L'écrivain italienne publie "Déplacer la lune de son orbite" (Stock), et dévoile la nuit passée au musée de l'Acropole à Athènes. Entre les fantômes d'un passé pillé et les émotions familiales retrouvées. Elle est l'invitée de 9H10.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10/le-7-9h30-l-interview-de-9h10-du-lundi-08-mai-2023-4408510
Plus de 9h10 : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00 Il est 9h09, Sonia De Villers, votre invitée a vu le soleil se lever sur l'acropole.
00:05 Bonjour, Andrea Marco Longo.
00:07 Vous voici, bonjour, vous voici au troisième étage d'un musée, devant les marbres du
00:16 Parthenon.
00:17 Vous êtes la première qui a pu passer la nuit dans cet endroit et la négociation a
00:21 été longue.
00:22 Oui, je n'ai pas même la dernière, je crois.
00:25 Oui, c'était très long.
00:26 Mon éditeur était très patient, on a attendu presque un an l'autorisation et finalement
00:32 c'est arrivé.
00:33 Je me rappelle encore le regard des gardiens du musée, qu'ils se demandaient franchement
00:37 qu'est-ce qu'elle fait.
00:38 Ma nuit au musée, c'est la collection des éditions stock qui envoient des écrivains,
00:44 des chercheurs, des intellectuels passer la nuit dans un musée et en en tirent un livre.
00:47 Le vôtre s'appelle « Déplacer la lune de son orbite ». Je vous lis les mots du
00:54 conte de Choiseul, un français, comme son nom l'indique.
00:59 « Enlevez tout ce que vous pourrez.
01:01 Ne négligez aucune occasion de piller dans Athènes et dans son territoire tout ce qu'il
01:07 y a de pillable.
01:08 N'épargnez ni les morts ni les vivants.
01:11 » Les Français sont arrivés à Athènes, bien décidés à voler tout ce qu'ils pouvaient
01:18 voler.
01:19 Les Anglais étaient passés avant eux.
01:20 Bienvenue au début du XIXe siècle.
01:24 C'était exactement comme ça.
01:25 On avait l'ambassadeur français d'un côté et après c'est arrivé un autre ambassadeur
01:30 anglais cette fois-là.
01:31 C'était le regard d'une époque.
01:34 On regardait la Grèce comme une énorme boutique à pierre où c'était tout à fait normal
01:40 de prendre et de tout ramener en Europe.
01:43 * Extrait de « La Triomphe Musicae » de Lucien Marchand *
01:59 Voilà un hymne d'Elphique à Apollon.
02:02 Notre réalisatrice Lucie Marchand a trouvé un disque de reconstitution de musique hélénique.
02:08 Là c'est « La Triomphe Musicae ».
02:11 Andrea Marco Longo, vous vous êtes plongée non pas dans l'Antiquité mais justement
02:16 dans ce XIXe siècle où l'Europe riche et développée va se montrer avide, va se montrer
02:23 vorace vis-à-vis des traces de l'Antiquité.
02:27 Vous avez passé la nuit avec un fantôme.
02:29 Il s'appelle Lord Elgin.
02:32 Oui, c'est tout à fait comme ça.
02:35 Moi je suis héléniste des formations.
02:37 J'ai passé la plupart de ma vie à étudier la Grèce antique, le grec ancien et tout
02:43 ça jusqu'à quand ? Il y a un an.
02:46 Avant de placer mon lit de camp au troisième étage du musée de l'Acropole, j'ai découvert
02:51 cette histoire incroyable, romanesque, passionnante et très symbolique de cet ambassadeur anglais,
02:58 Lord Elgin, qui est universellement connu comme le voleur.
03:02 C'est lui qui l'a vraiment volé.
03:04 Vous dites, Andréa Marcolongo, il fut l'assassin de l'intégrité du Parthénon et de l'idée
03:09 même de la Grèce.
03:11 C'est dire que piller des antiquités, c'est plus qu'un vol matériel, c'est piller un
03:17 imaginaire, dites-vous.
03:19 Oui, tout à fait comme ça.
03:20 Parce que l'identité, ce n'est pas que des idées, quelque chose d'immatériel.
