me dis que j'ai toujours eu cette petite parcelle d'espoir,
03:08 peut-être juste par le fait d'être entourée, pour ma famille, pour mes amis,
03:12 de me dire que je ne pouvais pas lâcher.
03:13 Donc, je pense que je le savais.
03:15 Mais en tout cas, je lui dirais surtout que si elle se sent pas représentée maintenant,
03:18 elle se représentera elle-même plus tard.
03:19 [Musique]
03:27 [Silence]

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