03:25 C'est fait avec de la pierre.
03:26 Dans le cas de la Grèce, les Parthénons, c'est les symboles, c'est la synthèse de
03:30 la Grèce.
03:31 Le prêne et l'amener ailleurs, c'est vraiment le vol de l'idée d'un peuple entier.
03:36 La Grèce, déclaré, ne peut pas s'imaginer sans le Parthénon.
03:40 D'ailleurs, vous intitulez le livre "Déplacer la lune de son orbite".
03:44 C'est dire, il fallait toucher à la lune ou au soleil, mais on a touché à la lune
03:48 et au soleil.
03:50 Alors, Thomas Bruce, 7e comte d'Elgin, il est nommé en novembre 1798 ambassadeur extraordinaire
03:59 et ministre plénipotentiaire de sa majesté britannique, c'est George III, à l'époque,
04:04 auprès de la sublime porte de Selim III, sultan de Turquie.
04:08 Oui, il ne faut pas oublier qu'à l'époque, la Grèce n'était pas en état indépendant.
04:12 Elle ne l'était plus depuis des siècles.
04:16 Elle faisait partie de l'Empire Ottoman.
04:18 Et tout ça avait l'air de ne pas gêner l'Europe qui n'avait jamais envisagé la Grèce comme
04:24 un état souverain et indépendant.
04:26 Et l'Angleterre est alliée de la Turquie.
04:29 Donc, justement, Lord Elgin va recevoir un traitement de faveur de la part des Turcs.
04:34 Oui, quand on dit de faveur, on dit qu'il a reçu un cadeau de diamants, des animaux,
04:39 des étoffes.
04:40 Jusqu'à quand il s'est dit, peut-être que je peux même demander quelque chose en plus,
04:44 le marbre du Parthénon.
04:45 Le marbre du Parthénon.
04:47 Alors, voilà Lord Elgin.
04:50 Que connaissent les Anglais de l'Antiquité grecque ?
04:53 Avant son départ ?
04:56 Presque rien, presque personne en Europe.
04:59 Finalement, nous on dit toujours "ah non, racines, on est grec, nous venons de là,
05:02 nous sommes les héritiers de la culture grecque et latine".
05:04 Mais au début du 19e siècle, même pas Athènes.
05:07 Cette Antiquité grecque était connue à l'époque.
05:10 Même à Athènes, apparemment, il n'y avait qu'un seul Dieu-Monsieur qui connaissait les
05:15 Grecs anciens.
05:16 Donc, c'était une Grèce tout à fait imaginaire, ce qu'on connaissait en Europe.
05:19 La Grèce fait des poèmes de mer, bien sûr, des tragédies, de la mythologie.
05:25 Mais on n'avait aucune connaissance ni d'ordre archéologique, ni d'ordre historique.
05:30 Alors, Lord Elgin va financer, en prenant, et c'est très important pour la suite, en
05:35 puisant dans la fortune familiale, il va financer une expédition, une délégation d'artistes
05:41 et d'archéologues qui arriveront d'ailleurs avant lui à Athènes.
05:45 Il les envoie sur place.
05:48 Peut-être rien que le nom de son bateau, Phaéton.
05:51 Oui, il ne faut pas oublier qu'effectivement, Lord Elgin était ambassadeur à Constantinople,
05:58 pas à Athènes.
05:59 Il n'avait jamais mis le pied à Athènes.
06:01 Quand le premier mâle était détaché, arraché du Parthénon, ils sont censés ouvrir Athènes,
06:07 qu'ils commencent tout d'abord avec des dessins et puis ils se sont dit peut-être
06:11 que les originaux sont mieux que les copies.
06:13 Vous le racontez dans le livre Andréa Marcolongo, racontez comment ça s'est passé d'arracher
06:19 les frises du Parthénon, parce que c'est vraiment une éventration, il n'y a pas d'autre
06:23 mot.
06:24 On parle toujours de Lord Elgin, mais c'est vraiment l'esprit d'une époque entière.
06:28 C'est début du 19e siècle, qui regardait la Grèce en général, l'Orient en général,
06:32 au monde, comme une espèce de bazar.
06:34 On a mentionné l'ambassadeur français, les français l'ont toujours essayé de
06:39 monter au sommet de l'Acropole.
06:41 Mais les sultans n'avaient jamais donné l'autorisation au Paravent.
06:44 Pourquoi ? On croyait que les Européens pouvaient espier, voir les honnêtes femmes turques
06:51 depuis le sommet du Parthénon.
06:53 Ça c'était la raison pour laquelle, même pas les Turcs n'avaient aucune considération
06:56 de leurs caractéristiques.
06:57 Pour eux l'Acropole c'était juste des pierres, des édifices très solides qu'ils
07:03 n'ont pas hésité à réutiliser.
07:05 Mais les Anglais ont eu le droit, eux, de monter au sommet de l'Acropole.
07:08 Et pourquoi ils ont eu ce droit ? Parce que Napoléon avait perdu l'Égypte.
07:13 Et alors voilà que l'Angleterre obtient une position de force auprès des Ottomans.
07:21 Et le sultan s'est dit "j'ai offert des diamants à cet ambassadeur anglais, pourquoi
07:25 pas des vieilles pierres ?" Et comme ça il obtient cette autorisation qu'on appelle
07:30 "firma".
07:31 En Turc, c'est bizarre parce que cette autorisation n'a jamais été retrouvée.
07:36 Il n'existe qu'une copie en italien, en plus moi je suis italienne alors ça se trouve
07:40 encore plus symbolique.
07:43 Mais finalement ce papier n'a jamais été retrouvé.
07:45 Et les voilà qui escaladent, qui escaladent les colonnes à main nue, qui escaladent
07:52 pour arracher la pierre.
07:55 On va dire un mot avant de parler de votre histoire à vous, Andrea Marcolungo, mais
07:59 on va dire un mot de comment a fini l'or d'Elgin.
08:03 Parce que dès le départ quand je dis le nom de ce bateau, Phaéton, c'est le nom
08:08 du fils du dieu soleil qui incendie tout sur son passage.
08:12 Et au fond vous vous racontez une forme de malédiction divine.
08:17 Nous sommes en Grèce, il y a la mythologie, il y a Athéna qui veille sur ce temple de
08:22 l'Acropole et puis il y a les tragédies grecques qui ne sont pas très loin.
08:26 Bien sûr la déesse Athéna n'était surtout pas ravie de voir ses marbres quitter la Grèce.
08:34 Et alors voilà qu'une malédiction, la malédiction de Minerva, c'est une définition
08:39 de l'or Bayron, vraiment s'est abattue sur ce pauvre ambassadeur anglais, qui a tout
08:44 perdu à cause de ses marbres, son argent, comme vous avez dit tout à l'heure, c'était
08:48 lui qui l'a financé, il a sponsorisé sa propre mission.
08:52 Il a perdu sa femme qui n'a pas hésité à le quitter, il a perdu sa position publique
08:59 et politique, il a perdu son poste, il est presque mort à la fin, il est mort endetté.
09:06 Mais il est mort, et ça c'est vraiment un passage fascinant du livre, il est mort gangréné.
09:13 Il a fini par ressembler à ces vieux marbres abîmés qu'il avait rapportés, qu'il
09:20 avait volés à la Grèce, il a fini par perdre des morceaux de son visage, toute sa peau
09:27 est devenue grise et mitée par la maladie.
09:30 Exactement, c'est une maladie extrêmement symbolique, on a même du mal à le croire
09:36 qu'il est mort, exactement comme le tête de statue qu'il n'a pas hésité à couper
09:42 pour le mettre dans des boîtes et le ramener en Angleterre.
09:47 Oui c'est ça, il a démembré toutes les statues qu'il a rapportées, les marbres,
09:51 tout a été découpé en morceaux pour être chargé dans des caisses, chargé sur des
09:54 navires dont la plupart d'entre eux en plus ont fait naufrage.
09:57 Exactement, parce que ça ce n'est pas forcément une histoire de pillage, les marbres n'ont
10:02 pas forcément été pillés, ils ont été arrachés, ils ont été coupés, on a utilisé
10:07 des ciseaux, tout type d'utile pour les arracher au Parthenon, les marbres ne sont
10:11 pas simplement des partenaires du Parthenon, et voilà qu'on a été arraché, cassé
10:20 dans des boîtes et ramener en Angleterre par voie maritime.
10:23 A l'époque où il n'y avait que des pirates dans la Méditerranée, il y a eu je ne sais
10:28 plus combien de naufrages mais beaucoup, et on estime que le 20% des marbres est encore
10:33 là au fond de la Méditerranée.
10:34 Au fond de la Méditerranée, et bien il est 9h19, vous écoutez France Inter et on se
10:38 demande comment vous, Andrea Marco Longo, autrice italienne, on l'entend à votre accent,
10:44 s'est plongée, s'est passionnée justement pour cette culture de la Grèce ancienne.
10:49 *Musique*
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13:05 *Musique*
13:30 France Inter, le 7 9 30, l'interview de Sonia De Villers.
13:35 Dans Athènes, l'acropole est une île dont personne ne peut gravir sans émotion les
13:40 très hautes marches qui mènent au Parthénon.
13:42 Ces colonnes, dont on sait qu'elles ne sont pas droites, si elles sont bombées un peu,
13:47 c'est que la vie, la vie antique, a exercé sur elle une pression qui ne finira jamais.
13:52 Cette vie antique, dans quelques semaines, le musée de l'acropole en révélera un
13:59 nouveau fragment.
14:00 Car dans les salles aujourd'hui secrètes qui seront ouvertes au public le 1er mars,
14:06 le musée de l'acropole présentera une quarantaine de chefs-d'œuvre qui tous ont été les
14:11 témoins et les victimes d'un moment dramatique de l'histoire d'Athènes.
14:17 Réouverture du musée de l'acropole en 1959, 1er mars 1959.
14:24 Et vous, Andrea Marco Longo, qui publiait "Déplacer la lune de son orbite" aux éditions
14:29 Stock, vous avez dormi dans le nouveau musée de l'acropole, réouvert en 2009, après
14:34 des années et des années de travaux, parce qu'il est à l'emplacement évidemment
14:39 de sites archéologiques précieux qui peuplent les sous-bassements de ce musée construit
14:45 par un architecte suisse qui s'appelle Bernard Tschumi.
14:49 A la réouverture du musée en 2009, la question a été posée.
14:54 Et alors l'Angleterre, elle va rendre les frises du partenon ? Et bien toujours pas.
15:00 Toujours pas, même si moi personnellement je garde l'espoir.
15:04 Pour moi c'est un rêve, c'est même un sort d'engagement politique.
15:08 Aujourd'hui je crois qu'on ne peut plus se permettre d'avoir dans nos musées européens
15:13 les résultats de pillages, de vols.
15:15 Qui sont nombreux.
15:16 Qui sont nombreux.
15:17 Oui, là la Grèce c'est une histoire, c'est toujours la première, mais après il y a
15:21 tout ce que ça concerne l'Afrique.
15:24 Alors oui.
15:26 90% de l'art africain est détenu par des musées européens.
15:31 Tout à fait, c'était un sujet que moi je ne connaissais pas du tout, que j'ai découvert
15:35 grâce à cette nuit au musée de l'acropole et que ça m'épassionne de plus en plus,
15:40 que je trouve très urgent.
15:41 Alors les restitutions ont commencé ?
15:43 Oui, ils ont commencé, oui.
15:45 Si on revient au Partenon, c'est bizarre parce que j'ai commencé à écrire ce livre
15:50 il y a un an et là, dans les derniers 12 mois, l'Italie a tout rendu.
15:55 L'Italie a tout rendu ?
15:57 Oui, le Vatican a rendu aussi.
15:59 Et en bonne italienne vous faites la différence.
16:03 Il y a ce que le Vatican a rendu et ce que l'État italien a rendu.
16:06 Oui, surtout parce que là c'est un peu plus, c'est subtil, mais oui le Vatican c'était
16:11 le pape, c'était une autorité religieuse, ce n'est pas une autorité civile.
16:14 Dans le cas de l'Italie, c'était quelque chose, ça peut être un précédent.
16:18 Si l'Italie a trouvé la façon législative de le faire, pourquoi ne pas appliquer le
16:25 même cas à la France peut-être ?
16:28 L'Allemagne a rendu.
16:29 L'Allemagne a rendu et alors on attend les autres.
16:33 Les Pays-Bas ont rendu.
16:35 Il y a toujours deux frises du Partenon en France.
16:37 Oui, très beau, au Louvre.
16:39 On ne l'oublie pas.
16:41 Et l'Angleterre ne bouge pas.
16:44 Pour l'instant, la Grande-Bretagne ne bouge pas.
16:47 Il y a un nouveau souverain, peut-être que ça va changer.
16:49 Et alors vous, italienne, exilée volontaire en France, qui n'avez gardé comme seul
16:55 lien avec l'Italie au fond que le fait d'écrire en italien.
16:59 Ce livre est publié par un éditeur français, mais il a été écrit en italien et vous
17:03 avez eu un traducteur qui l'a traduit en France.
17:06 Qu'est-ce que la Grèce a occupé comme place, comme fonction ?
17:11 Qu'est-ce que cette culture hélénique a occupé pour vous comme place dans votre
17:16 imaginaire et dans votre histoire ?
17:18 C'est une très bonne question pour laquelle je crois n'avoir pas encore trouvé la réponse.
17:23 Parfois, je me dis que c'est une question d'orgueil pour moi, la Grèce.
17:28 Je parle toujours d'amour, mais c'est plutôt une question d'orgueil.
17:31 Parfois, je me dis que c'est un transfert, comme on dit en psychanalyse.
17:36 Moi, je suis italienne, mais j'ai perdu mes racines en Italie, j'ai perdu ma famille.
17:40 Je suis très contente d'habiter en France, mais je ne suis pas française.
17:46 Alors peut-être que je me suis construite un troisième pays, un troisième monde.
17:50 La Grèce, je ne connais pas la langue, donc je reste un peu imaginaire.
17:55 On peut revenir sur l'orgueil. Pourquoi l'orgueil ?
17:58 Parce qu'aujourd'hui, la Grèce, en général, l'Antiquité, c'est devenu un sujet.
18:04 Il faut le conserver ou pas ? Il faut continuer à faire du grec et du latin ?
18:10 Il y a des journaux qui m'appellent l'héroïne de la Grèce, mais finalement, je ne suis que la dernière.
18:16 Moi aussi, je suis comme l'origine.
18:18 J'ai tout pris à la Grèce, je n'ai pas pris des marbres.
18:21 Au fond, parce que vous le racontez et ça se dessine en filigrane dans ce texte que vous publiez aux éditions Stock,
18:27 vous venez aussi d'une famille et vous avez effectué un grand trajet pour vous hisser culturellement, pour vous hisser socialement.
18:36 Votre père avait des origines très modestes.
18:39 Et au fond, est-ce que cet orgueil-là, ce n'est pas la fierté du savoir, de la connaissance de ce qui fait qu'on s'élève ?
18:47 Oui, c'est ça. Dans ma famille, personne n'avait étudié ni le grec ancien ni rien d'autre.
18:53 Et voilà, c'est effectivement quand il y a un an, je me suis retrouvée toute seule la nuit au musée de l'Acropole.
18:58 Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à mon père qui n'avait jamais fait des études.
19:04 Il m'a raconté quand il était garçon, il allait à l'école à pied sans chaussure.
19:10 Et moi, j'étais là, je n'ai même pas enlevé mes chaussures.
19:12 Dans la nuit, face au marbre sculpté par Phidia, il y a 2 500 ans, je me suis dit,
19:19 est-ce que là, c'est encore une histoire de bon ? Est-ce que moi, c'est la syndrome de l'imposteur, la version 2022 ?
19:25 Je suis une autre Lord Elgin qui a tout pris à la Grèce pour monter sa petite vie à Paris ?
19:30 Ou c'est vraiment de l'amour, sincère ?
19:33 Mais vous, vous finirez béni et non pas maudit comme Lord Elgin !
19:37 On va voir !
19:38 Andrea Marco Longo publie "Déplacer la lune de son orbite". Merci beaucoup !
19:43 Merci à vous !
19:44 Et merci Sonia De Villers !